Ce caractère de salon, qui est le propre des réunions particulières de l’Académie française, ne peut guère être bien compris que par ceux qui en sont. […] Un article de sa réorganisation en 1803, et qu’elle ne devrait jamais perdre de vue, assigne une fonction particulière à la Compagnie des Quarante : « Elle est particulièrement chargée, nous dit cet arrêté fondamental plus précis qu’élégant, de la confection du Dictionnaire de la langue française ; elle fera, sous le rapport de la langue, l’examen des ouvrages importants de littérature, d’histoire et de sciences. […] Elle s’est, de plus, montrée ingénieuse à composer avec les reliquats des sommes, et moyennant autorisation du Gouvernement, des prix particuliers tout littéraires, soit pour d’utiles et bonnes traductions, soit pour la meilleure tragédie, soit (ce qui vaut mieux) pour les œuvres dramatiques en général. […] Renan, sur l’Institut envisagé dans son ensemble, et de reprendre à mon point de vue l’exposé historique de cette grande création, jusqu’à ce que j’en aie détaché cette branche particulière qui est mon sujet, l’Académie française : je me bornerai à l’indispensable.
En 1788, la détresse est telle, que le ministre de Loménie prend et dépense les fonds d’une souscription faite par des particuliers pour les hospices ; au moment où il se retire, le Trésor est vide, sauf quatre cent mille francs dont il met la moitié dans sa poche. […] Jusqu’à la fin du règne, la désaffection va croissant. « En 1744, dit le libraire Hardy, pendant la maladie du roi à Metz, des particuliers font dire et payent à la sacristie de Notre-Dame six mille messes pour sa guérison ; en 1757, après l’attentat de Damiens, le nombre des messes demandées n’est plus que de six cents ; en 1774, pendant la maladie dont il meurt, ce nombre tombe à trois. » — Discrédit complet du gouvernement, succès immense de Rousseau, de ces deux événements simultanés on peut dater la conversion du Tiers à la philosophie579 Au commencement du règne de Louis XVI, un voyageur qui rentrait après quelques années d’absence, et à qui l’on demandait quel changement il remarquait dans la nation, répondit : « Rien autre chose, sinon que ce qui se disait dans les salons se répète dans les rues 580 » Et ce qu’on répète dans les rues, c’est la doctrine de Rousseau, le Discours sur l’inégalité, le Contrat social amplifié, vulgarisé et répété par les disciples sur tous les tons et sous toutes les formes. […] J’y fis ce jour-là même une attention particulière, et, sur le pilastre, je vis pour ornement un bouclier, suspendu à une chaîne mince que le sculpteur avait attachée à un petit mufle de lion, comme on voit à des marteaux de porte ou à des robinets de fontaine ». — Sensations perverties, conceptions délirantes, ce seraient là pour un médecin des symptômes d’aliénation mentale ; et nous ne sommes encore qu’aux premiers mois de 1789 Dans des têtes si excitables et tellement surexcitées, la magie souveraine des mots va créer des fantômes, les uns hideux, l’aristocrate et le tyran, les autres adorables, l’ami du peuple et le patriote incorruptible, figures démesurées et forgées par le rêve, mais qui prendront la place des figures réelles et que l’halluciné va combler de ses hommages ou poursuivre de ses fureurs. […] XXX. « L’industrie augmente tous les jours ; à voir le luxe des particuliers, ce nombre prodigieux de maisons agréables bâties dans Paris et dans les provinces, cette quantité d’équipages, ces commodités, ces recherches qu’on appelle luxe, on croirait que l’opulence est vingt fois plus grande qu’autrefois.
Persécuté comme je l’ai été dès ma jeunesse, peut-être me pardonnera-t-on d’avoir cherché quelque consolation dans ce genre de travail. » Dans la suite de ses Commentaires, il a cru devoir donner quelques détails sur sa situation particulière. […] C’est en les imitant que vous vous ferez connaître et estimer à mesure que votre âge et les circonstances particulières de votre vie vous feront distinguer davantage entre vos collègues. […] Probablement on vous priera, dans bien des circonstances, de parler à Sa Sainteté et d’intercéder auprès d’elle pour des affaires particulières. […] Son début était frappant et son regard plein d’expression ; je commençai à m’intéresser sérieusement à ce qu’il allait dire. — Il commence ; je suis attentif : une voix sonore, des expressions choisies, des sentiments élevés. — Il établit les divisions de son sujet : je les saisis sans peine ; rien d’obscur, rien d’inutile, rien de fade et de languissant. — Il développe ses arguments ; je me sens embarrassé. — Il réfute le sophisme, et mon embarras se dissipe. — Il amène un récit analogue au sujet ; je me sens intéressé. — Il module sa voix en accents variés qui me charment. — Il se livre à une sorte de gaieté ; je souris involontairement. — Il entame une argumentation sérieuse ; je cède à la force des vérités qu’il me présente. — Il s’adresse aux passions ; les larmes inondent mon visage. — Il tonne avec l’accent de la colère ; je frémis, je tremble ; je voudrais être loin de ce lieu terrible. » « Valori nous a laissé, sur les sujets particuliers qui occupaient l’attention de Laurent et de ses amis dans leurs entrevues au couvent de San-Gallo, des détails qu’il tenait de la bouche de Mariano lui-même.
Capoulié du Félibrige Bernard, Valère (1860-1936) Il m’est difficile de répondre à votre première question, ne m’occupant exclusivement que de littérature provençale, et étant arrivé à la conviction absolue — par de longues observations — que ce que vous appelez l’esprit français, dans le sens particulier que vous paraissez donner à ce terme, n’existe nulle part en France, hors de Paris, sauf dans des milieux littéraires — et, partant, artificiels. Il y a un esprit breton, un esprit picard, un esprit normand, un esprit gascon, etc., etc., esprits tous très différents les uns des autres, surtout si nous les apprécions à travers leurs langages particuliers. […] Percevoir l’enchaînement des idées dans un raisonnement juridique, discerner le général et le particulier, distinguer l’argument et l’exemple, toutes ces opérations élémentaires de notre technique (et j’en pourrais citer bien d’autres) paraissent dépasser le niveau de leurs forces intellectuelles. […] Cette tare, d’ailleurs, n’est point particulière aux lettres.
Quant aux devoirs sociaux particuliers, il est aisé d’en comprendre le mécanisme, une société industrielle exigera surtout, avec les réserves indiquées déjà, de la probité, de la régularité, le sens de la justice l’exactitude à remplir les engagements pris ; une civilisation guerrière imposera des devoirs de solidarité militaire et d’exacte subordination, de courage, de fidélité personnelle, etc. […] Il se méfiera naturellement de tous les préceptes particuliers de la morale, des « vertus », des « points d’honneur », de toutes les morales spéciales et professionnelles. […] Ainsi l’homme s’attache, au petit bonheur, à quelque idéal restreint et borné, à quelque honneur particulier. […] Il sait aussi que d’autre part tout ce qui existe lui est étranger, et, par là, hostile, qu’il est, en tant qu’être particulier, unique et absolument seul en ce monde.
Il y a beaucoup de fables qui sont ainsi, où le caractère des animaux disparaît à cause du caractère particulier que La Fontaine leur attribue, parce qu’il songe à un homme et non pas à un animal Et puis ailleurs il y a des fables — assez nombreuses aussi — zoologiques encore, où l’animal est bien peint pour lui-même, selon la physionomie que La Fontaine a découverte en lui, a cru voir en lui ; et c’est là le vrai La Fontaine ; j’exagère, le La Fontaine le plus intéressant, parce que c’est le La Fontaine qui fait faire un pas et un très grand pas à la fable en en faisant non pas seulement une peinture de l’humanité sous différents masques, mais une peinture de l’humanité inférieure, si vous me permettez le mot, une peinture de l’animalité, avec les traits véritablement caractéristiques et utiles à connaître qu’elle peut avoir. […] En effet, c’est depuis La Fontaine que l’on a eu un certain respect pour les animaux, un certain sentiment qui est mêlé d’affection, de pitié, et, d’une manière particulière, de vénération à l’égard des animaux. […] La nature dans ces cas, nous avoue Pascal, leur fournit une invention particulière ! […] cela veut dire qu’ils sont capables d’inventions particulières, et que, par conséquent, ils sont intelligents.
cette unité du génie épique de l’antiquité qui s’appelle tour à tour Homère et Virgile, non seulement l’auteur de l’Étude que voici ne l’a pas assez déterminée dans ce que ses éléments ont d’identique et de différent, de commun et de particulier, de contrastant et de sympathique, mais il l’a méconnue encore de fait comme d’essence, — aussi bien sur le terrain de l’histoire que dans l’intelligence des poètes qu’il avait à juger. […] Il n’en avait que de particulières. […] Chose même particulière à sa nature, c’est ce que nous avons de plus petit en nous qui était le plus grand en lui : l’amour-propre. […] Je n’ai vu et n’ai voulu voir que la seule question de forme et de talent littéraire, et j’ai dit nettement : ce n’est là qu’un mauvais recueil de lettres sans agrément, sans verve, sans distinction d’élégance, n’ayant aucune des qualités que doit avoir ce genre très particulier de littérature.
Chaque littérature présente ainsi ses problèmes très particuliers ; à l’historien de les discerner nettement et d’établir la résultante des forces contraires. […] Au cours des pages qui précèdent, j’ai déjà montré, dans l’ensemble et dans quelques cas particuliers, ce que ma méthode apporte à l’histoire littéraire. […] Pour cela, il faut qu’il ait vécu avec une intensité particulière la vie de son peuple, l’espérance et la douleur de son époque ; il est l’aboutissant d’une infinité d’expériences personnelles ; la masse demeurerait inerte et muette s’il ne parlait et n’agissait pour elle, mais sa parole à lui ne serait que vanité si son amour n’avait pas deviné la masse. […] En participant ainsi, d’une façon quelconque, à l’action du principe, l’individu agit lui-même sur l’évolution ; grâce à un élément psychologique qui lui est particulier, et dont je parlerai bientôt, l’homme devient une cause après avoir été un effet.
La recherche de la vérité, ainsi comprise, représenterait donc, dans la religion particulière de M. […] Ses jugements d’ensemble et ses jugements particuliers sur MM. […] Dumas ne s’attache à décrire que les mœurs de la classe particulière de la société dans laquelle cette question se pose le plus fréquemment et dans toute sa puissance. […] Ou bien, s’il passe à l’examen de quelques cas particuliers, M. […] Ce sont là des choses énormes, aveuglantes, qui remplissent l’histoire des peuples et les biographies des particuliers.
Le caractere de son éloquence, sans être du premier genre, a un mérite qui lui est particulier.
Non, il peut y avoir dans le rôle que je viens de tracer beaucoup de talent littéraire sans doute, mais l’esprit même, l’inspiration qui caractérisent cette nature particulière n’y est pas. […] On a raconté une anecdote assez piquante : Nodier lisait dans une séance particulière de l’Académie l’article Abolition du Dictionnaire : « Abolition, substantif féminin, etc., etc… ; prononcez abolicion.
De là une physionomie particulière de talent qu’il nous sera plus aisé de retracer d’après M. […] Comme conseil de style, on n’a qu’à renvoyer à l’auteur ses propres paroles : « Un écrivain qui a quelque souci de la postérité, dit-il dans sa remarquable préface, cherchera sans cesse à purifier sa diction, sans effacer toutefois le caractère particulier par lequel son expression révèle l’originalité de son esprit ; le néologisme n’est d’ailleurs qu’une triste ressource pour l’impuissance.
Et comme, dans le mouvement général de l’univers, les êtres particuliers ont leur mouvement propre, ainsi, pour l’écrivain, tandis que l’ouvrage entier s’avancera vers sa fin, chaque partie accomplira son évolution particulière et aura son progrès propre.
Et ainsi l’exceptionnel, le particulier, est, en principe du moins, éliminé. […] La langue bannit donc les éléments sensibles, émotifs ou pittoresques ; on cherche à parler comme tout le monde ; on groupe les éléments du langage selon les lois universelles de l’usage, plutôt que selon la loi particulière de la personnalité.
L’auteur annonce, au début, qui y reprend ce qui a déjà été dit entre eux, pour en faire un tout avec ce qu’il va ajouter, « La gloire et les triomphes de Rome, lui dit, l’auteur, ne suffisent pas à votre curiosité ; elle me demande quelque chose de plus particulier et de moins connu ; après voir vu les Romains en cérémonie, vous les voudriez voir en conversation et dans la vie commune… Je croyais, en être quitte pour vous avoir choisi des livres et marqué les endroits qui pouvaient satisfaire votre curiosité ; mais vous prétendez que j’ajoute aux livres… La volupté qui monte plus haut que les sens, cette volupté toute chaste et tout innocente, qui agit sur l’âme sans l’altérer, et la remue ou avec tant de douceur qu’elle ne la fait point sortir de sa place, ou avec tant d’adresse qu’elle la met en une meilleure, cette volupté, madame, n’a pas été une passion indigne de vos Romains. […] Au reste ces conversations particulières de la marquise n’étaient pas les conversations générales et habituelles de sa société tout entière.
— Ce sera de même, en recourant à îles procédés usités déjà, mais dont l’insuffisance, s’ils demeurent isolés, a été montrée plus haut, que l’on résumera des analyses psychologiques, l’image îles êtres vivants qui y auront été disséqués Le critique concevra que le mécanisme mental exsangue et incolore, qu’il aura lentement et pièce par pièce déduit des données esthétiques, n’est point une entité idéale, une force flottante et sans point d’application, mais qu’animé, existant, nourri d’un sang pourpre, concentré en des cellules sans cesse vibrantes et rénovées, il se situe en un encéphale particulier, un système nerveux, un corps, un être humain, qui fut debout, marchant et agissant dans notre air, sur notre terre. […] Mais ce groupe a réellement existé dans le temps ou dans l’espace ; il existe parfois encore ; il forme ou a formé un milieu particulier, sur lequel le plus souvent l’histoire ou le journal ajoutent des renseignements à ceux plus exacts et plus intimes que procure l’examen de leur centre de ralliement, l’œuvre ou l’ensemble d’œuvres, dans lesquelles ils se reconnaissent et se désignent.
… S’il n’y avait que des illusions, Mme Le Normand n’aurait publié que les quelques lettres de Mme de Staël que je trouve dans son livre, avec le mot d’avertissement convenable pour annoncer qu’on allait éclairer Mme de Staël d’un jour plus vrai, et pour se féliciter de la position particulière qui a permis de faire le cadeau de ses lettres au monde ! […] Mme Le Normand, en sa qualité de chef de cabinet de sa tante, dont le salon fut un ministère, — le ministère de l’esprit non public, mais particulier, — Mme Le Normand a bien le droit de mélancoliser sur la décadence des salons et de la causerie.
Pour mon compte particulier, à moi, je préférerai, je crois, toujours le grand artiste taille par Dieu à l’archéologue qui s’est taillé lui-même, quelque adroitement qu’il s’y soit pris. […] L’impartialité dans l’enthousiasme, qui correspond pour l’esprit à ce qu’est la justice dans l’amour pour le caractère, tel est le trait saillant, particulier, impossible à oublier, de cette belle physionomie intellectuelle, — son fer à cheval de Redgauntlet, à ce noble front !
I D’après le titre général qu’il a placé au-dessus du titre particulier de son livre sur Gustave III, Léouzon-Leduc a le projet de nous donner une série d’histoires, sans autre lien entre elles que la catastrophe qui les termine. […] Phénomène très particulier, même dans cet ordre de phénomènes qui s’est quelquefois répété dans l’histoire !
Mais ce n’est pas tout : j’y reconnais jusqu’aux points de vue particuliers et aux expressions individualisantes qui appartiennent à l’historien et sont la seule originalité possible en histoire, quoique ces points de vue et ces expressions soient infiniment rares dans Southey, esprit pompeux et vide. […] Forgues n’a pas traduit plus souvent les choses particulières au génie de Southey, c’est que ce Southey trop vanté, n’a ni particularité, ni génie.
Mais ce n’est pas tout : j’y reconnais jusqu’aux points de vue particuliers et aux expressions individualisantes qui appartiennent à l’historien et sont la seule originalité possible en Histoire, quoique ces points de vue et ces expressions soient infiniment rares dans Southey, esprit pompeux et vide. […] Forgues n’a pas traduit plus souvent les choses particulières au génie de Southey, c’est que ce Southey trop vanté n’a ni particularité, ni génie.
… II Quand l’historien est le contemporain de son histoire et qu’il est, de plus, éloigné du théâtre sur lequel elle s’est produite, il n’y a plus que sa parole et ses renseignements particuliers. […] Boyer, à son tour, le nomma capitaine et l’attacha au service particulier de madame Joute, une Diane de Poitiers au teint d’or qui avait été la présidente de deux présidents.
Parmi les pertes particulières, le trône était toujours brillant, et les trophées publics se mêlaient souvent aux pompes funèbres des héros. […] On ne l’ignore pas ; ce prince réunissait tout ce qui fait la vertu chez les particuliers comme chez les rois, des principes austères et une âme sensible.
Elles sont bien de leur sexe, les femmes de son théâtre : au reste, si la conception du caractère féminin, telle qu’elle est dans Molière, est tout à fait vraie, elle est aussi tout à fait particulière. […] Voilà la condition particulière des femmes dans le théâtre de Molière, condition puissante et incomplète. […] Comme Le Malade imaginaire, c’est un mode caractéristique de son génie particulier, c’est l’alliance et la fusion risquée de ce qu’il a de plus gai et de plus funèbre. […] Il n’y a pas d’expérience générale, il n’y a que des expériences particulières à chaque âge ! […] À la faculté d’Aix et sous ce climat particulier, sec et limpide, je n’étais pas embarrassé de le sentir.
On y reconnoît partout la même tournure d’esprit, le même caractere, & il falloit que chaque personnage y eût le sien particulier.
Je ne sais pas de destinée plus particulière, en un certain sens, que celle de l’estimable Gandar. […] Ceux qui jusqu’ici ne connaissaient Gandar que par ses livres ou par son enseignement auront remarqué combien cette correspondance nous le montre plus varié, plus vif qu’on n’était accoutumé à le voir, d’une nature tout à fait aimable et attachante ; mais cette lettre qu’on va lire est d’un caractère encore plus particulier et plus délicat. […] C’est qu’il n’était pas essentiellement un voyageur : il allait voir les lieux dans un but particulier, au profit de certains livres, de certaines études présentes, et non pas tout à fait pour les voir en eux-mêmes et pour y chercher du nouveau. […] Le professeur, qui parle seul et sans discontinuer, est soumis à des conditions particulières et qui ont leurs difficultés propres ; la plus grande est dans la quantité de notions substantielles et saines qu’il est tenu de débiter en y mettant du mouvement, de la vivacité, une demi-action, et sans négliger l’agrément jusque dans le sérieux. […] Un ami particulier de Gandar m’avertit qu’il y aurait à faire ici une distinction.
Point de croyance humaine à laquelle ne corresponde une conception particulière de la vie ; point, de conception particulière de la vie à laquelle ne corresponde une forme particulière de l’art. […] L’esthétique de la nature n’est pas dans telle ou telle figure particulière, dans tel ou tel dessin particulier, mais dans le rapport de tous les dessins et de toutes les figures des choses, et c’est pour cela que telle correction de détail peut être une déformation monstrueuse à l’égard du tout ; il ne faut pas ressembler à un dessinateur qui voudrait rectifier et simplifier les ramifications sans nombre du cerveau d’un Cuvier, afin de produire un meilleur effet pour l’œil. […] Le centre naturel de perspective pour tout homme étant son moi, sa série d’états de conscience, — et le moi se ramenant à un système d’idées et d’images associées entre elles d’une certaine façon, — il s’ensuit que voir un objet, c’est faire entrer l’image de cet objet dans un système particulier d’assodations, l’envelopper dans un tourbillon d’images et d’idées.. […] L’art de décrire est celui de mêler le particulier au général, de manière à faire distinguer un petit nombre de détails précis qui sont de simples points de repère dans la vue d’ensemble, qui accusent les contours du tableau sans supprimer les perspectives.
Il n’est guère de climat ou de conditions physiques, dans l’Ancien Monde, qui ne trouvent leurs semblables dans le Nouveau, du moins jusqu’à cette identité de conditions de vie que la même espèce exige en général ; car c’est un cas des plus rares que de trouver un groupe d’organismes exclusivement confiné en quelque étroite station présentant des conditions de vie toutes particulières. Ainsi l’on pourrait bien indiquer, dans l’Ancien Monde, quelques régions plus brûlantes qu’aucune autre du Nouveau, et cependant elles ne sont nullement peuplées d’une faune ou d’une flore particulières. […] Si nous examinons les îles des côtes américaines, quelque différentes qu’elles soient du continent par leur nature géologique, leurs habitants sont néanmoins essentiellement américains, bien qu’ils présentent parfois des espèces particulières. […] Sur les hautes montagnes de l’Amérique équatoriale se montre une multitude d’espèces particulières appartenant à des genres européens. […] Or, pour qu’une théorie soit bonne et inébranlable, il faut, non seulement qu’elle soit conforme aux lois générales, mais encore qu’elle explique les exceptions particulières que ces lois présentent.
Puissent les strophes pleines de gloire ne pas trop éclipser ses modestes couplets, d’une beauté si simple et si fraîche, si particulière et si pénétrante ! […] Aussi, à ce moment, cette beauté particulière — et si vous voulez relative — me paraît et m’apparaît absolue… Et je suis obligé de dire que chaque poète devient tour à tour le poète. […] — Les poètes du xixe siècle sont trop particuliers pour qu’on puisse avoir avec aucun d’eux des affinités complètes. […] Chaque poète voit avec un état d’âme qui lui est particulier, ou chante sous l’influence d’un état d’âme qu’il sent bien et qu’il s’assimile. […] Je vous répondrais : J’aime Vigny, Hugo, Lamartine, Musset, Baudelaire, Banville, Leconte de Lisle, Verlaine, le Mallarmé du Parnasse, chacun pour ses qualités, sa manière particulière de réagir au spectacle des choses.
La curiosité, l’infatigable curiosité, tel est donc le signe particulier, la caractéristique de Gœthe, le timbre de sa physionomie. […] On dirait que le drame a été piqué de la tarentule, tant il bondit de place en place sous l’influence d’une danse de Saint-Guy d’une espèce toute particulière, affectée à l’art théâtral. […] Mais la patience est particulière à l’insecte. […] Gœthe ne rappelle de Florian que l’âne de sa fable, qui, trouvant une flûte à ses pieds et la prenant pour un chardon d’une espèce particulière, y colla ses lourdes babines, souffla et en tira un son qui l’émerveilla dans sa naïveté d’âme, tandis que Gœthe, pour avoir poussé son haleine dans ce trou de flûte, ne s’est point étonné, mais s’est cru un Ménandre, — comme dans le Grand Cophte et les Complices, ses hautes comédies, il s’est cru peut-être un Aristophane. […] Combinaison très particulière d’éléments qui donne Gœthe, et qu’on méprisera peut-être autant qu’on la vante quand ces éléments seront désagrégés.
Leur fin est d’expliquer ce phénomène inconscient, forme particulière de perception que Schopenhauer appelait organe du rêve et que je nomme intuition, — qui poussa les auteurs à soulager ce qui gémit en eux. […] Ceux-ci auront beau s’en défendre, ils n’empêcheront pas· leur essai de synthèse et d’explication universelle, auxquelles ils tendent dans la mesure où le permet l’état des sciences particulières, d’être comme le boulevard d’une philosophie première. […] Chaque sens a des données particulières. […] À descendre dans le particulier, il n’est pas deux hommes qui aiment d’identique façon, même dans une âme plusieurs amours peuvent se donner carrière ou se sérier sans conserver aucune ressemblance psychologique. […] Plus un mot se présente commun, moins il s’adapte à un sentiment particulier ; sa précision varie en raison inverse de sa généralité.
Nous lisons dans un journal : L'Académie, dans sa séance particulière du jeudi 8 mai, a procédé au remplacement de MM.
Il avoit de grandes connoissances dans l’Histoire de France ; mais les lumieres dirigées par l’esprit particulier, deviennent en peu de temps des lumieres fausses, équivoques, dangereuses, & l’on devroit travailler à se corriger de ce défaut, avant d’entreprendre aucun Ouvrage.
Ceux qui auraient pu nous rendre ce service ont préféré leur gloire particulière à l’intérêt public et mieux aimé avancer la science d’un pas que de tracer les pas qu’elle a faits.
Mais ce qui vient de naître, c’est une littérature personnelle d’un caractère très particulier. […] C’est avec peine que, recourant aux ouvrages particuliers de d’Holbach et d’Helvétius, M. […] L’état d’esprit des Encyclopédistes à cet égard est tout à fait particulier. […] Ce genre particulier d’éloquence, dont M. […] Lamartine ne descend pas de l’idée générale au fait particulier ; il remonte du fait particulier à l’idée générale.
C’est véritablement dans les questions particulières de morale ou de politique, que M. de Bonald excelle. […] Le dernier a quelques sentiments particuliers que je ne voudrais pas toujours adopter. […] M. de Bonald ne s’occupant qu’à poser les principes, néglige de donner des avis particuliers aux maîtres. […] Les choses qui ne seraient rien dans la bouche d’un particulier deviennent souvent importances dans celle d’un prince. La moindre marque de mépris qu’il donne d’un particulier fait au cœur de cet homme une plaie incurable.
Elle nous replacera donc, sur ce point particulier, dans la direction du divin. […] Dans ce sens particulier, on appelle possible ce qui n’est pas impossible : et il va de soi que cette non-impossibilité d’une chose est la condition de sa réalisation. […] Il y a une certaine conception de la philosophie qui veut que tout l’effort du philosophe tende à embrasser dans une grande synthèse les résultats des sciences particulières. […] Dès que cette attention particulière lâche quelque chose de ce qu’elle tenait sous son regard, aussitôt ce qu’elle abandonne du présent devient ipso facto du passé. […] Là est la condition de ce que nous appelons rigueur, précision, et aussi extension indéfinie d’une méthode générale à des cas particuliers.
Tout en embrassant d’une large vue la voûte du ciel, la hante mer, la terre qui porte les monts, les forêts, les champs et les villes, il est attentif aux caractères particuliers de chaque objet. […] Il ne prête d’attention particulière ni aux montagnes, ni à la mer, ni aux fleuves, ni « aux travaux des campagnes et des villes » ; il ne voit qu’une part du monde réel, les champs de bataille. […] « D’assemblées particulières où quelques hommes réunis se sont formé un goût délicat, mais composé, mais factice ». […] Car alors, à l’occasion des discussions les plus particulières et même les plus techniques, on agite presque toujours des questions d’esthétique générale. […] C’est que, à peine l’acte par lequel il affirmait sa morale particulière était-il accompli, la morale universelle s’est vengée.
… Tout cela ne m’empêche pas de reconnaître le talent très particulier de Jehan Rictus.
L’Auteur ne parut pas satisfait de cette édition ; son dessein n’ayant pas été qu’on imprimât des Vers qu’il avoit faits seulement pour s’amuser & les personnes avec lesquelles il étoit en société. » Les Chansons de M. de Coulanges ont un mérite particulier ; elles contiennent des anecdotes curieuses sur les événemens de son temps : c’est par-là que ce genre frivole peut encore être utile.