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1071. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Beugnot se dessine à nous comme un observateur très fin, mais il ne se pose nullement en âme héroïque.

1072. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

On voit pourtant quelle était l’opinion que s’étaient déjà formée du personnage ceux qui l’avaient observé de près, et dans la Galerie des États-Généraux, dans cette première et fine série de profils parlementaires dont le La Bruyère anonyme était Laclos, à côté d’un portrait de La Fayette, retracé dans son attitude et sa pose vertueuse sous le nom de Philarète, on lisait celui de M. de Talleyrand sous le nom d’Amène ; c’est d’un parfait contraste.

1073. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Il n’a pu s’y résoudre ; le mieux, un certain idéal, posait devant ses regards et ne lui laissait pas de trêve.

1074. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Un organe pur, encore vibrant et à la fois attendri, un naturel, une beauté continue de diction, une décence tout antique de pose, de gestes, de draperies, ce goût suprême et discret qui ne cesse d’accompagner certains fronts vraiment nés pour le diadème, ce sont là les traits charmants sous lesquels Bérénice nous est apparue ; et lorsqu’au dernier acte, pendant le grand discours de Titus, elle reste appuyée sur le bras du fauteuil, la tête comme abîmée de douleur, puis lorsqu’à la fin elle se relève lentement, au débat des deux princes, et prend, elle aussi, sa résolution magnanime, la majesté tragique se retrouve alors, se déclare autant qu’il sied et comme l’a entendu le poëte ; l’idéal de la situation est devant nous. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.

1075. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Autour de ces rochers où les vents sont en guerre, Le terrible Typhon a posé son tonnerre….

1076. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Ils résolvent ainsi à leur façon, par leur rhétorique, le grand problème que la philosophie scolastique avait posé : entre les réalistes et les nominalistes, dont ils ignoraient sans doute les débats, ils se déclaraient spontanément réalistes.

1077. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort se pose forcément, on ne saurait l’éviter.

1078. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Il pose sa guitare à terre, et, pendant qu’il tourne la tête d’un autre côté, l’Arlequin butor met sa guitare auprès de la première et se retire.

1079. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

La pose de Musset, le manque manifeste de sincérité de cet écrivain dégingandé, amusant et libre, homme de théâtre, mais rien autre, a pu lasser assez tôt les lecteurs nouveaux.

1080. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Elles sont nettement anti-individualistes et posent sur le terrain pédagogique le problème de l’antinomie de l’individu et de la société.

1081. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Là, au bruit du vent et de la mer, l’esprit vibrant de l’écho des orgues sonores, il traduit Denys l’Aréopagite, qui pose les lois de la théologie mystique, et Jean Ruisbrœk l’admirable, qui les applique.

1082. (1890) L’avenir de la science « XII »

C’est le caractère et la gloire de la science moderne d’arriver aux plus hauts résultats par la plus scrupuleuse expérimentation et d’atteindre les lois les plus élevées de la nature, la main posée sur ses appareils.

1083. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

C’est un fait juif, en ce sens que le judaïsme dressa pour la première fois la théorie de l’absolu en religion, et posa le principe que tout novateur, même quand il apporte des miracles à l’appui de sa doctrine, doit être reçu à coups de pierres, lapidé par tout le monde, sans jugement 1153.

1084. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Cela dit, vérifions si l’histoire confirme la loi que nous avons posée.

1085. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Le cadre du lac et des monts serait bien posé, si bientôt il ne devenait trop large et débordant pour les personnages.

1086. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer comme biographe du Grand Siècle, c’est de n’avoir point paru soupçonner ces questions-là, et de ne les avoir point laissées se poser et se résoudre aux yeux du lecteur par l’art heureux des citations mêmes.

1087. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Les conséquences d’un parti une fois pris le toucheront peu, et, un principe une fois posé, il ne reculera plus, surpris qu’on lui résiste et qu’on le méconnaisse ; toujours prêt à se réconcilier et jamais à céder, n’ayant ni colère ni haine, voulant la paix et ne sachant jamais comment la faire.

1088. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

La critique du savoir découvre deux limites : ce qui est au-delà de notre atteinte, et ce qui est trop près de nous pour être posé devant nous : « parce qu’on ne peut voir ses yeux, ce n’est pas une raison pour dire qu’on n’a pas d’yeux » ; de même l’activité de la pensée ne peut se voir elle-même comme un objet.

1089. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

La physionomie de la Faustin lui apparaît tantôt dessinée en ombres et méplats lumineux, par une lampe posée près de son lit, tantôt s’assombrissant, se creusant sous une émotion tragique : Subitement sur la figure riante de la Faustin, descendit la ténébreuse absorption du travail de la pensée ; de l’ombre emplit ses yeux demi-fermés ; sur son front, semblable au jeune et mol front d’un enfant qui étudie sa leçon, les protubérances, au-dessus des sourcils, semblèrent se gonfler sous l’effort de l’attention ; le long de ses tempes, de ses joues, il y eut le pâlissement imperceptible que ferait le froid d’un souffle, et le dessin de paroles, parlées en dedans, courut mêlé au vague sourire de ses lèvres entr’ouvertes.

1090. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

L’apôtre qui est auprès de lui semble plus âgé et montre la physionomie et la contenance d’un homme posé : aussi, conformement à son caractere, applaudit-il par un simple mouvement des bras et de la tête.

1091. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Peu à peu la vue perce les nuages ; on entrevoit des ouvertures lumineuses ; le brouillard s’évapore ; devant les yeux se déroulent des perspectives infinies ; des continents entiers s’étalent embrassés d’un coup d’œil ; et l’on se croirait arrivé au sommet de la science et au point de vue du monde, si là-bas, sur un coin de la table, on n’apercevait un volume de Voltaire posé sur un volume de Condillac. 

1092. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Comment poser ces barrières ?

1093. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

C’est ainsi que le consul Décius, jaloux de ranimer l’ardeur des légions, s’était, au milieu du champ de bataille, solennellement dévoué, vêtu d’un manteau pontifical, les pieds posés sur le fer d’un javelot, proférant des paroles sacrées, chantant l’hymne de sa mort158, puis s’élançant à travers les rangs les plus épais des ennemis pour accomplir son vœu par leurs mains.

1094. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Tous les écrits futurs de Mme de Staël en divers genres, romans, morale, politique, se trouvent d’avance présagés dans cette rapide et harmonieuse louange de ceux de Rousseau, comme une grande œuvre musicale se pose, entière déjà de pensée, dans son ouverture. […] On en fera connaître quelques fragments, où l’auteur a traité d’une manière neuve les mêmes questions que Mme de Staël. » Ainsi se posait du premier coup l’espèce de rivalité de Mme de Staël et de M. de Chateaubriand, qui furent, à l’origine, divisés surtout par leurs amis. […] Mme de Staël, en revenant si fréquemment sur ce rêve, n’avait pas à en aller chercher bien loin des images : son âme, en sortant d’elle-même, avait tout auprès de quoi se poser ; au défaut de son propre bonheur, elle se rappelait celui de sa mère, elle projetait et pressentait celui de sa fille59. […] Dans l’admirable discours qu’elle fait tenir à Jean-Jacques par un solitaire religieux, il est posé que « le génie ne doit servir qu’à manifester la bonté suprême de l’âme. » Elle paraît très-occupée, en plus d’un passage, de combattre l’idée du suicide. « Quand on est très-jeune, dit-elle excellemment, la dégradation de l’être n’ayant en rien commencé, le tombeau ne semble qu’une image poétique, qu’un sommeil, environné de figures à genoux qui nous pleurent ; il n’en est plus ainsi, même dès le milieu de la vie, et l’on apprend alors pourquoi la religion, cette science de l’âme, a mêlé l’horreur du meurtre à l’attentat contre soi-même. » Mme de Staël, dans la période douloureuse où elle était alors, n’abjurait pas l’enthousiasme, et elle termine son livre en le célébrant ; mais elle s’efforce de le régler en présence de Dieu.

1095. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Les chaises craquent quand on le pose, et celui qui l’a manié une heure en a moins mal à la tête qu’au bras. […] On commence par poser sa thèse, et Milton écrit en grosses lettres, en tête de son Traité du Divorce, la proposition qu’il va démontrer : « Qu’une mauvaise disposition, incapacité ou contrariété d’esprit, provenant d’une cause non variable en nature, empêchant et devant probablement empêcher toujours les bienfaits principaux de la société conjugale, lesquels sont la consolation et la paix, est une plus grande raison de divorce que la frigidité naturelle, spécialement s’il n’y a point d’enfants et s’il y a consentement mutuel. » Là-dessus arrive, légion par légion, l’armée disciplinée des arguments. […] Un peu plus haut, celui-ci posait ce dilemme : « Dites-moi, cette liturgie est-elle bonne ou mauvaise ? […] Pour délivrer la dame enchantée, on appelle Sabrina, la naïade bienfaisante, qui, « assise sous la froide vague cristalline, noue avec des tresses de lis les boucles de sa chevelure d’ambre. » Elle s’élève légèrement de son lit de corail, et son char de turquoise et d’émeraude « la pose sur les joncs de la rive, entre les osiers humides et les roseaux. » Touchée par cette main froide et chaste, la dame sort du siége maudit qui la tenait enchaînée ; les frères avec la sœur règnent paisiblement dans le palais de leur père, et l’Esprit qui a tout conduit prononce cette ode où la poésie conduit à la philosophie, où la voluptueuse lumière d’une légende orientale vient baigner l’Élysée des sages, où toutes les magnificences de la nature s’assemblent pour ajouter une séduction à la vertu : Je revole maintenant vers l’Océan — et les climats heureux qui s’étendent — là où le jour ne ferme jamais les yeux, —  là-haut, dans les larges champs du ciel. —  Là je respire l’air limpide — au milieu des riches jardins — d’Hespérus et de ses trois filles — qui chantent autour de l’arbre d’or. —  Parmi les ombrages frissonnants et les bois, —  folâtre le Printemps joyeux et paré ; —  les Grâces et les Heures au sein rose — apportent ici toutes leurs largesses ; —  l’Été immortel y habite, —  et les vents d’ouest, de leur aile parfumée, —  jettent le long des allées de cèdres — la senteur odorante du nard et de la myrrhe. —  Là Iris de son arc humide — arrose les rives embaumées où germent — des fleurs de teintes plus mêlées — que n’en peut montrer son écharpe brodée, —  et humecte d’une rosée élyséenne — les lits d’hyacinthes et de roses où souvent repose le jeune Adonis — guéri de sa profonde blessure — dans un doux sommeil, pendant qu’à terre — reste assise et triste la reine assyrienne. —  Bien au-dessus d’eux, dans une lumière rayonnante, —  le divin Amour, son glorieux fils, s’élève — tenant sa chère Psyché ravie en une douce extase. —  Mortels qui voulez me suivre, —  aimez la vertu, elle seule est libre, —  elle seule peut vous apprendre à monter — plus haut que l’harmonie des sphères. —  Ou si la vertu était faible, —  le ciel lui-même s’inclinerait pour l’aider504.

1096. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Et les jeunes bergers, pleins d’admiration et de désir, viennent baiser les pommes jumelles de ses seins : Comme on colle l’oreille à la conque marine, Tu poseras ta joue entre mes deux seins frais Pour écouter au loin battre les beaux secrets Oui scandent la lenteur tendre de ma poitrine. Posons notre joue contre les seins frais de cette poésie : elle nous révélera un peu du secret de l’âme féminine. […] Pulsations, éclosions, fils animés, frôlements, Tout les fixe par contraste, ces statues frustes et faciles, Dans la pose impossible et l’éternel groupement, Sous les spectres du treillage qui se transforment et        vacillent. […] « Elle l’obligeait à rester avec elle, au bord de la fenêtre, le soir, sous la lune, et, la tête collée à son épaule dans la pose de l’alanguissement et du soupir, elle essayait qu’il fût, comme elle, empli d’une mélancolie indécise.

1097. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Sa mère a pris de ses mains la broderie qu’elle lui avait confiée et elle a le doigt posé sur la soutache inachevée. […] Mercier ne lui donnèrent que l’appoint d’une vogue éphémère ; mais le principe était posé. […] Le principe posé au xviiie  siècle a fourni ses dernières conséquences. […] Il a fait poser devant lui Charles Demailly fou, Mme Bovary morte. […] Et, pour preuve, posez-vous cette question : Pourquoi Napoléon faisait-il la guerre à la Russie ?

1098. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Voici, d’ailleurs, les questions que je prétendais poser : si oratoires qu’on suppose les gestes, on verra qu’elles ne comportaient pas de tels coups de poing au bout. […] Les cigarettes allumées et les questions posées, voici la marche de l’entretien : — Oh oui ! […] Ce n’est pas une pose, ce n’est pas une maladie, c’est un état naturel. […] Encore une fois, je sens qu’il n’y a là ni parti pris, ni pose, il ne parle pas… très simplement, — comme d’autres parlent. […] — Les symbolistes, les décadentistes, enfin les gens qui se posent, d’avance, pour nos successeurs, me semblent être presque tous des poètes.

1099. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Mais en tout cas, pour le cartésianisme, les principes qu’il avait posés ne pouvaient pas ne pas le conduire nécessairement à l’optimisme. […] C’est une question que je ne toucherai point, que je me contenterai d’avoir posée. […] Puisqu’il les a posées, je veux savoir comment il les a décidées. […] Mais Voltaire même, au siècle suivant, ne posera qu’à peine ; et, jusque de nos jours, j’en connais qui l’attaquent et qui ne veulent pas que l’on dise qu’ils l’ont attaquée. […] Une seule question se pose : c’est de savoir ce qu’était devenue, depuis une soixantaine d’années, la doctrine léguée à Molière par ses maîtres, et transmise à ceux-ci, comme on l’a vu, par les Montaigne et par les Rabelais.

1100. (1898) La cité antique

Il doit être posé sur le sol ; une fois posé, on ne doit plus le changer de place. […] Quand on pose le foyer, c’est avec la pensée et l’espérance qu’il restera toujours à cette même place. […] Romulus à cette même place posa un autel et y alluma du feu. […] Le fondateur qui avait posé le foyer sacré en fut naturellement le premier prêtre. […] Mais comme ils avaient posé les foyers, c’était à eux qu’il appartenait de les entretenir.

1101. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Ils avouent que la « perfection linguistique » est une chose, et que la perfection littéraire en est une autre ; mais, ayant posé la distinction pour mémoire, ils passent outre, et reprennent leur train sans en tenir désormais plus de compte. […] Toutes ces questions méritent qu’on les pose et qu’on les discute. […] Que d’ailleurs ces 13 200 livres — car les érudits ici donnent la bride à leurs hypothèses — représentent les économies personnelles de Molière, de Madeleine Béjart, on de la troupe, la question serait difficile à résoudre ; elle est déjà délicate à poser. […] L’histoire, la grande histoire en a pu faire son profit quelquefois ; mais le temps ne serait-il pas venu de poser des bornes à cette manie de confesser impitoyablement les grands hommes et de troubler pour ainsi dire le repos de ces morts illustres ? […] Et c’est bien en ces termes tout crus que la question se pose.

1102. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Plus tard il se montra plus sévère, mais la question d’authenticité ne se posa pas pour lui. […] Au moment de poser la plume, mille souvenirs de cette riche lecture me demandent une mention, un mot. […] Mais nous la lui posons, nous, et nous le pressons d’y répondre. […] Les siècles prennent leçon des siècles ; ou du moins, ils se posent les uns aux autres, sous des formes diverses, les plus graves questions, et se lèguent, transformé mais jamais diminué, leur inépuisable tourment. […] On peut, sans doute, refuser de la poser ; mais une fois posée, comment faire pour qu’elle ne renferme pas toutes les questions humaines que, depuis des siècles, posent à l’envi l’une de l’autre la conscience et la science ?

1103. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je vois une hirondelle entrant par la fenêtre, une mouche se poser sur ma main tandis que je récitais ma leçon ; je vois tout l’arrangement de la chambre où nous étions ; le cabinet de M.  […] Toutes ces réfutations et répliques ne prouvent pas grand chose ni d’un côté ni de l’autre, la question étant posée en termes trop généraux et d’ailleurs, je crois, insoluble. […] » Évidemment l’Académie de Dijon, fière de son lauréat et du bruit qu’il faisait, posait cette question pour Jean-Jacques. […] Même, on s’aperçoit dans la suite que ces conditions posées avec tant de rigueur et de solennité (isolement complet, gouverneur volontaire et perpétuel), ne sont pas indispensables aux parties les plus sensées de son plan. […] Et voici sa réponse : Je réponds que la question est mal posée.

1104. (1890) Nouvelles questions de critique

C’est le problème à résoudre, et qui n’est jamais résolu ni ne le sera sans doute jamais, puisqu’à chaque génération d’hommes il se pose en des termes nouveaux, et, pour tout homme de cette génération qui l’aborde, en des termes sensiblement différents. […] Pour poser cette question intéressante, mais indiscrète, nous ne manquerions certes pas de prétextes, si nous le voulions et qu’il en fallût. […] La question qui se pose est précisément de savoir si l’ouvrage, en changeant d’aspect ou de forme, ne devra pas aussi changer de nature ; et si ce changement, en l’enlevant à la compétence de l’Académie des inscriptions, ne le remet pas pour vingt raisons sous la juridiction de l’Académie française. […] Pour le moment, la question est plus facile à poser qu’à résoudre ; on l’agitera plus tard, dans cent cinquante ou deux cents ans d’ici. […] De la musique avant toute chose, Et pour cela, préfère l’Impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

1105. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et peut-être Bourget ne s’est-il pas une minute souvenu de Saint-Preux, quand il a « posé » son précepteur du Disciple. […] Ici se pose cette question, qui revient périodiquement dans les débats littéraires. […] Que nos romancières soient difficilement capables de « poser » un caractère d’homme, je viens de le dire, mais il y a des exceptions, telle La Maison du péché de Tinayre, ouvrage viril et parfait. […] Mais le fait est que, ce livre ayant pour titre Le Roman français, se pose, angoissante, la question de savoir si Proust y devrait trouver place. […] On constatait, d’autre part, assez clairement, que l’Église qui se posait désormais comme le rempart vivant des institutions monarchiques, n’entendait pas seulement exiger l’accomplissement des rites, ne se contentait plus d’une soumission extérieure aux dogmes, mais instituait une surveillance — qu’on l’accusait de pousser jusqu’à l’espionnage — sur les mœurs et la vie privée.

1106. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Dimanche 3 mai En mon grenier, ce matin, je regardais dans une bouteille de bronze, à la forme élancée, au long col, à la patine sombre, et dont toute l’ornementation est faite, d’une mouche posée sur le noir métal, je regardais, sans en pouvoir détacher mes yeux, une dragonne, cette fleur turgide et déchiquetée, aux stries rouges dans son étoilement jaune impérial, une fleur qui a l’air d’un rinceau de décor, d’une astragale en train de fleurir. […] Voyez-les, ces filles d’Arles, au teint de rose-thé, coiffées de cet enroulement d’un ruban noir, au fond de tulle grand comme une fleur, et cette coiffure de rien, posée au haut de la tête, sur des cheveux aux bandeaux, comme soufflés et légèrement ondulants, et qu’on dirait prêts à se dénouer sur les tempes. […] Et voici ce qui arriva : dans un moment, où la charmante fille était toute à la pièce, presque en dehors de la loge, elle posait distraitement sa bottine sur le crâne du vieux monsieur… Nous fûmes obligés de quitter l’Odéon, sans la bottine.

1107. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Le problème du mal ne se pose pas simplement pour lui à un point de vue personnel. […] Les disciples de Kant n’ont pas manqué de faire observer que Victor Hugo pose le problème exactement à leur manière. […] Pour comprendre certaines de ces naïvetés généreuses, il faut pouvoir comprendre l’étrange baiser mystique posé sur les pieds d’une prostituée par tel personnage d’un grand romancier russe contemporain.

1108. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Aussi ne me témoigne point cette réserve extrême, ô jeune fille, si tu as quelque chose à me demander ou à me dire ; mais, puisque nous sommes venus ici à bonne intention, dans un lieu sacré où tout manquement est interdit, traite-moi en toute confiance… » Et il lui rappelle la promesse qu’elle a faite à sa sœur ; il la conjure par Hécate et par Jupiter-Hospitalier ; il se pose à la-fois comme son hôte et son suppliant ; et il touche cette corde délicate de louange qui doit être si sensible chez la femme ; car, après tout, Médée est un peu une princesse de Scythie, une personne de la Mer-Noire qui doit être secrètement flattée de faire parler d’elle en Grèce112. « Je te payerai ensuite de ton bienfait, lui dit-il, de la seule manière qui soit permise à ceux qui habitent si loin l’un de l’autre, en te faisant un nom et une belle gloire. […] avides, altérées, Ont osé cette fois descendre et se poser : Ton beau cou s’inclina, ta brune chevelure Laissa monter dans l’air un parfum plus charmant ; Mais quand je m’arrêtai contemplant ta figure, Deux larmes y coulaient silencieusement.

1109. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

C’est bien important, à propos de Nodier, de poser dès l’abord en quoi la réminiscence diffère du souvenir. […] Deux questions, qui dominent l’étendue de son talent, nous semblent à poser : 1° la nature et surtout le degré d’influence des grands modèles étrangers sur Nodier, qui, au premier aspect, les réfléchit ; 2° sa propre influence sur l’école moderne qu’il devança, qu’il présageait dès 1802, qu’il vit surgir et qu’il applaudit le premier en 1820.

1110. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

On le tenait dans les bras, et il regardait un abat-jour posé sur une bougie, où des figures de chiens, bien éclairées, se dessinaient en noir. […] Cela posé, nous pouvons faire un pas de plus.

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