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219. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Le contraste est frappant dans bien des cas, par exemple quand des nations en guerre affirment l’une et l’autre avoir pour elles un dieu qui se trouve ainsi être le dieu national du paganisme, alors que le Dieu dont elles s’imaginent parler est un Dieu commun à tous les hommes, dont la seule vision par tous serait l’abolition immédiate de la guerre. […] L’une d’elles est à la fois physiologique et psychologique. […] Mais l’une et l’autre peuvent exprimer que le bouleversement est un réarrangement systématique en vue d’un équilibre supérieur : l’image est alors symbolique de ce qui se prépare, et l’émotion est une concentration de l’âme dans l’attente d’une transformation. […] Mais à l’une et à l’autre la réponse est facile : la théorie platonicienne des Idées a dominé toute la pensée antique, en attendant qu’elle pénétrât dans la philosophie moderne ; or, le rapport du premier principe d’Aristote au monde est celui même que Platon établit entre l’Idée et la chose. […] Il est vrai que cette solution ne satisfera d’abord ni l’une ni l’autre des deux écoles qui se livrent un combat autour de la définition a priori de l’âme, affirmant ou niant catégoriquement.

220. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — I » pp. 12-13

Il y a deux histoires littéraires : l’une écrite et l’autre parlée.

221. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leclercq, Paul (1872-1956) »

Une lettre à Ibis, un conte légendaire, deux petites histoires orientales, je tiens l’une, La Besace de toile bise, pour parfaite en son genre, et une brève nouvelle de notre temps, La Vieille à l’Araignée, forment la première partie du livre ; et, déjà, j’indiquerai une différence dans la manière d’écrire de M. 

222. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Loyson, Charles (1791-1819) »

En effet, l’enclos poétique de Millevoye est singulièrement plus étroit que celui de Loyson ; l’horizon en est plus bas et plus borné… Millevoye était pareil à l’une de ces feuilles d’automne qui, détachées de la branche, se balancent un moment dans l’air humide, puis retombent en tournoyant sur le sol.

223. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Avec tous ses défauts, ce livre est assurément l’une des meilleures thèses que l’on ait soutenues en Sorbonne depuis quelques années, et c’est de plus l’un des meilleurs essais de littérature générale que nous ayons lus depuis déjà quelque temps. […] Et quand il ajoutait, à quelques lignes de distance : « Une philosophie sérieuse est naturellement pessimiste ; le pessimisme est l’une des doctrines, ou l’une des bases de la doctrine de Pascal », les théoriciens du pessimisme contemporain, s’ils étaient déjà nés, étaient du moins bien obscurs. […] et croyez-vous que Vinet se trompât quand il y voulait voir la doctrine ou au moins l’une des bases de la doctrine des Pensées ? […] L’une — la conformité avec l’histoire naturelle et la physique expérimentale — s’étalait un peu partout dans l’œuvre de ces dames : on nous permettra de n’y pas insister. […] Ailleurs, dans le Paysan parvenu, ce sont deux femmes du monde, galantes l’une et l’autre, que Marivaux nous a dépeintes, ou plutôt analysées.

224. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Je tâcherai au moins de faire accroire au grand-papa que je suis l’une et l’autre, et comme il aura peu d’objets de comparaison, je l’attraperai plus facilement. […] Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective ! […] [NdA] Tout bas, je demanderai à l’éditeur de vouloir bien ajouter à ces deux excellents volumes deux choses, l’une utile, l’autre nécessaire : une table et un errata ; une table qui a été omise, et un errata indispensable pour réparer quelques erreurs typographiques de noms, qui se sont glissées surtout dans les notes : ainsi le nom de l’évêque de Lisieux, précédemment évêque de Gap et d’Auxerre, M. 

225. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Nous croyons aussi qu’il y a intérêt et profit dans ce rapprochement, mais ce ne doit être au détriment ni de l’une ni de l’autre. […] Cependant, et sans prétendre nier cette profonde dissemblance originelle entre deux âmes, dont l’une n’a connu que l’amour maternel, et dont l’autre a ressenti toutes les passions, jusqu’aux plus généreuses et aux plus viriles, on trouve en elles, en y regardant de près, bien des faiblesses, bien des qualités communes, dont le développement divers n’a tenu qu’à la diversité des temps. […] Certes, une femme qui, mêlée dès sa jeunesse aux Ménage, aux Godeau, aux Benserade, se garantit, par la seule force de son bon sens, de leurs pointes et de leurs fadeurs ; qui esquive, comme en se jouant, la prétention plus raffinée et plus séduisante des Saint-Évremond et des Bussy ; une femme qui, amie, admiratrice de Mlle de Scudéry et de Mme de Maintenon, se tient à égale distance des sentiments romanesques de l’une et de la réserve un peu renchérie de l’autre ; qui, liée avec Port-Royal et nourrie des ouvrages de ces Messieurs, n’en prise pas moins Montaigne, n’en cite pas moins Rabelais, et ne veut d’autre inscription à ce qu’elle appelle son couvent que Sainte liberté, ou Fais ce que voudras, comme à l’abbaye de Thélème ; une telle femme a beau folâtrer, s’ébattre, glisser sur les pensées, et prendre volontiers les choses par le côté familier et divertissant, elle fait preuve d’une énergie profonde et d’une originalité d’esprit bien rare.

226. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

L’une perdit son premier mari, l’autre son père sur l’échafaud ; toutes deux subirent l’émigration ; mais les idées de l’une de ces personnes distinguées étaient déjà faites, pour ainsi dire ; ses impressions, la plupart, étaient prises. […] Le jour où quelque personne intime, en 1824, la surprenait le plus vive contre les projets de M. de Villèle, tenant en main la brochure du comte Roy sur le 3 pour 100, s’en animant comme en connaissance de cause, et présageant par cette noble faculté d’indignation, qui était restée vierge au milieu du monde, la rupture inévitable de son éloquent ami, ce jour-là peut-être elle avait médité le matin sur l’une des Réflexions chrétiennes qu’elle s’efforçait de mûrir.

227. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

. — En apparence, elles sont irréductibles l’une à l’autre. — Roue de Savart et sirène d’Helmholtz. — Son musical. — La sensation continue se compose alors de sensations élémentaires successives. — Cas des sons très graves. — Nous pouvons alors démêler les sensations élémentaires successives. — Chacune d’elles a une durée et passe d’un minimum à un maximum d’intensité. — Cas des sons musicaux quelconques. — Expérience de Savart. — Nombre énorme des sensations élémentaires qui se succèdent en une seconde pour former la sensation totale d’un son aigu. — Ce nombre croît à mesure que le son devient plus aigu. — En ce cas, les sensations élémentaires cessent d’être démêlées par la conscience. — Aspect que doit prendre la sensation totale. — Elle le prend en effet. — Les caractères de grave, d’aigu, de haut, de bas, de large, d’effilé, d’uni, de vibrant, que nous trouvons dans la sensation totale, s’expliquent par l’arrangement des sensations élémentaires. […] Enfin ce dernier genre contient beaucoup d’espèces qui paraissent irréductibles l’une à l’autre, explosions, cliquetis, grincements, bourdonnements, bruissements, et qu’on est obligé de désigner par le corps et la condition extérieure qui les produisent, son d’un marteau, d’une vitre, d’un morceau de bois, du papier froissé, etc. — Dans ce grand amas, on distingue deux qualités capables de degrés, l’intensité et l’acuité ; à cet égard, les divers sons font une échelle ; à tous les autres égards, ils sont juxtaposés, vaguement rapprochés les uns des autres, comme les odeurs et les saveurs, sans que personne puisse dire en quoi consiste ce rapprochement ; par exemple, le timbre, comme le bruit, est une chose qu’on ne définit pas. […] Étant données deux sensations élémentaires continues, l’une précédente, l’autre suivante, toutes deux réunies forment pour la conscience une sensation totale unique que nous nommons sensation du son. — Si toutes deux sont semblables, le son est musical ; si elles sont dissemblables, le son est un bruit. — Si, dans le couple ainsi formé, les éléments sont de durée plus longue, le son est plus grave ; s’ils sont de durée plus courte, le son est plus aigu. — Dans chaque sensation élémentaire, il y a un maximum ; et à mesure que les deux maxima se rapprochent dans le temps, le son est plus uni. — Si les maxima d’un couple sont plus grands que ceux d’un autre, le son total du premier couple est plus intense que le son total du second. — Si au son total s’ajoutent des sons complémentaires moins intenses et deux, trois, quatre ou plusieurs fois plus aigus, les timbres varient avec la variation des complémentaires. — Concevez deux données, d’une part la sensation élémentaire, d’autre part cette quantité qu’on appelle le temps ; vous avez les matériaux nécessaires pour construire les sensations de son. — Deux sensations élémentaires sont discontinues ou continues, c’est-à-dire séparées par une portion appréciable ou non de cette quantité ; alors le son est nul ou appréciable. — Elles occupent des portions égales ou inégales de cette quantité ; alors le son est musical ou non musical. — Les portions ainsi occupées sont plus grandes ou plus petites ; le son est plus grave ou plus aigu. — Concevez maintenant la grandeur ou intensité de la sensation élémentaire elle-même ; avec cette nouvelle donnée, la construction s’achève. — La sensation élémentaire ayant un maximum de grandeur, les maxima de deux sensations élémentaires peuvent être discontinus ou continus, c’est-à-dire séparés par une portion de temps appréciable ou non ; alors le son est composé de portions appréciables ou uni. — Les maxima de deux sensations élémentaires sont plus ou moins grands que les maxima de deux autres ; alors le son est plus ou moins intense. — Au même son s’ajoutent divers groupes de sons moins intenses, mais dont l’acuité est un multiple de la sienne ; alors le son a tel ou tel timbre. — En sorte que toutes les différences de son, en apparence irréductibles, se réduisent à des différences de grandeur introduites dans la même sensation élémentaire, ces différences étant fournies tantôt par la grandeur ou intensité de la sensation elle-même, tantôt par cette grandeur particulière que nous nommons le temps.

228. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

En 1800, on était à l’une de ces époques où l’esprit public tend à se reformer. […] Il y a, pour la critique moderne des journaux, deux filiations, deux lignées distinctes : l’une honnête, scrupuleuse, impartiale, née de Bayle ; l’autre, née de Fréron. […] Placé entre une convenance et une vérité, il eût craint également de manquer à l’une ou à l’autre.

229. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

s’écrie-t-il : Premier ministre dans l’une ou tribun dictateur dans l’autre ! […] Horace, Pétrone, Salomon lui-même, qui était déjà de la décadence, ils aiment tous à mêler l’idée de la mort et du néant à celle du plaisir, à aiguiser l’une par l’autre. […] Je ferais volontiers ma femme de l’une et ma maîtresse de l’autre. »

230. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Le compte que rendit de Warwick L’Année littéraire se composait surtout de deux lettres adressées au rédacteur, l’une de Dorat et l’autre d’un anonyme, et l’on ne peut dire que La Harpe n’y reçût point une part d’éloges très suffisante. Sur cette prétention que témoignait La Harpe d’être haï d’une foule de personnes, on faisait, dans l’une de ces deux lettres, cette remarque assez spirituelle : Un jeune petit maître se vante par air d’être aimé de beaucoup de femmes ; les jeunes poètes ont la même vanité, ils se supposent beaucoup d’ennemis. […] Le gouvernement, afin d’éviter les querelles indécentes, avait désiré que les journaux gardassent le silence sur Voltaire, lorsque, cinq semaines environ après sa mort, La Harpe, rendant compte dans le Mercure (5 juillet 1778) des pièces que venait de jouer la Comédie-Française, Tancrède et Bajazet, se permit quelques observations sur cette dernière tragédie, regardée généralement, disait-il, comme l’une des plus faibles de Racine.

231. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Il existe deux espèces de romantisme, dont l’une est l’émanation, et, pour mieux dire, la dégénération de l’autre. […] Nos malheurs nous ont rendus, sinon plus sensés, du moins plus sérieux ; nos âmes, longtemps froissées par le choc des événements extérieurs, aiment davantage à rentrer, en elles-mêmes, pour y trouver quelque repos ; la religion a repris tout son empire, et la morale tous ses droits, ou du moins on n’outrage plus impunément l’une ni l’autre. […] Un sujet de la Grèce antique, où l’homme de tous les lieux et de tous les siècles sera peint fidèlement, sous le costume rigoureusement observé de Mycènes, d’Argos ou de Sparte, réunira, pour des spectateurs modernes, les deux conditions qui constituent cette vérité : un sujet moderne pourra les enfreindre l’une ou l’autre, si les sentiments naturels sont faussement exprimés, ou les mœurs sociales inexactement rendues.

232. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Ils ont même fait synonymes ces deux appellations dont l’une exprime tout juste le contraire de l’autre. […] Qu’on le veuille ou non, il y aura donc des écoles et tout littérateur qui, sous prétexte d’indépendance, ne voudra pas faire partie de l’une d’elles, n’aura aucune influence sur ses contemporains. […] Mais si nombreuses que soient leurs écoles, elles peuvent facilement se ramener à deux : l’une qui cherche son idéal dans le passé, l’autre dans l’avenir.

233. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Levengard, Pol = Loewengard, Pol (1877-1917) »

Pierre Quillard Les Pourpres mystiques : L’une des pièces du recueil est épigraphiée des vers de Verlaine : Dans un palais soie et or, en Ecbatane.

234. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 320-321

Un Panégyrique de Saint Louis, & trois Oraisons Funebres ; l’une de M. le Dauphin, l’autre de la Reine, la troisieme de Louis XV, prouvent ses talens pour l’éloquence de la Chaire, & le font blâmer d’avoir abandonné une carriere que de justes succès devoient l’engager à parcourir plus long-temps.

235. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 466-467

Il faut néanmoins convenir que ces deux derniers Ouvrages, accompagnés de notes historiques & critiques, annoncent un Littérateur érudit, qui, malgré la froideur de son style, écrit beaucoup mieux que la plupart de ses confreres de l’une & l’autre Académie.

236. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 176-177

M. de Mairan, dans un autre genre de style, mais toujours assaisonné d’une raison lumineuse & nourrie par des connoissances profondes, a traité avec succès l’une & l’autre matiere, en sorte que l’estime de ses Concitoyens a été confirmée par les éloges de tous les Savans de l’Europe.

237. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Préface (1831) »

Il y a quelques années qu’en visitant, ou, pour mieux dire, en furetant Notre-Dame, l’auteur de ce livre trouva, dans un recoin obscur de l’une des tours, ce mot gravé à la main sur le mur : ἈNΆГKH.

238. (1870) La science et la conscience « Avant-propos »

La science et la conscience, affirmant le oui et le non sur les attributs essentiels à la nature humaine, deviennent ainsi suspectes, l’une aux savants, l’autre aux moralistes.

239. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

« Isabelle m’a demandé du café pour mardi dernier, écrit-il à l’une d’elles. […] Mais comme il s’agit de la Corse et de Sainte-Hélène, il faut entendre que les deux îles, avec les deux océans qui les baignent, sont séparées l’une de l’autre par le continent africain. […] Si l’imitation fidèle de la nature et de la vie est sa doute l’une des fins du roman ou du théâtre, il y en a d’autres, dont l’interprétation ou l’idéalisation du monde et de la réalité en est une. […] Si c’est, comme je le crois, la leçon, ou l’une des leçons qui se dégagent de la conclusion du roman de M.  […] Prendre une métaphore pour une réalité, si c’est l’une des grandes causes d’erreur qu’il y ait dans toutes ces « sciences » de formation récente, — linguistique, anthropologie, ethnographie, sociologie, — M. 

240. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gineste, Raoul (1849-1914) »

Dans l’une, le poète a concentré sa rêverie : là, dans quelques échappées de philosophie mélancolique et résignée, apparaît peut-être mieux qu’ailleurs « la couleur de son âme ».

241. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Saint-Marc Girardin : on voit que l’œuvre et l’auteur tiennent par tous les liens à la famille de l’Université comme à la famille du Journal des débats : ils en portent le cachet, et ils font honneur à l’une et à l’autre. […] Et en effet, qu’on y songe un peu : pour que le combat entre l’Antiquité et les temps modernes se pût engager dans toute son étendue et sur toute la ligne, il fallait deux conditions essentielles, l’une qu’il y eût une Antiquité bien connue, bien en vue, bien distincte et comme échelonnée sur les hauteurs du passé, l’autre qu’il y eût une époque moderne, bien émancipée, bien brillante et florissante, un grand siècle déjà et qui parût tel aux contemporains.

242. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Il a tenu les hommes séparés, il les a empêchés de se concerter, il a si bien fait, qu’ils ne se connaissent plus, que chaque classe ignore l’autre classe, que chacune se fait de l’autre un portrait chimérique, chacune teignant l’autre des couleurs de son imagination, l’une composant une idylle, l’autre se forgeant un mélodrame, l’une imaginant les paysans comme des bergers sensibles, l’autre persuadée que les nobles sont d’affreux tyrans. — Par cette méconnaissance mutuelle et par cet isolement séculaire, les Français ont perdu l’habitude, l’art et la faculté d’agir ensemble.

243. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Exposer son sujet, c’est-à-dire indiquer le temps, le lieu, toutes les circonstances particulières, présenter les personnages, marquer les caractères, annoncer l’action qui va mettre aux prises ces personnages et ces caractères, en rappelant tous les événements antérieurs qu’il est nécessaire de connaître pour comprendre ce qui va se passer ensuite ; développer le sujet, c’est-à-dire montrer le jeu des caractères, l’évolution des idées et des sentiments, la série des faits qui résultent des états d’âme et qui les modifient aussi, faire agir en un mot et souffrir les personnages, dénouer enfin le sujet, c’est-à-dire pousser l’action et les caractères vers un but où l’une s’achève et les autres se complètent, de telle sorte que le lecteur n’ait plus rien à désirer et que toutes les promesses du début soient remplies, voilà la formule classique de l’œuvre dramatique, qui s’adapte merveilleusement aux conditions des brèves narrations. […] Même si elles sont étrangères l’une à l’autre, elles n’ont pas le souci de se faire connaître, d’étaler leur caractère.

244. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Seulement Monsieur l’a passée à Madame, et l’une est aussi badaude que l’autre. […] Laurent Tailhade, l’une des dernières fois qu’il batailla contre le Muffle, je suis sûr que le conférencier ne parle pas pour instruire mais pour plaire.

245. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Une soif brûlante, l’une des tortures du crucifiement 1173, le dévorait. […] Deux considérations historiques, dont l’une est assez forte, peuvent d’ailleurs être invoquées en faveur de la tradition.

246. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Mais tout cela, qui est imposant et frappant, n’est pas la figure calme, correcte, gracieusement triste et désabusée, et souverainement raisonnable, de la marquise de Créquy des Lettres, une femme qu’il faut mettre entre Madame de Maintenon et Madame Du Deffand, plus bas que l’une et plus haut que l’autre. […] Excepté l’affection maternelle, dont elle fut victime, elle n’eut jamais que deux sentiments, et les plus mâles que pût éprouver un cœur de femme, deux amitiés pour deux hommes avancés dans la vie : l’une pour son oncle, le bailly de Fronlay, et l’autre pour Sénac de Meilhan, à qui sont adressées les Lettres.

247. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

On n’est jamais compté par lui qu’à l’une ou l’autre de ces deux conditions : ou lui donner un plaisir ou du moins une émotion quelconque, ou lui apprendre quelque chose qu’il ne savait pas ; et c’est ce que ne feront point, je vous assure, ces Œuvres et Correspondances inédites ! […] La Course au lac d’Onéida et les Quinze jours dans le Désert sont, il est vrai, des relations plus intéressantes et plus sincères, mais elles ne sont pourtant, l’une et l’autre, que la relation d’un homme bien élevé, qui voyage et qui écrit comme tous les hommes bien élevés.

248. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Athanase Renard, qui signe : le docteur Athanase Renard, est un médecin qui a mêlé la Philosophie à l’observation physiologique… non pour tuer l’une par l’autre, comme tant de physiologistes, mais pour sauver l’une de l’autre, qui, en ce moment, veut la tuer.

249. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Après s’être condamnées à tant d’épreuves et de souffrances mutuelles, ces deux Églises ont appris, par leur propre expérience, qu’elles ne peuvent se détruire l’une l’autre, et qu’il est dans leur destinée de vivre ensemble sur la face du globe… » Ainsi, selon Guizot, le Christianisme est une chose, et le catholicisme et le protestantisme deux autres choses, sorties de celle-là ; il y a égalité de deux Églises. […] Puisqu’on nous a fait l’insolence des deux Églises parallèles, il faut qu’on puisse voir dans la vie des fondateurs de l’une comme de l’autre de ces Églises, et (que Dieu me pardonne d’unir forcément ces deux noms !)

250. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Réunies, ou plutôt versées l’une dans l’autre, l’une l’Humour, c’est la faculté la plus opposée à la forme qu’elle emploie, et l’autre, à son tour, le Sonnet, est la forme la plus résistante à la faculté qu’il embrasse.

251. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Il a de l’humour et de l’observation, ce n’est pas douteux, mais il n’a assez de l’une ni assez de l’autre pour avoir une personnalité dans l’une ou dans l’autre.

252. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Ces refus irritèrent le Consul ; la liaison de madame Récamier avec madame de Staël, deux femmes qui régnaient, l’une par la beauté, l’autre par le génie, lui parut suspecte ; il ne voulait point d’empire en dehors du sien ; la jalousie, qui ordinairement monte, descendit cette fois jusqu’à disputer l’ascendant sur des sociétés de jeunes femmes ; le premier dans l’Europe, mais aussi le premier dans un village des Gaules, c’était sa nature ; le pouvoir absolu ne peut laisser rien de libre sans jalousie, pas même deux cœurs. […] L’amitié de ces deux femmes l’une pour l’autre prouve le sentiment d’une affection sans jalousie dans l’auteur de Corinne, et le sentiment d’une affection sans envie dans madame Récamier. Brillantes dans des sphères si diverses, ni l’une ni l’autre ne craignait d’éclipser ou d’être éclipsée. […] Tel fut Ballanche ; je l’ai beaucoup connu ; j’ai assisté, au pied de son lit, à ses dernières contemplations de l’une et de l’autre vie ; je l’ai vu vivre et je l’ai presque vu mourir dans cette petite mansarde de la rue de Sèvres d’où il pouvait voir la fenêtre en face de son amie, madame Récamier. […] Nous avons connu cette belle personne, célèbre aussi par un talent européen ; nous en avons également connu deux autres, honorées de cette amitié, l’une restée dans une mystérieuse obscurité jusqu’à aujourd’hui ; l’autre, femme toute politique, d’un esprit, d’une insinuation et d’un éclat qui pouvaient rivaliser avec les héroïnes les plus illustres de la Fronde.

253. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

D’un autre côté, la marche de l’humanité n’est pas simultanée dans toutes ses parties : tandis que par l’une elle s’élève à de sublimes hauteurs, par une autre elle se traîne encore dans les boues qui furent son berceau, et telle est la variété infinie du mouvement qui l’anime que l’on pourrait à un moment donné retrouver dans les différentes contrées habitées par l’homme tous les âges divers que nous voyons échelonnés dans son histoire. […] S’il y a pour nous une notion dépassée, c’est celle des nations se succédant l’une à l’autre, parcourant les mêmes périodes pour mourir à leur tour, puis revivre sous d’autres noms, et recommencer ainsi sans cesse le même rêve. […] La vraie psychologie de l’humanité consisterait à analyser l’une après l’autre ces vies diverses dans leur complexité, et, comme chaque nation a d’ordinaire lié sa vie suprasensible en une gerbe spirituelle, qui est sa littérature, elle consisterait surtout dans l’histoire des littératures. […] C’est un tableau mouvant où les masses de couleurs, se fondant l’une dans l’autre par des dégradations insaisissables, se nuanceraient, s’absorberaient, s’étendraient, se limiteraient par un jeu continu. […] Burnouf comparer cette divergence aux coupes que ferait un emporte-pièce sur une même surface, ou mieux à deux cartes de la même région à des époques diverses superposées l’une à l’autre.

254. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Cette intime pénétration de la sensibilité par l’intelligence est l’une des causes principales du progrès moral et esthétique. […] Comme nous l’avons vu, ce temps fort se borne dans la majorité des cas à subdiviser le vers en deux parties, l’une de quatre et l’autre de huit pieds. […] Certains hiatus, comme il y a, sont harmonieux à cause de la parfaite fusion des voyelles l’une dans l’autre. […] D’un cerveau ainsi façonné les idées partent l’une après l’autre, comme les coups de feu de jeunes recrues qui ne savent pas tirer encore. […] La vérité est que, dans l’esprit du poète, la rime et la pensée s’influencent l’une l’autre, s’attirent et gravitent pour ainsi dire l’une autour de l’autre sans jamais confondre entièrement leur marche et sans jamais se heurter.

255. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

L’une, Sophie, est une vieille fille qui, un instant, ne saura pas si la tendresse de Virquot l’ingénieur ne l’a aucunement touchée. […] L’auteur des Anges gardiens n’a point commis l’une de ces fautes, ni l’autre. […] Les deux puissances de l’ordre et du désordre ont l’une et l’autre donné toute leur efficacité. […] Elles étaient, l’une et l’autre, si jolies, que je les pris pour des nymphes. […] l’une et à l’autre, vous avez été mes petites amies les plus émouvantes.

256. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Mais, selon les temps, la majorité passe de l’une de ces deux tendances à l’autre. […] A la vérité, il reste encore, non pas une caste, mais une classe d’initiateurs et une classe d’initiés, mais celles-ci, sinon confondues, du moins tellement voisines l’une de l’autre, et l’une se recrutant elle-même et se puisant si continuellement dans l’autre, que la distance qui séparait autrefois ceux qui recevaient la religion de ceux qui la dispensaient a pour ainsi dire disparu. […] Il entre donc à peu près autant d’inconnu, et il est besoin d’à peu près autant d’hypothèses dans l’une que dans l’autre. […] L’une et l’autre sont jeu très dangereux, doublement dangereux, sans doute, quand on mêle l’une à l’autre et quand on prétend éclairer les indications obscures de celle-ci par les lumières douteuses de celle-là. […] De décider si le Dieu homme a une double volonté, l’une divine, l’autre humaine.

257. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Carle Van Loo » pp. 92-93

L’une par devant, à qui l’on présente une chemise, et l’autre par derrière.

258. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

D’une seule ligne de contour le dessinateur a découpé deux silhouettes identiques, engagées l’une dans l’autre comme les pièces d’un jeu de patience. […] Quand deux sensations ont été fortement associées dans notre imagination, non seulement l’une nous fait penser à l’autre, mais nous avons une tendance à les fondre l’une dans l’autre ; leur association devient une véritable combinaison. […] Dans tout symbole par transposition on trouverait de même ces deux significations, l’une positive, l’autre figurée, reliées entre elles de telle manière que nous puissions passer sans trop d’effort de l’une à l’autre. […] Mais on peut dire que l’une ne va guère sans l’autre. […] Quelle joie pour un artiste, de pétrir l’une sur l’autre ces formes diverses, et de les relier par de beaux raccords !

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