La France possédait encore le maigre Voltaire, plus maigre, comme génie dramatique, que sa statue de squelette par Pigalle.
Mais ce qu’il possède, c’est justement le bien des pauvres, c’est la tradition de l’Église, et, par l’étude théologique dont il a reporté les habitudes sur les choses de la philosophie, la précision et le génie de la formule, tellement claire, dit très heureusement M.
Le poète du matérialisme adoré, étreint, possédé, est devenu le poète du panthéisme qui, philosophiquement, n’est que du matérialisme déguisé, — on le sait de reste, — mais qui, poétiquement, n’en est plus.
Gratien, qui eut de la faiblesse et du zèle, qui posséda peut-être le courage militaire, mais à qui le courage d’esprit et les talents manquèrent, que les écrivains d’un parti ont comparé aux meilleurs princes, que ceux du parti contraire ont comparé à Néron ; Gratien, dont le plus grand mérite peut-être est d’avoir, élevé Théodose à l’empire, et qui, après un règne de huit ans, mourut à vingt-quatre, vaincu à Paris et assassiné à Lyon, eut aussi ses panégyristes.
tu restes encore ici : nos cœurs te possèdent.
Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur. […] René avait désiré un désert, une femme et la liberté : il possédait tout cela et quelque chose gâtait cette possession… Il essaya de réaliser ses anciennes chimères : quelle femme était plus belle que Céluta ? […] De même Ériphyle (dans Iphigénie), amoureuse d’Achille pour s’être sentie pressée dans ses bras ensanglantés, se croit maudite, et s’en vante, et, à cause de cela, s’arroge tous les droits, orgueilleuse du secret de sa naissance, du mystère de sa destinée, et du don qu’elle possède, comme Oreste, de répandre le malheur autour d’elle. […] Il est seulement curieux que, tout en le traitant sans mollesse, Chateaubriand reste lui-même possédé de quelques-unes des idées de ce régicide lettré. […] … Vivant, il a manqué le monde ; mort, il le possède.
Antoine Albalat eut la chance de pouvoir feuilleter un manuscrit des Mémoires d’outre-tombe, que l’éditeur Champion possède en ce moment. […] … Ô lecteur, tu connais la plus célèbre des Dianes de Falguière ; tu en possèdes peut-être un plâtre sur ta cheminée. […] Je possède plusieurs lettres de Mallarmé ; je cherche sans les trouver toutes : mes paperasses sont brouillées comme mon âme. […] Ce Protée possédait l’art, comme qui dirait, de lire dans la main. […] Au surplus, je crois bien qu’il possède des notions exactes sur la valeur de la vie.
Combien elle fortifie, combien elle affranchit l’homme qui la possède, cette intelligence professionnelle, en lui assurant la maîtrise dans l’usage habile et adapté de son activité ! […] De célèbres soldats ont possédé cette faculté de dédoublement, ainsi Montluc, ainsi Marbot. […] Il doit posséder cette virile tranquillité d’esprit qui est aussi, — la comparaison s’impose de nouveau, — celle des hommes de guerre. […] Ceux que possède ce faux esprit de réforme les ignorent. […] Le sociologue possède-t-il un moyen de mesurer l’intensité de cette résistance, quand il s’agit des peuples ?
Comme par leur don d’écrivains, ils possèdent les facultés généralisatrices, synthétiques, ils ne s’en tiennent pas aux seuls faits immédiats. […] Et où ira-t-on la chercher cette Élite, si ce n’est parmi ceux qui possèdent le don du Verbe et de la Pensée ? […] Quelque plaisir, quelque poésie qu’éprouve l’esprit à posséder la vérité pour elle-même, nous ne pouvons accorder que ce soit là le but de nos recherches. […] La soif de vengeance est née aux cœurs des malheureux, contre ceux qui possèdent et qu’ils rendent seuls responsables de leurs maux alors qu’eux-mêmes y ont autant de leur faute. […] Le peuple est loin de posséder cette science et l’on voudrait que la raison du nombre le nantît du droit de décider de notre destinée — après l’avoir refusé à l’élite qui y consacre cependant sa supériorité — cette élite nouvelle qu’on aperçoit composée non d’une aristocratie de sang ou de fortune, mais des intelligences prédominantes de la nation ?
Elle peut hériter, posséder, léguer, paraître dans les cours de justice, dans les assemblées du comté, dans la grande assemblée des sages. […] Ton absence lui fait croire que tout ce qu’elle possède n’est rien. […] Le même poëte lyrique peut être tour à tour une brute et un homme de génie, parce que son génie vient et s’en va comme une maladie, et qu’au lieu de le posséder, il le subit : « Année du Seigneur, 611. […] Pictorial history, I, 249. « Toutes les villes, et même les villages et les hameaux que possède aujourd’hui l’Angleterre, paraissent avoir existé depuis les temps saxons… La division actuelle en paroisses est presque sans altération celle du dixième siècle. » D’après le Doomsday-book, M.
Zverkoff commença en ces termes : — Vous n’êtes pas sans savoir quelle femme j’ai le bonheur de posséder ; je crois qu’il est impossible de trouver une meilleure personne ; vous en conviendrez vous-même. […] Il possédait vingt-deux roubles et demi qui, ainsi que tous ses effets, seront envoyés par mes soins aux personnes de sa famille qui ont droit à cet héritage. […] Toute votre vie se déroule alors à vos yeux ; l’homme se possède complétement, il semble ressaisir tout son passé, tous ses sentiments, toutes les forces de son âme, et rien dans la nature environnante ne vient troubler ces rêveries ; point de soleil, point de vent, aucun bruit… Et un jour d’automne, par un temps clair, un peu froid, lorsqu’il a gelé le matin et que les bouleaux argentés, semblables aux arbres dont parlent les contes des fées, sont couverts de rameaux d’or ; lorsque le soleil est bas et que ses rayons n’ont plus de force, mais étincellent encore plus vivement qu’en été ! […] Ils forment une classe à part, reçoivent la nourriture et des gages et sont privés de la portion de terre qu’ils possédaient étant paysans.
Soulary possède à merveille la langue poétique de la Renaissance, et, grâce à l’emploi d’un vocabulaire très-large, mais toujours choisi, il a trouvé moyen de dire, en cette gêne du sonnet, tout ce qu’il sent, ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas, tout ce qui lui passe par le cœur, l’esprit ou l’humeur, son impression de chaque jour, de chaque instant.
L’imagination et la sensibilité, quand on les possède, ont vite reconnu leurs traces, et la vraie poétique est trouvée.
Il souffre quand il ne la possède pas, ou bien quand il ne croit plus à celle qui lui a été donnée.
Ceci soit dit sans faire bon marché pour notre nation de cette faculté de vraie critique qu’elle a toujours possédée et dont elle n’est pas si dénuée aujourd’hui.
Ordonio ne pense qu’à séduire et qu’à posséder.
S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
Outre que l’activité de la prédication protestante (on possède plus de 2000 sermons de Calvin pour une période de onze ans) a contribué sans nul doute à assouplir la langue, cette prédication est un des anneaux qui relient François de Sales et l’éloquence du xviie siècle aux sermonnaires du xve siècle.
Il est en droit aussi de déclarer que nul, en son temps, ne posséda aussi complètement et au même degré le don spécial du théâtre, le génie dramatique, qu’il pratiqua « le métier » en ouvrier incomparable, qu’à ce point de vue, Hugo, malgré Hernani et Ruy Blas, Vigny, malgré la Maréchale d’Ancre et Chatterton, lui furent bien inférieurs.
Son art possède un charme lent qui s’insinue sans jamais saisir.
Rostand, à un égal degré, possède les deux vertus romaines de l’imagination : l’abondance et le choix.
Ils possédaient d’autres ressources.
Le musée du Luxembourg en possède un, très enlevé : c’est Verlaine, en tenue d’hôpital, fumant sa pipe.
« On ne croit plus de nos jours aux possédés, quoiqu’on croie à ceux de l’écriture. » Le sentiment de l’anabaptiste Vandale, suivi par Fontenelle, scandalisoit de P.
L’inclination qu’il avait pour la Poésie le fit s’appliquer à lire les Poètes avec un soin tout particulier ; il les possédait parfaitement, et surtout Térence.
Cette connoissance si rare & si nécessaire, qui l’a jamais possédée comme la Bruyere ?
Observatrice myope, elle n’a vu, à ce qu’il paraît, que des ridicules gais, que les ridicules qui font rire et qui, pour cette raison, font rechercher par le monde ceux qui les possèdent pour qu’on puisse agréablement se moquer d’eux.
Avec son érudition très variée et très sûre, son goût pur et son jugement ferme, avec ce don de se posséder, — de n’aller que là où il veut, et comme il le veut, qui est une des distinctions les plus rares de son esprit, — et de tout esprit, — M.
La circonstance du génie qui leur est donné ne leur appartient ni plus ni moins que la circonstance de la vie qui le leur développe, et l’auteur de Mirèio possède, au degré le plus profond et le plus extraordinaire, ces deux sources d’originalité.
Pécontal possède plus que personne, mais auxquelles l’esprit de notre époque préfère le rythme, tourmenté, poli, aiguisé, affiné, savant enfin et si souvent vide ; le rythme, dernière expression de la beauté poétique, et que l’Imagination dégoûtée finira par rejeter, pour sa peine d’avoir rejeté l’âme, — comme le roi de Thulé jeta à la mer sa coupe épuisée, quand ses yeux mourants n’eurent plus de larmes pour la remplir !
Il lui manque ce don de la présence, que le Rouge et le Noir possède au suprême degré. […] J’émets d’ailleurs cette réserve en ajoutant que l’admiration passionnée dont j’ai vu mon maître Taine possédé pour ce livre, me force à penser que sans doute je ne sais pas voir ces héros. […] Le fragment que nous possédons des lettres échangées avec son père nous initient à des relations d’une noblesse et d’une simplicité magnifiques. […] Mettez : Obèse et pieux, vous frappez le lecteur. » Cette science lucide et minutieuse de la rhétorique, aucun ne l’a possédée avec cette sûreté et à ce degré. […] Ce pouvoir de créer des personnages forts, Barbey le possédait.
On sait que la Bibliothèque de Neufchâtel, en Suisse, possède la collection entière des lettres autographes adressées à Jean-Jacques durant les années les plus actives de son orageuse célébrité ; c’est un legs fait à cette Bibliothèque par Du Peyrou, l’ami de Jean-Jacques. […] Levallois sait son Jean-Jacques et le possède comme personne en ce temps-ci ; il le sait par devoir et aussi par amour. […] Quiret de Margency, ainsi appelé parce qu’il possédait le château de ce nom, ayant titre et qualité gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, était un ami de Rousseau ; il avait été du monde de d’Holbach et des philosophes, et en était sorti ; on voit que, vers la fin, il avait même passé à une dévotion extrême.
Les Romains n’ont eu d’autre droit public que le droit du plus ambitieux et du plus armé sur le plus faible ; conquérir, spolier et posséder par la gloire, c’est toute leur politique. […] Les écrivains politiques en état de frénésie ou de cécité qui se sont faits les organes de cette théorie de la liberté illimitée, et qui ont été assez malheureux pour se faire des adeptes, n’ont pas réfléchi que tout jusqu’à la plume avec laquelle ils niaient la nécessité de la loi était en eux un don, un bienfait, une garantie de la loi ; que l’homme social tout entier n’était qu’un être légal depuis les pieds jusqu’à la tête ; qu’ils n’étaient eux-mêmes les fils de leurs pères que par la loi ; qu’ils ne portaient un nom que par la loi qui leur garantissait cette dénomination de leur être, et qui interdisait aux autres de l’usurper ; qu’ils n’étaient pères de leurs fils que par la loi qui leur imposait l’amour et qui leur assurait l’autorité ; qu’ils n’étaient époux que par la loi qui changeait pour eux un attrait fugitif en une union sacrée qui doublait leur être ; qu’ils ne possédaient la place où reposait leur tête et la place foulée par leurs pieds que par la loi, distributrice gardienne et vengeresse de la propriété de toutes choses ; qu’ils n’avaient de patrie et de concitoyens que par la loi qui les faisait membres solidaires d’une famille humaine immortelle et forte comme une nation ; que chacune de ces lois innombrables qui constituaient l’homme, le père, l’époux, le fils, le frère, le citoyen, le possesseur inviolable de sa part des dons de la vie et de la société, faisaient, à leur insu, partie de leur être, et qu’en démolissant tantôt l’une tantôt l’autre de ces lois, on démolissait pièce à pièce l’homme lui-même dont il ne resterait plus à la fin de ce dépouillement légal qu’un pauvre être nu, sans famille, sans toit et sans pain sur une terre banale et stérile ; que chacune de ces lois faites au profit de l’homme pour lui consacrer un droit moral ou une propriété matérielle était nécessairement limitée par un autre droit moral et matériel constitué au profit d’un autre ou de tous ; que la justice et la raison humaine ne consistaient précisément que dans l’appréciation et dans la détermination de ces limites que le salut de tous imposait à la liberté de chacun ; que la liberté illimitée ne serait que l’empiétement sans limite et sans redressement des égoïsmes et des violences du plus fort ou du plus pervers contre les droits ou les facultés du plus doux ou du plus faible ; que la société ne serait que pillage, oppression, meurtre réciproque ; qu’en un mot la liberté illimitée, cette soi-disant solution radicale des questions de gouvernement tranchait en effet la question, mais comme la mort tranche les problèmes de la vie en la supprimant d’un revers de plume ou d’un coup de poing sur leur table de sophistes. […] Les peuples asservis, dans la force armée qui les a conquis et qui les possède par le droit des armes ; Les peuples monarchiques la confèrent à une dynastie et la confondent avec le droit de naissance sur un trône.
Ce serviteur des serviteurs de Dieu imprime d’avance un respect surnaturel aux barbares ; ils fléchiront d’autant plus le genou devant lui qu’ils le trouveront pauvre et désarmé ; ils verront un Dieu dans ce vieillard bénissant tout le monde au nom d’un maître supérieur aux vicissitudes des empires ; il nommera ces barbares ses enfants, et ces barbares verront dans ce vieillard leur père ; ils se convertiront peu à peu à une foi qui leur laisse posséder le monde, qui n’a que des armées d’anges, et qui n’a d’ambition qu’au ciel ; ils lui concéderont sur la capitale de l’Italie, que ce vieillard habite, un empire des ruines ; ils y laisseront éclore lentement l’œuf du christianisme couvé par les barbares dans le nid abandonné de l’aigle romaine. […] Les flottes de Venise transportèrent les croisés à Jérusalem ; ses colonies marchandes, établies jusque dans Constantinople comme des postes avancés, y construisaient des forteresses et des tours ; Des envoyés de la France venaient plaider humblement dans l’église de Saint-Marc, à Venise, devant dix mille citoyens, la cause de la croisade, et demander les secours des flottes vénitiennes ; Constantinople tombait sous les Vénitiens avant de tomber sous Mahomet II ; leur vieux doge Dandolo montait à l’assaut à leur tête ; l’île de Crète (Candie), qui domine la route d’Égypte et de Syrie, était cédée aux Vénitiens pour leur part dans les dépouilles de l’empire d’Orient ; ils y ajoutèrent les territoires de Lacédémone, presque tout le Péloponnèse, et toutes les villes maritimes de la Thrace, de Thessalonique à Constantinople ; l’Istrie, la Dalmatie, les îles Ioniennes étaient dévolues à la république ; ses simples citoyens possédaient des principautés en Orient, tels que les duchés de Gallipoli et de Naxos, l’Archipel tout entier, alors devenu vénitien. […] Que serait-ce si vous possédiez seul l’Italie ?
Pendant ces pèlerinages, la poétique fureur qui le possède va s’exaltant de plus en plus ; ivre d’admiration pour les quatre grands maîtres italiens et impatient de se placer auprès d’eux, s’il rencontre sur sa route un journal dans lequel ses premières tragédies sont librement appréciées, il traite la presse littéraire avec une violence où l’on sent à la fois l’orgueil du patricien et l’irritabilité d’une âme en peine. […] Si nous ne possédons pas cette correspondance où tant de choses sans doute nous seraient révélées, on montre du moins à Florence un document assez bizarre qui appartient précisément à cette date, et n’a pas besoin de commentaire. […] Je mis donc en mouvement toute ma cavalerie qui, un mois après moi, arriva saine et sauve en Alsace, où j’avais alors rassemblé tout ce que je possédais, excepté mes livres, dont j’avais laissé à Rome la majeure partie.
Le premier pas de la science de l’humanité est de distinguer deux phases dans la pensée humaine : l’âge primitif, âge de spontanéité, où les facultés, dans leur fécondité créatrice, sans se regarder elles-mêmes, par leur tension intime, atteignaient un objet qu’elles n’avaient pas visé ; et l’âge de réflexion, où l’homme se regarde et se possède lui-même, âge de combinaison et de pénibles procédés, de connaissance antithétique et controversée. […] Ne vaut-il pas mieux posséder directement ce qu’il faut péniblement extraire de l’histoire, ce qui seul en fait la valeur, l’esprit de la nation ? […] Toutes les religions indo-germaniques, au contraire, sont, ou le panthéisme, ou le dualisme, et possèdent un vaste développement mythologique ou symbolique 141.
Alors il couvrait de décorations sa poitrine rayonnante d’aigles d’or et d’argent10. » En ces temps il songeait fort peu à la Vendée et à ses vierges martyres, à Henri IV et aux vertus des rois légitimes : Napoléon le possédait tout entier ; et oubliant les jeux de l’adolescence, il étudiait ses campagnes, et suivait sur la carte, la marche de ses armées. […] Il serait difficile, si on ne connaissait les mœurs du temps et les qualités de la famille Hugo, de comprendre qu’un jeune homme, fût-il de génie, put posséder d’une manière si parfaite, l’art de se contenir et de dissimuler ses sentiments. […] Il restait encore à briser le moule du vers classique, à assouplir le vers à une nouvelle harmonie, à l’enrichir d’images, d’expressions et de mots que possédait déjà la prose courante et à ressusciter les vieilles formes de la poésie française.
Mal entré dans le xvie siècle par la brèche de la Saint-Barthélemy, il devait remonter vers l’origine du mal et pénétrer dans ses sources mêmes une phase d’histoire dont on peut dire qu’il l’a possédée à la fin, tant il l’a bien comprise ! […] Il n’a pas les facultés devineresses et la profonde bonhomie de ce Walter Scott, par exemple, qui a pris par le roman pour arriver aussi à la biographie et à l’histoire ; mais, s’il a d’autres procédés de divination, il arrive aux mêmes résultats de vérité et de ressemblance, et, de plus, il possède une faculté que ne connut point la tête carrée et rassise du grand Écossais. […] Toutes ces fragiles gloires de passage, Bembo, Politien, Ficin, Sannazar, talents de reflet qui, n’ayant pas d’originalité à perdre, pastichèrent l’antiquité dans des écrits qu’on ne lit plus, lui semblent plus grandes qu’elles ne sont, et la superstition de l’humanisme le possède si bien, qu’il perd entièrement la mesure d’Érasme, — cette première et débile ébauche, essayée par la nature, de l’homme qui sera Voltaire plus tard !
La certitude où est Veuillot de posséder la vérité est admirable et vous incline au respect. […] Mais vous possédez une esthétique ? […] Et c’est qu’il possédait, à part lui, un bel idéal, auquel la vérité insulta ? […] Il ne possédait pas une croyance et il ne possédait pas un caractère qui lui permit de résister à la grande avanie française. […] Il faut avoir une extraordinaire certitude et la confiance de posséder l’indiscutable vérité.
Ceux qui sont destinés à les posséder un jour ne les acquièrent le plus souvent qu’à force de vivre, et les achètent, en général, fort cher au prix de tous les biens qui rendent la jeunesse si riche. […] Bonheur de posséder, regret d’avoir perdu, sont deux faces d’un même amour, et le vieillard, par ses plaintes, montre, à son insu, qu’il aime encore ce qu’il aimait à vingt ans. […] Ajoutez cette seule vertu à toutes celles que possédait Louis XVI, et que de choses eussent pu être changées ! […] L’élection de M. de Broglie ajoute une voix à la majorité imposante que possèdent au sein de l’Académie ses coreligionnaires politiques. […] Vous possédez une pièce de vingt sous et un pain de quatre livres ?