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1648. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Ou plutôt je ménagerais son temps et sa complaisance, et je me tiendrais satisfait s’il voulait me dire seulement ce qu’il pense de l’efficacité de son art. […] Je les écoute parce qu’ils me flattent ; ils sont gens d’esprit et de raison puisqu’ils pensent comme moi.

1649. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Les conceptions littéraires, pour produire le même effet qu’elles auraient produit autrefois, pour jouir de la même estime, pour exercer une influence semblable, doivent être essentiellement différentes ; et si nos chefs-d’œuvre n’étaient pas consacrés par une admiration traditionnelle, par une renommée continue, je pense que nous les apprécierions fort peu. […] Voilà pourquoi nous sommes si disposés à accueillir les jugements dépréciateurs que les étrangers portent de la plupart de nos grands écrivains ; et ces détracteurs ont parmi nous plus de complices qu’on ne pense.

1650. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Lamartine n’v pensa même pas, et il fut pourtant à sa manière un maître aussi, puisqu’il fut un adoré, mais il n’y avait pas la moindre littérature dans cette maîtrise-là. […] Ils ne seraient pas fâchés, je pense, d’être accouplés ici par moi et dressés comme les supports intellectuels de l’écusson de Lamartine, qui, du reste, se tiendrait très bien debout sans eux.

1651. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Probablement, sur un tel sujet la Critique a pensé comme l’Histoire. […] Je sais bien que les littérateurs qui ne sont que littérateurs n’en conviendront pas, ni non plus le vulgaire des hommes ; mais c’est là la raison qui le prouve, au contraire, si l’on veut avec force y penser.

1652. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

III Et la chose est exécutée, du reste, avec une souplesse, une douceur et une discrétion incomparables, qui font penser à une autre Critique comme moi, Madame Pernelle, laquelle n’était pas très contente non plus :             … Pour vous, sa sœur, vous faites la discrète, Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette ! […] Boissier l’a reportée amoureusement sur cette société monstrueuse de débordements et d’infection, et, quand il s’agit d’elle, il croit à Pline et ne croit pas à Juvénal, et sans raison pourtant pour admettre l’un et repousser l’autre, puisqu’il pense (nous dit-il) que l’homme ne voit les choses qu’à travers ses passions et son humeur.

1653. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Theiner, qui, par la nature de son esprit autant que par les habitudes de sa vie, doit incliner aux méditations profondes, avant d’écrire son Clément XIV aura-t-il pensé à tout cela ? […] Leurs missions par tout l’univers, leurs conquêtes, leurs miracles, leur enseignement, leurs travaux de savants et d’apôtres, et, on peut le dire de cet ordre si profondément unitaire et qui donna au monde un modèle de gouvernement que l’ancienne Rome n’avait pas égalé, leur génie collectif, retrempé sans cesse aux sources de l’obéissance, auraient dû les préserver, à ce qu’il semblait, des coups d’un pouvoir qu’ils n’avaient jamais pensé qu’à défendre.

1654. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

qui doit à la Critique la plus belle portion de sa gloire, s’il avait pensé ce qu’il disait, il aurait dû se crever les yeux avec sa plume, comme Œdipe, après la découverte de son crime, avec l’agrafe de son manteau. […] Il pensait, ce grand homme ignoré, que le nombre des âmes créées était fixe, et que les divers personnages qui se succèdent dans ce carnaval de Venise du genre humain et de l’histoire étaient toujours remplis par les mêmes acteurs, lesquels, leur rôlet fini, allaient changer de costume dans la loge de leurs tombes, et en ressortaient, avec d’autres oripeaux et d’autres masques, pour recommencer sur nouveaux frais leur éternel personnage, avec ses modifications variées de temps et de lieu.

1655. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Or, de même que pour déterminer les rapports véritables des phénomènes physiques entre eux nous faisons abstraction de ce qui, dans notre manière de percevoir et de penser, leur répugne manifestement, ainsi, pour contempler le moi dans sa pureté originelle, la psychologie devrait éliminer ou corriger certaines formes qui portent la marque visible du monde extérieur. — Quelles sont ces formes ? […] Notre existence se déroule donc dans l’espace plutôt que dans le temps : nous vivons pour le monde extérieur plutôt que pour nous ; nous parlons plutôt que nous ne pensons ; nous « sommes agis » plutôt que nous n’agissons nous-mêmes.

1656. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

« Je ris, dit l’orateur, quand je pense à ce tyran, qui, voulant persuader qu’il était dieu, se faisait élever des statues et des temples ; et l’insensé ne pensait pas même à faire du bien aux hommes.

1657. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Et Corneille résisterait à ses prières et peut-être (qu’en pensez-vous ?) […] Quoi qu’elle pense ou croie penser dans le moment, Bérénice elle-même, dans six mois, ou dans un an, ou dans dix ans, mésestimerait Titus d’avoir lâché Rome pour elle. […] Cette impuissance est affolante quand on se met à y penser. […] Et elle pense toujours à Yann, la pauvre fille ; mais elle n’espère plus. […] Mais tout de même, c’est drôle quand on y pense.

1658. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

… ce n’est pas… SUZANNE. — Tu penses ? […] BRESSOL. — Tu penses à quelque chose, enfin ? […] Il pensait de la vie et du monde à peu près ce qu’en pensait un de ses grenadiers. […] Ne pensez-vous pas qu’il serait dangereux pour vous qu’on… surprît ? […] « Qui sait, puis, à quoi il pensait ?

1659. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

y pensez-vous ? […] Frêle machine en effet, l’esprit qui produit, la tête qui pense ! […] et vous tous, les grands dieux invoqués par Pindare, qui donc aurait jamais pensé qu’une bouffonnerie d’Aristophane le farceur, aurait produit cette immense révolution qui pensa faire de la philosophie de Socrate martyr, une religion révélée ? […] Il les lui faut alertes, non pas timorés ; il faut qu’ils osent tout dire et tout faire et tout penser. […] non, elle ne peut penser ce qui n’est pas.

1660. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

On pensa donc d’abord à traduire les auteurs grecs et romains, puis à les imiter, puis enfin, on s’enhardit jusqu’à créer des pièces à sujets non encore traités. […] Les uns furent dispensés du service, les autres eurent des pensions. […] Penses-tu que tu sois l’amant seul qui me serve ? […] Que pensez-vous de Bérénice ? […] On a pensé que les ennemis de Racine étaient pour quelque chose dans cette défense ; la chose n’est point impossible.

1661. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

» Vous pensez s’il doit être blasé sur les louanges. […] deux senteurs en un même parfum : Penser la même chose et ne pas se le dire ! […] On ne pense plus, on ne résiste plus, on vibre, on tressaille, on s’attendrit. […] Pensez-vous que l’ouvrage eût obtenu le même succès, et fait couler tant de larmes ? […] Il pensait abandonner la fillette après s’être amusé d’elle.

1662. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Mais que les doigts me démangent, de penser qu’on ne peut pas en France dire au long, librement, quelque part toute sa pensée là-dessus !

1663. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Pour moi, je ne penserai jamais à faire un ami de l’homme qui a écrit ces trois ou quatre pages, parce que je le trouve trop grand pour pouvoir commodément me donner le bras ; mais tant qu’il voudra bien me recevoir chez lui, j’accepterai, au risque d’y rencontrer M. 

1664. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Ceux donc qui ont reçu en naissant la fermeté, la vénération, l’estime d’eux-mêmes, ces nobles et gouvernantes facultés, que la nature, à ce que pensent les phrénologistes, aurait placées au sommet du front comme un diadème moral, ceux-là agissent avec suite, se maintiennent purs dans les vissicitudes, et opposent aux déchaînements les plus contraires une auguste permanence.

1665. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Il n’est pas moins vrai que cette Préface de M. de Meilhan est un morceau de prix, digne d’être conservé ; et comme ce premier volume des Annales de Tacite, traduit par lui, est devenu à peu près introuvable54, nous avons pensé qu’il n’était pas indigne de l’Académie des Bibliophiles de vouloir bien autoriser et patronner la réimpression du Discours préliminaire.

1666. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

Ferdinand Hérold — dont les hasards du flux littéraire nous mettent, ce mois, un admirable volume sous les yeux — un écrivain fécond, étranger aux étranges scrupules de la stérilisation préméditée, un écrivain qui, suivant son instinct, procrée… Avons-nous dit tout le bien que nous pensons de M. 

1667. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

Mais, le groupe posé sur l’étagère, il n’y pense plus ; le voilà qui sculpte en marbre une Diane chasseresse ou quelque figure mythologique dont la blancheur se détache d’un fond de fraîche verdure.

1668. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villeroy, Auguste »

Ceux de ses héros qu’il donne, en exemple s’asservissent à ce qu’ils pensent leur devoir, et ils aiment à formuler, en des alexandrins abstraits, des maximes morales.

1669. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 311-314

Qui l’eût jamais pensé, qu’un traitement si rude Eût payé mes faveurs de tant d’ingratitude ?

1670. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 7-11

On peut même penser que c’est pour rendre hommage au goût & réparer ses propres écarts, qu’il s’est occupé à rajeunir plusieurs Pieces de notre ancienne & vraie Comédie.

1671. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 69-73

Ils nous livrent sans cesse à des soins criminels ; Par eux, plus d’un remords nous afflige & nous ronge ; Nous voulons les garder & les rendre éternels, Sans penser qu’eux & nous passeront comme un songe.

1672. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Ne devroit-il pas leur défendre, en vertu de son autorité pécuniaire, de persister nos bons Ecrivains, pour applaudir aux corrupteurs du goût ; de recourir aux injures, aux mensonges, à la mauvaise foi, pour décrier les Auteurs qui écrivent contre les Philosophes, ou qui ne pensent pas comme eux ?

1673. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Brenet » p. 257

Ce mauvais tableau a pensé faire répandre du sang.

1674. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 10, objection tirée des tableaux pour montrer que l’art de l’imitation interesse plus que le sujet même de l’imitation » pp. 67-70

Les tableaux de l’école lombarde sont admirez, bien que les peintres s’y soïent bornez souvent à flater les yeux par la richesse et par la verité de leurs couleurs, sans penser peut-être que leur art fût capable de nous attendrir : mais leurs partisans les plus zelez tombent d’accord qu’il manque une grande beauté aux tableaux de cette école, et que ceux du Titien, par exemple, seroient encore bien plus précieux s’il avoit traité toujours des sujets touchans, et s’il eut joint plus souvent les talens de son école aux talens de l’école romaine.

1675. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Notre admiration pour ce physicien, la conviction qu’il ne nous apportait pas seulement une nouvelle physique mais aussi certaines manières nouvelles de penser, l’idée que science et philosophie sont des disciplines différentes mais faites pour se compléter, tout cela nous inspirait le désir et nous imposait même le devoir de procéder à une confrontation.

1676. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

comme il a pensé à tout ! […] Il pense avec la plu-part d’entre eux que dans la transformation de l’ancien latin, dans ce renouvellement d’où sont nés les quatre idiomes vulgaires, provençal, français, italien, espagnol, il y a lieu de constater plus d’ordre et de régularité qu’on ne le soupçonne d’ordinaire. […] Il pense « que les langues romanes sont une évolution naturelle du latin, qui s’est opérée à peu près comme si les Barbares n’étaient pas intervenus, et par la marche simultanée, bien que contraire, d’un latin classique qui s’éteignait, et d’un latin vulgaire qui se perfectionnait. […] Cet habile grammairien pense, comme lui, que les langues romanes sont un développement organique du vieil idiome latin vulgaire. […] On est pourtant amené à penser que le contestable l’emporte dans ce système sur le plausible, quand on lit l’examen critique qu’en a fait M. 

1677. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Que penseraient-ils des publicistes chinois s’ils nous jugeaient nous-mêmes, nous Européens, sur ces caricatures, ignobles débauches d’art, qu’on dessine à Londres ou à Paris pour défigurer nos grands hommes et pour dérider nos populaces ? […] Vous vous répondrez : C’est celui qui, après avoir donné par une éducation universelle, philosophique, historique et morale, à l’homme les moyens de penser par lui-même, respecte ensuite dans cet homme la liberté de se choisir le culte qui lui paraîtra le plus conforme à sa raison individuelle ; c’est le gouvernement qui laissera libre l’exercice des différents cultes dans l’État, sauf les cultes qui attenteraient à l’État lui-même dans sa sûreté politique, dans sa police ou dans ses mœurs. […] Soit que la prodigieuse élévation des plateaux de l’Himalaya et du Thibet, qui dépasse de tant de milliers de coudées les cimes mêmes des Alpes, eût sauvé, comme quelques auteurs l’ont pensé, de l’inondation quelque peuple de la haute Asie, peuple redescendu après l’écoulement des eaux dans la Chine ; soit que quelque grand sauvetage de l’humanité, dont l’arche de Noé flottant et abordant sur les montagnes de l’Arménie est l’explication biblique, se fût opéré pour les peuples voisins de la grande Tartarie, les Chinois n’apparaissaient en Chine que comme des naufragés du globe qui viennent s’essuyer et essuyer le sol tout trempé de l’inondation à de nouveaux soleils. […] » XIV Voilà ce que l’école véritablement savante des premiers grands missionnaires jésuites, compagnons du père Amyot, et le père Amyot lui-même, pensaient des premiers livres chinois à l’époque où ces Argonautes de la science faisaient, pour ainsi dire, partie du collège des lettrés, cohabitaient avec les lettrés dans le palais des empereurs, vivaient, mouraient en Chine, et écrivaient ces recueils de Mémoires et ces traductions où toute la civilisation chinoise est pour ainsi dire reproduite en mappemonde d’idées et d’institutions sous nos yeux. […] Dites-moi naturellement ce que vous pensez.

1678. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

plus j’y pense, plus, hélas ! […] ” « “S’il ne le fait à dessein cet homme doit être idiot”, pensa l’ermite… Et aussitôt, brisant la confession : “Allez suspendre à cette perche, lui dit-il en étudiant son visage, votre manteau ; car je vais maintenant, mon frère, vous donner la sainte absolution.” […] Ô jeune homme de Maillane, tu seras l’Arioste et le Tasse quand tu voudras, comme tu as été homérique et virgilien quand tu l’as voulu, sans y penser ! […] c’est que nous sommes l’art et qu’ils sont la nature ; c’est que nous sommes métaphysiciens et qu’ils sont sensitifs ; c’est que notre poésie est retournée en dedans et que la leur est déployée en dehors ; c’est que nous nous contemplons nous-mêmes et qu’ils ne contemplent que Dieu dans son œuvre ; c’est que nous pensons entre des murs et qu’ils pensent dans la campagne ; c’est que nous procédons de la lampe et qu’ils procèdent du soleil.

1679. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il dit qu’il a eu dès d’abord la plus grande défiance de Trochu, pour avoir vu sa signature, une signature au paraphe tremblé, qui lui a fait penser de suite à un ramollissement du cerveau, et il explique le défenseur de Paris, par ce ramollissement, tout en le reconnaissant très complexe, et ne pouvant donner la clef de ce mélange de roublarderie et de mysticisme. […] ……………………………………………………………………………………………………… Des vers de Molière, la conversation, remonte à Aristophane, et Tourguéneff, laissant éclater tout son enthousiasme pour ce père du rire, et pour cette faculté qu’il place si haut, et qu’il n’accorde qu’à deux ou trois hommes dans l’humanité, s’écrie avec des lèvres humides de désir : « Pensez-vous, si l’on retrouvait la pièce perdue de Cratinus, la pièce jugée supérieure à celle d’Aristophane, la pièce considérée par les Grecs comme le chef-d’œuvre du comique, enfin la pièce de La Bouteille, faite par ce vieil ivrogne d’Athènes… pour moi, je ne sais pas ce que je donnerais… non je ne sais pas, je crois bien que je donnerais tout. » Au sortir de table, Théo s’affale sur un divan, en disant : « Au fond, rien ne m’intéresse plus… il me semble que je ne suis plus un contemporain… je suis tout disposé à parler de moi, à la troisième personne, avec les aoristes des prétérits trépassés… j’ai comme le sentiment d’être déjà mort… — Moi, reprend Tourguéneff, c’est un autre sentiment… Vous savez, quelquefois, il y a, dans un appartement une imperceptible odeur de musc, qu’on ne peut chasser, faire disparaître… Eh bien, il y a, autour de moi, comme une odeur de mort, de néant, de dissolution. » Il ajoute, après un silence : « L’explication de cela, je crois la trouver dans un fait, dans l’impuissance maintenant absolue d’aimer, je n’en suis plus capable, alors vous comprenez… c’est la mort. » Et comme, Flaubert et moi, contestons pour des lettrés, l’importance de l’amour, le romancier russe s’écrie, dans un geste qui laisse tomber ses bras à terre : « Moi, ma vie est saturée de féminilité. […] Dimanche de Pâques 1er avril Au lit, où je passe ma journée, je pense combien cette semaine sainte m’est mauvaise, depuis des années, combien elle emporte de ma vitalité, à chaque renouveau des printemps. […] Jeudi 11 avril Aujourd’hui, j’entre chez le libraire Tross, et lui demande de continuer à m’envoyer ses catalogues : « C’est vrai, on ne vous les envoie plus, on m’avait dit qu’un de vous était mort, je n’ai plus pensé qu’il y en avait un autre. » Lundi 15 avril Toujours la crainte de la cécité, la menace de l’ensevelissement tout vivant dans la nuit. […] Une conversation galante, intelligente, spirituelle, avec du suranné, du vieillot dans les idées, et des tours de phrases, vous faisant penser parfois, que vous dînez dans un rêve, avec des morts d’avant 89.

1680. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

On aurait pu penser, et longtemps même on a cru, que les particularités d’organisation qui déterminent les habitudes de vie, et la station générale de chaque être dans l’économie de la nature, devaient être de haute importance en classification. […] L’importance d’un ensemble combiné de divers caractères, même lorsqu’aucun d’eux n’est important, peut seule expliquer, je pense, cet aphorisme de Linné, que les caractères ne donnent pas le genre, mais que le genre donne les caractères. […] Celui d’entre eux qui pense que le Coucou descend de la Primevère, ou réciproquement, les range, en conséquence, l’un et l’autre comme une même espèce, et en donne une seule définition. […] La majeure partie des physiologistes pensent que les os du crâne sont homologues avec les parties élémentaires d’un certain nombre de vertèbres, c’est-à-dire qu’ils présentent le même nombre de ces parties dans la même position relative. […] Agassiz pense que c’est une loi générale de la nature ; mais j’avoue que j’espère seulement la voir un jour prouvée vraie dans son universalité.

1681. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Sainte-Beuve pour penser qu’il n’a point hasardé de telles opinions, et que s’il les attribue à Manzoni en des termes si explicites et si formels, c’est qu’il a eu entre les mains des témoignages aussi authentiques qu’on le peut désirer.

1682. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Cette préoccupation des petits, des humbles, domine toute son œuvre… Son hexamètre est sonore et bien rythmé ; sa phrase, toujours musicale, se déroule largement avec une noblesse de contours qui fait penser aux volutes antiques.

1683. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Beaucoup de jolies filles ; mais je pense que la pièce de M. 

1684. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

Cette pensée, il voulait la revêtir de grâce et de charme, sachant bien que le but de la poésie c’est, avant tout, de satisfaire le besoin de la beauté ; mais il pensait, sans le dire, que le travail de la forme pour elle, même, permis aux arts plastiques, risque de réduire la poésie au rôle de simple amusement… Vers la lumière respire le bonheur partagé, mérité et permis.

1685. (1887) Discours et conférences « Préface »

Nous pensons qu’on peut sentir noblement dans toutes les langues et, en parlant des idiomes divers, poursuivre le même idéal.

1686. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Que faudra-t-il penser de sa Dialectique, si elle cesse d’être un moyen d’éclairer & d’instruire, pour devenir un instrument destructif qui s’attache à tout ?

1687. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

Ce Poëte, si jaloux de la vérité, a consacré dans ses Mélanges un chapitre pour réfuter les Mensonges imprimés, & n’a pas pensé qu’il fournissoit la matiere d’un volume, quand on voudroit recueillir ses propres mensonges.

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