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2633. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

L’opinion commune sur les gens à parole facile, les improvisateurs, les avocats, les bavards, les écrivains de premier jet, démontre en quelque façon que chez les discoureurs abondants on a remarqué une activité intellectuelle moins intense et moins vive relativement.

2634. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Après quelques contradictions qui en naîtroient, les sentimens raisonnables prendroient toujours le dessus ; au lieu qu’un respect outré pour les opinions établies, ne sert qu’à en éterniser les erreurs.

2635. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Je m’étonne qu’un moderne ait dit que la monodie est un poème composé pour un seul personnage, tel que la Cassandre de Licophron ; car n’étant pas même d’accord avec Scaliger touchant l’intelligence de ce simple terme poétique, il me semble qu’on peut bien aussi n’approuver pas son opinion.

2636. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Toute opinion qui les gêne est traitée en ennemie.

2637. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Né dans la bauge du xviiie  siècle, le malheureux qui a écrit cette opinion animale pensait peut-être à couvrir de cette orgueilleuse généralité le déshonneur de sa mère, et si cela fut, voilà son excuse !

2638. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

De là, sans doute, l’opinion souvent exprimée que nous devons à cette théorie la première idée d’un milieu à quatre dimensions englobant le temps et l’espace.

2639. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il invectiva violemment la société et lui reprocha de méconnaître par ses coutumes, par ses institutions, par ses opinions les droits sacrés de l’amour. […] Certes, je ne puis approuver tout à fait l’opinion de M.  […] Tâchez de trouver dans les « tranches de vie » de ces bourgeois gens de lettres quelques opinions sur le monde et son train. […] Winckelmann, Chandler, Leake, Gell, les Français Fauvel et Pouqueville partagèrent cette opinion et exprimèrent le même espoir.

2640. (1876) Romanciers contemporains

Ces changements d’opinion, ces fréquents retours sont amenés par les causes les plus naturelles, justifiés par les déductions les plus logiques et les plus vraisemblables. […] Il n’y voyait point de malice, et croyait ne blesser personne dans ses opinions, n’en ayant lui-même aucune. […] About a pris exactement le contrepied des opinions reçues ; sans doute, de son tableau il a écarté avec autant de soin les splendeurs du passé qu’il y a accumulé les misères du présent ; sans doute, il est parvenu à s’affranchir des respects superstitieux et de la traditionnelle tyrannie de l’enthousiasme ; mais (éclatante revanche des traditions !) […] Il incline davantage vers l’opinion de cet excellent Chapelle, qui disait de ses vers : Je les ferais bien plus mauvais Si j’essayais de les mieux faire. […] Claretie suivait notre avis, les lecteurs de l’Indépendance belge, de l’Opinion, de la Presse, de l’Illustration et de tant d’autres journaux dans lesquels s’éparpille cet esprit fécond, ne nous le pardonneraient pas.

2641. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Penser que c’est la réunion des esprits les plus libres de la France, et cependant en dépit de l’originalité de leur talent, quelle misère d’idées bien à eux, d’opinions faites avec leurs nerfs, avec leurs sensations propres, et quelle absence de personnalité, de tempérament ! […] Ce sont tous des serviteurs de l’opinion courante, du préjugé qui a force de loi, enfin des domestiques d’Homère ou des principes de 1789.

2642. (1802) Études sur Molière pp. -355

Les opinions ou les définitions m’ont paru très variées : je vais donner la mienne, telle que je l’ai risquée dans un mémoire lu à l’Institut : Que faut-il entendre par tradition théâtrale ? […] Un gentilhomme de Grenade a mille aventures que nous supprimons, et qui lui donnent très mauvaise opinion des femmes. […] Dorine dit, j’en conviens, qu’il est … Comme un homme hébété, Depuis que de Tartuffe on le voit entêté ; mais il me semble que l’épithète d’hébété est dictée par l’humeur, par l’exagération, sa compagne favorite, et que celle d’entêté, qui, là, veut dire prévenu, doit régler le jeu de l’acteur ; Elmire ne confirme-t-elle pas mon opinion, en disant : C’est être bien coiffé, bien prévenu de lui ? […] Cette comédie, l’un des chefs-d’œuvre de Molière, fut jouée sans succès au commencement de février ; l’auteur, forcé de la retirer à la septième représentation, ne la fit reparaître que le 9 septembre suivant, deux mois avant George Dandin, donné pour la première fois à Paris, le 9 novembre : c’est donc à tort que plusieurs éditeurs ont placé cette dernière pièce avant L’Avare ; et nous avons pour garant de notre opinion trois gazettes rimées de Robinet. […] La critique à laquelle je viens de répondre est de Bussi Rabutin, et Bret convient qu’il partage son opinion en partie ; c’est au lecteur à prononcer.

2643. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Fléchier nous fait discrètement sentir ces raisons combinées, et il exprime, en la partageant, l’opinion de M. de Caumartin, plus humain et plus équitable.

2644. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Le poëte, rassemblant toutes ses ardeurs et ses enthousiasmes du premier âge, ne craignait pas de s’y montrer plus napoléonien qu’on ne se le permettait généralement alors dans cette fraction du parti libéral qui confinait aux opinions doctrinaires.

2645. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Nos opinions en tout résultent de la nature individuelle de notre esprit bien plus que des choses.

2646. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

J’ai de cela des preuves que je ne veux pas écrire et qui, sans avoir eu besoin de l’expérience, autorisent mon opinion. » Cf. 

2647. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Nous sommes heureux de rencontrer dans l’esprit si juste et si infaillible de Voltaire notre propre opinion de l’immense supériorité de l’Arioste sur son copiste naïf mais négligé, la Fontaine.

2648. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

— Je sais, lui avait dit l’évêque, que cette superstition pieuse est dans le pays de Lucques une opinion populaire que rien ne peut extirper dans les campagnes ; mais c’est la superstition de la vertu et de l’amour conjugal, utile aux mœurs ; il n’y a aucun mal à y condescendre pour la fidélité des époux et surtout pour le salut des condamnés.

2649. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

En outre, il sait le pouvoir de l’opinion ; il ne vaut rien d’avoir la conscience publique contre soi.

2650. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Les morts n’ont de pudeur que celle que nous leur prêtons pour donner bonne opinion de notre délicatesse.

2651. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

je laisse là les opinions ou les intentions criminelles de Rabelais, qui dirigea son esprit, comme une catapulte, contre un ordre social magnifique et qu’on ne calomnie que parce qu’on l’ignore, mais je parle de l’essence la plus subtile de sa pensée et des influences dont elle a pénétré les générations littéraires qui l’ont suivi.

2652. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Tacite, scrupuleux, cite ses autorités : « Selon Fabius Rusticus, ce ne fut point Agrippine, mais Néron, qui conçut un criminel désir… Mais Cluvius est ici d’accord avec les autres écrivains, et l’opinion générale penche pour son récit. » L’ambition même de cette femme fut d’espèce bien féminine. […] Je laisse aussi Destouches, sur lequel mon opinion est également faite, et que j’ai toujours considéré comme le plus niais des hommes et le plus plat des écrivains. […] Ce qui le charme, et dans ce petit théâtre comique, et dans ces petites poésies érotiques, c’est que c’est aimable, c’est que ça n’est pas brutal, c’est que ça ne donne pas une mauvaise opinion de l’humanité. […] Les valeurs imaginaires, les valeurs d’opinion, sont les plus sûres de toutes, puisqu’elles ne craignent point les démentis de la réalité. Oui, la noblesse existe d’autant plus, en un sens, qu’elle ne survit à l’organisation qui était sa raison d’être que par l’opinion qu’elle garde d’elle-même et qu’elle réussit — là est pour nous la honte — à faire partager à beaucoup d’entre nous.

2653. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Mais on découvre ce qu’on peut, et cela me haussera du moins dans l’opinion de Monval. […] Mais à ce petit groupe je saurai joindre, par divers artifices et surtout en les prenant par l’amour-propre, en leur faisant croire qu’ils sont une élite, trois ou quatre milliers de Parisiens et de Parisiennes « dans le mouvement », de ceux qui tiennent à avoir des goûts et des opinions « chics ». […] La preuve en est aisée par le même Aristote, qui ne veut pas qu’on en compose une d’un ennemi qui tue son ennemi, parce que, bien que cela soit fort vraisemblable, il n’excite dans l’âme des spectateurs ni pitié ni crainte, qui sont les deux passions de la tragédie ; mais il nous renvoie la choisir dans les événements extraordinaires qui se passent entre personnes proches, comme d’un père qui tue son fils, une femme son mari, un frère sa sœur ; ce qui, n’étant jamais vraisemblable, doit avoir l’autorité de l’histoire ou de l’opinion commune pour être cru ; si bien, qu’il n’est pas permis d’inventer un sujet de cette nature. […] Ici, le déni de justice n’est pas du même ordre, il n’est pas criant et je n’exprime, en me séparant du jury, qu’une opinion personnelle.

2654. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

. — Mais, en même temps, il recevait des visites ; on lui demandait des interviews, on imprimait son nom en énormes caractères, on publiait des bulletins de sa santé, on l’assimilait aux personnages — monarques, criminels fameux, comédiennes illustres — qui surexcitent, par instants, l’opinion. […] Il fut plus que jamais correct, méprisant, sec, cassant ; et plus que jamais il justifia l’opinion qu’on avait de lui. […] Il avait un tel dédain pour l’opinion qu’il ne prit jamais la peine de la conquérir et de l’éclairer. […] Jules Lemaître y a collaboré avec le prince Renaud, et que si c’est le prince Renaud qui l’a écrite, c’est Jules Lemaître qui l’a pensée ; et que cette lettre exprime exactement l’opinion que le brillant romancier se fait de notre bas monde.

2655. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Fatalement, dès lors, le savant qui parle à d’autres qu’à ses pairs, celui qui propage et vulgarise, est conduit à prêter l’autorité d’un dogme à ce qui n’a que la valeur d’une opinion, — étant donné surtout qu’il doit se maintenir dans les généralités, sans descendre jamais à ce fond ténébreux strié de lumières où l’on sent la Vérité poudroyer à l’infini sous le doigt qui la presse. […] Car si quelque envoyé de Vénus ou de Sirius venait demander aux habitants de la Terre ce qui leur fait le plus d’honneur, les hommes auraient vite pesé leurs capitaines, leurs banquiers, leurs politiciens et même leurs savants : que valent, au regard des étoiles, nos exploits sanglants, nos trésors conventionnels, nos dissensions d’opinions et de frontières, — et qui sait si les vivants des autres mondes n’ont pas obtenu, dans les sciences, des conclusions plus profondes que les nôtres ? […] Du haut de la chaire les Docteurs confirment l’opinion des Poëtes et des Moralistes, nous répètent que notre nature est honteusement petite et faible. […] Victor Hugo lui-même, qui pourtant prit en main le drapeau de la nouvelle école, est l’incohérent et vaste répertoire de toutes les Formules et de toutes les opinions. […] Dans leurs théories on verra s’épaissir ou s’évanouir les brouillards où dort l’aurore future, on constatera les effets, dans les Formules nouvelles, des causes recelées dans les Formules accomplies. — Résumant les théories, ne les discutant pas, n’exprimant que le moins possible une opinion sur la valeur des tentatives, je serai court.

2656. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

(La même opinion est exprimée dans la thèse de Doctorat de Marie-Antoinette Chaix : La Correspondance des arts dans la poésie contemporaine, 1919, dont nous aurons à reparler). […] « D’ailleurs, mon cher Confrère, vos opinions, vos principes, sont assez connus du public et des lettrés pour que vous n’ayez vraiment pas besoin de les affirmer et de vous dégager des groupes que vous répudiez. […] Elles commençaient généralement par l’assertion, très vraie, que l’opinion de l’auteur de l’article en question ne m’importait pas, qu’il m’importait seulement de relever les erreurs, voulues ou non, et de mettre de l’ordre. […] Rapprochements, opinions d’intéressés eux-mêmes, qui expliquent comment le « Symbolisme », presque au terme de son œuvre principale, put en enfant à peine révolté, en enfant à peine prodigue, être reçu aux étreintes presque sincères de plus d’un glorieux survivant du Parnasse. […] Dès 1891, en « l’Eclair », Georges Montorgueil, indice d’un premier revirement d’opinion, avait écrit : « Les « Ecrits pour l’Art », revue de haut style, par des artistes de lettres et pour des artistes.

2657. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Le tournoi lui-même n’est qu’une cérémonie, un peu brutale, à la vérité, puisqu’il s’agit de casser des bras et des jambes, mais brillante et française ; faire parade d’adresse et de courage, étaler la magnificence de ses habits et de ses armes, être applaudi et plaire aux dames, de tels sentiments indiquent des hommes plus sociables, plus soumis à l’opinion, moins concentrés dans la passion personnelle, exempts de l’inspiration lyrique et de l’exaltation sauvage, doués d’un autre génie, puisqu’ils sont enclins à d’autres plaisirs. […] For he was Epicures owen sone, That held opinion, that plein delit Was veraily felicite parfite.

2658. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Oui, oui, je crains bien que l’opinion de Leconte de Lisle soit l’opinion des intelligents et des délicats, sur l’existence humaine.

2659. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Nous partageons entièrement cette opinion de Goethe sur Homère ; il nous paraît non pas plus grand, mais aussi grand que nature, c’est-à-dire un demi-dieu.

2660. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Alexandre joue plus longtemps, et mieux qu’un autre, son rôle de Tartufe ; mais il cédera lui-même au torrent… « Pardon, Monsieur, je froisse peut-être vos opinions que je devine.

2661. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

L’idée est mûre, les temps sont décisifs ; un petit nombre d’intelligences appartenant au hasard à toutes les diverses dénominations d’opinions politiques, portent l’idée féconde dans leurs têtes et dans leurs cœurs ; je suis du nombre de ceux qui veulent sans violence, mais avec hardiesse et avec foi, tenter enfin de réaliser cet idéal qui n’a pas en vain travaillé toutes les têtes au-dessus du niveau de l’humanité, depuis la tête incommensurable du Christ jusqu’à celle de Fénélon ; les ignorances, les timidités des gouvernements, nous servent et nous font place ; elles dégoûtent successivement dans tous les partis les hommes qui ont de la portée dans le regard et de la générosité dans le cœur, ces hommes désenchantés tour à tour de ces symboles menteurs qui ne les représentent plus, vont se grouper autour de l’idée seule, et la force des hommes viendra à eux s’ils comprennent la force de Dieu et s’ils sont dignes qu’elle repose sur eux par leur désintéressement et par leur foi dans l’avenir.

2662. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Deux amants qu’attache l’un à l’autre une passion profonde et légitime, et que va rendre ennemis la loi du devoir filial et de l’honneur domestique ; Rodrigue aimant Chimène, mais forcé de venger l’affront de son père dans le sang du père de sa maîtresse ; Chimène forcée de haïr celui qu’elle aime, et de demander sa mort, qu’elle craint d’obtenir ; Rodrigue, tout plein des grands sentiments qui feront bientôt de lui le héros populaire de l’Espagne ; Chimène, héritière de l’orgueil paternel, fière Castillane, qui veut se battre contre Rodrigue avec l’épée du roi ; ce roi, si plein de sens et d’équité, image de la royauté de Salomon, par sa modération, par sa connaissance des hommes, par sa justice ingénieuse : les deux pères si énergiquement tracés ; le comte, encore dans la force de l’âge, qui a été vaillant à la guerre, mais qui se paie de ses services par le prix qu’il en exige et par les louanges qu’il se donne ; le vieux don Diègue, qui a été autrefois ce qu’est aujourd’hui le comte, mais qui n’en demande pas le prix, et ne s’estime que par l’opinion qu’on a de lui ; le duel de ces deux hommes, si rapide, si funeste, d’où va naître entre les deux amants un autre duel dont les alternatives seront si touchantes ; Rodrigue, après avoir tué le comte, défendant son action devant Chimène, qui n’en peut détester le motif, puisque c’est le même qui l’anime contre Rodrigue ; la piété filiale aux prises avec l’amour ; l’ambition désappointée ; l’idolâtrie de l’honneur domestique ; des épisodes étroitement liés à l’action ; un récit qui nous met sous les yeux le sublime effort de l’Espagne se débarrassant des Maures, d’un pays rejetant ses conquérants : quel sujet !

2663. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Demandons plutôt son opinion à l’un des artistes les plus pénétrants de la nouvelle génération, parmi ceux que déjà la mort a fait disparaître.

2664. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Si Rougier était un homme supérieur et si Louisette subissait son ascendant, je connais Raymond : il admettrait fort bien que Louisette fût docile aux opinions littéraires de son mari, pourvu qu’elle lui refusât ses caresses. […] Incapable de choisir entre deux femmes, Chambard l’est aussi de choisir entre deux opinions : et c’est cela même qui l’a fait rapidement réussir dans la politique. — Même veulerie chez Livaray, secoué seulement, vers la fin, par ce conseiller d’énergie qui a nom « besoin d’argent. » Livaray a surpris sa femme avec Chambard et est sorti en faisant claquer la porte. […] Corneille, très dédaigné sous le règne des philosophes, est aujourd’hui le plus fêlé, parce qu’il est le plus fort de choses. » Quelle est aujourd’hui, sur le théâtre de Racine, l’opinion la plus distinguée et, si je puis dire, le jugement à la dernière mode ? […] Il écrit comme nous pourrions faire : « Racine n’était point un poète galant ; il excellait à peindre le véritable amour, qui presque toujours exclut la galanterie. » Il fait cette réflexion : « C’est à des femmes que Racine a donné ces passions violentes qui troublent la raison ; en cela il s’est rapproché de la vérité et des convenances » ; et cette autre, qui fut neuve en son temps et qui allait contre l’opinion commune : « Chez Racine, l’action marche toujours : dans les tragédies de Voltaire, l’intrigue languit ; les tirades seules sont animées. » Il admire Bajazet sans restriction et relève cette sottise de La Harpe, que « Bajazet est une tragédie du second ordre qui n’a pu être écrite que par un auteur du premier ». […] Quand on parcourt les vieux livres, on est souvent émerveillé d’y découvrir des opinions, ou des théories, ou des formes de sensibilité que l’on croyait beaucoup plus récentes ; et l’on s’exclame comme je faisais tout à l’heure : « Qu’avons-nous donc inventé ? 

2665. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Dans la défaillance de la foi, la raison n’a pas pris l’empire, et l’opinion est aussi dépourvue d’autorité que la tradition. L’âge imbécile qui vient de finir demeure enfoui sous le dédain avec ses radotages de versificateurs et ses manuels de cuistres, et parmi les libres opinions qui arrivent de l’antiquité, de l’Italie, de la France et de l’Espagne ; chacun peut choisir à sa guise, sans subir une contrainte ou reconnaître un ascendant.

2666. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Veut-on avoir l’abrégé de sa politique et son opinion sur sa patrie ? […] Il a quitté l’opinion pour la conviction, la tradition pour l’intuition.

2667. (1933) De mon temps…

Son avis est écouté et suivi sans discussion, car son opinion est toujours motivée, et accompagnée d’arguments convaincants que lui fournissent son expérience littéraire, sa vaste érudition, son admirable sens critique. […] Tantôt il relatait un fait curieux, présentait quelque observation aiguë ; tantôt il exprimait quelque remarque ingénieuse ou une opinion originale, mais ce qu’il disait m’intéressait moins que lui-même et je considérais, avec toute la ferveur de ma jeune admiration, son beau visage aux yeux noirs et vifs, aux larges méplats, et cette élégante moustache blanche et la blancheur de cette souple chevelure argentée.

2668. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Or, Molière croyait que ce dont nos jeunes pessimistes ont fait à peu près la règle du langage humain n’y est, en somme, que l’exception ; il lui semblait que les hommes ne passent pas tout leur temps à être ignobles avec candeur, qu’ils reprennent haleine quelquefois, et que, au surplus, cette contradiction ininterrompue entre l’immoralité réelle des personnages et l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes serait fatigante à la longue, finirait par paraître un peu artificielle et mécanique. […] Je n’ai aucune opinion sur cette petite chose. […] Ce silence était une opinion. […] Il est devenu protectionniste enragé ; il a cru que c’était l’étude qui avait modifié son opinion, et il n’a pas vu que c’était l’intérêt.

2669. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Dire qu’il parle par une inspiration surnaturelle, c’est dire qu’il trouve en lui-même un ardent désir de parler, ou quelque forte opinion pour laquelle il ne peut alléguer aucune raison naturelle et suffisante556. » Il réduit l’homme à n’être qu’un corps, l’âme à n’être qu’une fonction, Dieu à n’être qu’une inconnue. […] Denham, Waller, Roscommon et Rochester y résidèrent ; la duchesse de Newcastle, poëte du temps, se maria à Paris ; le duc de Buckingham fit une campagne sous Turenne ; Wycherley fut envoyé en France par son père, qui voulait le dérober à la contagion des opinions puritaines ; Vanbrugh, un des meilleurs comiques, alla s’y polir. […] To say he speaks by supernatural inspiration, is to say he finds an ardent desire to speak or some strong opinion of himself for which he cannot alledge no natural and sufficient reason.

2670. (1893) Alfred de Musset

(C’est mon opinion de gâter les enfants.) […] C’est à quatre ou cinq conversations avec toi que je dois d’avoir réformé mes opinions sur des points très importants ; et depuis j’ai fait bien d’autres réflexions. […] Mais, tout cela accordé, nous ne pensons pas qu’on puisse lire Alfred de Musset sans reconnaître dans son génie quelque chose dont l’histoire de la poésie française n’avait pas encore offert d’exemple. » L’opinion allemande ne lui a pas été moins favorable.

2671. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

N’est-ce pas un peu ou tout à fait votre opinion ? […] Chacun est libre d’avoir son opinion, mais en matière d’art, je n’ai de préférence ni pour l’un ni pour l’autre, si les intéressés sont dans le royaume des égaux, expression de Victor Hugo dans son bel ouvrage sur « William Shakespeare ». […] Opinions sur la littérature et la poésie contemporaine.

2672. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Cette opinion, dans laquelle Mme de Maintenon resta invariable, atteste l’antipathie des natures et n’était pas propre à donner au roi une autre idée que celle qu’il avait déjà sur ce courtisan médiocrement docile.

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