Quelle vérité ! […] On ne peut mieux faire sentir la vérité de ces règles que par des exemples : nous en rapporterons un ici. […] Molière, à la vérité, mêle quelquefois le comique grossier avec le bas comique. […] 2º La vérité paraît au-delà des limites, quand elle passe la vraisemblance ordinaire. […] Passez-moi ce premier mensonge, a dit l’artiste, et je vous mentirai avec tant de vérité que vous y serez trompés.
Voici, je crois, la vérité. […] Ce jugement contiendra une part de vérité, il ne sera pas toute la vérité. […] À la vérité, il ne se rend pas un compte exact de ce qu’il demande, mais il ne se contente plus de ce qu’on lui offre. […] Détachons cependant deux silhouettes épisodiques, qui passent un instant dans le récit avec une vérité saisissante. […] L’une d’elles, à la vérité, était étrangère et des plus communes.
On sait que les vérités auxquelles s’immola Galilée n’eurent d’abord dans le monde savant d’autre appui que sa conviction. […] Personne ne récuse cette vérité, que l’étude de l’art est infructueuse sans les dons de la nature. […] La vérité la plus assurée semble incertaine, lorsqu’elle est trop subtilement mise en doute. […] Je tâcherai de me conformer à cette loi, et la suite de ce Cours ne paraîtra qu’une continuelle conséquence des vérités énoncées dans mon Introduction, vérités dont chaque leçon accumulera les preuves et les commentaires, qui n’en seront que les strictes dépendances. […] Les vérités qu’il exprime n’ont rien de l’extraordinaire qui les rend incroyables.
Laissons l’utopie aux vers : la prose est la langue de vérité. […] Le nez est droit et court, un peu renflé aux narines ; la bouche n’a rien de l’ironie socratique, symptôme contentieux de lutte et d’orgueil qui humilie plus qu’il ne persuade les hommes ; elle a une expression de sourire fin, heureux et bon d’un homme qui vient de surprendre une vérité au gîte, et qui est pressé de la communiquer à ses semblables. […] À trente ans, il déclara à ses parents et à ses amis qu’il se sentait dans toute la plénitude de forces que le ciel accorde aux hommes, et que « l’horizon de toutes les choses divines et humaines (la vérité) lui apparaissait enfin comme d’un point culminant d’où l’on voit l’univers ». […] Mais au lieu que Socrate discute, conteste, réfute, argumente, sophistique sans cesse sa pensée et fait un pugilat d’esprit de sa philosophie, Confucius se contente d’exposer et de répandre la sienne sans autre artifice et sans autre polémique que l’évidence instinctive et persuasive dont Dieu fait briller par elle-même toute vérité morale comme toute vérité mathématique. […] « 4º La droiture qui cherche en tout le vrai sans falsifier la vérité ni à soi-même ni aux autres.
La faculté la plus inventive, c’est la raison, parce que la raison seule nous découvre la vérité, la seule source des littératures qui ne s’épuise pas. […] Trait de vérité profonde. […] Les principaux membres de ce sénat sont la Justice canonique, la Miséricorde, la Vérité, le Courage, la Charité, la Tempérance, et d’autres que j’omets. […] Je ne veux pas reconnaître le triste signe de la décadence, dans le premier monument de notre poésie où se révèle, par des vérités générales exprimées d’un style clair et piquant, l’instinct du grand art du xviie siècle. […] Ces figures, si nettes et si expressives, communiquent leur vie et leur vérité à cette langue naissante et déjà des formes mûres et des tours définitifs revêtent des idées qui ne cesseront pas d’être vraies.
. — Je crois que pour Wagner le poème était — pour ainsi dire — une chose bien plus fortuite que la musique ; celle-ci, au contraire, était nécessaire, elle ne pouvait être autrement, elle répondait à un ordre de vérité plus vague dans un certain sens et pour lequel la fable dramatique pouvait en conséquence varier, mais de vérité plus profonde dans sa généralité, plus certaine, plus absolue. […] Jullien ; il est bourré d’erreurs de détail, mais les jugements, quoique diamétralement opposés aux nôtres, sont toujours intéressants, ils contiennent toujours une large part de vérité et, surtout, ils démontrant une véritable appréciation de la valeur de ce grand homme que M. […] Teodor de Wyzewa y a développé ses aperçus si étrangement neufs et subtils, qui énoncent, en des formules incisives de paradoxes, de curieuses vérités et d’ingénieuses comparaisons. […] Ceux que la vérité seule passionne, et qui entourent les belles œuvres d’un respect religieux, ceux-là sont indifférents aux dates et aux individus. […] C’est la vérité.
II Disons d’abord une vérité sévère en apparence, mais en réalité flatteuse pour notre pays. […] Mais entre le génie et la médiocrité il y a le vaste domaine du bon sens, la région moyenne des vérités reçues, la terre des heureux et des sages, qui ne s’élève pas jusqu’aux régions périlleuses et inhabitées du génie, qui ne descend pas jusqu’aux régions basses et ténébreuses de la médiocrité, mais qui s’étend, immense et sereine, entre les deux abîmes et qui est le séjour moral habité par les bons esprits. […] S’il y en a dans ses épîtres à Louis XIV, c’est que ce roi était placé dans l’esprit de ses courtisans hors la loi mortelle et par ses poètes hors de la vérité. […] Ces monstruosités n’offenseraient pas moins la vérité éternelle que l’intelligence saine ou que les sens justes de l’homme. […] En d’autres termes, la critique est la recherche et la manifestation de cette règle logique et intime qui préside et doit présider à toute création de notre intelligence ; sorte de conscience de l’esprit qui, au lieu de nous dire : Cela est bien, cela est mal, nous dit avec la même autorité : Cela est beau, cela est laid ; cela est proportionné, cela est disproportionné ; cela est dans la mesure, cela est dans l’excès ; cela est dans la vérité, ou cela est dans la chimère.
Mais la vérité est que nous n’atteindrons jamais le passé si nous ne nous y plaçons pas d’emblée. […] La vérité est qu’il n’y a pas de cercle, parce que la ressemblance d’où l’esprit part, quand il abstrait d’abord, n’est pas la ressemblance où l’esprit aboutit lorsque, consciemment, il généralise. […] Mais la vérité est que l’idée générale nous échappe dès que nous prétendons la figer à l’une ou l’autre de ces deux extrémités. […] Mais la vérité est que cette image indépendante est un produit artificiel et tardif de l’esprit. […] La pathologie vient d’ailleurs confirmer ici, — sur des exemples grossiers, il est vrai, — une vérité dont nous avons tous l’instinct.
il répondit : « Nous sommes trois frères, adorateurs de la vérité et de la justice : le premier la prêche, le second l’écrit, et moi je la soutiendrai jusqu’au dernier soupir. » Le nom de Mézeray était celui d’un canton, d’un réage, selon l’expression du pays, où la famille Eudes possédait quelque pièce de terre26. […] Mézeray, d’humeur caustique et franche, plaisanta plus d’une fois, dit-on, de ce bienfait, et il semblait dire qu’en retour, s’il avait eu à écrire sur le cardinal, il aurait dû lui payer tribut en retranchant quelque chose de la vérité. […] Ils pourront bien mériter quelque louange particulière, ils pourront bien se surpasser l’un l’autre, aplanir le chemin peu à peu, y apporter de plus en plus de nouvelles clartés : mais certes il y aura toujours dans leurs ouvrages beaucoup plus à désirer qu’à admirer, plus de choses obscures que d’éclaircies, et moins de vérités que de conjectures. […] [NdA] Cette acception du mot développer est encore mieux définie dans la phrase suivante, qui se rapporte à Marguerite, sœur de François Ier : « Les nouveaux Évangélistes l’avaient autrefois pensé embrouiller dans leurs erreurs : mais ce puissant génie, ayant reconnu la vérité, en était heureusement développé. »
Jetons-nous avec confiance sur cet Océan… » Quand il veut faire comprendre que le vrai bonheur pour l’être intelligent est dans la vue et dans la possession de la vérité, il sent bien qu’on va lui demander : Qu’est-ce que la vérité ? […] Ne pourrai-je aujourd’hui éveiller ces yeux spirituels et intérieurs, qui sont cachés bien avant au fond de votre âme, les détourner un moment de ces images vagues et changeantes que les sens impriment, et les accoutumer à porter la vue de la vérité toute pure ? […] À la vérité, chrétiens, ils sont dignes d’être distingués des autres, et ils font un des plus beaux ornements du monde.
Sa tête travaille à l’enfanter, et quand il l’a conçu, il l’impose : il appelle cela la Vérité ; et quoi de plus respectable que la Vérité ? […] Car la Vérité triomphera, cette Vérité « qui seule, dit-il, a eu ses premières années, et qui aura ses dernières » ; mais quellevérité ?
Elles peuvent être erronées, mais les erreurs reçues depuis longtemps sont plus respectables que celles que nous voudrions y substituer ; car ce n’est pas la vérité qu’on trouve quand on a abattu le système de religion généralement adopté, puisque cette vérité, si elle n’est pas révélée, se cache dans des ténèbres impénétrables à l’esprit humain. […] Son procédé, entendu ainsi qu’il doit l’être, signifie : « Supposez, pour simplifier, que les choses se soient passées comme on le dit là, et vous ne serez pas très-loin de la vérité. » Cette extrême bonne foi dans l’exposé de ses vues ne sera invoquée contre lui que par ceux qui n’entrent pas dans sa pensée et qui, ayant un parti pris, interdisent toute recherche. […] Quand on ouvre les Évangiles pour les lire sans parti pris, et en ayant passé l’éponge en soi sur toute doctrine préconçue, il en sort, au milieu de mainte obscurité, de mainte contradiction qu’on y rencontre, un souffle, une émanation de vérité morale toute nouvelle ; c’est le langage naïf et sublime de la pitié, de la miséricorde, de la mansuétude, de la justice vivifiée par l’esprit ; l’esprit en tout au-dessus de la lettre ; le cœur et la foi donnant à tout le sens et la vie ; la source du cœur jaillissante et renouvelée ; les prémices, les promesses d’une joie sans fin ; une immense consolation assurée par-delà les misères du présent, et, dès ici-bas, de la douceur jusque dans les larmes.
Je ne veux pas me répandre en complaintes morales et en pressentiments sinistres ; mais je n’hésite pas à affirmer qu’il n’y a point d’imagination qui puisse se représenter avec une vérité suffisante ce qui arriverait en nous et autour de nous si la place qu’y tiennent les croyances chrétiennes se trouvait tout à coup vide, et leur empire anéanti. […] Il est bien plutôt occupé à rompre l’arrangement artificiel et les antithèses spécieuses qu’engendre la parole, pour se remettre sans cesse en présence de la vérité des objets et de la réalité nue. […] On n’a pas de bonnes nouvelles, comme ils l’entendent, à leur annoncer : on poursuit solitairement des vérités hautes, mais imparfaites, dont le prix n’est qu’en soi et à l’usage du très petit nombre. […] J’admets comme un droit naturel et universel la liberté de la pensée ; mais, parce qu’elle est essentiellement libre, elle n’est pas indifféremment vraie, et ceux-là seuls qui pensent comme moi sont, pour moi, dans la vérité et appartiennent à la même société intellectuelle, c’est-à-dire à la même Église que moi.
Les questions de goût et de bienséance prennent le pas sur la vérité des choses, et la communication est si bien fermée entre la réalité vivante et l’esprit français, que les formes nouvelles de l’art conçues théoriquement en vue d’une vérité plus grande n’arrivent pas à se réaliser dans des œuvres moins conventionnelles que celles qu’il s’agit de remplacer : je parle de la comédie larmoyante et du drame, qui prétendent se substituer à la tragédie. La recherche de la vraisemblance supprime celle de la vérité, et tandis que le vraisemblable pour Boileau était l’introducteur du vrai, et consistait à saisir le rapport de l’objet à l’esprit, il devient au xviiie siècle le pire ennemi de la nature, qu’il déforme quand il ne l’exclut pas. […] Nous autres Français, nous avons tous Boileau dans le sang, dans les moelles : nous ne saurions nous passer de vérité, d’agrément, de clarté, de précision.
Et c’est la vérité que les vers de jeunesse de Mallarmé témoignent d’un talent plein de confiance en lui-même mais importuné de sa disgrâce. […] Il fallait qu’il y eût la force et l’attraction irrésistible d’une vérité. […] Voilà la vérité, déjà enclose dans le vieux mythe d’Orphée, bâtisseur de villes et autour de laquelle se jouait le caprice de sa dialectique. […] Mais une idée de vérité le domine : le Symbole, quoique dans les poèmes détachés, les quelques sonnets surtout dernièrement parus et faits spécialement pour l’évidence de cette idée, elle n’apparaisse que comme jeu singulier et un peu puéril et faux.
Je ne réponds pas, et aucun lecteur circonspect ne saurait répondre de la vérité et de l’exactitude historique de la plupart des récits que nous offrent les Mémoires de Retz ; mais ce qui est évident et qui saute aux yeux, c’est quelque chose de supérieur pour nous à cette exactitude de détail, je veux dire la vérité morale, la fidélité humaine et vivante de l’ensemble. […] La scène décrite par Retz dure ainsi avec toutes sortes de variations, jusqu’à ce que le chancelier Séguier entre dans le cabinet : Il était si faible de son naturel, qu’il n’avait jamais dit jusqu’à cette occasion aucune parole de vérité ; mais, en celle-ci, la complaisance céda à la peur. […] Un autre trait que l’on doit également à Brienne, et que Shakespeare n’aurait pas omis dans une Mort de Mazarin, est d’une grande énergie et d’une effrayante vérité.
Droz, il rendait meilleurs ceux avec lesquels il conversait, parce qu’il les supposait bons comme lui ; parce qu’il avait une entière persuasion que la vérité se répandra sur la terre ; et parce que nul soin, pour la cause de l’humanité, ne pouvait lui paraître pénible. […] Après Horace, après Socrate et Franklin, après tous les moralistes, il avait aimé simplement à converser sur le thème éternel, à rappeler quelques vérités aux esprits revenus, capables de les entendre ; il avait espéré les insinuer surtout aux esprits jeunes, à ceux qui le liraient dans l’âge des résolutions généreuses. […] Durant trente ans il médita donc ce sujet, historique, le plus fécond en réflexions morales ; il lut tout ce qui s’imprimait là-dessus, il interrogea les contemporains les mieux informés ; il dut à la confiance qu’inspirait son caractère d’obtenir communication de mémoires inédits : en un mot, il ne négligea aucune recherche, aucune enquête, pour arriver à la vérité. « Je me suis tenu constamment, dit-il, dans la situation d’esprit où se place un juré pour écouter les dépositions des témoins ; et maintenant j’oserais, comme lui, prononcer· la formule solennelle dont le verdict est accompagné. » L’Introduction qui résume l’histoire de France depuis Louis XIV et pendant tout le xviiie siècle jusqu’au moment où Louis XVI monta sur le trône, offre un beau et grave tableau plein de vérité et de précision.
Un méridien décide de la vérité… Plaisante justice qu’une rivière borne ! vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Ces conclusions morales sceptiques, et où il s’égaie surtout en ce qui est de l’article du mariage, Regnard les a consignées expressément dans une épître en vers : Je le dirai : non, non, il n’est point de folie Qui ne soit ici-bas en sagesse établie, Point de mal qui pour bien ne puisse être reçu, Et point de crime enfin qu’on n’habille en vertu. […] Durant les relâches forcées qu’il fait dans quelque île de la Baltique, il raconte qu’il allait tous les jours passer quelques heures sur des rochers escarpés où la hauteur des précipices et la vue de la mer n’entretenaient pas mal ses rêveries : Ce fut, dit-il, dans ces conversations intérieures que je m’ouvris tout entier à moi-même, et que j’allai chercher dans les replis de mon cœur les sentiments les plus cachés et les déguisements les plus secrets, pour me mettre la vérité devant les yeux sans fard, telle qu’elle était en effet. […] Dans Le Joueur, le caractère principal a beaucoup de vérité : cet homme, qui a joué, qui joue et qui jouera, qui, toutes les fois qu’il perd, sent revenir sur l’eau son amour, mais qui, au moindre retour de fortune, lui refait banqueroute de plus belle, cet homme est incurable ; il a beau s’écrier dans sa détresse : Ah !
L’éclipse est une bonne épreuve pour la vérité comme pour la liberté. Le génie, étant vérité et étant liberté, a droit à la persécution. […] Poëte, vous croyez au droit et à la vérité, vous n’êtes plus de votre temps. […] Être guidés par la conscience et la vérité dans tous les pas que nous faisons, c’est fatigant.
Ils ont réduit en système cet aphorisme célèbre, qui n’est pas sans vérité, mais où il faut se garder devoir une loi : « Il n’y a point de génie sans quelque grain de folie. » Déjà, dans deux ouvrages piquants41, le docteur Lélut avait essayé d’établir que Socrate et Pascal avaient été hallucinés, se bornant du reste à conclure que l’hallucination n’est pas incompatible avec la pleine possession du génie. […] L’homme de génie est celui qui voit plus clair que les autres, qui aperçoit une plus grande part de vérité, qui peut relier un plus grand nombre de faits particuliers sous une idée générale, qui enchaîne toutes les parties d’un tout sous une loi commune, qui, lors même qu’il crée, comme dans la poésie, ne fait que réaliser, par le moyen de l’imagination, l’idée que son entendement a conçue. […] Le fou est absolument incapable d’attention, il est subjugué par les idées qui l’occupent et par son imagination ; il ne peut changer les rapports de ces idées entre elles ; il ne peut suivre la trace d’une vérité qui apparaît ; il ne peut lier les faits et les causes, les conséquences et les principes-. […] J’ajoute que, sans être de son avis, sur le fond de la question, je crois qu’il a rencontré, chemin faisant, beaucoup de vérités particulières, qui sont plus instructives et plus intéressantes que la thèse chimérique qu’il prétend établir.
Y aurait-il peut-être dans sa théorie une vérité fondamentale, très justement entrevue et faussée ensuite pour les besoins d’un cas particulier ? […] Évitons avec soin les classifications rigides, mais ne sombrons pas pour cela dans l’anarchie d’un individualisme outrancier, qui serait la négation de toute science et de toute philosophie ; cherchons l’ordre, sans être les dupes de nos catégories ; efforçons-nous de concevoir à la fois les éléments essentiels, durables, et les combinaisons innombrables, toujours nouvelles, de ces éléments ; respectons l’infinie variété de l’analyse, mais aussi la simplicité de la synthèse ; ce sont deux faces de la vérité, qui se complètent et s’expliquent l’une l’autre. […] La valeur absolue est dans la vérité et la beauté universelles, éternelles. […] Notre goût nous paraît être le goût ; notre « impression » nous semble la vérité ; notre relatif nous apparaît comme absolu.
À la vérité, ces tissus brillants se faneront vite ; la trame en est légère et la couleur peu solide. […] Pour établir ce que l’on croit une vérité, vérité de pure théorie souvent ou du moins toujours contestable, faut-il s’exposer à ébranler d’autres vérités qui sont le fondement même de l’ordre public et de la vie sociale ? […] L’erreur, avec cette netteté et cette logique de formes, prend le caractère de la vérité. […] Il ne s’était promis de l’être qu’à la dignité de l’art, à la sincérité du style, à la vérité historique et à la vérité humaine. […] Elle a remué des vérités malsaines ; mais elle en a tiré des œuvres remarquables, et, après tout, ce n’est jamais sans profit que l’on étudie la vérité.
Il n’y a absolument que deux tricheries à l’endroit de la vérité dans tout le livre. […] Comment la vérité, dans leur indifférence, Meurt-elle en délayant ses frissons volatils ? […] Rien de plus curieux que ces études mêlées de fantaisie, il est vrai, mais où, malheureusement pour l’espèce humaine, la vérité tient aussi sa place. […] Les vérités découvertes par l’intelligence demeurent stériles. […] Sans accorder plus de confiance qu’il ne faut aux récits des cruautés des triples alliés, on doit reconnaître que la vérité n’était pas faite pour rassurer.
Mais remarquez comme c’est toujours le besoin de la vérité qui fait les évolutions en art. […] Et, pour les romanciers naturalistes, ils sont trop illettrés et trop absurdes, à la vérité. […] … Ô ces vendanges idéales au vignoble de la Vérité ! […] On arrive à mettre peu à peu sur la scène des œuvres de vérité de plus en plus grande. […] Je jure de dire la vérité.
Ce singulier mariage va s’accomplir, lorsque Léopold apprend la vérité, toute la vérité, sur le compte de mademoiselle de Moldaw.
La ligue des bons esprits de la terre entière contre le fanatisme et la superstition est en apparence le fait d’une imperceptible minorité ; au fond, c’est la seule ligue durable, car elle repose sur la vérité, et elle finira par l’emporter, après que les fables rivales se seront épuisées en des séries séculaires d’impuissantes convulsions. […] Galilée a trouvé la vérité en pays catholique, malgré le catholicisme, comme Averroès a philosophé noblement en pays musulman, malgré l’islam.
Le sentiment de joie lié à la vérité objective n’est guère que la joie liée à l’intellection même, à l’acte du sujet intelligent. […] Notre amour de la vérité est un amour de notre moi pensant et voulant.
Il a du dessin, de la couleur, de la sagesse et de la vérité. […] Elle a de la couleur et de la vérité.
Contre lui la révolte n’est qu’une juste défense ; quand nous nous ôtons de ses mains, nous ne faisons que reprendre ce qu’il détient à tort et ce qui est légitimement à nous En second lieu, le code social, tel qu’on vient de l’exposer, va, une fois promulgué, s’appliquer sans obscurité ni résistance : car il est une sorte de géométrie morale plus simple que l’autre, réduite aux premiers éléments, fondée sur la notion la plus claire et la plus vulgaire, et conduisant en quatre pas aux vérités capitales. Pour comprendre et appliquer ces vérités, il n’est pas besoin d’étude préalable ou de réflexion profonde : il suffit du bon sens et même du sens commun. […] Selon l’idéologie nouvelle, tout esprit est à la portée de toute vérité. […] La vérité est que, comme toutes les puissances brutes, comme un fleuve ou un torrent, elles n’y restent que par contrainte ; c’est la digue qui, par sa résistance, fait leur modération. […] Neuvième époque. « De cette seule vérité, les publicistes sont parvenus à déduire les droits de l’homme. » 429.
1º Si quelques-uns prétendent que nous possédons, selon votre expression, de « la poussière de critique », ils se trompent : la vérité est que la critique a été parfois mise en poussière par des bibliographes pressés et par des directeurs amis de la concision. […] Aujourd’hui ce sont les principes qui sont en question, et la critique est sans cesse obligée de se poser des problèmes de vérité, de bienfaisance, d’opportunité : elle doit devenir, bon gré mal gré, morale et politique. […] Mais d’ailleurs un critique un peu complet doit être à la fois dogmatique, parce qu’il n’y a pas de personnalité qui compte sans une doctrine, explicite ou implicite, — impressionniste parce qu’il n’y a aucune possibilité d’appliquer une doctrine sans recevoir des œuvres des impressions directes, vrais et nettes, — indépendant, parce que s’il dépendait d’autre chose que de la vérité ou de ce qu’il croit tel, ce ne serait pas un critique, mais un mercenaire, — artiste enfin, ou à tout le moins capable de contempler d’un œil pur et de recréer en soi l’œuvre d’art qu’il est incapable de créer. […] Mais quand ce philosophe ajoute : « Aujourd’hui ce sont les principes qui sont en question, et la critique est sans cesse obligée de se poser des problèmes de vérité, de bienfaisance, d’opportunité : elle doit devenir, bon gré mal gré, morale et politique », plus d’un, sans doute, fronce les sourcils ou lève les bras au ciel. […] René Gillouin ne se borne pas à exprimer son éclectisme : « … Tous les genres de critique sont bons » ; il en donne très fermement les motifs : « … Un critique un peu complet doit être à la fois dogmatique, parce qu’il n’y a pas de personnalité qui compte sans une doctrine explicite ou implicite, — impressionniste parce qu’il n’y a aucune possibilité d’appliquer une doctrine sans recevoir des œuvres des impressions directes, vraies et nettes, — indépendant, parce que s’il dépendait d’autre chose que de la vérité ou de ce qu’il croit tel, ce ne serait pas un critique, mais un mercenaire, — artiste enfin, ou à tout le moins capable de contempler d’un œil pur et de recréer en soi l’œuvre d’art qu’il est incapable de créer. » Et si M.
On n’y va pas chercher la vérité littéraire et la durée. […] Les vérités y sont données comme des vues. […] Il aimait la vérité sans la respecter, comme une maîtresse, avec l’infidélité en projet. […] Type du décousu, de la témérité, se permettant tout, même la raison et la vérité, agité de tous les souffles du temps, sans lest, point incapable du bien, pourvu qu’il n’y fallût que le premier mouvement, faisant le mal avec l’étourderie de l’enfant qui lapide une statue, il y aurait autant de duperie à l’admirer qu’à lui demander, comme la Harpe, au nom de la religion, de la morale et du goût, un compte pédantesque de tous ses paradoxes. […] Elle n’y trouve aucune grande vérité, aucune découverte qui ait donné l’impulsion.
Mais peut-il le servir plus sincèrement qu’en se vouant à ce qu’il croit la vérité ? […] Je pris pour mon partage cette vérité qui est le Dieu caché ; je me consacrai à sa recherche, renonçant pour elle à tout ce qui n’est que profane, à tout ce qui peut éloigner l’homme de la fin sainte et divine à laquelle l’appelle sa nature. […] Tout ce qu’il peut, c’est de se consacrer à la vérité, quelle qu’elle soit, et de disposer son cœur à la suivre partout où il croira la voir, dût-il lui en coûter les plus pénibles sacrifices. […] Nous n’avons pas de vigoureux hommes, mais nous pourrions en avoir : cela ne fait rien à la vérité intrinsèque. » Je réponds : 1ºune bonne preuve, surtout en critique historique, est toujours bonne, de quelque manière qu’elle soit présentée ; 2º si la cause était absolument la vraie, elle aurait de meilleurs défenseurs. […] On respecte plus la vérité en se tenant dans une position telle qu’on puisse lui dire : « Traîne-moi où tu voudras ; je suis prêt. » Un prêtre ne peut pas dire cela commodément.
Qu’on déplore tant qu’on voudra les vices qui souillèrent le xviiie siècle, c’est par cette énergie de pitié, de bienfaisance, de passion pour la justice et la vérité qu’il reste grand ; c’est par là qu’il mérite, non seulement l’estime, mais la reconnaissance de ceux qui en parlent aujourd’hui. […] Ce sont elles qui produisent les grandes actions, qui poussent l’homme à la recherche de la vérité, qui le font croire à un bonheur qu’il poursuit toujours sans l’atteindre jamais. […] Le danger est alors qu’elle introduise cette préoccupation de moraliser les gens dans des genres qui ne s’y prêtent pas ; qu’elle dénature les faits pour les accommoder au but qu’elle poursuit ; qu’elle fausse la vérité historique pour soutenir une thèse ; qu’elle fausse, au théâtre ou dans le roman, la vérité psychologique, en vue d’aboutir à tel dénouement, dans l’intention de rendre sympathique ou antipathique telle opinion ou tel personnage. […] J’aurais bien à dire sur le fil un peu léger qu’il établit entre l’acte commis par un jeune détraqué et la doctrine du savant austère qui fut son inspirateur sans le savoir ; j’estime qu’il calomnie le déterminisme en lui reprochant de supprimer la distinction du bien et du mal ; je crains qu’il ne conseille une chose de valeur morale très douteuse, quand il invite l’homme qui croit avoir trouvé une vérité psychologique contraire aux opinions reçues à ne pas la divulguer, de peur des conséquences qu’elle pourrait entraîner.
., mais il n’était nullement royaliste de cœur et d’affection, et il n’a pas menti à la fin de sa carrière quand il a dit, en s’en vantant : « Notre cœur n’a jamais beaucoup battu pour les rois. » Il rentra en France en 1800, et la vérité est qu’il se rallia très franchement et très entièrement au Consulat. […] Je le dis à cette heure, heure de vérité, Comme je l’aurais dit quand devant la beauté Mon cœur épanoui, qui se sentait éclore, Fondait comme une neige aux rayons de l’aurore, Je ne regrette rien de ce monde que vous ! […] Quiconque ne voit pas cette vérité, ne voit rien et court à l’abîme : hors de cette vérité, tout est théorie, chimère, illusion. […] D’admirables pages, d’une éclatante polémique, quelques-unes même qui sont pleines de vérité, si on les détache de ce qui les précède et de ce qui les inspire, ne sauraient dissimuler l’ensemble des résultats.
Aucun voile scolaire, aucun paradoxe universitaire, aucune utopie pédagogique, ne se sont interposés entre eux et la complexe vérité. […] La ville, échelonnée derrière les Croisés qui viennent de la traverser, s’allonge avec une prestigieuse vérité. […] Toujours la foule agissante, inquiète, le tumulte des armes, la pompe des vêtements, la vérité emphatique du geste dans les grandes circonstances de la vie ! […] Par le premier et rapide coup d’œil jeté sur l’ensemble de ces tableaux, et par leur examen minutieux et attentif, sont constatées plusieurs vérités irréfutables. […] Du dessin de Delacroix, si absurdement, si niaisement critiqué, que faut-il dire, si ce n’est qu’il est des vérités élémentaires complètement méconnues ; qu’un bon dessin n’est pas une ligne dure, cruelle, despotique, immobile, enfermant une figure comme une camisole de force ; que le dessin doit être comme la nature, vivant et agité ; que la simplification dans le dessin est une monstruosité, comme la tragédie dans le monde dramatique ; que la nature nous présente une série infinie de lignes courbes, fuyantes, brisées, suivant une loi de génération impeccable, où le parallélisme est toujours indécis et sinueux, où les concavités et les convexités se correspondent et se poursuivent ; que M.
Car ce poëte, ce musicien, est un sage, un disciple immédiat de l’école philosophique la plus pure avant Socrate et Platon, de cette école pythagoricienne qui, mêlant l’ardeur ascétique à la science, inspira les premiers martyrs de la vérité morale et forma plus tard le héros le plus honnête homme de l’antiquité, Épaminondas, élève du chanteur Olympiodore et du philosophe Lysis, en même temps que le plus agile coureur de la lice thébaine8, Épaminondas, grand homme, sans les vices trop fréquents des héros antiques et les défauts ordinaires des hommes. […] C’est de la contemplation d’une telle béatitude que Pindare dit encore ces mots si simples : « La félicité des justes n’est pas fugitive. » Ces idées sublimes, dont Platon a félicité le poëte thébain, étaient-elles une leçon recueillie dans ces mystères d’Éleusis désignés parfois comme le dépôt d’antiques et saintes vérités ? […] » Ce n’est rien moins que le fait d’une morale primitive, d’une vérité absolue, c’est-à-dire la base même de tout droit. […] On dirait qu’il a devancé ce vœu, tant soit peu contradictoire, que l’impatience des folies populaires arrachait à Platon : « Un bon tyran aidé d’un bon législateur. » C’est ainsi que, dans la grande ode à Arcésilas, roi de la Cyrénaïque, au milieu des traditions de la fable sur les origines de cette colonie dorienne, il profère ces graves paroles, dont la vérité littérale appartient à tous les temps : « Ébranler une cité est chose facile, même aux plus misérables ; mais la rasseoir sur le sol est un rude labeur, à moins que tout à coup quelque dieu ne se fasse le gouverneur de ceux qui conduisent. […] C’est elle qui fait violence à la vérité, et sur des noms obscurs jette une gloire corrompue21. » Sa complaisance de cœur semble être pour l’île d’Égine, la conquête et l’auxiliaire d’Athènes, grande dans l’imagination poétique par le nom des Éacides, et mêlant, comme Athènes, la guerre, la marine et les arts.
Et c’est la vérité. […] Les tentations de saint Antoine sont la légende d’une vérité. […] Son goût allait aux vérités partielles et non à la vérité unique, cette chimère qui n’attire que les esprits simples. […] Une chimère, la Vérité. […] Joseph Bédier : Chateaubriand en Amérique ; Vérité et Fiction.
On est, à la vérité, surpris d’abord et un peu froissé dans ses habitudes. […] Durant une crise récente, spectateur de sang-froid des grands combats menés pour la Justice et pour la Vérité, M. […] À la vérité, cette attitude de l’esprit critique qui s’incline devant la coutume et les mœurs de son pays n’est pas précisément nouvelle. […] À la vérité, c’était un pur psychologue qui se regardait vivre comme Condillac observait sa statue. […] À la vérité, les modèles étaient presque inimitables, s’appelant Sévigné, Rabutin et Saint-Simon.
Quant à Parsifal, la conception d’une nature parfaitement simple et pure, s’élevant par le sentiment de la compassion aux plus hautes vérités religieuses, n’a rien que de noble et beau. […] À défaut d’expression abstraite, pourrait-on démontrer la vérité de cette révélation « in concreto », dans l’histoire de l’humanité ? […] La vérité est que le drame idéal est et peut être seulement le drame musical, et que le drame parlé doit être strictement réaliste. […] « La science n’a une force et n’offre un intérêt que durant qu’elle se trompe : car elle est un instrument de la vérité : lorsque la vérité est trouvée, la science cesse. » — « La Science est la force suprême de l’Esprit humain ; mais la direction de cette force est l’Art » (p. 23). […] C’est encore quelques phrases sur le Merveilleux dans l’Art (p. 66), moyen indispensable, dit Wagner, pour rendre claire à tous la Vérité de la Nature ; des aphorismes (p. 73) sur les couleurs et les sons, dans leur correspondance expressive ; sur la modulation, tout autre dans la Musique instrumentale pure et dans le Drame ; des entrées à des écrits inachevés sur Berlioz, (p. 77) sur Rossini (p. 79).
Il leur faudra partir de quelque postulatum, de quelques vérités rationnelles ou expérimentales, ne point s’arrêter aux questions de principes et laisser à la philosophie ces discussions. […] Autrefois, elle contenait tout, principes et conséquences, causes et faits, vérités générales et résultats. […] La métaphysique est un dépôt de vérités en dehors et au-dessus de toute démonstration, parce qu’elles sont le fondement de toute démonstration : il est déterminé négativement par l’action réunie de toutes les sciences qui éliminent ce qui les dépasse. […] Les vérités mathématiques sont les mêmes pour un Hindou et pour un Grec, pour un Italien et un Anglais. […] Comment ne pas pressentir déjà cette vérité qui n’est un paradoxe que pour ceux qui s’arrêtent aux apparences ?