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613. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Il en avait fait la musique comme les paroles, et le chanta lui-même aux fêtes olympiques, où il obtint la palme vers la quinzième olympiade, près de deux siècles avant Pindare, au temps duquel ce poëme se redisait encore à l’ouverture des jeux.

614. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Une pareille précocité ne s’était guère vue que chez des musiciens, parce que la musique est œuvre de sensibilité plus que de pensée : de même, elle ne pouvait se rencontrer chez un poète qu’à la condition qu’il exprimât presque uniquement les « passions de l’amour ». […] On dirait vraiment que ces choses-là sont réglées comme un papier de musique. […] Jules Prével et Armand Liorat, musique de M.  […] Mais le frisson divin, incomparable, que communiquent aux initiés certains vers qui ne sont qu’images et musique, voilà ce qu’il ne sentira probablement jamais. […] Des musiques éclatent, vulgaires de près, mais qui font plaisir à entendre de loin.

615. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Louis Legendre, d’après Shakespeare ; musique de M.  […] Nous sommes à Messine, dans un jardin enchanté où flottent des parfums et des musiques, auprès d’un beau palais. […] Que ce billet soit renvoyé. » (Musique en sourdine pendant la lecture de ce billet. […] Gounod fait pleurer d’attendrissement en lui jouant un peu de sa musique…, et vous verrez ce que j’entends au juste par l’optimisme de M.  […] La mer l’enveloppe de sa caresse, de son odeur, de sa musique, de son infinité.

616. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Nommons encore le doux poète John Keats, qui, pareil à cet Endymion qu’il a chanté, semble s’être endormi il y a deux siècles à la musique des vers de Shakespeare et de Fletcher et qui se réveille en bégayant leurs mélodies. […] dit la terrible reine ; qu’on les attache tous quatre dos à dos, et qu’on les jette à leurs pratiques pour danser pieds nus sur un plancher brûlant et pour battre l’amble sans musique pendant l’éternité !  […] On entendait une symphonie composée de plus de cent mille hurlements, grognements profonds, rauques soupirs, à laquelle répondaient plus loin de tumultueux gémissements et d’horribles clameurs, et l’aboiement d’un chien est une musique douce et délicieuse comparé à ces bruits. […] En outre, elle avait une jolie voix et passait pour bonne musicienne ; or Sterne adorait la musique et jouait lui-même du violoncelle. […] La race emplumée t’appartient tout entière, et avec elle une musique qui ne doit rien à l’art commencera bientôt à saluer joyeusement tes promenades du matin et du soir.

617. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Le souverain pontife condamne l’astronomie nouvelle de Copernic, parce qu’elle est contraire à l’astronomie ancienne de Josué, comme il a blâmé la musique nouvelle, le chant en parties, parce qu’elle est contraire à la musique ancienne, à l’unisson du chant grégorien. […] Et puis, l’enfer de Dante n’est-il pas assez semblable à cet enfer de Florence dont nous avons parlé hier, tout mêlé de choses atroces et charmantes, de saccages, de meurtres, de festins, d’amours et de musique ? […] Il rassemble sur un pupitre à musique de forme pyramidale des exemplaires choisis d’une collection d’histoire naturelle que possédait son père, en prenant soin de les ranger dans un ordre agréable aux yeux, selon le rang qu’ils occupent dans la hiérarchie des êtres. […] Et, comme pour prêter des accents plus beaux à ce renouvellement mystérieux des âmes, le plus religieux de tous les arts et le plus allemand, la musique, invente des accords sublimes et tels qu’on n’en avait point encore entendu. […] En ce moment, les hommes distingués qui l’initient aux arts du dessin et à la musique et qui les lui l’ont comprendre dans leur mutuel rapport, se nomment Œser, Seekatz, Kayser, Mengs, Breitkopf… MARCEL.

618. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

C’est un livre très amusant pour ceux qui sont, comme moi, de simples amateurs en musique, des profanes. […] La musique s’en est perdue. […] Rien, au contraire, de plus transitoire que la musique de ce ballet, et le ballet lui-même. […] Cette musique de Lulli, c’est peut-être fort curieux pour un mélomane du temps passé, pour M. Weckerlin : mais nous, nous avons beau faire pour nous y plaire ; c’est de la musique d’enterrement.

619. (1927) André Gide pp. 8-126

Gide veut « de la musique avant toute chose ». […] Il est bon de contrôler par une seconde lecture les impressions qu’il nous donne, et l’on en retire généralement le même profit que d’une seconde audition de musiques difficiles. […] André Gide nous entretient de ses divers professeurs de piano, de son goût pour la musique pure de son horreur de la musique dramatique, qui n’admet pas d’exception même pour Wagner (il ne mentionne pas Mozart).

620. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Plaute a de la verve (les écrivains dont je parle ont l’adresse de nuancer leur musique mieux que je ne le fais ici), Plaute a de la verve, mais il est rude et grossier. […] Il est écrit qu’en 1865 nos sculpteurs feront de la plastique sentimentale, nos peintres se voueront au culte de l’infiniment petit, notre musique abusera du trombone, notre poésie continuera d’être une poésie d’hôpital ou une versification de jongleurs chinois. Laissez les choses suivre leur cours, ou plutôt censurez notre sculpture maniérée, notre peinture insignifiante, notre musique tapageuse, notre poésie imbécile, et croyez avec moi à la liberté de l’art et à la liberté de la critique. […] Il s’abandonnait, se livrait, se laissait prendre à cette musique du ciel avec candeur et bonne foi.

621. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Toutefois en son immobilité et son inexpression de marbre et de modèle, de temps en temps des mots dits en italien par la princesse ou par Hébert, animent, vivifient son visage de jolis sourires spirituels, et lui mettent, un moment, dans la bouche une voix de musique. […] Quant à la voix de Delaunay, c’est la plus adorable musique que puisse rêver un auteur pour sa prose. […] On vit tout entier absorbé, dans l’enchantement, le doux enivrement, la musique du jeu de ses acteurs, et la volupté de cela vous fait passer entre les épaules de petits frissons agréables. […] En regardant, en écoutant ce monde aller, dire votre prose, jouer la vie de votre création ; en voyant cette scène à vous, et sentant tout vous appartenir là, le bruit, le remuement, la musique, les acteurs, les figurants, tout, jusqu’aux machinistes et aux pompiers, je ne sais quelle joie orgueilleuse vous remplit de posséder tout cela… Comme public il y avait un curieux public, et tout d’abord Worth et sa femme, sans l’inspection desquels Mme Plessy ne joue jamais, et avec eux tout le monde des modistes et des tailleuses célèbres… L’effet de la pièce croît de répétition en répétition.

622. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

D’excellents écrivains, d’autre part, n’ont aucune mémoire auditive, ne peuvent retenir ni un vers, ni douze notes de musique. […] Ut musica ut poesis (de la musique avant toute chose). […] Trompé par son œil, Verlaine écrit (neuf syllabes) : De la musique avant toute chose. […] D’une peinture à la chinoise, la poésie est devenue une musique. Ses règles ont changé dans la mesure où ce qui est applicable à la musique ne l’est pas à la peinture.

623. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Le temps des grandes croyances est parti, ce qui est fort regrettable, mais si elles reviennent, ce ne sont pas les vers, ni la prose, ni la musique qui les ramèneront. […] Ludovic Halévy a peut-être écrite en une matinée et qui fait partie d’un ensemble de trente ans d’observations de ce monde tout spécial de l’académie nationale de musique et de danse surtout. […] Tout en bouleversant ses papiers, il me lut en souriant des vers de sa jeunesse, des poésies fugitives ; il me parla art, musique et finalement me retint à déjeuner. […] Lui, Joseph, commence déjà sa vie et, dans un superbe discours, définit les devoirs du magistrat ; les lettres l’attirent, le monde même ; par exemple, il a horreur de la musique : « — Elle m’assassine ! […] Tous ingrats, car tous procèdent de lui : les parnassiens lui doivent la révélation de la valeur plastique des mots ; les naturalistes, le sens de la vie et le goût d’en décrire toutes les manifestations ; les symbolistes et les décadents, l’intuition des correspondances sensibles et de la musique verbale.

624. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Moins poignantes que certaines élégies, les jolies romances de Mme Valmore coururent, volèrent du premier jour sur toutes les lèvres de quinze ans, grâce aussi à la musique des plus grands ou des plus aimables compositeurs d’alors : Garat, Paër, en notèrent quelques-unes ; mais surtout Mme Pauline Duchambge, née tout exprès, y trouva ses airs les plus agréables, les plus chers au cœur et les mieux assortis. […] » Elle a une modique pension qu’elle touchait d’abord avec une sorte de pudeur ; elle s’en confesse et s’en humilie : « (26 octobre 1847)… Il y a deux jours enfin, j’ai reçu le trimestre qui me semblait autrefois si pénible à recevoir, par des fiertés longtemps invincibles, et que j’ai vu arriver depuis d’autres temps comme si le Ciel s’ouvrait sur notre infortune… « Ne nous laissons pas abattre pourtant, il faut moins pour se résigner à l’indigence quand on sent avec passion la vue du soleil, des arbres, de la douce lumière, et la croyance profonde de revoir les aimés que l’on pleure… « En ce moment, je n’obtiendrais pas vingt francs d’un volume : la musique, la politique, le commerce, l’effroyable misère et l’effroyable luxe absorbent tout… « Mon bon mari te demande de prier pour lui au nom des pontons d’Écosse.

625. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Le son de sa voix m’entra comme une musique dans tout le corps, je crus qu’un esprit de lumière était entré dans la caverne et m’avait parlé. […] soupirait-elle en soulevant son beau nourrisson endormi du mouvement de sa poitrine, à présent qu’il n’y est plus, je ne pense plus seulement à la musique ; quand un air ne tombe pas dans un cœur, qu’importe ?

626. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Et le murmure de la rivière, et les fanfares lointaines des trompes de chasse se rapprochant, et les poursuites aériennes des femmes, passant brusquement de la lumière dans l’ombre, et de l’ombre dans la lumière, donnent à cette partie de plaisir dans la nuit, avec cette musique de ballade, un rien de fantastique. […] Lundi 30 décembre Un joli mot d’une vieille femme de mes amies, à qui sa bru disait qu’elle aimait à lire, à faire de la musique, mais détestait les travaux de femme, la tapisserie, la broderie, etc., etc. : « Ma chère, c’est que vous avez été toujours heureuse, que vous n’avez pas eu de chagrins… Oui, bien souvent ces travaux sont une occupation mécanique, derrière laquelle on s’enfonce dans ses regrets ! 

627. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Ce qui est vrai pour la musique et la peinture l’est bien davantage pour la poésie qui est l’art le moins palpable, celui dont les secrets sont les plus nombreux et les plus intimes, celui enfin qui a le grand désavantage sur les autres arts de n’avoir pas une langue à part et d’être obligé de s’exprimer avec les mêmes signes qu’un exploit d’huissier, ou qu’un roman vertueux qui fait pleurer les marchandes de modes. […] … Pourquoi le public ne voudrait-il pas voir Shakespeare au Théâtre Français, comme il y a toujours vu, comme il y voit tous les jours, Sophocle, Euripide, Guillen de Castro, Maffey, Alfiéri, Schiller, etc., etc. ; comme il admire un tableau de Rubens et de Raphaël, dans notre musée ; comme il écoute la musique de Mozart ou de Rossini, à notre grand Opéra ?

628. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Un livre sur les principes du goût, sur la peinture, sur la musique, peut être un livre philosophique, s’il parle à l’homme tout entier, s’il réveille en lui les sentiments et les pensées qui agrandissent toutes les questions.

629. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

La naïveté est d’imaginer que des hectogrammes quotidiens de viande, de pain, de légumes, que deux vêtements « complets » par an, quelques musiques et un théâtre mensuel fournissent le bien-être.

630. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

On eût dit qu’une rumeur de fête, une musique de tziganes l’accompagnait.

631. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

L’Opéra-Comique représente ce genre moyen cher à l’esprit français, dans lequel la musique se mêle au drame selon une mesure qui plaît à notre organisation et que l’on goûte sans étude et sans effort ; c’est un genre particulièrement agréable, qui refleurit à chaque saison et qu’il est naturel de maintenir.

632. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Au loin, à gauche sur le fond, par derrière le faune qui écoute Apollon, un voyageur qui passe et qui se soucie apparemment peu de musique.

633. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Il est très probable que la seconde classe s’est graduellement augmentée, à mesure que la musique s’est retirée de la poésie ; ensuite à mesure que la parole écrite s’est répandue : et maintenant cette seconde classe est devenue la plus nombreuse, sans aucune contestation.

634. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

… Ce qu’il y a de plus beau, je ne dis pas dans la langue des hommes, mais dans toutes les langues des hommes, quelles qu’elles soient, car ni peinture, ni musique, ni statue, ni monument en pierre ou en prose, ne valent cette chose surhumainement adorable : de beaux vers !

635. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Elle décide Bovary, le consentement perpétuel, à l’envoyer à Rouen toutes les semaines prendre des leçons de musique, et ces leçons ne sont qu’un prétexte pour vivre secrètement avec Léon.

636. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

637. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Nous avons entendu les fidèle à de Rossini accueillir les drames lyriques de Wagner par cette phrase caractéristique : « Cela n’est pas de la musique » ; qui niera cependant que Wagner ait enrichi le domaine de l’expression musicale ?

638. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ce musicien qui savait autre chose que de la musique et dont les études sur Molière sont encore appréciées, n’attachait de prix, dit-il quelque part, qu’à ses œuvres provençales. […] On l’a beaucoup raillé d’aimer la musique des chouettes et des grenouilles ; c’est preuve de peu de connaissance des harmonies campagnardes du Midi. […] Elle était si jolie, animée par la musique, les yeux brillants, les doigts finement déliés et papillonnant sur les touches. Il aurait voulu retenir cette musique délicieuse, demeurer ainsi toujours à la regarder… Soudain un cri d’enfant, un cri de terreur éperdu, brisa le calme ambiant, la sonore atmosphère de l’eau…. […] » À quoi bon aussi la savante, l’inexcusable musique de Berlioz, de Wagner, de Chopin ?

639. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Les filles de Louis XV aimaient la musique. […] Armand Silvestre est surtout une musique ; comme la musique, elle est perceptible aux sens et à l’âme plutôt qu’à l’entendement ; on dirait que cet artiste s’est trompé sur l’espèce d’instrument que la nature avait préparé pour lui : il semblait fait pour noter ses sensations et ses rêves dans la langue de Schumann, et M. Massenet, en mettant en musique les vers de M.  […] Paul Collin a publié, en 1868, un volume intitulé Musique de chambre, qui n’a eu aucun retentissement. […] Pour caractériser d’une phrase les arts contemporains, peinture, musique et poésie, roman et théâtre, critique et journalisme, je dirai qu’ils agissent beaucoup sur les nerfs et très peu sur la raison.

640. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Plus paresseux au fond que vraiment curieux, il ne veut apprendre que ce qu’il sait, entendre que la musique qui chante dans sa mémoire, voir que ce que ses yeux ont cent fois rencontré. […] Il en est de même en musique. […] En musique et en peinture, il peut souvent arriver qu’un grand artiste échoue momentanément par la jalousie de ses rivaux. […] Dis donc la vérité, et tu avoueras que le bruit des éloges du monde est pour toi une musique céleste, puisque c’est elle qui sonne ta naissance à la vie. […] Brunetière écrit très bien » ; le charme de sa phrase est trop souvent celui d’un « pesant chariot de six chevaux traînant des pierres de taille », et la musique de sa prose est trop souvent celle qu’a décrite quelque part M. 

641. (1923) Nouvelles études et autres figures

La musique des sphères célestes le ravit en extase. […] Pellisson que « la musique crée une atmosphère hors de laquelle la fantaisie ne peut s’épanouir ». […] Point de danses, point de musique, point de chants. Et cependant il semble qu’il l’ait écrite aux sons de la musique et que ses personnages soient nés un soir de danse. […] Nous connaissons leur musique, le chant qui sort de leur tourbillon, l’hymne de leurs agrès.

642. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Seule, une chanson surgira, faite par n’importe qui ; ce ne sera pas un poème, ni une musique, ce sera tout le cri de tout un peuple ! […] Ne nous attardons pas non plus à remarquer que, si la société moderne s’y accordait, la thèse dramatisée par Alfred de Vigny aboutirait peut-être au poète courtisan, au poète parasite ; et même, en mettant les choses au mieux, sans rappeler la tristesse du génie pensionné, il n’en résulterait guère, dans la pratique, que des prix de Rome pour la poésie comme il y en a pour la musique et la peinture. […] Et il était naturel qu’il en fût ainsi : un bafoueur de dieux devait plaire à des renieurs de serments, à des assassins d’idéal ; c’est logiquement que le drame impérial a eu, pour musique de scène, l’opérette. […] En outre, la musique de son vers, si délicieusement mélodieuse et harmonieuse pourtant, révèle qu’il accepte avec religion la discipline léguée par l’instinct immémorial de notre race et maintenue par les illustres maîtres du xixe  siècle. […] René Ghil commença d’étonner le monde par les théories de musique verbale, d’instrumentation verbale, qu’il exposa dans son Traité du verbe, qu’il mit en pratique dans l’Œuvre non totalement publiée encore et qui, achevée, comprendra trois vastes poèmes : Dire du mieux, Dire des sangs, Dire de la loi.

643. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

On y voit combien Malherbe connaissait notre langue et était né à notre poésie ; combien son oreille était délicate et pure dans le choix et l’enchaînement de syllabes sonores et harmonieuses, et de cette musique de ses vers qu’aucun de nos poètes n’a surpassée. » Ne craignons pas de citer quelques bons passages ; en fait d’œuvres de la jeunesse de Malherbe, nous n’avons pas le choix. […] Couplets d’un beau caractère, d’un tour de galanterie noble, et qui ont été remis heureusement en musique de nos jours par Reber149. […] En vain, pour satisfaire à nos lâches envies, Nous passons près des rois tout le temps de nos vies A souffrir des mépris et ployer les genoux ; Ce qu’ils peuvent n’est rien ; ils sont ce que nous sommes,     Véritablement hommes,     Et meurent comme nous…   Ces Stances, d’un plein souffle et d’une entière perfection, ont été mises en musique, de nos jours, par le même compositeur sévère que nous nommions tout à l’heure, M. 

644. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

» De plus, l’endroit doit être très-grand, et on y fait de la musique ; c’est un beau palais : probablement, n’est-ce pas, il y a des anti-chambres ? […] La musique des larges phrases cadencées et tranquilles promène doucement l’esprit parmi les magnificences et les enchantements romanesques, et le profond sentiment de la nature toujours jeune rappelle la quiétude fortunée de Spenser943. […] Telle est cette vision de Mirza qu’il faut traduire presque en entier944 : « Le cinquième jour de la lune, étant monté sur les hautes collines de Bagdad, pour passer le reste du jour dans la méditation et dans la prière, je tombai en une profonde méditation sur la vanité de la vie humaine, et passant d’une pensée à l’autre : Sûrement, me dis-je, l’homme n’est qu’une ombre et la vie un songe. —  Pendant que je rêvais ainsi, je jetai les yeux sur le sommet d’un roc qui n’était pas loin de moi, et j’y aperçus une figure en habit de berger, avec un instrument de musique à la main.

645. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Tout son génie est là ; il avait une de ces âmes délicates qui, pareilles à un parfait instrument de musique, vibrent d’elles-mêmes au moindre attouchement. […] » J’aime mieux supposer, comme l’indique sa pleine et solide tête213, qu’à force d’imagination ondoyante il a, comme Gœthe, échappé aux périls de l’imagination ondoyante ; qu’en se figurant la passion, il parvenait, comme Gœthe, à atténuer chez lui la passion ; que la fougue ne faisait point explosion dans sa conduite, parce qu’elle rencontrait un débouché dans ses vers ; que son théâtre a préservé sa vie, et qu’ayant traversé par sympathie toutes les folies et toutes les misères de la vie humaine, il pouvait s’asseoir au milieu d’elles avec un calme et mélancolique sourire, écoutant pour s’en distraire la musique aérienne des fantaisies dont il se jouait214. […] « Quand je suis née, une étoile dansait. » Ce mot de Béatrice peint ce genre d’esprit poétique, scintillant, déraisonnable, charmant, plus voisin de la musique que de la littérature, sorte de rêve qu’on fait tout haut et tout éveillé, et dans lequel celui de Mercutio se trouve à sa place. […] On rêve ailleurs avec la musique ; j’essaye ici de faire rêver avec des vers. » Là-dessus le prologue se retire, et voici venir les acteurs. […] La comédie, promenée dans une fantasmagorie de peintures, s’égare à travers le vraisemblable et l’invraisemblable, sans autre lien que le caprice d’une imagination qui s’amuse, décousue et romanesque à plaisir, opéra sans musique, concert de sentiments mélancoliques et tendres qui emporte l’esprit dans le monde surnaturel et figure aux yeux, par ses sylphes ailés, le génie qui l’a formée.

646. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Après la critique, critique de théâtre, de romans, de peinture ou de musique, voici mon auteur d’un acte de vaudeville qui me signale les poètes. […] Nos stalles, celle de mon compatriote et la mienne, étaient les dernières du 2e rang de la droite de l’acteur, et dans une loge de baignoire (nous appelons cela, nous autres de Bruxelles, loge de parterre), je remarquai, malgré toute mon attention portée vers la musique, deux dames fort belles, chacune dans un genre différent. […] J’avais lu le matin même dans le Figaro, des plaisanteries fort amusantes sur ce dernier, qui passe pour avoir composé des libretti de ballets pour l’Académie royale de musique. […] Les ouvrages de Mme Sophie Gay sont fort lus ; elle a composé une vingtaine de volumes et quelques pièces de théâtre, entre autres le libretto du Maître de Chapelle, et plus récemment celui du Chevalier de Canolle, dont la musique n’a eu que peu de succès. […] La Revue de Paris, la Revue des deux Mondes, sont les arènes familières dans lesquelles il fait jouter sa critique brillante, avec tout ce qui se présente au héraut d’armes de la publicité : peinture, musique, littérature, théâtre ; théâtre surtout.

647. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Les Débats de Jean-Jacques Rousseau. — Il apprend à lire dans les romans de La Calprenède ; — et dans les Vies parallèles de Plutarque. — Son départ de Genève et sa vie d’aventures. — Ce qu’on apprend à l’office et sur les grandes routes ; — liaison de Rousseau avec Mme de Warens ; — la vie des Charmettes, 1738-1741 ; — et, à ce propos, du roman que Flaubert a intitulé l’Éducation sentimentale. — Rousseau à Lyon. — Premier séjour de Rousseau à Paris, 1741 ; — son Projet concernant les nouveaux signes de musique ; — ses premières relations avec Grimm et Diderot. — Le séjour de Venise, 1743-1744 (Cf.  […] 3º Les Œuvres. — On peut diviser les Œuvres de Jean-Jacques Rousseau en trois principaux groupes, nettement délimités par les époques mêmes de sa vie, et dont il importe assez peu que les dates précises de publication ne soient pas exactement celles de leur composition. 1734-1759. — Narcisse, 1734 ; — Le Verger des Charmettes (en vers), 1736 ; — Dissertation sur la musique moderne et Projet concernant de nouveaux signes pour la notation musicale, 1742 ; — Les Muses galantes (opéra), 1743 ; — L’Allée de Silvie (en vers), 1747 ; — L’Engagement téméraire (comédie en vers), 1747. 1750-1765. — Discours sur les sciences et les arts, 1750 ; — et pièces relatives aux réfutations du Discours, 1751-1752 ; — Lettre sur la musique française, 1753 ; — Discours sur l’économie politique, 1755 ; — Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité, 1755 ; — Lettre sur les spectacles, 1758 ; — La Nouvelle Héloïse, 1760 ; — Le Contrat social, 1762 ; — l’Émile, 1762 ; — Lettre à l’archevêque de Paris, 1762 ; — Lettres de la Montagne, 1765 ; — Lettres sur la législation de la Corse, adressées à M.  […] 1765-1805. — Dictionnaire de musique, 1767 ; — Considérations sur le gouvernement de Pologne, 1772 ; — les Confessions (les six premiers livres) et les Rêveries d’un promeneur solitaire, 1782 ; — Confessions (les six derniers livres) et les Dialogues, 1790 ; — Lettres sur la botanique, 1805. […] George Sand, Le Mariage de Victorine], — et dans la sincérité de l’auteur, — presque tout ce qui manque aux drames de Diderot ; — et qu’ainsi l’honneur de Sedaine est d’avoir donné le véritable et premier modèle du drame tel que le traiteront plus tard les Scribe, les Augier, les Dumas, De quelques autres œuvres de Sedaine ; — et que le caractère en est d’être « aimables » ; — mais que la force et le comique y manquent ; — bien plus encore que le style ; — et quoi qu’en aient dit ses contemporains. — Qu’il doit beaucoup aussi sans doute à ses musiciens ; — notamment à Grétry ; — dont la musique lui a valu le plus grand de ses succès, Richard Cœur-de-Lion, 1784 ; — et son fauteuil d’académicien.

648. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Darwin se plaignait que la musique le fatiguait en le faisant penser trop fortement à l’objet de ses recherches. […] Dans le cas de Darwin, que la musique faisait trop fortement penser à ses études scientifiques, cette analogie s’affaiblit au point de disparaître peut-être entièrement. […] Il fallait au moins que l’écriture fût inventée, et la notation de la musique et un assez grand nombre d’instruments et bien des choses encore. […] Parfois sans doute on acquiert un renom excessif d’originalité en composant à point nommé de la musique rossinienne ou wagnérienne, ou bien des vers romantiques, parnassiens ou décadents. […] Vers la fin de 1850, il reprend un drame déjà esquissé par lui sur la mort de Siegfried, il le retouche, commence à composer sa musique.

649. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

On lit dans la correspondance de Grimm, à la date de février 1789 ; À la petite fête donnée par M. le duc de Nivernais au prince Henri, ce qu’il y eut de plus intéressant, ce fut un proverbe en musique dont le nom est : Une hirondelle ne fait pas le printemps. Les paroles et la musique sont de M. le duc de Nivernais… Pour faire concevoir le charme de ce joli petit ouvrage, il faudrait l’avoir vu représenter avec tout l’intérêt qu’inspiraient la présence du prince et celle de l’auteur.

650. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

— C’est une jolie musique que ce duo champêtre ; elle n’a qu’un défaut, celui d’être un peu fausse… Aussi bien nous y reviendrons. […] Landara, un pianiste incompris et idéologue qui fait de la musique philosophique et transcendantale, et qui, au besoin, vous traduirait, sur le piano, à livre ouvert, la Critique de la raison pure, de Kant, ou le système de Hegel.

651. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

L’article de Dora Marsden confirme l’inscription d’Action dans un réseau de revues internationales : il s’agit là du deuxième article repris à la revue The Egoist, après « La musique » de Leigh Henry publié dans le n° 1. […] Des rimes et des musiques gaies, pimpantes, allègres, où l’on entend en sourdine le fuselé des feuillages et la voix nerveuse d’un violon.

652. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Il suffit que nous bouchions nos oreilles au son de la musique, dans un salon où l’on danse, pour que les danseurs nous paraissent aussitôt ridicules. […] et ne verrions-nous pas beaucoup d’entre elles passer tout à coup du grave au plaisant, si nous les isolions de la musique de sentiment qui les accompagne ?

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