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1426. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Or, tous les efforts des épigraphistes ne vont pas à reconstituer la dixième partie de cet almanach, pour lequel, s’il existait, je ne me dérangerais pas.

1427. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Le personnage de Scaramuccia (Escarmouche) existait déjà dans la troupe des Fedeli ; il y était représenté par un acteur du nom de Goldoni, et il a été dessiné par Callot dans la série des Petits Danseurs ou Balli di Sfessania 28.

1428. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Ils sentaient peut-être que ce qu’on appelait le style leur manquait et ils prétendaient pourtant, avec quelque raison, à un certain mérite d’expression dont le nom n’existait pas encore.

1429. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Or, on sent à tout moment dans Raphaël l’altération, le renchérissement subtil et sophistique de ce qui a dû exister à l’état de passion plus simple ; on sent la fable qui s’insinue.

1430. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Il y avait décidément des choses qu’elle ne voulait pas voir et qui pour elles n’existaient pas.

1431. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

En effet, ce scrupule de votre pudeur n’est-il pas un aveu tacite qu’il existe quelque chose de plus pur et de plus chaste que la vertu même ?

1432. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Il me serait assez difficile de l’exposer dans les termes même où il le produit ; qu’il me suffise d’en donner l’idée, tel que plus tard on le retrouve chez Descartes ou chez Fénelon : c’est que par cela même que l’esprit humain peut concevoir l’idée d’un Être infini, parfait, et au-dessus duquel il n’en est aucun autre, il devient nécessaire, par là même, que cet Être parfait et infini existe.

1433. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Pauvres gens qui, s’ils le pouvaient, pèseraient dans leurs balances Paris et Londres, Vienne et Constantinople, Pétersbourg et Berlin, et d’une égalité de poids, si elle existait, concluraient à la similitude des langues, des caractères, des industries ! 

1434. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Ce qui nous trompe ici, c’est que les sciences les plus autorisées, les sciences physiques et chimiques (je laisse les mathématiques, qui ont pour objet l’absolu), ne s’occupent que du présent de l’univers ; elles dirigent leurs recherches sur les propriétés que manifeste actuellement la matière, et on est porté à croire, sans y avoir beaucoup réfléchi, que ces propriétés ont toujours existé et sont inhérentes à la substance où nous les découvrons, quoique cela ne soit pas évident, puisqu’il pourrait se faire qu’elles ne fussent que des états acquis à une époque inconnue.

1435. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

On les connaît enfin, mais qui sait, sans parler du dix-neuvième siècle où la France a vu naître les trois plus grands lyriques qui aient jamais existé et toute une pléiade à leur suite, qui sait qu’au seizième et au dix-septième siècle notre poésie a suscité la plus riche floraison et qu’il s’est alors produit des chefs-d’œuvre d’émotion, de grâce, d’esprit, de style, à défrayer des anthologies aussi étendues que celles de Céphalas et de Planude5 ?

1436. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Si la métaphore n’existait pas, les Hébreux et les Arabes l’auraient inventée.

1437. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Hédouin voulaient tout simplement mettre bas le Christianisme, et sans le Christianisme, Sterne était impossible, il n’aurait jamais existé… D’autres que nous l’ont dit, mais il faut bien le répéter, puisqu’on ose des confusions si déplorables : Sterne est un génie chrétien par excellence.

1438. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Du moment d’ailleurs où l’on reconnaîtra que des formes sociales existent, qui ne varient pas comme varient les individus qu’elles encadrent, il faudra bien reconnaître que la permanence de ces formes impose aux actions des individus, même de génie, certaines limites.

1439. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

On n’en trouve guère avant la mort de Mazarin : jusqu’à ce moment le roi n’exista point.

1440. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Il n’existe qu’un instant, & il éclaire des siécles. […] Elles n’apportent rien de personnel, rien de ce qui flatte tant l’amour-propre ; les dons du génie sont brillans, existent par eux-mêmes, & produisent une inépuisable curiosité. […] Elle n’a pas besoin d’être ornée ; elle est belle, parce qu’elle est une & vivante, qu’elle ne veut point séduire, & qu’elle se félicite de ne point exister pour qui ne l’apperçoit pas. […] La manie ignorante & superstitieuse de plusieurs Gens-de-Lettres en France qui croient qu’il n’existe au monde que leur théâtre(49), & que les formes qu’il a reçues, sont les meilleures possibles, mérite d’être encore combattue d’une maniere victorieuse ; c’est-à-dire, par les lumières du raisonnement & du bon-sens offusqué le plus souvent par l’habitude & les préjugés. […] Qu’une Nation soit idolâtre des Poètes dont elle se glorifie ; que, payant les plaisirs qu’elle reçoit d’eux, elle leur prodigue l’admiration la plus excessive ; qu’elle surfasse leur mérite par le sentiment de la reconnoissance ; qu’elle les préfere enfin à tout ce qui existe dans son sein ; l’Histoire de cette Nation n’est, au fond, que l’Histoire de tel homme qui exalte nécessairement ses productions au-dessus de toutes les autres, parce que l’amour-propre le lui ordonne, & que l’on obéit fidèlement à l’amour-propre.

1441. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Le réalisme avait existé longtemps avant cette grande bataille, et d’ailleurs, composer une tragédie ou un tableau pour M.  […] Le ton chaud et le ton froid, dans l’opposition desquels consiste toute la théorie, ne peuvent se définir d’une manière absolue : ils n’existent que relativement. […] Il serait temps, ce me semble, que le gouvernement s’en mêlât ; car si les hommes de lettres, qui ont chacun leur rêve et leur labeur, et pour qui le dimanche n’existe pas, échappent naturellement à la tragédie, il est un certain nombre de gens à qui l’on a persuadé que la Comédie-Française était le sanctuaire de l’art, et dont l’admirable bonne volonté est filoutée un jour sur sept. […] La beauté absolue et éternelle n’existe pas, ou plutôt elle n’est qu’une abstraction écrémée à la surface générale des beautés diverses.

1442. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ces raisons existent toujours, mais me paraissent moins pressantes aujourd’hui. […] ou, si l’exemple des chansons populaires se voyait suivi par nos versificateurs, un élément de confusion, de désordre même, pour cette pauvre Poésie, qui n’existe, en somme, que par l’harmonie, quelque vie, d’ailleurs, quelque frisson qu’il importe de lui donner par une observance éclairée de ces choses intrinsèques elles-mêmes. […] Le frère de cet André Chénier, qui dut aux modifications s’ensuivantes, c’est certain, cela, sa juste célébrité, Joseph Marie Chénier, Chénier, auteur correct de quelques bons écrits, secs d’ailleurs, peut-être partiellement injustement oubliés, s’insurgea, se démena, aidé par de plus subtils qui flairaient, dans l’exagération de l’œuvre vraiment géniale, jusqu’aux moindres taches, jusqu’au nez du Père Aubry incliné vers la terre, — qui n’exista jamais que dans leur imagination, tournée, elle, jusqu’à la basse caricature. […] Je sais par le regretté Jules Tellier qui a eu en main toute l’œuvre posthume d’Hugo, qu’il existe entièrement fini.

1443. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ces comédiens de société jouaient quelquefois des ouvrages nouveaux, et il existe une tragédie intitulée Artaxerce, d’un auteur nommé Magnon, imprimée en 1645, dont le titre porte : Représentée par l’Illustre Théâtre. […] Moi, alors, devinant les intentions de Vachier, car nous étions assez unis par une amitié qui avait existé déjà entre nos parents, j’avertis de tout les amis de Boissat, qui étaient nombreux et bien choisis ; pendant ce temps-là je ne perdais pas de vue Boissat lui-même. […] Ce théâtre était dressé sur des tréteaux dans un jeu de paume qui existait encore il y a peu d’années. […] Il existe dans la même ville un grand fauteuil de bois auquel une tradition a conservé le nom de fauteuil de Molière ; sa forme atteste son antiquité ; l’espèce de vénération attachée à son nom l’a suivi chez ses divers propriétaires. […] Ces censeurs de Molière jugent la Faculté d’autrefois par celle de nos jours, ou du moins croient qu’il n’existe entre elles que cette différence en amélioration que deux siècles amènent naturellement chez un peuple policé.

1444. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

L’achèvement des sciences n’a jamais existé que dans la tête de M.  […] Il conviendrait d’en disserter amplement avant qu’un astronome constate qu’ils n’existent point. […] Je ne sais ce qu’est devenue celle jolie maquette, ou plutôt je devine trop qu’elle n’existe plus. […] Vous voyez que la scolie que vous demandiez à mettre en marge existe déjà. […] Mais qu’il existe, c’est son affaire et non la mienne.

1445. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Il a toujours existé. […] Le reste de l’univers n’a point cessé d’exister pour lui. […] Le médecin dilettante, et dilettante jusqu’au satanisme, existe, j’en suis presque sûr. […] Son prétendu symbolisme n’a jamais existé que dans l’esprit fumeux des gens du pays de France. » — Eh bien ! […] Ils eussent dédaigné de se pâmer sur les raffinements de la haute vie. — C’est que ces raffinements existaient peu alors. — À la bonne heure.

1446. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Les êtres imaginaires ne naissent, n’existent et n’agissent qu’aux mêmes conditions que les êtres réels. […] Ils existent par la présence simultanée et la concentration involontaire des idées, comme les autres par l’action simultanée et la concentration naturelle des causes. […] Il n’y a pas d’esprit, tout est matière ; chaque portion de la matière est douée de force et d’intelligence, et existe ainsi de toute éternité. […] La prostitution y est inconnue, « l’adultère si rare qu’on peut dire qu’il n’existe pas ». […] « L’être n’existant pas, la naissance n’existe pas ; par l’anéantissement de la naissance, la vieillesse, la mort, la misère, les lamentations, les douleurs, l’inquiétude, le trouble sont anéantis.

1447. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Est-ce sérieusement que vous présentez cette objection au milieu d’un peuple qui en est réduit à rire encore des ridicules de Clitandre et d’Acaste 22, qui n’existent plus depuis cent ans ? […] Tout ridicule inaperçu n’existe pas dans les arts. […] Cette correspondance a réellement existé ; seulement je parlais à demi-mot à un homme de bonne foi.

1448. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Cette négligence, ou plutôt ce mépris pour les bons modèles, porta la corruption du goût à un tel excès, qu’il sembloit que les ouvrages de l’Antiquité n’eussent jamais existé, ou qu’ils dussent être pour toujours ensevelis dans la poussière des Cloîtres.   On n’eut pas seulement à alors la perte des Arts & des Lettres, on eut à gémir encore sur l’oubli des Loix & sur la ruine entière des mœurs ; suites inévitables de l’ignorance, dont les ravages sont d’autant plus funestes, que, par-tout où elle règne, il n’existe point de vertu, & qu’au contraire le vice y domine dans toute sa force, sans frein & sans remords. […] Cette Comédie admirable, digne du génie de Molière, est la seule Comédie, qui existe dans le vrai genre, depuis le Misantrope.

1449. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il procède de Werther sans doute ; mais on ne se compromet pas en affirmant que si Werther n’eût pas existé, il l’aurait inventé. […] On doit alors à la bonté des Dieux Deux attributs de leur grandeur suprême ; Car on existe, on est tout par soi-même, Et l’on embrasse et les temps et les lieux.

1450. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Or la raison ne vous dit-elle pas assez que tous ces objets qui existent dans votre âme, ou de fougueux désirs, ou de vains transports de joie, ne sont pas de vrais biens, et que ceux qui vous consternent ou qui vous épouvantent ne sont pas de vrais maux ; mais que les divers excès ou de tristesse ou de joie sont également l’effet des préjugés qui vous aveuglent, préjugés dont le temps a bien la force à lui seul d’arrêter l’impression : car, quoi qu’il arrive, nul changement réel dans l’objet ; cependant, à mesure que le temps l’éloigne, l’impression s’affaiblit dans les personnes les moins sensées, et par conséquent, à l’égard du sage, cette impression ne doit pas même commencer. » VIII Sa théorie des passions n’est pas moins sévère ; son rigorisme n’admet pas même la sainte colère qui possède en apparence l’orateur indigné dans ses accès d’éloquence. […] Lisez encore : « Platon veut que la plus parfaite égalité préside à la distribution des terres et à l’établissement des demeures ; il circonscrit dans les plus étroites limites sa république, plus désirable que possible ; il nous présente enfin un modèle qui jamais n’existera, mais où nous lisons avec clarté les principes du gouvernement des États.

1451. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

C’était un des hommes les plus complets qui eussent jamais existé. […] La preuve la plus évidente que vous m’ayez donnée de votre amour, dit l’homme, c’est de m’avoir créé lorsque je n’existais pas, de m’avoir choisi pour vous servir, de m’avoir commandé de vous aimer. — Rendez-vous si petit et si humble, dit l’inspirateur divin, que tous puissent vous fouler aux pieds.

1452. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Il ne résiste pas, car il existe à peine. […] Mais elles ne frappent pas autant, parce qu’on ne les voit pas exister simultanément dans un même pays, tandis que la philosophie est toujours envisagée synoptiquement et comme solidaire dans toutes ses parties.

1453. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Tout à côté se trouve l’antique tombeau d’un apothicaire ou d’un potier d’étain, où se trouvent deux seringues modelées en bronze : deux seringues témoignant combien ce peuple est insensible à l’ironie, et à quel point le ridicule n’existe pas en Allemagne. […] * * * — Si, dans notre vie, il n’y a eu, jusques à présent, ni chance, ni hasard heureux, nous avons du moins cette grande chose, une chose peut-être unique depuis que le monde existe, cette société intellectuelle de toutes les heures, cette mise en commun de nos orgueils, enfin cette communion des cœurs, à laquelle nous sommes habitués comme à la respiration : un bonheur rare et précieux.

1454. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Ses héros sont concentrés et fixés à n’être qu’un penchant, une attitude, une phrase, un trait de caractère sans lequel ils n’existeraient pas plus qu’un morceau de bois qui cesserait d’être ligneux. […] Au premier examen d’un de ses livres, un lecteur un peu exercé reconnaîtra sans peine qu’il a devant lui un auteur pour lequel le monde extérieur n’existe guère en soi, qui ne tâche d’en reproduire ni les événements usuels, ni l’aspect pittoresque, ni les agrégats sociaux, ni les êtres vivants, tels que ces ensembles et ces individus se présentent à la connaissance normale.

1455. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Il n’existe en aucune langue un tableau plus grandiose que celui de la ruine du parti vaincu et du massacre de la famille royale. […] Damayanti, informée enfin que son époux existe, mais que la honte l’empêche de se découvrir à elle, fait usage d’un subterfuge qui doit arracher à Nala le cri de la nature.

1456. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

L’épopée ne cesse pas d’exister ; et les Chansons qui forment le « cycle de la Croisade », sont un témoignage assuré de la longue survivance du genre. […] Ajoutez que ce que Boileau croyait qu’il eût « débrouillé » le mérite appartient au moins à Villon de l’avoir « résumé ». — L’idéal de Villon est assurément très éloigné de celui de la « poésie courtoise — mais, s’il existe une poésie de l’aventure et de la vie de bohème, c’est la sienne ; — et il ne l’a pas inventée. — La forme sous laquelle l’idée de la mort a hanté les imaginations du Moyen Âge n’a pas eu non plus de plus éloquent interprète [Cf. les Vers de la Mort du moine Hélinand, dans l’Histoire littéraire de la France, t. 

1457. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Le passé n’existe que par eux ; leur silence replonge l’univers dans le néant ; la mémoire des aïeux n’est pas ; leurs vertus restent sans honneur et sans fruit pour les neveux, le moment où ces cygnes paraissent est comme l’époque de la création. […] Rien de plus commun que de trouver tous les mots propres à la guerre, à l’histoire et à la morale, et d’ignorer le nom d’une fleur, d’une plante potagère ou d’un ustensile domestique ; on sait le mot latin d’un bouclier, on ne sait pas le mot latin d’un éteignoir, mot qui n’exista peutêtre pas ou qui ne nous est pas parvenu, la perte des auteurs ayant consommé avec le progrès de nos connaissances l’appauvrissement des langues anciennes.

1458. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Il me semble, à lire ces éloges qu’ont donnés au grand mécanicien Watt les meilleurs critiques littéraires de son pays, qu’il y avait là occasion tout naturellement de montrer par cet exemple qu’aucune incompatibilité absolue n’existe entre les dons du génie industriel et les qualités de culture classique excellente.

1459. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Quelque vicieux que soit l’emploi des talents d’un fat, ils n’en existent pas moins : mais les modèles manquent dans ce genre comme dans beaucoup d’autres.

1460. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Il se distingua de bonne heure par une capacité surprenante de mémoire et d’entendement ; il savait par cœur Virgile, comme un peu plus tard il sut Homère : « On comprend moins, a dit M. de Lamartine, commentil s’engoua pour toute sa vie du poète latin Horace, esprit exquis, mais raffiné, qui n’a pour corde à sa lyre que les fibres les plus molles du cœur ; voluptueux indifférent, etc. » M. de Lamartine, qui a si bien senti les grands côtés de la parole et du talent de Bossuet, a étudié un peu trop légèrement sa vie, et il s’est posé ici une difficulté qui n’existe pas ; il n’est fait mention nulle part, en effet, de cette prédilection inexplicable de Bossuet pour Horace, le moins divin de tous les poètes.

1461. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

L’invention dépend essentiellement d’une certaine inquiétude de l’esprit qui sans cesse tire l’homme du repos, où il tend sans cesse à revenir. » Il y a un degré d’ignorance et de stagnation qui, selon lui, ne peut exister avec l’esprit inventeur : Quand je verrai dans la ménagerie de Versailles un éléphant qui ne produit pas, j’en conclurai que c’est un animal étranger, né sous un ciel plus chaud.

1462. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

De tous les hommes qu’il souhaitait de connaître, ce fut pourtant Lavater seul qui surpassa son attente : Il n’existe point d’homme peut-être, dit-il, dont l’imagination soit aussi brûlante, et la sensibilité aussi profonde ; il entraîne, il subjugue ; son langage est d’une naïveté populaire, et cependant d’une éloquence à laquelle il est impossible de résister.

1463. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Je ne trouve pas mauvais que l’empereur la fasse occuper par un autre ; je resterai son ami et son frère dans la retraite, comme si la grandeur n’eût jamais existé.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Ces grands talents, en apparaissant, renouvellent les courants de l’intelligence et de la curiosité publique, mais dérangent et troublent l’atticisme là où il existe encore : on les applaudit, on s’exalte, on les veut imiter, et on les imite même quand on ne le veut pas ; ils s’interposent pour longtemps, avec leur manière de dire, entre la pensée et l’expression de chacun de leurs admirateurs.

1465. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

[NdA] Il existe aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale un Traité de la guerre par Villars.

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

certes il existe, mais dans quelle langue le proférer ?

1467. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon lui accorde le génie créateur qui tire tout de sa propre substance : « Il n’existera jamais, lui dit-il, de Voltaire second » ; c’était une réplique au compliment de Voltaire qui avait appelé Archimède de Syracuse Archimède premier, pour donner à entendre que Buffon était Archimède second ; et faisant ainsi à son rival de Ferney les honneurs du génie, Buffon ne se réserve pour lui que le talent, lequel, si grand qu’il soit, dit-il, « ne peut produire que par imitation et d’après la matière. » Cette lettre à Voltaire, comme plus tard celles qui seront adressées à l’impératrice Catherine, passe la mesure ; Buffon y est deux fois solennel ; il y fait de la double et triple hyperbole, et l’homme qui, à son époque, avait le plus de sens et de jugement, nous fait sentir par là que ces qualités solides d’une éminente intelligence ne sont pas du tout la même chose que le tact et le goût.

1468. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

c’est un grand problème. » Il reconnaît donc le grand fait, bien que sans l’accepter : « Le monde que nous avons connu il y a trente ou quarante ans n’existe plus. » Philosophe politique, pourquoi se cabrer ainsi, pourquoi se roidir de toute la hauteur de son intelligence ?

1469. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

J’en connais un, un seul, j’en conviens ; mais c’est beaucoup encore, et pour comble de bonheur, c’est dans mon pays qu’il existe… Savant et modeste Abauzit !

1470. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Un nouvel univers s’offrit, pour ainsi dire, à sa contemplation : il aperçut la chaîne invisible qui lie entre eux tous les êtres ; il vit une main puissante étendue sur tout ce qui existe ; le sanctuaire de la nature fut ouvert à son entendement, comme il l’est aux intelligences célestes, et toutes les plus sublimes idées que nous attachons à ce mot Dieu se présentèrent à son esprit.

1471. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Ainsi, point de corporations enseignantes, elles ressemblent à ces statues antiques qui servaient autrefois à guider les voyageurs, et dont le doigt immobile indique encore, après des milliers d’années, des routes qui n’existent plus. » Voilà du talent. — Je me suis étendu à dessein sur le plus ancien et le plus chaleureux des écrits de M. 

1472. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Mais il est de ces fragments, de ces accidents heureux d’art et d’étude, qui, n’ayant rien à démêler avec les œuvres triomphales, n’en existent pas moins sous le soleil : — un rien, un rêve, une histoire de cœur et d’amour, une vue de nature, une promenade près de la mare où se baignent des canards et qu’illumine un rayon charmant, — et ce que je voyais l’autre jour encore à l’exposition du boulevard des Italiens, une vue de Blanchisserie hollandaise, par Ruisdaël, le Moulin d’Hobbema, ou un simple chemin de campagne regardé et rendu à une certaine heure du soir par un pauvre diable de paysagiste français nommé Michel, qui avait le sentiment et l’amour des choses simples.

1473. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

» Un provincial, au contraire (je suis étonné d’avoir à employer ce mot avec M. de Pontmartin, et j’espérais même que ni le mot ni la chose n’existaient presque plus), est prompt à s’ébahir ou à se scandaliser ; il se pique ou se mortifie aisément ; il se bourre de trop de choses en trop peu de temps, et a peine ensuite à les digérer.

1474. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Il n’existe pas de circonstances atténuantes, et l’on n’est pas admis à dire d’un pareil être : « Il fera mieux une autre fois. » C’est sur les pensées, sur les occupations historiques et morales du grand captif qu’il faut se rejeter pour n’avoir pas le cœur trop serré par ce supplice et cette lente agonie de près de six années à Sainte-Hélène.

1475. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Flaubert très-vivant, que nous l’aimons et qu’il nous aime, qu’il est cordial, généreux, bon, une des meilleures et des plus droites natures qui existent, je dis hardiment : Il y a là un défaut de goût et un vice d’école.

1476. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Pourvue d’un triste mari, et n’ayant pu enlever Raoul à Sibylle, elle a pris pour amant Gandrax, le savant, l’homme de mérite, athée, il est vrai (à propos, je ne croyais pas que ce personnage d’athée proprement dit existât encore sous cette forme, à la Wolmar), — mais, à part cela, le caractère le plus droit, le plus probe, une personnalité marquante et originale, tout à fait distinguée.

1477. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Né à Grésy-sur-Isère le 1er juillet 1810, élevé au petit séminaire de Saint-Pierre d’Albigny, dont le supérieur, l’abbé Gex, existe encore, il termina ses études chez les Jésuites à Chambéry.

1478. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

On ne sait pas bien physiquement où il se termine, où l’homme, l’individu existe véritablement, et à partir de quel endroit le tourbillon d’idées environnantes imite et continue l’image.

1479. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Molé, qu’a-t-elle fait, sinon de se donner l’élu que lui aurait offert en tout temps, et lorsque la chose comme le nom existait le plus, la société française elle-même ?

1480. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

A vrai dire, le style de Rousseau n’existe pas.

1481. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Il existe un second mode d’observation objective, plus impersonnelle encore, et ainsi plus rigoureuse : C’est l’observation Ignorante 34, vierge d’étiquette nosologique, l’exposé du symptôme pour lui-même, et non plus en raison d’un diagnostic initial qu’il s’agirait de fortifier.

1482. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Église de France, XII, 142) ; prélats, vicaires généraux, chanoines des chapitres, 2 800 ; chanoines des collégiales, 5 600 ; ecclésiastiques sans bénéfice, 3 000 (Siéyès)  Moheau, très bon esprit et statisticien prudent, écrit en 1778 (Recherches, 100) : « Peut-être n’existe-t-il pas aujourd’hui dans le royaume 130 000 ecclésiastiques »  Le dénombrement de 1866 (Statistique de la France, population) donne maintenant 51 100 membres du clergé séculier, 18 500 religieux, 86 300 religieuses ; total, 155 900 pour une population de 38 millions d’habitants.

1483. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

A ce moment précis, le monde n’existait pas encore, et c’est le monde qui pendant longtemps complétera l’enseignement des collèges, indiquera les Français dont il faut se souvenir, qu’il faut lire.

1484. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Il y aurait fort à dire sur le dessein philosophique de l’essai : Mme de Staël entreprend de prouver, ou du moins affirme avec constance que la liberté, la vertu, la gloire, les lumières ne sauraient exister isolément : elle tient pour acquis que les grandes époques littéraires sont des époques de liberté.

1485. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Le naturalisme n’existe plus : rien ne le remplace encore.

1486. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Weiss l’appelle « un des plus vigoureux en sa suavité qui existent »  L’usage est de mettre Athalie au-dessus d’Esther ; « J’ai, dit M. 

1487. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Son bienfait sera d’exister.

1488. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Il existe une Histoire, en deux volumes, de la congrégation de l’Enfance, écrite par un avocat d’Avignon, Reboulet : ces volumes, qui ne manquent pas d’intérêt, ni même de quelque agrément de narration, sont malheureusement très peu sûrs, et on y a relevé tant d’inexactitudes et d’impossibilités, l’auteur dans sa Réponse s’est défendu si faiblement et s’est laissé voir, de son propre aveu, si léger, si peu scrupuleux en matière de critique historique, qu’on ne saurait guère les considérer que comme un roman, mais un roman théologique et dressé au profit des ennemis de l’Enfance.

1489. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Homère, comme toujours et partout y serait le premier, le plus semblable à un dieu ; mais derrière lui, et tel que le cortège des trois rois mages d’Orient, se verraient ces trois poètes magnifiques, ces trois Homères longtemps ignorés de nous, et qui ont fait, eux aussi, à l’usage des vieux peuples d’Asie, des épopées immenses et vénérées, les poètes Valmiki et Vyasa des Indous, et le Firdousi des Persans : il est bon, dans le domaine du goût, de savoir du moins que de tels hommes existent et de ne pas scinder le genre humain.

1490. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

L’homme de la vieille Angleterre en lui n’existe plus.

1491. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Lorsque Barthélemy publiait son voyage, M. de Choiseul était mort depuis 1785 ; Mme de Choiseul existait et était destinée à survivre à l’ami qui la célébrait si délicatement.

1492. (1903) Zola pp. 3-31

On a relevé des inadvertances et des étourderies de détail, la pêche des crevettes roses et le nouvel Opéra vu des hauteurs du Trocadéro, à une époque où il n’existait pas.

1493. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Et ce manque de simplicité, qui est peut-être le signe distinctif le plus sûr entre la psychologie réaliste et l’imaginaire, existe encore dans tous les personnages et toutes les scènes des livres de Dostoïewski.

1494. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Le peintre de genre de son côté regarde la peinture historique comme un genre romanesque, où il n’y a ni vraisemblance ni vérité, où tout est outré ; qui n’a rien de commun avec la nature ; où la fausseté se décèle et dans les caractères exagérés qui n’ont existé nulle part, et dans les incidents qui sont tous d’imagination ; et dans le sujet entier que l’artiste n’a jamais vu hors de sa tête creuse ; et dans les détails qu’il a pris on ne sait où, et dans ce style qu’on appelle grand et sublime, et qui n’a point de modèle en nature, et dans les actions et les mouvements des figures, si loin des actions et des mouvements réels.

1495. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Entre autres monstruosités, vous y verrez ceci : « Le style n’existe pas plus sans l’idée que l’idée sans le style. » Et encore : « Traitez votre pensée comme Dieu traite ses montagnes, — du granit dessous, des fleurs dessus (pages 92 et 95). » La doctrine romantique sur l’idée et le style est tout entière dans ces deux lignes.

1496. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Tant y a qu’il existe des pièces qui sont très bien faites pour être lues et même relues ; ce sont les plus profondes et les plus subtiles, et les noms de Racine et de Marivaux, plus encore que ceux de Corneille et de Molière, viennent à l’esprit, comme aussi ceux de Sophocle et de Térence.

1497. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Elle lui a tant et tant répété qu’elle avait du génie, que cette âme modeste a fini par le croire et même qu’elle avait le plus beau des génies, le génie qui n’a sa raison d’exister dans aucun effort de facultés, et n’est, comme Dieu, simplement que parce qu’il est.

1498. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Jusqu’ici nous ne connaissions Babou que comme un écrivain qui avait travaillé en s’éparpillant ici et là, et avait combattu sous ces tranchées couvertes qui existent aussi en littérature, et d’où le travail le plus héroïque ne sort pas toujours victorieux.

1499. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

La prononciation des consonnes finales existait autrefois.

1500. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

La méthode prouve d’abord que Dieu existe, puis qu’il crée le monde avec sagesse, et enfin, qu’il couronne son ouvrage en faisant l’homme.

1501. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il a tenté, un instant, de l’écrire en philosophe ; il a voulu trouver les lois des faits, et l’ordre de leur succession ; il a improvisé la fameuse théorie des quatre systèmes, les seuls, disait-il, qui puissent exister, et qu’on retrouve à toutes les époques de la philosophie.

1502. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Remercions d’abord le conseil municipal d’avoir fait jouer devant les petits enfants des républicains de Paris une tragédie si profondément imprégnée de sentiments monarchiques et d’avoir compris qu’il existe une tradition du génie français antérieure à la Révolution. […] Il existe un bleu dont je meurs Parce qu’il est dans des prunelles. […] Claudie, le père Rémy, le père et la mère Fauveau existent aussi bien que maître Omont, la mère Magloire, maître Vallin et sa servante Rose. […] Et comme on sent bien qu’il existe une Providence !  […] Il n’a pas cru que sa très haute situation dans la science et dans la littérature, la gravité et le caractère officiel de ses fonctions, l’obligeassent à ignorer que la femme existe, et qu’elle occupe une assez grande place dans la vie des hommes.

1503. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Que suis-je pour la ville à qui tout grand artiste, Célèbre ailleurs, s’en vient demander s’il existe ? […] Elle établit l’étroite corrélation qui existe entre le talent du chansonnier et l’état d’âme habituel et moyen de la bourgeoisie française. […] L’auteur établit l’affinité mystérieuse qui existe entre les mélancolies du cœur humain et la tranquillité des silences nocturnes et leur douceur apaisante. […] Aujourd’hui, il est classé… Quelques amis trop zélés le présentent déjà comme le successeur de Maupassant… Je n’irai pas si loin et cependant je reconnais qu’il existe entre eux quelques liens de parenté. […] C’était une conception piquante, que de placer un socialiste honnête et convaincu à la tête d’un royaume et de le montrer aux prises avec d’inextricables difficultés… Je ne crois pas que, dans la nature, le prince Hermann tel que le montre l’auteur puisse exister.

1504. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

C’est une étude aussi vraie que triste d’un monde qui, pour être peu étendu, n’en existe pas moins. […] La fable du roman, si peu accusée qu’elle soit, y existe bien et c’est elle qui jette sur cet ensemble d’idées aussi nettes qu’intransigeantes, le voile adoucissant des vapeurs du Nord. […] Le récit n’est pas chargé, le type existe absolument, et ce qu’il y a de plus grave, c’est qu’il est tiré à un nombre d’exemplaires assez considérable. […] Auguste Vacquerie contre des frénétiques d’art quand même et partout, dont la secte existait déjà il y a une quarantaine d’années. […] Question qui est loin d’être résolue bien que toute la discussion repose sur une phrase du rapport des médecins qui constatèrent le décès de l’enfant royal ; or, cette phrase : « Le corps qu’on nous dit être celui de, etc. », n’est qu’une formule consacrée depuis qu’il existe une médecine légale et que les médecins se fussent bien gardés d’inventer alors s’ils avaient eu le moindre doute sur l’identité du personnage en question.

1505. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Désormais il n’en existera plus qu’une, celle que la science et l’instruction mettront entre les ignorants et les savants. […] Quoi qu’il en soit, cet usage existait en 1783, et ce fut en vertu de cette mesure que l’on commanda à David le Serment des Horaces. […] Au milieu de ce conflit de passions, et malgré la fureur démocratique qui se hâtait de détruire tout ce qui se rattachait aux institutions monarchiques, l’académie royale de peinture et de sculpture existait toujours, et la Convention n’avait rien décidé qui lui fût contraire. […] « Les hommes, disait-il, ne sont que ce que le gouvernement les fait ; le despotisme atténue ou corrompt l’opinion publique, ou, pour mieux dire, là où il règne il n’en peut exister. […] Triozon : « Vous êtes dans l’erreur, mon bon ami, sur la manière d’exister des Français dans ce pays-ci, et surtout des pensionnaires de l’Académie de France, qui sont, entre autres, particulièrement détestés et même exécrés.

1506. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Puisqu’il existe aujourd’hui une confédération européenne divisée en plusieurs peuples, ne doit-il pas y avoir aussi une littérature européenne en plusieurs langues, qui soit partout l’expression des mêmes sentiments et des mêmes besoins, l’application des mêmes formules, la reproduction du même idéal ? […] Le mal existait, produit naturel de l’état social à cette époque. […] Son premier mérite est d’avoir senti, comme d’instinct et presque sans se l’avouer à lui-même, la connexion intime qui existe entre les égarements superbes de la raison et les tyrannies de la foi. […] Ainsi le plan de Robert avorte ; Élisabeth apprend qu’il existe une science rigoureusement construite de l’humanité, de ses droits et de ses devoirs, d’où la notion de Dieu, telle que la conçoivent les chrétiens, est absente, et que cette science n’a plus de mystère pour son mari. […] Friedrich, d’un orthodoxe à un tigre il peut exister bien des nuances ; et ce n’est point de croire à la prédestination pas plus que de n’y point croire qui constitue nécessairement le méchant homme et l’indigne pasteur.

1507. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Ce n’est pas qu’il n’y ait quelque analogie entre ces trois poëtes, mais elle existe beaucoup plus dans le sujet général de leurs vers que dans le caractère de leur talent. […] A un monde qui n’en vaut guère la peine, d’accord ; mais nous n’en avons pas d’autre ; et il n’y a moyen d’y exister qu’en rêvant à le rendre meilleur. […] Fauriel est sans contredit l’esprit le plus anti-académique de vocation qui ait existé en France ; il avait l’enthousiasme du primitif, il en avait même le prosélytisme (disposition assez surprenante chez lui) ; il y voulait convertir d’abord, dans le courant de ces années 1820-1828, les jeunes esprits mâles et délicats qu’il rencontrait. […] Il existe, sur cette période si obscure et si ingrate de l’histoire de France, d’autres ouvrages modernes plus vifs, plus animés de tableaux ou plus nets de perspective, d’une lecture plus agréable et plus simple. […] Il excelle à analyser et à recomposer le fond d’une époque, à suivre dans un état social troublé la part des vainqueurs, la part des vaincus, à donner au lecteur le sentiment de la manière d’exister en ces âges obscurs ; puis, quand il ne s’agit plus des choses, mais d’un homme et d’un grand homme, il hésite et tâtonne un peu, ou du moins il s’enferme dans des lignes circonspectes, rigoureuses ; il ne rassemble pas son coup-d’œil en un seul éclair ; ces éclairs sont la gloire des Montesquieu.

1508. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Quel dommage qu’il n’existât pas de chemin de fer du temps de Dante. […] Le futur n’existe pas. […] Chère amie, Je suis là sans cesse à nier mes sentiments pour ce jeune homme, parce qu’il n’a jamais fait aucune impression sur moi, parce qu’il ne m’a jamais plu et s’il ne m’avait jamais remarquée, je pourrais vivre cent ans à côté de lui et ignorer qu’il existe. […] Comme résultat ça n’existe pas, mais ce sont des études aussi bien que n’importe quoi, et puis, vous qui avez de si beaux registres, consultez-les et vous verrez que je n’ai même pas eu le temps de parcourir toutes les phases de dégringolade parcourues par les personnes que vous me citez souvent. […] Aucune de ces conditions n’existe.

1509. (1888) Poètes et romanciers

Là où il existe, il a droit d’exister. […] Aux époques où les anciennes croyances pâlissent ou s’éteignent, « il n’existe proprement point d’art, dit encore Lamennais, ce qu’on appelle de ce nom n’étant ou qu’une froide et stérile imitation de l’art ancien ou que d’impuissantes tentatives pour en créer un nouveau, dont le modèle, vaguement pressenti, est encore inconnu. […] Dois-je exister sans être et regarder sans voir ? […] En vérité, je ne vois rien là que de très légitime et je ne sache pas qu’il existe aucune obligation morale pour un faiseur de chansons, de remplacer un pouvoir qu’il a chansonné. […] La Nature n’est pas soumise aux lois de notre conscience, et la Divinité, si elle existe, laisse faire à la Nature son œuvre nécessaire ; le large plan qui se développe à travers l’infini de l’espace, du temps et du nombre, ne peut se laisser troubler par les incidents misérables de nos plaintes et de nos gémissements.

1510. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Si un seul de ces instruments ou une seule de ces voix discorde, son œuvre manque son effet dans l’oreille de ses auditeurs ; et s’il ne peut trouver ni voix ni instruments pour lui donner l’être, son œuvre n’existe pas. […] C’est une évocation : avant d’évoquer, il faut que les objets de l’évocation existent.

1511. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

En cherchant bien la différence essentielle qui existe entre l’amour des sens et l’amour des âmes, on arrive à conclure ceci : C’est que l’amour des sens a pour mobile et pour objet le plaisir, et que l’amour des âmes a pour mobile et pour objet la passion du beau ; aussi le premier n’inspire-t-il que des désirs ou des appétits, et le second inspire-t-il des admirations, des enthousiasmes et pour ainsi dire des cultes. […] Il est ce qu’on appelle un poète intime, comme Byron de nos jours ; une si puissante et si pathétique individualité, qu’elle envahit tout ce qu’il écrit, et que si l’homme n’existait pas le poète cesserait d’être.

1512. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Le peuple allemand est rêveur et mystique comme l’enfant dépaysé du Gange ; il s’enivre de sa propre imagination, il aime le surnaturel, il se délecte dans les traditions populaires, il ressasse éternellement les vieilles légendes, il a la pensée pleine de héros qui n’ont jamais existé ; le monde visible occupe moins de place pour lui que le monde invisible ; il converse la moitié de sa vie avec des fantômes : l’Allemagne est la terre des hallucinations. […] Le miracle n’existe que pour la foi.

1513. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Si tout ce qui existe était excellent, bon et juste, je l’accepterais très volontiers. Mais à côté de beaucoup de bonnes choses il en existe beaucoup de mauvaises, d’injustes, d’imparfaites, et un ami du fait existant est souvent un ami de ce qui est vieilli, de ce qui ne vaut rien.

1514. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Vous avouerai-je pourtant que depuis le mois d’août 1914, il me paraît excusable de n’être plus aussi certain que nous l’étions à vingt ans qu’il existe de belles erreurs, de nobles et généreuses erreurs, et qu’on peut se tromper avec magnificence. […] Et pourtant ce siècle que Faguet appelait le plus naïf qui ait existé 1, et qui l’était vraiment par ses utopies et ses chimères, ce siècle-là n’a-t-il pas, par une confusion singulière de l’art littéraire et de la politique, des préoccupations de l’esprit et de celles du pouvoir, amené bien des conflits, déterminé bien des catastrophes ?

1515. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Peu à peu le futur fait place au présent et au passé ; tout ce que Buffon supposait existe ; tout ce qui devra être a été. […] Il existait sur ce point une tradition, un usage, et Rollin n’est pas un novateur.

1516. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Si Philinte n’existait pas, il naîtrait de l’exagération même d’Alceste, et tout près de lui, non pour le faire valoir, mais parce que c’est le propre des caractères excessifs d’engendrer leurs contrastes, ne fût-ce que par contradiction. […] L’effet a confirmé mon jugement. » Soyez-en témoins, lecteurs, vous à qui j’apprends sans doute qu’il a existé un auteur au nom de Bret et une pièce appelée le Faux Généreux 64.

1517. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Elle paraissait ignorer que l’on menait, sous ses yeux, au Panthéon « le plus grand poète qui eût jamais existé ». […] Mais il y a égalité et égalité comme poètes et poètes : il en existe autant que de morales.

1518. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

… Maintenant, quelle part de sincérité devons-nous trouver dans une œuvre dont les détails n’existent que pour la démonstration d’une idée ? […] On sent exister Gillette dans l’Inconstante, on voit moins les autres personnages.

1519. (1926) L’esprit contre la raison

Nous savons que l’esprit attentif aux contours, docile aux objets, soumis à leur apparence ordinaire, comme on lui a si longtemps conseillé d’être, n’aurait pas de vie propre et même, à vrai dire, n’existerait pas. […] Le texte publié dit : « Réduire l’imagination à l’esclavage » ; plus loin ce qui « peut être » est en italique ; il existe enfin quelques variantes de ponctuation par rapport à l’édition de référence actuelle du Manifeste.

1520. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Quelque chose existe donc entre les atomes. […] Mais cette perception qui coïncide avec son objet, ajoutions-nous, existe en droit plutôt qu’en fait : elle aurait lieu dans l’instantané.

1521. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Je me trompe : on avait essayé d’en donner de son vivant une ébauche d’édition faite sur des notes et par des copistes (la sténographie n’existait pas alors) ; c’était sur cette édition incomplète, non authentique, que les critiques étaient réduits à le juger.

1522. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Daru se retrouvait ici poète par un coin : Ce serait un triste emploi de l’érudition, disait-il, de ne la faire servir qu’à répandre des doutes sur l’histoire et à détruire ces traditions nationales qui entretiennent chez les peuples l’amour de la gloire et de la patrie… Et que peut-il y avoir d’utile, par exemple, dans les efforts de je ne sais quel érudit qui a entrepris de prouver aux Suisses que Guillaume Tell n’a jamais existé ?

1523. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Tout en apprenant du latin, du grec, de l’hébreu, et en se rompant aux mâles études, l’enfance et la première jeunesse de d’Aubigné furent telles, et si fréquemment débauchées et libertines, qu’en tout autre siècle il eût probablement dérivé et donné dans cette espèce d’incrédulité qu’on désigne sous le nom de scepticisme, et que les mauvaises mœurs insinuent si aisément : mais au xvie  siècle, ces courants amollissants et dissolvants n’existaient pas, et les dissipations même, dans leur violence et leur crudité grossière, n’empêchaient pas de respirer l’air ardent des croyances diverses et des fanatismes.

1524. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Vous voyez qu’après avoir placé mon peuple antérieur sur le second plateau (de l’Asie) et sous les remparts de Gog et de Magog, il faut bien que je m’en défasse, puisqu’il a cessé d’exister.

1525. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Le charme pour elle n’existe plus du tout, et elle prend l’habitude, dans son irritation, d’annoter les lettres qu’elle reçoit de Henri et de les charger dans les interlignes de contradictions piquantes et moqueuses ; par exemple, à cet endroit où il est dit qu’il se propose de faire venir bientôt près de lui Mme Catherine, sa sœur, et qu’il la prie de l’accompagner, elle ajoute ironiquement : « Ce sera lorsque vous m’aurez donné la maison que m’avez promise près de Paris, que je songerai d’en aller prendre la possession, et de vous en dire le grand merci. » Il perce dans ce reproche un coin d’intérêt et de calcul qu’on ne voudrait pas en elle.

1526. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Il existait dans l’antiquité, au temps d’Aulu-Gelle, des recueils de lettres du roi Philippe le Macédonien, père d’Alexandre : on les disait pleines d’élégance, de bonne grâce et de sens (« feruntur adeo libri epistolarum ejus, munditiae et venustatis et prudentiae plenarum »).

1527. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Pour des hommes d’école tels que Gui Patin, la poésie française qui allait se renouveler et atteindre à sa perfection par Despréaux, par Racine et La Fontaine, existait peu ; la poésie latine, si florissante au xvie  siècle, n’avait pas cessé de régner.

1528. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Ici j’entends des érudits de nos jours qui en parlent bien à leur aise, et qui disent (MM. de Schlegel en tête) : Cette poésie française élevée existait au moyen-âge, elle était dans les romans de chevalerie, dans ces chansons de geste qu’on exhume chaque jour, dans ces traditions vraiment modernes où il fallait l’aller chercher comme à sa source naturelle, et non chez les Grecs et les Latins.

1529. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Frédéric, qui depuis longtemps a renoncé à l’idéal, et qui se contente en tout, faute de mieux, des à peu près, réplique à son frère et lui déclare, en vertu de l’expérience, que la perfection n’existe pas, que les meilleurs des humains, ce sont les moins vicieux : Vous m’envoyez, lui dit-il, dans les cabanes des pauvres chercher la vertu ; mais les hommes qui les habitent sont-ils sans passions ?

1530. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Mme des Ursins nous apparaît dans ses lettres tout à fait telle que l’on se figure la femme politique accomplie ; elle en offre l’idéal, si un pareil idéal existe.

1531. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Tout cela, pour être utile dans trente ans d’ici, quand vous et moi n’existerons peut-être plus, à un fils qui ne naîtra peut-être jamais, qui peut-être mourra jeune… !

1532. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il existe un témoignage naïf des illusions qu’on se faisait dans ce parti d’Orléans, à l’un des moments les plus critiques de la Révolution, au lendemain du 10 août.

1533. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

C’est un livre fait d’après nature, un des plus pensés qui existent et des plus fortement écrits.

1534. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Savinien Lapointe ; il y donne une prétendue lettre de Béranger à mon adresse, qui est de sa fabrication et qui n’a jamais existé.

1535. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

« La nuit de notre exil, dit-elle, peut avoir des ombres, mais elle n’a point de ténèbres. » Elle excelle à ces nuances incroyables, à cet art d’opposer entre eux les mots les plus voisins parle sens, de manière à multiplier la pensée en la divisant, et à faire croire peut-être à plus de choses possibles qu’il n’y en a ; c’est ainsi qu’ailleurs elle dira, en jouant sur ces mots unisson, union, unité : « Il n’y a rien de si attractif pour les belles âmes qu’une belle âme ; et quand cette harmonie qui se devine existe, il faut peu de chose pour que, partant de l’unisson, on arrive à prétendre à l’unité.

1536. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Il eut un adversaire que ses amis et lui ne nommaient alors qu’avec des signes d’horreur profonde et dont il faut bien pourtant reconnaître la valeur, maintenant que L’Univers n’existe plus, et que tout cela est presque devenu de l’histoire littéraire ; je veux parler de M. 

1537. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

C’est dangereux dans ce moment… » La conclusion à tirer de tout ceci, à ce qu’il me semble, c’est que, dans cette succession si rapide d’événements et dans cette mobilité d’impressions souvent contraires, l’impossibilité morale de la lettre en question n’existe pas.

1538. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Or, les idées de bon sens, de tolérance, de réforme, civile, les idées justes, exclusives des vieux préjugés et vraiment libératrices des esprits, circulaient, étaient partout au xviiie  siècle, tandis qu’elles étaient rares, étouffées, contraintes, et n’existaient que dans quelques têtes durant la dernière et même la première moitié du règne de Louis XIV.

1539. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Je sens ce qui pourrait exister, lorsque des hommes comme Alexandre de Humboldt passent par Weimar et en un seul jour me font plus avancer dans mes recherches, dans ce qu’il me faut savoir, que je ne pourrais y réussir par des années de marche isolée sur ma route solitaire.

1540. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Il n’existe rien de cette gradation dans l’esprit de Judas, qui reste dans l’ignorance jusqu’au moment où il apprend tout ; et en ce qui est de Cyborée, la gradation est très-courte et de peu d’intérêt.

1541. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Guéroult en tient un des plus essentiels et qui ferait faute s’il n’existait pas.

1542. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Les liens de l’estime et de la confraternité ne peuvent plus exister entre nous et ceux qui professent des principes contraires, et si l’honneur pouvait être solidaire entre des hommes qui exercent la même profession à des distances Considérables, je me hâterais de protester contre un pareil abus, et je vous dirais hautement : L’avocat qui « chargé volontairement. de défendre un guerrier traître et rebelle à son roi, s’oublie jusqu’à justifier l’action en elle-même, qui cite comme un titre de gloire pour l’accusé le nom d’une bataille (celle de Waterloo) où il acheva de se rendre criminel en combattant contre son maître ; qui invoque à son secours le témoignage d’autres rebelles et les excite à rappeler les moyens qu’ils avaient pour forcer leur roi à la clémence ; l’avocat qui, s’entourant de honteux détours, de méprisables subterfuges, d’ignobles entraves, enlève ainsi au prévenu, autant qu’il est en lui, son dernier honneur, celui du courage, cet avocat a perdu son titre à nos yeux : je me sépare à jamais de lui. » On a beau dire que tout moyen est bon à un avocat pour sauver son client, M. de Martignac passait ici toute mesure, et il est difficile d’admettre qu’il n’obéissait pas lui-même, en s’exprimant de la sorte, à un accès de la fièvre politique qui sévissait partout autour de lui.

1543. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

… » Il y a bien longtemps que je n’ai visité l’Ermitage, et je ne sais s’il existe encore ; mais il revit tout entier en ces six lignes, comme un petit temple rustique et classique.

1544. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

« Mais on n’est pas seul au monde, on n’est pas le type et le modèle unique et universel ; il y a d’autres moules que celui que nous portons en nous, il y a d’autres formes de beauté en dehors de celle que nous adorons comme la plus parente de notre esprit, et elles ont le droit d’exister.

1545. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Strasbourg, cessant d’exister comme république, garda comme cité ses institutions municipales, sa juridiction civile et criminelle, ses privilèges en matière d’impôt, la liberté de son culte : « l’évêque et le Clergé catholique rentraient en possession de la cathédrale ; mais les Luthériens conservaient toutes les autres églises, les écoles et les biens ecclésiastiques en général.

1546. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

La marquise de Prie, qui gouvernait le duc de Bourbon, ne se tenant pas pour satisfaite, dépêcha en Allemagne un explorateur ad hoc qui, sous le titre de chevalier de Méré, fit une véritable tournée matrimoniale et rédigea un rapport qui doit exister aux Affaires étrangères.

1547. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ? 

1548. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Il y avait, quoi qu’il en soit, dans l’esprit politique des Romains tout le contraire, à certains égards, de l’esprit des Spartiates, une faculté de se transformer et de transiger sans briser, une disposition adoptive, si j’ose dire, qui n’existait pas en Grèce : comme l’aristocratie anglaise, le Sénat romain résistait aux réformes jusqu’au dernier moment ; puis, ce moment venu, il cédait et s’accommodait du nouvel ordre.

1549. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

« Madame ma chère fille, la maladie de Mercy (l’ambassadeur) ne pouvait venir plus mal à propos ; c’est dans ce moment-ci où j’ai besoin de toute son activité et de tous vos sentiments pour moi, votre maison et patrie, et je compte entièrement que vous l’aiderez dans les représentations différentes qu’il sera peut-être obligé de vous faire sur différents objets majeurs, sur les insinuations qu’on fera de toutes parts de nos dangereuses vues, surtout de la part du roi de Prusse qui n’est pas délicat sur ses assertions, et qui souhaite depuis longtemps de se rapprocher de la France, sachant très bien que nous deux ne pouvons exister ensemble : cela ferait un changement dans notre alliance, ce qui me donnerait la mort, vous aimant si tendrement. » Quelques-unes de ces lettres sonnent véritablement l’alarme, et chaque ligne est comme palpitante de l’émotion qui l’a dictée : « Vienne, le 19 février 1778.

1550. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Pour arriver à ce résultat, il n’existait qu’un moyen : c’était de briser les nœuds qui, depuis dix ans, réunissaient sous les mêmes drapeaux l’Angleterre et l’Autriche, de procéder, soit envers l’une, soit en vers l’autre, par voie de concession, et de contracter une paix sérieuse et permanente.

1551. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Mais c’est trop douter ; la conscience aussi, en pareil cas, dit non et se soulève ; je reviens à la règle sûre, déjà posée : l’art, comme la morale, comme tous les genres de vérités, existe indépendamment du succès même. 

1552. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Or chez les Grecs, on le sait, la division des genres existait, bien qu’avec moins de rigueur qu’on ne l’a voulu établir depuis : La nature dicta vingt genres opposés, D’un fil léger entre eux, chez les Grecs, divisés.

1553. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — Mais d’autre part cette conception existe ; il y a en moi quelque chose qui représente le myriagone et qui lui correspond exactement.

1554. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Nous voulons qu’on nous amusé, fût-ce en nous faisant pleurer ; et nous voulons avoir raison de nous amuser et de pleurer, c’est-à-dire être sûrs que l’auteur ne se moque pas de nous, que ce qu’il nous montre pour nous plaire existe hors de lui et hors de nous, hors de notre sensation actuelle, enfin que c’est arrivé.

1555. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

L’éloquence politique n’existe pas encore : les institutions ne lui font point de place.

1556. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Mais on lui fait injustice de ne vouloir souvent voir en lui qu’un incomparable amuseur, un dilettante prestigieux, et comme le plus fort acrobate de l’esprit qui ait existé.

1557. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Un tel peuple vit au jour le jour ; il songe à se défendre, à exister ; il est tout entier occupé de son établissement ; il est trop au présent pour s’inquiéter de connaître le passé.

1558. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Le démiurge dit encore, en ultime salut : — Va, ombre d’une ombre, et fais semblant d’exister.

1559. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Pour nous borner et en revenir au fait présent, les lectures publiques existent à Paris, elles ont commencé dans des circonstances, ce semble, défavorables ; elles en ont triomphé.

1560. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Le profond divorce qui existait alors entre la chirurgie et la médecine empêcha les deux Sociétés de se fondre à aucun moment ou même de se rapprocher, comme il eût été si naturel.

1561. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Quand on vient de relire leurs ouvrages et de traverser leur monde, on demeure bien convaincu en un point : c’est que les mœurs de la Régence existaient déjà sous Louis XIV ; elles y étaient depuis longues années à l’état latent.

1562. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

L’original de cette lettre de Louis XIV existe à la bibliothèque du Louvre, et l’auteur de la présente Notice la donne textuellement.

1563. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Droz a senti qu’en révolution il ne fallait pas abdiquer sitôt, qu’il existait alors un homme de génie, le seul même qu’eût produit le mouvement de 89, Mirabeau, et que tant qu’avait vécu ce puissant mortel, il n’y avait pas eu lieu de désespérer tout à fait d’une direction politique.

1564. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Je ne sais au juste ce que renfermait cette précieuse cassette dont on a tant parlé : elle existe, je le crois, à la Bibliothèque nationale dans quelque recoin ignoré ; le jour où elle en sortira, on en pourra faire à tête reposée l’inventaire52.

1565. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Cousin a voulu davantage : il a affecté la rigueur et l’invention dans la méthode ; il a prétendu serrer les choses de plus près que ses devanciers ; il a tenu à donner à sa philosophie une solidité indépendante de toute tradition révélée ; il a aspiré, en un mot, à fonder une grande école de philosophie intermédiaire, qui ne choquât point la religion, qui existât à côté, qui en fût indépendante, souvent auxiliaire en apparence, mais encore plus protectrice, et, par instants, dominatrice, en attendant peut-être qu’elle en devînt héritière.

1566. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Le combat qui existe en vous et en moi entre la mort et la vie, sera fini, que ce combat entre une mort et une mort durera encore longtemps.

1567. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Les mieux informés surent bientôt qu’il existait à la Bibliothèque impériale un exemplaire d’une ancienne comédie en vers, provenant de la bibliothèque du duc de La Vallière, et ayant titre : Conaxa, ou Les Gendres dupés.

1568. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

I Quelques jours après sa mort, Philarète Chasles eut sa minute de bruit ; mais les nécessiteux et les furieux d’actualité, comme ils disent, qui avaient attendu sa mort pour parler de lui, dont ils ne disaient pas grand-chose quand il était vivant et qu’il lançait quelque livre du fond de sa petite catacombe de la Bibliothèque Mazarine, ne s’occupèrent bientôt pas plus de sa personne que s’il n’avait jamais existé.

1569. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

IV Il faudrait peut-être la souhaiter à son livre, cette mort subite après laquelle bientôt on n’en parlerait plus, il faudrait peut-être la lui souhaiter, par charité pour un talent qui existe encore, au milieu de toutes ces folies qui ressemblent à des dépravations.

1570. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Donc la fonction ne détermine pas l’existence de l’organe, puisque l’organe existe indépendamment de la fonction.

1571. (1888) Portraits de maîtres

Néanmoins une lacune existait dans l’art et dans le génie français, lacune qu’à tel ou tel moment il fallait combler. […] Avant la partie purement littéraire du Génie du Christianisme, l’intelligence du passé n’existait pas dans la critique française. […] Son enfance avait répugné résolument à La Fontaine c’est qu’il n’a jamais existé deux natures de poètes plus dissemblables. […] Enfin l’Esprit pur, malgré l’intérêt qui s’y attache, ne peut mériter cette qualification : car il suffit d’une dissonance pour que le chef-d’œuvre poétique n’existe pas, la poésie résidant, selon nous, dans l’harmonie. […] C’est un livre de grand souffle et de haut vol, traversé d’un esprit large, digne du temps où le parti clérical n’existait qu’à l’état de minorité turbulente.

1572. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Et plus tard, à des années de là, voyageant en Grèce, Ampère lui fit la galanterie de couper à Delphes, à son intention, une branche du laurier qui existe aujourd’hui — ou qui existait — dans l’enceinte du πέμενος84 , « laurier descendant en droite ligne de feu Daphné », ainsi métamorphosée, si l’on s’en souvient, et il l’envoya à Chateaubriand avec quatre pages de compliments. […] Cet ami, dont la santé continuait elle-même de s’altérer de plus en plus, appelait des sollicitudes et des soins qu’il était impossible de partager à distance entre deux affections presque égales ; mais déjà cette égalité n’existait plus.

1573. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

L’exemple ne se propage pas, les autres armées se soumettent, et La Fayette, voyant que le pays ne répond mot, ne songe qu’à s’annuler, dans l’intérêt, non pas de la liberté qui n’existe plus, dit-il, mais de la patrie, qu’il s’agit toujours de sauver ; il passe la frontière avec ses aides de camp, non sans avoir pourvu à la sûreté immédiate de ses troupes. […] La Fayette s’y complaît évidemment ; il y revient en chaque occasion ; il nous rappelle que, parmi les républicains du 10 août, Condorcet avait alors oublié sa note fâcheuse sur le mot Patrie du Dictionnaire philosophique de Voltaire : « Il n’y a que trois manières politiques d’exister, la monarchie, l’aristocratie et l’anarchie. » Il se souvient que, parmi ces mêmes républicains, Clavière, deux ans auparavant, avait mis dans la tête de Mirabeau, dont il était le conseil, de soutenir le veto absolu du roi comme indispensable ; que Sieyès, un an auparavant, publiait encore, par une lettre aux journaux, que, dans toutes les hypothèses, il y avait plus de liberté dans la monarchie que dans la république. […] « Vous parlerai-je du plaisir sans cesse renaissant que me donnait une confiance entière en elle, jamais exigée, reçue au bout de trois mois comme le premier jour, justifiée par une discrétion à toute épreuve, par une intelligence admirable de tous les sentiments, les besoins, les vœux de mon cœur ; et tout cela mêlé à un sentiment si tendre, à une opinion si exaltée, à un culte, si j’ose dire, si doux et si flatteur, surtout de la personne la plus parfaitement naturelle et sincère qui ait jamais existé ?

1574. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Près des rives orientales de la mer Caspienne, entre les Indes et l’empire de Russie, il existe, sous le plus beau ciel de l’univers, une heureuse contrée où la nature prodigue tous les biens. […] X Le même bonheur existait dans la même simplicité: Paul avait planté un terrain parmi le Repos de Virginie. […] Nous nous éloignâmes de ce lieu, accablés de consternation, tous l’esprit frappé d’une seule perte, dans un naufrage où un grand nombre de personnes avaient péri, la plupart doutant, d’après une fin aussi funeste d’une fille si vertueuse, qu’il existât une Providence ; car il y a des maux si terribles et si peu mérités, que l’espérance même du sage en est ébranlée.

1575. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

C’est précisément contre cette fâcheuse tendance de l’érudition contemporaine qu’il faut lutter, et maintenir ce principe absolu qu’une langue n’existe comme langue que du jour où elle a été fixée dans sa forme littéraire. […] On y pouvait admirer — et l’on ne s’en faisait pas faute — ce qui n’existe peut-être dans aucune autre littérature, la chevaleresque glorification du vaincu. […] Et quant à cette scène que Grimarest essaye de décrire : — le populaire attroupé devant la maison de Molière, la femme de Molière épouvantée du murmure menaçant de « cette foule incroyable » et jetant par la fenêtre l’argent à pleines poignées, — certainement il ne nous déplairait pas qu’une fois de plus le peuple eût prouvé ce merveilleux instinct qu’il a pour méconnaître les siens, ceux qui l’ont aimé le plus sincèrement, et qu’il eût outragé le cercueil de Molière comme dix ans plus tard, par exemple, il insultera le convoi de Colbert ; mais il existe un texte précis. […] Rien ne nous garantit, je crois, que la pomme existe à destination de nos tables, ou la rose pour orner des boutonnières et des corsages : Bernardin de Saint-Pierre l’eût seul osé prétendre. […] Max Müller lui-même, et tous les linguistes conjurés avec lui, de me prouver jamais que les langues n’existent pas à destination de traduire la pensée.

1576. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

La femme est, en vérité, pour ce solognot de Labiche, comme si elle n’existait pas. […] La conclusion extrême, ce devrait être qu’il n’y a, quant aux choses de l’amour, que deux façons d’être irréprochable : celle de Roméo et Juliette, qui échappent à toute appréciation morale et qui, d’ailleurs, n’ont peut-être jamais existé, — et celle que le comte Tolstoï, après saint Paul et les théologiens les plus stricts, conseille aux époux dans la Sonate à Kreutzer. […] L’idée que ces choses soient incompatibles ne lui vient même pas, et le problème qui vous tracasse n’existe point pour elle.

1577. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il existe, en manuscrit, un drame sur Lorenzaccio, intitulé « Une Conspiration en 1537 ». […] Les autres sont des effrontées, soit ; mais elles n’empêchent point que celles-là n’existent. […] Il existe une fontaine de Jouvence. […] Dans cette scène, le juif idéaliste, qui existe, comme on sait, et qui n’est pas très rare, paraît enfin et impose le respect. […] Enfin il est bien vrai qu’il aurait fallu que quelque chose nous avertit que cette limite existe et qu’elle a été atteinte.

1578. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Au Moyen Âge, ce mot de patrie existait peu : on suivait le seigneur féodal ; on se battait pour ou contre ceux qui étaient déjà ou qui devaient être des compatriotes.

1579. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Ce jour-là, avant le débarquement sur la plage d’Alexandrie, l’ordre du jour disait : Soldats…, vous portez à l’Angleterre le coup le plus sensible, en attendant que vous lui donniez le coup de mort… Vous réussirez dans toutes vos entreprises… Les destins vous sont favorables… Dans quelques jours les mamelouks qui ont outragé la France n’existeront plus… Les peuples au milieu desquels vous allez vivre tiennent pour premier article de foi qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, et que Mahomet est son prophète !

1580. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

En voyant ce que deviennent chez les hommes célèbres les qualités qui existaient déjà chez leurs parents, et qui y sont demeurées obscurément utiles, il me semble qu’ils en sont souvent les dissipateurs et les prodigues encore plus que les économes publics et les dispensateurs généreux.

1581. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru qu’il y a dans le palais de Dresde un piano qui conserve son accord dans toutes les saisons : « Je désire, écrit-il à l’administrateur de la Saxe, que, sans donner aucun ombrage, vous puissiez vérifier si ce piano existe, et me faire connaître en quoi consiste le secret de son mécanisme. » Accoutumé depuis la journée d’Iéna à une correspondance d’un genre plus sévère, cet administrateur put sourire de se voir chargé d’une telle commission.

1582. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Cowper voit dans cette disposition et dans ce vœu universel un cri de la conscience qui, longtemps méconnue, mais non abolie, rappelle toute créature humaine à son origine et à sa fin, et l’avertit de sortir du tourbillon des villes, de cette atmosphère qui débilite et qui enflamme, pour revenir là où il y a des traces encore visibles, des vestiges parlants d’un précédent bonheur, et « où les montagnes, les rivières, les forêts, les champs et les bois, tout rend présent à la pensée le pouvoir et l’amour de Celui qui les a faits. » Et dans une description minutieuse et vivement distincte, où il entre un peu trop d’anatomie, mais aussi de jolis traits de pinceau, il donne idée de la manière d’interpréter et d’épeler la création, et il montre qu’ainsi étudié, compris et consacré, tout ce qui existe, loin d’être un jeu d’enfant ou un aliment de passion, ne doit plus se considérer que comme une suite d’échelons par où l’âme s’élève et arrive à voir clairement « que la terre est faite pour l’homme, et l’homme lui-même pour Dieu. » Tout cela est grave et solennel sans doute, il faut s’y accoutumer avec le poète : Cowper, c’est à bien des égards le Milton de la vie privée.

1583. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Il avait l’habitude de s’exprimer à ce sujet sous la forme, à lui si familière, de l’apologue, et il disait : Il y a dans l’humanité un inexplicable préjugé en faveur des anciennes coutumes et habitudes, qui dispose à les continuer même après que les circonstances qui les avaient rendues utiles ont cessé d’exister.

1584. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Barbier, le volumineux recueil des manuscrits de d’Argenson, et en ayant étudié avec soin une partie, j’ai pu m’assurer que les ouvrages qui sont imprimés ne nous le présentent que d’une manière très incomplète ; qu’il n’existe aucune édition exacte et fidèle de l’ouvrage qu’on a intitulé : Considérations, et que l’auteur désignait lui-même sous un autre titre ; que les autres morceaux plus littéraires ou personnels qu’on a donnés au public ont été remaniés, arrangés, affaiblis toujours, soit par M. de Paulmy, soit par M. 

1585. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Un ver secret s’est glissé au cœur ; un venin subtil a rongé la trempe, le ressort principal n’existe plus.

1586. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il me semble qu’en rapprochant tout ce qu’on trouve de passages religieux dans ses écrits, de pour et de contre, on n’arrivera qu’à composer une velléité, une inquiétude chrétienne (elle a dû exister à certains moments), non une crise proprement dite, « Ce ne sont que des accidents de foi, m’écrit M. 

1587. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

On aurait à relever bien d’autres choses dans le journal de Casaubon ; on y apprend bien des particularités sur les hommes célèbres du temps avec lesquels il est en relation, et sur son beau-père Henri Estienne, devenu le plus bizarre des hommes en vieillissant, qui avait si bien commencé et qui a si mal fini, et sur Théodore de Bèze dont la vieillesse, au contraire, est merveilleuse ; et sur des personnages considérables de la Cour de France, le duc de Bouillon et d’autres ; mais le personnage intéressant, c’est lui-même, lui, à toutes les pages, nous faisant l’histoire de son âme : aussi, pour ceux qui aiment ce genre de littérature morale intime qui nous vient de saint Augustin, on peut dire qu’il existe maintenant un livre de confessions de plus.

1588. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Il n’est pas fait pour ces passions où l’on dit : Vous aimer, vous voir, ou cesser d’exister ! 

1589. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Mais un sentiment tardif et profond, si imprévu et qui tranche sifort avec tout ce qu’on savait du chantre de Lisette, lui fait trop d’honneur pour que, si quelque témoignage, particulier en existe dans ses papiers ou dans ses lettres, on ne le produise pas un jour.

1590. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

J’appelle Montaigne « le Français le plus sage qui ait jamais existé. » 22.

1591. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Les Académies croient posséder des recettes et des formules générales ; or il n’en existe pas de parfaitement applicables d’un temps, d’un lieu et d’un peuple à un autre.

1592. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Il y a de l’homme à la bête, à tout ce qui existe, des sympathies et des haines secrètes dont la civilisation, ôte le sentiment.

1593. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Il ne s’agit pas d’un livre sec ; nous voudrions, les conversations, les confidences de Charles-Quint sur lui-même : si elles existaient par écrit, elles ont disparu.

1594. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

« Je vous prie, Monsieur, de me continuer les sentiments dont vous m’honorez, et de me croire pour jamais avec la reconnaissance et l’attachement que je vous dois, etc. »   Le bonhomme sent bien ce qui lui manque, et il exprime cette lacune en lui avec tant de franchise, qu’il la couvre au même instant à nos yeux ; et pourtant elle existe et ne sera pas comblée. — Enfin, une troisième lettre de lui à Garrick mérite encore d’être donnée, au moins en partie : « A Paris, le 6 juillet 1774.

1595. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

De grands liens existèrent de bonne heure entre M. de Harlay et l’abbé de Rancé.

1596. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Dans tous les cas, l’individu existe pour lui dans sa pensée : il voit le modèle.

1597. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

L’étroite union qui existait dans le groupe romantique entre les poètes et les peintres tourna vite au profit de la critique qui dès lors se fit de plus en plus en parfaite connaissance des procédés de l’atelier.

1598. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il n’est pas sans se douter et se rendre compte de l’opposition qui existe çà et là chez quelques particuliers au début d’une entreprise si considérable.

1599. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

L’estime est la plus forte de toutes les sympathies. » La religion n’est pas absente dans Émile ; sans parler de l’abbé de La Tour qui la représente dignement par la plus pure morale, le nom de Dieu y revient souvent et y est invoqué par la bouche d’Émile : « Il est impossible à l’homme qui médite souvent sur lui-même de ne pas remonter à la cause qui l’a fait naître ; toutes les grandes pensées aboutissent à Dieu… « Dieu existe !

1600. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

» Ce gentilhomme si bel esprit, et qui en parlait si à son aise, raisonnait en cela comme Cervantes lui-même, lequel fait dire à l’un de ses personnages au moment où l’on apprend que Don Quichotte est sur la voie de la guérison : « Ô seigneur, Dieu vous pardonne le tort que vous avez fait au monde entier, en voulant rendre à la raison le fou le plus divertissant qui existe !

1601. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Guadet, écrivant la Vie de ce girondin, et se trouvant en face de la difficulté, c’est-à-dire de la tendre liaison présumée entre Mme Roland et Buzot, s’en tirait d’une manière évasive et sauvait la situation dans les termes suivants : « On a dit que des relations d’un autre genre avaient existé entre Buzot et Mme Roland.

1602. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Malheureusement, quoiqu’en assez grand nombre, ils ne sont pas les plus forts ; mais, avec de la douceur et une patience à toute épreuve, il faut espérer qu’au moins nous parviendrons à détruire l’horrible méfiance qui existait dans toutes les têtes, et qui a toujours entraîné dans les abîmes où nous sommes. » Elle annonçait que l’Assemblée allait venir s’installer à Paris, bien que réduite par la désertion de quelques membres ; elle exprimait le vœu que ceux qui étaient partis pour les provinces travailleraient à les calmer, au lieu de les animer sur les événements accomplis : « Car tout, disait-elle, est préférable aux horreurs d’une guerre civile. » Revenant sur les journées des 5 et 6 octobre, elle les résumait sommairement en disant : « Jamais on ne pourra croire ce qui s’y est passé (à Versailles) dans les dernières vingt-quatre heures.

1603. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Il n’existe pas en français, ou du moins il n’en a été publié en Belgique qu’une traduction abrégée et tronquée, pour le plus d’agrément, selon notre usage trop habituel. — Depuis que ceci est écrit, la science a eu à déplorer la mort prématurée du docteur Barth.

1604. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Il est devenu nécessaire de rappeler au moins les griefs essentiels de Saint-Simon contre le duc de Noailles, de les examiner en les réduisant, de distinguer ce qui est positif et ce qui n’est que conjectural ou purement imaginaire, mais de maintenir aussi ce qui paraît incontestable, et de se former une idée aussi entière que possible d’un homme qui a été l’objet d’un des plus éclatants portraits, le sujet d’une des plus prodigieuses autopsies morales qui existent en littérature.

1605. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

» Un bon ordinaire n’existe pas pour eux dans les choses de l’esprit : il leur faut le rare.

1606. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

C’est sans doute faute d’avoir fait ces remarques et de s’être rendu compte de la différence des temps, que plusieurs esprits distingués de nos jours paraissent assez portés à juger avec autant de légèreté que de rigueur un des plus délicieux génies qui aient existé.

1607. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

III À peine daignerai-je réfuter ceux qui, comme Denys de Thrace, Cicéron et tant d’autres, ont cru que le poète appelé Homère n’avait jamais existé, mais que l’Iliade et l’Odyssée n’étaient que des rapsodies ou des fragments de poésies recousus ensemble par des rapsodes, chanteurs ambulants qui parcouraient la Grèce et l’Asie en improvisant des chants populaires.

1608. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Tout tient à tout ; tout peut se comparer à tout, il suffit d’un moment pour qu’un rapport inaperçu soit perçu et qu’il existe au moins dans l’esprit qui le perçoit.

1609. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Or le « théâtre » peut se passer de forme littéraire ; il n’existe que par et pour l’imitation scénique.

1610. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

On sentit vivement ce manque au commencement de notre siècle ; « Existe-t-il, demandait A.

1611. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Les impressions qu’il reçoit des objets sont si vives qu’il n’existe pour ainsi dire pas en dehors d’elles.

1612. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Il y a l’idéologie rationaliste, qui consiste à soutenir qu’il existe une vérité sociale qui s’impose aux individus ; que l’ordre social est un ordre logique, rationnel, devant lequel l’individu doit s’incliner. — Il y a l’idéologie égalitaire, dépendance de l’idéologie rationaliste, qui prend la forme juridique (tous les hommes sont égaux devant la loi) et la forme politique (tous les citoyens sont égaux devant l’État). — Il y a l’idéologie moraliste, qui consiste à surfaire l’importance de la morale et son pouvoir sur la conduite.

1613. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Tandis que l’idée de la solidarité de la tribu exista, il était naturel qu’on ne songeât pas à une stricte rétribution selon les mérites de chacun.

1614. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Les précieuses sur le retour qui s’imaginent enflammer, à première vue et à bout portant, n’existent plus guère aujourd’hui.

1615. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Pas plus que Montaigne, il n’aime le style livrier ou livresque, celui qui sent l’encre et qu’on n’a jamais que la plume à la main : « Il faut qu’il y ait, dans notre langage écrit, de la voix, de l’âme, de l’espace, du grand air, des mots qui subsistent tout seuls, et qui portent avec eux leur place. » Cette vie qu’il demande à l’auteur, et sans laquelle le style n’existe que sur le papier, il la veut aussi dans le lecteur : « Les écrivains qui ont de l’influence ne sont que des hommes qui expriment parfaitement ce que les autres pensent, et qui réveillent dans les esprits des idées ou des sentiments qui tendaient à éclore.

1616. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Il existait, dans les dernières années du précédent régime, deux atmosphères très distinctes, celle de l’intérieur de la Chambre et celle du dehors.

1617. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Il n’a pas assez de raillerie pour la race des Renés qui sont sortis de lui ; il est allé jusqu’à écrire : « Si René n’existait pas, je ne l’écrirais plus ; s’il m’était possible de le détruire, je le détruirais.

1618. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Pour lui, le combat du christianisme et de la Grèce n’existe pas, et Télémaque est le monument unique de cette heureuse et presque impossible harmonie.

1619. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Je ne crois pas qu’il existe en français de page plus sanglante, plus amèrement et plus cruellement satirique, que le portrait de Mme du Châtelet, de la divine Émilie, tracé par Mme Du Deffand (une amie intime), et qui commence par ces mots : « Représentez-vous une femme grande et sèche, sans etc., etc. » C’est chez Grimm qu’il faut lire ce portrait, qui a été mutilé et adouci ailleurs ; on n’ose en rien transcrire, de peur de brûler le papier.

1620. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Depuis qu’il existe une société civilisée, la femme de cet âge y a tenu une grande place, la première peut-être.

1621. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Enfin, s’il est permis d’entrer dans ces particularités, qui ne laissent pas d’avoir leur importance pour le lecteur, je me plaindrai, au nom de la France, qu’il n’existe pas à Paris un seul exemplaire complet des volumes jusqu’ici publiés.

1622. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Le plein bon sens et le vrai bon goût, chez nous, n’ont jamais existé ensemble qu’à un très court moment de la littérature et de la langue.

1623. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

L’ancienne tragédie française (je dis ancienne, parce qu’elle n’existe plus) avait ses règles, ses artifices, ses convenantes, que Racine surtout avait connus et portés à la perfection, et dont il était devenu l’exemplaire accompli La Harpe, après Voltaire, les entendait et les sentait plus que personne, et il est le meilleur guide en effet, du moment qu’on veut entrer dans l’économie même et dans chaque partie de ce genre de composition pathétique et savante.

1624. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Des poètes sérieux, consciencieux, élevés, y travaillent, et, si le public n’est pas familiarisé avec leurs noms, c’est qu’en France ce n’est que par le sentiment et la passion dramatique, et aussi par un coin d’esprit qu’on y mêle, que le public peut accepter, j’ai presque dit, peut pardonner la poésie : à l’état pur, elle n’existe guère que pour les poètes entre eux.

1625. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Élisabeth de Parme se sentait trop un personnage de première force pour pouvoir exister à côté de Mme des Ursins sur la même scène.

1626. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Mais Alfred paraît ; c’est à l’Opéra que Léonie l’aperçoit d’abord ; il y est fort occupé auprès d’une élégante, Mme de Rosbel ; ou plutôt, tandis que la foule des adorateurs s’agitait autour de la coquette, qui se mettait en frais pour eux tous, Alfred, plus tranquille, « lui parlait peu, ne la regardait jamais, et l’écoutait avec l’air de ne point approuver ce qu’elle disait, ou d’en rire avec ironie » : Cette espèce de gaieté (c’est Léonie qui raconte) contrastait si bien avec les airs doucereux et flatteurs des courtisans de Mme de Rosbel, que personne ne se serait trompé sur le genre d’intimité qui existait entre elle et M. de Nelfort.

1627. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

C’étaient sans cesse des visites domiciliaires, des menaces de pillage et d’incendie ; on accusait Beaumarchais d’être accapareur de blés, puis d’être accapareur d’armes cachées, et de les entasser dans des souterrains qui n’existaient pas : Quant à moi, disait-il dans ces espèces de mémoires et pétitions à la Convention qu’il faudrait toujours mettre en regard du monologue de Figaro, quant à moi, citoyens, à qui une vie si troublée est devenue enfin à charge ; moi qui, en vertu de la liberté que j’ai acquise par la Révolution, me suis vu près, vingt fois, d’être incendié, lanterné, massacré ; qui ai subi en quatre années quatorze accusations plus absurdes qu’atroces, plus atroces qu’absurdes ; qui me suis vu traîner dans vos prisons deux fois pour y être égorgé sans aucun jugement ; qui ai reçu dans ma maison la visite de quarante mille hommes du peuple souverain, et qui n’ai commis d’autre crime que d’avoir un joli jardin, etc.

1628. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Mais je vous trouve trop circonspect ; fiez-vous à votre propre sens ; ne feignez point de dire en un besoin que tel bon écrivain a dit une sottise : surtout gardez-vous bien de croire que quelqu’un ait écrit en français depuis le règne de Louis XIV : la moindre femmelette de ce temps-là vaut mieux pour le langage que les Jean-Jacques, Diderot, d’Alembert, contemporains et postérieurs ; ceux-ci sont tous ânes bâtés sous le rapport de la langue, pour user d’une de leurs phrases ; vous ne devez pas seulement savoir qu’ils aient existé.

1629. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Je laisse ces divers problèmes, ces contradictions apparentes de quelques-unes de ses pensées et de ses actes à agiter aux historiens futurs ; la renommée de Richelieu (et la renommée, il l’a dit, est le seul paiement des grandes âmes) ne peut que s’accroître avec les années et avec les siècles : il est de ceux qui ont le plus contribué à donner consistance et unité à une noble nation qui d’elle-même en a trop peu ; il est, à ce titre, un des plus glorieux artisans politiques qui aient existé ; et plus les générations auront été battues des révolutions et mûries de l’expérience, plus elles s’approcheront de sa mémoire avec circonspection et avec respect.

1630. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

» Il lui fit cette réponse : « Bien aimer et pouvoir cesser de bien aimer sont deux choses incompatibles. » Une amitié n’existait pas pour lui si elle ne participait de l’éternité et si elle n’était immortelle.

1631. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Et de cette vie de voyage, de ces compagnonnages avec des êtres de toutes sortes, de ces lectures économiques, statistiques, sociales, dans une existence où n’existe pas le besoin du sommeil, il est sorti un tout autre garçon, que celui que j’ai connu.

1632. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Quoique nous ne le comprenions pas très bien, il existe ; il fut cultivé pendant trois ou quatre siècles ; il satisfaisait les oreilles délicates accoutumées aux nuances du chant neumatique ; il se chantait d’abord, mais il se lisait, puisqu’on en faisait des recueils en le séparant de sa mélodie.

1633. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Un chef-d’œuvre existe une fois pour toutes.

1634. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

La maison existe encore, attirant le regard mélancolique de ceux qui l’ont vue habitée par ses premiers hôtes.

1635. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Les connaisseurs seuls en parleront de cette voix qui ne fait pas tapage, comme on parle des chefs-d’œuvre de Mozart, de Raphaël et de Goethe, mais la fanfare de la gloire, par toutes les trompettes, n’existera plus !

1636. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Or, à l’exception de quelques poètes — exception partout — emportés par cette belle démence dont parle Shakespeare, et dont le génie traîne la volonté après soi, comme le cheval sauvage traîna Brunehault, la littérature désintéressée a toujours fort peu existé en Angleterre, dans ce pays de l’intérêt dont Bentham a théorisé les pratiques ; et Macaulay eut l’ambition de son pays.

1637. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Il ne l’a pas trouvé même en France, sa belle patrie ; car le livre que voici, qu’on a republié avec une obstination courageuse, y existait depuis plus de trente ans comme un diamant dans une caverne, et les têtes philosophiques de la Revue des Deux-Mondes, qui revoit, mais qui ne voit pas, n’en ont jamais dit le moindre petit mot, et les lunetiers de l’Académie des sciences morales n’ont pas aperçu le diamant.

1638. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

C’est un rabâchage de choses qu’il a dites, et mieux dites, sur l’indépendance et le désintéressement absolus de la science, et sur la différence qui existe entre la critique et la théologie… Et voilà probablement la raison pour laquelle les journaux, ces échos des livres quand les livres ont de la voix et de la sonorité, ont laissé, en toute indifférence, Renan se morfondre à jouer de sa guimbarde ordinaire dans le petit coin de son introduction… Et on ne peut pas même dire « autre guimbarde », comme on dit parfois « autre guitare » ; car Renan ne varie ni son instrument, ni sa manière de jouer, ni son air.

1639. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Encore une fois, à dater de là, Brizeux a cessé d’exister.

1640. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

La plupart du temps, ces fameux costumes n’existent plus.

1641. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

On pourrait ôter le carré, le losange, le rectangle et toutes les divisions sans la toucher. » Par ce raisonnement vous avez ramené la science à l’étude du sujet nu, et vous lui avez donné pour objet un être qui n’existe pas.

1642. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Conseillons à ceux qui ont le malheur de leur plaire de ne pas s’en vanter ; conseillons surtout à ceux qu’ils décrient de ne pas plus leur répondre que je n’ai fait depuis que j’existe. […] En effet quel rapport existe-t-il entre la comédie politique des Athéniens et notre comédie domestique ? […] Cette condition indispensable est le ridicule, dont la comédie n’a pas moins besoin pour exister, que la tragédie n’a besoin de la terreur et de la pitié qui en sont l’âme, et que les corps organisés n’ont besoin de la vie pour respirer et se mouvoir. […] Mais cette uniformité n’existe dans aucun pays, ni d’une capitale à une province, ni d’une cité à un village, ni dans l’intérieur d’une seule ville, ni d’une maison à une autre, ni même dans une seule maison. […] Assurons-nous bien qu’il eût continué de la recevoir par de nouvelles peintures du ridicule, s’il eût existé cent ans.

1643. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il semble que, dans sa pensée, l’immortalité n’existe que pour les héros. […] Je parcours cette première Légende « qui existe solidairement et forme un tout », selon l’expression même de Victor Hugo. […] Alors, pour peu qu’on ait le goût des rêves et des conjectures, il est possible de recomposer toute une société morte et permis de supposer beaucoup de choses qui n’existent plus, en fait d’art comme en fait de galanterie. […] Sa résistance faiblit quand il mit la France au défi de montrer d’aussi beaux monuments que « le code prussien, le plus humain, le plus républicain de ceux qui existent, le gouvernement d’un assez grand nombre de princes éclairés, les régences des villes libres, la Réformation ». […] Mais elle existait, et ce socialisme, autant par ses défauts que par ses qualités, était national.

1644. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Vendredi 17 mars Saint-Cloud n’existe plus. […] L’un proclame que la société doit des rentes à tous les hommes, en vertu de l’aphorisme : « Je vis, donc je dois exister !  […] Thiers… Sur le reste, je suis blasée, je n’aime au fond que les choses vraies…, les autres choses, ça n’existe pas, ce n’est que de la convention. » Mercredi 5 juillet Chez Brébant. […] » Tel est le sérieux de l’homme — et le jour où Paris subissait une capitulation comme il n’en existe pas dans l’histoire de l’Europe. […] Il y a eu des morts par la dysenterie, par l’albuminurie, par le scorbut, mais personne n’est mort de la poitrine. » « Mon cher, reprend-il, le curieux, c’est qu’au bout de trois jours, au milieu de ces hommes dépiotés de tout en entrant, il y avait des jeux de dames faits avec des mouchoirs, où l’on avait noirci des carreaux noirs, et avec des rondelles de drap de deux couleurs ; il y avait des jeux de jonchets, faits avec des brindilles de balais ; il y avait des jeux de jacquet, avec des dés en savon ; il y avait des jeux de dominos, faits avec je ne sais quoi, et quand on nous a donné de la viande, il s’est trouvé des artistes qui ont fabriqué, avec les os, des couteaux, des couteaux qui se fermaient avec un système de ressort, en ficelle tressée, qui était un chef-d’œuvre… enfin, figure-toi qu’à la fin, de ces cordes avec lesquelles on essuie le pont, et qu’on volait, tout le monde avait des pantoufles, des calottes en ficelle. » « Nous avons passé trois mois dans la batterie, sans monter sur le pont, trois mois, où, sauf la première semaine, où l’on nous a donné deux fois du lard, nous n’avons pas eu de viande, et avons été nourris seulement de pois et de haricots, ce qui, par parenthèse, vous procurait des inflammations buccales bien désagréables. » « Par exemple, au bout de trois mois, la première fois qu’on est monté là-haut, et qu’on a respiré de l’air vrai, on est monté à quatre pattes, et l’on étouffait, comme si tu te trouvais en ballon, à 6000 pieds, au-dessus de la terre. » « Il existait toutes sortes de sociétés : la société des grinches avec la Volige, le garçon le plus facétieux de la terre ; la société des maquereaux, présidée par Victor, l’imagination la plus cocasse.

1645. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Samedi 5 janvier À regarder l’eau-forte d’un crépuscule (Sunset in Tipperary) de Seymour Haden, cette eau-forte, où existe peut-être le plus beau noir velouté, que depuis le commencement du monde, ait obtenu une pointe d’aquafortiste, à la regarder, dis-je, ce noir fait, au fond de moi, un bonheur intérieur, une petite ivresse, semblable à celle que ferait naître chez un mélomane, un morceau de piano d’un grand musicien, joué par le plus fort exécutant de la terre. […] Jeudi 28 février Je lis ce soir dans Le Temps, cette phrase adressée aux ouvriers par le président Carnot, dans sa visite à la manufacture de tabacs : « Je vous remercie profondément de l’accueil que vous venez de faire à ma personne, mes chers amis, car vous êtes des amis, puisque vous êtes des ouvriers. » Je demande, s’il existe en aucun temps de ce monde, une phrase de courtisan de roi ou d’empereur, qui ait l’humilité de cette phrase de courtisan du peuple. […] Il y a à peine assez de copie pour faire un second volume des Choses vues, mais il existe pas mal de notules et de pensées, dont on pourra peut-être emplir tout un volume.

1646. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

L’éducation du goût existe. […] Racine lui-même, qui a tant emprunté aux Grecs, jusqu’à traduire presque littéralement des scènes d’Euripide, Racine était convaincu qu’il faisait œuvre d’originalité, en cherchant du nouveau dans ce qui existait déjà. […] Les détails ne se rapportent qu’à ce qu’il décrit ; ils concourent au but et n’existeraient pas sans cela. […] Le pire, c’est de décrire artificiellement et par généralités des sujets qui n’existent pas. […] Un tel peut exister à des milliers d’exemplaires, mais il faut qu’on reconnaisse que c’est un tel et non pas un autre.

1647. (1888) Études sur le XIXe siècle

Si ces esprits chagrins, qui n’existent du reste qu’à l’état d’insignifiantes exceptions, persistent dans leur fâcheuse direction ils en porteront la peine, et, comme un certain Philippe Ottonieri dont vous avez peut-être entendu parler, après avoir vécu “oisifs et inutiles”, ils mourront “sans renommée, mais non sans connaître leur nature et leur sort”. […] Il faut dire aussi que pendant longtemps on ignorait plus ou moins comment s’était formé et développé le mouvement, quelle part d’initiative revenait à chacun des membres de l’école, quelle cohésion existait entre eux : un certain nombre d’ouvrages publiés dans ces trois dernières années nous ont enfin livré, non des matériaux complets, mais quelques renseignements sur ces divers points. […] Vous verrez qu’avec un luxe inouï d’images et de mots elles déclarent qu’il est douloureux de voir mourir les jeunes filles et cruel de tourmenter les animaux, qu’il faut faire l’aumône, qu’il existe des injustices sociales, qu’une prostituée est encore susceptible de sentiments humains, etc. […] Que les mots dont il se sert existent ou non dans le dictionnaire, c’est le moindre de ses soucis. […] ce sentiment inconnu existe-t-il pour être à jamais comprimé ?

1648. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Sous le règne de je ne sais plus quel empereur, qui vivait deux mille six cents ans avant Jésus-Christ, le premier ministre fut chargé de mettre un terme au désordre qui existait dans les échelles musicales. […] VIII Il n’existait que trois choses au monde pour le père de Mozart : Dieu, sa famille et la musique.

1649. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

« Il sera bien difficile, a dit Goethe, que le public allemand arrive à une espèce de jugement sain, comme cela existe à peu près en Italie et en France. […] « Cette maisonnette existe encore.

1650. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Campbell, auteur d’un ouvrage savant et classique, regarde comme hors de doute que les poëmes attribués à Ossian existaient, et étaient généralement connus dans la haute Écosse avant que Macpherson essayât pour la première fois de les traduire ; qu’ils n’étaient de son invention ni dans leur entier ni dans leurs parties principales ; qu’ils n’étaient nullement le produit d’une fraude littéraire, mais que le traducteur, aidé de quelques coopérateurs, les avait recueillis et arrangés dans une forme systématique, et les avait ainsi traduits et offerts au public. […] » IV Il existe en Écosse une Académie ou Société, sous le titre de Highland Society, dont les travaux ont pour objet tout ce qui regarde les antiquités, l’histoire et la littérature écossaises.

1651. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

  Et l’indifférence de Tolstoï à l’autorité théologique de Jésus éclate, mieux qu’en tout le livre, en cette phrase, de merveilleuse clarté : C’est terrible à dire, mais il me paraît que si la doctrine de Jésus et celle de l’Église qui a poussé dessus n’avaient jamais existé, — ceux qui s’appellent aujourd’hui chrétiens auraient été beaucoup plus près qu’ils ne le sont de la doctrine de Jésus, c’est-à-dire de la doctrine rationnelle qui enseigne le vrai bien de la vie (p. 178). […] Sans parler de la traduction en prose des Quatre poèmes, qui date de 1860, il existait depuis 1870 une traduction faite en vers pour la musique, celle de M. 

1652. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

« Je n’ai jamais partagé, quant à moi », ajoutait-il, « ces vanités ni ces espérances ; je me suis toujours moqué d’eux quand ils me parlaient de notre noblesse vraie ou fausse ; je n’ai jamais voulu voir leurs titres et leurs parchemins ; mais je sais qu’ils existaient. […] Quand l’homme a fait le tour de sa vie et qu’il se rapproche par la mémoire du foyer d’où il est parti enfant, il revoit par la pensée les sœurs qui jouaient dans des berceaux à côté du sien, et, s’il en existe une encore, fût-ce derrière les grilles d’un monastère, toute son âme y reflue : les feuilles en automne tombent sur les racines.

1653. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Car il est incontestable qu’un nombre en surpasse un autre quand il figure après lui dans la série naturelle des nombres : mais si l’on a pu disposer les nombres en ordre croissant, c’est justement parce qu’il existe entre eux des rapports de contenant à contenu, et qu’on se sent capable d’expliquer avec précision en quel sens l’un est plus grand que l’autre. […] Quant aux sensations proprement dites, elles sont manifestement liées à leur cause extérieure, et, quoique l’intensité de la sensation ne se puisse définir par la grandeur de sa cause, il existe sans doute quelque rapport entre ces deux termes.

1654. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Il trouve donc qu’il n’y a ni roi, ni généraux, ni ministres ; et cette expression lui paraît si bonne et si juste qu’il consent qu’on le comprenne lui-même dans la catégorie de ceux qui n’existent pas : Il me semble être le ministre des Affaires étrangères des Limbes.

1655. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Les Mémoires de Sully existaient, d’un volume considérable, mais d’une lecture lente et pénible : l’abbé de L’Écluse, en 1745, se chargea de les alléger, de les rendre faciles et agréables ; il en dénatura la forme, le langage, et parfois le fond ; il donna à son auteur un certain air plus dégagé, et qui fait contresens.

1656. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

L’anarchie est l’absence du gouvernement et la volonté de chacun substituée à la volonté générale ; en 1792, il y avait une volonté générale, unanime ; il y avait une organisation terrible pour la former, la confirmer, la manifester, la faire exécuter ; en un mot, il existait une démocratie, ou, si l’on veut, une ochlocratie52 redoutable, résidant en vingt-six mille clubs correspondant ensemble et soutenus par un million de gardes nationales.

1657. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Il existe des lettres très intéressantes, dit-on, adressées par Madame à cette seconde institutrice, Mme de Harling ; il en a été publié un extrait à Dantzig en 1791, avec une biographie de la princesse en tête.

1658. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il existe de cette dédicace deux versions, l’une où se trouve le nom de l’exilé de Sainte-Hélène, l’autre, plus énigmatique et plus obscure, sans le nom ; dans les deux, Napoléon y est traité en monarque toujours présent, et Beyle, en rattachant « au plus grand des souverains existants » (comme il le désigne) la chaîne de ses idées, prouvait que dans l’ordre littéraire et des arts, c’était une marche en avant, non une réaction contre l’Empire, qu’il prétendait tenter.

1659. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

C’est ainsi qu’en multipliant à plaisir ses travaux, et en se créant avec une rare vigueur de pensée ces surcroîts et comme ces superfluités d’action et d’emploi au milieu d’occupations qui, seules, eussent absorbé tout autre, Daru, sans s’en douter, préludait à ce rôle qui devait l’illustrer un jour, celui d’administrateur de la plus forte trempe sous le capitaine le plus infatigable qui ait jamais existé.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Comme il s’est, dans la suite, prononcé en toute occasion contre les inconvénients de l’éducation publique, telle surtout qu’elle existait alors, on a cherché dans les circonstances de ses premières années à expliquer cette opinion qui s’accorde si bien d’ailleurs avec toute sa manière de sentir et de craindre.

1661. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Soubise, l’irréductible et l’insoumis, pour qui l’idée de violation ou de devoir envers le souverain de la France n’existait pas, déterminé, à toute extrémité, à faire la guerre des pirates plutôt que de se soumettre à son roi, nous représente bien le Français qui s’est oublié et jusqu’à un certain point dénaturé, ou qui du moins (car je ne voudrais rien dire d’injuste pour un vaincu) s’est tout à fait dénationalisé.

1662. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Mais, comme elle vivait et qu’elle devait exister encore quinze ans après avoir écrit cela, elle se sentait le désir d’en faire part à quelque misanthrope comme elle et qui fît exception à la réprobation commune.

1663. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Écrivant à M. de Torcy et lui exprimant la situation dans toute sa nudité : « Je parle à un ministre, ajoutait-il, car aux autres je me fais tout blanc de mon épée et de mes farines. » Il était bien obligé de répandre des bruits faux et d’imaginer, ne fut-ce qu’à l’usage de l’ennemi, des arrivées de fonds ou de subsistances qui n’existaient pas : Je me vis donc réduit à payer de hardiesse, je dirais presque d’effronterie, avec cinquante mille hommes de moins que les ennemis, une petite artillerie de campagne mal traînée, mal approvisionnée, contre deux cents bouches à feu bien servies, et la frayeur perpétuelle de manquer de pain chaque jour.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Le fait est qu’il y avait beau jour qu’on ne regardait pas plus à lui, écrivain, que s’il n’existait pas.

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il existait, en effet, sous cet Ancien Régime réformé de main de maître, une organisation moderne déjà bien forte, remontant directement au roi, au Conseil du roi, en recevant les ordres et l’impulsion, et déployant son ressort, étendant son réseau dans tout le royaume par les intendants ; mais, ce qu’il faut aussitôt ajouter, c’est qu’avec et malgré cette organisation une et vigoureuse, qui fonctionnait régulièrement depuis Louis XIV, il y avait, à tout moment, des points d’arrêt et d’empêchement, des prétentions qui venaient à la traverse, des exemptions et des privilèges, — privilèges nobiliaires, ecclésiastiques, parlementaires, municipaux, de toutes sortes ; autant d’enclaves et d’îlots réservés soustraits au niveau commun, débris de pouvoirs et d’institutions appartenant la plupart au régime féodal antérieur, lequel, amoindri et réduit de plus en plus, n’avait jamais été formellement aboli.

1666. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Cette Correspondance que l’historien d’Auteuil, Feuardent, a eue entre les mains et dont il a donné des extraits, doit exister et serait intéressante à connaître en entier.

1667. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Son âme ardente ne pouvait pas exister davantage dans un corps qu’elle minait continuellement.

1668. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Entendant louer toujours la campagne romaine avec ses riches teintes, il avouait ingénument que ce genre de beauté pittoresque échappait tout à fait à ses yeux, « pour lesquels le rayon rouge n’existait pas. » Mais soit qu’il en fût autrement pour lui dans la jeunesse, soit que l’amour-propre du colon et du propriétaire aiguisât sa vue et suppléât à son organisation, il a su nous rendre parfaitement ce qu’il regardait tous les jours, et il s’y est glissé un éclair de poésie ou de sentiment de la nature qu’il n’a jamais retrouvé depuis.

1669. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il faut savoir qu’il existait à Bordeaux du côté du couchant, et non loin des jardins de l’archevêché, un marais qui exhalait pendant l’été des miasmes pestilentiels.

1670. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Si le ridicule existait encore et si l’on avait le temps de rire de ces misères, il serait bouffon vraiment de voir que M. 

1671. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

L’art de la guerre a existé de tout temps, a dit Jomini ; mais les traités sur l’art de la guerre sont récents.

1672. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Bayle, dans sa Réponse aux questions d’un Provincial (1703), a tout un chapitre là-dessus ; son doute n’existait qu’avant d’avoir lu les lettres ; dès qu’il les a vues, il n’hésite pas à exprimer son sentiment ; les faussaires n’ont pas de ces accents-là : « J’y trouvai, dit-il, tant de caractères d’ingénuité et la nature si parlante, qu’il me sembla qu’un imposteur n’aurait jamais pu déguiser si heureusement son artifice.

1673. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

elle lui reconnaît ce don et ce bonheur de se faire aimer, qui est, selon elle, l’unique ressource et félicité de l’état de souverain : « Vous l’avez si parfaitement acquis (ce bonheur), ne le perdez pas en négligeant ce qui vous l’a procuré : ce n’est ni votre beauté, qui, effectivement, n’est pas telle, ni vos talens, ni votre savoir (vous savez bien que tout cela n’existe pas), c’est votre bonté de cœur, cette franchise, ces attentions, appliquées avec tant de jugement.

1674. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Plus vous insistez sur le mal qui existe, plus la réparation en est urgente.

1675. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

La correspondance toute politique de M. de Talleyrand avec Mme de Dino existe et pourra, un jour, éclairer assez agréablement le dessous des cartes43.

1676. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Le trait, s’il existe, était dans la dernière phrase. — Pour toute réponse à cet envoi de démission, Jomini reçut l’ordre du ministre Clarke de se rendre en poste à Paris et de se présenter à lui dans les vingt-quatre heures après son arrivée.

1677. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Le jour où l’on comprend enfin ce poëte, cette fleur de plus, où elle existe pour nous dans le monde environnant, où l’on saisit sa convenance, son harmonie avec les choses, sa beauté que l’inattention légère ou je ne sais quelle prévention nous avait voilée jusque-là, ce jour est doux et fructueux ; ce n’est pas un jour perdu entre nos jours ; ce qui s’étend ainsi de notre part en estime mieux distribuée n’est pas nécessairement ravi pour cela à ce que les admirations anciennes ont de supérieur et d’inaccessible.

1678. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Jusqu’ici, depuis deux ans passés, il ne paraît plus qu’il existe aucun centre poétique auquel se rattachent particulièrement les essais nouveaux d’une certaine valeur.

1679. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Traité quelquefois comme un frère, ou plutôt comme une sœur, cette faveur m’était précieuse et chère. » C’était, comme on voit, à peu près la situation de la seconde nuit entre Ernest et Mlle de Liron, mais il n’y avait pas eu la première, et les mêmes raisons de patience n’existaient pas.

1680. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

J’ai vu dans le dépôt de Rennes plusieurs maris arrêtés sur la seule dénonciation de leurs femmes, et autant de femmes sur celle de leurs maris ; plusieurs enfants du premier lit à la sollicitation de leur belle-mère ; beaucoup de servantes grosses des œuvres du maître qu’elles servaient, enfermées sur sa dénonciation, et des filles dans le même cas, sur la dénonciation de leur séducteur ; des enfants sur la dénonciation de leur père, et des pères sur la dénonciation de leurs enfants : tous sans la moindre preuve de vagabondage et de mendicité… Il n’existe pas un seul jugement prévôtal qui ait rendu la liberté aux détenus, malgré le nombre infini de ceux qui ont été arrêtés injustement. » — Supposons qu’un intendant humain, comme celui-ci, les élargisse : les voilà sur le pavé, mendiants par la faute de la loi qui poursuit la mendicité et qui ajoute aux misérables qu’elle poursuit les misérables qu’elle fait, aigris de plus, gâtés de corps et d’âme. « Il arrive presque toujours, dit encore l’intendant, que les détenus, arrêtés à vingt-cinq ou trente lieues du dépôt, n’y sont renfermés que trois ou quatre mois après leur arrestation, et quelquefois plus longtemps.

1681. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : « Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines : au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point. » Ô mes compagnons d’infortune !

1682. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Car, si l’univers a un but, il faut que ce soit, pour le moins, d’être connu de l’homme et de se réfléchir en lui, puisque, au surplus, les métaphysiciens nous disent que le monde n’existe qu’en tant qu’il est pensé par nous. « Science sans conscience est la ruine de l’âme ».

1683. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Si quelque devin de ce genre d’augures avait existé dans les premiers âges, que de visions et que de prodiges il aurait vu tournoyer dans les spirales fumantes du premier flambeau !

1684. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Pas n’est besoin d’être grand clerc pour calculer de l’œil l’écart qui existe entre la fortune de la maison et son mobilier.

1685. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Ce capitaine, le plus grand peut-être qui ait existé, aimait trop son art pour s’en priver aisément.

1686. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Si, au-delà de la vie, ce sentiment existait encore, si l’on se rappelait ce qu’on a quitté, cette idée serait la plus douce pour moi.

1687. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

En effet, la grande prétention de Rousseau, le germe de sa maladie et de la maladie de ses successeurs, ç’a été justement de ne vouloir point être jeté dans le moule des autres hommes : « Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. » Ce que Rousseau a dit là au début de ses Confessions, tous ceux qui ont en eux le mal de Rousseau le disent ou le pensent tout bas.

1688. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Mon âme n’avait pas besoin d’aimer ; elle était remplie d’un sentiment tendre, profond, partagé, répondu, mais douloureux cependant ; et c’est ce mouvement qui m’a approchée de vous : vous ne deviez que me plaire, et vous m’avez touchée ; en me consolant, vous m’avez attachée à vous… Elle a beau maudire ce sentiment violent qui s’est mis à la place d’un sentiment plus égal et plus doux, elle a l’âme si prise et si ardente, qu’elle ne peut s’empêcher d’en être transportée comme d’ivresse : « Je vis, j’existe si fort, qu’il y a des moments où je me surprends à aimer à la folie jusqu’à mon malheur. » Tant que M. de Guibert est absent, elle se contient un peu, si on peut appeler cela se contenir.

1689. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Francueil d’abord se montre sous un jour flatteur : cet amour entre Mme d’Épinay et lui est bien l’amour à la française, tel qu’il peut exister dans une société polie, raffinée, un amour sans violent orage et sans coup de tonnerre, sans fureur à la Phèdre et à la Lespinasse, mais avec charme, jeunesse et tendresse.

1690. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Je n’ai jamais vu, depuis que j’existe, personne qui atteigne si au vif les défauts, les vanités, les faux airs d’un chacun, qui vous les développe avec tant de netteté, et qui vous en convainque si aisément.

1691. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Par malheur, une pièce essentielle, celle même qui, si elle existait, serait le document capital pour bien juger du point de départ de Jeanne d’Arc et de ses dispositions primitives, cette pièce manque et ne s’est jamais retrouvée.

1692. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Le déiste, pour lui, n’existe pas : « Un déiste, dit-il, est un homme qui, dans sa courte existence, n’a pas eu le temps de devenir athée. » — (Voir un morceau intitulé « De l’origine du langage », par M. 

1693. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

« Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois, dit Retz ; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. » Et dans un résumé rapide et brillant, il cherche à montrer que si la monarchie française n’a jamais été réglée et limitée par des lois écrites, par des chartes, comme les royautés d’Angleterre et d’Aragon, il avait toutefois existé dans les temps anciens un sage milieu « que nos pères avoient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples ».

1694. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Cet usage de lire en public et sur la scène des ouvrages nouveaux existait chez les Grecs et les Latins : c’était une source de gloire et d’émulation ;’ j’ai vu M. de Voltaire regretter qu’il soit aboli.

1695. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Il se pose trop à nos yeux sur le pied d’égalité avec celui qu’il informe et devant qui il cause : « On ignorait ce que contenait cette correspondance, dit-il, mais on savait qu’elle existait ; il ne s’en cachait pas, ni moi non plus.

1696. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Sous ce titre impropre d’Œuvres, il existe six volumes des plus intéressants et des plus authentiques, qu’il serait plus juste d’intituler Mémoires de Louis XIV ; ils se composent, en effet, de véritables mémoires de son règne et de ses principales actions, qu’il avait entrepris d’écrire pour l’instruction de son fils.

1697. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Il n’est jamais revenu sans un éclair au front et sans une larme dans le regard au souvenir de ce qu’il appelait ces camps de sa jeunesse, « dont est sortie la plus belle et la meilleure armée qui ait existé dans les temps modernes, et qui, si elle est égalée, ne sera certainement jamais surpassée : je veux dire l’armée qui campa deux ans sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord, et qui combattit à Ulm et à Austerlitz ».

1698. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il y avait des années qu’écrivant à Mlle Volland, l’amie de Diderot, et lui parlant de la vérité et de la vertu comme de deux grandes statues que Diderot se plaisait à voir élevées sur la surface de la terre et immobiles au milieu des ravages et des ruines : « Et moi je les vois aussi, s’écriait-il ; … mais qu’importe que ces deux statues soient éternelles et immobiles s’il n’existe personne pour les contempler, ou si le sort de celui qui les aperçoit ne diffère point du sort de l’aveugle qui marche dans les ténèbres ! 

1699. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

S’il y a un poëte dans le monde qui ne ressemble à aucun autre, c’est le grand Corneille : j’en dirais autant de Racine, si Virgile n’avait pas existé.

1700. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

De là une intolérance naturelle qui fait que chaque nouvelle école, se croyant en possession de la vérité absolue, chasse et extermine autant qu’il est en elle les écoles antérieures, excommunie même les écoles rivales : chacune recommence éternellement la philosophie, comme si rien n’existait avant elle, comme si rien ne devait la suivre.

1701. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Au fond, ce n’est pas là grand chose pour moi, qui méprise les opinions collectives et toutes les espèces de rassemblements, — ceux des Instituts comme ceux de la rue, — mais, je suis forcé de le dire : le mérite du livre existe, quoique reconnu et même couronné… En publiant les Lettres et Dépêches de l’ambassade d’Espagne 54, Drumont est un des premiers à bénéficier de la levée de ces scellés incompréhensibles mis, pendant si longtemps, sur les papiers du duc de Saint-Simon par d’imbécilles gouvernements.

1702. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Voilà des Israélites nouvellement venus parmi nous et chez qui la part irraisonnée, quasi animale qu’il y a dans notre amour de la patrie (comme dans notre attachement à notre mère), n’existe pas.

1703. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Par une singularité dont il n’existe pas d’exemple ailleurs, les premiers poëtes tragiques, Phrynicus, Eschyle, Sophocle, eurent pour successeurs immédiats au théâtre leurs fils, oubliés de l’avenir, mais plusieurs fois couronnés par les contemporains.

1704. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Ils ne l’admireront pas comme stoïcien, mais la sympathie peut exister sans admiration. […] alors tu existes au quart ou aux deux tiers ! Regarde-moi bien et modèle ta tête sur la mienne, et alors tu existeras tout à fait. […] Les genres secondaires où la médiocrité est admise lui semblaient indignes d’exister. […] S’ils existent dans le monde réel, c’est à l’état de phénomènes, et nous ne les avons pas rencontrés.

1705. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Mais une sorte de désir abstrait l’a précédée et ses éléments, à elle, existaient déjà, engagés dans des combinaisons trop faibles pour les retenir, ou assez souples pour les prêter sans les laisser définitivement échapper. […] Par rapport à la création intellectuelle, elle n’est qu’une simple condition de l’invention, car sans routine l’esprit créateur ne saurait où se prendre, ou, plutôt, il ne pourrait même pas exister. […] Il existe aussi, plus caché, quand l’idée venue semble, à un moment donné, jaillir spontanément, Elle est toujours plus ou moins préparée, et dépend d’un certain nombre de formations antérieures moins visibles. […] Mais il n’existe pas seulement chez eux. […] Il ne faut pas, bien entendu, ne voir que de l’invention dans tous les phénomènes qui se produisent ainsi ; l’invention est partout, mais nous avons vu qu’elle ne saurait exister sans la routine et sans l’imitation.

1706. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Jamais la solution de continuité, qui est au fond du talent poétique de Musset, n’a été plus sensible ; il y a longtemps que cela existe pour qui sait réfléchir et veut se rendre compte ; ces lacunes ne sont pas nouvelles chez lui, mais les engoués n’y regardent pas de si près. — Dans son sonnet à Victor Hugo, lequel du moins est intelligible, quel salmigondis : Les bonbons, l’océan, le jeu, l’azur des cieux, Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses ! […] CXCV Vous qui êtes appelé à écrire sur l’art, rappelez-vous bien ceci : La vie humaine, la vie sociale a existé sous toutes sortes de formes au complet et avec son charme : quand elle s’est évanouie, rien n’est si difficile que de la ressaisir. […] CCVI Il n’existe pas proprement de biographie pour un homme de lettres, tant qu’il n’a pas été un homme public : sa biographie n’est guère que la bibliographie complète de ses ouvrages, et c’est ensuite l’affaire du critique-peintre d’y retrouver l’âme, la personne morale.

1707. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

De sorte que, là où existe un système nerveux avec les organes sensoriels et les appareils moteurs qui lui servent d’appendices, tout doit se passer comme si le reste du corps avait pour fonction essentielle de préparer pour eux, afin de la leur transmettre au moment voulu, la force qu’ils mettront en liberté par une espèce d’explosion. […] Il n’existe pas de signe unique et simple auquel on puisse reconnaître qu’une espèce est plus avancée qu’une autre sur une même ligne d’évolution. […] Représentation et connaissance n’en existent pas moins dans ce dernier cas, s’il est avéré qu’on y trouve un ensemble de mouvements systématisés dont le dernier est déjà préformé dans le premier, et que la conscience pourra d’ailleurs en jaillir au choc d’un obstacle.

1708. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Théophraste Renaudot est le fondateur de la Gazette en France ; or la Gazette, fondée en 1631 sous le patronage du cardinal de Richelieu, est le premier journal proprement dit, journal politique, officiel, tel seulement qu’il en pouvait exister alors, la première ébauche de tous les journaux nés depuis, et du Moniteur en particulier.

1709. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il existait déjà un premier plan, une ébauche d’instruction publique par Fourcroy.

1710. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Or cette collection existe concernant Louis XI.

1711. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

J’aurais beaucoup gagné à le connaître plus tôt : c’est le seul homme de lettres honnête avec qui je me sois trouvé en présence depuis que j’existe ; et encore n’ai-je joui de sa conversation que pendant le repas : car aussitôt après parut une visite qui le rendit muet pour le reste de la séance, et je ne sais quand l’occasion renaîtra, parce que le Roi de ce monde a grand soin de mettre des bâtons dans les roues de ma carriole.

1712. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Voilà la contradiction nettement posée, Rivarol se chargera de confirmer et de mettre en relief la pensée de l’abbé de Pons quand il dira dans son Discours sur l’universalité de la langue française : Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l’ordre direct, comme s’il était tout raison ; et on a beau, par les mouvements les plus variés et toutes les ressources du style, déguiser cet ordre, il faut toujours qu’il existe ; et c’est en vain que les passions nous bouleversent et nous sollicitent de suivre l’ordre des sensations, la syntaxe française est incorruptible.

1713. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

La société fait bien d’honorer de tels hommes, de leur élever des statues ; car c’est par eux, en grande partie, qu’elle existe, qu’elle subsiste.

1714. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Ce danger n’existe plus.

1715. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

« Cela n’existe pas », c’était une de ses formules favorites.

1716. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Aujourd’hui tout cela n’existe plus ou vient se briser contre les faits, les pièces authentiques, les papiers d’État qui sortent tôt ou tard de leur poussière.

1717. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Il a en lui l’orgueil et les ambitions d’un Dieu : tantôt il voudrait faire rentrer dans sa propre nature et absorber en soi, sentir soi tout ce qu’il désire, et il se demande par moments si le monde n’est pas une ombre et si rien de ce qui n’est, pas lui existe ; tantôt il n’aspire, au contraire, qu’à sortir et à s’échapper de lui-même, à traverser les autres existences, à les revêtir et à les user par une suite d’incessantes métamorphoses.

1718. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Le Panthéon romain, la rotonde d’Agrippa, c’est une calotte de brique portant en plein sur un cylindre ou mur circulaire : la coupole byzantine, celle de Sainte-Sophie, la plus vaste qui existe, c’est une calotte portant sur des pendentifs et suspendue plutôt que soutenue sur quatre piles seulement.

1719. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

La difficulté d’y trouver un maire tient à plusieurs causes : d’abord à ce qu’ici comme partout ailleurs les anciens fonctionnaires capables d’administrer ont passé en Allemagne, à la suite de la conquête ; — en second lieu, parce que Worms est une ville de plaisir, où, hors les affaires personnelles de commerce ou de propriété, on se soucie fort peu de se donner d’autres occupations ; — en troisième lieu, parce que les idées et même les prétentions de l’ancienne ville libre et impériale y existent encore, avec plus ou moins de force, dans l’esprit et le cœur de ses habitants ; — 4°, parce que les soins d’un maire sur cette frontière sont pénibles et même dispendieux pour un homme qui a de l’honnêteté, et qui pourtant a un peu de cette avarice, laquelle est aussi un des principaux traits du caractère des habitants… » À Spire, c’était bien pis ; en 1813, le maire qu’on avait cru bon était décidément hostile à la France ; ses sentiments équivoques commencèrent à se démasquer avec nos revers : « Un reste de pudeur, écrivait Jean-Bon (28 mars 1843), lui fait sans doute garder encore une sorte de réserve, mais seulement ce qu’il en faut pour ne pouvoir pas être convaincu légalement de son aversion pour le gouvernement qui l’a cru digne de sa confiance.

1720. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Faugère, d’accepter cette variante de la tradition, non plus que ce surcroît d’interprétation qu’il y joint, et puisqu’il faut revenir sur cette mort, l’une des plus belles qui existent, je demande à retracer les faits sans surcharge et dans leur simplicité.

1721. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Dire qu’il existe sous le ciel des gens qui s’adonnent avec passion à l’horticulture, qui aiment les fleurs jusqu’à la manie, et qui n’aiment point les enfants !

1722. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Je viens vous rappeler aujourd’hui que, parmi nos concitoyens, il existe, pour nous et pour la postérité, un vieillard vénérable qui fut aussi le précurseur de l’apôtre de la liberté, et dont la vieillesse est flétrie par un décret lancé contre sa personne et ses écrits : c’est l’abbé Raynal, qui réclame aujourd’hui par ma voix la justice, les principes et la protection de l’Assemblée nationale.

1723. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Mais j’ai songé, en parlant si à fond de lui, à autre chose encore ; j’ai tenu surtout, en découvrant sincèrement sa vie et ses pensées, en y introduisant si avant le lecteur, à détruire un préjugé à son égard, à faire tomber une prévention (s’il en existait) dans l’esprit de notre jeunesse militaire française.

1724. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Existait-il un chef-d’œuvre incomparable qui s’appelait la Chanson de Roland ?

1725. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Ainsi donc, que la reine Anne, qui monta sur le trône à trente-huit ans, en ait eu quarante-quatre ou quarante-cinq à l’époque où Mlle Plessy nous la rend si flattée et si jolie ; que son mari le prince George de Danemark (effectivement très-nul) soit réputé n’avoir jamais existé ; que la duchesse de Marlborough se trouve incriminée à tort sur le chapitre de la chasteté qu’elle eut toujours irréprochable, peu importe à M.

1726. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il existe un manuscrit des Mémoires dans lequel on lit (j’ai pu m’en assurer) des détails intéressants que l’imprimé ne reproduit pas toujours.

1727. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

« On cherche tout hors de soi dans la première jeunesse ; nous faisons alors des appels de bonheur à tout ce qui existe autour de nous, et tout nous renvoie au dedans de nous-même peu à peu.

1728. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Malgré ce vice de composition, c’est le plus beau traité d’éducation et de politique qui existe dans les temps modernes, et ce traité a de plus le mérite d’être en même temps un poëme.

1729. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

C’est ainsi qu’à la cour du roi Noble, toutes les espèces vivent en paix : je veux dire qu’entre les animaux titrés de noms propres qui y sont assemblés, ne peuvent exister que des luttes féodales.

1730. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

On avait le sentiment que tout ce pays n’existait que par lui : avec ses petitesses, ses travers, ses vices même, il pouvait dire qu’il y avait un petit coin de la France où il avait été un autre Turgot.

1731. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Zola n’a jamais aperçu la différence qui existe entre une expérience scientifiquement conduite dans un laboratoire de chimie ou de physiologie, et les prétendues expériences du roman où tout se passe dans la tête de l’auteur, et qui ne sont en fin de compte que des hypothèses plus ou moins arbitraires.

1732. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Surtout en ce temps de réflexion et de conscience croissante, il y a, à côté des hommes de génie, des artistes qui sans eux n’existeraient pas, qui jouissent d’eux et en profitent, mais qui, beaucoup moins puissants, se trouvent être en somme plus intelligents que ces monstres divins, ont une science et une sagesse plus complètes, une conception plus raffinée de l’art et de la vie.

1733. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Nous n’avons pas besoin d’observation pour savoir que l’aiguille d’une horloge n’est pas sur la division 15 du cadran, puisque nous savons d’avance qu’il n’y en a que 12, et nous ne pourrions pas regarder à la division 15 pour voir si l’aiguille s’y trouve, puisque cette division n’existe pas.

1734. (1890) L’avenir de la science « II »

La nature humaine est pour eux ce qu’ils voient exister de leur temps et dont ils souhaitent la conservation.

1735. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

le style « décadent » de la Revue, ce prétendu style décadent aboli depuis un an, qui depuis un an n’existait même plus, et qu’on me reprochait après un an, et un an de relations amicales… Pareil prétexte n’avait certainement pu être suggéré que par les rancunes de quelque metteur des drames wagnériens en livrets d’opéra… Et M. 

1736. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Marivaux n’existait point encore.

1737. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

C’est à nous qui existons, qui sommes maintenant en possession de cette terre, à y faire la loi à notre tour. » Mais, comme on n’est jamais en pleine possession de cette terre, et qu’il n’y a jamais table rase complète, il faut chasser ceux qui tardent trop à nous céder la place et qui nous gênent : c’est l’œuvre qu’entreprend Camille dans son journal et à laquelle il ne cesse de se dévouer cyniquement, en décriant tout ce qui a vertu, lumières et modération dans l’Assemblée constituante, et en démolissant jour par jour cette Assemblée dans l’ensemble de ses travaux comme dans chacun de ses membres influents.

1738. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

M. de Poterat expira le 8 septembre 1789, et, le lendemain 9, Sophie n’existait plus.

1739. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Ce livre existe en partie dans les Considérations, et aussi dans mainte autre page de ses lettres et de ses écrits.

1740. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Je crois le voir environné de toutes nos heures, et je cherche auprès de lui et les instants et les personnes qui semblent ne plus exister pour nous : alors mon âme se calme ; ma pensée errante et désolée trouve un asile.

1741. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Ainsi les rapports que l’autorité supposait exister entre la feuille janséniste et Rollin purent bien être exagérés, mais ils n’étaient pas absolument controuvés.

1742. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Il est survenu dans le cours de ce travail, que préparait M. de Cosnac, un incident assez curieux : il a appris qu’il existait un manuscrit de ces Mémoires autre que celui dont il se croyait l’unique possesseur, et d’une rédaction différente, et que ce second manuscrit avait été trouvé à Die par M. le docteur Long.

1743. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Je sais que la correspondance de Bernardin avec Duval existe et qu’elle est à Genève aux mains des descendants de ce dernier : espérons qu’elle sera publiée un jour et qu’elle nous rendra le vrai ton55.

1744. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Mais, à y regarder de plus près, on distingue très bien que c’est une inquiétude à la fois nerveuse et intéressée qui le possède ; il sait à merveille pourquoi il fait tous ces maniements et remaniements au contrat ; il a l’air de citer comme textuels des articles qu’il sait ne point exister et que de parti pris il altère.

1745. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur.

1746. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

» Jeudi 3 février À Paris, dans ce moment, il existe des femmes du monde, jouant à la Bourse, et qui, tous les matins, reçoivent la visite de quatre remisiers, venant prendre leurs ordres.

1747. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Du charme au désespoir, de la mélancolie à la dérision, du gai au grave, de l’admiration au mépris, il existait dans l’esprit de Heine de rapides transitions, des passes soudaines qui mêlaient et heurtaient le sombre au gai, comme succède l’obscur au clair dans un ciel fouetté de nuages.

1748. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Reste enfin l’objection de Cuvier, l’harmonie et la solidarité qui existent entre toutes les parties du corps vivant.

1749. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne ; on ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant ; il est vrai néanmoins qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est faible, et ne satisfait point un homme d’esprit qui veut se faire entendre.

1750. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Ce mal d’ailleurs existait déjà il y a soixante ans17.

1751. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Tout ce qui en avait existé autrefois était recelé dans des ouvrages anciens qu’on n’entendait pas.

1752. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Seulement, si au lieu de l’Église, si au lieu de la Papauté, on mettait des prêtres, des jésuites envieux, toute une société aux mœurs corrompues, et si, de la bonté qu’on montra au vieillard on pouvait faire une cruauté plus réfléchie et plus féroce, l’embarras n’existerait plus.

1753. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Pommier d’avoir complété par la caricature héroïque la tragédie de son sujet, on peut citer Dante, Michel Ange et plus bas Callot, les trois hommes de l’inspiration la plus idéale qui ait peut-être jamais existé.

1754. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Je vois toute sorte d’objets défiler devant moi ; aucun d’eux n’existe effectivement. je crois aller et venir, traverser une série d’aventures, alors que je suis couché dans mon lit, bien tranquillement.

1755. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il ne faut pas oublier ceci : c’est par nous, c’est par nos vices, que la courtisane existe. […] ton mouton existe encore ; il est ressuscité jusqu’au jour où la désillusion en fera des côtelettes !  […] que cet Octave serait déplaisant s’il pouvait exister, s’il était autre chose qu’un masque de théâtre ! […] Seulement il n’existe pas. » Ainsi parla mon ami. […] Quant au commandant, s’il n’existe pas, c’est tant pis ; et peut-être bien qu’il existe après tout.

1756. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

« Mais le cœur n’a pas la faculté de toujours sentir, il a des temps de repos ; alors le Chevalier paraît ne plus exister. […] Le caprice, en effet, se passe de tout secours et n’existe que par lui-même.

1757. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Dieu, l’âme du monde, la providence ou la fortune (appelée ainsi parce qu’elle fait naître mille événements imprévus dont les causes existent, mais dont nous ne pouvons apercevoir de si bas ni prévoir ces causes) gouverne l’univers. […] C’est ce qu’il ne faut pas même chercher… Quand vous voyez l’ordre du monde et le mouvement réglé des corps célestes, n’en concluez-vous pas qu’il y a une intelligence suprême qui doit y présider, soit que cet univers ait commencé et qu’il soit l’ouvrage de cette intelligence, comme le croit Platon, soit qu’il existe de toute éternité et que cette intelligence en soit seulement la modératrice, comme le croit Aristote ?

1758. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Il y existait une vue des plus agréables sur la vallée des Gobelins (on l’apercevait du troisième étage), et un joli jardin, au bout duquel S’ÉTENDAIT une ALLÉE de tilleuls.” […] Il peut exister de tels pères, me dira-t-on.

1759. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

L’enfant mort aura la sépulture destinée aux fils des rois, et l’enfant qui existe ne perdra pas le jour. » « Le pâtre se rendit à l’avis de sa femme, et fit sur-le-champ ce qu’elle conseillait. […] « Tandis que Xerxès balançait sur le parti à prendre, un Mélien nommé Épialte, fils d’Eurydémus, étant venu le trouver, dans l’espoir d’en tirer une grande récompense, lui apprit qu’il existait dans la montagne un sentier qui conduisait aux Thermopyles, et par une si funeste révélation causa la perte de tous les Grecs placés à la défense du défilé.

1760. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Elle n’existe que par ces deux affections et par ces deux devoirs. […] S’il existe de lui un portrait, de la main d’un peintre tel que Tacite, il faut qu’il reste, dans le drame, égal à lui-même, qu’il vive comme le portrait, et qu’il n’en soit pas la copie.

1761. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Shakespeare, qu’il faut toujours avoir devant soi quand on regarde Gœthe, parce qu’il l’éclaire bien, mais d’une terrible lumière, Shakespeare, sans lequel, au théâtre, Gœthe n’aurait jamais existé, a, je l’ai dit déjà, le grave défaut de manquer de cohésion dans la structure de ses drames : c’est la tache au soleil dans ce soleil. […] Cet homme, que les Quinze-Vingts de l’admiration la plus générale qui ait jamais existé ont pris pour un créateur, n’est qu’un Trublet colossal, sans les épigrammes de Voltaire.

1762. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Or, cette réunion à la France la gêne, et le vœu de la nation, quoiqu’il n’ait jamais existé que dans la boîte à l’encre du citoyen Gorin 193, forme cependant un obstacle très-fort aux yeux de la C. […] Tout se tient, tout s’accroche, tout se marie ; et lors même que l’ensemble échappe à nos faibles yeux, c’est une consolation cependant de savoir que cet ensemble existe, et de lui rendre hommage dans l’auguste brouillard où il se cache218. — Depuis que vous nous avez quittés, j’ai beaucoup griffonné, mais je ne suis pas tenté de faire une visite à M.  […] L’apparition de cet homme ne saurait être éloignée, et peut-être même existe-t-il déjà.

1763. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Entre les paysans de Boris Andréitch et ceux du lieutenant Pierre Vasilitch, il existait depuis longtemps des difficultés pour le partage de deux bandes de prairie de quelques ares d’étendue. […] Dans le monde entier, il n’en existe pas un pareil ; un régiment merveilleux ; colonel, officiers…, tout était parfait… Mais vous, avec votre blonde figure, votre taille mince, vous seriez mieux dans les uhlans. […] — C’est impossible ; vous ne pouvez pas me faire croire qu’il n’existe pas une agréable personne à plusieurs lieues à la ronde.

1764. (1927) Des romantiques à nous

Si cette unité n’existe point, il va de soi que le même nom ne peut être légitimement donné à des choses hétérogènes, que le nom de romantisme ne convient qu’à un certain groupe, une certaine famille des idées que le XIXe siècle a produites comme son fruit propre, et que le concept de romantisme est enfin tout ce qu’il y a de plus indistinct et de plus confus, si on rapplique à la masse de ces idées. […] Son erreur, dans la mesure où elle existe, ressemblerait à celle de ces paysagistes qui insistent trop sur chaque branche de l’arbre. […] Cela n’empêchera pas ma description d’être vraie dans l’ensemble, d’exprimer une disposition réelle, habituelle, dominante des êtres, de reposer sur la subtile, mais efficace parenté d’esprit qui existe entre un Montaigne, un Fénelon et un Montesquieu, de rendre le type commun et familier que ces grands hommes nous offrent en son efflorescence supérieure et animée de génie. […] Avec une voix d’autant plus apte à tous les emplois qu’elle n’existait point, je chantais à volonté, les basses, les ténors et les soprani.

1765. (1925) Portraits et souvenirs

En effet, si elle a distingué les Liaisons dangereuses du fatras des récits libertins de l’époque, elle s’est souvenue trop longtemps que ce livre admirable avait pu être, à son heure, un mauvais livre, car, tant que les mœurs qu’il décrivait existaient encore, il pouvait contribuer à en répandre l’imitation. […] D’ailleurs, la société qu’il avait si brillamment dépeinte n’existait déjà plus dix ans après l’apparition de son livre. […] Les lettrés n’ignoraient pas qu’un admirable écrivain existait parmi eux, celui qui avait écrit la curieuse nouvelle de Claire Lenoir et le magnifique drame d’Axël, imprimés en des revues. […] Elles servent à comprendre et à définir la vie en ce que l’on pourrait nommer sa réalité apparente, mais, pour ces derniers, au-dessous de cette première réalité, il en existe une autre, plus secrète, plus profonde, plus mystérieuse, et c’est celle-là qu’ils s’appliquent à étudier.

1766. (1864) Études sur Shakespeare

Macbeth a bien pris son parti sur le crime ; aucun fil ne retient plus ses actions à la vertu ; et cependant qui peut douter que, dans le caractère de Macbeth, à côté des passions qui poussent au crime n’existent encore les penchants qui font la vertu ? […] Ainsi séparés l’un de l’autre, comment parviendront-ils à se rapprocher si une profonde et générale analogie n’existe déjà entre eux ? […] La péripétie peut exister pour les personnages, jamais pour le spectateur. […] Une même, tâche est imposée aujourd’hui au gouvernement et à la poésie ; l’un et l’autre doivent exister pour tous, suffire à la fois aux besoins des masses et à ceux des esprits les plus élevés.

1767. (1887) George Sand

Elle nous a raconté avec un charme exquis, dans l’Histoire de ma vie, son séjour au couvent, égayant son récit de quelques vifs portraits de sœurs et de pensionnaires, décrivant les mœurs et les habitudes, les salles d’étude et les chambres, nous intéressant à ces petits drames de la vie des religieuses, aux querelles des élèves, à leurs raccommodements, aux fautes et aux punitions encourues ou subies, à cette oisiveté errante dans les couloirs, dans les souterrains et sur les toits du couvent, à la recherche d’un secret qui n’avait jamais existé et de victimes imaginaires dont on ne savait pas même les noms, mais qu’on voulait délivrer d’une captivité romanesque. […] Il n’en reste pas moins vrai que c’est un prodige de fécondité que cette vie littéraire de Mme Sand, vue dans son ensemble, enchantant de ses fictions ou troublant de ses rêves quatre ou cinq générations, à travers tant de catastrophes publiques ou privées, presque toujours égale à elle-même, mais n’ayant jamais dit le dernier mot de son art, déconcertant à chaque instant la critique, qui croit l’avoir enfin saisi, lui réservant toujours de nouvelles surprises, tandis qu’autour d’elle, et sur la route qu’elle a parcourue, se sont amoncelés tant de ruines intellectuelles, tant de débris, de talents incomplets, frappés ou d’impuissance ou de ridicule et, dans leur infatuation, ne s’apercevant même pas qu’ils ont cessé d’exister. […] On la voyait vivement préoccupée d’une idée de roman, possédée par son sujet, à tel point que tous ceux qu’elle avait traités auparavant semblaient ne plus exister pour elle, et, quelque temps après, elle avait hâte de dire adieu à ses personnages les plus chers d’un jour. […] C’est là le don, il existe, et l’on trouve de ces esprits prédestinés qui se jouent des difficultés de l’expression avec une aisance lumineuse et une liberté pleine de grâce, tandis que d’autres écrivains, artistes profonds, mais laborieux, se travaillent eux-mêmes et fatiguent leur intelligence pour accomplir leur œuvre, non certes sans succès, mais avec un effort qui laisse sa trace dans chaque page, dans chaque phrase, dans chaque mot. […] Un problème d’histoire naturelle la passionnait, elle ne le quittait pas qu’elle ne l’eût résolu, et pendant tout le temps qu’elle en poursuivait la solution, rien n’existait plus pour elle.

1768. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Les libertins disaient encore qu’il n’était pas de la majesté de Dieu, s’il existait, de se soucier des affaires des hommes, non plus que les hommes ne s’occupent de celles des fourmis ou des moucherons. […] Pourtant, cela ne prouve pas non plus qu’il soit effectivement de Moïse, ni même que Moïse ait réellement existé. […] Non seulement la morale ne saurait exister indépendamment et en dehors d’une philosophie qui la fonde, mais le problème est toujours en suspens, de savoir si l’on peut la séparer, sans la dégrader, des aspirations religieuses qui la terminent et qui la couronnent. […] Non content, on l’a vu de proclamer les droits de la « conscience errante » et de subordonner par suite la vérité de la religion à l’acquiescement de l’individu, il avait cherché dans la nature même de l’homme ce « principe réprimant » sans lequel il sait bien qu’aucune société ne pourrait exister, et il l’y avait trouvé. […] La Branche a existé ; Mme Patin aussi ; et Dancourt n’a pas plus inventé ses « bourgeoises » que Le Sage ses « financiers ».

1769. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il me reste à vous parler de Maison de poupée qui est, avec les Revenants, la pièce la plus célèbre d’Ibsen. « Il existe, de Maison de poupée, trois traductions anglaises, une hollandaise, une française (celle de M.  […] Et dire que dans chaque famille il existe d’une manière ou d’une autre une liquidation de ce genre… Mon épine dorsale, la pauvre innocente, doit souffrir à cause de la joyeuse vie qu’a menée mon père quand il était lieutenant. » Vous comprendrez qu’avec cela le docteur Rank soit un nihiliste absolu, et qui juge les hommes et la vie avec une clairvoyance féroce, désespérée — et tranquille. […] On se dit : « C’est encore comme cela aujourd’hui, et pourtant ce n’est plus cela. » Et en effet, la baronne d’Ange, Mme de Vernières, Mme de Santis existent encore ; mais ni leurs robes n’ont la même coupe et ne coûtent le même prix ; ni leur langage et leurs amusements ne sont tout à fait les mêmes, ni les fanfreluches qui les entourent. […] Cela peut être injuste et absurde ; mais, du moment que ce préjugé existe, il me semble que Catherine pèche plus qu’une autre femme en le foulant aux pieds et que, devenue duchesse de Septmonts, elle est particulièrement tenue de ne point « déshonorer » (suivant les idées du monde où elle vit) un nom qu’elle a prisé très haut, puisqu’elle l’a payé de ses millions. […] Cet homme, qui l’a fait tant souffrir par cela seul qu’il existe, dès qu’il n’est plus, elle doit se sentir soulagée.

1770. (1903) Propos de théâtre. Première série

… » Certes, oui, si Racine n’existait pas, on dirait que la seule tragédie psychologique que nous possédions en France est la tragédie de Corneille. […] Molière a voulu y montrer l’intime connexion qui existe entre les défauts de l’esprit et les défauts du cœur. […] Et la réalité, dont ils voudraient s’abstraire, existe autour d’eux, et prend sur eux sa revanche. […] C’est là son sens même, et ce sans quoi il n’existe pas. […] Tout ce personnage et tout ce rôle sont adorables, et ils n’existeraient point si le goût espagnol et le goût cornélien n’avaient point passé par là.

1771. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Non pas ; mais de se souvenir qu’il existe un monde musulman, avec lequel il ne se peut pas qu’on ne compte. […] Aussi manquerait-il quelque chose à notre littérature dramatique si la comédie de Marivaux n’existait pas. […] L’une des causes en était qu’en principe il n’existait, à proprement parler, ni direction ni département de la librairie. […] Ce n’est ni une charge ni une commission, c’est une pure marque de confiance, dont il n’existe ni provisions ni brevet, et que je tiens uniquement de sa volonté. […] Il existe donc un théâtre de la Révolution ?

1772. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Les originaux existent tant à Paris à la Bibliothèque impériale qu’à la Bibliothèque de la ville à Lyon.

1773. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Nul n’osera interrompre son silence avec indiscrétion, non que l’on craigne un moment de mauvaise humeur, mais uniquement parce qu’on sent qu’il existe, pour ainsi dire, entre lui et soi, une grande pensée qui l’occupe et le défend d’une approche familière. 

1774. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Pourtant l’opposition existe entre les deux familles d’esprits, bien réelle et profonde.

1775. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Si on vous disait : « Pendant le siège de Mons, la jeune noblesse en quittant Paris laissa bien des aventures galantes et des liaisons de cœur ; il y eut de belles affligées qui bientôt se consolèrent ; on s’écrivait des billets avant et après le siège, mais le retour pour plusieurs ne fut point aussi heureux que l’avait été le départ » ; si on vous disait cela, on ne vous apprendrait rien qui ne soit facile à supposer et qui n’ait dû être ; mais si l’on ajoutait : « Il existe une trentaine de lettres écrites par l’un de ces cavaliers de l’état-major du roi à une jeune dame de la Cour, qui fut persuadée, touchée, tendre à son égard, puis volage », on voudrait lire ces lettres : eh bien, le marquis de Lassay nous les a conservées.

1776. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

A le prendre cependant partout où je puis l’atteindre, je crois pouvoir indiquer sans trop de tâtonnements son genre de mérite, ses qualités et tout à la fois ses faiblesses, — son faible du moins, — ses gentillesses d’esprit, sa supériorité, là où elle existe, et aussi ce que lui-même appelait sa médiocrité.

1777. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Après Leipsick, Jomini crut devoir se retirer du quartier général des Alliés ; il en demanda, dès Weimar, l’autorisation à l’empereur Alexandre, alléguant « que rien n’arrêterait plus les armées alliées jusqu’au Rhin ; que de deux choses l’une : ou que l’on ferait la paix, si l’on se contentait d’avoir assuré l’indépendance des puissances européennes ; ou que, si l’on continuait la guerre, on marcherait vers Paris ; que dans ce dernier cas il lui paraissait contre sa conscience d’assister à l’invasion d’un pays qu’il servait encore peu de mois auparavant. » Jomini estimait, à la fin de 1813, que l’invasion de la France serait pour les Alliés une beaucoup plus grosse affaire qu’elle ne le fut réellement : « J’avoue, écrivait-il en 1815, qu’aussitôt qu’il a été question d’attaquer le territoire français mon jugement politique et militaire n’a pas été exempt de prévention, et que j’ai cru qu’il existait un peu plus d’esprit national en France… Est-il besoin, ajoutait-il pour ceux qui lui en faisaient un reproche, de se justifier d’un sentiment de respect pour un Empire que l’on a bien servi et auquel on a vu faire de si grandes choses ? 

1778. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Il y a eu toute une école poétique au dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième, pour laquelle, à certains égards essentiels, le siècle de Louis XIV n’a pas existé ; elle se continue avec le goût Louis XIII et de la première Régence, et finit à la seconde, sous La Motte et Fontenelle.

1779. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Mémoires sur la mort de Louis XV La maladie d’un roi, d’un roi qui a une maîtresse, et une c… pour maîtresse, d’un roi dont les ministres et les courtisans n’existent que par cette maîtresse, dont les enfants sont opposés d’intérêts et d’inclination à cette maîtresse, est une trop grande époque pour un homme qui vit et qui est destiné à vivre à la Cour, pour ne pas mériter toutes ses observations.

1780. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Au dix-huitième siècle, il est impropre à figurer la chose vivante, l’individu réel, tel qu’il existe effectivement dans la nature et dans l’histoire, c’est-à-dire comme un ensemble indéfini, comme un riche réseau, comme un organisme complet de caractères et de particularités superposées, enchevêtrées et coordonnées.

1781. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

L’imagination, plus impressionnable, jouait, dans ce monde antique, un plus grand rôle que dans les temps modernes ; la critique n’y existait pas.

1782. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

De la littérature dont on l’amuse, le monde a extrait deux formes qui n’existaient pas isolément, a constitué pour son divertissement deux genres qu’il a rendus ensuite à la littérature : les Maximes et les Portraits.

1783. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Par là-dessus il existe contre le clergé un préjugé très fort et extrêmement répandu.

1784. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Et l’espèce d’éblouissement qui m’est resté dans les yeux après cette lecture n’est-elle pas le meilleur hommage, étant le plus involontaire, que je puisse rendre au plus puissant assembleur de mots qui ait sans doute paru depuis que l’univers existe, depuis qu’il y a des yeux pour voir les objets matériels, des intelligences pour concevoir des idées, des imaginations pour découvrir les rapports cachés entre tout le visible et tout cet invisible, et des signes écrits dont les combinaisons peuvent exprimer ces rapports ?

1785. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Aujourd’hui non seulement la rime est consacrée par l’usage, mais on y a joint encore l’alternance régulière des rimes masculines et féminines, telle qu’elle existe chez nous.

1786. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Ils ne connaissent ni l’homme ni l’humanité tels qu’ils existent de fait.

1787. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Il en est de même de nos Philosophes : ils se croient les Etres les plus importans de ce globe ; la gloire de la Nation Françoise est perdue, depuis mes attentats sur leur réputation ; depuis que le Fabricateur des Bijoux indiscrets, l’Auteur de Bélisaire, le Compositeur de l’Essai sur les femmes, le Chantre des Saisons, &c. ont été relégués dans la classe qui leur convient, il n’existe plus dans l’Europe aucun souvenir des chef-d’œuvres des Grands Hommes qui ont illustré le génie François ; nous n’avons plus à vanter à l’Etranger, des Descartes, des Mallebranche, des Bossuet, des Fénélon, des Bourdaloue, des Massillon, des d’Aguesseau, des Cochin, des Corneille, des Racine, des Moliere, des Vertot, des Pascal, des la Bruyere, des Montesquieu, des Lafontaine, des Despréaux, &c.

1788. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Les Loix civiles ont le pouvoir d'arrêter les injustices, ou du moins de remédier à celles qui sont sensibles & connues : la Religion fait non seulement des Hommes justes, elle veut encore que la justice, la modération, la bienfaisance, soient aussi réelles qu'apparentes ; elle exige que les vertus ne se bornent pas à paroître, mais qu'elles aient leur racine dans le cœur, qu'elles existent dans toute leur perfection.

1789. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Il existe d’elle au Cabinet des estampes un recueil intitulé L’Œuvre de Mme de Pompadour, composé de plus de soixante estampes ou gravures à l’eau-forte.

1790. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Son oraison funèbre eût été belle encore ; elle eût été tout entière dans ces paroles qu’un étranger de grand mérite (lord Shelburne, depuis marquis de Lansdowne) avait pu dire, en revenant de le visiter quelques années auparavant : J’ai vu pour la première fois de ma vie ce que je ne croyais pas qui puisse exister : c’est un homme dont l’âme est absolument exempte de crainte et d’espérance, et cependant est pleine de vie et de chaleur.

1791. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Chez M. de Chateaubriand, l’homme de lettres, remarquez-le bien, tient prodigieusement à cette détestable brochure : « Louis XVIII déclara, je l’ai déjà plusieurs fois mentionné, que ma brochure lui avait plus profité qu’une armée de cent mille hommes ; il aurait pu ajouter qu’elle avait été pour lui un certificat de vie. » Car on ne savait plus seulement qu’il existât.

1792. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Attaché à la Constitution de 91, la jugeant praticable malgré ses défauts, croyant que la question serait résolue si tous les honnêtes gens s’unissaient pour prêter main-forte à cette loi une fois promulguée, seul d’ailleurs, ne tenant à aucun parti, à aucune secte, ne connaissant pas même les rédacteurs du Journal de Paris, dans lequel il publie ses articles, se bornant à user de cette méthode commode des Suppléments, qui permettait alors à chacun de publier ses réflexions à ses frais, il répondait hardiment à ceux qui voulaient établir une solidarité entre lui et les personnes à côté de qui il écrivait : « Il n’existe entre nous d’association que du genre de celles qui arment vingt villages contre une bande de voleurs. » Sa politique, en quelque sorte isolée et solitaire, se dessine nettement à l’occasion de la hideuse journée du 20 juin.

1793. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Un jour, Saint-Just vint froidement proposer un moyen de terminer la lutte de la Révolution contre les nobles suspects et détenus : Il y a mille ans, dit-il, que la noblesse opprime le peuple français par des exactions et des vexations féodales de tout genre : la féodalité et la noblesse n’existent plus ; vous avez besoin de faire réparer les routes des départements frontières pour le passage de l’artillerie, des convois, des transports de nos armées : ordonnez que les nobles détenus iront par corvée travailler tous les jours à la réparation des grandes routes.

1794. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Et à cette physionomie moderne se trouve alliée une grâce légère et volante dans l’arrangement du costume, et l’accommodement de la chevelure joliment frisée et relevée en deux cornes, qui lui font un diadème de déesse amoureuse : toutes choses dont il n’existe rien dans le portrait gravé de Vallée.

1795. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Une société peut exister sans être toute croyante, ni toute incrédule.

1796. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il existe (on ne le dit pas assez) une vaste confédération qui n’est pas faite de main d’homme, dont le caractère même est de ne rien exclure, qui embrasse toutes les autres dans son sein, et qui tend à pacifier toutes leurs discordes.

1797. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Je note, pour en finir avec cette longue comparaison entre contes allemands et contes indigènes, l’analogie qui existe entre la puérile explication de l’origine du soleil (D’où vient le soleil) et celle du conte de Grimm (Der Mond) relative à la lune.

1798. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Joseph de Guérin, lequel, au commencement du siècle, n’avait plus, de tousses marquisats, comtés et baronnies, que le pauvre châtel du Cayla, était l’aîné de quatre enfants dont un seul existe aujourd’hui, — Mademoiselle Marie, la dernière.

1799. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

et par où la force spirituelle, si elle existe, se distinguerait-elle des autres, sinon par la faculté de tirer d’elle-même plus qu’elle ne contient ?

1800. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Le peintre de l’amour le plus naturel et le plus touchant qui ait existé en France, Racine, même en payant le tribut au goût de son siècle, a mieux conservé la vraisemblance : il n’a jamais donné qu’aux femmes ces transports et cette frénésie de l’amour qui dégradent la raison ; ses héros amoureux ne sont jamais des forcenés et des fous. […] Montesquieu savait mieux que personne que depuis longtemps il n’y avait plus à Rome de gouvernement, que toutes les lois se taisaient devant la violence, que l’ancienne démocratie n’existait plus, qu’il était même impossible de la rétablir. […] Les mœurs philosophiques, le ton des sociétés du dix-huitième siècle, ce tribunal érigé par la soi-disant bonne compagnie, tout cela n’existe plus. […] Ce qui est très honorable pour l’humanité, c’est que la restitution que fait le président n’est pas une belle chimère comme la plupart des actes de bienfaisance qui figurent sur la scène : il a réellement existé au parlement de Rennes un magistrat nommé La Falure, qui s’est cru obligé de réparer la faute de son secrétaire, et de dédommager aux dépens de sa fortune une famille ruinée par un arrêt injuste.

1801. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Marivaux sait-il seulement qu’elle existe ? […] On peut presque dire que les personnages n’existent pas, ne sont rien, n’ont aucun caractère en dehors des situations extraordinaires qui doivent leur arracher certains cris. […] Sans doute la même disproportion existe, — à rebours, — pour M.  […] Est-ce que cela existe ? […] Pour lui, il n’y a que la patrie qui existe.

1802. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Henri Heine, l’esprit le plus sceptique et le plus railleur qui ait existé, n’était pas homme à s’embarquer dans le faux enthousiasme ; il n’y a nulle ironie cachée sous ces lignes étranges et tel était bien l’effet que produisait Bocage. […] Tandis que d’autres fins talents de l’époque dessinaient des vignettes, lui peignit toujours des tableaux qui pouvaient exister en dehors du livre où il en puisait le motif. […] Le cavalier supraterrestre, tout en causant, se tourne vers Faust d’un air léger et négligent ; l’air qui fouette à sa rencontre n’existe pas pour lui ; il ne sent rien, son cheval non plus ; ni un cheveu ni un crin ne bougent. […] Là il peignait des arbres, des rochers, des ciels, comme si Bertin, Bidault, Watelet, Michallon n’eussent jamais existé ; des arbres qui n’étaient pas historiques, des rochers où ne s’abritait pas la nymphe Écho, des ciels que ne traversait pas Vénus sur son char. […] Elles sont entrées, quoique réelles, dans ce monde des types créés par les poètes où l’âge, le temps, les dates n’existent plus ; l’ombre de la retraite ne peut pas éteindre leur éclat.

1803. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

S’il existait une intrigue moins compliquée que celle-ci, je la choisirais. […] Les passions des poètes n’existent qu’à peine.

1804. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

« Je ne pense pas plus à tout cela, se disait-il parfois le soir, que si ces choses n’avaient jamais existé. […] Qu’il vous suffise donc de savoir qu’environ quinze jours après son mariage, Fritz réunit tous ses amis à dîner dans la même salle où Sûzel était venue s’asseoir au milieu d’eux trois mois auparavant, et qu’il déclara hautement que le vieux rebbe avait eu raison de dire autrefois : « qu’en dehors de l’amour tout n’est que vanité ; qu’il n’existe rien de comparable, et que le mariage avec la femme qu’on aime est le paradis sur la terre ! 

1805. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Mais s’il est doux d’exister à la façon de Dieu, il est aussi quelquefois assez doux d’exister à la façon des hommes.

1806. (1896) Études et portraits littéraires

Mais cette conscience, ce moi, par lequel valent, existent les choses, il doit tomber aussi sous les prises du monstre. […] Pour devenir cette citadelle, il faudrait d’abord qu’il existât. […] Même ils professaient pour le non-imaginé le mépris de leur « Monsieur Gozzi », si dédaigneux des « attrapeurs de vrai », et à qui une seule chose déplaît de la Chine, c’est qu’elle existe, à ce qu’on prétend. […] Les variétés de la sensation, ses accidents sont innombrables, en effet, et il n’existe pas d’idiome assez riche pour fournir le verbe propre à chacune de ces nuances. […] Se prêter aux formes diverses de la vie sans se donner à aucune, revêtir toutes les façons d’exister et s’en dépouiller, comme on quitte un frac ou un froc, traverser toutes les philosophies, toutes les religions, s’ouvrir à toutes les idées, les accueillir toutes, à toutes donner une hospitalité provisoire, nullement soucieux de les concilier, se divertir même de leurs antinomies comme d’une « tapisserie bariolée », tailler son esprit à mille facettes pour réfléchir les aspects multiples des choses, faire de son âme une « mosaïque de sensations », disait, je crois, le Dorsenne de M. 

1807. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

On a remarqué bien des fois que le progrès ne procède point par bonds et par sauts et qu’un lien, souvent ignoré des contemporains, mais qui n’en existe pas moins, relie entre eux les efforts des générations. […] Cependant, pour beaucoup la mélodie existe. […] Ce mysticisme, qui ne peut exister que dans la poésie, c’est à dire sous la forme artistique la moins raisonnée et la plus spontanée, serait bien faux et bien dangereux dans ses conséquences, s’il allait jusqu’aux bornes que lui donne, dans son fameux Cortesano, l’Italien Baltasar Castiglione. […] en qui existe seule la Grâce, — car la Chair n’y est plus… ou si peu. […] Le vers blanc, tel que l’entend Tridon, n’existe point, au contraire, dans notre littérature : la seule analogie que je lui connaisse serait le vers sans rime, — enrichi d’allitérations, d’assonnances, qu’emploie le poète anglais Swinburne, moyen puissant d’harmonie et d’expression dont M. 

1808. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Or, ce professeur, dont le sacrilège, d’ailleurs peu lucratif, est voué d’avance aux Érinnyes, ce professeur existe, et il a peut-être déjà touché aux caisses d’un éditeur sans scrupules le prix de son forfait. […] Il pensait, avec raison, que les auteurs n’existent que par leurs œuvres. […] Sans elles, tant que durera l’état actuel des sociétés européennes, tant que nous ne verrons pas fleurir cet âge d’or, pax perpetua, qui, selon Leibniz, n’existe qu’au cimetière ; sans elles, disons-nous, pas de sécurité ni de véritable indépendance pour les nations. […] si l’enfer existe, il doit être fait de sensations pareilles. […] le monde n’existe pas pour moi.

1809. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Villon s’adressa au sacristain d’un couvent de Cordeliers dans l’établissement desquels existait une chape magnifique. […] Ce poëte est un des plus barbares qui ait jamais existé. […] Ce jour-là, les habitants des environs se rendaient à la procession, et des drames étaient représentés en l’honneur d’un certain capitaine Pépesuc, dont la statue de pierre existait alors dans la ville, et auquel on attribuait en partie la délivrance de Béziers. […] Quoi qu’il en soit, lorsque cette tragédie, qui commença sa réputation, fut imprimée, les plagiats, s’ils ont existé, avaient disparu. […] Les cafés n’existaient pas encore, et encore bien moins les clubs ; mais, par le fait, cette réunion était un petit club de gens d’esprit, puisqu’ils avaient chez ledit traiteur un salon réservé spécialement pour leur société.

1810. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

. — Il faut que Werther existe, il le faut !

1811. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Mon revenu, tout chétif qu’il est, suffit à peu près aux dépenses d’un homme pour qui les besoins de convention n’existent pas.

1812. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

J’ai été assez étonné de lui trouver l’esprit si libre, et il m’a paru plus spirituel que je ne le croyais. » Et quelques jours après (25 mars) : « … Chateaubriand a parlé de religion chez Mme de Duras ; il la ramène sans cesse, et ce qu’il y a d’assez étrange, c’est le point de vue sous lequel il la considère : il en croit une nécessaire au soutien de l’État, il aime les souvenirs, et il s’attache à celle qui a existé autrefois dans son pays ; mais il sent fort bien que les restes auxquels il veut s’attacher sont réduits en poudre ; il croit nécessaire aux autres et à lui-même de croire ; il s’en fait une loi, et il n’obéit pas.

1813. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : « Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines ; au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point. » — Ô mes compagnons d’infortune !

1814. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Du moment que tuer est devenu l’un des moyens devant lesquels le fanatisme ne recule pas, toute sociabilité périt ; ce qui faisait la limite de la morale humaine, de la nature en civilisation, est violé, et la première garantie qu’on est, qu’on cause et qu’on discute avec quelqu’un de ses semblables, n’existe plus.

1815. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

, il nous dit, dans cet admirable chapitre des Ouvrages de l’Esprit, qui est son Art poétique à lui et sa Rhétorique : « Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne : on ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant ; il est vrai néanmoins qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est foible et ne satisfait point un homme d’esprit qui veut se faire entendre. » On sent combien la sagacité si vraie, si judicieuse encore, du second critique, enchérit pourtant sur la raison saine du premier.

1816. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Il ne faut pourtant pas s’attendre, même de sa part, à une délicatesse de goût qui n’existait pas alors, ni à une longue suite de bons vers, tels qu’il n’était donné d’en produire, à cette date, qu’à la seule veine fluide de Marot.

1817. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Si le jury n’existait pas, c’est pour des cas de ce genre qu’il faudrait l’inventer.

1818. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Dans une dernière visite à la montagne, j’avais rencontré au sommet un gentleman allemand, et quoique je n’eusse pas conscience des chaînons intermédiaires entre Ben Lomond et les écoles prussiennes, ces chaînons existaient certainement. — L’Allemand. — L’Allemagne. — La Prusse. — Ces intermédiaires admis, la connexion des deux extrêmes était manifeste. » (Sir W. 

1819. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« Cette maison et ce couloir, qui ont disparu aujourd’hui, existaient encore il y a une quinzaine d’années.

1820. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il prétendit fonder dans son château de Plessy-les-Tournelles une école d’élèves du sacerdoce, qui n’exista jamais qu’en projet.

1821. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il n’y était pas pour les Américains, peuple qui n’a que la grandeur de l’espace et la philosophie du lucre ; peuple sans ancêtres, pour lequel le passé n’existe pas, peuple brutal qui ne croit qu’à ce qu’il touche ; mais il y était en germe dans l’immensité des œuvres de sa nature, non encore épousée par les hommes nouveaux.

1822. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Le poète tragique n’est pas soumis à d’autres conditions que le poète comique : il faut qu’il compose sa Médée ou son Horace, que l’histoire lui donne, comme celui-ci son Alceste ou son Harpagon, qui n’ont jamais existé.

1823. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Jamais nous n’avons assisté à une représentation aussi lamentablement désolante… Que la censure, puisque cette institution existe, ait toléré la mise en scène d’un spectacle si bien fait pour énerver les âmes, pour leur donner l’admiration de ce crime qu’on a raison d’appeler le plus grand de tous, puisqu’il est le seul dont on ne puisse se repentir, — que la censure, disons-nous, se soit associée, en la laissant jouer, à cette sanctification du suicide, qu’elle ait donné son visa officiel à cette sorte d’hymne de la mort volontaire, et qu’elle ait permis qu’on la représentât comme une œuvre suprême d’honneur et même de religion, c’est là un acte sans excuse et contre lequel nous demandons une répression éclatante.

1824. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Cette histoire même n’est possible que parce qu’il existe une image claire de l’esprit français.

1825. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Mais Tacite regrette le plus grand gouvernement qui ait existé ; Saint-Simon, en déplorant que les nobles ne fussent plus les associés et les soutiens nécessaires de la royauté, et avec elle les maîtres du gouvernement, Saint-Simon regrettait l’anarchie.

1826. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Saint-Simon mena, comme introduction à la philosophie, la vie la plus active possible, essayant toutes les positions, toutes les jouissances, toutes les façons de voir et de sentir, et se créant même des relations factices, qui n’existent pas ou se présentent rarement dans la réalité.

1827. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Il existe de nombreuses lectures de la Tétralogie wagnérienne.

1828. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Les Personnages de la Discorde, du Fanatisme, & de la Politique, sont sans doute puisés dans le systême du merveilleux ; mais on sent au premier coup d'œil, qu'ils ont une maniere d'exister & d'agir, dans son Poëme, absolument contraire à toute vraisemblance.

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