Ou plutôt, si je ne l’essayais pas, n’est-ce pas alors que le lecteur et M. […] On n’y est plus ; le fil se perd ; et le lecteur ferme le livre sur une impression, quelle qu’elle soit, qui n’est pas la vraie. […] Si ces observations pouvaient engager ceux de nos lecteurs qui peut-être ne les connaissent pas, à lire les Études sur l’Espagne de M. […] Si je vois bien dans tout cela l’influence de la « morale relâchée » des jésuites, et le châtiment de leur politique, je n’y vois pas l’action des Provinciales ; et je ne pense pas, si le lecteur y veut bien réfléchir, qu’il l’y voie plus que nous. […] Voilà tout le profit qu’un dévot, faux ou vrai, pouvait songer alors à tirer de sa dévotion ; et je laisse au lecteur à penser s’ils étaient beaucoup qui en fussent avides.
Nous demandons pardon à nos lecteurs de cette longue digression trop morale peut-être, mais nul exemple mieux que la vie de Rancé ne pouvait y donner sujet et illustrer la démonstration.
XI Il est assuré qu’on a trop pris le lecteur pour un sot frivole, à qui répugnerait tout aliment solide. « Faites-moi un Claude-Bernard léger », disait un éditor à son chroniqueur, le jour qu’on élevait la statue de cet extraordinaire penseur.
Il a changé ces vers en ceux-ci : Heureux si ses discours craints du chaste lecteur Ne se sentaient des lieux que fréquentait l’auteur.
Il ne faut pas croire au reste, que cette obscurité vienne du fond des matieres ; un esprit sage ne doit pas les traiter, quand il n’est pas capable de les éclaircir, & l’esprit net & méthodique sait rendre tout sensible : c’est ainsi que Bacon, Mallebranche, l’Auteur des Mondes, M. l’Abbé Condillac, ont trouvé moyen de mettre leurs idées à la portée de tout lecteur.
Le lecteur trouvera certainement juste d’attendre, pour les apprécier définitivement, que la Légende des Siècles ait paru en entier.
D’ailleurs, aujourd’hui, il n’est peut-être point hors de propos de remettre sous les yeux des lecteurs les deux pages qu’on vient de transcrire.
Aristote est dur & sec en tout ce qu’il dit ; mais ce sont des raisons que ce qu’il dit, quoiqu’il le dise sèchement : sa diction, toute pure qu’elle est. a je ne sçais quoi d’austère ; & ses obscurités naturelles ou affectées dégoûtent & fatiguent les lecteurs.
Je suis obligé d’y exposer mes idées sans les appuyer sur beaucoup de faits ou de citations d’auteurs, et je me vois forcé de compter sur la confiance que mes lecteurs pourront avoir dans l’exactitude de mes jugements.
Le lecteur observera que tout ce que je viens de dire ici, je l’ai dit des jugemens generaux que les gens du métier portent sur un ouvrage.
Les beautez dont ses ouvrages sont parsémez, étoient donc très-capables de plaire à des lecteurs qui ne connoissoient pas les originaux, ou qui en étoient assez idolâtres pour chérir encore leurs traits dans les copies les plus défigurées.
Remarquez bien qu’il ne s’agit plus ici d’une simple composition littéraire où le lecteur, placé dans une sphère convenue d’idées et de sentiments, se prête à toutes les illusions qui lui sont prescrites, et s’émeut vivement d’une création dont il a adopté d’avance toutes les données.
Un des lecteurs du Globe fut du moins de cet avis et crut trouver « quelque disproportion entre l’extrême mérite de l’ouvrage et le jugement favorable, mais très-mesuré, que le critique en avait porté. » (N° du 18 juin 1825.) — Ampère se remit au pas dans un autre article du 9 juillet suivant. […] Les critiques allemands, dans des occasions semblables, aiment à partir de la philosophie ; leur examen et leur discussion de l’œuvre poétique sont tels que leur commentaire explicatif n’est intelligible qu’aux philosophes de l’école à laquelle ils appartiennent : quant aux autres lecteurs, l’explication est pour eux beaucoup plus obscure que l’ouvrage qu’elle veut éclaircir. […] Ampère donc, tout en continuant de professer son cours, se découragea de le rédiger et d’y mettre la dernière main pour le public des lecteurs. […] Je sais encore qu’il y a des lecteurs (et c’est le grand nombre aujourd’hui) qui trouvent qu’Ampère a suffisamment rempli sa tâche littéraire en étant un voyageur érudit et agréable ; il en est même, de ceux qui l’ont particulièrement étudié (comme le prince de Broglie ou M. de Saulcy), qui estiment que tout s’est passé pour lui au mieux dans sa carrière errante, et qu’il n’y a sur son compte à avoir aucun regret. […] J’y renvoie le lecteur.
Esprit fin, poli, conversation souvent piquante, anecdotique ; et, plus au fond encore, pour les plus intimes, peinture vive et déshabillée des personnages célèbres, révélations et propos redits sans façon, qui sentaient leur xviiie siècle, quelque chose de ce que les charmantes lettres à sa femme, aujourd’hui publiées, donnent au lecteur à entrevoir, et de ce que le rôle purement officiel ne portait pas à soupçonner. […] Je ne discuterai pas les principaux faits de la vie de La Fayette depuis 89 jusqu’à sa sortie de France en août 92 ; de telles discussions, rebattues pour les contemporains, redeviendraient plus fastidieuses à la distance où nous sommes placés ; c’est à chaque lecteur, dans une réflexion impartiale, à se former son impression particulière. […] Il s’en applaudit, c’est sa prétention de Grandisson, comme on l’a dit, et plus fréquemment manifestée qu’il n’importerait au lecteur. […] Tout en profitant avec plaisir, comme lecteur, de ces instructives et continuelles confrontations, j’aime mieux La Fayette insistant sur les inconséquences opérées par corruption. […] Malgré la longueur, je n’ai pas voulu priver le lecteur de cette reproduction textuelle ; les citations découpées par la critique dessinent l’homme mieux que si l’on renvoyait au livre.
. — Du reste, j’espère qu’aucun lecteur ne me suppose assez faible pour vouloir défendre le christianisme réel, qui, dans les temps primitifs, avait, dit-on, quelque influence sur la croyance et les actions des hommes ; ce serait-là en effet un projet insensé ; on détruirait ainsi d’un seul coup la moitié de la science et tout l’esprit du royaume. Le lecteur de bonne foi comprendra aisément que mon discours n’a d’autre objet que de défendre le christianisme nominal, l’autre ayant été depuis quelque temps mis de côté par le consentement général comme tout à fait incompatible avec nos projets actuels de richesse et de pouvoir977. […] Pour égratigner, il déchire ; son badinage est funèbre ; par plaisanterie, il traîne le lecteur sur tous les dégoûts de la maladie et de la mort. Un ancien cordonnier, nommé Partridge, s’étant fait astrologue, Swift, d’un flegme imperturbable, prend un nom d’astrologue, compose des considérations sur les devoirs du métier, et, pour donner confiance au lecteur, se met lui-même à prédire. « Ma première prédiction n’est qu’une bagatelle ; cependant je la mentionne pour prouver combien ces vains prétendants à l’astrologie sont ignorants dans leurs propres affaires. […] Les anciens, dit-il, ont désigné les critiques, à la vérité en termes figurés et avec toute sorte de précautions craintives ; « mais ces symboles sont si transparents, qu’il est difficile de concevoir comment un lecteur de goût, doué de la perspicacité moderne, a pu les méconnaître.
Une croyance passionnée dans l’importance de leur peinture les soulève l’un et l’autre, et ils la font partager à leur lecteur. […] Que les directeurs de journaux les attirassent, c’est la preuve, chez le lecteur de cette époque, d’un niveau intellectuel qui semble avoir plutôt baissé. […] Le lecteur des romans déjà nombreux de M. […] Nous lui devons même le plus vivant des portraits de cet artiste en vers et en prose, dont tout lecteur ayant le sens de la langue a subi un jour la fascination, M. […] Le lecteur excusera la reprise si fréquente dans ce volume de cette théorie.
Il germe moins de basses pensées chez les lecteurs de Dante, ou de Gœthe, ou de Balzac, que chez ceux de M. […] Mais, comme il magnifie dans l’intensité d’un rêve épique ses actions et ses personnages, on peut dire qu’il leur donne dans l’esprit du lecteur un nimbe d’héroïsme. […] Les Poëmes de l’amour et de la mer ont un cent de lecteurs, L’Aurore en a une vingtaine, Les Symboles n’en ont point : bon signe. […] Et s’ils écrivent un long livre, c’est une si incohérente suite de contradictions flagrantes que le lecteur hésite : mystification ou folie ? […] J’ai dit le Passé et le Présent : j’en pourrais laisser la pénétration du lecteur déduire l’Avenir.
Il eût fait un tableau court, pathétique et chaud de la barbarie où nous étions jusqu’au règne de François Ier… Je demande si cela ne vaudrait pas mieux pour la gloire du poète et le plaisir du lecteur. […] On lui eût reproché de vouloir étonner plutôt qu’instruire son lecteur, et de songer bien plus à lui-même qu’au public. […] On eût dit qu’il mettait son lecteur de moitié dans ses incertitudes, et que, bien loin de vouloir emporter ou surprendre l’assentiment de personne, il vous invitât seulement à chercher avec lui. […] Je me contenterai d’y l’envoyer le lecteur. […] Je le voudrais, mais je n’ose ; et je renvoie le lecteur aux très beaux Traités du savant Palmieri, par exemple, ou du cardinal Mazzarella13.
Patin pour lecteur) a répondu par un compliment fort agréable, comme on en faisait dans l’ancienne Académie, comme on s’en permet trop peu dans la nouvelle, pas trop long, pas du tout théorique, où la fleur est sans épine, où l’anecdote pique sans arrière-pensée, et où les douceurs toutes bienveillantes ne laissent en rien apercevoir ce que M.
Comme il est très-érudit, il ramasse, traduit, combine des vers et des images de tous les côtés de l’horizon ; jamais rayons n’arrivèrent plus brisés que les siens à l’œil du lecteur.
Et de là, un malaise pour les lecteurs.
Boileau, l’ayant employé depuis en parlant des vers pleins de sel de Régnier, se hâta de le remplacer par ceux-ci : Heureux si ses discours, craints du chaste lecteur, Ne se sentaient des lieux où fréquentait l’auteur !
Un auteur gâte tout… On voit, par ce petit prologue, que La Fontaine méditait plus qu’on ne le croit communément sur son art et sur les moyens de plaire à ses lecteurs.
Mais, d’un autre côté, Virgile a pour certains lecteurs un avantage sur Racine : sa voix, si nous osons nous exprimer ainsi, est plus gémissante et sa lyre plus plaintive.
Tantôt il promène le lecteur jusqu’au bout d’une longue description fleurie pour l’arrêter tout d’un coup sur un demi-vers triste277. […] Je supplie le lecteur de les oublier, de s’oublier lui-même, de se faire pour un instant poëte, gentilhomme, homme du seizième siècle. […] Ainsi tous les jours j’apprends des nouvelles publiques et privées349. » — « Quel monde de livres ne s’offre pas, en tous les sujets, arts et sciences, pour le contentement et selon la capacité du lecteur ? […] » Il ne finit pas ; les mots, les phrases regorgent, s’accumulent, se recouvrent, et roulent emportant le lecteur assourdi, étourdi, demi-noyé, incapable de trouver terre au milieu de ce déluge. […] Ce n’est point un dialecticien, comme Hobbes ou Descartes, un homme habile à aligner les idées, à les tirer les unes des autres, à conduire son lecteur du simple au composé par toute la file des intermédiaires.
Il ne s’acharne pas, comme Pascal ou Descartes, à faire du discours un tissu qui prouve la puissance d’esprit de l’écrivain, mais qui excède la force d’attention du lecteur. […] Dès les premières pages, tout lecteur s’aperçoit que, pour être en pleine métaphysique, il n’est pas hors de chez lui, et il est ravi de se trouver plus philosophe qu’il ne croyait. […] C’est même un des charmes de cette lecture, qu’on ne songe guère à y faire des réserves littéraires, et qu’on est comme violemment débarrassé, dès l’abord, de ce droit si périlleux de juge que le lecteur a sur l’écrivain. […] A Rome, on se disputait les juges par des traités ex professo écrits en latin ; à Paris, on se disputait les lecteurs par des attaques et des répliques en français. […] S’il paraissait au lecteur que je n’en ai pas trop dit, ce serait une preuve que je n’en aurais pas dit assez.
de plus en plus réservé au silence et à la joie intime du lecteur. […] Sans nous aventurer si loin, disons qu’une fois fixé dans le livre, il a licence d’attendre ses lecteurs. Le poète écrira et imprimera sinon uniquement pour soi, du moins pour un lecteur éventuel, lointain ou proche. […] Le lecteur éventuel n’a sur lui aucune influence ; ni après ni avant, il ne saurait le modifier (je mets à part la littérature commerciale) : c’est lui, lecteur, qui recevra seul son empreinte, plus ou moins profonde, plus tôt ou plus tard. […] Au lecteur d’insister : tant pis s’il n’est pas digne de comprendre !
Pour la composition des autres, je serais très reconnaissant à ceux de nos lecteurs qui me feraient l’amitié de me dire ce qui les aurait surpris, embarrassés, choqués même dans la rapide synthèse, fatalement un peu tranchante ou simpliste, de l’autre jour. […] Assurément, il est très sincère lorsqu’il me présente aux lecteurs du temps sous les traits d’un féroce maniaque oscillant entre l’humour et l’illuminisme. […] dans tout vers remarquable d’un vrai poète, il y a deux ou trois fois plus que ce qui est dit : c’est au lecteur à suppléer le reste… " (œuvres posthumes.) […] Combien de lecteurs, qui entendent la musique des vers et qui n’en restent pas moins dans un état prosaïque ! Cette musique, néanmoins, est d’une telle nature, qu’à la manière d’un sortilège, elle provoque directement, dans l’âme profonde, non pas de tout lecteur, mais de quelques-uns, cette expérience de réalisation, d’union au réel.
Je crois utile de prévenir le lecteur que cette étude, d’un ordre purement littéraire, a été écrite avant les récents événements et ne présente avec eux aucun rapport. […] Et Goethe, au siècle dernier, le constatait déjà : « Pour le lecteur français, l’admiration est un joug insupportable. […] * * * Le lecteur a pu constater avec moi, dans ce rapide exposé, la façon dont le milieu historique influa profondément sur l’esthétique de ces auteurs. […] J’ai feuilleté, pris du souci d’y découvrir des indices de l’attention passionnée des lecteurs, bien des livres de Zola dans des bibliothèques où fréquente surtout, du bourgeois à l’ouvrier, toute la classe des gens qui lisent vite et mal. […] Cela prouve-t-il autre chose sinon que le lecteur se repaissait simplement des détails sans comprendre la terrible leçon de morale qu’ils concourent à former ?
Cette première édition, sans nom d’auteur, mais où il est assez désigné, renferme un Avis au Lecteur très-digne du livre, un Discours qui l’est beaucoup moins, qu’on a attribué à Segrais, qui me semble encore trop fort pour lui, et où l’on répond aux objections déjà courantes avec force citations d’anciens philosophes et de Pères de l’Église. Le petit avis au lecteur y répond bien mieux d’un seul mot : « Il faut prendre garde…, il n’y a rien de plus propre à établir la vérité de ces Réflexions que la chaleur et la subtilité que l’on témoignera pour les combattre141. » Voltaire, qui a jugé les Maximes en quelques lignes légères et charmantes, y dit qu’aucun livre ne contribua davantage à former le goût de la nation : « On lut rapidement ce petit recueil ; il accoutuma à penser et à renfermer ses pensées dans un tour vif, précis et délicat. […] Et encore : « Le meilleur parti que le lecteur ait à prendre est de se mettre d’abord dans l’esprit qu’il n’y a aucune de ces maximes qui le regarde en particulier, et qu’il en est seul excepté, bien qu’elles paroissent générales.
Je ne dois point passer à une autre considération sans mettre le lecteur en garde à ce sujet contre une erreur fort grave, et qui, bien que très grossière, est encore extrêmement commune. […] Afin de compléter l’exposition générale du plan de ce cours, il me reste maintenant à considérer une lacune immense et capitale, que j’ai laissée à dessein dans ma formule encyclopédique, et que le lecteur a sans doute déjà remarquée. […] Je n’ai pas besoin de rappeler l’importance de ce résultat, que le lecteur doit se rendre éminemment familier, pour en faire dans toute l’étendue de ce cours une application continuelle.
Le lecteur n’a pas besoin que je lui trace les justes bornes de cette analogie. […] Je ne discuterai point, au reste, les assertions que je viens d’exposer ; mais je n’ai pas voulu laisser ignorer au lecteur que ce sont des opinions plus ou moins admises par la plupart des archéologues qui se sont occupés du problème de la formation du langage, et par tous les théosophes sans exception. […] L’enfant invente sa langue dans le sens que l’homme invente la science qui lui est enseignée, dans le sens que le lecteur d’un livre invente aussi le livre qu’il lit.
Quand il s’agit d’un homme célèbre qui a marqué dans les œuvres de son temps, — et Balzac a fait plus que de marquer dans les œuvres du sien, — les ouvrages de cet homme n’importent pas seuls aux lecteurs. L’homme, le cerveau de l’homme, les développements successifs de ce cerveau, intéressent peut-être encore plus les lecteurs que ses ouvrages, et c’est pourquoi il n’est jamais permis de rien changer à l’ordre chronologique des œuvres d’un homme ; car le temps est l’accoucheur de la pensée ! […] Et ils l’ont introduite dans l’esprit des lecteurs aussi, qui ne sauront plus où ils en seront quand ils voudront apprendre comment s’est développé cet esprit, prodigieux de toutes manières, autant par sa nature que par ses développements, d’abord difficiles, mais qui, tout à coup, à un certain moment, partit en ligne droite, et foudroyant, comme le plus plein des boulets, après avoir fait, comme un boulet creux, tant de paraboles !
« Le capitaine des grenadiers du Hampshire, dit-il en prévoyant le sourire du lecteur, n’a pas été tout à fait inutile à l’historien de l’Empire romain. » L’homme de lettres en lui ne se laisse jamais oublier. […] [NdA] Je crains toujours dans ces portraits de pousser à la caricature, ce qui pour quelques-uns des personnages serait facile, mais ce qui est plein d’inconvénients et ce qui dérange pour le lecteur la vraie proportion des choses.
Un de ses amis, dans une préface ou avis au lecteur, le loue emphatiquement de ce travail d’ordonnance et de prétendue élégance, et estime qu’il n’a pas moins de mérite que le premier compositeur, par la raison « que ce n’est moindre louange de bien polir un diamant ou autre pierre fine, que de la trouver toute brute ». […] Il craignait de multiplier les difficultés pour les lecteurs peu familiers avec notre vieille langue : « Il nous a paru, disait-il, que nous avions assez fait pour les amateurs enthousiastes du vieux langage en leur donnant le texte pur des mémoires de Villehardouin. » Comme si, en pareille matière, il s’agissait d’enthousiasme et non d’exactitude, et comme si, parce qu’on a été exact une fois, on était dispensé de l’être une seconde !
Mais cet art de Bourdaloue ne sera tout à fait sensible aux lecteurs d’aujourd’hui que quand j’aurai démontré, par un exemple déterminé et bien choisi, de quelle manière il s’y prenait pour mêler à la gravité morale de son enseignement une de ces intentions précises, et quelque allusion non équivoque à un incident ou à un personnage contemporain. […] Il y a dans ces pages une sorte d’essai sur l’amitié humaine considérée dans les amitiés prétendues solides, et dans les amitiés sensibles et prétendues innocentes, qui nous présente un Bourdaloue plus familier et tel qu’il pouvait être dans la direction particulière des âmes : on trouve dans ce qu’il dit de la dernière espèce d’amitié entre les personnes de différent sexe bien de l’observation et même de la délicatesse ; j’y renvoie ceux de mes lecteurs qu’un essai de Nicole n’ennuie pas.
Daru, j’ai cherché à me bien rendre compte et de la nature et du détail même de certaines de ses fonctions, soit dans leur partie obéissante et passive, de pure exactitude, soit dans leur portion mobile et indéterminée où l’exécution même demandait un degré d’initiative et des combinaisons qui se renouvelaient sans cesse : je voulais ensuite rendre à mes lecteurs, dans une page générale et pourtant précise, l’impression que j’aurais reçue de cette analyse première. […] Ceux de mes lecteurs qui ont vu les lettres insérées dans Le Moniteur des 21 et 22 février 1854 auront eu d’autant plus de peine à bien comprendre le point en contestation qu’ils auront été plus attentifs à la lecture des articles et à l’esprit qui les a dictés.
Tel est le Béranger cher aux Prudhommes et aux Plumeretsde tous les temps, celui même qui est en horreur aux artistes, aux fantaisistes, à la fleur de la bohême ou des salons, aux amateurs du fin, aux lecteurs de Musset, aux aristocrates de race ou d’esprit, à Pontmartin comme à l’auteur de Madame Bovary, aux frères de Goncourt comme à M. […] Le mot souvent cité de Louis XIV à Mme de Sévigné, après une représentation d’Esther : « Il est vrai que Racine a bien de l’esprit », amène sous sa plume le commentaire que voici, à la portée de la jeune lectrice : « Le mot esprit pouvait s’appliquer ainsi alors.
Lisez-le bien dans cette suite de descriptions auxquelles on impute une teinte d’indulgence trop uniforme : le degré de blâme ou d’approbation résulte, pour les lecteurs attentifs, du degré d’attention et de développement qu’il y met, et aussi de la qualité de couleur qu’il y apporte. […] Sigognac, en se faisant comédien, déroge, il ne se dégrade pas : il s’honore plutôt aux yeux du lecteur comme aux siens.
On aurait plus d’une explication de ce genre à demander… Mais nous ne sommes en ce moment qu’un simple lecteur ; les historiens à venir seront, j’en avertis, plus curieux et plus exigeants. […] Comme simple lecteur, je ne puis m’empêcher de faire une observation : Marie-Antoinette parle d’une personne sûre et bien posée ; cette dernière locution m’étonne un peu au xviiie siècle.