Charles Fuster Que de traits heureux et vrais, et comme cela est bien d’aujourd’hui, tout en gardant le « je ne sais quoi » éternel !
.) : Errata pour le Semeur : page 93 lre colonne, ligne 24 d’en bas, ses malheurs, lisez : le malheur public ; page 94, lre colonne, ligne 2 : ce trait, lisez : le trait. […] Ce sont des traits semblables qui font le vrai prix de cet ouvrage. […] C’est à bon escient qu’il solécise ; et il est peu de ses expressions dont il ne pût rendre compte, peu de ses traits qui n’aient leur raison toute prête. […] Le costume de ces personnages, leurs traits, leurs voix, leurs armes, résume, simultanise une longue histoire, une période du genre humain. […] Erreur de fait, puisque c’est nier au christianisme son trait distinctif et à l’Evangile l’idée dont il n’est que le développement en tous sens.
Dans la hâte de l’actualité, je n’ai pu mettre ici que les principaux traits de son tempérament littéraire et de sa carrière artistique. […] La bonne dame de la poste nous est très convenablement apparue sous les traits de Mlle Bellanger. […] Il y a quelques grands discours et des discours qui n’ont pas trait à l’action (Philippe II au sixième tableau, quelques autres endroits encore). […] Ce n’est qu’un sermon, parsemé de jolis traits de sensibilité précieuse, mais surtout inondé et refluent de rhétorique. […] Il nous dit dans sa préface de le Retour de Jérusalem : « On a trouvé exagéré… tel trait de solidarité [entre israélites].
La réputation brillante qu’elle a eue d’abord, ne s’est point soutenue, malgré les traits d’esprit qui pétillent dans ses Romans, ses Contes de Fées & ses petites Poésies.
Nous avons donc élaboré à ce sujet un système tel quel, dont nous croyons devoir sans retard, exposer ici les traits principaux. […] Lorsque M. de Balzac arrête sur le trottoir de quelque rue étroite et boueuse un usurier, une fille à parure équivoque, un petit rentier, un recors, un marchand, il a, pour nous représenter, pour nous détailler sa créature, une verve, une certitude de trait qui saisit l’esprit et le cloue au récit du conteur. […] Toujours les mêmes êtres sont reproduits, semblables de taille, de traits, et de visage, et s’il faut déclarer notre impression franchement la voix de l’amante ne nous paraît qu’un écho lointain de l’Haïdée de Byron, et le cœur du héros, qu’une ombre rapetissée de Childe Harold. […] Aujourd’hui c’est La Fontaine qui est mis à contribution et rendu trait pour trait. […] Pour le style, il est convenable et rien de plus : à l’exception de la lettre de Bernerette que nous avons citée, on n’y remarque aucun trait saillant.
Pierre Quillard Leconte de Lisle se serait plu aux tierces rimes ironiques et féroces de la Justice du mandarin, aux paysages et aux animaux étudiés et décrits en traits sobres et durs, et aux belles strophes où la pensée métaphysique se laisse apercevoir seulement sous un voile d’images éclatantes.
Ceux qui aiment le style précis & agréable, doivent bien se garder de lire ses Ouvrages ; ceux qui savent démêler les traits d’érudition au milieu du verbiage & de l’ennui des dissertations, pourront y trouver de quoi étendre leurs connoissances, sur tout dans l’Histoire générale de la Religion des Turcs, Ouvrage traduit de l’Arabe, & dans l’Histoire du Maréchal de Thoyras, où l’on trouve des anecdotes curieuses concernant la Cour de Louis XIII.
Cette Histoire fut d'abord recherchée à cause des satires, des traits singuliers, des anecdotes scandaleuses, & des hardiesses en tout genre, qu'elle contient.
Telle est, dans ses traits dominants, la biographie de Thomas de Quincey. […] Ses traits s’étaient comme purifiés, sous la blanche poussée des cheveux et de la barbe. […] Il n’y avait pas dans ses traits un seul signe de décrépitude, comme d’ordinaire chez les vieillards. […] La Norvège est le pays où se sont le plus fortement développés les traits caractéristiques de l’esprit Scandinave ; et il n’y a pas un de ces traits qui soit aussi saisissant qu’une certaine façon de parler intermittente, bizarre, on dirait presque égarée. […] Le même trait se retrouve dans leur littérature : les personnages des nouvelles de M.
Si vous longez la mer du Nord depuis l’Escaut jusqu’au Jutland, vous vous apercevrez d’abord que le trait marquant du pays est le manque de pente ; marécages, landes et bas-fonds : les fleuves, péniblement, se traînent, enflés et inertes, avec de longues ondulations noirâtres ; leur eau extravasée suinte à travers la rive, et reparaît au-delà en flaques dormantes. […] Supplices et carnages, besoin du danger, fureur de destruction, audaces obstinées et insensées du tempérament trop fort, déchaînement des instincts carnassiers, ce sont là les traits qui apparaissent à chaque pas dans les anciennes Sagas. […] La force de l’impression intérieure qui, ne sachant pas s’épancher, se concentre et se double en s’accumulant, l’aspérité de l’expression extérieure, qui, asservie à l’énergie et aux secousses du sentiment intime, ne travaille qu’à le manifester intact et fruste en dépit et aux dépens de toute règle et de toute beauté, voilà les traits marquants de cette poésie, et ce seront aussi les traits marquants de la poésie qui suivra. […] Dernier trait du génie national, qui, lorsqu’il travaille à comprendre les choses, laisse de côté la déduction sèche, nette, suivie, pour employer l’image bizarre, lointaine, multipliée, et remplace l’analyse par l’intuition. […] Dans ce chapitre il a rassemblé une foule de traits qui marquent la persistance de l’ancienne mythologie.
Mais un trait marqué le sépare à l’instant de Pétrarque. […] D’autres traits sont encore plus gais : voici venir la vraie littérature gauloise, les fabliaux salés, les mauvais tours joués au voisin, non pas enveloppés dans la phrase cicéronienne de Boccace, mais contés lestement et par un homme en belle humeur200. […] Une meurtrissure, une franche ordure passe en pareil monde pour un trait d’esprit. […] On est capable d’extraire dans chaque objet, paysage, situation, personnage, les traits spéciaux et significatifs, pour les amasser, les ranger et en composer une œuvre artificielle qui surpasse l’œuvre naturelle par sa pureté et son achèvement. […] C’est la vie pourtant, avec les deux grands traits qu’elle va manifester, avec la haine de la hiérarchie ecclésiastique, qui est la Réforme, avec le retour aux sens et à la vie naturelle, qui est la Renaissance.
Tourgueneff qu’il faut en accuser ; il s’est borné à retracer consciencieusement les scènes et les traits de mœurs populaires qu’il a recueillis en parcourant, le fusil sur l’épaule, les différentes provinces de l’empire. […] Ce dernier trait de caractère a fourni à l’auteur une de ses meilleures études ; elle est intitulée les Chanteurs, et, ainsi que son titre l’indique, nous y assistons à un concert champêtre qui est plein d’intérêt. […] Parmi les traits qui le distinguent, il en est un malheureusement général chez le peuple russe ; c’est un dédain, un mépris pour les femmes qui rend le sort de celles-ci des plus tristes. […] Ce trait de mœurs des peuples neufs est trop saillant pour avoir échappé à Tourgueneff. […] Quand à Obaldouï, il s’empressa d’avaler un verre d’eau-de-vie : puis, suivant l’usage des ivrognes de profession, il poussa un gémissement rauque, et une expression de mélancolie se répandit sur ses traits.
Je vous dirai bien que ma reconnaissance pour un trait si rare durera autant que ma vie ; mais hélas ! […] Comme circonstance piquante ayant trait à cette même époque, il racontait qu’il avait été chargé pendant quelque temps de faire le rapport sur le marquis de Sade. […] Ajoutez ceci encore : chaque écrivain, en avançant, encourt plus ou moins les inconvénients de sa manière ; celui qui visait tout d’abord au trait, tend à s’aiguiser de plus en plus ; celui qui n’y visait pas du tout est sujet, dans la forme, à l’abandon. […] — La peinture du Dieu de l’Hiver, dont Baggesen place le trône au-dessus de tous les glaciers des Alpes, offre aussi de ces traits de vigueur austère qui n’appartiennent qu’aux poëtes supérieurs. […] Sa prédilection, d’ailleurs, pour la noble culture et pour les instincts chevaleresques des conquérants de l’Espagne est manifeste ; il ne résiste pas à dessiner quelques-uns des traits de leurs plus grands chefs en regard de la barbarie des Franks.
Ces Ouvrages firent du bruit dans leur temps, par la quantité de mensonges, de traits satiriques, & d'erreurs qu'ils renfermoient.
Ses Ecrits offrent fréquemment des traits où le Sénat de Rome eût pu apprendre ses devoirs, & l'Eloquence Romaine trouver des modeles.
Ces Ouvrages offrent de temps en temps quelques traits heureux, peu propres toutefois à soutenir une réputation dans le monde littéraire.
Ce qui prouve qu’elle étoit née avec de vrais talens, c’est que, malgré la barbarie de son Siecle, on remarque dans ses Poésies, des traits d’esprit & de délicatesse qui font le plus grand plaisir.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) ! […] que de saillies, de traits charmants et sensés, que de précieux ou de piquants souvenirs, que d’idées, que de trésors jetés aux quatre vents de l’horizon et qu’il ne recueillera jamais !
Il ne faut chercher dans un peuple, comme dans un homme, que son trait caractéristique : tous les autres sont l’effet de mille hasards différents ; celui-là seul constitue son être. […] Les fables islandaises, les poésies scandinaves du neuvième siècle, origine commune de la littérature anglaise et de la littérature allemande, ont la plus grande ressemblance avec les traits distinctifs des poésies erses et du poëme de Fingal.
Quel est le trait dominant de sa physionomie morale ou de son aspect physique ? […] Mais ils marquent le personnage, en passant, d’un trait juste et ineffaçable.
On a souvent, cité à ce propos le trait curieux de l’administration de saint Charles Borromée, le grand archevêque de Milan, que M. […] Chacun pouvait se faire un fonds plus ou moins riche de traits conformes à son caractère.
Il résulta de ces échanges que les traits de ressemblance entre la comédie régulière et la comédie de l’art se multiplièrent. […] Les valets balourds et poltrons en arrivent de bonne heure à se ressembler sur les deux scènes comiques : ainsi le Zucca de L’Interesse (l’Intérêt ou la Cupidité), comédie régulière de Nicolo Secchi, Zucca qui est devenu le Mascarille du Dépit amoureux, était un véritable Arlequin poltron et balourd dont Molière n’a pas complètement effacé les traits, tandis que le Mascarille de L’Étourdi n’était autre, comme on le verra plus loin, que le rusé Scappino, le Scapin-modèle emprunté à Beltrame, l’un des plus fameux artistes et écrivains de la commedia dell’arte.
Il suffit de lire l’analyse que donnent de ce scénario les auteurs de l’Histoire de l’ancien théâtre italien, pour se convaincre que les traits de ressemblance qu’il présente avec la fameuse comédie sont d’abord tout à fait insignifiants, qu’en outre ils ne tiennent nullement, dans la farce italienne, au fond du sujet et y semblent au contraire introduits après coup ; d’où l’on peut conclure à peu près certainement que Il Basilico di Bernagasso s’est enrichi de ces traits aux dépens du Tartuffe.
Quand il se livre à son enthousiasme, sa verve offre des traits que nos Poëtes les plus sublimes, l’Auteur même d’Athalie, n’auroient pas désavoués. […] Par-là il a contracté une monotonie & une sécheresse qui fatiguent le Lecteur, malgré son admiration pour les traits intéressans qu’on lui offre assez fréquemment.
» On le voit, à ces traits et à beaucoup d’autres, hachures d’erreurs qu’on retrouve distinctes malgré l’habileté de la main, le livre de E. […] Chastel dans les généralités historiques qui ne touchent pas le sol embrasé, le sol volcanisé que nous sentons frémir sous nos pieds… Lui, le catholique, qui n’a pas de liaison d’idées avec l’ennemi, qui ne met point, plus ou moins, sa main dans la sienne, est discret, agressif, incompatible avec les doctrines socialistes contemporaines, et il ajoute souvent un trait à tous ceux qui les ont percées de toutes parts.
A mesure qu’on avance dans la vie et qu’on la connaît davantage, on apprécie de plus en plus ceux qui l’ont pénétrée à fond et peinte en traits ineffaçables. […] Voici, sommairement, les principaux traits de ce joli manifeste révolutionnaire : Vivant, l’homme de génie excite l’envie ; mort, il est adoré. […] Voilà quelques traits seulement de cette pièce étrange et curieuse. […] En revanche le dernier trait de ce dialogue a son prix, et ne se trouve pas dans Corneille. […] Je ne suivrai pas la pièce en détail, j’en marquerai seulement les principaux traits.
Eugène Ledrain Personne n’a le trait plus gaulois que M.
Il s’y exprime avec autant de goût que de chaleur, & il y présente les plus beaux traits de l’Eloquence, en découvrant en même temps les causes de sa corruption chez les Romains.
Cinq ou six Dictionnaires, tels que le Dictionnaire Iconologique, celui du Citoyen, celui de Jurisprudence & de Pratique, celui d’Anecdotes & de Traits singuliers, celui de Portraits des Hommes célebres, dont quelques-uns ont eu du succès, sont le fruit de ses travaux littéraires.
Quelquefois il échappoit à Guy Patin des traits de vérité sur la Science qu’il professoit.
On chercheroit en vain, dans ses Panégyriques & ses Oraisons funebres, ces traits d'une éloquence sublime, si familiers aux Grands Maîtres.
On trouve dans le Sorberiana, Recueil formé de ce qu'il y a de plus passable dans ses Ouvrages, quelques traits instructifs & curieux.
Le malheur de cette enfance sans mère, cette éducation orpheline et à la charge d’autrui, cette pauvreté du jeune homme, n’ont pas altéré un trait de son amabilité gracieuse. […] Ses yeux sont un peu gris, un peu enfoncés ; il en fait tout ce qu’il veut, et la mobilité de ses traits donne si rapidement à sa physionomie un air de sentiment, de noblesse et de folie, qu’elle ne lui laisse pas le temps de paraître laide. […] Quoique ce morceau soit de sa première et un peu fade manière, on y trouve des traits tels que Delille n’en a pas assez connu, comme, par exemple, quand Hortésie étant introduite devant les juges et ne parlant point encore, ceux-ci eurent beaucoup de peine à ne se pas laisser corrompre aux charmes même de son silence. […] C’est un trait bien honorable et distinctif du talent et du caractère de Delille, d’avoir su, sans y prendre garde, lasser la malice et désarmer l’agression. […] Sans y rien trouver qui réfute directement les traits semés dans cet article, nous avons pu y voir des marques d’une nature franche, dévouée, sincère, et il nous a paru très-concevable en effet que ceux qui ont connu madame Delille l’aient jugée autrement que le monde, les indifférents, ou les simples amis littéraires du poète.
Sa physionomie, simple, modeste et douce, n’avait rien de cette tension orgueilleuse des traits ou de cette évaporation des yeux qui caractérise trop souvent ces hommes de vanité, plus que de génie, qu’on appelle les poètes populaires : ce que la nature a donné, on le possède sans prétention et sans jactance. […] Le poète trace rapidement en traits proverbiaux du pays le portrait du beau villageois ambulant et son caractère. […] si dans un verre d’eau vous aviez vu cette gentillesse et cette grâce reflétées, d’un trait vous l’auriez bue ! […] Nous renonçons à l’abréger ; chaque trait contribue au tableau ; c’est un tissu d’images dont on ne peut arracher un brin sans dégrader l’œuvre. […] Dans l’obscurité, assis sur une pierre, et muet comme la nuit, des mamelles gonflées celui-ci exprimait le bon lait chaud ; le lait, jaillissant à longs traits, s’élevait dans les bords écumeux de la seille, à vue d’œil.
La douce émotion que l’on ressent au soir d’une journée bien employée respirait sur ses traits ; notre conversation roulait sur de grands et nobles sujets ; je voyais alors se montrer tout ce que sa nature renfermait de plus élevé, et mon âme s’enflammait à la sienne. […] C’est aussi par une conséquence de ce trait de son caractère que, dans maints de ses livres et dans maintes de ses assertions orales, il est très retenu et plein de réserve. — Mais il y avait d’heureux moments où un génie plus puissant se rendait maître de lui, et lui faisait abandonner son empire sur lui-même ; alors la conversation avait une effervescence toute juvénile, elle se précipitait comme un torrent qui descend des montagnes. […] Ce trait de gaieté parut faire grand plaisir à Goethe. […] Je ne pouvais me rassasier de regarder les traits puissants de ce visage bruni, riche en replis dont chacun avait son expression, et dans tous se lisaient la loyauté, la solidité, avec tant de calme et de grandeur ! […] Une dame de beaucoup d’esprit raconta des traits du caractère de Beethoven.
Son trait caractéristique est d’ignorer le monde où il vit, et de s’ignorer lui-même. […] Le portrait lui-même est fait d’après lui ; tour d’esprit et méthode, caractère et conduite, chaque trait essentiel se reconnaît dans ses ouvrages et dans sa vie. […] Il l’a rencontré dans ses solitaires promenades « sous les grands arbres de la forêt de Saint-Germain », et il l’a dépeint sous les traits d’un homme des bois. […] Sans aller fouiller dans ce qu’il nous autorise à appeler les ordures de sa vie, il suffit de noter le trait qui en marque toute la suite ; ce trait, c’est le dégoût du devoir. […] C’est à la fois un fait qui lui est particulier et un trait de l’esprit d’utopie.
Je crois qu’on trouverait difficilement dans le Tristan et Isolde de Wagner des traits qui indiqueraient, même vaguement, ces analogies mythologiques ; heureusement ! […] Que nous importe que certaines peuplades celtiques se soient plues à se présenter Tristan sous les traits d’un porcher que son maître envoie chercher la belle bergère, que, lui, il aime ? […] On ne peut douter que Wagner ait beaucoup lu sur Tristan ; cela se voit à de nombreux petits traits que je ne puis énumérer ici. […] On sait qu’en Allemagne il y a toute une littérature sur ce sujet ; mais on fera bien de ne point la lire. — Dans le troisième acte, on remarquera surtout ce trait caractéristique, que, Tristan se donne lui-même la mort, rouvrant sa blessure ; tandis que dans les poèmes antérieurs on le trompait, en lui annonçant que le vaisseau arrivait avec des voiles noires ; cette nouvelle le tuait, puisqu’elle montrait qu’Isolde n’était point sur le vaisseau80. […] Dans la première esquisse, Parsifal devait arriver à Karéol dans le troisième acte ; de nouveau un trait emprunté au roman français.
Cependant qu’étoit-ce qu’une critique de quelques vers foibles, de quelques mauvaises expressions, de quelques bévues réelles, & de quelques pensées fausses, en comparaison de tant de traits qu’il décocha sur toute la famille de Perrault ? […] Sur quelque morceau qu’on puisse tomber, on deplorera l’abus de l’esprit, on verra quelques antithèses, quelques tours délicats tenir lieu des beautés d’imagination, & des plus sublimes traits d’éloquence ; la petite manière substituée en tout à la grande. […] Ceux qui aiment les tableaux pleins de feu & d’imagination, & qui ne sont que heurtés, se détermineront pour les grands traits de l’Iliade ; mais ceux qui n’estiment que les peintures finies & léchées, mettront au-dessus de tout les beaux endroits de l’Énéide. […] C’est une succession continuelle des plus beaux traits épiques. […] Ces mêmes romanciers François trouvent des défenseurs & des vengeurs, qui reprochent à ceux d’Angleterre les longueurs, le verbiage, la bassesse des détails, mille traits qui sont, à la vérité, dans la nature, mais non pas dans la belle nature.
On dirait d’humbles compagnons et suivants de nos chroniqueurs, et qui ne songent en leurs traits rapides qu’à saisir les physionomies telles qu’ils les voient, avec vérité et candeur ; la seule ressemblance les occupe ; les imitations étrangères ne les atteignent pas. […] En général, les hommes gagnent à cette reproduction par le trait, tandis qu’avec les femmes il faut quelque effort d’imagination pour y ressaisir leur délicatesse et leur fleur de beauté. […] En voici quelques traits : Cette lettre est courte, afin que vous vous rendormiez après l’avoir lue.
Chaque développement chez Massillon, chaque strophe oratoire se compose d’une suite de pensées et de phrases, d’ordinaire assez courtes, se reproduisant d’elles-mêmes, naissant l’une de l’autre, s’appelant, se succédant, sans traits aigus, sans images trop saillantes ni communes, et marchant avec nombre et mélodie comme les parties d’un même tout. […] Buffon, qui estimait Massillon le premier de nos prosateurs, semble l’avoir eu présent à la pensée lorsque, dans son Discours sur le style, il a dit : Pour bien écrire, il faut donc posséder pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l’ordre de ses pensées et en former une suite, une chaîne continue, dont chaque point représente une idée ; et, lorsqu’on aura pris la plume, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de s’en écarter, sans l’appuyer trop inégalement, sans lui donner d’autre mouvement que relui qui sera déterminé par l’espace qu’elle doit parcourir. […] Il n’est pas donné à tous les esprits de sentir et de goûter également ce genre de beautés et de mérites de Massillon : il en est, je le sais, qui le trouvent monotone, sans assez de relief et de ces traits qui s’enfoncent, sans assez de ces images ou de ces pensées qui font éclat.