On eût cherché à pactiser, on se fût arrêté à mille considérations personnelles, qui en temps de calme sont fort prisées ; on n’eût osé détruire franchement ni les privilèges ni les ordres religieux, ni tant d’autres abus. […] Le principe représentatif a été bon à soutenir contre les vieux despotismes personnels où le souverain croyait commander de son droit propre, ce qui est bien plus absurde encore.
Grâce à la révolution de 1849, Wagner se trouva subitement délivré de toutes les entraves qui paralysaient le libre essor de son génie personnel. […] Ernst, qu’il faille négliger les souvenirs personnels de ceux qui ont eu le bonheur d’entendre le maître ; mais nous ne les acceptons que quand, comme ici, ils viennent d’un témoin digne de foi et qu’ils sont datés.
Puis les fermiers, en chapeaux noirs, venus de loin et tout poussiéreux, et les vieux serviteurs retraités, les domestiques septuagénaires ayant derrière eux leurs fils approchés de la fortune par le commerce et les négoces heureux : — dernière représentation de cette gens, de cette clientèle amie et dévouée qui faisait à la famille le cortège de ses noces, le convoi de ses funérailles, et ne laissait ni la joie ni la douleur isolée et personnelle, comme en notre temps de familles d’une génération. […] Mercredi, 22 septembre 86. » À la réception de cette lettre, mon premier mouvement a été d’enlever la note sur ces lignes amies qui me semblaient dictées par un sentiment pareil que j’éprouverais à sentir la mémoire de mon frère égratignée ; mais, en réfléchissant, j’ai trouvé la prétention énorme, et j’ai pensé qu’il n’y aurait plus de mémoires possibles, s’il n’était pas permis au faiseur de mémoires de faire les portraits physiques des gens qu’il dépeint, d’après son optique personnelle — qu’elle soit juste ou injuste.
Voilà pourquoi nous ne plaçons, dans notre opinion personnelle, ce genre de littérature qu’à un degré inférieur dans les œuvres de l’esprit humain. […] Les autres sont un supplice personnel infligé, comme disent les satiristes, par le fouet de la satire à des hommes dont ce fouet déchire la peau.
Ils prennent une forme plus banale quand la mémoire se resserre davantage, plus personnelle quand elle se dilate, et ils entrent ainsi dans une multitude illimitée de « systématisations » différentes. […] Classer ces systèmes, rechercher la loi qui les lie respectivement aux divers « tons » de notre vie mentale, montrer Comment chacun de ces tons est déterminé lui-même par les nécessités du moment et aussi par le degré variable de notre effort personnel, serait une entreprise difficile : toute cette psychologie est encore à faire, et nous ne voulons même pas, pour le moment, nous y essayer.
Mais, en admettant ces obligations, il serait singulier qu’un homme de bon sens et de ferme jugement, comme Sully, fût tenu d’affaiblir son opinion d’historien sur une femme, parce qu’elle lui aurait rendu quelques bons offices dans un intérêt tout personnel.
Daru est de ceux qui ne croient point à la réalité de cette conjuration : selon lui, le gouvernement de Venise n’était nullement hostile au duc d’Ossone, vice-roi de Naples, dans les projets ambitieux que celui-ci nourrissait pour son élévation personnelle et contre la monarchie espagnole.
Chateaubriand, allant au-devant des objections personnelles qu’on ne pouvait manquer de lui faire, disait donc dans sa préface : Ceux qui combattent le christianisme ont souvent cherché à élever des doutes sur la sincérité de ses défenseurs.
Il se prend résolument pour point de départ de ce qu’il préfère ; son goût personnel entraîne tout son jugement dans une seule et même verve.
Henri IV, dans les Mémoires particuliers de l’auteur, nous est montré par d’assez vilains côtés et qui tendraient à le rapetisser ; on l’y voit atteint et accusé d’envie, d’avarice : il n’est rien de tel dans la grande Histoire, et ces petits griefs personnels et de domesticité s’évanouissent : d’Aubigné y replace le héros et le politique à sa juste hauteur, et l’ayant perdu, le regrettant avec larmes, il lui redevient publiquement favorable et fidèle.
On conçoit d’ailleurs ces dissidences naturelles et cette sorte d’antipathie instinctive entre une école scientifique tout analytique et précise, et une autre qui ne se refusait ni l’éclat ni les couleurs ; mais d’Alembert se laissait emporter à ses préventions personnelles lorsqu’il disait à propos des systèmes de Bailly et de Buffon qu’il associait dans sa pensée : « Supplément de génie que toutes ces pauvretés ; vains et ridicules efforts de quelques charlatans qui, ne pouvant ajouter à la masse des connaissances une seule idée lumineuse et vraie, croient l’enrichir de leurs idées creuses… » Dans la familiarité de la correspondance et lorsqu’il n’est point retenu par le public, d’Alembert s’abandonne souvent ainsi à des injustices presque injurieuses, dites d’un style assez commun.
— Vous ne vous êtes pas bien rendu compte de vos motifs, vous ne pouvez pas être différent des autres ; l’intérêt personnel est toujours là.
Sénecé y exprime sous un léger déguisement ses pensées personnelles, ses regrets de poète et de courtisan à cet âge de plus de cinquante ans qu’il avait déjà.
alors encore notre amitié sera éternelle, mais il y aura quelques hommes que j’estimerai autant que toi, parce qu’ils sauront non seulement suivre le même plan avec une habileté très supérieure, mais encore le concilier avec leur bonheur personnel.
On m’a dernièrement reproché (et ce reproche m’est venu d’un critique très spirituel, mais qui cherche avant tout dans chaque sujet son propre plaisir et sa gaieté personnelle) d’avoir dit du bien du journal du duc de Luynes, comme si j’en avais exagéré l’utilité par rapport à ces premières années du règne de Louis XV ; je ne crois pas être allé trop loin dans ce que j’en ai dit.
Nous sommes obligés de connaître Rome, comme des petits-fils de connaître leur vieille mère. » Il montrait que ce n’est pas tant à l’Université qu’il faut s’en prendre des maladies morales de la jeunesse qu’aux familles elles-mêmes, à l’esprit public et à l’air vicié du dehors, à la littérature enfin ; et faisant allusion à la grande plaie, selon lui régnante, au roman, il appelait de ses vœux un roman pareil à Don Quichotte, c’est-à-dire qui mît à la raison tous les mauvais romans du jour ou de la veille, et en sens inverse de Don Quichotte ; car, en ce temps-là, c’était la chevalerie, avec sa fausse exaltation idéale, qui était la maladie à la mode, et du nôtre c’est le contraire : « c’est le goût du bien-être personnel, c’est l’amour des jouissances positives, c’est l’égoïsme, c’est Sancho, en un mot, et non pas Don Quichotte.
Je devrais peut-être éviter de rencontrer désormais son nom sous ma plume ; mais je n’éprouve, à son égard, aucune rancune personnelle, et je puis dire mon sentiment avec impartialité.
Le moment où Sismondi trouvait la conversation de Coppet moins agréable et trop personnelle était celui où Mme de Staël, dans le paroxysme de la souffrance, écrivait à Mme Récamier cette lettre éperdue et comme délirante qui révèle toute l’étendue et la singularité de son mal : « Je suis plongée dans une espèce de désespoir qui me dévore ; ne faut-il pas que je tente d’y échapper ?
Que ne les a-t-il pratiquées en effet plus patriotiquement et avec plus d’intégrité personnelle !
Ce dont il faudrait plutôt s’étonner, c’est de la force, de l’habileté, des ressources qu’il a déployées dans l’exécution d’une entreprise impossible et comme désespérée ; mais il a eu beau faire appel de toutes parts à l’érudition et aux descriptions, il a eu beau, en fait d’inventions personnelles, entasser Ossa sur Pélion, Pélion sur Ossa, il n’a pu communiquer à son œuvre l’intérêt réel et la vie.
mais, peu à peu, le retour de ces mélodies monotones vous pénètre et vous imprègne en quelque sorte, et pour peu que des souvenirs personnels un peu tristes s’y ajoutent, vous vous sentirez pleurer sans songer seulement à juger, à apprécier ou à apprendre les airs que vous entendez.
Je donnerai ce préambule ; mais qu’on veuille bien distinguer et dégager la vérité de l’accent, sous ce qui nous semble aujourd’hui un peu déclamatoire et qui appartient au langage du siècle ; il n’est pas mal, d’ailleurs, de voir le sentiment des malheurs publics se mêler si intimement aux infortunes personnelles du rêveur ; les générations qui souffraient ainsi, et dont les âmes se soulevaient avec de tels gémissements sous toutes les sortes d’oppressions, méritaient de vivre assez pour assister et coopérer à la délivrance de 89.
si sa politique de roi était satisfaite et pleinement triomphante, son glorieux amour-propre personnel se sentait peut-être un peu déçu.
. — Il a plusieurs parents peu riches, mais on ne sait rien de personnel qui soit désavantageux à cette famille. » Ce maigre éloge tout négatif fut le point de départ.
Dans ce qu’il nous offre comme une solution générale, je reconnais et j’étudie avant tout l’empreinte personnelle distincte : là où il prétend me donner une philosophie, une théologie, je vois un homme, l’homme d’État, l’historien encore, et son portrait, en achevant de se graver dans mon esprit, n’obtient et n’entraîne rien de plus sûr ni de plus sincère que mon respect 21.
Il s’est attaché à y bien saisir et à y marquer la nuance de caractère de chacun des premiers empereurs : cette diversité de caractères personnels décide, en effet, du degré de transformation dans le gouvernement, qui est surtout alors le gouvernement d’un seul.
Et revenant au personnel de la Cour, le maréchal de Saxe aborde le chapitre des conseils : « Je dirai encore un mot sur la princesse.
Ainsi, pour le mot lyrique par exemple, dont le sens ne se borne plus à des pièces d’opéra, comme du temps de Quinault ou de M. de Jouy, mais qui comprend et embrasse, selon les meilleurs critiques, tout un vaste ensemble de poésie intime ou personnelle et d’épanchements de l’âme, en regard et à côté des genres épique et dramatique : il faudra, bon gré, mal gré, tenir compte de ces progrès de l’Esthétique, comme on dit.
Je paye un tribut personnel de reconnaissance en saisissant l’occasion d’en parler.
Qu’elle consente à se relâcher un peu de l’absolu de la forme et de la rigueur affirmative, à s’interdire envers les adversaires une chaleur de réfutation trop facile, et qui déplace toujours les questions ; qu’elle permette autour d’elle à bien des faits de détail de courir plus librement sous le contrôle naturel d’un empirisme éclairé, et elle aura permis qu’on s’appuie souvent avec avantage sur elle sans s’y ranger nécessairement ; elle aura fourni un contingent utile à une œuvre pratique d’intelligence et d’indépendance qu’elle est digne d’apprécier ; car chez elle aussi, si je ne me trompe, et derrière ces grands développements de croyances, la maturité personnelle et l’expérience secrète sont dès longtemps venues142.
La noblesse italiote, devenue cliente de Rome, ne fit longtemps de ses réclamations qu’une question personnelle, une affaire de faveur qui se menait par la corruption et l’intrigue.
La Fontaine est notre seul grand poëte personnel et rêveur avant André Chénier.
Ne pressons pas trop ces contrastes ; lui-même il eut le tact d’apporter du ménagement et de la forme jusque dans son opposition, et, malgré l’odieuse radiation personnelle qui aurait pu l’irriter, sa tactique bien conduite sut toujours modérer la vivacité par le sang-froid et par des habitudes de tenue.
L’habitude de ne laisser voir aucune de leurs impressions personnelles, de porter toujours l’intérêt vers les principes philosophiques, donne de l’énergie, mais souvent aussi de la sécheresse et de l’uniformité à leur littérature.
Je n’ai le droit d’exprimer aucun jugement personnel sur un prince que la versatilité française est en train d’exalter et d’amplifier pour le moment, après l’avoir précipité ; seulement je sais qu’un jour, pendant cinq courtes minutes, trois académiciens étaient admis en sa présence, et qu’il trouva moyen de leur dire la date de la fondation de l’Académie de la Crusca, ce qu’aucun des trois ne savait ; et il n’était pas fâché de le dire.
La portion supérieure de son ouvrage est celle où il montre la décomposition de la société par les sophistes, espèce destructive si éloignée en tout de ces hommes à grand caractère et à grandes vues positives, qui ont fondé les sociétés et institué les peuples : « Le faux esprit philosophique est une lime sourde qui use tout. » Il distingue entre les diverses sortes de corruption publique : malgré sa bonté morale personnelle, il sait à quoi s’en tenir sur le fond de l’homme ; les passions étant les mêmes en tout temps, les mœurs aussi sont toujours à peu près les mêmes, ce ne sont que les manières qui diffèrent : mais la différence est grande, d’une corruption qui n’est que dans les mœurs, et à laquelle de sages lois peuvent remédier, d’avec cette corruption subtile qu’un faux esprit philosophique a naturalisée dans la morale publique et dans la législation.
Au lieu de chercher la preuve du christianisme dans tel ou tel texte particulier des Écritures, ou dans une argumentation personnelle qui s’adresse à la raison de chacun, M. de Lamennais soutenait qu’il faut la chercher avant tout dans la tradition universelle et dans le témoignage historique des peuples : et pour cela il croyait voir, même avant la venue de Jésus-Christ et l’établissement du christianisme, une sorte de témoignage confus, mais concordant et réel, à travers les traditions des anciens peuples et jusque dans les pressentiments des principaux sages.
Voilà, ce me semble, le point du débat bien défini et dégagé de tout ce qui serait trop personnel et injurieux.
Il y a encore dans Rousseau un autre sentiment original et personnel, et en même temps durable et fécond : c’est le sentiment des beautés chrétiennes.
Donc pas encore de prosodie, à peine une poétique, et mieux encore, simplement, des réflexions personnelles sur la technique.
Cependant les hommes ne sont pas si différents les uns des autres qu’on ne puisse, avec un certain nombre d’observations personnelles, juger par comparaison des personnages que les auteurs nous présentent.
Autrefois un homme qui se présentait avec une illustration de naissance, et qui pouvait y joindre une gloire personnelle, avait d’incontestables avantages, parce que sa renommée s’appuyait sur une considération déjà acquise : son nom portait par lui-même une signification traditionnelle.
Les manières mêmes, par lesquelles ce monde régnait encore plus que par la pensée, en a-t-il conservé la supériorité tranchée, incontestable, personnelle, qui lui appartenait comme son écusson ?
On n’appartient pas pour rien à une époque personnelle et poseuse, où toutes les vanités se mettent à la fenêtre de cinq à six volumes pour, de là, se raconter à ceux qui passent ; et, cela, depuis le ministre d’État jusqu’à l’apothicaire, depuis Chateaubriand jusqu’à Véron.
J’entends une objection ; on me dit : ces trois « visions » de la vie, qui se succèdent le plus souvent chez le même homme, c’est un fait facile à constater, par l’expérience personnelle ; mais pourquoi un groupe d’hommes (la nation, ou la société tout entière) les connaîtrait-il nécessairement ?
Quelles facultés personnelles et quelles mœurs environnantes ont produit ce géant en goguette, ce métaphysicien ivre, cette cervelle dévergondée et sublime, cette prodigieuse lanterne magique où se heurte le pêle-mêle vertigineux des formes tournoyantes, où s’enchevêtre le chaos de toutes les idées et de toutes les sciences, où la sensualité secoue sa torche rouge et fumeuse, où le génie fait flamboyer tous ses éclairs ?
Par exemple, considérant la société à Rome, vous y distinguez la faculté très générale d’agir en corps, avec une vue d’intérêt personnel, faculté instituée en partie par des dispositions primitives102, mais principalement par cette circonstance que Rome, dès sa naissance, fut un asile, ennemi de ses voisins, composé de corps ennemis, où chacun était absorbé par la pensée de son intérêt, et obligé d’agir en corps.
Une nouvelle ère politique avait commencé, qui laissait peu de place aux illusions chevaleresques : madame de Girardin en reçut naturellement le contre-coup ; et cette impression générale se combina pour son esprit prompt et souple avec le changement de sa situation personnelle. […] Jetez-le à travers les steppes de l’Ukraine ou conduisez-le à la Bourse, faites payer ses dettes en roubles ou en billets de banque, éveillez son ambition, ses convoitises, ses haines, froissez ses vanités nationales on personnelles, et vous verrez les mêmes passions mettre en jeu les mêmes rouages ; vous verrez les mêmes caractères amener les mêmes événements et dessiner les mêmes personnages, sous la pelisse de l’hetman comme sous l’habit noir de l’homme de finance ou de l’homme politique. […] mais un Sursum corda terrestre, personnel, dégagé de tout lien avec cette foi qui seule a le privilège de faire des déceptions et des mécomptes un moyen de relever et de fortifier les âmes au lieu de les décourager. […] Mais à cette idée de défense personnelle directe, d’autant plus ferme qu’elle est privée de ses intermédiaires et de ses auxiliaires naturels, s’en ajoute une autre que M. […] Il est vivant, comme tout ce qui s’écrit sous l’inspiration directe de ce qu’on ‘raconte, et avec mille affinités personnelles entre le narrateur et le récit ; il est équitable, comme tout ce que modifient et corrigent, dans un bon esprit, la réflexion et l’expérience.
Lorsqu’on examina sérieusement si celui que la dévotion de son père a fait moine est tenu à ne point quitter ce genre de vie, l’ignorance et la superstition avaient effacé toute idée d’ordre et de justice102. » Quoi qu’il en soit de cette sorte d’allusion personnelle, où il ne faut voir peut-être qu’un trait de hardiesse philosophique sans autre intention, M. […] Le livre qu’on examine, et dont le titre figure en tête de l’article, n’est le plus souvent aujourd’hui que le prétexte pour parler en son propre nom et produire ses vues personnelles. […] Vers la fin, un peu plus seul ou plus indulgent, il paraissait moins insensible aux avances, et la connaissance personnelle de l’homme le faisait quelquefois revenir sur l’ouvrage.
Aussi ne parlons-nous plus beaucoup, renfonçant nos idées personnelles sur toutes choses, et dédaignant de les étonner par la propriété personnelle de nos pensées. […] Au fond c’est nu, garni du strict nécessaire, des éléments du mobilier, sans le luxe et la distraction de la moindre inutilité, à peine une gravure au mur, pas un portrait, pas un souvenir, pas un de ces objets personnels, pour ainsi dire, à un lieu.
Le poète recrée l’univers suivant sa vision personnelle, profondément originale et intuitive. […] Dans son Roman de Louis XI, ce livre « de bonne humeur », où la psychologie la plus fine se mêle à une vision toute personnelle et à un talent narratif délicieux, à peine le poète a-t-il jeté en note quelques mots d’explication sur sa prose rythmée. […] III La pensée poétique de Mithouard a su s’incarner dans des formes personnelles qui disent à quel point l’idée et l’expression se compénètrent chez notre artiste. […] Verlaine a enfin « ressuscité en une vie multiple et toute personnelle, les rythmes boiteux, les mètres impairs de neuf, onze et treize syllabes ». […] Et justement, lorsque Verlaine réussit à animer ses vers impairs d’une vie personnelle, c’est pour leur enlever toute boiterie, pour ne leur laisser que l’indépendance de l’allure, un charme flottant ne rappelant rien de la cadence des rythmes pairs. » La poésie de Verlaine serait parfaite si l’autour d’Invectives n’avait trop délibérément mêlé la prose à ses vers.
Objectif autant qu’il est possible de l’être pour ce qui est de la vie de ses personnages, pour ce qui est de la manière dont il les laissait vivre devant lui au lieu de prétendre les faire vivre ; il était très personnel en un certain sens dans le choix des sujets. […] Pour ce qui est du rire pour cause de simple inattendu, j’ai des observations personnelles. […] C’est la façon personnelle de parler qui marque que l’on est un tel et non pas un autre : « Shakespeare ne possède pas le moyen principal, sinon unique, de la peinture des caractères : la langue, l’appropriation du langage à chaque caractère. […] Il s’arrache à un deuil personnel pour entrer dans le deuil général ; il fait taire un instant pour s’associer aux regrets de tous le douloureux égoïsme de son propre malheur. […] Sainte-Beuve, de par son impression personnelle, tout bonnement, s’est dit : « Corneille, grand sans doute, mais moins grand, évidemment, que Shakspeare, Molière, Gœthe et Walter Scott.
Sa parole, d’ordinaire si abondante et si pleine, si féconde en faits précis, en souvenirs personnels, en aperçus rapides sur les hommes et sur les choses, était devenue lente, difficile, découragée. […] Je sais d’ailleurs tout ce qu’on peut dire : jusqu’au jour indéterminé où cette vérité s’imposera par une claire évidence, tous ceux pour qui l’intérêt personnel n’est pas un motif suffisamment impérieux, guériront malaisément de l’impuissance d’agir et de l’accablement de l’inaction. […] Il a passé sa vie (le mot a été recueilli de sa bouche dans un des rares moments où il consentait aux confidences personnelles) à faire de la « psychologie appliquée ». […] En ce temps d’intrigues personnelles et d’égoïste concurrence, il n’a pas vécu pour lui-même, il a servi, comme le soldat qui défend l’entrée de son pays, comme le voyageur qui découvre de nouvelles terres. […] Mais ici, le ton est si personnel que la critique perd ses droits.
Il a des combinaisons politiques, vastes et non chimériques, auxquelles son cœur ne fait pas défaut et dont aucune considération personnelle et privée ne le détourne.
. ; qu’on assemblât les États généraux de deux en deux ans, etc. » Dans toutes ces parties de son Histoire, l’opinion et les préférences personnelles de Mézeray percent assez : pourtant il n’y met pas de système ; il s’accommodera fort bien que, sous Henri IV, on arrive au bien public sans toutes ces machines qui sont à double fin en temps de passion, et qui ne sont parfaites que dans l’esprit des vertueux.
L’assujettissement des études s’y réduisant presque à rien, il y continuait dans l’intervalle le cours de ses lectures toutes personnelles ; il s’essaya dès lors sur un sujet singulier et qui était prématuré non seulement pour lui, mais pour tous les hommes de son temps, sur le siècle de Sésostris ; il cherchait à y concilier, au moyen de suppositions d’ailleurs assez ingénieuses, les divers systèmes de chronologie.
Le roi mande ses barons à Paris, et leur fait faire serment qu’ils porteront foi et loyauté à ses enfants si aucune chose fâcheuse lui advient dans le voyage : « Il me le demanda, dit Joinville ; mais je ne voulus point faire de serment, car je n’étais pas son homme. » L’amitié si tendre qui bientôt attachera Joinville à saint Louis laissera toujours subsister cependant ce coin d’indépendance féodale et personnelle, ou plutôt cet esprit de légalité qui consistait à dépendre avant tout et à relever du seigneur immédiat.
Beyle a combiné avec les souvenirs de sa lecture d’autres souvenirs personnels de sa jeunesse, quand il partait à cheval de Genève pour assister à la bataille de Marengo.
Appliquant cette idée aux dernières époques historiques, il montre que le xvie siècle, par exemple, fut un siècle de troubles et de divisions, d’abaissement de l’autorité royale et de rébellions à main armée, tellement que ces guerres et rivalités de princes et de grands seigneurs sous forme de religion étaient devenues le régime presque habituel : Comme il y avait beaucoup de chemins différents pour la fortune, et des moyens de se faire valoir, l’esprit et la hardiesse personnelle furent d’un grand usage, et il fut permis d’avoir le cœur haut et de le sentir.
Élevé sous les yeux de son père, frère d’un aîné d’un autre lit (M. de Caumartin, l’intendant des finances) et qui était très en crédit et très à la mode ; n’ayant lui-même jamais rien écrit ni ne devant rien écrire, mais ayant tout appris dès l’enfance, histoire, chronologie, médailles, théologie enfin, et n’étant surchargé de rien, il avait été reçu à l’Académie dans cette grande jeunesse pour sa pure distinction personnelle : « La brigue ni la faveur, a-t-on eu le soin de nous dire, n’avaient eu aucune part à ce choix : son mérite seul avait parlé pour lui. » Perrault, qui fut chargé de le recevoir, le loua comme un prodige de facilité et d’érudition, dont tous les savants étaient émerveillés et que la Sorbonne avait peine à contenir.
Barbier, le volumineux recueil des manuscrits de d’Argenson, et en ayant étudié avec soin une partie, j’ai pu m’assurer que les ouvrages qui sont imprimés ne nous le présentent que d’une manière très incomplète ; qu’il n’existe aucune édition exacte et fidèle de l’ouvrage qu’on a intitulé : Considérations, et que l’auteur désignait lui-même sous un autre titre ; que les autres morceaux plus littéraires ou personnels qu’on a donnés au public ont été remaniés, arrangés, affaiblis toujours, soit par M. de Paulmy, soit par M.
Il avait compté d’abord mener ces choses de la science et ce personnel du bel esprit avec une précision presque administrative.
Il est intéressant d’ailleurs et précieux à consulter pour un historien sur le personnel d’alors, sur les Castries, les Ségur, M. de Lamoignon, M. de Calonne.
Dans ce Commentaire sur Corneille, il fut fort sincère ; là même où sa critique nous paraît excessive et trop peu intelligente de l’ancienne langue, il obéit à son goût personnel, à ses habitudes d’élégance, à l’ennui que lui causaient à la longue les mauvaises pièces du vieux tragique.
Gilbert, c’est d’éclairer d’un jour intérieur et certain un assez grand nombre de pages qui, jusqu’à présent, étaient restées inaperçues ou assez insignifiantes dans les œuvres de Vauvenargues, et de leur restituer le caractère biographique et personnel qu’elles ont, et qui désormais les rendra vivantes.
Il confondait dans sa pensée cette gloire personnelle et celle de la France.
Rousset qui, en reconnaissant à Louis XIV le courage personnel et même le bon conseil grâce à ses entours, lui refuse l’initiative militaire, le coup d’œil et, en ce genre, toute inspiration de génie.
Eugène Viollet-le-Duc, élevé par lui librement, philosophiquement, mis de bonne heure à même des belles choses, entouré des bons et beaux exemplaires en tout genre, est devenu l’homme distingué que nous savons, le restaurateur le plus actif et le plus intelligent de l’art gothique en France, ayant en toute matière des idées saines, ouvertes, avancées, et maniant la parole et la plume aussi aisément que le crayon ; j’ajouterai qu’à en juger par ses directions manifestes, il n’a guère en rien les doctrines de son oncle ; et c’est en cela que je loue ce dernier de n’avoir point appliqué, dans une éducation domestique qu’il avait tant à cœur de mener à bien, de vue exclusive ni de système personnel et oppressif.
C’est que le succès ici était tout personnel et ne pouvait se rapporter qu’à l’homme même.
Né de lui-même, formé par des lectures personnelles, par des comparaisons directes, incessantes, et par une rude expérience première des choses de la vie, l’auteur dont nous parlons s’est de bonne heure tracé une route et a obéi à une vocation dont il n’a jamais dévié.
Émery86, de ce prêtre si vénéré et si sage, de ce second fondateur de Saint-Sulpice, et j’y ai vu à quel point, malgré toute sa tolérance personnelle et ses ménagements envers les hommes, il était arrêté sur les principes, penchant sans contre-poids du côté de Rome, et combien ce qu’on appelait autrefois gallicanisme était absent ou infiniment peu représenté dès l’origine dans cette reconstitution du Clergé de France.
L’année suivante, Molière part pour la province, à la tête de sa troupe qui a quitté son titre magnifique et renouvelé en partie son personnel ; il commence sa vie aventureuse de comédien de campagne, qui ne se terminera qu’en 1658.
Louis XIV, sur un échiquier aussi déterminé, aussi rapproché du centre, et où l’échec au roi était à tout coup si menaçant, avait un avis militaire personnel ; il passait des heures à étudier les cartes de Flandre, et il répondait ou faisait répondre à Villars sur ses moindres démarches en parfaite connaissance de cause.
s’écriait-il, si l’on veut me perdre auprès du roi, je prendrai la poste, j’irai le trouver ; je m’assure qu’un si grand monarque, et qui a tant de belles qualités personnelles, ne m’abandonnera point ; j’irai même servir de volontaire auprès de sa personne, en cas qu’il entreprenne quelque chose ; car j’ai fortement dans la tête de mériter son estime. » — « Mais, lui répondait-on, les princes comme Votre Altesse Royale n’ont point accoutumé d’aller ainsi ; une telle démarche surprendrait fort le roi de France. » — « Non, répliquait-il, je sais bien que je n’ai rien à craindre en me jetant entre les bras du roi, qui est aussi honnête homme que grand monarque. » Et Louis XIV, touché à l’endroit chatouilleux, s’adoucissait pour le jeune prince, dont les effusions lui arrivaient par le canal de M. de La Trousse et de Louvois, tandis que son envoyé officiel, l’abbé d’Estrades, lui écrivait dans le même temps : « L’on doit cette justice à M. le duc de Savoie que c’est un prince qui a beaucoup d’esprit, qui est fort éloigné de tous les amusements ordinaires aux personnes de son âge, et que toutes ses occupations marquent des sentiments fort élevés, et beaucoup d’inclination pour la guerre et pour les affaires. » Le duc de Savoie marchait sur ses dix-huit ans.
Les individus en eux-mêmes, on vient de le voir, n’avaient rien d’hostile : ces deux hommes que six années d’âge distançaient à peine et qui n’étaient séparés que par une génération, ne se connaissaient pas, ils ne s’étaient peut-être jamais vus auparavant, ils n’avaient certainement pas causé ensemble ; ils n’avaient rien de personnel l’un contre l’autre.
Puis, arrivant à une autre régence, au début d’un autre règne, on saurait à quoi s’en tenir également sur ces festins mystérieux des Bussy et de ses libres compagnons : ici la satire politique et personnelle, l’épigramme frondeuse se mêlaient très-probablement à des gaîtés plus fines qu’innocentes.
Bowles lui-même a fait en ce sens des sonnets délicieux, d’une nuance infinie, et il n’a pas pris garde qu’il érigeait son goût et son talent personnel en loi et en théorie générale ; il se prenait pour type, comme il arrive souvent.
2° Quelques rectifications et additions ont un sens politique ou personnel.
Necker ; des manifestations populaires entouraient son hôtel, et lorsqu’il offrait sa démission le jour même, le roi dut insister pour qu’il restât à son poste ; la reine, qui pour la première fois entendait de près ces sortes de clameurs, déjà menaçantes, ajouta que « la sûreté personnelle du roi y était intéressée. » Necker céda aux royales instances ; et aussitôt après, dès le lendemain, on recommençait le même jeu ; la cabale du comte d’Artois reprenait le dessus ; on faisait un rassemblement de troupes ; on menaçait l’Assemblée nationale.
Catinat, même plus tard devenu général, se montra toujours d’une rare intrépidité personnelle, d’une bravoure presque excessive dans un chef ; cet homme si prudent et concerté dans ses mouvements et sa stratégie en tant que commandant d’armée, se retrouvait sur le terrain, en un jour de bataille, le capitaine du régiment des gardes, et s’exposait comme un simple grenadier jusqu’à se faire plus d’une fois réprimander par Louis XIV.
Presque toutes les femmes savent lire et écrire, dans une proportion plus grande que les hommes ; les jeunes filles reçoivent de l’éducation ; elles disposent de leur main, sauf des cas rares ; dans la communauté, les femmes gèrent leur fortune personnelle et ne contribuent aux dépenses qu’autant qu’elles le veulent.
Le marquis d’Argenson n’est pas, comme Saint-Simon, un ennemi personnel du maréchal de Noailles, mais c’est un antipathique, d’une autre race morale, d’une tout autre humeur et d’un caractère tout au rebours.
Je me bornerai, dans le cas présent, à bien constater le résultat singulier d’une telle éducation libre, personnelle, et sincèrement poussée jusqu’à ses extrêmes conséquences.
Il en approche du moins et nous prouve à quel point il possède son personnel d’autrefois.
C’est à une solution dans ce dernier sens que tendaient le bon esprit et la politique comme les intérêts personnels de Talleyrand.
Ainsi, poésie lyrique personnelle et esprit des temps !
En ces heureuses années, Casimir Delavigne fit le voyage d’Italie ; il s’y reposa des longs travaux par des inspirations qui tiennent davantage à la fantaisie ou à l’impression personnelle ; la plupart des ballades qui datent d’alors ne paraissent qu’aujourd’hui pour la première fois.
Dans Eugène de Rothelin, l’auteur n’en est plus à cette donnée à demi personnelle et la plus voisine de son cœur ; ce n’est plus une toute matinale et adolescente peinture où s’échappent d’abord et se fixent vivement sur la toile bien des traits dont on est plein.
L’adulation, les caresses, l’intérêt personnel, le poison le plus corrupteur de la véritable affection, vont bientôt t’entourer.
Mais il ne faut pas les prendre comme usitées et traditionnelles ; il ne faut pas y être conduit par l’opération mécanique de la mémoire : il faut qu’elles jaillissent, créées à nouveau pour un besoin nouveau, du sentiment intime et de l’imagination personnelle.
L’invention personnelle s’y donne carrière.
Marivaux est le premier qui apporte une observation originale et personnelle, qui isole l’amour, et en fasse toute sa comédie.
Selon les sujets et les époques, cette méthode personnelle a eu plus ou moins d’inconvénients ou d’avantages.
Mort, ce candide Lacordaire — qui dans une brochure sur le pape professait le plus pur ultramontanisme et s’en allait en 1848 siéger à la Montagne, qui se drapait dans sa robe blanche avec un peu de la jactance d’un d’Artagnan monastique et se livrait en même temps, dans la crypte de son couvent aux sanglantes macérations des premiers ascètes — a continué d’exercer sur ses fils une très puissante influence qui me paraît avoir été de deux sortes : heureuse par la transmission de son généreux esprit, déplaisante quelquefois par la tradition de son éloquence aventureuse et si personnelle, qu’ils ont imitée avec quelque maladresse.
Mohl, on peut se former jusqu’à un certain point une idée du génie personnel de Ferdousi.
Tel était, à n’y jeter qu’un coup d’œil très sommaire, le personnel des journaux sous le Consulat.
Mais c’est un homme de goût, de tact, de sens exact et rigoureux, qui, même dans l’excès de l’idée, garde la retenue et la discrétion de la manière ; qui a autant le sentiment personnel du ridicule que M. de Balzac l’avait peu, et en qui, au milieu de tout ce qu’on admire de netteté, de vigueur de trait et de précision de burin, on ne peut regretter qu’un peu de cette verve, dont l’autre avait trop.
« Il n’y a point d’écrivain, a-t-on dit judicieusement, plus propre à rendre le pauvre superbe. » Malgré tout, en le considérant ici, nous lâcherons de ne pas trop nous ressentir nous-même de cette disposition comme personnelle qui porte de bons esprits à lui en vouloir dans les circonstances pénibles que nous traversons.
Quand on a fait le décompte de ses fautes, de ses ambitions et de ses torts personnels, la somme et le fond de sa politique restent encore ce qu’on vient de voir et qu’il a si bien retracé.
Rulhière, averti d’ailleurs par son intérêt personnel, fut dès le principe un de ces esprits clairvoyants.
À partir de ce jour, Boileau ne cessa, dans ses écrits, de lancer des épigrammes contre Perrault et contre son illustre frère ; et de son côté, sans témoigner une colère aussi personnelle, Perrault s’appliqua de plus en plus à développer ses doctrines avec esprit et un mélange de légèreté et de bon sens qui ne laissait pas de séduire les indifférents et de piquer les adversaires.
On entre dans ce qui est du goût personnel et particulier, dans ce que la folle du dedans s’est mise à chérir par choix et à revêtir amoureusement à sa manière.
Mme des Ursins nous associe sans difficulté à ses sentiments et nous entraîne, tant que sa résistance à la paix semble chez elle l’inspiration directe, le cri du patriotisme et de l’honneur : on ne lui pardonne pas seulement cette opiniâtreté, on l’en admire ; mais, dès qu’on y soupçonne une ambition et une cupidité personnelle, l’impression devient toute contraire, et son rôle se gâte à nos yeux, Or, il est certain que, vers la fin de cette période sanglante et dans les négociations si lentes qui la terminèrent, elle fit tout pour obtenir des puissances contractantes une souveraineté en son nom dans les Pays-Bas ; le roi d’Espagne s’obstinait sur cette condition si peu convenable et si disproportionnée aux grands intérêts en litige, et il refusait de signer la paix avec la Hollande, si les Hollandais, non contents de mettre Mme des Ursins en possession de cette souveraineté, ne s’en faisaient, de plus, les garants vis-à-vis de l’empereur.
Il ne lui manquait qu’une vertu pour faire un guerrier, c’était, assure-t-on, la bravoure personnelle, et encore il dissimulait si bien, il prenait tellement sur lui, qu’on fut assez longtemps avant de voir à nu le défaut.
Il résulta toujours de cette situation personnelle et du sentiment très chatouilleux qu’elle avait créé en lui, une assez grande indulgence, plus grande qu’on ne l’aurait attendue de sa part, dans ses jugements sur les émigrés de couleurs différentes, pourvu qu’ils fussent braves et gens d’honneur.
Villemain, de notre éloquent secrétaire perpétuel, si j’avais besoin de m’excuser, je dirais hautement : Membre de l’Académie française, j’ai le droit de relever, de la seule manière qui puisse le toucher, l’organe de la compagnie là où il abuse publiquement de son rôle de rapporteur pour y glisser contrairement aux convenances, contrairement aux intentions de beaucoup de membres, ses passions personnelles : biographe littéraire, je souffre toutes les fois que je vois des critiques éminents à tant d’égards et en possession d’un art merveilleux, mais des esprits plus nés évidemment pour la louange ou la fine satire que pour l’histoire, ne songer à tirer parti des faits que pour les fausser dans le sens de l’effet passager et de l’applaudissement.
En même temps que ces phénomènes d’attraction sensible, se produisent des phénomènes simultanés de répulsion : la tendance dominante, comme la colère, tend en effet à repousser toutes les tendances qui peuvent la contrarier, sympathie, pitié, respect d’autrui, dignité personnelle, etc.
… Les femmes seules ne peuvent y atteindre que par le petit bout, — le bout des Mémoires, des commérages, des anecdotes, des choses, personnelles, charmantes souvent sous leurs plumes ; mais pour l’histoire en elle-même, la grande Histoire, interdite même aux poëtes, aux imaginations de trop de flamme, aux génies inventifs, tant elle exige un regard calme et clair pour discerner les choses, et une main juste et ferme pour n’en pas manquer les proportions !
Macaulay devint un modèle, et chacun essaya de faire du Macaulay, sans en rien dire, et avec ses facultés personnelles.
II Après avoir dit cela, ce n’est pas nous qui affirmerons que la poésie des Fleurs du mal est de la poésie personnelle.
quand les inspirations de la poésie personnelle s’abaissent et tarissent chaque jour de plus en plus, il ne nous reste bientôt plus pour être poète que la patrie !
Eh bien, c’est un ensemble encore plus large et plus étreint que celui de Callot, qu’a voulu réaliser, dans un autre genre d’Art et d’expression, un jeune homme qui n’a pas été un bohémien comme Callot, mais tout au plus un bohème comme on l’est quelquefois, quand on a vingt ans, à Paris, au xixe siècle, et ce jeune homme s’est cru de force à mettre dans un livre de sentiment et d’observation, et de chanter ou de faire chanter en des poésies personnelles ou impersonnelles, toutes les misères de son temps, ces misères invincibles à la philanthropie, et qui, sous le costume et les vices de chaque siècle, forment la Misère éternelle !
Aumônier de la plus haute valeur morale qui a, par son influence personnelle due à ses vertus, rendu les plus grands services.
Royer-Collard l’accepte en partie, lorsqu’il forme l’idée de la substance, de la durée, de la cause extérieure et corporelle, avec l’idée de la substance, de la durée, de la cause humaine et personnelle.
Ils n’ont qu’une philosophie personnelle.
Elles servent encore à prouver qu’il y a dans les talents une grandeur personnelle, qu’on a crue quelquefois égale à celle des dignités.
Le tournoi lui-même n’est qu’une cérémonie, un peu brutale, à la vérité, puisqu’il s’agit de casser des bras et des jambes, mais brillante et française ; faire parade d’adresse et de courage, étaler la magnificence de ses habits et de ses armes, être applaudi et plaire aux dames, de tels sentiments indiquent des hommes plus sociables, plus soumis à l’opinion, moins concentrés dans la passion personnelle, exempts de l’inspiration lyrique et de l’exaltation sauvage, doués d’un autre génie, puisqu’ils sont enclins à d’autres plaisirs. […] Point de jugement ni de réflexion personnelle ; il met les faits les uns au bout des autres, sans les lier autrement ; son livre n’est qu’un miroir qui reproduit les souvenirs de ses yeux et de ses oreilles. « Et tous ceux qui diront un Pater et un Ave Maria à mon intention, je les fais participants, et leur octroie part à tous les saints pèlerinages que je fis oncques en ma vie. » C’est là sa fin, appropriée au reste. […] Voilà ce que les lourds Saxons ont commencé à découvrir ; la conscience germanique s’est éveillée et aussi le bon sens anglais, l’énergie personnelle, la résolution de juger et de décider seul, par soi et pour soi.
Oui, sa maîtresse n’est pas un instant aimée ; elle joue le rôle d’un meuble où il pose son propre amour, mais en sortant de leur rêverie toute personnelle, de leur bonheur isolé, Hassan, Rolla ou Franck, n’auront jamais pour la pauvre enfant que du persiflage. […] Non, on pourrait croire qu’une fois monté sur son hippogriffe, il n’a plus douté de sa valeur, et nous regrettons d’autant plus vivement cet aveuglement singulier, que le poète dont il s’agit ici n’appartient pas à la famille des écrivains enthousiastes de leur propre talent, auxquels l’adoration personnelle tient les yeux clos ; M. […] Il apporta dans son étude tout son système personnel, et il se livra à une occupation dont l’idée n’était pas heureuse en elle-même : ce fut de rechercher l’identité d’impressions et de sentiments entre les poètes anciens et ceux du monde moderne.
Successeur des poètes qui ont introduit l’Espagne en France, héritier d’une longue lignée qui va de Jean Chapelain à Pierre Corneille et d’Abel Hugo à Victor Hugo, l’auteur des Trophées se distingue cependant de tous ses devanciers par des traits qui lui sont personnels. […] Mais il est évident que ce sont des singularités dont tout le monde est capable, des négligences malheureusement banales, que le talent si personnel de M. […] Mais ceci n’est que l’expression d’une préférence personnelle. […] Ce jeune homme, qui occupait le haut grade d’« attaché libre », vint à parler du personnel de nos ambassades et de nos légations. […] Le voilà, comme s’il ressuscitait, comme s’il parlait, l’implacable et infatigable secrétaire d’État qui, jusqu’à son dernier souffle, s’efforça de travailler à la prospérité du royaume et qui mourut en jurant qu’il n’avait jamais tenu pour ennemis personnels que les ennemis du bien public.
Caro, ont admis que son pessimisme reposait sur des idées philosophiques indépendantes de ses souffrances personnelles. […] Holman Hunt, dans la Contemporary Review d’avril à juin 1886, qui ont la saveur et le charme des souvenirs personnels. […] Nous n’avons plus cette liberté de sentir et de goûter ceci ou cela dans un morceau de musique, d’être ému de telle ou telle manière, selon nos dispositions personnelles. […] Dans sa superbe honnêteté, il sépare inconsciemment l’idée du dictateur et celle de la dictature ; il parle avec confiance d’un dictateur honnête homme, auquel l’exercice du pouvoir n’insufflerait aucune ambition personnelle, quand bien même cet exercice devrait se prolonger jusqu’au moment indéterminé où le peuple serait mûr pour la liberté. […] La première vérité — et peut-être la seule — qu’il soit possible de constater, c’est qu’en aucun domaine les affirmations absolues ne sont probantes ; et en s’avançant, comme il le fait surtout, sur un terrain aussi personnel que celui de l’art, M.
Il frappe à son empreinte personnelle les vices et les vertus qu’il possède. […] Si réduite et si disciplinée qu’elle soit, elle a encore un reste de couleur sensible par lequel elle est voisine d’une hallucination, un degré de persistance personnelle par lequel elle est voisine d’une monomanie, un réseau d’affinités singulières par lequel elle est voisine des conceptions délirantes.
Feuilletez toute la troupe ; avec de petites différences personnelles, ils semblent tous coulés dans un seul moule : l’un est plus épicurien, l’autre plus moral, l’autre plus mordant ; mais partout règnent le langage noble, la pompe oratoire, la correction classique ; le substantif marche accompagné de l’adjectif, son chevalier d’honneur ; l’antithèse équilibre son architecture symétrique : le verbe, comme chez Lucain ou Stace, s’étale, flanqué de chaque côté par un nom garni de son épithète ; on dirait que le vers a été fabriqué à la machine, tant la facture en est uniforme ; on oublie ce qu’il veut dire ; on est tenté d’en compter les pieds sur ses doigts ; on sait d’avance quels ornements poétiques vont le décorer. […] Je ne trouve d’invention personnelle que dans ses épîtres sur les Caractères.
Nous n’approuvons pas tous ces jugements, nous ne ratifions pas tous ces plans personnels qu’il expose souvent avec trop de jactance en opposition avec les plans de Moreau, de Masséna, de Jourdan, de Soult, de Bonaparte ; mais il est impossible de nier que cette vive et vaste intelligence s’adaptait à la guerre aussi bien et mieux peut-être qu’à la paix, et que, si la destinée, au lieu de le pousser à la tribune, au ministère, à la froide table de l’historien, l’avait poussé sur les champs de bataille, l’Europe aurait compté un grand général de plus dans ses fastes. […] Napoléon songeait déjà à lui demander la plus personnelle de ses concessions : une épouse impériale du sang des Césars d’Allemagne pour s’apparenter au passé, ce prestige des monarchies.
Votre critique ne s’est plus bornée au mot, comme celle de La Harpe, ce pédant estimable de la jeunesse ; la pédagogie n’est pas votre fait ; vous allez aux choses ; vous êtes moraliste plus que critique dans vos considérations, vous êtes le Quintilien des idées ; votre littérature est une histoire de l’esprit humain dans ces derniers temps ; votre Cours est le cours du siècle, et les anecdotes personnelles dont vous l’enrichissez le rendent aussi intéressant pour l’esprit qu’instructif. […] Mais, depuis ce beau travail sur l’Énéide, où je regrette que vous n’ayez pas assez développé cette pensée vraie, vous vous êtes lancé à pleine haleine dans la haute critique presque biographique, purement personnelle et littéraire.
Alors la propriété devient commune en quelque sorte, tout en restant particulière ; les exploitations, étant toutes séparées, ne donneront pas naissance à des querelles ; elles prospéreront davantage, parce que chacun s’y attachera comme à un intérêt personnel, et la vertu des citoyens en réglera l’emploi, selon le proverbe : Entre amis tout est commun. […] « Et, en effet, ne voit-on pas les associés et les propriétaires communs bien plus souvent en procès entre eux que les possesseurs de biens personnels ?
J’exprimai quelques doutes ; je demandai si, par exemple, Byron réussirait à peindre une nature inférieure, animale ; son caractère personnel me semblait trop puissant pour qu’il aimât à se livrer à de pareils sujets. […] Jamais je n’ai eu beaucoup de respect pour la condition pure de prince, quand elle n’est pas alliée à une nature solide et à la valeur personnelle.
Disons mieux, qu’on punisse sévèrement les satires personnelles contre quelque citoyen que ce puisse être, celles qui l’attaquent dans sa probité, dans ses mœurs, dans son état ; mais qu’il soit libre l’apprécier devant le public l’esprit et les talents de ceux qui protègent, comme de ceux qui écrivent ; ces hommes orgueilleux et vils, qui regardent les gens de lettres comme des espèces d’animaux destinés à combattre dans l’arène pour le plaisir de la multitude, descendraient alors de l’amphithéâtre, et verraient leurs juges y remonter. […] Mais ce que les grands ne doivent point oublier quand ils veulent faire du bien aux lettres, c’est que la considération personnelle est la récompense la plus réelle des talents, celle qui met le prix à toutes les autres ou même qui en tient lieu.
C’est justement parce que sa méthode de recherche et ses procédés de notation l’assurent d’une équivalence entre toutes les représentations de l’univers prises de tous les points de vue qu’il a le droit absolu (mal assuré à l’ancienne physique) de s’en tenir à son point de vue personnel et de tout rapporter à son unique système de référence. […] Cette diplopie artificiellement induite chez l’expérimentateur est faite pour le rassurer ou plutôt pour l’assurer contre le risque qu’il croit courir (qu’il courrait effectivement dans certains cas), en se prenant arbitrairement pour centre du monde, en rapportant toutes choses à son système personnel de référence, et en construisant pourtant une physique qu’il voudrait universellement valable : désormais il peut dormir tranquille ; il sait que les lois qu’il formule se vérifieront, quel que soit l’observatoire d’où l’on regardera la nature.
Intérêt général, intérêt personnel, amour-propre, sympathie, pitié, cohérence rationnelle, etc., il n’est aucun principe d’action dont on ne puisse déduire à peu près la morale généralement admise. […] Tantôt l’invitation est volontaire, tels ou tels de ses membres se tournant contre elle, souvent par ambition personnelle, quelquefois par un sentiment de justice : penchés vers la classe inférieure, ils dissipent alors l’illusion qu’entretenait la distance.
Laissons-le parler lui-même, nous ne saurions dire aussi bien que lui : Quand on a des affaires à traiter dans les cours étrangères, c’est la manière dont on les conduit, ces affaires, qui fixe l’attention et qui décide de l’estime qu’on a pour vous ; mais, lorsqu’on n’a rien à démêler avec une cour, on est alors jugé d’après le personnel ; ainsi, l’on a besoin d’une grande attention pour éviter la censure d’une infinité d’observateurs curieux et pénétrants qui cherchent à démêler votre caractère et vos principes, sans que vous puissiez jamais détourner leur attention.
Avec cela, il continua d’y mêler sa chimère, laquelle consistait à rester dans le Conseil après avoir résigné son portefeuille à M. de Choiseul, à chercher à compléter le nouveau ministre et à se laisser compléter par lui : « Il peut se concerter avec moi, j’ai des choses qu’il n’a pas, il en a qui me manquent : tout cela ensemble ne peut produire qu’un bon effet. » Louis XV mécontent ne répondit pas sur cet article : il consentit à la démission de Bernis en faveur de M. de Choiseul par une lettre datée de Versailles (9 octobre 1758), qui commence ainsi : « Je suis fâché, monsieur l’abbé-comte, que les affaires dont je vous charge affectent votre santé au point de ne pouvoir plus soutenir le poids du travail… » Il y marquait nettement son système personnel en ces mots : « Je consens à regret que vous remettiez les Affaires étrangères entre les mains du duc de Choiseul, que je pense être le seul en ce moment qui y soit propre, ne voulant absolument pas changer le système que j’ai adopté, ni même qu’on m’en parle. » Choiseul n’avait plus qu’à arriver de Vienne.
Et au moment de la chute ou de la retraite contrainte, il dit encore : « La disgrâce de cet homme était plainte de peu de personnes à cause de sa gloire (de son orgueil). » Chose singulière, l’homme le plus éloigné à tous égards de L’Estoile, le cardinal de Richelieu, en ses Mémoires, parlant de Sully et de sa chute qui fut toute personnelle, dit à peu près la même chose : On a vu peu de grands hommes déchoir du haut degré de la fortune sans tirer après eux beaucoup de gens ; mais, la chute de ce colosse n’ayant été suivie d’aucune autre, je ne puis que je ne remarque la différence qu’il y a entre ceux qui possèdent les cœurs des hommes par un procédé obligeant et leur mérite, et ceux qui les contraignent par leur autorité.
Que la vanité (puisqu’il veut l’appeler ainsi), élevée jusqu’au sentiment de l’honneur, produise des héros, je l’accorderai encore ; mais que cette vanité produise la gaieté vive, franche, amusante et délicieuse d’un Collé ou d’un Désaugiers, c’est ce que je conçois difficilement, et tous les Condillac du monde ne m’expliqueront pas cette transformation d’un sentiment si personnel en une chose si imprévue, si involontaire.
C’est dans cette guerre pénible de Suisse où l’on manquait de tout, où il fallait faire venir les grains de France, c’est-à-dire de la distance de quatre-vingts lieues, par des chemins difficiles ; où l’argent aussi venait de France, mais rarement et en petite quantité ; où le personnel des commissaires des guerres était insuffisant d’abord, et où les choix n’étaient pas toujours tels qu’il l’aurait voulu ; c’est au milieu de ces difficultés de tout genre que Daru s’aguerrit au rôle d’intendant en chef et de pourvoyeur des grandes armées ; sa réputation de capacité et de rigidité date de là.
Certes, si on lisait avec un peu d’attention et de critique, si l’on se donnait la peine de comparer et de raisonner à propos de lectures auxquelles on ne demande qu’une heure de distraction et de délassement, on arriverait à une conviction personnelle très motivée, et qui dispenserait (au moins pour soi, simple lecteur) de beaucoup d’autres recherches.
Au retour d’Angleterre, et l’idée de pouvoir amener le chevalier de Rohan à une réparation personnelle par les armes étant dès longtemps abandonnée, Voltaire essaya de réaliser en partie la dernière moitié de son vœu, et, sinon d’ensevelir sa vie dans la retraite, du moins de l’y abriter et de l’y embellir, en ne se livrant au monde que par le superflu de son esprit et par les pages que le vent ferait toujours assez vite envoler par sa fenêtre : il noua sa liaison étroite avec la marquise du Châtelet, et il eut sa période de Cirey.
La perte de Lille, où Bouflers avait rencontré l’occasion de faire éclater sa vertu personnelle, avait été un grand et fatal exemple d’impuissance et de faiblesse de la part de nos généraux : on n’avait rien fait, avec une armée toute voisine, pour secourir une place de cette importance.
On sait qu’il y a deux ouvrages de l’abbé Le Dieu qui intéressent Bossuet : les mémoires, ou plutôt un mémoire composé par lui peu de jours après la mort du grand évêque, et à la demande de la famille, pour servir aux orateurs qui auraient à faire des éloges funèbres, et de plus un journal tout confidentiel et personnel.
J’y opposerai seulement une certaine page des mémoires de Marolles où il se représente, sans y être obligé, comme singulièrement attaché à la pudeur, et n’ayant jamais manqué en rien d’essentiel aux devoirs de sa condition, et aussi cette autre page où, déplorant en 1650 la mort d’une petite fille née en son logis et sœur des deux autres personnes dont parle Jean Rou, il la regrette en des termes si touchants, si expressifs et si publics, que véritablement il ne semble pas soupçonner qu’on puisse attribuer sa douleur à un sentiment plus personnel : « Cela fait bien voir, dit-il simplement, ce que peut quelquefois la tendresse de l’innocence sur le cœur d’un philosophe quand il ne s’est pas dépouillé de toute humanité. » — Cette remarque faite pour l’acquit de ma conscience, chacun en croira pourtant ce qu’il voudra.
Les intérêts de son ambition personnelle affectent singulièrement la qualité et la sensibilité de son baromètre.
» Et c’étaient des effusions de tendresse qui, dans leur vivacité, contrastaient avec un désabusement personnel profond ; elle souhaitait passionnément à son amie ce qui lui avait manqué à elle-même : « Chère Roxandre, il faut bénir la Providence quand on a comme vous beaucoup à perdre ; il faut la bénir encore quand on a comme vous mille chances réparatrices.
J’ose croire que si vous eussiez été auprès de moi lorsque cette cruelle offense vous a été faite, elle vous eût inspiré plus de compassion que de colère. » La première partie de cette réponse à Hume était écrite avant le retour de Mme de Boufflers à Paris ; elle attendit d’y être pour l’envoyer ; en arrivant, elle y prit connaissance d’une autre lettre de Hume adressée à d’Alembert, et qui contenait l’exposé de toute la querelle, avec prière de la communiquer, non-seulement aux amis de Paris, mais même à M. de Voltaire, c’est-à-dire à l’ennemi tout personnel de Rousseau.
M. de Harlay, serviteur zélé du monarque, portait plus qu’aucun prélat de ce temps le poids et la responsabilité de la Déclaration du Clergé ; les critiques qu’elle souleva au premier moment lui attirèrent des injures personnelles, des libelles sans nombre.
Les vrais moralistes sont ceux qui voient les choses comme elles sont et qui tiennent compte des circonstances sociales ou des exceptions personnelles.
L’éducation de Dominique a été toute personnelle, toute rêveuse ; ç’a été une enfance à la Rousseau.
Le vieux don Diègue est, au contraire, pour qu’on accorde le duel, comme on l’a fait tant de fois en pareille rencontre, et pour que Rodrigue soit traité sans aucun égard personnel, sans rien qui sente l’exception : « Sire, ôtez ces faveurs qui terniraient sa gloire… Le comte eut de l’audace, il l’en a su punir : Il l’a fait en brave homme et le doit soutenir. » Ce don Diègue parle, à chaque coup, la plus simple et la plus belle langue de Corneille.
Une autre raison qui m’est personnelle m’ôtait d’ailleurs le désir d’être de l’Académie.
Lorsqu’elle s’occupa de politique (et elle y fut bientôt forcée par les sollicitations et les exigences de sa coterie même), elle ne le fit qu’à son corps défendant sans doute, mais elle dut s’y prêter ; elle s’en occupa d’abord par le petit côté, et seulement pour faire prévaloir ses recommandations personnelles, ses propres préférences ou plutôt celles de ses intimes.
On ne sait bien ces choses-là qu’une fois, et tous les ouï-dire du monde ne sauraient tenir lieu de l’expérience personnelle.
d’abord, puis indigente à Paris, et sa retraite obscure dans le quartier de la Sorbonne, où, pendant un hiver sans feu, grelottant dans son manteau, il écrivit le premier volume de l’Essai, qui le rendit bientôt si célèbre107. » Il y a toujours, dans ces souvenirs personnels, à faire la part de l’âme qui les reçoit et qui, sans les transformer, les colore et les grossit un peu en es réfléchissant.
Austère, scrupuleux en morale, dépourvu d’une jeunesse entraînante, dévoré d’une sensibilité vague qu’il désespérait de fixer sur un choix enchanté, désireux avant tout de s’asseoir dans une existence indépendante et rurale, M. de Sénancour se laissa dire, et se crut délicatement engagé : on peut saisir quelques traits de ces circonstances personnelles sous l’histoire de Fonsalbe, au tome second d’Oberman.
Il y a deux sortes de poëtes : ceux qui sont capables d’invention, d’art à proprement parler, doués d’imagination, de conception en sus de leur sensibilité ; qui possèdent cet organe applicable à divers sujets, qu’on nomme le talent : et il y a ceux en qui ce talent n’est nullement distinct de la sensibilité personnelle, et qui, par une confusion un peu débile mais touchante, ne sont poëtes qu’en tant qu’amants et présentement affectés.
Son Iambe, non pas personnel et vengeur comme celui d’Archiloque ou de Chénier, ressemblait plutôt à l’hyperbole des stoïciens Perse et Juvénal.
Il avait compris de bonne heure que la société moderne ne serait pas satisfaite en son mouvement de révolution avant d’avoir appliqué en toute matière le principe de liberté ; il se rattacha à cette idée, et, à part les inconséquences personnelles, il en demeura le fidèle organe.
Comment, avec du griffonnage noir aligné sur du papier d’imprimerie, remplacerez-vous pour lui la vue personnelle des couleurs et des formes, l’interprétation des visages, la divination des sentiments ?
Il écrivit avec légèreté une critique personnelle et amère de madame de Staël, qui lui en conserva rancune ; et, bien que la lettre de Chateaubriand fût très-faible, elle lui ébaucha sa réputation.
Seulement, au lieu de chanter pour moi-même ou pour les hommes, je chanterais pour lui ; mes hymnes ne contiendraient que le nom éternel et infini, et mes vers, au lieu d’être des retours sur moi-même, des plaintes ou des délires personnels, seraient une note sacrée de ce cantique incessant et universel que toute créature doit chanter, du cœur ou de la voix, en naissant, en vivant, en passant, en mourant devant son Créateur.
Les réformes du ministère Duruy furent véritablement l’œuvre personnelle de M.
Et chacune sert aux autres : l’observation d’une étoile suppose l’emploi d’instruments très perfectionnés, et l’aide de l’optique, de la thermologie, de l’hygrométrie, de la barologie, de l’électricité pour enregistrer certaines observations délicates, et même de la psychologie pour corriger « l’équation personnelle. » Telle est la complication de sciences que suppose une chose aussi simple que de déterminer la position d’une étoile.
Voilà, j’imagine, ce que pouvait être, à de certains jours, le personnel d’un souper chez Mlle Le Couvreur, et il y en avait assurément en haut lieu de moins bien assortis que ceux-là.
Son talent, comme tous les talents, était tout personnel.
Il est difficile de croire que cette sorte d’inimitié personnelle contre Retz ne l’ait pas entraîné à quelques excès en sens contraire ; tout ce que Retz met en relief, par exemple, il affecte de l’éteindre et de l’effacer.
Ce qu’il avait surtout en horreur et à quoi il était le plus antipathique, c’était la platitude, la servilité, la bassesse, l’asservissement d’un chacun à ses plus étroits intérêts, la cabale personnelle et sans un but élevé, l’oubli, la ruine de tous et de l’État en vue de soi ; en un mot, ce qui faisait le grand fonds de corruption des cours, et ce qui peut-être n’a pas cessé d’être encore la plus grande plaie des hommes réunis en commun, voire même des assemblées dites constitutionnelles, nationales ou populaires.
En se dépouillant aujourd’hui, pour le juger, de toute prévention et comme de tout ressouvenir personnel, on ne peut au moins s’empêcher de voir qu’il méconnaissait sur des points essentiels le génie du temps, celui même de la nation, et qu’il blessait la fibre française.
Je tâche, selon ma mesure, d’exécuter quelque chose du programme de Goethe, et s’il a dit cela du xviiie siècle, je le dirai à plus forte raison du xviie , dans lequel il y eut, de la part des femmes célèbres qui y influèrent, plus d’invention encore et d’originalité personnelle.
Et après avoir proposé un projet de loi assez vague et assez peu intelligible contre la diffamation et contre toute espèce d’imputation ayant un caractère personnel, M. de Talleyrand continuait : Mais, ces lois n’existant point encore, je crois devoir à la mémoire d’un homme dont je fus l’ami, de déclarer qu’il n’a point fait, qu’il était incapable de faire et qu’il aurait eu horreur d’écrire les Mémoires qu’on a osé mettre sous son nom.
Ce simple traducteur de Plutarque s’est acquis la gloire personnelle la plus enviable ; on le traite comme un génie naturel et original.
Mallet du Pan, à cet égard, au milieu des inévitables rudesses et des duretés personnelles qui se rencontrent sous sa plume, offre une sorte de modèle pour l’honnêteté, la suite et le courage, et il est le plus recommandable de nos devanciers.
J’aurais peut-être voulu qu’on y marquât moins un intérêt personnel.
Quand Mme Fouquet, dans les premiers moments de la catastrophe, eut besoin d’argent, c’est Gourville qui lui en prêta ; il avait de la générosité, de la fidélité, et, si l’on peut dire, de belles parties de morale personnelle.
En plus d’une occasion, notamment à Rosnay (le 2 février) il eut à décider l’affaire de sa personne et à se jeter au fort du péril, comme il avait fait dix-huit ans auparavant à Lodi : Il y a un grand charme, remarque-t-il à ce sujet, et une grande puissance à obtenir un succès personnel, à sentir au fond de la conscience que le poids de sa personne, et pour ainsi dire de son bras, a fait pencher la balance et procuré la victoire.
Cette antipathie personnelle (et il en eut très peu de ce genre) est un des traits à noter en lui5.
Montesquieu a tellement vécu en idée parmi ces Romains, qu’il a sur eux un avis, une impression directe, personnelle, qui se produit parfois d’une manière assez naïve.
Ici, on entend le cri instinctif de cette âme pleine de courage et de vertu, qui fut patriotique et française avant tout dans son ambition, et qui confondra ses passions personnelles dans la grandeur de la chose publique.
Si vous voulez, d’ailleurs, ne garder aucun faux respect, aucune considération intellectuelle pour ces prétendus philosophes, tels qu’Helvétius et d’Holbach, lisez Grimm : vous les voyez réduits à leur valeur personnelle par celui qui les a le mieux connus, et qui, en les peignant si au naturel, n’a songé nullement à les dénigrer.
Doué de bon sens et d’une certaine philosophie naturelle, il n’avait point de ces passions personnelles d’envie ou d’ambition qui transportent les âmes hors d’elles-mêmes et leur mettent l’aiguillon au-dedans.
Il énumère tel assemblage fortuit de traits, telles voix, telles mains, tel port, tel regard, tel tic personnel ; sans essayer de rendre logique ou d’expliquer ce signalement : il place son personnage dans un milieu décrit, le lance dans une aventure quelconque et ses particularités morales viennent accentuer peu à peu sa délinéation physique.
Constamment construits par un minutieux détaillement de faits, d’anecdotes, d’observations, de notes prises sur les lieux, et de spectacles réellement vus, ils tendent à donner de la vie une image adéquate, aussi complexe, aussi variée, abondante en contrastes, sans que le choix, l’idéal personnel de l’auteur restreigne le rayon de son observation et résume la vie et les âmes en des extraits fragmentaires.
Mais j’ai encore moins composé mes Réfléxions d’après mes Panégyriques, que mes Panégyriques d’après mes Réfléxions ; & j’ose espérer qu’on ne trouvera rien dans celles-ci qui ait été dicté au Rhéteur par l’intérêt personnel de l’Orateur ; rien qui décéle l’intention de justifier par des principes particuliers une maniere qui me seroit particuliére.
Les deux Introductions qu’il a placées à la tête de son volume de Saint-Simon portent la marque de son talent, à lui, — talent très vivant et très personnel.
Qui n’a lu ses Mémoires, personnels et passionnés ?
Enfin, on peut compter encore les sympathies personnelles d’un Roi très éclairé, le Roi de Prusse, qui aime le catholicisme en artiste, et qui pourrait s’en servir en homme d’état, et aussi la bonne volonté de Schelling, le plus grand nom de l’Allemagne actuelle, l’homme le plus puissant sur l’opinion de son pays.
n’est pas très embarrassant quand on ne croit pas au Dieu personnel et terrible.
Lasserre, qui, sous sa garantie personnelle, suffisante et obligatoire, nous présente Ernest Hello comme le plus grand génie qui ait existé depuis les Prophètes de Dieu et de la Bible, qu’il a la bonté de continuer… Mon Dieu, oui !
J’ai lu de lui une analyse de la thèse de Pinès sur la « littérature judéo-allemande », analyse écourtée, bien sèche, qui fait regretter un travail plus considérable « trop subjectif, trop personnel », nous dit-on, qu’il avait consacré au même sujet.
Les habitudes de l’homme intérieur, ayant formé le philosophe, formèrent sa philosophie ; son système du monde fut produit par l’état de son âme ; sans le savoir ni le vouloir, il construisit les choses d’après un besoin personnel, Ce genre d’illusion est presque inévitable ; nous ressemblons à ces insectes qui, selon la diversité de la nourriture, filent des cocons de diverses couleurs.
Plus tard, la poésie aidant, le Terme fut considéré comme un dieu distinct et personnel. […] Ce qui fait que le fils hérite, ce n’est pas la volonté personnelle du père. […] Un ennemi personnel de Cicéron, Claudius, a quitté sagens pour entrer dans une famille plébéienne ; Cicéron lui dit : « Pourquoi exposes-tu la religion de lagens Claudia à s’éteindre par ta faute290 ? […] Un Claudius, personnage considérable, était l’ennemi personnel d’Appius Claudius le décemvir ; quand, celui-ci fut cité en justice et menacé de mort, Claudius se présenta pour le défendre et implora le peuple en sa faveur, non toutefois sans avertir que, s’il faisait cette démarche, « ce n’était pas par affection, mais par devoir295 ». […] La nouvelle religion, au contraire, reconnaissait à l’individu une vie propre, une liberté complète, une indépendance toute personnelle, et ne répugnait nullement à l’isoler de la famille : aussi le nom de baptême fut-il le premier et longtemps le seul nom.
Napoléon, en effet, cet intelligent égoïste, qui avait détruit le journal politique pour le public, l’avait rétabli pour son usage personnel. […] Il y avait, pour cette manière de voir et de sentir le grand fait de la restauration, un public restreint mais passionné, qui pouvait se recruter ; car, dans l’école matérialiste ou sceptique en philosophie et révolutionnaire en politique, les écrivains ne manquaient point pour développer ces sentiments et ces idées ; en outre, le personnel des lettres bonapartistes devait cacher, derrière ce rideau commode, les rancunes, les mécontentements et les antipathies que la chute d’un gouvernement favorable à leurs intérêts leur avait laissés contre le gouvernement qui le remplaçait. […] Elle est fatiguée de cette vie publique et générale qui a longtemps absorbé tout sentiment individuel ; elle ne veut plus marcher du même pas, au son du tambour, groupée tout entière autour du même drapeau ; elle rompt les rangs, elle dit adieu à la discipline ; chacun reprend l’indépendance de sa pensée, la liberté de ses sentiments ; chacun veut vivre de sa vie propre, de ses émotions personnelles. […] Cet éternel Olympe, qui revenait sans cesse sous la plume des versificateurs, ces dieux faunes, ces nymphes bocagères, ces muses, ce Pégase, ce matériel et ce personnel de la théogonie antique, choquaient son esprit aussi conséquent que religieux.
L’indépendance personnelle, au lieu de se traduire chez eux par de violents assassinats, se traduisait par des actes chevaleresques et par des conquêtes de royaumes. […] Ils n’abolirent pas ces instincts de combat que nous avons signalés, mais ils leur donnèrent un but ; ils régularisèrent l’esprit d’anarchie et tracèrent des limites à l’indépendance personnelle. […] Le mensonge est chez nous une arme de défense personnelle qui nous sert à écarter notre voisin et à l’éconduire dans les formes, de manière à ne lui laisser aucun prétexte de nous nuire. […] Le charme personnel, l’attrait des manières, privilège incontestable des classes élevées, sont un des grands ascendants de l’aristocratie sur le peuple. […] Malgré son apparente soumission, il interroge toutes les institutions, lève le masque de toutes les doctrines, et prononce un verdict, raisonnable ou non, dont il fait sa loi personnelle et dont il ne se départ plus.
Soutenu, d’ailleurs, dans la voie qu’il s’était ouverte par bon nombre d’auxiliaires et par une étude qu’il pouvait, outre ses observations personnelles, continuellement poursuivre et approfondir. […] Il avait un talent très distingué, surtout très personnel. […] Le sous-officier fanatique d’honneur personnel, d’honneur militaire et de discipline, le maréchal des logis Volkhardt. […] Il y a des choses que j’en aurais retranchées, comme certaines réponses à certains critiques en vérité de peu de poids et certaines apologies personnelles dont M. […] Quant à mon sentiment personnel, qui est sans doute ce que l’on me demande, je ne puis pas affirmer très énergiquement que j’aie été enchanté de cette production de l’esprit humain.
Et il n’a pas empêché que la France n’ait pour l’éternité la plus séduisante des physionomies personnelles. […] Que n’est-il moins froid et plus personnel ! […] Œuvre très personnelle, empreinte de la meilleure, de la plus belle charité chrétienne, Le Livre des Bénédictions est aussi le livre des consolations, et j’imagine qu’il doit raffermir bien des êtres ébranlés. […] Une situation désespérément angoissante, qui se dénoue à force de sentiments nobles et beaux, le dévouement, le sacrifice, le culte de la patrie, la subordination des rancunes personnelles à l’intérêt général, tel apparaît, en raccourci le thème par quoi La Flambée exprimait puissamment les aspirations de tous les Français que le souvenir encore frais d’une offense dressait frémissants161. […] L’esprit en est, dans l’ensemble, excellent, la forme attrayante, souvent personnelle.
Flourens, au moment où il se promettait de ne pas me donner sa voix, me disait avec tendresse : « Je vous assure qu’il ne m’est jamais arrivé d’être reçu dans un corps savant, sans éprouver en même temps une véritable peine, une peine très vive, en songeant aux hommes de talent et de mérite qui se trouvaient évincés et ajournés par ma nomination : au milieu de ma satisfaction personnelle, j’en ressentais une sorte de douleur ! […] Ces esprits si fertiles et si en train à toute heure ne sont pas faits pour recevoir une impression impartiale des autres ; ils ne les goûtent qu’autant qu’ils y rencontrent leurs idées personnelles, et ils repoussent tout ce qui s’en éloigne. […] Conservateur alors à la Bibliothèque Mazarine, je m’étais promis seulement de donner ma démission, ce que j’ai mis à exécution quelques mois après, afin de ne point rester fonctionnaire sous un régime qui m’avait paru, dans une circonstance personnelle, assez peu aimable et ne présentant point de garantie.
» Voilà l’homme vivant, agissant, naturel, personnel, non pas le symbole philosophique qu’a fait Gœthe, mais l’homme primitif et vrai, l’homme emporté, enflammé, esclave de sa fougue et jouet de ses rêves, tout entier à l’instant présent, pétri de convoitises, de contradictions et de folies, qui, avec des éclats et des tressaillements, avec des cris de volupté et d’angoisse, roule, le sachant, le voulant, sur la pente et les pointes de son précipice. […] Il veut voir dans l’homme non quelque passion générale, l’ambition, la colère ou l’amour ; non quelque qualité pure, la bonté, l’avarice, la sottise, mais le caractère, c’est-à-dire l’empreinte extraordinairement compliquée, que l’hérédité, le tempérament, l’éducation, le métier, l’âge, la société, la conversation, les habitudes ont enfoncée en chaque homme, empreinte incommunicable et personnelle qui, une fois enfoncée dans un homme, ne se retrouve nulle part ailleurs. […] D’où vient que tout égoïsme, toute vanité, toute rancune, tout sentiment petit, personnel ou bas, disparaît à son approche ?
Amaury est un homme médiocre, incapable d’un long dévouement et d’une grande passion, très personnel, prodigieusement vain, parleur prolixe et diffus, et s’il a des principes, ce sont de ces principes qui flottent à la surface de l’âme : par tous ces côtés, Amaury a peut-être bien quelque ressemblance avec le siècle. […] Le major est justement fier de son ouvrage, et il n’a pas épargné ses peines personnelles pour me le faire voir dans son ensemble, pendant le peu de temps que j’avais à passer avec lui. […] Cette communication inattendue avait réveillé son zèle scientifique ; c’était comme un noble défi d’ajouter par ses observations personnelles aux expériences déjà si décisives de ces deux savants célèbres ; il espérait découvrir au pied des Ghates, et sur leurs croupes, des couches tertiaires et alluviales, et trouver, dans les accidents de leur stratification sur ces montagnes, des éléments supérieurs à toutes les conjectures précédentes pour la solution du problème important de leur âge géologique.
En agissant ainsi, il était tout à fait dans l’esprit de ses instructions et dans la pente de son caractère personnel.
D’Aubigné, en son Histoire, donne à cet écrit une origine moins patriotique et plus personnelle ; il suppose que l’idée en est venue à l’auteur dans un voyage à Paris.
Il commence par un tableau circonstancié des dernières années de Louis XIV : ici, malgré les imitations et les emprunts que nous allons signaler, on sent dans le récit de Duclos une vive impression personnelle, qui y donne le mouvement.
Il avait cinq à six connaissances de fermes ou de filles qui lui avaient conservé de l’amitié et lui accordaient ce qu’on appelle en galanterie la petite oie (il me faut, bon gré mal gré, abréger un peu sur ce point le détail des goûts médiocrement platoniques du vieux Damon)… Avec cela, la fréquentation des bons esprits plus que des beaux esprits, d’honnêtes gens surtout ; une imagination assez pittoresque, de la sensibilité sans aucun intérêt personnel, tout en générosité, nulle bigoterie ; il arriva à une longue et saine vieillesse.
Sous le couvert de Saint-Alban, c’est M. de Meilhan qui nous livre directement ici ses impressions personnelles ; Il y avait à Paris cinq ou six maisons où circulait tout ce qui composait la haute société, et l’opinion publique n’était que leur écho.
Un mot flatteur de l’empereur, un titre de baron, et quelques milliers de francs pour vivre plus tard dans une modeste aisance, telles étaient les limites extrêmes de notre ambition personnelle.
Sa dévotion était, comme celle des vieilles femmes de son siècle qui prenaient ce parti, froide et sèche d’apparence, personnelle pour ainsi dire, non convertissante, mais aussi pleine de bonnes œuvres et de bienfaits positifs.
Si vous êtes Goethe, plus d’un pharisien vous proclamera le plus personnel des égoïstes.
le crayon de Gavarni est innocent, il est pur et innocent de toute attaque et injure personnelle ; cet homme, si habile à saisir le ridicule, ne fit jamais de caricature Contre personne.
Champfleury a écrit, dans des Mémoires personnels, l’histoire de ces années d’épreuve, et ce récit, à son tour, aura bien son intérêt avec le temps.
La difficulté d’y trouver un maire tient à plusieurs causes : d’abord à ce qu’ici comme partout ailleurs les anciens fonctionnaires capables d’administrer ont passé en Allemagne, à la suite de la conquête ; — en second lieu, parce que Worms est une ville de plaisir, où, hors les affaires personnelles de commerce ou de propriété, on se soucie fort peu de se donner d’autres occupations ; — en troisième lieu, parce que les idées et même les prétentions de l’ancienne ville libre et impériale y existent encore, avec plus ou moins de force, dans l’esprit et le cœur de ses habitants ; — 4°, parce que les soins d’un maire sur cette frontière sont pénibles et même dispendieux pour un homme qui a de l’honnêteté, et qui pourtant a un peu de cette avarice, laquelle est aussi un des principaux traits du caractère des habitants… » À Spire, c’était bien pis ; en 1813, le maire qu’on avait cru bon était décidément hostile à la France ; ses sentiments équivoques commencèrent à se démasquer avec nos revers : « Un reste de pudeur, écrivait Jean-Bon (28 mars 1843), lui fait sans doute garder encore une sorte de réserve, mais seulement ce qu’il en faut pour ne pouvoir pas être convaincu légalement de son aversion pour le gouvernement qui l’a cru digne de sa confiance.
Toutes ces bonnes et justes méthodes d’éducation que je vois appliquées et adressées au sexe et dont des femmes agréablement sérieuses, les Pauline de Meulan, les Tastu ont dès longtemps donné les préceptes et la pratique, se rapportent à la méthode vivante et personnelle de Mme Roland.
L’on en tirera le profit que Sa Majesté connaîtra l’attention que mérite cette frontière et qu’il ne sera pas si aisément détourné de ce qui lui est proposé pour sa sûreté, par le sentiment de ceux qui ne la connaissent point, et qui ont pu lui faire concevoir là-dessus des facilités qui n’y sont point. » Catinat ne croyait pas cette utilité réelle pour l’avenir trop payée d’un léger désagrément personnel.
Il ne se dit point que l’autorité de Raynal (si autorité il y avait) ne pouvait se séparer du fond des doctrines qu’il avait si ostensiblement soutenues et proclamées ; que son changement d’idées graduel et sincère, remontant à quelques années et connu seulement de quelques amis, ne pouvait que lui nuire en éclatant comme une conversion subite et en s’étalant comme un exemple de plus de la versatilité humaine ; que les hommes célèbres et les personnages publics ne sont pas seulement ce qu’ils sont, mais ce qu’ils paraissent ; que l’auteur de l’Histoire philosophique était le dernier des hommes qui eût le droit de rappeler si solennellement à la modération ceux qu’il avait de longue main excités et échauffés ; que c’était tout au plus ce qu’aurait pu tenter un Mirabeau, se transformant de tribun séditieux en tribun conservateur : et encore aurait-il eu de terribles difficultés personnelles à vaincre : Quis tulerit Gracchos de seditione querentes ?
Mais il n’a jamais varié sur la part personnelle à faire à la présence d’esprit et au courage de Napoléon pendant l’instant critique où il l’avait vu à l’œuvre.
Lamartine est plus heureux que ces hommes, qui pourtant sont eux-mêmes de ceux qui espèrent ; il est plus complétement religieux qu’eux ; il croit aussi fermement aux fins générales de l’humanité, il croit en outre aux fins personnelles de chaque âme.
L’esprit de communauté interdit l’esprit personnel.
Il y a plus : comme, dans les critiques que nous faisons, nous jugeons encore moins les autres que nous ne nous jugeons nous-mêmes, il est assez bon que le critique, tout en n’étant que cela, tout en ne portant aucun trésor personnel, aucun bagage apparent, n’ait pas à être au dedans trop préoccupé de soi, qu’il ne se sente pas un goût secret trop marqué, qu’il ne caresse pas tout bas un idéal trop cher.
Par sa condition dans le monde et ses avantages personnels, il avait d’ailleurs conservé assez d’accès et de crédit, un crédit toujours désintéressé.
L’apparente incohérence de l’œuvre de Marguerite se réduit facilement à quelques traits principaux : 1° Elle a ouvert la source du lyrisme, qui est dans l’émotion personnelle ; quelques élans de foi ou d’amour fraternel nous le montrent168.
Il se présente à nous non comme une foi personnelle et profondément élaborée, mais plutôt comme la doctrine officielle de la caste sur laquelle et pour laquelle M.
Quel que soit l’éclat de leurs mérites personnels, on ne le distingue jamais nettement de celui qu’ils tirent de leur naissance.
Cette troupe de campagne, c’était, sauf quelques changements survenus dans son personnel, la troupe de l’Illustre Théâtre, qui avait quitté Paris une douzaine d’années auparavant ; mais elle ne portait plus ce nom ambitieux.
Grâce à l’amitié qu’il garda constamment à sa sœur, on lui fit honneur des actions les plus personnelles de Marguerite, et on put croire qu’il approuvait tout ce qu’il ne désavouait pas.
De sorte que la part de collaboration personnelle de l’homme dans la création du fait scientifique, c’est l’erreur.
Nous ne donnons cette impression que comme un jugement tout personnel ; l’expérience eût peut-être tourné tout autrement avec un éducateur d’un autre sexe.
Ce qu’on a moins remarqué, c’est la nature des appréciations portées le plus souvent par la littérature sur les usages et le personnel des tribunaux.
C’est à l’art de l’historien (et l’art comme le style est éminemment personnel) de savoir faire jaillir des documents entassés la lumière et la flamme ou, si l’on veut, de transmuer la vérité en beauté.
Paraissait-il un poète nouveau, un talent marqué d’originalité, un Byron, un Manzoni, Goethe l’étudiait aussitôt avec un intérêt extrême et sans y apporter aucun sentiment personnel étranger ; il avait l’amour du génie.
Il arriverait à se persuader que le tout n’est qu’une dépendance et une extension de son être personnel ; il dirait en toute confiance : L’Univers, c’est moi !
Des souvenirs personnels, quelques anecdotes introduites à propos, viennent consoler de la continuité des préceptes sans en distraire.
Il y a des traits personnels qui s’élancent de toutes parts comme des flèches, et qui s’adressent à autre chose qu’à une idée et à une théorie.
Envoyé pendant l’été de 1826 à la cour de Russie pour y assister en qualité d’ambassadeur extraordinaire au couronnement de l’empereur Nicolas, il a laissé dans cette ambassade de quatre mois, tant à Moscou qu’à Pétersbourg, des souvenirs qui n’ont pas seulement ébloui les yeux, mais qui lui ont conquis une estime durable pour ses qualités personnelles.
Rollin « pour l’intérêt personnel, y est-il dit, qu’il a pris à nos mémoires, sur lesquels il a eu la bonté de nous aider plus d’une fois de ses conseils ».
L’évêque de Valence était un homme politique et utile : l’estime de Mazarin l’avait désigné d’avance à celle de Louis XIV, qui n’avait fait que le sacrifier pour un temps à la colère de Monsieur, mais sans y mêler rien de personnel.
C’était assez pour que les chefs de l’ordre, ceux même qui n’avaient nul grief personnel contre lui, se crussent dispensés à son égard, dans l’occasion, de tout procédé et de toute justice.
Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur.
Il aura à feuilleter les histoires du temps, les dépositions personnelles, les historiographes, les mémorialistes.
Il faut une grande force de réaction personnelle, une grande énergie cellulaire pour résister à la douce facilité d’ouvrir la main sous le fruit qui tombe : il est si agréable et si naturel à l’homme de se nourrir du jardin qu’il n’a bêché, ni semé, ni planté.
L’on a cette incommodité à essuyer dans la lecture des livres faits par des gens de parti et de cabale, que l’on n’y voit pas toujours la vérité : les faits y sont déguisés, les raisons réciproques n’y sont point rapportées dans toute leur force, ni avec une entière exactitude ; et, ce qui use la plus longue patience, il faut lire un grand nombre de termes durs et injurieux que se disent des hommes graves, qui d’un point de doctrine, ou d’un fait contesté se font une querelle personnelle.
Chacun a son mode de publicité, sa petite agence personnelle, ses trucs pour lesquels, sans doute, il prend des brevets d’invention ; formidable concurrence aux agences connues et qui paient patente. […] Paul Hervieu : L’Alpe homicide, qui mérite qu’on s’y arrête longuement, et qu’on goûte ce parfum étrange et sauvage d’une littérature très personnelle et très vivante. […] Gustave Geffroy, Émile Hennequin, Gustave Kahn, ont une esthétique très nette, très haute, très personnelle, et qui la défendent avec beaucoup de talent, beaucoup d’élévation et beaucoup d’inutilité, hélas ! […] À mes interrogations formelles et précises, aucune n’exprima un avis favorable ou défavorable sur cette passionnante question d’État, que toutes envisageaient comme une affaire d’ordre privé, de convenance personnelle et dont on n’avait pas le droit de se mêler. […] On évite ainsi la fatigue de comprendre, on tourne la difficulté qu’il y a toujours à se faire une opinion personnelle sur un écrivain ou sur une œuvre, et l’on se croit, de plus, un homme libre.
Bourget par certaines tendances, mais il a pourtant une physionomie très personnelle, très complexe aussi, car il est, en même temps que romancier, poète et psychologue ; ces qualités éclatent à chacune de ces pages, pleines d’une telle intensité de vie, d’une pénétration si aiguë, d’une cruauté de vérité, d’un reflet si net des images criminelles qui passent parfois sur les consciences les plus pures, que l’on ne pense pas au talent de l’auteur, captivé et étonné par des révélations de ces faiblesses intimes, ces défaillances de conscience dont tout homme à pu sentir en soi les embryons. […] Si le peuple égyptien indigène est peu ou point modifiable, il n’en est pas de même de l’Égypte administrative qui se renouvelle de fond en comble, aussi bien dans ses procédés gouvernementaux que dans son personnel. Les sujets de Sa Majesté britannique s’y introduisent chaque jour sans bruit, sans scandale, et prennent les places lucratives ou importantes ; ce personnel est censé au service du Khédive qui le paie, mais, en réalité, il est au service de l’Angleterre. […] Chaptal vient de publier sous ce titre : Mes souvenirs sur Napoléon, par le comte Chaptal, Ces documents si intéressants sont précédés des mémoires personnels de Chaptal, rédigés par lui-même, de 1756 à 1804, et continués, d’après ses notes, par son arrière petit-fils, jusqu’en 1832. […] Mabilleau, libre de toute consigne de coterie, et se dégageant, chose difficile, de tant de jugements, portés sur notre plus grand poète, a formulé sur Victor Hugo des opinions qui lui sont personnelles.
Les méthodes des grands découvreurs leur furent si personnelles qu’elles semblent inexplicables. […] La poésie, les phrases balancées, signes de primitivité et, dans notre civilisation, régressions personnelles. […] Les tendances personnelles de J. […] Les aberrations de cette sorte sont toujours personnelles, et il est vain d’aller en chercher l’explication en de lointaines et mystérieuses hérédités. […] Son évaluation personnelle est énigmatique autant que prudente quelques dizaines de milliers d’années depuis le début du pléistocène, âge vers le milieu duquel apparaît l’homme paléolithique.
Un monde de lectures par-dessus un monde d’impressions personnelles. […] Ceci, d’abord, où vous êtes libres de voir une confession personnelle de l’auteur. […] On dirait que son rêve est de faire appliquer les idées de la Révolution par un personnel royaliste. […] C’est fait d’autobiographie, de souvenirs personnels, de confessions, d’anecdotes, de portraits, de lettres, de morceaux d’histoire, de descriptions, d’impressions de voyage, de rêveries. […] Ce sentiment d’émulation, Chateaubriand en Angleterre, inconnu et pauvre, sans autre bien que la conscience de son génie, ce sentiment d’envie et de rivalité personnelle, Chateaubriand l’éprouve déjà.
Éloge personnel de Jeanne d’Arc. […] La fierté de Thémistocle, plaidant pour la défense de la patrie, ne consistera pas à se venger d’un geste qui le menace d’un coup offensant ; il dira : « Frappe, mais écoute », tandis que l’honneur chevaleresque, plus personnel que civique, se croirait avili de tolérer un tel outrage. […] Nous eussions perdu ces passages où Camoëns et Milton déplorent d’une voix si noble et si attendrissante leurs personnelles infortunes ; car c’est une erreur d’Addison, que d’avoir attribué au seul poète anglais, comme une innovation heureuse, les plaintes qu’il fait sur lui dans son troisième chant. […] « Non, ne croyez pas, mes nymphes, non, que j’ai célébré celui qui, trahissant le bien public et son roi, leur préfère son intérêt personnel, au mépris de la gloire humaine et divine. […] Cette satire générale, et non personnelle, irrite la vengeance d’un moderne Verrès qui lui fait imputer un libelle, et le condamne à errer indigent et proscrit à Malaccat, aux Moluques, à Macao.
En dehors du mouvement de la Réforme et de son esprit, la recherche personnelle de la vérité, presque tout était incohérence ou excentricité. […] Au fond, cependant, la modération vraie et honnête du caractère de Montaigne lui maintint l’estime des honnêtes gens et servit en plusieurs occasions son goût pour la paix, la solitude, l’indépendance personnelle. […] Montaigne la pousse jusqu’à la religion chrétienne inclusivement : « Tout au commencement de mes fiebvres et des maladies qui m’atterrent, entier encores et voisin de la santé, je me reconcilie à Dieu par les derniers offices chrestiens, et m’en treuve plus libre et deschargé, me semblant en avoir d’autant meilleure raison de la maladie20. » Un peu plus haut il exprime le désir de mourir seul dans son coin, comme certains animaux qui se cachent quand ils se sentent près de leur fin : « Vivons et rions entre les nostres ; allons mourir et rechigner entre les incogneus ; on treuve, en payant, qui vous tourne la teste, et qui vous frotte les pieds21. » Ces paroles sont à peu près ce qu’il y a de plus chrétien dans son livre au point de vue de la profession personnelle. […] L’homme n’est pas constitué de manière à ce que chacun puisse, sans le concours d’autrui, se former sur chaque objet une conviction propre et personnelle. […] Tout cela, rapproché de ce que La Rochefoucauld raconte lui-même des impressions de sa jeunesse, donnerait l’idée d’une nature originairement sensible et généreuse, que les désappointements personnels et le spectacle des petitesses humaines auraient enfin prévenue à l’excès contre les sentiments désintéressés.
Après quelques considérations préliminaires sur Shakespeare et la Normandie, et une biographie de Shakespeare où j’espère avoir mis quelque vie par mes impressions personnelles, j’ai abordé l’examen des œuvres du poète. […] Généralisant son point de vue, y rattachant le résultat de ses précédentes études sur Dante et Pétrarque, il s’était arrêté à l’idée de réunir sous ce titre : Des Confessions poétiques, une suite d’analyses dans lesquelles il aurait présenté les modifications du sentiment personnel se produisant aux différents siècles.
Lui, Malherbe, il s’appliquait à son œuvre isolée et toute personnelle, à la fois avec un sentiment très net de ce qu’il y avait de borné et de restreint dans le métier de la poésie (« On n’en doit espérer d’autre récompense, disait-il, que son plaisir, et un bon poète n’est pas plus utile à l’État qu’un bon joueur de quilles »), — et aussi avec la conscience de ce que valaient ses paroles et ses louanges : Ce que Malherbe écrit dure éternellement. […] … » Un point sur lequel Malherbe va insister le plus dans son éloge du Cardinal, c’est son mépris pour l’argent, son désintéressement personnel.
Ce serait une occasion heureuse de résumer et de concentrer autour d’une figure brillante tant de souvenirs personnels devenus sitôt de l’histoire215. […] Ce point obtenu, placé au cœur du mouvement politique, ami personnel de tous les hommes dirigeants, il fut longtemps avant de se décider aux fonctions officielles ; même quand il appuie et quand il conseille le pouvoir, c’est encore le rôle libre qui lui va le mieux.
Dès que l’auteur cesse de donner des motifs personnels aux actions et aux discours qu’il produit sur la scène, il sort du ton de la comédie104. […] Voyez là-dedans si j’y suis115 Le Roi de Cocagne, messieurs, prouve d’une manière éclatante qu’il serait possible d’introduire sur notre scène moderne, en évitant les indécences et les allusions personnelles, le genre d’Aristophane116.
Il faut avoir été initié, soit par la pratique personnelle, soit par la fréquentation intime des hommes d’État, aux secrets de la politique, car c’est de la politique surtout que traite l’histoire. […] M. de Talleyrand méprisait les hommes, cela peut être vrai ; il les jugeait d’après un type personnel qui n’était ni celui de la vertu publique ni celui du dévouement à un parti ; mais, tout en les méprisant, il les conseillait sagement, dans son intérêt d’abord, dans leur intérêt ensuite ; ce conseiller souple, mais sincère, n’aurait pas empêché Bonaparte d’user de sa fortune, mais il l’aurait empêché d’en abuser.
Les anciens lui avaient donné le chœur ; il le lia plus étroitement à l’action, et l’y intéressa par des sentiments plus personnels. […] Si le récit peut en être à la gloire de Racine, on me pardonnera de citer une anecdote personnelle.
Comme tous les vrais artistes, il était (et il est encore) très personnel ; il appelait un salon : mon salon, et des critiques littéraires : mes haines. […] En somme, il n’y a que des intentions de style ; le style manque, la façon personnelle de sentir, et le mot juste qui rend la sensation.
Je me sentais enlevé de mon existence personnelle, et transporté, avec une petite fièvre, dans la fiction de mon roman. […] Mercredi 8 décembre Popelin disait, ce soir, très justement d’après des remarques faites dans la société qu’on pourrait croire la plus intelligente de Paris, il disait qu’on n’estimait les gens que sur une cote officielle : les peintres, quand ils étaient décorés, les hommes de lettres, quand ils étaient académiciens, — et il ajoutait qu’il n’avait jamais trouvé chez aucune personne du monde, homme ou femme, l’intelligence ou le courage d’un jugement personnel sur une œuvre d’art.
La chose importante, c’est le point de vue personnel d’où l’on voit, l’angle sous lequel le monde visible apparaît et, il faut bien le dire, la manière selon laquelle l’invisible que chacun porte en soi se mêle au visible. […] Aussi, quand il veut transcrire un tableau de la nature, il peut choisir à son gré son centre de perspective ; il n’a pas, comme le peintre, son point de vue déterminé par la nature même des lieux, mais bien plutôt par la nature et les tendances de son esprit personnel : c’est la disposition de son œil qui fournit le plan du paysage, et il ne s’agit pas seulement de l’œil physique, mais encore et surtout de l’œil intérieur.
Et encore, les moutons, malgré leur réputation de bêtise, ont au moins le sentiment personnel de l’herbe qu’ils mangent, tandis que le raisonnement de cet auguste et tout-puissant Gœthe est le raisonnement du zéro, qui, parmi les zéros, se console de n’être pas une unité. […] Quoiqu’il s’y fût inspiré en matière d’art de Winckelmann, comme en art dramatique il s’inspira plus tard de Shakespeare, il s’y montra pourtant critique plus dextre, plus pénétrant, plus personnel qu’il ne devait jamais être, le critique littéraire, dans Gœthe, n’étant digne que de la plus profonde pitié.
Cette âme, cet Absolu, cette Réalité, qu’il les considère, suivant sa religion, comme Dieu personnel ou comme Conscience universelle, il s’efforce en tout cas, requis par l’Au-delà, de les imaginer, de les concevoir, de les appréhender derrière les formes illusoires de la nature visuelle. […] Le goût artistique, l’oreille, la sensibilité saine se constitueront en normes subtiles pour déterminer la cadence de chaque strophe et le poète « obéira au rythme personnel auquel il doit d’être65 ».
Sans doute la théorie de Schopenhauer demeure toujours vraie : c’est par l’éclectisme de l’amour que les races se maintiennent et se perfectionnent ; mais ceci est le but caché, l’individu ne le voit pas, ne veut pas le voir, c’est son bonheur personnel qu’il cherche dans la passion. […] Mais les motifs poétiques s’élèvent ici au-dessus de l’aveu personnel, et jusqu’à une généralisation de l’amour, avec toutes ses nuances : ses extases, ses dépits, ses regrets, ses amertumes et ses douleurs. […] « Si tu m’aimais, tu serais triste, comme moi je suis triste depuis que je t’aime, parce qu’on veut, on veut quelque chose, on ne sait pas ce qu’on veut. » La campagne, qu’elle sait décrire d’une façon spontanée et personnelle, lui fait songer aux Charmettes et à Mme de Warens ; les meubles de sa chambre sont « lourds et ornés comme on en voit sur la scène dans les comédies de Molière ».
Du mérite personnel d’homère Ce qu’il y a jusqu’ici de louanges dans cette dissertation, appartient personnellement à Homere, et ce qu’il y a de critique tombe presque toujours sur l’iliade même. […] Selon ces principes, voici l’idée personnelle que je me fais d’Homere. […] Les ouvrages d’Homere n’ayant point de concurrents, et renfermant en effet les premieres idées de tous les genres ; les écrivains grecs l’étudierent et se formerent sur lui ; poëtes, historiens, orateurs, tout étoit, pour ainsi dire, de son école ; et il ne faut regarder les éloges qu’ils en font, que comme une bienséance, ou comme une prévention d’éleves, qui en rendant justice au mérite personnel de leur maître commun, n’étoient pas obligés de distinguer scrupuleusement ses ouvrages d’avec lui-même.
On cause de nos revers, et Berthelot, que notre humiliation vis-à-vis de l’Europe a rendu malade et éloquent, véritablement éloquent, parle, avec une voix éteinte, de l’impéritie générale, du favoritisme, de la diminution des hommes par le pouvoir personnel. […] J’étudiais au passage Choiseul ce manège d’un assiégé devant un tout nouveau produit, dont l’usage connu, et peut-être des souvenirs personnels, l’arrêtaient dans son désir de le faire servir à sa cuisine. […] Pour moi, quant à mon goût personnel, je suis comme vous, j’aime mieux nos vieilles rues… » Quelqu’un ayant prononcé le mot de « grandes artères ». « C’est vrai, jette-t-il au divan, ce gouvernement n’avait rien fait pour la défense contre les étrangers, tout avait été fait pour la défense contre la population ! […] Moi je lui jette : « Tout très grand écrivain de tous les temps ne se reconnaît absolument qu’à cela, c’est qu’il a une langue personnelle, une langue dont chaque page, chaque ligne est signée, pour le lecteur lettré, comme si son nom était au bas de cette page, de cette ligne, et avec votre théorie vous condamnez le xixe siècle, et les siècles qui vont suivre, à n’avoir plus de grands écrivains. » Renan se dérobe, ainsi qu’il en a l’habitude dans les discussions, se rejette sur l’éloge de l’Université, qui a refait le style, qui, selon son expression, a opéré le castoiement de la langue, gâtée par la Restauration, déclarant que Chateaubriand écrit mal.
Autour d’eux brillent encore des symboles que la vie commence à déserter ; les formes du moyen âge, entamées déjà par la mort, se dressent encore à leurs côtés ; les fantômes du passé hantent encore leur imagination, leur donnent de funèbres messages, et arment leurs mains du poignard pour la vengeance personnelle, pour la politique ou la religion. […] Ces trois personnages furent pour ainsi dire l’œuvre personnelle des trois poètes qui les créèrent. […] Il m’est impossible de reconnaître en eux des types humains, ni même des types du temps présent ; je ne consentirai jamais à calomnier à ce point la nature humaine, ni même notre époque, qui n’a pas besoin qu’on la calomnie ; je ne puis voir dans les héros de Byron que des conceptions toutes personnelles, enfants d’une puissante nature devenue dépravée, mais conservant encore des restes de noblesse première et remplaçant au moins les vertus qu’elle n’a plus par la haine de la vulgarité. […] Courtisan respectueux et discret dans le domaine de l’art comme dans celui de la vie, il acceptait avec déférence toutes les traditions d’académie et d’école ; mais, ce devoir de politesse une fois rempli, il déposait paisiblement ces traditions dans les recoins les plus obscurs de son intelligence et ne demandait de leçons et de conseils qu’à son expérience et à ses souvenirs personnels. […] Nous ne songions certainement pas à cette ancienne émotion lorsque nous avons été braves, mais si forte elle avait été que notre âme en avait été ébranlée et avait, à notre insu, contracté depuis ce jour une habitude, une nouvelle manière d’être d’où a surgi, à un moment donné, ce courage que nous regardons comme notre propriété personnelle et qui appartient en réalité à quelque vieux héros ou à quelque vieux sage.
Lui, sans haine et sans ressentiment, chevaleresque au besoin quand il s’agissait d’oublier une injure personnelle, il servit les haines aveugles, les vengeances odieuses, je ne dirai pas d’une classe de citoyens, ce ne serait pas vrai, mais de la légion de ces gens de proie qui, dans toute localité et en toute circonstance, sont sur la brèche dans les mauvais jours pour dénoncer, maudire et calomnier leurs ennemis personnels ou seulement les adversaires dont ils redoutent l’influence et la moralité. […] Il veut tout devoir à sa valeur personnelle. […] — Non, non, ne craignez rien. — La chambre était au rez-de-chaussée du château et s’ouvrait sur le parc… J’y pénétrai vers minuit par une fenêtre un peu haute et d’un accès assez difficile autour de laquelle il y avait, je m’en souviens, des lianes de jasmins et de clématites qui répandaient dans la nuit une odeur exquise… Je ne sais si ce fut cette odeur un peu capiteuse ou l’impression, nouvelle pour moi, de cette chambre personnelle… mais je dois vous avouer que je me montrai cette nuit-là moins résigné que de coutume aux scrupules impitoyables qu’on m’opposait… Ce fut une scène douloureuse que je ne me rappelle pas sans honte… La pauvre femme finit par se jeter à mes genoux, les mains jointes, me suppliant d’être honnête homme, me demandant avec larmes si je n’étais pas heureux, si jamais je pouvais l’être davantage, si je pouvais l’être aux dépens de son repos, de son honneur, de sa vie même… car elle ne survivrait pas à une faute ! […] Mon œuvre fait tellement partie de mon être intérieur, elle est si véritablement le produit de mes observations, de mes réflexions, de mes impressions personnelles, que c’est véritablement une portion de moi-même que je donne au public sur la scène ; et quand j’arrive au lecteur, je lui livre le reste, le fond même de ma pensée, que les lois du théâtre ne me permettent pas toujours de dire tout entière. […] Comme cet homme, nous ne devons pas perdre de vue une seconde ce but : la reconstitution de la patrie commune et, ce qui est d’un ordre plus élevé encore, la recherche, la connaissance, la proclamation, l’application de la vérité, chacun selon nos forces et notre énergie personnelle !
Psychologiquement, c’est un de ces rêveurs personnels, toujours moroses, toujours mécontents, trop admirés, trop encensés, et qui ne savent pas en somme ce qu’ils veulent, un ambassadeur du dégoût universel dans la lune, un Alceste fouetté par l’ouragan et l’éclipsé. […] Admettre que celui-ci s’est moqué de lui, servi de lui, l’a berné, lui apparaît comme une diminution personnelle. […] C’est pourquoi le démocrate Hugo, qui détestait le neveu pour des motifs personnels ( et d’ailleurs c’est un fait que Napoléon III manquait absolument de génie), ne cessa de magnifier l’oncle. […] Quatre générations se les sont transmises, ces formules, avec une discipline et une soumission, un renoncement à la réflexion personnelle, qui n’ont peut-être jamais été égalés. […] Lorsque j’envisage la courbe ascendante, puis stationnaire, puis descendante, des traitements pastoriens, je me dis que ce grand Pasteur était le mélange d’une imagination exceptionnellement robuste et d’une aimantation personnelle infinie.
Gabriel Charmes unit ses efforts à l’intervention personnelle d’un homme éminent qui, au milieu de difficultés inouïes et malgré les attaques de nos politiciens les plus incompétents, a maintenu en Égypte, tant qu’il l’a pu, l’influence et le prestige de la France : M. le contrôleur général de Blignières. […] Ils en ont rapporté aussi des acquisitions personnelles qu’on ne peut évaluer, des notions qui sont inappréciables, et une provision de sensations qu’il faut leur envier. […] Cela ne lui a pas suffi ; elle a voulu connaître ce qui est spécial à chacun des êtres qui font partie des bandes, des hordes ou des nations installées sur les divers points de l’univers ; elle s’est inquiétée de leurs affaires personnelles, de leurs soucis et de leurs peines. […] Et puis on a persuadé à notre démocratie qu’il faut se défier du talent, que le mérite personnel est dangereux, que pour être quelque chose il est indispensable de n’être pas quelqu’un15. […] Regardez-les passer dans la rue, ils vont « à leurs affaires », uniquement occupés de leurs intérêts personnels, insoucieux d’autrui.
Amitiés, menaces, flatteries, intérêt personnel, influences d’en haut, rien n’a pu jamais agenouiller cette résolution ! […] Nos écrivains, pour la plupart, n’ont guère que leur nom de personnel, le signe particulier manque sur ces physionomies effacées et banales, et tel volume, écrit par Jacques, pourrait fort bien et sans nulle invraisemblance, je vous le jure, être revendiqué par Edmond ou Gustave. […] Ces idées, Alidor est là, qui rôde, tout prêt à les amener à lui du bout de sa plume ; et, comme il n’est pas fier, il se chargera de propager vos vues personnelles sous sa signature. […] Havin « qu’il regardait l’esprit comme une injure personnelle ». […] À vingt imitations, et je les suppose très habilement exécutées, de l’Apollon ou de la Vénus, je préfère une œuvre, fût-elle médiocre, qui témoigne d’une impression personnelle.
Plus que je n’ai maintenant d’années : quatre-vingt-dix. » La tâche d’écrire tant de notices, et puis de les lier dans la trame d’une narration personnelle, était évidemment au-dessus des forces d’un octogénaire : toutefois le cahier par lequel Bonstetten commença, le seul qu’il lui fut donné de publier, offre encore un grand intérêt.
L’ami et le correspondant auprès de qui il s’épanchait pendant sa crise morale de 1810, le baron Monnier, lui avait représenté fort sensément le vrai de sa situation, en la dégageant autant que possible des irritations toutes personnelles qui venaient s’y joindre : « … N’accusez cependant personne, lui avait-il dit, des désagréments que vous avez éprouvés : ils étaient inhérents aux circonstances de votre carrière, et il faut bien moins vous en prendre aux hommes qu’à la nature des choses.
Comme critique il s’abandonne quelquefois à une bienveillance un peu prompte ; il s’attache et prête foi aux livres un peu trop indépendamment de la connaissance personnelle des auteurs ; il est plutôt porté d’abord à surfaire, à force de se croire moindre.
Ce qu’il y a de personnel à la position du critique, dans ses doctrines, nous en indique les côtés plus infirmes.
Il est à regretter qu’il n’ait pas poussé plus loin cette espèce de composition religieuse, et que, dans les huit dernières années qui suivirent Athalie, il n’ait pas fini par jeter avec originalité quelques-uns des sentiments personnels, tendres, passionnés, fervents, que recelait son cœur.
Tout le matériel et tout le personnel des vieilles légendes subsista, dûment consacré et baptisé au nom de Jésus-Christ : le pays des morts fut le purgatoire de saint Patrice ; mais l’esprit chrétien ne pénétra pas profondément : tout ce monde merveilleux garda l’intégrité de son âme celtique.
Cependant la réflexion de Musset attachée sur les états de sensibilité dont il avait fait l’épreuve, sur ceux auxquels la pratique ou la poursuite de l’amour donne lieu, en a dégagé certaines idées générales, qui constituent, comme nous avons vu, sa philosophie personnelle : et ces idées transparaissent surtout dans son théâtre.
Je suis plus à l’aise pour rappeler ici (car les lecteurs de la Revue ont été les premiers à en savourer le régal) le charme de cordialité, de bonhomie, de franchise et de gaieté des Souvenirs personnels : savez-vous bien que M.
— Encore de la critique personnelle !
» Il résulte que le commerçant hérite, ou touche, en plus de son mérite personnel, sur la valeur intrinsèque et publique de l’écrit : car c’est, autant que la sublimité, l’admiration accumulée par les lecteurs qui gonfle un grand nom.
Ce fut son ouvrage personnel, et, bien loin d’y être aidé par son temps, s’il n’eût pensé qu’au succès, peut-être ne l’eût-il pas entrepris.
Cela est possible, mais cela est difficile, parce que nous avons à vaincre une foule d’associations d’idées, qui sont le fruit d’une longue expérience personnelle et de l’expérience plus longue encore de la race.
Une agitation sans principe et sans loi, un combat d’ambitions rivales, un vaste théâtre de cabales, de luttes toutes personnelles.
X***, en dehors de toute considération personnelle, voici mon syllogisme.
De siècle en siècle, les valets et les servantes, tout comme les femmes, s’élèvent vers un état de mieux-être ; ils conquièrent peu à peu le droit d’avoir une existence personnelle ; ils arrivent à faire respecter en eux la dignité humaine.
Qu'on se rappelle quelles étoient les vertus Païennes ; qu'on pese celles des plus grands Philosophes, & l'on conviendra que, malgré la continuelle application de quelques-uns à connoître le bien & à le pratiquer, ces vertus n'étoient que des vices déguisés, ou, tout au plus, des passions modifiées par un intérêt personnel assujetti à la décence, ou ennoblies par l'amour de la gloire & de la célébrité.
C’est alors qu’on vit le système politique de l’Europe bouleversé, les anciennes alliances de la France interverties, et toute une série de grands événements s’engageant à la merci des inclinations, des antipathies et du bon sens trop fragile et trop personnel d’une aimable femme.
Ceux pourtant qui continuent d’aimer les phrases, les belles pensées détachées, les fragments spécieux de théorie, les prédictions inutiles et frappantes, les fantaisies poétiques dont on peut faire collection, trouveront amplement encore, en le lisant, de quoi se satisfaire ; mais les esprits qui demandent de la suite, de la raison, un but, quelque conséquence dans les actes et dans la conduite, savent désormais à quoi s’en tenir sur la valeur de l’écrivain éminent qui, avec de si hautes parties, n’a été en politique qu’un grand polémiste toujours personnel, et un agent lumineux de dissolution.
Il triomphe de ses mécontentements et de ses rancunes personnelles dans le jugement qu’il fait des hommes.
Elles arriveraient à la maturité peut-être, et là, se surmontant à force de travail par des motifs d’intérêt personnel plus puissants et mieux compris, elles deviendraient utilement applicables à la société, qu’elles bouleversent autrement, qu’elles ravagent et qu’elles déshonorent.
Dimanche 2 mars La timidité, cette paralysie de ma valeur personnelle en société, pendant toute ma jeunesse et ma maturité, cet état nerveux, où en présence de deux ou trois imbéciles inconnus, j’éprouvais comme un nœud de l’aiguillette de l’esprit, il me semble que je m’en suis débarrassé à l’heure présente, mais il n’y a pas bien longtemps.
Il est très-vrai sans doute que la démocratie, en détruisant les pouvoirs moyens, les privilèges locaux, les corporations, les titres personnels, a laissé l’individu seul et désarmé en face de l’État ; mais en même temps qu’elle le prive des points d’appui, des forces artificielles de l’ancien régime, elle le protège à son tour par des libertés générales, qui, à la vérité, ne s’appliquent pas à tel individu en particulier, mais à tous.
Enfin, le souverain du xixe siècle se distingue de ses devanciers par l’absence de tout égoïsme et de toute préoccupation personnelle.
Très souvent, et le plus souvent, il interrompt son récit, même commencé, il interrompt son conte par des réflexions personnelles.
» L’enfant se porte sur le seuil de tous les paradis qu’il n’a pas encore connus et veut les protéger, sans une seule pensée personnelle.
Sans donner notre acquiescement à cet amour commun et puéril de l’antithèse, il nous faut commencer par l’examen de ces deux maîtres français, puisque autour d’eux, au-dessous d’eux, se sont groupées et échelonnées presque toutes les individualités qui composent notre personnel artistique.
La Solidarité des Élites…, formule barbare, dira-t-on, tentative néfaste d’unifier ce qui est, par nature, individuel, dissemblable, invinciblement personnel.
Compléter un souvenir par des détails plus personnels ne consiste pas du tout à juxtaposer mécaniquement des souvenirs à ce souvenir, mais à se transporter sur un plan de conscience plus étendu, à s’éloigner de l’action dans la direction du rêve.
Les six premiers livres des « Confessions » Au risque d’être encore accusé de critique impressionniste, personnelle, subjective, je dois vous faire un aveu. […] Ici, le gouverneur enseigne enfin, il n’y a pas à dire… Jamais Émile, livré à la seule nature, n’aurait trouvé de lui-même une si belle démonstration d’un Dieu personnel, de l’immortalité de l’âme et de la vie future. […] Ce n’est que par là, je crois, qu’on peut « insérer », comme je disais, le Contrat social dans la vie personnelle et intime de Jean-Jacques : Jean-Jacques veut démocratiser Genève par rancune des sentiments trop tièdes du gouvernement genevois à son égard. — Il n’est pas impossible.
Ne retrouve-t-on pas, exprimés dans les légendes des vieux peuples, tout leur caractère personnel, toutes leurs aspirations confuses, en même temps que celles de l’humanité entière ? […] Tous ces objets, qui ont pour ainsi dire traversé son cerveau, doivent porter l’empreinte de sa pensée personnelle, et c’est de cette empreinte même (n’en déplaise aux naturalistes) que les objets tirent leur plus grande valeur. Les savants calculent une fois pour toutes leur « équation personnelle », puis tâchent de l’effacer désormais de leurs calculs ; la poésie doit sans doute, comme la science, reproduire le monde, mais elle doit aussi reproduire l’âme humaine tout entière, et en particulier l’âme du poète ; chez l’artiste, c’est « l’équation personnelle » qui fait le génie, c’est elle qui donne à l’œuvre son prix éternel. […] Si l’on demande à la rime de jouer un rôle plus important, ce peut être une question de préférence personnelle, mais la rime « opulente » n’a pas beaucoup plus d’importance dans une théorie scientifique du vers français que la rime annexée, batelée, etc., du quatorzième et du quinzième siècle. […] « Si on peut en croire une expérience personnelle, ce n’est pas la première chute d’eau qui charme le plus.
Et cependant, prenez, dans le tas de ces deux humanités, un échantillon de chacune, l’intelligence personnelle sera presque toujours du côté du Latin, de l’Italien par exemple. […] Elle reste en ce jardin, presque nue, par le froid de la soirée qui nous gèle tous, dégageant autour d’elle la froideur d’un marbre, et manquant de l’éducation, de l’amabilité, de l’acquit, du tact, sans la douceur du charme, sans la caresse de la politesse, sans le liant de la femme, sans même l’excitant de la fille, et sotte tout le temps, — mais jamais bête, et vous surprenant, à tout moment, par quelque réflexion empruntée à la vie pratique ou au secret des affaires, par des idées personnelles, par des axiomes qui semblent l’expérience de la Fortune, par une originalité sèche et antipathique qu’elle paraît tirer de sa religion, de sa race, des hauts et des bas prodigieux de son existence, des contrastes de son destin d’aventurière de l’amour.
« Vous n’avez eu de plus chère ambition que de savoir et de voir ; vous n’avez connu de plus exquises jouissances que celles des idées, des lignes et des couleurs ; et les sensations que vous avez aimées, vous les avez voulu rendre avec l’effort de signes nouveaux, et le frémissement de notations personnelles. […] Dans cette suite de travaux, se faisait la fusion, l’amalgame de nos deux styles, qui s’unissaient dans la facture d’un seul style, bien personnel, bien Goncourt… Dans cette concurrence fraternelle à bien écrire, il était arrivé que mon frère et moi, avions cherché à nous débarrasser de ce que nous devions à nos aînés : mon frère à rejeter le papillotage du style de Janin, moi la matérialité du style de Gautier.
Une nuit de souvenirs V Il y a peu de jours qu’un de ces dénigreurs acharnés du temps présent, qui croient constater leur supériorité personnelle par un superbe mépris de leur siècle, vint passer la soirée au coin de mon feu. […] Madame la duchesse de Broglie jetait encore sur tout ce bonheur de situation et sur tout ce mérite personnel le prestige du plus grand nom littéraire du siècle.
Mais l’unique problème est d’examiner quels progrès de la morale ont ou n’ont pas suivi ces progrès de la science ; et, — pour terminer par une observation personnelle, — ce problème, il me semble que je ne l’ai pas si mal résolu. […] S’ils ne se sont point illustrés par des découvertes personnelles et proprement « scientifiques », c’est eux qui ont assuré, dans le temps où nous sommes, la domination de la « science » sur les esprits.
Ces grands coups d’épée, ces braves Maures si lestement battus par une poignée d’hommes ; ces duels, ces jugements de Dieu, ces belles assises de la justice royale, cet appareil éclatant de vie guerrière et galante, cette image d’une société reposant sur la foi jurée et sur la fidélité personnelle, d’une société de grands enfants très bons et très forts, — tout cela délecte et repose un moment nos âmes de citoyens émancipés par la Révolution et régis par des Constitutions fondées essentiellement sur la défiance. […] Ils n’impliquent aucune préoccupation de l’intérêt public, et le vizir ne compte, pour les réaliser, que sur l’intérêt personnel et immédiat de ceux qu’il y associe. […] Et vous le pourrez encore moins si votre première aventure a été tragique, si vous avez aimé une femme mariée, si vous avez eu d’elle un enfant que vous faites élever secrètement ; car tout cela suppose des angoisses, des douleurs, et finalement une expérience cruelle qui a dû entamer quelque peu votre jeunesse de cœur et votre puissance d’aimer. — D’autre part, si vous avez un frère dont les désordres ont ruiné votre mère ; si ce frère recommence ses folies et fait un nouveau million de dettes, vous pouvez être un assez bon cœur, mais vous n’irez peut-être pas jusqu’à lui sacrifier votre fortune personnelle. […] En résumé, nous retrouvons autour de nous tout le personnel de Murger. […] Les Mystères établissent le dogme de la responsabilité personnelle.
Je ne crois pas qu’on puisse lire sans émotion, sans se reporter à des douleurs personnelles les lignes qui précèdent et qui donnent une impression juste du mérite général de l’œuvre. […] Le Gaga, paru chez Dentu, est un roman d’observation dure ; un sénateur gâteux et sadique, un ami immonde, une femme qui pousse le dévouement jusqu’à s’exagérer par des actes insensés empruntés aux filles, les moyens de retenir son mari dans son alcôve, voilà en deux mots le personnel du roman. […] Les guides des musées ont grand soin, quand ils vous montrent un tableau, de dire d’abord que c’est un chef-d’œuvre et, devinant votre indifférence pour leur goût personnel, s’empressent de surexciter l’attention par un détail, une légende. […] Bentzon est trop connu par ses œuvres personnelles et ses très remarquables traductions pour que nous ayons à le recommander autrement qu’en lui laissant la parole. […] … — Tout retourne aux éléments… Comment croire à ce miracle de la résurrection personnelle !
— n’ayant le droit d’engager que son appréciation personnelle ; il devrait se garder de dire à des gens qui, généralement, savent mieux que lui le métier qu’il exercent : — Voici la scène à faire, la page à écrire ! […] — Qu’importe si je l’y mène à ma façon ; oui, je refais ce qui a été fait, mais avec mes observations personnelles et sans me préoccuper des autres ! […] * * * Un mot personnel, avant de finir avec M. […] Ajoutez-y la puissance de récit, de description, de relief, personnelle à M. […] Ceci n’est qu’une opinion personnelle, et je reviens à Hector Malot.
D’abord, au point de vue du fond… J’ai vainement cherché dans les Chants du paysan, une pièce d’inspiration personnelle, c’est-à-dire qui ne fût pas empruntée à cet amas de lieux communs où puisent la plupart des poètes, une pièce qui portât en elle la signature de Déroulède, qui ne pût être écrite que par lui. […] … Et quelles que soient vos préférences et vos aspirations personnelles, vous êtes ébloui par la puissance de cet artiste, qui d’un coup de plume évoque à vos yeux les tableaux, tour à tour gracieux et sublimes, de la nature, de la religion et de l’histoire… Il est, dans cet ouvrage, une pièce qui permet de noter très exactement les procédés de composition et de développement d’Hugo et de saisir, pour ainsi dire, sur le fait les secrets de son métier. […] Il altérait les caractères, selon les exigences du récit ; — mais si grande était sa force de persuasion qu’il imposait au public ses conceptions personnelles. […] Masson-Forestier s’est imposé à l’attention publique par ses qualités personnelles. […] Nous croyons le voir, nous le voyons avec son petit front arrondi et dur, ses gestes imperturbables, son grand nez en bec d’oiseau, fantoche inconscient et non dénué de majesté : Il était de ceux qui sont incapables de concevoir et de se figurer une âme différente de ce qui leur sert d’âme, ni une autre vie que la leur, ni la possibilité même d’un autre état social que celui dont ils ont profité et qui s’est trouvé, par le hasard de leur naissance, exactement adapté à leur intérêt personnel.
Je dis avec prudence : ce n’est pas qu’il y eût eu un danger personnel à pousser mes investigations fort avant dans le Maroc, mais la moindre petite inconséquence pouvait amener une collision entre nous et les agents d’Abd-el-Kader, que nous avions en avant et en arrière, chose qui aurait mis à l’aise la diplomatie de M. le général de La Rue… » Le général de La Rue avait été, on se le rappelle, chargé d’une mission auprès de l’empereur du Maroc.
L’homme d’esprit en lui, le philosophe avait parfois quelque remords de son bonheur qui lui ôtait de la curiosité : « Ma vie est heureuse, écrivait-il pour lui seul (26 février 1825), heureuse, mais uniforme ; je n’ai presque aucun désir qui me soit personnel ; j’ai aussi peu de craintes, sauf celles qui se rapportent aux destinées du genre humain.
Et encore peut-on dire aujourd’hui qu’Insidieux est entré dans la langue littéraire plutôt qu’il n’est passé dans l’usage courant : c’est qu’il est de sa nature un mot savant, dont le sens, dans toute sa force et sa beauté, n’est bien saisi que des latinistes, et qu’il n’a trouvé dans notre langue aucun mot déjà établi, approchant et de sa famille, pour « lui frayer le chemin. » Toutes ces circonstances propres et comme personnelles à chaque mot sont démêlées à merveille par Vaugelas.
Louis Langlois, qui se plaisait à traduire en vers les élégiaques latins, est également parti de ce même goût personnel pour léguer à l’Académie une rente de 1,500 francs destinée à l’auteur de la meilleure traduction en vers ou en prose d’un ouvrage grec, ou latin, ou étranger.
Ils déchaînaient la guerre sur l’Italie pour leurs fins personnelles, et sans autre souci de ce qu’il en adviendrait à la barque de saint Pierre.
On comprendra, d’après de telles circonstances, comment celui des philosophes du siècle qui sentit et pratiqua le mieux la moralité de la famille, qui cultiva le plus pieusement les relations de père, de fils, de frère, eut en même temps une si fragile idée de la sainteté du mariage, qui est pourtant le nœud de tout le reste ; on saisira aisément sous quelle inspiration personnelle il fit dire à l’O-taïtien dans le Supplément au Voyage de Bougainville : « Rien te paraît-il plus insensé qu’un précepte qui proscrit le changement qui est en nous, qui commande une constance qui n’y peut être, et qui viole la liberté du mâle et de la femelle en les enchaînant pour jamais l’un à l’autre ; qu’une fidélité qui borne la plus capricieuse des jouissances à un même individu ; qu’un serment d’immutabilité de deux êtres de chair à la face d’un ciel qui n’est pas un instant le même, sous des antres qui menacent ruine, au bas d’une roche qui tombe en poudre, au pied d’un arbre qui se gerce, sur une pierre qui s’ébranle ?
Et puis le piquant de certains portraits tout personnels avait disparu.
. — Mais, dans les deux cas, ce qui apparaît est attendu, voulu, ou du moins compris dans le cercle lâche des images attendues et voulues, puis tout de suite employé, mis à profit par la main qui écrit et note, partant suivi à l’instant de sensations répressives, en tout cas marqué dès sa naissance d’un caractère particulier qui est la propriété d’éclore par un effort personnel, dans une direction prévue, après une recherche préalable, comme un effet du dedans et non comme une impression du dehors ; de sorte que, après un éclair et un éblouissement, les sensations habituelles, tactiles, musculaires ou visuelles, peuvent sans difficulté reprendre leur ascendant normal, et, jointes à la file des souvenirs positifs, refouler le fantôme affaibli dans le monde imaginaire. — Une suite d’hallucinations très courtes qui, étant voulues, peuvent être et sont effectivement rompues et niées à chaque instant par la perception plus ou moins vague du monde réel, voilà la vision pittoresque ou poétique, très différente, comme le dit M.
Est-ce ainsi qu’il est devenu droit, qu’il est devenu devoir, et qu’il a pu appeler Dieu et les hommes à le protéger, à le défendre, à le venger contre les atteintes que l’égoïsme individuel, la révolte des intérêts particuliers, l’injustice personnelle, l’ambition, l’usurpation, la ruse, la violence, l’impiété des conquérants, la spoliation du plus fort, la tyrannie du plus scélérat peuvent lui porter tous les jours ?
Sa protestation inopportune, solitaire et sans écho, était sans danger, mais non sans dignité personnelle.
Il prit ces vociférations pour une menace personnelle ; et sortit en sursaut de sa demeure.
Au contraire, qu’est-ce que le vers dans une Fable, ou dans un poème didactique, genre dont Boileau n’a pas parlé non plus, malgré les raisons personnelles qu’il eût pu avoir de le faire ?
Même alors, c’est du Thomas, et non pas du Corneille : l’intuition personnelle de la vie morale n’anime pas la conception cornélienne de la volonté ; Essex, malgré quelques beaux cris d’une âme fière, fait l’effet d’un mannequin bien creux, je ne dis pas à côté de Nicomède, mais seulement en face de Suréna.
Un autre effet de la curiosité et du doute, c’est de donner une importance excessive à ce qu’il y a de personnel en chacun de nous.
Le caractère personnel de Balzac ne démentit pas ses principes.
Il est vrai que pour aucun des admirateurs des anciens la querelle n’était plus personnelle.
Quant aux devoirs sociaux particuliers, il est aisé d’en comprendre le mécanisme, une société industrielle exigera surtout, avec les réserves indiquées déjà, de la probité, de la régularité, le sens de la justice l’exactitude à remplir les engagements pris ; une civilisation guerrière imposera des devoirs de solidarité militaire et d’exacte subordination, de courage, de fidélité personnelle, etc.
J’ai eu d’ardents adversaires, je n’ai pas eu un ennemi personnel.
Le personnel comprenait, en 1876, chanteurs et chanteuses, 57 choristes, 6 répétiteurs et le chef d’orchestre, et 315 instrumentistes.
Peintre excellent de sensations vivantes et personnelles, M.
Il lui a fallu une rare valeur personnelle pour y suppléer plus tard, comme il fit, par le sentiment.
Il est temps que cela finisse. » En effet, il répétait souvent en 91 et en 92 : « Je ne croirai pas à la Révolution tant que je verrai ces carrosses et ces cabriolets écraser les passants. » Il y a bien de ces ressentiments personnels sous les grandes théories politiques.
4 novembre Il y a longtemps que nous avons l’idée de faire un journal à nous deux : des Semaines critiques plus renseignées que celles du Directoire ; un Tableau de Paris de Mercier, où nous mêlerions un peu de l’indignation d’un père Duchêne à notre vision personnelle.
* * * Créer un être comme celui-ci, si intelligent, si personnel, si original, et le briser à trente-neuf ans !
Sans doute, quelle que soit la métaphore, son âge ou son habitat, elle a toujours été une création personnelle ; ni les mots ni les idées ne peuvent être sérieusement considérés comme le produit naturel de cet être mythique qu’on appelle le Peuple.
Voilà comment il se fait que, en sociologie comme en histoire, les mêmes événements sont qualifiés, suivant les sentiments personnels du savant, de salutaires ou de désastreux.
L’homme de réflexion n’est vraiment maître de sa réflexion que lorsqu’il n’a pas besoin pour réfléchir d’imaginer un ami ou un auditoire ; la conscience morale n’est en pleine possession d’elle-même que lorsqu’elle se voit telle qu’elle est réellement, personnelle, rationnelle et discursive.
à l’influence de la royauté personnelle et à cet optimisme béat, d’un éternel sourire, que nous connaissons, et que le grand Moqueur des cieux grave parfois à la lèvre des partis qui ne croient pas à leur défaite.
Michelet, qui ne croyait pas aux prophètes comme nous les entendons, nous qui voyons un Dieu personnel derrière eux ; Michelet, le pur rationaliste, a eu l’impertinence de prophétiser comme un Mystique.
Question personnelle posée par respect pour un tel homme, mais dominée par une question plus vaste : la question de tout le parti catholique lui-même.
Que d’ailleurs ces 13 200 livres — car les érudits ici donnent la bride à leurs hypothèses — représentent les économies personnelles de Molière, de Madeleine Béjart, on de la troupe, la question serait difficile à résoudre ; elle est déjà délicate à poser. […] Évidemment, ce ne sont pas là les preuves d’une faveur personnelle de Molière auprès de Louis XIV, et telle anecdote qui continue de traîner dans les biographies du poète ne sera pas pour démentir les faits et suspendre la conclusion. […] De nos jours même, l’espèce n’en est pas rare, et vous en connaissez plus de vingt qui le discutent comme ils feraient un contemporain, avec le même entrain d’animosité personnelle : c’est la preuve, n’en doutez pas, qu’il est vivant toujours et bien vivant. […] En attendant, c’est l’humeur, c’est le goût de chacun, ce sont nos sympathies personnelles qui décident et qui peuvent seules décider. […] L’erreur des juges de Toulouse leur était personnelle, et Voltaire se fût soucié médiocrement des Calas ou des Sirven s’il n’avait pas discerné d’abord le moyen de s’armer de leur condamnation contre tout ce qu’il détestait.
On me pardonnera de mêler à ces notes décousues et tremblantes des souvenirs tout personnels. […] Avec Suzanne, plus encore qu’avec Les Morticoles et Le Voyage de Shakespeare, il s’est complètement débarrassé de ce qui, dans ses autres œuvres, parmi des beautés de premier ordre et des inventions personnelles, subsistait des lectures de sa première jeunesse. […] Et je leur suis infiniment reconnaissant à ces trois œuvres, non seulement de leurs beautés personnelles et si différentes, mais encore de m’avoir fait revivre d’une vie, hélas ! […] as-tu des titres qui te soient vraiment personnels, et qui ne tiennent pas à la fonction que tu occupes… ah ! […] — Comment en aurais-je d’autres, et comment pourraient-ils m’être personnels, puisque je n’ai de raison d’être que par le ministre que je suis… et qui les contient tous, d’ailleurs ?
Les Annales quasi officielles, rédigées peu de temps après, sans doute sous les yeux de Charles, terminent ainsi le récit du triste épisode : « Le souvenir de cette blessure effaça presque entièrement, dans le cœur du roi, la satisfaction des succès qu’il avait obtenus en Espagne. » On peut croire que cette phrase fut dictée à l’annaliste par le roi lui-même : elle tranche, par sa note intime et personnelle, avec la sécheresse habituelle des Annales ; et quel autre que Charles aurait pu révéler ainsi les sentiments de son grand cœur ? […] Et ce qu’ils ont ajouté d’exact, ils ont pu le devoir, non à une vue personnelle des lieux, mais aux récits de quelque pèlerin revenu de Cornpostelle. […] Le rédacteur du faux Turpin, qui avait, lui, du pays une connaissance personnelle, a corrigé la faute, assez peu heureusement, en racontant que Dieu arrêta le soleil pendant trois jours ! […] Goethe avait voulu faire un Ahasvérus, et il avait conçu le sujet avec une originalité profonde, en donnant au cordonnier de Jérusalem un caractère très particulier, mélange de bon sens, d’étroitesse d’esprit et d’ironie, qui lui aurait permis d’avoir une attitude personnelle en face de l’humanité qui s’écoule devant lui. […] On y trouve cependant quelques souvenirs personnels assez intéressants, comme le récit de la visite de l’auteur, tout jeune encore, aux îles Lipari.
. — Ainsi chaque nerf d’espèce distincte a son mode d’action personnel et distinct. […] Peu importe que cet ordre soit, comme chez l’homme, l’effet d’un apprentissage personnel, ou, comme chez l’animal, le jeu d’un mécanisme héréditaire ; il est toujours un ordre de représentations, c’est-à-dire d’images groupées ; partant, si les images sont détruites, il est détruit.
Cependant les Précieuses ridicules, pièce satirique et personnelle, peignent des vices de salons propres à la nation française. […] XXI Bien qu’il eût un revenu de trente mille livres de rente, il n’avait pour son service personnel qu’une servante, pleine de bon sens et dont il interrogeait l’instinct avant de donner ses pièces.
Samedi 4 juillet Un blagueur de toute croyance, de toute conviction, de tout dévouement, et apportant dans son irrespect une ironie du ruisseau, l’ironie toute personnelle à la race parisienne, à l’homme né à Paris, ce blagueur, pendant que je le voyais dire ses voyouteries, me faisait revenir sous les yeux, la belle composition de Prud’hon, qui représente Cérès dans la recherche de sa fille, changeant en lézard, le jeune Stellion se moquant de l’avidité de la faim de la déesse, en train de courir la Terre et les Enfers : — car c’était curieux, il y avait dans la bouche du blagueur, la même déformation que montre celle de Stellion, dans l’estampe de Copia. […] Et après le départ de Céard, je ne pouvais m’empêcher d’avouer l’espèce d’humiliation, de tristesse que j’avais ressentie de notre infériorité en ces questions, nous qui, à propos de toutes autres choses, trouvons des idées personnelles, des dires originaux.
. — Mais ce qui est vrai aussi, c’est que, s’il était possible de considérer gravement ces amusettes, on verrait que le fond de Timocrate — et de tout ce théâtre — c’est l’exaltation de la fantaisie personnelle par opposition à la morale commune. […] Cléopâtre dans Rodogune, Phocas dans Héraclius sont bien d’abominables criminels ; mais ils sont sans nuances, mais leurs actes même sont commandés par la nécessité d’amener telle situation dramatique ; et enfin leur scélératesse est comme en dehors du champ de notre expérience personnelle. […] Des sept personnes (en comptant Nicolas Cornet) dont Bossuet a fait l’oraison funèbre, elle est la seule pour qui il ait eu une affection personnelle et vive, et l’on peut dire de la tendresse. […] Ses desseins sont bien ceux d’un vizir expérimenté et du ministre d’un despote soupçonneux et jaloux : ils n’impliquent aucune préoccupation de l’intérêt public, et le vizir ne compte, pour les réaliser, que sur l’intérêt personnel et immédiat de ceux qu’il y associe. […] Et sans doute je me contente d’exprimer ici des prédilections personnelles, et l’on peut me dire que ce n’est plus de la critique ; comme s’il n’y avait pas toujours, au fond et à l’origine de la critique, l’émotion involontaire de notre sensibilité en présence d’une œuvre, et cette simple et irréductible déclaration : « j’aime » ou « je n’aime pas ».
Candide et Pangloss ont prononcé sur cette question, et j’avoue qu’après ces maîtres-là je suis tenu d’être fort réservé et de savoir faire le sacrifice de mes opinions personnelles. […] Dévouement égoïste, certes, car c’était autant sa réputation personnelle, sa dignité à elle qu’elle défendait solidairement avec celles de sa fille. […] L’avoué ne me remarqua pas, mais dut, en rentrant à son cabinet, trouver que le personnel de son étude était bien zélé. […] Quand je rapproche de cette première victoire les 7 439 216 suffrages sur 8 080 053 qui ratifiant le coup d’État du 2 Décembre 1851, lui déléguèrent le droit appartenant au peuple, au vrai souverain de donner une Constitution à la France ; quand je me rappelle cette entrée splendide à Bordeaux, en octobre 1852, au terme du voyage triomphal où fut fait l’Empire, consacré quelques mois après par un nouveau plébiscite réunissant 7 824 189 suffrages sur 8 077 334, je me figure que l’empereur Napoléon, dès avant son avènement au trône, avait épuisé toutes les jouissances personnelles dont l’exercice du pouvoir suprême peut être la source et les satisfactions d’une immense, d’une incomparable popularité !
Il ne le dit point avec orgueil, mais il le dit avec humilité, plutôt encore avec résignation, puis avec une sorte de gaieté. « Encore de la critique personnelle ! […] Mais cette voix, qu’il respecte, — qu’il a toujours respectée en effet, — et qui lui reproche assidûment sa « critique personnelle », c’est la voix de Brunetière. […] Depuis quelque temps, il ne peut plus écrire une page sans marquer son dédain et son antipathie pour ce qu’il appelle la littérature et la critique personnelles… Au fait, est-ce que ce ne serait pas de la littérature personnelle, l’expression si fréquente et si véhémente de cette antipathie ? […] Mais alors, Lemaître avait raison : Lemaître qui affirmait que la critique est, et ne peut être, que personnelle ; nous donnons gain de cause à Brunetière, pour avoir été « personnel » autant que son émule ?
S’il n’avait pas eu ce goût d’instinct pour le théâtre et ses jeux les plus divers, depuis la comédie anecdotique d’Andrieux jusqu’aux Burgraves, depuis les drames chrétiens de Hrotsvitha jusqu’aux marionnettes, on aurait droit d’être sévère sur sa qualité d’érudit ; on pourrait le définir le contraire d’un Letronne ou d’un Fauriel, et soutenir sans trop d’injustice qu’il n’y apportait aucune initiative personnelle.
Dans son poëme du Bourg, les deux portraits du ministre (vicar) et du vicaire ou second (curate) sont des morceaux achevés de précision, de grâce malicieuse, de relief personnel et domestique.
Ainsi rompu à tous les exercices d’intelligence et se jouant sous des contentions de divers genres, on le voit aujourd’hui à la Chambre des Pairs, au Conseil d’État, au Conseil de l’Université, dans l’administration du personnel qui lui est confié, à l’Academie enfin, être actif et suffire à tout, sans perdre une pointe de son agrément ni la moindre fraîcheur de sa littérature.
Une lettre de février 93, écrite par elle de Leipsick à Bernardin de Saint-Pierre199, prouve seulement que de grandes douleurs personnelles, la mort d’un père, quelque secret déchirement d’une autre nature peut-être, le climat aussi de Livonie, avaient, durant les quatorze derniers mois, porté dans cette organisation nerveuse un ébranlement dont elle commençait enfin à revenir : « La fièvre qui brûlait mon sang, dit-elle, a disparu ; mon cerveau n’est plus affecté comme il l’était autrefois, et l’espérance et la nature descendent derechef sur mon âme soulevée par d’amers chagrins et de terribles orages.
Parmi le petit nombre d’articles qu’il inséra vers cette époque au Globe, le morceau sur Benjamin Constant est bien propre à faire apprécier l’étendue de ses idées politiques et la mesure de son indépendance personnelle.
Maintenant l’Angleterre, par la protection habile et personnelle qu’elle prête à la maison de Savoie pour la flatter d’une monarchie piémontaise universelle en Italie, l’Angleterre va prendre en Italie, pour la première fois depuis que le monde existe, la position qu’elle avait prise en Espagne contre les Français.
XXIX Ces répugnances que nous éprouvons pour cette transformation de la lyre divine en fouet sanglant est peut-être un tort de notre goût personnel ; nous regrettons que des Virgiles et des Pindares daignent rivaliser avec des Juvénals et des Gilberts, qui ne sont pas dignes de toucher à leurs ailes, et qui rasent la terre au lieu de se perdre dans le firmament.
Mais on ne le rencontre guère à la cour que fréquentait le Théophraste français ; on y est occupé d’intérêts plus terrestres et plus personnels.
« Agréez, Monseigneur, l’hommage de mes plus sensibles et respectueux sentiments, « Montmorency-Laval. » VIII L’amitié personnelle éclate partout dans ces témoignages.
Quelques-uns suspectaient bien un peu la fidélité littéraire de M. de Surville, et croyaient qu’il voulait dérober au quinzième siècle sa naïveté originale pour s’en parer lui-même, sous le nom de cette femme éminente qui avait alors illustré sa maison ; mais cette naïveté même répondait victorieusement à ces soupçons, car M. de Surville écrivait lui-même des poésies personnelles empreintes d’un tout autre caractère.
J’admettrai que Boileau a forcé la note, et que nous avons aujourd’hui un plus juste sentiment de la dignité personnelle.
C’est qu’il offre à ses dévots des œuvres parfaites, où les gens du métier trouvent un plaisir sans mélange : presque jamais un sentiment personnel au poète n’y éclate dont la sincérité, l’originalité ou l’expression puisse être contestée, qui semble, suivant les jours, insuffisant ou démesuré, ni qui détourne l’attention des mystères savants de la forme.
Dans ce volume se trouvent rassemblés divers Souvenirs personnels épars dans les dix volumes d’écrits du maître (Fritzsch, éditeur, Leipzig) : 1.
Dans une prochaine lettre je vous enverrai des détails sur notre école Wagnérienne russe, et notamment sur Séroff c, critique de génie et compositeur remarquable, qui fut l’ami personnel de Wagner, et qui a le premier tenté chez nous d’introduire la musique wagnérienne.
La construction même du théâtre, faite dans l’année 1873, n’avait pu être achevée que lorsque Wagner avait réuni l’argent nécessaire, par des efforts personnels, à Berlin, Hambourg et Cologne.
Jullien déclare qu’il veut « raconter la vie de Wagner, juger ses actes et ses œuvres … » Ainsi ce livre, qui eût pu être un précieux et unique recueil de documents, devient un exposé d’opinions personnelles.
Ajoutez à ces deux figures des marquises de louage, des vicomtesses d’occasion, des femmes séparées, chassées, déclassées, des maris qui brillent par leur absence, et vous aurez le personnel de cette troupe de Roman comique conjugal.
L’homme éprouve une très grande jouissance à déformer son langage, c’est-à-dire à prendre de son langage une possession toujours plus intime et toujours plus personnelle .
Un génie médiocre, formé sur leurs exemples, peut tenir lieu du génie excellent qu’ils ont eu sans autre secours ; et enfin la perfection des ouvrages pourroit être de notre côté, que l’avantage du mérite personnel seroit encore du leur.
Ce sont bien des lettres tout à fait domestiques, personnelles.
En effet, à part les principes qu’il n’a point et en restant dans l’ordre abaissé des impressions personnelles, Villemain ne sait résoudre aucune des questions de critique qui se rencontrent sur son passage, et même sur celles-là qu’une érudition plus forte que la sienne a le plus discutées, l’existence d’Homère, par exemple, la moralité de Sapho, l’authenticité des Orphées, etc., etc., la décision de Villemain ne dépasse pas le doute, et il rappelle à l’esprit le mot de Goethe, que nous ne nous lasserons jamais de citer à ces sceptiques, qui devraient être les trappistes de la pensée, car qui doute n’a pas le droit d’enseigner et même de parler : « J’ai bien assez d’opinions douteuses en moi sans que vous y ajoutiez encore !
Or, nous voilà revenant toujours à la difficulté d’une philosophie de l’histoire qui ne peut jamais être, qu’on le sache bien, que l’action du Dieu personnel et de la liberté de l’homme, et dans laquelle difficulté un talent, somptueux par la forme, et un sujet, d’une grandeur immense, viennent tous les deux de se prendre et de s’étrangler.
Émile Zola I17 Est-ce là un roman personnel ?
Un grand signe pour cette pièce, ce sont les infinies causeries et discussions qu’elle a tout de suite soulevées autour d’elle : on en peut parler des heures sans tarir, tant le fond en est riche et tant l’exécution en est personnelle. […] Et il n’a pas même de haines personnelles, ni ce sentiment perverti du devoir, cet attachement cruel à une consigne qu’on a vu chez des sbires très féroces, chez Laffemas ou chez Laubardemont. […] Tu ne reçois du spectacle de la vie et de tout l’univers sensible aucune impression directe et personnelle. […] Celui qui aura trouvé, pour rendre les souples discours de Titus ou d’Ulysse, des intonations expressives et simples et, çà et là, un accent personnel aura des chances de traduire sans banalité, avec puissance et sobriété à la fois, la folie d’Oreste ou de Macbeth. […] La poésie personnelle, celle qui est « un cri du cœur », est chose méprisable et indécente.
Enfin, j’oserais presque dire qu’il a été, par la forme, le plus pur, le plus précis, le plus « classique » de nos poètes avant ceux du xviie siècle, et par le fond, le plus « personnel », — que dis-je ? […] Ou bien vous verrez d’Olonne et ses amis menant souper leurs femmes dans une de ces maisons où Régnier, d’après Boileau, « conduisait ses Muses », et ces « honnêtes dames » prenant d’ailleurs fort bien la chose et se divertissant à passer en revue le personnel. — Vraiment, les viveurs d’aujourd’hui sont singulièrement plus pâles que ceux de l’ancien régime. […] Nous avons beau faire — (et c’est là une des infirmités de la critique et une des raisons qui me font douter si elle est jamais autre chose que la description et l’analyse d’impressions toutes personnelles) — nous ne pouvons vraiment comprendre et aimer un drame ou un roman que dans la mesure où nous nous sentons capables d’éprouver ou, tout au moins, d’imaginer et de faire nôtres, par la sympathie, les sentiments des personnages. […] Et, certainement, l’influence du théâtre se retrouve dans sa philosophie personnelle et privée, dans la conception qu’il se forme du monde. […] Adrienne elle-même fut en réalité une fille fort galante et peu difficile dans ses choix… Mais l’habitude de jouer la tragédie n’agit pas seulement sur les sentiments personnels d’Adrienne Lecourreur.
Lorsqu’il n’y a que la simple préposition de, sans l’article, la préposition & son complément sont pris adjectivement ; un palais de roi, est équivalent à un palais royal ; une valeur de héros, équivaut à une valeur héroïque ; c’est un sens spécifique, ou de sorte : mais quand il y a un sens individuel ou personnel, soit universel, soit singulier, c’est-à-dire, quand on veut parler de tous les rois personnellement comme si l’on disoit l’intérêt des rois, ou de quelque roi particulier, la gloire du roi, la valeur du héros que j’aime, alors on ajoûte l’article à la préposition ; car des rois, c’est de les rois ; & du héros, c’est de le héros. […] Telle est la destination des prénoms ou adjectifs métaphysiques, qui marquent, non des qualités physiques des objets, mais seulement des points de vûes de l’esprit, ou des faces différentes sous lesquelles l’esprit considere le même mot ; tels sont tout, chaque, nul, aucun, quelque, certain, dans le sens de quidam, un, ce, cet, cette, ces, le, la, les, auxquels on peut joindre encore les adjectifs possessifs tirés des pronoms personnels ; tels sont mon, ma, mes, & les noms de nombre cardinal, un, deux, trois, &c. […] Ils sont adjectifs, puisqu’ils modifient leur substantif, & qu’ils le font prendre dans une acception particuliere, individuelle, & personnelle. […] Mon, ma, mes ; ton, ta, tes ; son, sa, ses, &c. ne sont que de simples adjectifs tirés des pronoms personnels ; ils marquent que leur substantif a un rapport de propriété avec la premiere, la seconde, ou la troisieme personne : mais de plus comme ils sont eux-mêmes adjectifs prépositifs, & qu’ils indiquent leurs substantifs, ils n’ont pas besoin d’être accompagnés de l’article le ; que si l’on dit le mien, le tien, c’est que ces mots sont alors des pronoms substantifs. […] N’importe que cet objet soit un nom propre ou un nom appellatif ; pour nous, nous ne mettons pas l’article, surtout devant les noms propres personnels : Pierre, Marie, Alexandre, César, &c.
Il est le vengeur de la cause publique, & l’oppression qui est tombée sur son voisin, doit lui devenir personnelle ; il ne peut se dispenser d’élever la voix, & l’Ecrivain le plus estimé, sera toujours celui qui réclamera avec plus de force, les droits imprescriptibles de la justice & de l’Humanité. […] Il vous fait aimer ces actions généreuses : & l’homme qui résiste aux réflexions, qui s’aigrit par les leçons dogmatiques, chérit le pinceau naïf & pur qui met à profit la sensibilité du cœur humain, pour lui enseigner ce que l’intérêt personnel & farouche repousse ordinairement. […] Elles n’apportent rien de personnel, rien de ce qui flatte tant l’amour-propre ; les dons du génie sont brillans, existent par eux-mêmes, & produisent une inépuisable curiosité.
Ni l’impersonnel n’a évolué vers le personnel, ni de pures personnalités n’ont été posées d’abord ; mais de quelque chose d’intermédiaire, fait pour soutenir la volonté plutôt que pour éclairer l’intelligence, sont sorties par dissociation, vers le bas et vers le haut, les forces sur lesquelles pèse la magie et les dieux auxquels montent les prières. […] Mais l’adoration du soleil, et celle aussi du ciel, se retrouvent à peu près partout : dans la religion Shinto du Japon, où la déesse du Soleil est érigée en souveraine avec, au-dessous d’elle, un dieu de la lune et un dieu des étoiles ; dans la religion égyptienne primitive, où la lune et le ciel sont envisagés comme des dieux à côté du soleil qui les domine ; dans la religion védique où Mitra (identique à l’iranien Mithra qui est une divinité solaire) présente des attributs qui conviendraient à un dieu du soleil ou de la lumière ; dans l’ancienne religion chinoise, où le soleil est un dieu personnel ; enfin chez les Grecs eux-mêmes, dont un des plus anciens dieux est Helios. […] Chaque Romain avait un genius attaché à sa personne ; mais il ne croyait si fermement à son génie que parce que chacun des autres Romains avait le sien et parce que sa foi, personnelle sur ce point, lui était garantie par une foi universelle.
Cette délégation était faite par le prince au nom des États ; mais soit oubli, soit négligence de sa part, soit embarras de demander un nouveau vote à l’assemblée par qui il avait déjà fait voter près de 2 millions pour concourir à l’entretien des armées du Roi et 60 000 livres pour son compte personnel, il ne fit pas revêtir cette assignation des formalités qui l’auraient rendue incontestable. […] La tâche était facile ; mais ce qui ne l’était pas autant, c’était de jeter quelque intérêt sur une discussion toute personnelle. […] L’art avec lequel Molière savait dresser la nature la plus inculte à rendre un petit rôle, qu’il avait tracé en l’ayant en vue, le dispensait d’augmenter son personnel. […] Étrangère aux plaisirs de son mari, insensible aux contrariétés et aux peines sans nombre que ses travaux et ses ennemis lui suscitaient, mademoiselle Molière ne se souciait des applaudissements qu’il recevait que comme d’un motif de vanité personnelle. […] Il est une tâche plus difficile à remplir que celle de réfuter Rousseau, qui, en voulant empêcher de regarder la misanthropie comme un ridicule, était évidemment dirigé par un intérêt personnel, c’est de répondre à un homme dont le goût, non moins pur que son âme, ne porta jamais de faux jugements que contre notre auteur.
Sainte-Beuve laisse percer un sentiment très hostile à la personne de la Reine, une sorte de haine personnelle. […] À mesure que l’individu sort de la plèbe et s’en distingue, il a un plus grand besoin de plaisirs personnels et faits pour lui seul.
y a débagoulés de cette plume qui ressemblait à une voix de chantre… Ce fatras ennuyeux, plus parlé qu’écrit, d’une érudition incertaine, confuse et haletante, est absolument sans intérêt pour qui a lu Diderot chez lui, c’est-à-dire dans ses livres personnels et réfléchis, si l’on peut dire que cet homme, qui se répandait comme un tonneau défoncé, ait réfléchi jamais. […] Depuis le XIIe volume, qui, selon moi, fermait ses œuvres personnelles, les éditeurs ont pu écouler en six volumes de plus les divers travaux de Diderot à l’Encyclopédie, cette œuvre collective d’une érudition maintenant débordée, qui n’atteste, d’ailleurs, en Diderot, nulles autres facultés que celles qu’on lui connaît, et encore qui n’attestent pas toutes celles dont on sent la présence ou la prétention dans ses autres ouvrages.
Ce temps, perdu en apparence, puisque Balzac ne fut ni avoué, ni notaire, ni avocat, ni juge, lui fit connaître le personnel de la Basoche et le mit à même d’écrire plus tard, de façon à émerveiller les hommes du métier, ce que nous pourrions appeler le contentieux de la Comédie humaine. […] Ces indispensables détails biographiques indiqués, arrivons à nos impressions directes et personnelles sur Balzac. […] Plus tard, on reconnut que le but de l’auteur n’était pas de tisser des intrigues plus ou moins bien ourdies, mais de peindre la société dans son ensemble du sommet à la base, avec son personnel et son mobilier, et l’on admira l’immense variété de ses types. […] A ces peintures exotiques se mêlent des pièces modernes, d’un sentiment plus personnel, d’une insouciante fierté, voilant parfois une exquise délicatesse d’âme.
. — ni d’aucun maître en aucun art, — ce qu’ils ont, pour ainsi parler, d’absolument personnel, mais seulement les parties de leur œuvre qui, parce qu’elles se laissent plus ou moins aisément définir, deviennent ainsi comme des lois ou des règles du genre dans lequel ils se sont exercés. […] C’est le résultat fructueux et l’application personnelle des réflexions qu’un événement nous arrache. […] Pouvons-nous croire, dans sa Phèdre, à l’acharnement personnel de Vénus contre l’épouse de Thésée ? […] Pourquoi Le Sage n’a pas recommencé Turcaret. — Raisons personnelles
Ce qui est charmant à suivre chez lui, c’est le mouvement de cet esprit agile, qui voltige sur tous les sujets qu’il traite, qui s’échappe sans cesse en fusées d’aperçus ingénieux, en boutades paradoxales, en rapprochements imprévus : on s’intéresse bien moins à la matière dont il s’occupe qu’au perpétuel jaillissement d’idées personnelles, qu’il tire de cette matière, fût-elle la plus ingrate du monde. […] On verra que, tout en étudiant avec soin les Grecs, les Latins, et, ce que l’on n’a peut-être pas assez remarqué, les Français, il ne songe pas à dérober les formes de leur langage ; il cherche, par ces études successives et par de longues, méditations personnelles, à se former l’idéal d’un style poétique parfait d’où serait bannie toute élégance, pour ainsi dire, extrinsèque, et où la poésie ne résiderait que dans la convenance absolue des termes avec les idées qu’ils expriment, convenance de signification, d’harmonie et d’ordre ; car dans ce style la succession des mots devrait rigoureusement correspondre à la succession naturelle des objets et des idées. […] Tandis que, d’une part, on s’ingéniait à démontrer qu’il fallait revenir à l’ancien régime pour ne point tomber dans l’athéisme pur, on rejetait, de l’autre, le dogme d’un Dieu personnel et celui d’une âme immortelle comme suspects d’aristocratie. […] Sans être très familier avec le personnel des docteurs et doctoresses d’Allemagne, on peut affirmer que quelques-uns des acteurs principaux d’Eritis sicut Deus n’ont jamais vécu nulle part. […] Le panthéisme a cela de particulier qu’il serait à peu près inintelligible sans la notion préalable d’un Dieu personnel qu’il veut nous arracher et qu’il est cependant réduit à supposer d’abord en nous avant de l’altérer et de la mutiler à sa guise.
Il écrivit, en rentrant chez lui, le détail de ses impressions et une espèce de psychologie personnelle comme on dirait aujourd’hui.
Ce dernier, sans répondre à ce qui lui était personnel, reprit en main la discussion et la mena vigoureusement dans un article de cette Revue, intitulé Une Assemblée parlementaire en 1593 234.
Villon, Marot, Ronsard, Malherbe, ont tous eu une grande action personnelle, et dans le sens de leur poésie ; Rousseau n’en a eu aucune, et, sans son exil, il l’aurait eue plutôt en sens inverse.
De même pour un autre son, kraaau, prononcé du gosier en gutturales profondes ; voilà la part de l’invention personnelle, accidentelle et passagère.
Notre grand souci doit être de suppléer, autant que possible, à l’observation présente, personnelle, directe et sensible, que nous ne pouvons plus pratiquer : car elle est la seule voie qui fasse connaître l’homme ; rendons-nous le passé présent ; pour juger une chose, il faut qu’elle soit présente ; il n’y a pas d’expérience des objets absents.
VI La cinquième ode ne se rapporte, croit-on, à aucune circonstance personnelle de la vie de David.
« Danton fut surtout poussé au meurtre par une cause plus personnelle et moins théorique : son caractère.
On a vu au commencement de ce commentaire combien le critique a été trompé, et combien sont réelles et attestées mes enquêtes personnelles auprès du curé de Bessancourt.
Le style, tel quel, purement déclaratif, ne s’interpose pas entre l’action et les vers : nulle invention verbale, nulle subjectivité personnelle n’adhère aux faits.
Deschanel ne retînt de son cours que la partie neuve et vraiment personnelle.
Mais la très libre Eliot et le révolté Ibsen n’ont point cessé d’être des « réformés » : Eliot, par la continuité de son prêche et par les textes bibliques dont elle a gardé l’habitude d’appuyer ses pensées personnelles ; Ibsen, dont le théâtre abonde en pasteurs, par on ne sait quel accent et quel son de voix.
Il s’inquiète peu de coordonner des assonances ; chez lui l’allitération ne porte d’habitude que sur des consonnes : — elle n’influence donc que le rythme, — et en vérité tous les éléments du vers paraissent se subordonner, en tant que musique, à la création d’un rythme personnel, élégant et souple.
. — Motif personnel d’Eva, extrêmement souple et d’allure serpentine.
(2) Dans ma profonde conviction personnelle, je considère ces entreprises d’explication universelle de tous les phénomènes par une loi unique comme éminemment chimériques, même quand elles sont tentées par les intelligences les plus compétentes.
Sans avoir égard à cette considération personnelle, il en est une beaucoup plus importante, puisée dans la nature même du sujet, et qui montre clairement pourquoi il n’a pas été possible jusqu’ici de s’élever à une conception encyclopédique véritablement satisfaisante.
Ceux-ci, alors même qu’ils ne remplissent pas une fonction sociale, tirent des sentiments collectifs dont ils sont l’objet, une autorité qui est, elle aussi, une force sociale, et qu’ils peuvent mettre, dans une certaine mesure, au service d’idées personnelles.
Ces faits qu’il épingle, ces citations dont il arrange la mosaïque insidieuse et éblouissante, il a sa manière personnelle, sa manière à lui de les montrer, de les arranger, de les mettre en valeur, — pour en tirer lui-même ou en faire tirer aux autres des conclusions… L’homme est ainsi fait qu’il ne peut pas ne point ajouter aux choses qu’il touche.
Nous qui n’écrivons point de l’histoire personnelle, nous jetterons un voile sur la fin de cette existence bouleversée.
Et, je l’ai dit déjà, — je l’ai dit même au lendemain de Madame Bovary, d’où sortit, d’un coup, toute sa réputation, cette réputation à laquelle il ôtera, sans rien y ajouter… Madame Bovary, que je m’obstine à croire un souvenir personnel, — un de ces romans comme tout le monde, sans être romancier, en a un ou plusieurs dans le sac de sa vie, — Madame Bovary, sur un fonds moins sec et moins dénué que Salammbô et que L’Éducation sentimentale, avait déjà la dureté de style, le repoussé de détail, la crudité d’enluminure, le pointillé fatigant, qui tiennent autant, chez Flaubert, à l’organisation de l’homme qu’au système.
V De tous les livres sortis du fécond cerveau de Balzac, j’estime, comme lui, qu’artistement c’est le premier… L’inspiration n’en est pas personnelle à l’auteur, dira-t-on.
. — De là la nécessité des duels et des représailles personnelles dans les temps barbares, où l’on manque de lois judiciaires.
Si la littérature française se développe, comme on le dit d’ordinaire, dans le rayonnement de la femme, toute l’école réaliste semble faire un effort énorme pour l’en affranchir, suite de l’effort personnel (et plus ou moins réussi) des écrivains réalistes pour s’en affranchir eux-mêmes. […] Mourons dans la neige, dans la blanche douleur de notre désir, au murmure des torrents de l’esprit et la figure tournée vers le soleil. » Mais si Madame Bovary n’est pas une rupture de Flaubert avec son passé, est-elle davantage, comme lui-même l’a laissé entendre, une rupture de Flaubert avec la littérature personnelle, un passage du personnel à l’objectif ? […] Elle éclate dans ses premiers romans personnels. […] Quand je pense à ce que cela peut être, j’en ai des éblouissements, mais lorsque je songe ensuite que tant de beauté m’est confiée à moi, j’ai des coliques d’épouvante à fuir me cacher n’importe où. » De sorte que peut-être il ne serait pas trop paradoxal de voir dans Madame Bovary comme dans l’Éducation des œuvres plus vraiment et plus profondément personnelles, des mises au jour de l’âme de Flaubert plus complètes, plus riches, plus expressives, que les Mémoires d’un fou ou Novembre. […] Sa dernière vie, celle qui la conduira à la mort, sera une vie toute personnelle, toute réduite à l’injustice et au crime de l’individu.
Son expression et ses moyens personnels ne la distinguent pas, quant au fond, quant aux Idées et à l’inspiration, de la prose susceptible de devenir poétique également. […] La vie personnelle de l’artiste ne suffit pas à lui fournir les éléments universels des chefs-d’œuvre — ceux qu’on n’invente pas, même avec du génie.
Or — c’est curieux et personnel à la race hébraïque — l’autopsie avait lieu le plus souvent chez un banquier, chez un riche juif de l’endroit, dont les enfants voulaient préserver leur avenir, des maladies de leur père. […] De Gabriel de Saint-Aubin, c’est le dessin de la vignette de l’Intérêt personnel, gravé par son frère Augustin, une vignette qui peut tenir bien certainement à côté d’un dessin de Meissonier.
En outre, quelques-unes des idées de La Cuestion palpitante sont bien la propriété personnelle de l’écrivain espagnol. […] Si Stendhal ne ressemble pas à Balzac, ni Balzac à Flaubert, si les frères de Goncourt ont de si rares et de si belles qualités artistiques, si Daudet est si personnel, Zola, à son tour, se distingue d’eux tous. […] Ses inclinations ainsi flattées, satisfait dans ses goûts moins littéraires que poétiques, le peuple anglais accorde, à son tour, à ses romanciers une tendresse personnelle dont nous ne connaissons pas d’exemple chez nous.
Car si vous connaissez votre opinion sur les animaux, vous ne connaissez pas celle des animaux sur vous, partant, vous ne pouvez raisonner qu’au petit bonheur de l’expérience personnelle parmi les points d’interrogation que la vie vous objecte à chaque pas. […] Non ; je vous donne mon sentiment personnel, rien déplus. […] Sa face rayonne d’une lumière personnelle.
Il y a aussi de la sécheresse, et, souvent, une ironie qu’il semble avoir héritée de son maître et ami personnelle. […] celui de l’ancienne morale, dont le principe était de substituer en nous des motifs généraux d’action à l’impulsion personnelle de l’instinct ? […] — Qu’en tout cas il y en a deux phrases que l’on interprète mal, et presque à contresens : « Le style est l’homme même » ; — par où Buffon a voulu dire que les idées étant à tout le monde, — l’expression est le seul moyen que nous ayons de nous les approprier ; — et la phrase où il recommande à l’écrivain de n’user que des « termes les plus généraux ». — Les termes les plus généraux ne sont pas du tout en effet les termes vagues ou abstraits, mais les termes « non techniques » ; — et de dire, avec Buffon, que la manière d’écrire est ce qu’il y a de plus personnel à tout écrivain, — ce n’est pas du tout dire que l’écrivain soit tout entier dans son style. — Il y a des écrivains dont le caractère a différé de celui de leur style ; — et nous en avons cité plus d’un exemple.
Vous avez des amis qui vous suppléeront dans la besogne de vos affaires personnelles ; et, quant à celles d’autrui, laissez-les dormir en dormant vous-même.
C’est qu’ils sont eux-mêmes des hommes publics, engagés dans l’action, ayant part au gouvernement, instruits par l’expérience quotidienne et personnelle.
L’infortunée Marguerite prend cet écho du jugement dernier pour l’arrêt de son jugement personnel.
Il portait un défi personnel aux rois et aux peuples, au-dessus desquels il se plaçait ; il était le grand hors la loi, ex lege, du droit des nations.