Son caractère d’idéale mysticité, est surtout rendu sensible par le pianissimo toujours conservé dans l’orchestre, et qu’interrompt à peine le court moment où les cuivres font resplendir les merveilleuses lignes du seul motif de cette introduction. […] Mais, là, surtout, évitons d’évoquer le souvenir écrasant du second acte du Crépuscule des Dieux, d’une beauté si sublime, si terrifiante ! […] Beethoven par Richard Wagner (Suite) Si nous revoyons en arrière le progrès artistique que la musique a fait par Beethoven, nous pourrons faire surtout consister ce progrès en ce que Beethoven a donné à la musique une propriété que l’on croyait devoir, auparavant, lui refuser ; et cette propriété, acquise, a conduit la musique bien loin au-dessus du pur service de la beauté esthétique, jusque dans la sphère du Très-Haut ; et dans cette sphère, l’art des sons devait être, enfin, délivré de tout enchaînement sous les formes traditionnelles ou conventionnelles, délivré au moyen d’une pénétration et animation complète de ces formes par le génie le plus intime de la musique. […] Toujours ce défaut général, l’indépendance de la musique par rapport au texte parlé ; elle supprime, en réalité, la valeur de ce texte, dans ces œuvres de chant, mais, surtout dans l’Opéra. […] Car nous avons vu que, pour être réalisée complètement, l’œuvre d’art formée par cette activité exigeait, aussi, la forme artistique complète, cette forme dans laquelle disparaissent, complètement, et pour le Drame, et pour la Musique, surtout, toutes les conventions adoptées.
Les romans modernes sont descriptifs, pittoresques, analytiques ; conçus généralement en une langue graphique et peinant à l’être, s’appliquant à dépeindre exactement et magnifiquement, en couleur et en relief, les lieux où se passe l’action, ils tendent surtout à présenter une image précise et impartiale de l’âme humaine conçue comme complexe, variable, aussi intéressante dans ses parties inférieures ou honteuses, dans ses laideurs, ses vices, ses passions, qu’en ses vertus et son énergie ; ils tendent encore à donner la connaissance minutieuse et renseignante du milieu social ou professionnel dans lequel se meut le protagoniste, du monde qui l’entoure, des intérêts qu’il prend du département de la vie commune auquel il participe ; et tous ces renseignements et ces analyses sont mis bout à bout au moyen d’une intrigue la plus simple, la plus ordinaire possible, réduite à n’être plus qu’une sorte de prétexte à lier entre eux les tableaux, les scènes, les traits de caractère, de façon que l’œuvre soit plutôt une étude de personnage et de mœurs, qu’un récit romanesque ou une effusion personnelle de l’auteur. […] Il ne faut chercher chez lui ni une psychologie profonde ni de vastes sujets ; il n’est ni un romancier de notre école réaliste ou idéaliste, ni même un romancier véritable, ni surtout ce que nous avons appris à considérer comme un artiste. […] Si les caractères ont quelque peu varié de l’état sauvage au nôtre, c’est surtout grâce aux mobiles que les religions dédaignent : l’orgueil, l’amour de la vie, l’amour des jouissances, l’amour sensuel même, l’intérêt, l’égoïsme individuel, l’égoïsme patriotique ; et dans ce lent travail de formation de lui-même, auquel l’ont si peu aidé ses prêtres, l’homme, en paraissant et en croyant les écouter, ne s’est défait que de ce qui lui nuisait, et n’a recherché qu’une somme supérieure de bonheur, se pliant mieux à la vie naturelle et sociale et suivant ces commandements véritables, que personne ne lui formulait, mais que les climats, la chasse, la guerre, ses sens, toute sa chair, lui ont impérieusement imposés. […] Aussi le style d’un littérateur affectif sera exubérant, grandiloque, tout de premier jet et d’inspiration, tourmenté, sans mesure, sans grâce ; cet auteur se lancera à propos de n’importe quel sujet en infinis développements, et comme c’est son sentiment qui le fait écrire et qu’au moment où il écrit, ce sentiment d’aversion, de bienveillance, de raillerie, constitue son moi tout entier, cet auteur parlera surtout de lui-même et de ce qui l’agite toutes les fois qu’aucune raison supérieure ne l’empêche. […] Il eut les dehors, le caractère, la vie, l’art surtout d’un enthousiaste.
Corneille imite surtout les Espagnols, et Sénèque ; c’est un Romain, si l’on veut, mais un Romain d’Ibérie ; Romain exagéré, déclamatoire, qui donne à l’héroïsme l’attitude, le geste, l’accent du matamore. […] XXI Quant à l’histoire, elle n’avait encore ni assez d’âge, ni assez d’indépendance, ni assez de profondeur, ni surtout assez de politique ; elle ne connaissait dans le récit que le conte, le poème ou la chronique : son Tacite inculte, Saint-Simon, trop passionné pour être imitateur de personne, lui donna tout à coup l’originalité de son propre caractère. […] Les langues ne servent pas seulement à écrire, elles servent surtout à causer. […] XXIV Nous définissons ainsi nous-même le style, et surtout celui de madame de Sévigné, le style français, dans ces paroles. […] C’est dans l’oraison funèbre surtout que s’aperçoit pour la première fois le confluent de l’éloquence sacrée et de l’éloquence profane, de la chaire et de l’académie, du pontife et de l’homme de lettres.
L’hébreu enfin, elliptique et concassé comme ses rochers du Sinaï, avait été calqué par les orateurs religieux et par Bossuet surtout, et cette langue avait donné au français l’éclair lyrique et l’autorité prophétique qui écrivent en lueurs et qui parlent en foudres. Quels plus riches matériaux de langue un grand poète éclectique comme Racine pouvait-il trouver sous la main pour construire à sa gloire et à la gloire de sa nation le chef-d’œuvre achevé et insurpassable de la langue poétique française, si ce poète surtout savait choisir avec la sûreté de bon sens, la délicatesse de goût et le tact infaillible du caractère français ce qui convenait le mieux dans ces matériaux étrangers au génie sensé, clair, simple et naturel de la nation ? […] Mais aussi remarquez bien une chose : c’est que tous ceux qui lui reprochent d’être trop exclusivement français sont des critiques, des écrivains ou des poètes, qui sont eux-mêmes trop étrangers dans leurs tendances poétiques et qui touchent, par quelques exagérations de leur génie, à ces vices et à ces excès du grec, du latin, de l’hébreu, de l’italien et surtout de l’espagnol, que Racine a su, avec un art sévère, corriger et exclure de la langue dans laquelle nous chantons pour nous et pour la postérité de la France. […] Leur crédit et surtout l’intervention amicale de Molière, directeur de théâtre, obtinrent la représentation de la Thébaïde ou des Frères ennemis. […] Une lettre sévère et touchante que la tante de Racine, religieuse à Port-Royal, écrivit à son neveu dans le même temps, fit croire à Racine que la réprobation générale de Nicole s’adressait surtout à lui.
On se demandait surtout quelle serait la langue assez majestueuse, assez grave, assez prophétique, assez divine, pour proférer des paroles françaises dans ces portiques de David, d’Isaïe, de Jéhova. […] Du mérite éclatant cette reine jalouse Hait surtout Josabeth, votre fidèle épouse. […] La grandeur de la scène, la majesté du pontificat, l’intervention divine pressentie dans le grand-prêtre, la divinité surtout de la langue des vers dont la perfection faisait oublier le rythme pour ne penser qu’au sens, enfin la voix et la prononciation de Talma, qui résumait dans son accent tous les échos souterrains ou célestes du Temple, suspendaient la vie des auditeurs. […] Ses yeux, comme effrayés, n’osaient se détourner ; Surtout Éliacin paraissait l’étonner. […] Autant que de Joad l’inflexible rudesse De leur superbe oreille offensait la mollesse, Autant je les charmais par ma dextérité, Dérobant à leurs yeux la triste vérité, Prêtant à leurs fureurs des couleurs favorables, Et prodigue surtout du sang des misérables.
Les électeurs et les princes de l’empire choisissent leur chef tantôt dans une maison, tantôt dans une autre ; le chef, l’empereur ainsi élu, reconnaît les limites de son autorité dans des lois grossières, mais religieusement observées, et surtout dans l’esprit électif qui n’était point alors un vain simulacre. […] Toutefois, elle est populaire encore en ce sens qu’elle est en harmonie avec l’esprit général du temps ; en effet, elle est accueillie et fêtée, surtout, il est vrai, dans les châteaux. […] Antérieurement aux universités, de grandes écoles florissaient de toutes parts en Allemagne, à Fulde, à Mayence, à Ratisbonne, et surtout à Cologne. […] C’est cette philosophie, née à la fin du xviiie siècle, mais qui remplit déjà le nôtre de sa renommée, de ses développemens et de ses luttes non encore achevées, c’est cette grande philosophie, considérée surtout dans sa partie morale, que je me propose de faire connaître avec quelque étendue. […] Il avait aussi le malheur d’être mal écrit ; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y eût souvent infiniment d’esprit dans les détails, et même de temps en temps d’admirables morceaux ; mais, comme l’auteur le reconnaît lui-même avec candeur dans la préface de l’édition de 1781, s’il y a partout une grande clarté logique, il y a très peu de cette autre clarté qu’il appelle esthétique, et qui naît de l’art de faire passer le lecteur du connu à l’inconnu, du facile au difficile, art si rare, surtout en Allemagne, et qui a entièrement manqué au philosophe de Koenigsberg.
Certaines races domestiques d’une même espèce ont souvent un aspect en quelque sorte monstrueux ; c’est-à-dire que, différentes les unes des autres, ainsi que des autres espèces du même genre, dans leur organisation générale, elles présentent souvent des différences extrêmes dans un seul de leurs organes, soit qu’on les compare ensemble, soit surtout qu’on les compare avec les espèces sauvages qui sont leurs alliées naturelles les plus proches. […] Le Messager, et surtout le mâle, présente un remarquable, développement de la caroncule autour de la tête, avec une grande élongation des paupières, de larges orifices nasaux et une grande ouverture du bec. […] Si la méthode de sélection consistait seulement à séparer quelque variété bien distincte pour la faire se reproduire, le principe serait d’une telle évidence qu’il ne vaudrait pas la peine de le discuter ; mais son importance consiste surtout dans le grand effet produit par l’accumulation dans une direction déterminée, et pendant un grand nombre de générations successives, de différences absolument inappréciables pour des yeux non exercés, différences que j’ai moi-même tenté en vain d’apercevoir. […] Il est certain qu’il a beaucoup plus attiré l’attention en ces derniers temps, surtout depuis que plusieurs traités ont été publiés à ce sujet ; et le résultat en a été aussi proportionnellement rapide et efficace. […] Je ne doute nullement que certains animaux domestiques ne varient moins que d’autres ; cependant la rareté ou l’absence de races distinctes, chez le Chat, l’Âne, le Paon, l’Oie, etc., provient surtout de ce que l’action sélective n’est jamais intervenue : chez les Chats, à cause de la difficulté de les apparier à son gré ; chez les Ânes, parce qu’ils sont toujours possédés en petit nombre par de pauvres gens qui font peu d’attention à leur reproduction, car récemment, en certaines provinces d’Espagne et des États-Unis, ces animaux ont été modifiés et améliorés d’une façon surprenante par une sélection soigneuse ; chez les Paons, parce qu’ils sont difficiles à élever et qu’on ne les garde jamais par grandes troupes ; chez les Oies enfin, parce qu’elles n’ont de valeur que pour leur chair ou leurs plumes, et plus encore, parce que nul n’a jamais trouvé plaisir à élever ou rassembler diverses races de ces animaux ; mais il faut dire aussi que l’Oie semble avoir une organisation singulièrement fixe58.
» À côté de ces mètres faciles, l’instinct du premier prosélytisme multipliait des hymnes plus simples encore à la Trinité sainte, au Christ et surtout à la Vierge. […] Là, en effet, où le ciel est moins beau, la nature moins riche, la vie moins extérieure et moins libre, la cité moins retentissante de fêtes et de triomphes, l’homme moins jeune, moins ardent, moins passionné de patrie et de gloire, la voix la plus expressive, n’ayant pas pour s’animer les grands spectacles du dehors, aura besoin des méditations les plus intérieures de l’âme ; et l’élévation, la contemplation abstraite et lyrique devra naître surtout de la solitude. […] Écoutez-la, comme l’hymne d’un siècle qui va finir ; écoutez-la, avant que ces beaux climats, mal défendus par le despotisme inerte de l’empire, mais préservés longtemps des Scythes et des Goths, tombent sous l’invasion musulmane, tombent pour des siècles, restent enfoncés, jusqu’à nos jours de civilisation matérielle et de politique surtout commerciale. […] » Sans doute l’empreinte profane et surtout homérique n’a pas tout à fait disparu de ces vers. […] Mais, en dépit de ces souvenirs que Synésius ne peut dépouiller, vous sentez désormais en lui l’inspiration chrétienne ; et le poëte a pu devenir évêque, surtout à cette époque d’une foi plus ardente et d’un formulaire moins rigoureux, où l’Église enveloppait dans sa communion des prosélytes parfois hétérodoxes sur quelques points, comme un vaste empire, aux premiers jours de ses victorieux agrandissements, reçoit et tolère dans son sein des cités et des territoires auxquels il laisse d’anciens usages et quelques libertés dissidentes de la règle d’obéissance commune.
Ils ont raconté comment on s’amusa et surtout comment on « s’embêta » pendant l’agonie de ce siècle blet. […] C’est surtout rendre un très mauvais service à l’auteur à qui l’on veut plaire. […] » Surtout n’allez pas croire que ceci soit un plaidoyer pour l’art utilitaire. […] Ils sont plus ragoûtants, n’est-ce pas, que les ouvriers, que les paysans et surtout que les bureaucrates ! […] Quelles, sont surtout les origines de la situation politique de la France à cette époque ?
Mais les animaux surtout attiraient son affection, étonnaient son intelligence. […] Le mois de novembre est, surtout en Normandie, l’époque la plus triste de l’année. […] Dans ce temps-là surtout, où cette île faisait peu de commerce aux Indes, le simple voisinage y était un titre d’amitié ; et l’hospitalité envers les étrangers, un devoir et un plaisir. […] Elle était née à Madagascar, d’où elle avait apporté quelque industrie, surtout celle de faire des paniers et des étoffes appelées pagnes, avec des herbes qui croissent dans les bois. […] Tu m’es cher, surtout depuis le jour où tu voulais te battre pour moi contre le maître de l’esclave.
Cet abîme, surtout dans les premiers temps, il désespéra de le franchir. […] Il opérait sur quelque chose ; s’approuvant ou se désapprouvant, il maintenait ou corrigeait, mais surtout ajoutait. […] Chacun a pu le rencontrer, surtout le matin, lorsqu’il courait aux imprimeries porter la copie et chercher les épreuves, dans un costume infiniment moins splendide. […] Il nous souvient surtout d’une de ces conférences qui eut lieu au cercle de la rue de Choiseul. […] C’est si bête de raconter, surtout quand on parle de quelque chose que l’on a vu avec plaisir !
Quoi qu’il en soit, il ne faut accuser ni Burrhus ni Sénèque d’une faible résistance, surtout lorsqu’on avouera que la brusque réponse de Burrhus amena sa fin tragique. […] XLIV), et surtout que ses instruments de musique ne soient pas oubliés. […] Surtout la peinture des infamies clandestines de leurs palais n’a-t-elle point été chargée ? […] Voyez entre autres la Lettre LXII, et surtout le chapitre VIII du livre VII, des Bienfaits. […] Bayle fait à ce sujet une réflexion très-juste, et dont l’application est facile à faire, surtout dans les circonstances présentes.
Ion, et surtout Créuse, ont, à l’occasion, des accents d’une tendresse délicieuse. […] En sorte que, dans l’instant où elle le délivre, nous comprenons qu’elle se délivre surtout elle-même. […] Elle est bien « celle qui ne veut pas savoir », mais elle est surtout celle qui ne veut pas juger. […] Capus ; car ce mérite est surtout dans le détail. […] C’est surtout dans ces épisodes qu’on peut relever l’autre équivoque dont j’ai parlé.
Il est surtout lui pour la pensée.
Trois imitations chez lui sont visibles et se font sentir tour à tour : celle d’André Chénier dans les ïambes, celle surtout de Barthélemy dans la satire et celle de Béranger dans la chanson.
Je salue en deux sortes de poèmes une sincérité égale : dans les uns, le poète, ému de sa merveilleuse diversité, exprime avec fougue ou en souriant chacun de ses aspects, chacun de ses moments, se réjouissant surtout à ce qu’il y a d’extrême en lui.
À vingt ans, il est beau de prendre une telle décision, surtout avant d’avoir pu se débarrasser des imitations fatales.
La crainte des flammes vengeresses et de l’éternité formidable de notre Enfer, perce à travers le rôle de cette femme criminelle39, et surtout dans la scène de la jalousie, qui, comme on le sait, est de l’invention du poète moderne.
Celui qu’on voit en montant l’escalier, mérite surtout l’attention.
surtout quand le Fait divers est là, tout auprès, tout au-dessus, dont la brièveté affriande votre paresse.
Ce qui me paraît surtout à remarquer en lui comme en plusieurs personnages du haut clergé français au xviiie siècle, c’est ce mélange de monde, de philosophie, de grâce, qui peu à peu sut s’allier avec bon sens et bon goût à la considération et à l’estime ; ces prélats de qualité, engagés un peu légèrement dans leur état, en prennent cependant l’esprit avec l’âge ; ils deviennent, à un moment, des hommes d’Église dans la meilleure acception du mot, sans cesser pour cela d’être des hommes du monde et des gens aimables ; puis, quand viendra la persécution, quand sonnera l’heure de l’épreuve et du danger, ils trouveront eu eux du courage et de la constance ; ils auront l’honneur de leur état ; vrais gentilshommes de l’Église, ils en voudront partager les disgrâces et les infortunes comme ils en avaient recueilli par avance les bénéfices et possédé les privilèges. […] À quoi Bernis répond toujours, surtout depuis qu’il est archevêque : « Si vous m’envoyez des vers, faites en sorte que je puisse m’en vanter ; je ne suis ni pédant, ni hypocrite ; mais sûrement vous seriez bien fâché que je ne fusse pas ce que je dois être et paraître. » Et un autre jour il lui avait dit : « Envoyez-moi vos contes honnêtes ; et, comme il est très raisonnable que je vous prêche un peu, je vous prie de quitter quelquefois la lyre et le luth pour toucher la harpe. […] Il indique alors quelques ridicules du jour qui sont un sujet tout fait pour la moquerie : « Il est plaisant, dit-il, que l’orgueil s’élève à mesure que le siècle baisse : aujourd’hui presque tous les écrivains veulent être législateurs, fondateurs d’empires, et tous les gentilshommes veulent descendre des souverains. » Il finit surtout par un conseil que Voltaire a trop peu suivi, et qui, au lieu de cette ricanerie universelle à laquelle il s’abandonnait, aurait dû être le but idéal suprême du grand écrivain en ces années de sa vieillesse : Riez de tout cela et faites-nous rire, lui dit Bernis en lui développant son plan ; mais il est digne du plus beau génie de la France de terminer sa carrière littéraire par un ouvrage qui fasse aimer la vertu, l’ordre, la subordination, sans laquelle toute société est en trouble.
Belin, médecin de Troyes ; c’est une curiosité d’amateur qui lui dicte sa première lettre (20 avril 1630) : il s’est mis depuis quelques années à rechercher les antiquités de la faculté de Paris, à faire collection de toutes les thèses qu’on y a soutenues ; il en a déjà ramassé plus de cinq cents, mais ce sont surtout celles des vingt dernières années qu’il possède, à partir de 1609 : quant à celles qui remontent plus haut, elles sont plus rares, et il s’adresse à M. […] Petits esprits, je n’aime pas qu’on dise cela des autres, surtout quand ces autres composent toute une classe et un groupe naturel : c’est une manière trop abrégée et trop commode d’indiquer qu’on est soi-même d’un groupe différent. […] Parmi ses adversaires les plus maltraités, il en est un surtout avec qui il a engagé un duel à mort très singulier et très remarquable dans ses circonstances.
Les contemporains de Marivaux ont dit de lui à peu près tout ce qu’on en peut dire : si l’on prend la peine de recueillir ce qu’ont écrit à son sujet Voltaire, Grimm, Collé, Marmontel, La Harpe, et surtout d’Alembert dans une excellente notice, on a de quoi se former un jugement précis et d’une entière exactitude : et pourtant il vaut mieux, même au risque de quelque hasard, oublier un moment ces témoignages voisins et concordants, et se donner soi-même l’impression directe d’une lecture à travers Marivaux. […] Et comment, par exemple, n’appellerait-on point précieux un observateur qui vous dit, en voyant dans une foule les figures laides faire assaut de coquetterie avec les figures plus jolies (la page est curieuse et dispense d’en lire beaucoup d’autres ; mais, à côté du bon Marivaux, il faut bien qu’on sache où est le mauvais) : J’examinais donc tous ces porteurs de visages, hommes et femmes ; je tâchais de démêler ce que chacun pensait de son lot, comment il s’en trouvait : par exemple, s’il y en avait quelqu’un qui prît le sien en patience, faute de pouvoir faire mieux ; mais je n’en découvris pas un dont la contenance ne me dît : « Je m’y tiens. » J’en voyais cependant, surtout des femmes, qui n’auraient pas dû être contentes, et qui auraient pu se plaindre de leur partage, sans passer pour trop difficiles ; il me semblait même qu’à la rencontre de certains visages mieux traités, elles avaient peur d’être obligées d’estimer moins le leur ; l’âme souffrait : aussi l’occasion était-elle chaude. […] Marivaux, en comparant son Tartuffe à celui de Molière, avait un peu de dédain, assure-t-on, pour les façons trop peu adroites du rival d’Orgon : lui, il s’applique surtout à être vraisemblable, à avoir l’air vrai dans les moindres démarches.
Il y eut surtout un intervalle, depuis 1585 jusqu’au triomphe de Henri IV (1594), où le danger pour la France et pour la civilisation fut imminent. […] Le coup de poignard de Ravaillac ne laissa pas le temps à cette monarchie ainsi faite, s’appuyant d’un nombreux corps de noblesse sédentaire (sauf les cas de guerre), brave et intéressée, adonnée à sa maison des champs et assez protectrice d’ailleurs du tiers état, à cette monarchie tempérée par des parlements, des notables, et surtout par la bonne humeur et une sorte de familiarité du prince, de se dessiner et de former institution. […] La France, en ne s’asseyant pas, et, à travers tout, en ne se sentant point satisfaite à demi, y a gagné d’être en étude, en expérience, en éducation perpétuelle, d’être comblée, puis épuisée, mais non pas rassasiée sous Louis XIV, de grandir par la pensée, même sous Louis XV, — surtout sous Louis XV, — d’en venir à la nécessité d’un 89 et d’un 1800, c’est-à-dire à un état social plus complètement débarrassé des liens du passé, à une plus grande perfection civile.
Campaux, surtout en un siècle où le sentiment de patrie était encore si peu commun ; il y avait un Français dans ce vagabond qui n’avait ni feu ni lieu. » Admirons moins : il faut bien que Villon, puisqu’il nous occupe, ait eu quelque chose en lui et qu’il soit quelquefois sorti de sa vie de taverne et de crapule ; sans quoi nous l’y laisserions tout entier. […] Tant qu’on ne produira pas un exemple ancien de cette façon de réplique qui donne ici tout l’agrément, et qui a surtout son à-propos quand il s’agit de femmes et de beautés célèbres, Villon reste en possession de son titre ; il garde en propre son plus beau fleuron. […] Toujours, quand il sera question de la rapidité et de la fuite des générations des hommes qui ressemblent, a dit le vieil Homère, aux feuilles des forêts ; toujours, quand on considérera la brièveté et le terme si court assigné aux plus nobles et aux plus triomphantes destinées : Stat sua quaeque dies, breve et irreparabile tempus Omnibus est vitae… mais surtout lorsque la pensée se reportera à ces images riantes et fugitives de la beauté évanouie, depuis Hélène jusqu’à Ninon, à ces groupes passagers qui semblent tour à tour emportés dans l’abîme par une danse légère, à ces femmes du Décaméron, de l’Heptaméron à celles des fêtes de Venise ou de la cour de Ferrare, à ces cortèges de Diane, — de la Diane de Henri II, — qui animaient les chasses galantes d’Anet, de Chambord ou de Fontainebleau ; quand on évoquera en souvenir les fières, les pompeuses ou tendres rivales qui faisaient guirlande autour de la jeunesse de Louis XIV : Ces belles Montbazons, ces Châtillons brillantes, Dansant avec Louis sous des berceaux de fleurs ; quand, plus près encore, mais déjà bien loin, on repassera ces noms qui résonnaient si vifs et si frais dans notre jeunesse, les reines des élégances d’alors, les Juliette, les Hortense, ensuite les Delphine, les Elvire même et jusqu’aux Lisette des poètes, et quand on se demandera avec un retour de tristesse : « Où sont-elles ?
Comment (et il se l’est demandé plus tard avec bien de l’énergie sous le masque de son d’Albert), comment, nourri dans le milieu domestique le plus calme et le plus chaste, dans une atmosphère pure et saine, allait-il deviner et choisir en tout de préférence le point gâté, faisandé, le ragoût épicé qui relève et qui est surtout fait pour plaire aux palais blasés ? […] Ce n’est pas ce que la plupart y cherchent qui me frappe surtout, quoique l’idée première cependant soit aussi juste que vive. […] Mais, en ce moment, je pense surtout au parrain de la bande, à Murger.
Mais on n’en est plus à deviner après cela quelles pouvaient être ses réponses aux critiques de Feuquières : si l’on prend la peine de chercher celles-ci dans les Mémoires de leur auteur, on aura sous les yeux les pièces du procès, et surtout (car c’est le seul point qui nous intéresse aujourd’hui) l’on verra nettement dans quelle catégorie de capitaines, dans quelle école et quelle famille d’hommes de guerre il convient de ranger Catinat. […] M. de Tessé, obéissant à ses instincts et donnant cours à ses talents, s’était arrangé pour entrer en relations secrètes avec le duc de Savoie, et Catinat, informé de ce double rôle qu’autorisait la Cour, n’en avait conçu nulle jalousie ; il croyait peu à la réussite de cette intrigue et s’occupait surtout de son métier. […] Les ennemis avaient mêlé des escadrons de distance en distance, surtout en front de bandière.
Jomini est un officier extrêmement distingué sous tous les rapports militaires ; il a surtout un talent rare comme officier d’état-major. » Autre apostille de Ney (janvier 1805) : « M. […] Berthier, dans ses hautes fonctions et dans son aptitude limitée, flaira de bonne heure en Jomini un talent supérieur, un rival possible auprès de Napoléon ; les missions de confiance que Jomini va remplir au quartier général impérial dans les campagnes de 1806-1807 éveilleront surtout la jalousie du major général, qui ne perdra aucune occasion dès lors de rabaisser, de retarder, s’il était possible, et finalement de décourager, d’ulcérer et d’outrer, jusqu’à le jeter hors des gonds, un étranger de mérite, et de l’ordre de mérite le plus fait pour lui porter ombrage. […] Jomini était de la suite de l’Empereur à son entrée triomphale à Berlin, le 28 octobre de cette année (1806), et il aimait à rappeler ce souvenir, non par vanterie, mais par manière de leçon, et en présence surtout des anniversaires et des contrastes étonnants auxquels il lui fut donné d’assister dans sa longue vie.
Admirateur et adorateur pieux des vieux maîtres, dans un beau désespoir de les égaler et de les atteindre, on se serait dit volontiers avec ce docte allemand (Creutzer) : « Il ne nous reste, à nous autres modernes, qu’à les aimer. » On pouvait se dire encore avec Goethe : « Négliger ces vieux modèles, Eschyle, Homère, c’est mourir. » J’ai surtout en vue nos Français attiques du bon temps, non ceux que le xviiie siècle nous a livrés sur la fin, un peu gâtés ou fort affaiblis, mais ceux-ci mêmes, dont était Fontanes, et quand ils se maintenaient dans cette noble mesure de goût, avaient leur manière d’être et de sentir heureuse et rare. […] Ç’a été surtout depuis soixante ans environ, ç’a été depuis Wolf, qu’un nouveau signal a été donné, et que la critique est rentrée délibérément en campagne. […] Bien qu’il ait annoncé précédemment qu’il ne tracerait pas l’idée complète et exemplaire du poète, il va pourtant le dépeindre et le présenter dans les conditions qu’il estime les plus favorables pour entreprendre une telle œuvre, c’est-à-dire doué d’une excellente félicité de nature, instruit dès l’enfance de tous les bons arts et sciences, versé dans les meilleurs auteurs de l’Antiquité, nullement ignorant avec cela des offices et devoirs de la vie humaine et civile, pas de trop haute naissance surtout ni appelé au régime public, ni non plus de lieu abject et pauvre, afin d’être exempt des embarras et des soucis domestiques, mais tranquille et serein d’esprit par tempérament et aussi par bonne conduite : il est touchant de lui voir définir cette heureuse médiocrité de condition et de circonstances, qui permet mieux en effet toute sa franchise de vocation et tout son essor au génie.
— Laissez cela, dit-il à son jeune disciple, vous portez secours au vainqueur, faites le contraire pour être juste et surtout pour être applaudi. […] Allez au-devant de lui, vous serez plus vrai et surtout vous serez plus fort ; la Providence vous a doué des magnificences du talent ; consacrez-les aux larmes et aux dieux de la patrie ; soyez le grand prêtre du passé ; le monde vous attend et l’esprit nouveau se tournera vers vous comme le pieux regret qui embrasse passionnément une ombre. […] Le Muscogulge, et surtout son allié le Siminole, respire la gaieté, l’amour, le contentement.
Elle consiste surtout en deux opérations : 1° la réduction de l’inconnu au connu ; 2° la démonstration par l’absurde. […] Il a enseigné à ne pas croire, mais surtout à traiter la croyance comme une sottise, et le croyant comme un imbécile. […] C’est là surtout qu’il faut chercher l’action et l’esprit de Voltaire.
Plus heureux encore que l’auteur des Maximes, qui n’avait eu affaire qu’à de grandes passions et à de grands vices, La Bruyère avait surtout affaire aux travers qui sont ou le commencement ou la fin des vices ; et, le plaisir du ridicule tempérant chez lui l’indignation du mal, il devait être plus modéré et plus agréable, en même temps qu’il était plus varié. […] Là surtout le besoin de plaire au public a fait sortir La Bruyère des limites de son art. […] Suivez-le, fût-ce du plus loin, et surtout ne me donnez pas « à choisir » ; car vous risquez fort que je n’en veuille pas prendre la peine et que, pour n’avoir pas à faire de choix, je ne rejette le tout.
Je crois que, si l’Empire eût eu au IVe siècle des grands hommes comme au second siècle, et surtout si le christianisme eût été aussi fortement centralisé à Rome qu’il le fut dans les siècles suivants, il eût été possible de rendre romains les barbares, avant leur entrée ou dès leur entrée, et de sauver ainsi la continuité de la machine. […] Que si l’on m’objecte qu’il n’est aucun métier auquel on puisse suffire avec quatre ou cinq heures d’occupation par jour, je répondrai que, dans une société savamment organisée, où les pertes de temps inutiles et les superfluités improductives seraient éliminées, où tout le monde travaillerait efficacement et surtout où les machines seraient employées non pour se passer de l’ouvrier, mais pour soulager ses bras et abréger ses heures de travail ; dans une telle société, dis-je, je suis persuadé (bien que je ne sois nullement compétent en ces matières) qu’un très petit nombre d’heures de travail suffiraient pour le bien de la société et pour les besoins de l’individu ; le reste serait à l’esprit. « Si chaque instrument, dit Aristote, pouvait, sur un ordre reçu ou même deviné, travailler de luimême, comme les statues de Dédale ou les trépieds de Vulcain, qui se rendaient seuls, dit le poète, aux réunions des dieux, si les navettes tissaient toutes seules, si l’archet jouait tout seul de la cithare, les entrepreneurs se passeraient d’ouvriers et les maîtres d’esclaves 182. […] L’abstinence et la mortification sont des vertus de barbares et d’hommes matériels, qui, sujets à de grossiers appétits, ne conçoivent rien de plus héroïque que d’y résister : aussi sont-elles surtout prisées dans les pays sensuels.
Il semble que, Dieu ayant donné la raison aux hommes, cette raison doive les avertir de ne pas s’avilir à imiter les animaux, surtout quand la nature ne leur a donné ni armes pour tuer leurs semblables ni instinct qui les porte à sucer leur sang. » Ces mêmes obstinés, trouvant étrange qu’on offrît pour modèles à l’humanité les loups et les ours, ont dit encore : Quand même l’histoire prouverait que de grands empires d’autrefois se sont formés par ce vol à main armée qu’on appelle la conquête, quand même de grands empires d’aujourd’hui ne seraient qu’une agglomération de provinces ou de colonies soudées de force ensemble, s’ensuit-il que le passé puisse servir de règle à l’avenir et qu’il soit permis de confondre ce qui a été ou ce qui est avec ce qui doit être ? […] Si elle n’est pas nouvelle, si elle existe plus grave, plus triste encore dans les cas de séparation, correctifs déjà anciens des mariages mal assortis, elle est devenue plus frappante, surtout plus fréquente ; elle a été compliquée par la faculté laissée aux deux divorcés de se remarier chacun de son côté. […] Si l’on essayait de déterminer dans quel ordre s’est opéré l’affranchissement des diverses matières qui peuvent faire l’objet des livres, on verrait que la littérature pure, celle qui borne ses visées à plaire et à divertir, qui par conséquent ne heurte aucun intérêt grave et ne peut guère commettre d’autre méfait que d’ennuyer, a la première, comme il est naturel, obtenu sa place au soleil ; que la science, grande redresseuse de préjugés et par là suspecte, mais protégée contre les défiances du pouvoir par sa sereine impassibilité comme par les formules mystérieuses dont elle est d’abord enveloppée, a eu déjà plus de peine à se dérober au contrôle des gouvernants excités contre elle par l’Eglise ; que les écrits philosophiques et religieux ou antireligieux, malgré de nombreux retours offensifs de la même Eglise, ont su ensuite se libérer de la surveillance officielle ; enfin que l’histoire, les mémoires, et surtout les ouvrages traitant de questions politiques et sociales, exprimant de la sorte des idées pouvant du jour au lendemain se transformer en actes et troubler l’ordre établi, ont été les derniers à conquérir la faculté de paraître sans encombre.
Le but n’était pas seulement de posséder la personne, c’était aussi et surtout de posséder le cœur et d’obtenir un tendre retour. […] Elle en veut surtout au P. de La Chaise, qui ne fait que son devoir, mais qui le fait mieux que jamais. […] Si le roi avait eu un enfant avec madame de Maintenon, et que les prêtres lui eussent fait un scrupule de laisser cet enfant sans état et sa mère dans le déshonneur, on pourrait dire que la religion a décidé le roi à épouser sa concubine, surtout s’il avait été dégoûté d’elle par la possession.
N’avez-vous pas vu de ces gamins effrontés qui marchent hardiment en tête de la musique d’un régiment un jour de départ, parodiant le fifre et le tambour, parodiant surtout le tambour-major ? […] Dans son Brissot démasqué, surtout dans son Histoire des Brissotins, il accuse toute la Gironde ; il s’attache à démontrer en ceux qu’il appelle injurieusement Brissotins, des conspirateurs, des royalistes, des instruments d’intrigue et de vénalité. […] Ouvrez les prisons à ces feux cent mille citoyens que vous appelez suspects… De tels cris rachètent beaucoup, surtout quand on les profère tout haut et tout seul, au milieu de cette insensibilité stupide de la foule et de cette sécurité dénaturée qu’il flétrit énergiquement et par un mot, cette fois, vraiment digne de Tacite.
C’étaient surtout les romans qu’elle aimait. […] Au moment où le mariage est décidé, on le voit surtout occupé à stipuler qu’il ne quittera pas le roi un seul instant, qu’il continuera de faire, comme auparavant, tous les devoirs de sa charge, le dernier au coucher et le premier au lever. […] Elle aime surtout la grandeur, elle aime la gloire ; elle s’y méprit souvent ; elle a toutefois des mouvements de fierté, d’honneur et de bonté, dignes de sa race.
Les défauts qu’on y remarque encore par instants, les déviations et les écarts qui naissent surtout de l’impétuosité et du conflit de ses talents divers, ne tiennent peut-être qu’à ce qu’il n’a pas été mis à même par la fortune d’être tout entier et toujours cet homme d’État qu’il est si souvent ; on peut croire qu’il ne lui a manqué que d’être élevé, une fois pour toutes, à son niveau et dans sa plus haute sphère. […] Mais ce qu’il était surtout en ces jours où il échappait aux autres et à lui-même, c’était un orateur sincère, impétueux, piqué au jeu et entraîné, un orateur qui avait promis d’être sage, et qui tout d’un coup faisait explosion. […] Les premières sont surtout destinées à battre en brèche La Fayette que la reine certes n’aimait pas, mais qu’on croyait aux Tuileries l’homme nécessaire.
C’était surtout aussi une manière de s’exercer sur un beau thème et de lutter avec un maître. […] Dans ses jugements il pensait surtout aux délicats, et l’on a pu dire qu’il avait en littérature « plus de volupté que d’ambition ». […] Mais toutes ces intentions premières furent interceptées et arrêtées avant le temps par le malheur des circonstances, et surtout par l’esprit du siècle dans lequel Rivarol vécut trop et plongea trop profondément pour pouvoir ensuite, même à force d’esprit, s’en affranchir.
D’Aguesseau, résumant cette impression si juste, lui écrivait après l’avoir lu : « J’envie presque à ceux qui étudient à présent, un bonheur qui nous a manqué, je veux dire l’avantage d’être conduit dans les belles-lettres par un guide dont le goût est si sûr, si délié (délié est un peu fort), si propre à faire sentir le vrai et le beau dans tous les ouvrages anciens et modernes. » Voltaire lui-même, qui fut sévère et une fois surtout injuste pour Rollin, l’a proclamé « le premier de son corps qui ait écrit en français avec pureté et noblesse. » Il l’a loué dans Le Temple du goût en des termes qui sont le jugement même, et il est allé jusqu’à appeler le Traité des études « un livre à jamais utile », ce qui est même trop dire, puisque ces sortes de livres n’ont qu’un temps, et que les générations qui en profitent les usent. […] Avec l’abbé d’Asfeld, il causait surtout de l’Écriture, des grands desseins de Dieu sur les peuples et de l’explication des prophéties ; avec le maréchal, il parlait des sièges, des batailles, et se faisait expliquer les détails militaires, pour s’épargner, disait-il ingénument, les bévues grossières et les méprises. […] Je ne voudrais rien faire entendre au-delà de ma pensée : les modestes, sans doute, pas plus que les présomptueux, ne doivent être pris au mot ; l’homme, dans la plupart des cas, vaut plus ou moins qu’il ne se croit et surtout qu’il ne se montre.