Mme Sand, parlant d’un portrait qu’elle a vu enfant au couvent des Anglaises, dit sans hésiter : « Marie était belle, mais rousse. » M. Dargaud parle d’un autre portrait où « un rayon de soleil éclaire, dit-il assez singulièrement, des boucles de cheveux vivants et électriques dans la lumière. » Mais Walter Scott, réputé le plus exact des romanciers historiques, nous peignant Marie Stuart prisonnière dans le château de Loch Leven, nous montre, comme s’il les avait vues, les tresses épaisses d’un brun foncé (dark brown) qui s’échappaient à un certain moment de dessous le bonnet de la reine.
Le portrait qu’il retrace d’elle ne pâlit point, même à côté des plus grands et des plus touchants que nous connaissons : il se lit avec plaisir après l’Oraison funèbre de Bossuet ; il ajoute heureusement à ce qu’ont dit Mme de La Fayette, Choisy et La Fare. […] (Et ici commence le portrait en forme, dans le goût du temps :) Madame avait l’esprit solide et délicat, du bon sens, connaissant les choses fines, l’âme grande et juste, éclairée sur tout ce qu’il faudrait faire, mais quelquefois ne le faisant pas, ou par une paresse naturelle, ou par une certaine hauteur d’âme qui se ressentait de son origine, et qui lui faisait envisager un devoir comme une bassesse.
Un peintre, élève de Giotto, en passant par Avignon, fit, sur la prière de Pétrarque, le portrait de Laure. […] D’une couleur ombrageuse, Tu contrefais le portrait Que la main industrieuse De la Nature portrait ; Tu contrefais en nuage, De tout apparant visage, D’un noir brun, le premier trait. […] Au retour d’une entreprise qu’il conduisit à l’avantage du Navarrais, celui-ci lui fit don de son portrait. […] Madeleine des Roches semblait la sœur aînée de sa fille Catherine, qui était son portrait vivant pour les avantages du corps et de l’esprit. […] C’est une édition en quatre petits volumes, parue en 1827, chez Ladvocat, l’éditeur des romantiques ; elle est ornée d’un beau portrait gravé de Ducis.
Les lecteurs vont se dédommager à présent, et ils goûteront ce discours net, ingénieux et sensé, nourri de conseils, aiguisé d’une douce malice, et qui, vers la fin, présente un portrait si noble et si élevé du savant pur.
Ici s’ouvre un épisode diplomatique, qui nous mène, à travers bien des anecdotes, des portraits et des intrigues, à la fin du volume et à un traité de commerce conclu le 11 janvier 1787 entre la France et la Russie.
On trouvera aussi une galerie variée de portraits originaux que nous ne pouvons qu’indiquer ici ; l’Espagnol Miranda, aventurier remuant, qui intriguait alors à Saint-Pétersbourg comme il intrigua plus tard en France, et qui fut en Amérique le précurseur de Bolivar ; l’Écossais Paul Jones, que l’animosité anglaise poursuivait d’infâmes calomnies jusqu’au milieu de ses triomphes sur la mer Noire ; le prince de Nassau, qui cherchait par toute l’Europe des périls à courir, des lances à briser, et qui semblait le dernier de ces paladins fabuleux rajeunis par Tressan.
[Portraits de maîtres (1888).]
[Portraits contemporains (tome V, 1844).]
Rien de plus ressemblant que le portrait qu'il fait de Mécène ; on ne peut recueillir plus parfaitement les différentes idées qu'Horace nous en donne.
. — Une gloire marchandée, versée à petits coups, convient peut-être aux écrivains à teintes grises dont vous voulez tracer un portrait composé de petites intentions rapprochées ; mais, s’il s’agit d’un poète véritable, lisez son livre et sachez vous incliner.
« Toutefois, il avait soixante-trois manières d’en trouver tousjours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larrecin furtivement faict ; malfaisant, pipeur, buveur, batteur de pavez, ribleur s’il en étoit à Paris ; au demeurant le meilleur fils du monde et toujours machinoit quelque chose contre les sergeants et contre le guet. » Et après ce portrait sommaire, viennent à la débandade, les mille aventures drolatiques où ce véritable héros de Rabelais se dessine à gros traits, menant à Paris le train bouffon de l’écolier de l’époque, puis partant pour les pays de la fable contre le roi des Dipsodes, puis s’embarrassant dans cette épineuse question du mariage, et parcourant pour s’amuser dans son dessein tout l’archipel d’îles peuplées à souhait des innombrables êtres allégoriques dont Rabelais tenait à rire ; en somme la plus durable et la plus humaine des caricatures énormes qui s’étalent dans le bréviaire des « beuveurs très illustres et et vérolez très prétieux ».
Un caractère de femme, un portrait de femme, une statue de femme, voilà l’écueil ou le triomphe du poète et de l’artiste. […] S’il y a des portraits authentiques de la fille d’Agamemnon, de la Bérénice de l’histoire33 ; de Junie, « la plus agréable de toutes les jeunes filles », au dire de Sénèque34, de la Monime de Plutarque, je doute que ces portraits fussent plus aimables que ces charmantes filles, belles comme les originaux qui les ont inspirées, mais plus ingénieuses, et sachant mieux lire dans un cœur plus profond. […] S’il existe de lui un portrait, de la main d’un peintre tel que Tacite, il faut qu’il reste, dans le drame, égal à lui-même, qu’il vive comme le portrait, et qu’il n’en soit pas la copie.
De la sensibilité autant qu’il en faut, une mollesse gracieuse, une ironie douce et marquée à peine, un débit modeste et aisé introduisant une narration élégante, ont dès l’abord disposé l’auditoire en faveur du portrait comme il l’était déjà en faveur du peintre.
Vinet, et qui se trouve au tome II des Portraits contemporains.
… » Nous signalerons un portrait fort spirituel de M. de Talleyrand.
Gresset, Piron et Destouches ne se sont point proposé des sujets de pure invention et comme en l’air ; ils ont eu en vue même dans ces portraits généraux, quelque travers, quelque ridicule, qui passait alors non loin d’eux à portée du rire.
Ses portraits du xviiieº siècle, ses essais sur l’art d’autrefois et sur l’art japonais ne sont auprès de ses romans que divertissements et intermèdes.
On lui reproche d’avoir souvent mis dans les siennes des allusions déplacées, d’avoir fait plus de portraits que de tableaux.
Le livre de Méry se recommande surtout par la forte ressemblance de ces grands portraits : Justinien, Mahomet, Mahomet II, Bajazet, Soliman, Mahomet III, Murad, Mustapha III, etc., peints avec la fièvre d’un pinceau que nous avons vu trembler bien des fois de cette inspiration mystérieuse qui n’en distribua pas moins justement et splendidement la lumière.
Tel nous le montre le grand portrait que l’on voit de lui au palais Borghèse, et qui a la « beauté du diable » dans la plus haute acception du mot. […] Son portrait, au Palais Ducal, dans la fresque de Vicentino, qui le représente entrant à Venise, à son retour de Pologne, trace déjà tout un caractère. […] Il y a au Louvre un tableau qui semble son portrait de famille : tous les types du Saint-Office y sont rassemblés, comme dans le groupe d’une apothéose. […] Ses rares portraits font frémir ; ce masque blême et hagard semble la larve d’une race épuisée. […] Un portrait de Carreno, peint vers cette époque, le montre à l’état presque cadavérique : les joues creuses, l’œil fou, les cheveux pendants, la bouche convulsée.
Nous avons vu souvent de grands peintres faire leur propre portrait en se contemplant devant une glace : mais la peinture ne peut rendre l’image du peintre que dans une seule expression, une seule attitude, tandis que la plume peint la nature morale dans toute sa mobilité, dans les mille émotions secrètes que la vie donne à ceux qui pensent, qui sentent, qui jouissent, qui souffrent, qui pleurent ou qui prient. […] Le portrait par la peinture, c’est un seul jour ; le portrait par la plume, c’est la vie entière !
Seuls, quelques lettrés se souviennent, pour les louer, des Inspiratrices de Balzac, Stendhal et Mérimée, portraits sympathiques et si vivants qu’on les croirait croqués d’après nature. […] Nul récit, nul caractère, nulle réflexion d’historien, nul portrait, nul relief. […] Jules se promenait, regardait, observait, récoltait des anecdotes malicieuses, esquissait des portraits amusants, puis reportait le tout à Edmond qui les encadrait de ses lourds et prétentieux commentaires.
Il y a cela, d’une part, et, d’autre part, il y a le portrait d’un nouveau « vieillard du Galèse », et vous savez ce que c’est que le vieillard de Virgile, c’est le type même de l’amour de la médiocrité, de l’amour du labeur et de l’amour de la tranquillité dans la contemplation de la nature. […] Le portrait de sa cousine Pidoux est intéressant surtout pour MlIe de La Fontaine, mais il est curieux parce qu’il est bien fait, gracieux, aimable, et puis, il est aussi curieux comme caractéristique des goûts de La Fontaine et de sa façon, je ne dirai pas de s’enamourer, mais enfin de commencer l’évolution d’un certain sentiment à l’égard d’une beauté. […] Je ne vous en saurais apprendre autre chose, sinon qu’elle aime fort les romans ; c’est à vous, qui les aimez si fort aussi, de juger quelle conséquence on en peut tirer. » Voilà le portrait d’une jeune cousine de La Fontaine ; voilà une jeune fille dont on ne dit pas le nom et qui, cependant, est immortelle.
Ce n’est pourtant qu’un portrait, et conçu évidemment sans aucun parti pris d’exagération symbolique. […] Rien ne reste plus de Frédéric Nietzsche qu’une masse inerte, la misérable chose que nous représente le portrait de M. […] Tel nous le reconnaissons dans ses portraits d’à présent. […] Ojetti de nous tracer d’eux des portraits aussi vivants et aussi distincts. […] On y trouverait encore maints autres portraits comiques ou touchants : celui de M.
* * * Je suggère plutôt que je ne résume le portrait tracé par M. […] Selon Jacques Boulenger, ce portrait est faux ; cette psychologie est arbitraire. […] Pourquoi, à un portrait qu’on prétend fait de chic, ne pas opposer au moins une esquisse plus ressemblante au modèle et ne pas dresser, contre mes faux Bretons, de vrais Bretons ? […] Chacune peut s’excepter en personne des dures vérités adressées à son sexe en général et y reconnaître tout le portrait de la voisine. […] Il en était tout le portrait.
L’Histoire de Port-Royal a cela de particulier, qu’elle est une grande étude de psychologie ; elle est faite avec des portraits d’individus, portraits multipliés et changeants comme l’individu lui-même, sans cesse repris et retouchés avec une fertilité d’observation inépuisable, avec une conscience, une délicatesse, une minutie, une sympathie d’historien que personne n’a surpassées. […] Les étrangers qui ont longtemps vécu et beaucoup voyagé en France savent que ce portrait du caractère national est, aujourd’hui du moins, aussi inexact qu’injuste. […] Pour en faire un portrait, il faudrait écrire un volume et avoir le talent d’un Romancier philosophe, celui de M. […] Ensuite, en Italie, pendant quatre ans, il vécut de leçons ou de dessins, de portraits qu’il vendait à bas prix, et qui ne lui étaient pas toujours payés. […] Nulle part ce talent ne se montre mieux que dans leurs portraits, et voilà sans doute pourquoi les portraits de Gleyre ne sont pas du premier ordre.
Peintres qui peuvent faire de mémoire un portrait ou une copie. — Cas d, es écoles de dessin où l’on exerce cette faculté. — Autres exemples de la résurrection volontaire des sensations visuelles. — Les sensations des autres sens ont aussi leurs images. — Images de sensations auditives. — Exemples. […] Certains peintres, dessinateurs ou statuaires, après avoir considéré attentivement un modèle, peuvent faire son portrait de mémoire. […] Lorsque je voulais continuer le premier portrait, je prenais l’homme dans mon esprit, je le mettais sur la chaise où je l’apercevais aussi distinctement que s’il y eût été en réalité, et, je puis même ajouter, avec des formes et des couleurs plus arrêtées et plus vives. […] À la fin, j’en fus persuadé ; puis tout devint confusion… Je perdis l’esprit, et je demeurai trente ans dans un asile. » Au sortir de l’asile, il avait conservé la même faculté de peindre un portrait d’après l’image intérieure du modèle ; mais on l’empêcha de travailler, par crainte du même accident.
. — Ses portraits de femmes. — Délicatesse et raffinement de son sentiment et de son style. — Variété de ses émotions et de ses sujets. — Sa curiosité littéraire et son dilettantisme poétique. — The Dying Swan. […] I Ce qui attira d’abord, ce furent ses portraits de femmes. […] J’ai traduit bien des idées et bien des styles, je n’essayerai pas de traduire un seul de ces portraits-là. […] Les dames ont été charmées des portraits de femmes.
C’est en effet à ces jours heureux de sa jeunesse que se reportent la conception et la lente exécution de son tableau qu’on peut appeler le portrait de l’Italie : les Moissonneurs. […] Il nous a semblé reconnaître, dans le visage d’une de ces jeunes femmes, le portrait un peu idéalisé de la princesse Charlotte. […] Évidemment cette tête est un portrait encore. […] Depuis que nous avons admiré les merveilleux portraits saisis à un éclat de soleil par Adam Salomon, le statuaire du sentiment, qui se délasse à peindre, nous ne disons plus c’est un métier ; c’est un art ; c’est mieux qu’un art, c’est un phénomène solaire où l’artiste collabore avec le soleil !
Il n’y a d’un peu hardi que ce portrait de Papelardie, l’une des figures peintes sur les murailles du château de Déduyt ; encore l’ironie en est-elle si douce et si dérobée, qu’on pourrait n’y voir qu’une simple description : En sa main un psautier tenoit. […] Au commencement, c’est un simple portrait. […] Plus vieille de soixante ans, elle fait de ce portrait un personnage vivant ; mais ce personnage mal appris se confesse et se dénonce. […] Est-il d’ailleurs si inférieur, par l’invention, à ces romans uniformes et interminables qu’on lui préfère, et les meilleurs offrent-ils quelque endroit qui vaille mieux que ses portraits si piquants, premières ébauches des grandes créations dramatiques ?
Une femme qu’on voit dans une fête de Barras et dans un portrait de Pagnest… Boitelle m’apprend que c’est le dos de Mme de P… Une autre. […] Ainsi, je viens de lire dans un roman, la description d’un salon religieux : tout s’y tient, tout s’y suit, depuis le portrait gravé du comte de Chambord jusqu’à la photographie du pape. […] je me rappelle avoir vu, dans le décor sacro-saint du salon du comte de Montalembert, un portrait de religieuse, qui était le costume de comédie d’une de ses parentes, jouant dans une pièce du xviiie siècle. […] Balzac arrivait avec la taille massive et la figure monacale de ses portraits.
Lundi 28 mars Un portrait de femme. […] Oui, c’est très bien ici, comme croquis de styliste, mais si j’avais à me servir de ces portraits pour un roman, j’y mettrais des phrases moins travaillées, plus bonnement nature. […] » Mercredi 21 septembre Visite à la comtesse de Beaulaincourt, pour lui demander de reproduire dans la publication illustrée, que font les Didot de ma Madame de Pompadour, l’intaille représentant Alexandrine, l’unique portrait que l’on ait de la fille de la favorite, — un legs fait au duc de Chabot et qui lui vient de famille. Je trouve la comtesse dans son petit salon, tendu de soie jaune, tout plein des portraits des Castellane et des Contades, et dont elle a fait au milieu un frais atelier de fleuriste, enfermé dans la barrière d’un ruban.
C’était un repos, après tant de portraits parisiens compliqués ou qui veulent paraître compliqués. […] Dans les humoristes nous classerons aussi le romancier de l’Inimitable, de ce douloureux, amer, Holocauste, ce livre où la sottise du temps n’a voulu voir que des portraits alors qu’on eût dû y écouter l’aveu qui sanglote et le cœur qui se martyrise lui-même. […] Le portrait de Compère n’est pas loin d’être un chef-d’œuvre. […] Très érudit, très curieux, tout en esquissant des portraits typiques, en racontant une intrigue quelconque — volontairement banale et qui bouleverse des existences — M.
Prendre un texte de l’Écriture et nous l’interpréter moralement selon nos besoins actuels, le déplier et retendre dans tous les sens en nous le traduisant dans un langage qui soit nôtre et qui réponde à tous les points de nos habitudes et de nos cœurs, faire ainsi des tableaux sensibles qui, sans être des portraits, ne soient point des lieux communs vagues, et atteindre à la finesse sans sortir de la généralité et de la noblesse des termes, c’est là en quoi Massillon excelle. […] Ses portraits historiques pèchent par la fermeté : il entend les mœurs mieux que l’histoire.
Le charmant poète Gray qui, dans sa solitude mélancolique de Cambridge, étudiait tant de choses avec originalité et avec goût, écrivait à un ami en 1760 : Froissart (quoique je n’y aie plongé que çà et là par endroits) est un de mes livres favoris : il me semble étrange que des gens qui achèteraient au poids de l’or une douzaine de portraits originaux de cette époque pour orner une galerie, ne jettent jamais les yeux sur tant de tableaux mouvants de la vie, des actions, des mœurs et des pensées de leurs ancêtres, peints sur place avec de simples mais fortes couleurs. […] Jules Quicherat a vu de lui à Arras un portrait dessiné, le seul authentique, et qu’il estime provenir de Belgique, et d’une collection formée par les ducs de Bourgogne ; il a bien voulu m’en montrer une esquisse fidèle qu’il en a prise.
On a fait de Mme Dacier, longtemps après elle, des portraits chargés et qui ne la peignent point exactement. […] Dans le seul portrait qu’on a d’elle, elle est représentée déjà vieille, avec une coiffure montante et, je l’avoue, un peu hérissée, le voile rejeté en arrière, le front haut, les sourcils élevés et bien dessinés, la figure forte et assez pleine, le nez un peu fort, un peu gros, la bouche fermée et pensive ; elle a de la fierté dans le port et quelque épaisseur dans la taille.
Quelqu’un qui l’avait écouté pendant tout un semestre, et qui était plus attentif à l’homme qu’à ce qu’il débitait, fit de lui le portrait suivant, pris sur nature : Pancirole professe, il est heureux ; sa joue s’enfle plus qu’à l’ordinaire ; sa poitrine s’arrondit, la couleur noir-cerise de sa joue est plus foncée et plus dense ; il jouit. […] [NdA] Se rappeler sa conversation avec le chevalier de Méré ; je l’ai citée au long au tome CXI des Portraits littéraires (édit. de 1864), pages 119 et suiv.
Un peu plus de liberté à droite et à gauche aurait ajouté à la vivacité et à la vérité du portrait. […] M. de Custine, alors très jeune, mais de l’esprit le plus fin, le plus aiguisé, le plus tourné à l’observation de la société, et dans un premier enthousiasme qui admettait déjà quelque malice, a tracé en huit ou dix pages un portrait vivant.
Rulhière, d’après d’Aguesseau, n’en doute pas ; ce sage Rulhière, excellent historien de la Révocation, judicieux appréciateur de Louis XIV, dont il a tracé le plus ressemblant portrait à cette triste date, accorde à Foucault le rang et l’initiative d’application qui lui appartiennent. […] On a de Foucault un beau portrait gravé par Van Schuppen, peint par Largillière en 1698.
Une fois il lui est arrivé (car le talent prend tous les tons) de tracer un portrait d’une délicatesse infinie, un portrait de femme, celui de Mme de La Fayette ou plutôt celui de la princesse de Clèves, l’héroïne du roman le plus poli du xviie siècle : il s’y est surpassé ; il a allégé sa méthode, tout en continuant de l’appliquer.