L’éloquence populaire des anciens, celle des premiers orateurs français, produiraient dans la Chambre des communes plutôt l’étonnement que la conviction. […] Le repos du despotisme produirait un effet absolument contraire ; il laisserait subsister les besoins actifs de l’amour-propre individuel, et ne rendrait indifférent qu’à l’intérêt national.
Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité. […] Mais, pour l’appliquer, il faut savoir quels changements dans les effets répondent à tels changements dans les causes, mesurer la valeur de chaque donnée, afin de faire varier le produit selon que varieront les facteurs.
Vous savez que son Cocu imaginaire est Il Ritratto des Italiens ; Scaramouche interrompu dans ses amours a produit ses Fâcheux ; ses Contre-temps ne sont que Arlequin valet étourdi : ainsi de la plupart de ses pièces ; et dans ces derniers temps, son Tartuffe n’est-il pas notre Bernagasse ? […] Arlequin valet étourdi n’a pas produit Les Contre-temps, car ce canevas ne devait pas être antérieur à 1662, et Les Contre-temps avaient été composés bien avant cette époque ; mais L’Inavertito de Beltrame avait été la source commune et de la comédie française et du canevas italien.
La fausse modestie de ces formules n’est guere capable de produire d’autres effets, que d’affoiblir la vérité, & de fatiguer le Lecteur par une ennuyante monotonie. […] Il en est de même de certains mouvemens de zele que les circonstances nous arrachent : l’excès de l’abus & la vue de l’impunité ont toujours produit les mêmes impressions dans les ames justes & sensibles.
Je sais bien qu’en relevant l’erreur, il reste courbé devant celui qui l’a produite, et je reconnais là le joli sujet dont je parlais tout à l’heure, respectueux pour ses maîtres et obstiné au respect pour eux, malgré leurs plus honteuses et leurs plus dangereuses folies. […] Ôtez, en effet, les vérités indémontrables et nécessaires à la vie et à la pensée humaines, qu’on savait avant les philosophes, et auxquelles ils n’ont pas donné un degré de certitude de plus, — le nombre infini de leurs sophismes laborieux, — les forces d’Hercule perdues par eux pour saisir le faux ou le vide, — le mal social de leurs doctrines qui n’ont pas même besoin d’être grandes pour produire les plus grands maux, — ôtez cela après l’avoir pesé, et dites-moi ce qui reste de tous ces philosophes et de toutes ces philosophies, même de ceux ou de celles qui paraissent le plus des colosses !
Il a le regain d’imagination, qui fut suffisant pour produire cette ineffable plaisanterie du druidisme, guy d’un ridicule fabuleux, que la Critique doit couper, avec une serpette d’or, sur les chênes de son histoire. […] l’effet est produit, et il s’agit peut-être plus pour M.
Quelque chose de si incomparable à tout s’est produit parmi nous, que même la situation du prêtre, — de cet homme qui n’est qu’une voix — vox clamantis, — en est modifiée. […] Nous ne croyons pas qu’effet de surprise plus désagréable se soit jamais produit en lisant un homme sur lequel on avait compté.
L’arbitrage et l’élite L’épanouissement du sens d’humanité et de solidarité au sein des nations modernes a produit ce résultat. indiscutablement grand : la fondation d’un droit international. […] Nullement, l’histoire nous enseigne qu’un juge a été institué pour décider entre eux, suivant l’équité d’abord, puis la coutume, et enfin la loi écrite, qui a été le produit d’une civilisation déjà formée.
Trois dissonances, qui produisent chacune leur étincelle de vie littéraire. […] Le voyage d’Italie de Mme de Staël produit son livre en 1807, comme le voyage d’Allemagne produit le sien en 1810. […] Il ne produit pas, mais il hérite : c’est un Grimod de La Reynière ou un Brillat-Savarin du style. […] Elle est, comme la presse, un produit de la Charte de 1814, ainsi que la caricature sortira de la Charte de 1830. […] Mais, comme elle n’était pas portée et produite par un style de vie, cette destinée était trop grande pour lui.
Non, c’est parce que son esprit & sa facilité se sont répandus trop indiscrétement sur tous les genres ; indiscrétion qui produit toujours beaucoup de choses, jamais de bonnes choses, & ce n’est qu’à ce qui est bon que le Public s’attache.
Il faut remarquer que ses Epigrammes ne sont que des saillies sans fiel, sans aigreur, sans satire, &, par cette raison, plus dignes d’amuser, que toutes celles que la haine, la jalousie ou la causticité ont produites.
Le grand nombre d’inepties qui se produisent tous les mois dans ce Journal, étoit un préjugé contre le mérite de ces Drames ; mais il est aussi difficile aux Rédacteurs du Mercure de décréditer un bon Ouvrage, que d’en faire valoir un mauvais.
Sa puissance s’accroît de tout ce qu’elle perçoit et de tout ce qui se produit d’idées ou de sentiments en elle par ces perceptions. Indépendamment de toutes ces impressions spontanées que la nature, sans l’assistance d’aucun art, produit sur l’âme, les arts, c’est-à-dire cette multiplication des effets de la nature sur les sens (car un art n’est que cela), les arts, disons-nous, multiplient à l’infini ces impressions de l’âme. […] Elle prend une toile chez le tisserand, elle prend une conception dans sa pensée, elle broie des couleurs sur une palette, elle trempe un pinceau dans les mille teintes de cette palette, et elle transporte, sur sa toile d’abord, le dessin des contours extérieurs des objets, hommes ou paysages, qu’elle a d’abord délinéés dans sa propre imagination ; puis elle colorie, en imitant les artifices et les effets d’optique qu’elle a étudiés dans la nature, les objets qu’elle veut produire ou reproduire aux yeux. […] C’est toujours une religion qui enfante un art ; il n’y a que ces grands mouvements de l’esprit humain qui soient de force à surexciter et à concentrer assez les puissances vitales de l’imagination des hommes pour leur faire produire ces monuments populaires de la poésie, de la musique, de la peinture, de la sculpture, de l’architecture surtout. […] Comme Socrate, il ne produisait plus, mais il aidait les autres à produire : accoucheur de tableaux, comme Socrate accoucheur d’idées.
Même en automne et dans les beaux jours d’hiver, on peut souvent l’entendre précipiter les notes de sa chanson, si claires, si retentissantes et qui, toutes familières qu’elles sont, surprennent toujours, étant produites par un instrument aussi fragile. […] Un seul œuf n’avait rien produit, et la femelle, deux jours après la naissance de sa couvée, le poussa résolument hors du nid. […] Jamais je n’oublierai l’impression produite sur mon esprit par la rencontre qui fait le sujet de cet article, et je ne doute pas que la relation que j’en vais donner n’excite dans celui de mon lecteur des émotions de plus d’un genre. […] Ma condescendance et l’habitude de la soumission qu’avait ce malheureux produisirent leur effet : « Maître, dit-il, je suis un fugitif ; je pourrais peut-être vous tuer ! […] Quand ils vont pour descendre dans un trou d’arbre ou une cheminée, leur vol, toujours rapide, s’interrompt brusquement comme par magie ; en un instant ils s’abattent en tournoyant et produisent avec leurs ailes un tel bruit, qu’on croirait entendre dans la cheminée le roulement lointain du tonnerre.
Partout c’est le Dieu caché, la force universelle, qui, agissant durant le sommeil ou en l’absence de l’âme individuelle, produit ces merveilleux effets, autant au-dessus de l’artifice humain que la puissance infinie dépasse les forces limitées. […] Quand le Condillac catholique, M. de Bonald, conçoit l’homme primitif sur le modèle d’une statue impuissante, sans originalité ni initiative, sur laquelle Dieu plaque, si j’ose le dire, le langage, la morale, la pensée (comme si on pouvait faire comprendre et parler une souche inintelligente en lui parlant, comme si une telle révélation ne supposait la capacité intérieure de comprendre, comme si la faculté de recevoir n’était pas corrélative à celle de produire), il n’a fait que continuer le XVIIIe siècle et nier l’originalité interne de l’esprit. […] Plus on approfondira la haute psychologie de l’humanité primitive, plus on percera les origines de l’esprit humain, plus on trouvera des merveilles, merveilles d’autant plus admirables qu’il n’est pas besoin pour les produire d’un Dieu-machine toujours immiscé dans la marche des choses, mais qu’elles sont le développement régulier de lois immuables comme la raison et le parfait. […] Les Sémites, au contraire, qui n’offrent aucune tentative d’analyse, qui n’ont pas produit une seule école de philosophie indigène 142, sont par excellence la race des religions, destinée à leur donner naissance et à les propager. […] Ceci ne nuit pas, bien entendu, à l’originalité de ce produit divin.
Je ne sais si un jour, sous une forme ou sous une autre, il ne se produira pas quelque chose d’analogue à l’institution des lettrés chinois et si le gouvernement ne deviendra pas le partage naturel des hommes compétents, d’une sorte d’académie des sciences morales et politiques. […] Que ne puis-je faire comprendre comme je le sens que toute notre agitation politique et libérale est vaine et creuse, qu’elle serait bonne dans un État où les esprits seraient généralement cultivés et où beaucoup d’idées scientifiques se produiraient (car la science ne saurait exister sans liberté) ; mais que, dans une société composée en grande majorité d’ignorants ouverts à toutes les séductions et où la force intellectuelle est évidemment en décadence, se borner à défendre ces formes vides, c’est négliger l’essentiel pour s’attacher à des textes de lois à peu près insignifiants, puisque l’autorité peut toujours les tourner et les interpréter à son gré. […] Comme on a remarqué que, dans le passé, tout système nouveau est né et a grandi hors la loi, jusqu’au jour où il est devenu loi à son tour, on a pu penser qu’en reconnaissant et légalisant le droit des idées nouvelles à se produire, les choses en iraient beaucoup mieux. […] L’idée vraie et originale ne demande pas la permission de se produire et se soucie peu que son droit soit ou non reconnu ; elle trouve toujours assez de liberté, car elle se fait toute la liberté dont elle a besoin. […] Nous tenons par-dessus tout à être libres de produire, et de fait nous ne produisons pas.
Je croyais à un incontesté succès de Numa Roumestan, et voici qu’en dépit des applaudissements d’hier, de la critique élogieuse de ce matin, Ganderax qui, certes, n’est pas hostile à Daudet, me fait part de l’attitude un peu réservée de la salle, des causeries des corridors, du mauvais effet produit par le jeu dramatique de Mounet, et estime que le succès se bornera à une trentaine de représentations. […] Dimanche 6 mars Rosny parle du curieux pesage qui se fait du calorique, produit dans une cervelle, par l’effort d’un travail, et cite ce fait curieux d’un savant italien, qui se croyait aussi fort en grec qu’en latin, et auquel on a appris, qu’il possédait beaucoup mieux la langue latine, en opposant le poids du calorique qu’avait développé chez lui une traduction grecque, au poids du calorique développé chez le même par une traduction latine. […] Au fond le vol produit une propriété personnelle qui est contraire à la doctrine. […] Elle dit que c’est presque une réunion de famille, que les cinq cents personnes, qu’on rencontre partout à Paris, se donnent rendez-vous là, et qu’entre ce monde, il s’établit des courants curieux sur les choses qui se disent, sur les jugements qui se produisent. […] Daudet me dit, que la survie pour lui est tout entière dans ses enfants, et quant à la littérature, ç’a été tout simplement une expansion, une dépense d’activité se produisant dans un bouquin, comme elle aurait pu se produire dans toute autre manifestation.
Le morceau fut vendu pour antique au cardinal de Saint-Gregoire ; mais Buonarotti reclama ce Cupidon, &, pour preuve qu’il étoit de lui, produisit un bras qu’il avoit cassé à cette figure avant que de la cacher dans la terre, & qu’il avoit conservé soigneusement. […] Cette contrariété de jugement produisit le livre de la Corruption du goût, ouvrage dicté lui-même par le mauvais goût, par la prévention, le fiel & la haine. […] Ils sont forcés de convenir que l’un a produit l’autre, ainsi que nous sommes redevables de Racine à Corneille ; de Despréaux à Juvénal, à Horace & à Régnier ; de La Fontaine à Marot & à Rabélais. […] En lisant l’Astrée & la princesse de Clèves, ils deviendront amoureux. » Déclamation inutile ; tout l’effet qu’elle produisit fut de faire changer de batterie aux romanciers. […] Il se défie moins de l’art de l’auteur : il ne voit, il n’entend que les personnages qui sont en scène, & l’illusion produit tout son effet.
Cela est possible ; mais, sans être réactionnaire, on peut affirmer qu’elle ne s’est pas encore produite. […] Dans la jeunesse, les influences auxquelles obéit l’activité sont plus intimes ; l’énergie plus concentrée de ces influences produit un enthousiasme plus durable : de là la religion. […] Tout autres sont les forces qui constituent les individus vivans, plantes ou animaux, et peuvent se transmettre entières ou graduellement affaiblies des ancêtres aux descendans, et ces énergies morales et intellectuelles qui produisent les formes variées de l’existence des nations. […] Ce sont des armes à deux tranchans qui, selon l’usage qu’on en fait, peuvent produire plus de mal que de bien et blesser ceux-là même qui s’en servent. […] Bien plutôt, elle les produit en un sens, car elle les suscite, elle les fait sortir de l’indétermination d’une matière qui n’est pas encore organisée, elle en est la raison, partant la vraie cause.
Nous avons distingué trois termes, le souvenir pur, le souvenir-image et la perception, dont aucun ne se produit d’ailleurs, en fait, isolément. […] Coextensive à la conscience, elle retient et aligne à la suite les uns des autres tous nos états au fur et à mesure qu’ils se produisent, laissant à chaque fait sa place et par conséquent lui marquant sa date, se mouvant bien réellement dans le passé définitif, et non pas, comme la première, dans un présent qui recommence sans cesse. […] Mais rien de plus instructif, à cet égard, que ce qui se produit dans certains cas de suffocation brusque, chez les noyés et les pendus. […] Mais la vérité est que cette image indépendante est un produit artificiel et tardif de l’esprit. […] Les perceptions qui ont rempli la première période de cet intervalle, et qui forment maintenant avec les perceptions consécutives un souvenir indivisé, étaient donc véritablement « en l’air » tant que la partie décisive de l’événement n’était pas encore produite.
Dans les sciences de la nature, la force n’est qu’une fonction de la masse et de la vitesse ; elle se mesure à l’accélération ; on ne la connaît, on ne l’évalue que par les mouvements qu’elle est censée produire dans l’espace. […] À plus forte raison suis-je assuré de la réalité du mouvement quand je le produis après avoir voulu le produire, et que le sens musculaire m’en apporte la conscience. […] Dans l’hypothèse contraire, en effet, il ne s’agirait plus de savoir comment se produisent, dans telles parties déterminées de la matière, des changements de position, mais comment s’accomplit, dans le tout, un changement d’aspect, changement dont il nous resterait d’ailleurs à déterminer la nature. […] Nous l’avons déjà dit, mais nous ne saurions trop le répéter : nos théories de la perception sont tout entières viciées par cette idée que si un certain dispositif produit, à un moment donné, l’illusion d’une certaine perception, il a toujours pu suffire à produire cette perception même ; — comme Si le rôle de la mémoire n’était pas justement de faire survivre la complexité de l’effet à la simplification de la cause !
Des conversations à l’amiable se sont plus d’une fois engagées là-dessus entre académiciens, et les raisons pour et contre se sont produites. […] Jules Lacroix est un poète sérieux et de mérite : je l’estime moins encore pour son Juvénal, traduit en vers, que pour son Œdipe-Roi, traduit, modelé et comme moulé avec conscience, avec talent, y compris les chœurs, et qui, représenté au Théâtre-Français, produit un effet de terreur et de pitié dans tous les rangs du public, et, vers la fin, arrache irrésistiblement des larmes. […] Belmontet vient d’annoncer, de poser, comme on dit, sa candidature par une lettre pleine d’un beau feu, où il parle en vétéran de la poésie, en homme qui est entré dans la carrière par une Fête sous Néron, en compagnie de Soumet, et qui n’a cessé de produire et de mériter depuis : Grand Art, j’ai combattu quarante ans pour ta gloire !
il faut qu’il produise encore une grosse Bible in-folio à la mode d’il y a deux ou trois siècles avec d’épaisses couvertures et en gros cuir. […] Ce qui commença à rappeler sérieusement l’attention de Gœthe du côté de la France, ce furent les tentatives de critique et d’art de la jeune école qui se produisit surtout à dater de 1824, et dont le journal le Globe se fit le promoteur et l’organe littéraire. […] L’Allemagne, en y pénétrant, y produit une grande fermentation, et ce n’est que dans vingt ans que l’on verra les résultats qu’elle a donnés. » Et l’année suivante, il n’hésite plus et se prononce (1er juin 1826) : « Gœthe m’a parlé du Globe.
Il ne faut pas que les crimes du meurtrier de Ruben, de l’assassin du prince d’Iscarioth, puissent être imputés à la seule fatalité : le Ciel ne doit pas être complice du traître qui livra Jésus. » Je ne nie pas que, pour des spectateurs du xve siècle, une telle scène de Judas reconnu par sa mère, succédant à ces autres scènes où on l’avait vu meurtrier, parricide, incestueux, ne dût produire le plus grand effet, et que l’horreur contre le traître ne fût au comble, même avant son crime du déicide. Il ne s’agit pas de l’émotion actuelle, momentanée, produite sur les gens d’alors par ce colloque émouvant de la mère et du fils. […] Louis Paris m’a forcé d’y revenir, j’en profiterai pour trouver de mon côte, par une sorte d’émulation et par contraste, les images et les comparaisons naturelles qui rendent pour moi l’effet produit par cette série de scènes et de journées, mises bouta bout, dont l’assemblage constitue un Mystère.
Havet, un écrivain qui sort tous les trois ou quatre ans de sa retraite et de son silence pour nous produire chaque, fois un chef-d’œuvre de critique en son genre, — que ce soit sur la Rhétorique d’Aristote, sur Pascal ou sur Isocrate, — a publié cette fois encore, dans la Revue des Deux Mondes, un essai de premier ordre pour le fond des idées comme pour l’élégance et la fermeté de l’expression ; il y a traité excellemment de cette Vie de Jésus. […] Mais, à côté, un phénomène piquant et révélateur des mœurs s’est produit. […] C’est d’un effet singulier à première vue, et ces messieurs ne se doutent pas de l’impression que cela produit sur le spectateur honnête.
La Diète de Ratisbonne, prise à tout instant pour juge et harcelée de réclamations, ne savait qu’opposer un veto impuissant, réserver les droits, se plaindre et demander, que la France voulût bien produire une bonne fois toutes ses prétentions : c’était, disait-elle, le seul moyen pour elle de couper court d’un seul coup à « ce chancre de prétentions que la France proposait sans cesse, et qui ne pourrait être qu’irrémédiablement contagieux pour l’Empire. » On en vint même, dans cette guerre de chicane, jusqu’à soupçonner que, parmi les titres qu’on produisait à l’appui du droit de la France, tous les parchemins n’étaient pas aussi vieux qu’on le disait. […] Quelquefois, souvent même, des faits inopinés se produisent avec un grand éclat, rapides conquêtes, institutions neuves, États qui s’improvisent ; parmi les spectateurs, le petit nombre s’étonne et s’inquiète : la foule admire, applaudit et s’exclame.
Un pareil régime absorbant, dévorant, produisait son effet naturel sur de jeunes et vigoureux cerveaux ; on vivait dans une excitation perpétuelle et dans une discussion ardente. […] Il en est ainsi d’un bout à l’autre de l’histoire ; chaque siècle, avec des circonstances qui lui sont propres, produit des sentiments et des beautés qui lui sont propres ; et à mesure que la race humaine avance, elle laisse derrière elle des formes de société et des sortes de perfection qu’elle ne rencontre plus. […] Pardon, dirai-je à l’auteur, votre conclusion est excessive, ou du moins elle ne dit pas tout ; critique, vous avez raison dans ces éloges si bien déduits et motivés, tirés des circonstances générales de la société à ses divers moments ; mais vous avez tort, selon moi, de ne voir absolument, dans les délicatesses que vous admirez et que vous semblez si bien goûter, qu’un résultat et un produit de ces circonstances.
avec plus de produit dans le talent et avec un dégagement à tout prix, le résultat de l’œuvre a été moins beau que d’abord : la loi de l’ensemble, l’unité, a été violée ; le fonds entier s’est vu compromis. […] Mais avant de compter avec eux, avant d’essayer de leur persuader ce que nous concevrions de leur concours, il est bon de voir ce qui ne saurait s’en séparer, ce qui s’est produit de tout à fait nouveau en littérature depuis Juillet 1830, et de postérieur aux talents éclos déjà sous la Restauration. Il s’en est produit très-peu de nouveaux et d’entièrement nets au soleil : dans l’ordre de l’imagination, M. de Balzac, George Sand ; dans l’ordre politique, M. de Tocqueville.
Ce que le moraliste ou le prédicateur a voilé par des scrupules d’art ou par respect pour la chaire, Buffon le montre dans sa nudité, et l’effet que ceux-ci veulent produire par la violence de leur dégoût, il le produit sans effort par la fidélité de son pinceau. […] Et quand il ajoute : « Si l’on écrit comme l’on pense (mettez : si l’on parle), si l’on est convaincu de ce qu’on veut persuader, cette bonne foi avec soi-même, qui fait la bienséance pour les autres et la vérité du style (mettez : du langage), lui fera produire tout son effet… » le précepte s’adresse-t-il aux auteurs seulement ou à tout honnête homme qui veut amener les autres à son opinion ?
Elle produit les plus fortes, les plus vives, les plus dramatiques et les plus angoissantes. […] Il n’est rien en nous qui ne soit, à quelque degré, social, qui n’ait été influencé, produit, transformé par l’ensemble auquel nous appartenons, par la société qui nous a précédés, qui nous entoure, et qui nous survivra, sur laquelle nous avons poussé comme une feuille caduque sur un chêne centenaire. […] Mais cet esprit social, mal formé et mal apprécié, a produit et a subi lui-même d’étranges déviations.
Ce livre produit une émotion considérable. […] La scission devient de plus en plus profonde et le déchirement définitif se produira au Congrès de la Haye (1872). […] En 1892, le procès de Ravachol, à Paris, montre, par les discussions de presse, que la majorité des intellectuels est sinon acquise, du moins sympathique à la doctrine anarchiste et l’effet s’en produit par l’ouverture en 1893, du Théâtre d’art social où les militants du parti se donnent rendez-vous pêle-mêle avec les écrivains nouveaux.
Au lieu d’une horreur sérieuse et profonde, il n’a produit par ses descriptions, comme dans un roman, qu’un genre d’impression presque nerveuse. Je me demandais, en voyant cet effet de la lecture des Girondins surtout chez les femmes, si c’est là l’effet que doit produire l’histoire. […] Par une irrégularité et un hors-d’œuvre de composition, M. de Lamartine a placé à la fin de son second volume, c’est-à-dire sous la date de 1814 et avant les Cent-Jours, un tableau de la littérature, de la poésie, de la philosophie et de toutes les branches de la pensée, écloses et produites dans le cours de la Restauration.
Ceux qui ouvriront ces volumes y trouveront à chaque page des pensées qui sembleront à notre adresse ; et l’on a besoin de se rappeler certaines modifications essentielles qui se sont produites dans la société depuis cinquante ans, pour ne pas se laisser aller à ce trop d’analogie et de ressemblance. […] C’est qu’à cette date il n’avait plus rien à apprendre sur les princes émigrés et sur leurs irrémédiables chimères, et qu’il pressentait que la solution prochaine, même quand elle produirait un roi et un maître, ne l’irait pas chercher de leur côté. […] Or, l’impression que produit Rousseau en politique est toute contraire : il fait que chacun, après l’avoir lu, est plus mécontent de son état.
Avant tout, et pour rattacher à sa vraie date ce nom modeste et qui s’est bien plus appliqué à s’effacer qu’à se produire, je rappellerai que sous la Restauration, vers 1820, à l’époque où ce régime, si peu assis d’abord, commençait à entrer en pleine possession de lui-même, il se fit de toutes parts, dans tous les jeunes esprits, un mouvement qui les poussait avec ardeur vers les études et vers les idées. […] Cela tient, je suppose, à ce qu’il a toujours vécu trop près de sa pensée, n’ayant jamais eu l’occasion de la développer en public : en effet, sa santé délicate, sa voix faible et qui a besoin de l’oreille d’un ami, n’a jamais permis à ce riche talent de se produire dans l’enseignement ou dans les chaires. […] Ces nigauds de l’abbé Gerbet sont pleins d’esprit et d’à-propos : il les fait par obéissance, ce qui le sauve, dit-il, de tout reproche et de toute idée de ridicule, il est difficile de détacher ces riens des circonstances de société qui les produisent ; voici pourtant une de ces petites pièces improvisées à l’usage et pour la consolation des perdants, elle a pour titre Le Jeu du soir : C’est aujourd’hui la Fête de la Vierge, Mais, entre nous, je voudrais bien savoir Si, quand on doit le matin prendre un cierge, On peut tenir une carte le soir.
Durand, le ministre plénipotentiaire français, lui témoignait de l’estime et cherchait à tirer de lui des renseignements sur les affaires d’Amérique, il se tenait sur la réserve : « Je m’imagine, disait-il (août 1767), que cette intrigante nation ne serait pas fâchée de s’immiscer dans nos affaires, et de souffler le feu entre la Grande-Bretagne et ses colonies ; mais j’espère que nous ne lui en fournirons point l’occasion. » L’occasion était toute produite et tout ouverte dix ans après, et c’était Franklin qui venait lui-même solliciter la nation et le roi d’y prendre part et d’en profiter. […] En tout Franklin veut d’abord l’essentiel, le fond, persuadé que ce fond produira ensuite son apparence, et que la considération solide portera ses fruits. […] Quelle combinaison fatiguée pour produire tous les mélanges et toutes les indécences, tous les croisements qui peuvent choquer les idées reçues et insulter les consciences délicates !
Le plus grand bien de la démocratie, suivant M. de Tocqueville, celui qu’elle produit certainement, c’est le développement du bien-être. […] De plus, les lois y sont instables : on les change sans cesse, sans attendre même qu’elles aient produit leur effet ; les gouvernants n’y sont pas toujours les plus éclairés, ni même parfaitement honnêtes, parce qu’ils sont souvent besoigneux. […] Quant aux inconvénients et aux vices de ces institutions, Tocqueville en signale un grand nombre, tels que l’instabilité des lois, l’infériorité de mérite dans les gouvernants, l’abus de l’uniformité, l’excès de la passion du bien-être ; mais le mal décisif et générateur, celui qui produit ou envenime tous les autres, et contre lequel les États démocratiques doivent sans cesse lutter, c’est la tendance à la tyrannie.
Cet accent semblable chez tout le monde, en ce sens que chaque passion, chez tous, produit à peu près le même phénomène, accélération ou ralentissement, semblable au moins en son essence, cet accent est communiqué aux mots, par le sentiment qui agite le causeur ou le poète, uniquement, sans souci d’accent tonique ou de n’importe quelle valeur fixe qu’ils possédaient en eux-mêmes. […] Sur ce terrain même, on verra certainement avec le temps, se produire d’autres recherches, d’autres comparaisons, d’autres études de scansion. […] Peut-être cela se produira-t-il assez rapidement !
On pourrait dire de lui que, à peu près comme chez Lessing, l’extraordinaire puissance de son sens critique, a sinon produit, au moins fécondé sans cesse une activité créatrice, artistique, parallèle. […] Nietzsche ne l’aime pas, sans doute, Nietzsche ne le voit pas comme type du grand poète, lequel est tout instinct et ne doit pas regarder en arrière et ne doit rien regarder du tout ; mais cependant il admet, et il va jusqu’à dire que son extraordinaire puissance de sens critique a, sinon produit, du moins fécondé sa faculté créatrice. […] Si, dans l’artiste le critique intervenait pendant que l’artiste travaille, c’est alors que seraient absolument vraies les paroles de Nietzsche, « l’artiste appauvrirait sa puissance créatrice », il la dessécherait même et deviendrait incapable de rien produire.
De même, le Journalisme doctrinaire et endoctrinant, qui, à propos de tout, faisait son petit cours à la Guizot ou à là Royer-Collard, a produit cet autre-là, qui ne fait pas le fier, ni de cours, lui, et qui ramasse tout : petits faits, commérages, cancans, anecdotes, le diable et son train ! […] C’est le plus horrible monstre de vanité, d’amour de l’argent, de corruption native et réfléchie, et je ne crois pas que depuis Madame Bovary il se soit produit dans la littérature quelque chose de plus bas, malgré les grands airs qu’ils lui donnent, et de plus exécrablement odieux. […] L’ancien journalisme ne pouvait pas produire un écrivain du ton et du fonds de Fervaques.
— Le feuilleton de Janin contre le Tibère de Chénier et contre ce poëte éminent a produit de l’indignation dans plus d’un cœur : voici que les représailles sont venues.