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1599. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Il nous l’avoue en un endroit notamment où il veut se justifier au sujet d’un sien cousin, le curé Honbrel, qui revient souvent sous sa plume : Dans le même temps, dit-il, j’achevai mon travail sur la censure de l’assemblée du Clergé de 1700, que je lus tout entier à M. de Meaux, pour mériter de plus en plus ses faveurs, et dont il me sut très bon gré et me donna mille louanges ; j’entrepris aussitôt très vivement la correction du missel et du bréviaire, dont je lus aussi le travail à M. de Meaux, qui l’approuva fort ; tout cela dans le dessein de nous le rendre favorable dans les occasions. […] Ainsi, il fera dire à Bossuet qu’il pressait de publier son ouvrage contre Richard Simon : « Avant toute chose, il ne se faut pas mettre la tête en quatre. » Il lui fait dire au sujet des lenteurs et des difficultés qu’éprouve cette publication : « Si nous obtenons ce que nous demandons, il y a de quoi faire bien enrager M. le chancelier ; mais aussi, si nous sommes tondus, nous enragerons bien. » Bossuet tondu et Bossuet enrageant, ce n’est pas là ce que j’appelle, en bonne peinture de portrait, de la ressemblance. […] De tels témoins dégradent, en s’y installant et s’y vautrant (comme dirait Saint-Simon), les grands sujets.

1600. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Quoi qu’il en soit de ces aperçus toujours sujets à conjectures et qui demanderaient bien des développements, tel était, dans le plus beau de son rôle et dans l’ensemble de sa physionomie, l’homme qui, à vingt-deux ans, se mit à causer de toutes choses par lettres avec Vauvenargues ; et ici nous n’avons plus qu’à les laisser parler l’un et l’autre. […] j’ai cru qu’un compliment de ma part, sur un sujet pour lequel tout le monde vous en fait, ne pourrait vous choquer. […] Celui dont il est question avait des faces riantes ; j’entrais dans vos espérances, je m’en faisais un sujet de joie ; mais je les perds sans regret, et j’en conçois de plus grandes.

1601. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Marolles, appliquant à toute espèce de sujets le nouveau talent qu’il s’était découvert, lâcha donc les rimes par milliers, et de plus il en savait exactement le chiffre : il calculait que, d’une part, l’ensemble de ses traductions en vers des poètes profanes (sans parler d’une géographie sacrée, d’une description de Paris, etc., etc.) formait un total de 133124 vers, et que, d’autre part, ses traductions poétiques des livres sacrés, des grands et des petits prophètes, etc., etc., allaient à plus de 40000 vers : « Si quelqu’un sans besoin (c’est-à-dire apparemment, sans y être forcé) en peut mettre autant en ligne de compte, je serais bien trompé », ajoutait-il ; et il nous assure qu’il s’y est agréablement diverti. […] Mais le discernement des noms, des sujets et des manières, avec un peu de mémoire locale, fait tout cela sans beaucoup de peine. » Un jour, l’avocat Jean Rou, dont on a récemment publié les Mémoires 31, lui procura une des plus vives jouissances qui puissent chatouiller l’amour-propre d’un collectionneur. […] Causant donc un jour avec Marolles et dans son cabinet, il le mit sur son sujet favori, et, lui parlant de sa collection que l’heureux possesseur prétendait aussi complète que possible, il éleva un doute, et, ayant excité l’étonnement du bonhomme, il en vint par degrés à lui conter l’histoire : « Je suis bien sûr, concluait-il, que vous n’avez pas cette estampe des Scieux de long 32. » — « Je suis bien vieux, lui répondit Marolles après un court moment de réflexion, et je ne puis guère bouger de mon fauteuil ; mais soyez assez bon pour monter sur ce petit gradin et pour prendre là-haut sur cette tablette (la première ou la seconde) ce grand in-folio que voilà. » Jean Rou fit ce qu’il lui disait, et Marolles n’eut pas plutôt le volume entre les mains qu’il lui montra, à la troisième ou quatrième ouverture de feuillet, la petite estampe si mystérieuse et si désirée dont lui, le petit-fils de Toutin, avait toujours ouï parler sans la voir· — Si vous concevez chez un homme de quatre-vingts ans une plus vive et plus délicieuse satisfaction que celle que Marolles dut éprouver à ce moment, dites-le-moi.

1602. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Nous en savons le sujet et le titre ; cela s’appelait les Esclaves ou les Rivaux généreux. […] « Si le roi d’Angleterre avait déclaré la guerre au roi de France, on n’en eût pas fait plus soudainement, dit-il, le sujet de toutes les conversations. » Mme de Boufflers, à qui tous ceux qui savaient sa liaison intime avec les deux personnages, s’adressaient pour en apprendre plus long et pour avoir le mot de l’énigme, était muette ; elle n’avait reçu aucunes nouvelles d’Angleterre, aucune communication, ni elle, ni le prince de Conti non plus. […] Concevez tous les motifs que j’avais de croire l’histoire fabuleuse ; combien ma surprise et mon ignorance que j’exprimais naïvement dans mes lettres (elle était à Pougues) contribuaient à la faire regarder comme telle par les personnes qui concluaient, ainsi que moi, que le baron d’Holbach n’eût pas dû être votre premier confident ; enfin, le déplaisir que vous m’avez causé par une conduite qui déroge un peu, ce me semble, à l’amitié que vous m’avez promise. » Puis, en venant au fond, elle estime que son ami le philosophe s’est laissé bien vivement emporter au sujet d’une injustice cruelle dont il a été l’objet, et dont une pauvre tête égarée a pu seule se rendre coupable : « Mais vous, au lieu de vous irriter contre un malheureux qui ne peut vous nuire, et qui se ruine entièrement lui-même, que n’avez-vous laissé agir cette pitié généreuse, dont vous êtes si susceptible ?

1603. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Le public, qui aime à mettre vite une étiquette à chaque talent, l’a pris et adopté par ce côté, l’a classé comme un des peintres du Midi et de l’Orient, si bien que plus d’un lecteur a pu s’étonner de voir le paysagiste aux teintes éclatantes changer brusquement de pays, de sujet, de cadre, et nous donner des descriptions d’un aspect tout différent, d’une lumière modérée, et qui sont tout à fait françaises de ton et de caractère. […] Le dernier devoir qu’il lui donne à faire avant le départ pour le collège et comme essai de sa force, a précisément pour sujet le départ d’Annibal à la veille de son retour en Afrique et ses adieux à l’Italie, à cette proie si chère dont il lui faut s’arracher. […] Du premier jour, pourtant, Dominique s’y fait un ami d’un jeune gentilhomme du nom d’Olivier d’Orsel, venu récemment de Paris, qui en a déjà respiré le souffle, qui n’a rien de provincial ni de scolaire, et qui n’est et ne sera jamais qu’un charmant mauvais écolier, puis un charmant mauvais sujet fort aimable et naturel.

1604. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Et à ce sujet, je ne puis m’empêcher de me rappeler une analyse du savant Fauriel, une leçon professée, il y a trente ans, à la Faculté des Lettres. […] Richelieu, jaloux comme un auteur et impérieux comme un maître, exigea que l’Académie lui fit un Rapport critique au sujet du Cid et que les nouveaux académiciens gagnassent leurs jetons aux dépens de Corneille. […] Mais c’est là un sujet qui sortirait par trop de notre cadre, déjà tant élargi ; c’est un chapitre qu’il faut laisser à traiter aux historiens littéraires.

1605. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Nous avons aussi nos infortunes d’Ilion, et, à ce sujet, notre curiosité n’est jamais à bout ; mais c’est sous forme moderne qu’elle se marque, c’est surtout à l’occasion de documents historiques retrouvés, de lettres inédites ; notre manie s’y mêle. […] Dans cette capitale de la Lorraine, Marie-Antoinette ne manque pas d’aller visiter les sépultures de sa famille, et elle se rappelle à ce sujet un vers d’Esther qu’elle récitait avec ses sœurs : J’irai pleurer au tombeau de mes pères. […] N’allons pas en faire un trop grand sujet d’éloges pour celle qui s’échappe devant nous à ces aimables gaietés ; c’est encore plus de son âge que de son esprit.

1606. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Jamais son épouse enchaînée Ne veut d’un servile hyménée Subir les honteuses douceurs ; L’amour en vain gronde et l’accuse ; Sa jalouse fierté refuse Des sujets à ses oppresseurs… » — Il s’agit vraisemblablement de l’éléphant du Jardin des Plantes et de sa femelle, qui ne reproduisait pas dans l’état de captivité. […] On n’étrangle pas de si bons sujets. […] Gaëtan, marquis de La Rochefoucauld, celui qui avait composé des fables à douze ans et qui, les faisant imprimer, disait, pour s’excuser de s’être rencontré dans un sujet avec le grand fabuliste, qu’il n’avait lu que depuis « les Fables de M. de La Fontaine ».

1607. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Sa première carrière dramatique de vingt années ne put manquer toutefois de laisser en elle des impressions profondes, ineffaçables : en y aiguisant sa sensibilité, en y exerçant sur tant de sujets sa vive intelligence, elle y avait acquis une faculté douloureuse qui tenait à cette délicatesse même ; elle en avait gardé comme un pli d’humilité. […] De nombreux auteurs dont elle avait interprété les ouvrages et entrevu ou connu la personne, elle avait retenu, sans prétendre pour cela les juger, une impression prompte et juste, le trait le plus vrai de leur physionomie, et quand on l’interrogeait à leur sujet, elle en parlait à ravir. […] Les réputations des femmes sont quelquefois sujettes à un peu d’exagération, et c’est ce que je me disais involontairement, il y a quelque temps, en lisant les Poésies de Mme Dufrénoy, qui a fait de très jolies choses, mais qui en a fait trop peu, au moins pour le nom qu’on lui a voulu donner.

1608. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Votre Excellence m’obligera très particulièrement si elle veut bien prendre quelque intérêt au succès de cette demande. » Et dans une note de la main de Clarke : « L’Empereur a accordé cette demande pt m’a donné ses ordres verbalement à ce sujet. […] Napoléon s’intéressait particulièrement à ce qu’il écrivît l’histoire des campagnes d’Italie, de 1796 à 1800 : il le fit venir plus d’une fois à Trianon ou aux Tuileries pour l’entretenir à ce sujet. […] L’Empereur, mieux informé, traita si peu de niaiserie cette pensée ambitieuse du maréchal Soult qu’il lui adressa de Schœnbrunn, à la date du 26 septembre 1809, la lettre qu’on peut lire dans la Correspondance (tome XIX, page 527), et où il lui exprime son mécontentement le plus sérieux sur ce même sujet.

1609. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Boileau1 Depuis plus d’un siècle que Boileau est mort, de longues et continuelles querelles se sont élevées à son sujet. […] Mais pourtant ici l’initiative humaine est en première ligne et moins sujette aux causes générales ; l’énergie individuelle modifie, et, pour ainsi dire, s’assimile les choses ; et d’ailleurs, ne suffit-il pas à l’artiste, pour accomplir sa destinée, de se créer un asile obscur dans ce grand mouvement d’alentour, de trouver quelque part un coin oublié, où il puisse en paix tisser sa toile ou faire son miel ? […] (Voir ci-après l’épître en vers sur ce sujet.)

1610. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Quand on commence à embellir sa phrase, à chercher des alliances de mots, à mettre dans un sujet plus d’esprit, d’imagination et d’éloquence qu’il n’en peut porter, le mauvais goût arrive, et la littérature va déchoir. Ce n’est pas un écrivain que nous venons voir, c’est un homme, ou plutôt c’est l’objet lui-même ; le véritable artiste est celui qui fait voir son sujet sans laisser voir sa personne. […] Son sujet le mène, comme un courant d’eau conduit et meut une feuille qui tournoie ; les mots viennent d’eux-mêmes, et les phrases aussi avec leur ordre, leur ton, leur longueur, capables de s’enfler, de s’abaisser, d’être tonnantes ou humbles, d’imiter par la majesté ou la nonchalance de leur mouvement toutes les faces et tous les accidents du spectacle qui se déroule en ce moment sous ses yeux.

1611. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il ne s’agit encore que de l’histoire romaine, sujet classique, lieu commun de l’éloquence et de la tragédie du siècle précédent : mais la forme est loin d’être oratoire ou dramatique. […] Chacun cause à perte de vue sur son sujet. « Ce grand livre, dit M.  […] Il expose comment toutes les lois de l’Angleterre ont pour objet la protection de la liberté politique des sujets, et comment cette liberté est assurée par le mécanisme de trois pouvoirs qui se complètent, se contiennent, s’équilibrent et marchent ensemble, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.

1612. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Victor Duruy, vous m’avez fait, non seulement le plus grand honneur que je pusse espérer, mais un honneur dont nul souci de parer ou d’amplifier mon sujet ne sera la rançon. […] Dans la même lettre, au sujet des treize millions de citoyens occupés par l’industrie et le commerce, M.  […] Elle se relèvera si elle reconnaît bien le grand courant du monde, et si elle s’y plonge et s’y précipite… L’humanité, comme Dieu même, n’a que des idées fort simples et en petit nombre, qu’elle combine de diverses manières… » Il marquait alors la suite historique de ces combinaisons et il admirait ce long effort « logique » pour affranchir « le fils du père, le client du patron, le serf du seigneur, l’esclave du maître, le sujet du prince, le penseur du prêtre, l’homme de sa crédulité et de ses passions », pour mettre « légalité dans la loi, la liberté dans les institutions, la charité dans la société, et donner au droit la souveraineté du monde ».

1613. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Il le sent, et il en demande excuse tout à la fin : « Je ne fus jamais un sujet académique, dit-il, je n’ai pu me défaire d’écrire rapidement. » S’il avait voulu retoucher et corriger, il aurait gâté et estropié son œuvre ; il a bien fait de la laisser telle, vaste, mouvante, et un peu exorbitante en bien des points. […] Mais, ici, l’Hippocrate ne sait pas garder son sang-froid ; il laisse échapper la joie qu’il y prend et à quel point sa curiosité se délecte ; il s’écrie, en présence de cette multitude de sujets de son observation : La promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes à la faveur de ce premier trouble de surprise et de dérangement subit, la combinaison de tout ce qu’on y remarque, l’étonnement de ne pas trouver ce qu’on avait cru de quelques-uns, faute de cœur ou d’assez d’esprit en eux, et plus en d’autres qu’on n’avait pensé, tout cet amas d’objets vifs et de choses si importantes forme un plaisir à qui le sait prendre, qui, tout peu solide qu’il devient, est un des plus grands dont on puisse jouir dans une cour. […] Si l’on avait du temps et de l’espace pour s’égayer, il y aurait mille choses curieuses et piquantes à dire à son sujet ; on rirait de son opinion sur Voltaire, sur tout ce qui était de robe ou de plume ; on rirait de ses entichements nobiliaires.

1614. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Les longues conversations particulières qu’elle avait eues avec la reine d’Angleterre, l’avaient éclairée sur la portée de ces périls qui souvent ne semblent au début qu’une ébullition folle et un sujet à risée. […] On voit que c’eût été une royaliste assez libérale que Mme de Motteville ; mais cette femme d’esprit et de sens, qui assiste à ces scènes terribles, et qui les raconte, n’est pas dupe des grands mots, ni des apparences ; elle y mêle de ces remarques qui honorent l’historien, et que les politiques ne désavoueraient pas : « Quand les sujets se révoltent, dit-elle, ils y sont poussés par des causes qu’ils ignorent, et, pour l’ordinaire, ce qu’ils demandent n’est pas ce qu’il faut pour les apaiser. » Elle nous montre ces magistrats mêmes, qui avaient été les premiers à émouvoir le peuple, s’étonnant bientôt de le voir se retourner contre eux et ne les pas respecter : « Ils se reconnaissaient la cause de ces désordres, et n’y auraient pu remédier s’ils avaient voulu l’entreprendre ; car, quand le peuple se mêle d’ordonner, il n’y a plus de maître, et chacun en son particulier le veut être. » Rentrons un peu en nous-mêmes, et demandons-nous si ce n’est pas là encore notre histoire. Mais je m’aperçois que j’ai choisi le sujet de Mme de Motteville pour me distraire un moment, moi et, s’il se peut, mes lecteurs, du spectacle pénible de nos dissensions présentes, et je ne veux pas y retomber par les allusions qu’elle me fournirait trop aisément.

1615. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Mme Clavier, en mère avisée et qui prévoit, hésite ; on fait quelques réflexions, quelques objections ; mais Courier promet tout, d’être sage et bon sujet, bien rangé et docile, de faire pour M.  […] Du moment qu’on admet la branche aînée régnante, le duc de Bordeaux naissant comme par miracle pour la continuer, et l’immense joie qui dut s’en répandre parmi ce qui restait de sujets fidèles, il est tout simple qu’il se soit rencontré quelqu’un, ou fidèle ou zélé, pour avoir l’idée de cette souscription de Chambord ; mais Courier ne croit point à la branche aînée ; il a déjà la branche cadette en vue comme plus à sa portée et à son usage ; il n’aime point les vieux châteaux, soit gothiques, soit de Renaissance ; et lui qui s’affligeait à Rome pour une Vénus ou un Cupidon brisés, il ferait bon marché en France de l’œuvre du Primatice. […] Courier, en vieillissant, et par disette de sujets, serait sans doute revenu à de pures applications d’art ; il nourrissait un grand projet sur Hérodote, et il en a donné un essai de traduction très remarqué.

1616. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Au début de ses feuilles de correspondance, il continue d’être dans les mêmes sentiments ; son ton et son intention ne sont rien moins que frivoles ; il ne voit, dans le secret qu’on lui promet, qu’une raison de plus d’exercer une franchise sans bornes : L’amour de la vérité, dit-il, exige cette justice sévère comme un devoir indispensable, et nos amis même n’auront pas à s’en plaindre, parce que la critique qui n’a pour objet que la justice et la vérité, et qui n’est point animée par le désir funeste de trouver mauvais ce qui est bon, peut bien être erronée et sujette à se rétracter quelquefois, mais ne peut jamais offenser personne. […] Il ne dit jamais aux Français d’abandonner leur tragédie pour l’imitation des beautés étrangères : « Nous dirons au contraire : Français, conservez vos tragédies précieusement, et songez que, si elles n’ont pas les beautés sublimes qu’on admire dans Shakespeare, elles n’ont pas aussi les fautes grossières qui les déparent. » En jugeant la tragédie française de son temps, il en sait toutes les faiblesses et toutes les langueurs ; il a des réflexions à ce sujet, qui lui sont suggérées par le Timoléon de La Harpe, mais qui remontent et portent plus haut. […] Lorsque parut, vers juillet 1780, le singulier écrit intitulé : Rousseau, juge de Jean-Jacques, où se voit « le mélange le plus étonnant de force de style et de faiblesse d’esprit, tout le désordre d’une sensibilité profondément affectée, un ridicule inconcevable avec la folie la plus sérieuse et la plus digne de pitié », Grimm y trouve le sujet de réflexions pleines de modération et d’humilité sur le pauvre esprit humain.

1617. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Comme il le rencontra qui se promenait seul pendant la récréation, il l’interpella au milieu de ses camarades : « Eh bien, lui dit-il, vous cherchez un sujet d’épigramme ?  […] On le chercherait vainement dans les sujets romains traités par l’auteur ; il l’a rencontré dans les derniers actes de ses Vénitiens. […] Arnault ne ressemblent pas à d’autres ; il les conçoit à sa manière et en invente les sujets ; il ne songe point à imiter La Fontaine, il songe à se satisfaire et à rendre d’une manière vive un résultat de son observation propre ; il obéit à son tour d’esprit, à son jet d’expression, et on ne peut s’étonner si, comme lui-même l’avoue, « l’apologue a pris peut-être sous sa plume un caractère épigrammatique ».

1618. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

12 nous apprend qui, des montagnes ou de la boue, a été créé en premier lieu ; celui du « Déluge universel » nous expose la tradition agni sur ce sujet. […] Voir à ce sujet les contes de Fadôro — de La femme enceinte — du Cheval noir — du Lionceau et l’enfant. […] Ces récits ont pour objet d’animer les conversations de la veillée en leur fournissant des sujets de discussions ou d’entretiens prolongés.

1619. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

C’est une suite d’articles de critique sur des sujets consanguins, réunis, pour tout procédé de composition, par le fil du brocheur, et sous le couvert d’une préface, car faire un livre n’est pas maintenant plus difficile que cela ! […] Impossible, dans un seul chapitre, de suivre l’auteur des Études dans les discussions auxquelles il se livre sur les quatre sujets que nous avons signalés. […] Il nous est impossible, quand il s’agit de sujets comme ceux que traite M. 

1620. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

À vingt ans, la princesse Mathilde fut mariée à un riche sujet russe, ami des arts, qui vivait habituellement en Italie. […] De là, autour d’elle, des sujets inépuisables et sans cesse renaissants de conversation et de contradiction qu’elle permet, ou, bien mieux, qu’elle provoque et qu’elle anime.

1621. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

La conscience qu’a Lorenzo d’avoir trop vu et trop pratiqué la vie, d’être allé trop au fond pour en jamais revenir, d’avoir introduit en lui l’hôte implacable qui sous forme d’ennui le ressaisira toujours et lui fera faire éternellement par habitude, par nécessité et sans plaisir, ce qu’il a fait d’abord par affectation et par feinte, cette affreuse situation morale est exprimée en paroles saignantes : « Pauvre enfant, tu me navres le cœur », lui dit Philippe ; et il ne sait que répéter, à toutes les explications et révélations profondes et contradictoires du jeune homme : « Tout cela m’étonne, et il y a dans tout ce que tu m’as dit des choses qui me font peine, et d’autres qui me font plaisir. » Je ne fais qu’effleurer le sujet. […] Qu’il s’agît de chanter les premiers triomphes de Rachel et le début de Pauline Garcia, ou de railler de grosses emphases patriotiques venues du libre Rhin allemand, ou de filer un conte moqueur, Alfred de Musset était là, mêlant à propos un éclair d’enthousiasme, un grain d’ironie ; il vérifiait de plus en plus la devise du poète : Je suis chose légère et vole à tout sujet.

1622. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

L’effet est du meilleur goût, l’ensemble du travail fin, pur, et d’un classique approprié au sujet. […] Quicherat, je n’ai pas remarqué trop de regret ni de remords à ce sujet chez aucun des membres de la docte Académie.

1623. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Mais il a compris la chose en auteur qui veut allonger son livre, et non le composer : c’est pourquoi il a entassé dans son Introduction force anecdotes, bons mots, récits de détails, exposés de doctrines religieuses ou politiques, sarcasmes croisés contre les philosophes et les papistes ; nulle part, il n’a placé ces vues générales qui caractérisent l’historien et révèlent en lui l’intelligence de son sujet. […] Sir Walter Scott, avons-nous dit, prononce la clôture de la Révolution à la mort de Robespierre ; mais il ne tient pas à lui qu’elle n’ait été terminée plus tôt, et les projets de répression qu’il expose à ce sujet n’eussent pas manqué, si on les avait suivis, de tout rétablir dans l’ordre dès la journée du 14 juillet, qu’il appelle par inadvertance le 12 juillet.

1624. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Car après les trois jours, durant deux années, le saint-simonisme a été en grande partie cela. à ce sujet, on nous, permettra de citer ici quelques vers laissés par un jeune saint-simonien mort, Bucheille ; le sentiment qu’il éprouve en approchant du groupe qu’il considère comme sacré, ce détachement des autres amitiés et des liens antérieurs, cette illusion d’un essor plus vaste et d’un rajeunissement moral, tous ces symptômes, que beaucoup ont partagés, y sont assez naïvement réfléchis : nous n’avons supprimé qu’un bout d’amourette vers la fin ; et c’était là encore un trait qui d’ordinaire ne faisait pas faute. […] Ce sera un sujet de honte pour bien du monde.

1625. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

. — Description Quel que soit le sujet qui vous occupe, vous avez à considérer un objet physique ou moral, une idée concrète ou abstraite, à représenter un être, un fait, un état, un acte, à porter un jugement de bonté, d’utilité ou de vérité. […] J’appelle superflu, femmes mondaines, ce que vous dépensez, disons mieux, ce que vous prodiguez en mille ajustements frivoles, qui entretiennent votre luxe, et qui seront peut-être un jour le sujet de votre réprobation : retranchez une partie de ces vanités, et vous aurez du superflu.

1626. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

De là vient que tant de substantifs ont de la peine à se séparer de tant d’adjectifs : de là vient que tel sujet tire presque toujours après lui tel verbe. […] Là, il faudra prendre garde de bien lancer le lecteur dans l’association qui convient au sujet : il faudra entourer le mot de termes qui l’étranglent et ne laissent passer que le groupe qu’il s’agit d’évoquer, barrant la route à toutes autres impressions.

1627. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Je sais que l’exactitude de ces vues trop générales est presque toujours sujette à caution ; mais, de même que la poésie un peu débordante et confuse de la Renaissance païenne s’est comme épurée et calmée au XVIIe siècle (à partir de Malherbe), ne pourrait-on pas dire que la Renaissance romantique, qui apportait, elle aussi, un monde d’idées et de sentiments nouveaux, est arrivée, dans la seconde moitié de ce siècle, à la pleine conscience d’elle-même et, plus réfléchie, s’est éprise d’une perfection plus étroite ? […] Pour lui, évidemment, chaque sonnet a ses rimes nécessaires, les seules qui conviennent au sujet, et qu’il s’agit de trouver.

1628. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Après ce bizarre prélude, qui se rapporte au sujet comme la tabatière de Sganarelle, comme l’éloge du tabac, figurant au début de la pièce de Molière, arrive Don Juan. […] « Arlequin fait quelques réflexions à ce sujet.

1629. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

Nous n’entrons pas ici, comme on pourrait le croire, dans la métaphysique ; du moins n’y sera-t-il question ni de la matière ni de l’esprit, considérées comme substances » La « théorie psychologique de l’esprit et de la matière », qui est le résumé et le résultat de ce qui précède, s’oppose à la théorie intuitive (introspective) de Reid, de Stewart et de la plupart des philosophes, en ce que celle-ci considère le sujet et l’objet comme deux termes fondamentaux, irréductibles, à nous révélés par la conscience dès le commencement de la vie, tandis, que l’école expérimentale pense que les notions de matière et d’esprit sont complexes et formées à une époque ultérieure ; qu’en conséquence, en y appliquant l’analyse, on peut en découvrir et en retracer la genèse. […] La nature précise du procédé par lequel nous le connaissons est un ample sujet de discussions… Je n’essaye pas de le trancher.

1630. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Ce n’est pas qu’ils approuvent les tons forcés, les gestes convulsifs & tout ce qui est hors de nature, dignes sujets de l’admiration des provinciaux. […] Nous n’avons plus, il est vrai, Bourdaloue, La Rue, Massillon ; mais l’idée qui nous reste de leur débit peut tenir lieu de leçons : chacun avoit le sien propre, toujours assorti aux lieux, aux temps, aux circonstances, aux auditeurs, au stile, & au sujet du discours.

1631. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Bouillaud cite également ce fait d’une jeune fille qui, malgré son état d’aphasie, avait conservé toute son intelligence et répondait si bien par oui et non, et par ses gestes, aux questions qu’on lui faisait, qu’un jeune interne, qui avait eu à l’examiner pour un concours et à en faire le sujet de sa leçon, ne s’était pas même aperçu qu’elle était aphasique52. […] C’est un sujet à l’étude, et l’attention des médecins est éveillée de ce côté.

1632. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Nisard se compose, selon nous, de deux parties distinctes : l’une solide, élevée, incontestable, susceptible d’une large application ; l’autre sujette à controverse, et qu’on peut, sans trop d’injustice, accuser d’esprit de système. […] Quand il applique le premier, c’est-à-dire quand il se contente de rechercher dans les écrits les vérités qu’ils contiennent, sans distinguer si ce sont des vérités de tradition ou des vérités d’invention, des vérités de discipline ou des vérités de liberté, sa critique est large et sûre, à la fois souple et forte : elle rajeunit les sujets les plus épuisés par la manière mâle et solide dont elle les relève ; mais, quand il applique le second de ces principes, le principe de la discipline, sa critique prend quelque chose de partial, de jaloux, je dirais presque d’étroit : on sent que ce n’est plus de la critique absolue, mais de la critique relative faite pour un temps, pour combattre certaines passions, pour défendre certains écrits : c’est une critique de combat.

1633. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

On nous permettra à ce sujet quelques considérations en terminant. […] Je ne suis certainement pas juge de l’importance que peut avoir en théologie dogmatique la croyance à l’Immaculée conception ; cependant il faut avouer que les hommes de nos jours étaient peu troublés par cette question, et qu’ils eussent volontiers attendu l’autre monde pour savoir à quoi s’en tenir à ce sujet ; mais leur conscience d’hommes et de citoyens est tous les jours déchirée par le conflit des anciennes doctrines et des nouvelles, et c’est là-dessus qu’on les laisserait libres, à ce que l’on dit.

1634. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Les Romains, ayant imité les Grecs, n’ont point eu de théâtre national ; encore les ouvrages de Plaute et de Térence sont-ils d’excellents sujets d’étude pour les historiens ; on y retrouve une foule d’usages qu’eux seuls nous ont transmis, et rien ne nous fait mieux connaître la dissolution de la jeunesse de Rome, les séductions des courtisanes, l’effronterie des parasites, et enfin tous les éléments dont se composait la société sous les maîtres du monde. […] Tu saurais peindre le courtisan, sans offenser la cour ; l’ambitieux, sans atteindre l’homme qui se dévoue au service de sa patrie ; le flatteur, sans outrager le sujet qui rend un hommage légitime à son prince.

1635. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

L’Académie française qui avait couronné l’Épître d’un père à son fils, couronna, en 1769, l’Éloge de Molière, proposé pour sujet du prix d’éloquence. […] L’académie de Marseille avait proposé pour sujet de prix l’Éloge de La Fontaine.

1636. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Je me contenterai de fixer, en peu de mots, le véritable sujet de dissentiment qui existait entre l’ami dont je parle et moi. […] L’Institut royal de France avait proposé pour sujet du prix qu’il devait adjuger en 1825, « d’examiner si l’absence de toute écriture, ou l’usage soit de l’écriture hiéroglyphique ou idéographique, soit de l’écriture alphabétique ou phonographique, ont eu quelque influence sur la formation du langage chez les nations qui ont fait usage de l’un ou de l’autre genre d’écriture, ou qui ont existé longtemps sans avoir aucune connaissance de l’art d’écrire ; et, dans le cas où cette question paraîtrait devoir être décidée affirmativement, de déterminer en quoi a consisté cette influence ».

1637. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Cet esprit de femme, d’une aimable faiblesse, n’était pas capable d’appuyer sur un sujet qu’il fallait profondément entr’ouvrir pour le féconder. […] Une femme y périrait, tuée par le sujet même et aussi par sa nature de femme, qui l’empêchera toujours de peindre ce qu’elle ne peut pas éprouver.

1638. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Mais Tocqueville ne pouvait ni ne voulait toucher à ce sujet, brûlant pour une main comme la sienne. […] Il s’est mis à ramper dans de tortueuses circonlocutions de prudence et à se retirer dans des livres sur des sujets indifférents, à ce qu’il semble, et protégé par la cuirasse transparente et sûre des allusions.

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