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390. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Le jugement, attendu par le public de toutes classes avec une curiosité inexprimable, fut bizarre et à double tranchant : par arrêt du 26 février 1774, Mme Goëzman fut condamnée à être mandée à la Chambre « pour, étant à genoux, y être blâmée » ; et Beaumarchais de même ; de plus, ses Mémoires furent condamnés à être brûlés par la main du bourreau, comme injurieux, scandaleux, diffamatoires. Pour ce beau jugement, le Parlement resta assemblé depuis cinq heures du matin jusqu’à près de neuf heures du soir. […] Pendant ce temps-là le Parlement Maupeou croulait ; on jouait Le Barbier de Séville à Paris ; Beaumarchais, relevé de son jugement avec pompe, saisissait tous les à-propos, toutes les occasions de faire bruit et fortune, épousait les causes à la mode, devenait l’approvisionneur et le munitionnaire général des États-Unis insurgés, et entrait, le vent en poupe et toutes voiles dehors, dans cette vogue croissante qui ne s’arrêta plus qu’après Le Mariage de Figaro.

391. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Il est permis de se demander dans ce cas à quelle nature peuvent bien faire allusion les auteurs de ce singulier jugement ; à une nature, sans doute, où l’air ne vibre pas, où les êtres se développent dans l’atmosphère d’un souterrain, où les regards imprégnés de lassitude sont tournés au dedans, où les mille aspects des choses, en un mot, sont contraire à la réalité, à ce que nous voyons et sentons. […] Le portrait de femme par Burne-Jones, exposé au salon du Champ-de-Mars en 1896, celui auquel nous faisions allusion au début de cette étude, et qui présente tous les défauts de l’artiste poussés à leur plus haute puissance, fut l’objet, de la part d’un critique parisien37, d’un jugement cruel mais juste, que je prends plaisir a mentionner ici, en l’opposant aux louanges enthousiastes qui ont accablé l’artiste au cours de sa carrière : Hélas ! […] Bon œuvre demeurera l’exemple de la plus extraordinaire aberration de la peinture, et j’imagine que l’avenir, s’il prend souci de comparer les œuvres des préraphaélites avec les jugements qu’elles ont suscités, demeurera stupéfait de ce que l’on ait pu, pendant de longues années, considérer comme de la peinture, ce qui n’en est le plus souvent que la parodie ou la négation.    

392. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 301

Ses Ouvrages de Morale annoncent un homme qui connoît assez le cœur humain, mais dont les idées, en général, ne sont ni neuves, ni bien exprimées ; ses Ouvrages de Littérature annoncent un homme d'esprit, mais qui manque de goût, & souvent même de jugement.

393. (1924) Critiques et romanciers

Impersonnels, les jugements de Brunetière ? […] Ce qu’il préserve ainsi, avec une jalousie attentive, c’est la bonne foi de ses jugements. […] Ses jugements n’étaient que des impressions, disait-il : non point furtives, mais étudiées. […] Plus exactement, il refusait le jugement littéraire ; et il approuve et il réclame le jugement que j’appellerai social. […] Ce jugement général, que l’auteur ne formule pas, résulte clairement de son ouvrage.

394. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 154

Il auroit dû seulement être plus circonspect dans le jugement qu’il porte sur les caracteres de la Bruyere.

395. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 154

Il a composé aussi un Parallele de Corneille & de Racine : ce qui en résulte de plus clair, c’est qu’avec un jugement peu sain, un goût médiocre, un style lourd, incorrect & diffus, il n’auroit pas dû prendre sur lui de juger du mérite de ces deux Poëtes.

396. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Le stile. » pp. 145-146

Ces disputes sur le stile peuvent, à force d’objections faites avec jugement de part & d’autre, devenir aussi lumineuses qu’utiles, & mettre sur la voie pour s’en former un.

397. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Sans prétendre suivre en détail La Fayette dans son personnage politique à dater de 89, j’aurai pourtant à parcourir ses Mémoires pour l’appréciation de quelques-uns de ses actes, pour le relevé de quelques-uns de ses portraits anecdotiques ou de ses jugements. […] Dans un écrit intitulé Souvenirs au sortir de prison 86, La Fayette récapitule et rassemble ses propres sentiments mûris, ses jugements des hommes au moment de la délivrance, et la situation sociale tout entière : c’est une pièce historique bien ferme et de la plus réelle valeur. […] La Fayette est alors en Hollande ; on parle d’une invasion prussienne ; il la croit combinée avec la France et ne s’en inquiète ; elle, madame de Tessé, un peu peureuse comme madame de Sablé, avec laquelle, par l’esprit, elle a tant de rapports, lui écrit de ne pas compter sur ce sang-froid qui pourrait bien l’abuser en ses jugements. […] La bonne critique n’est souvent qu’une bordure. — Et puis, en me livrant tout à l’heure à mon extrême analyse, je comptais bien en corriger à temps l’impression, en recouvrir la minutie un peu sévère, par l’effet de ce large morceau, devenu en tout nécessaire au complément de ma pensée et à la proportion de mon jugement. […] Pourtant la forme même de l’éloge académique interdisait certains jugements et certaines révélations.

398. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

elle se grise facilement, cette imagination romantique, et alors elle voit trouble, et tombe dans des jugements exactement inverses, mais exactement aussi faux, injustes, étroits et bornés qu’aucun de ceux que porta jamais la froide raison du dix-huitième siècle. […] L’artiste reste toujours plus ou moins enfant, plus ou moins soumis à l’influence du milieu où s’est formé son génie : le critique doit être homme, et s’affranchir par un acte viril d’indépendance, de tous les préjugés où son jugement s’est formé d’abord, mais comme nos corps se développent dans des langes et dans des maillots. […] Ton érudition était « effrayante » ; mais, dans la plus grande érudition il n’y a encore ni politesse ni jugement. […] Il rit volontiers ; mais il veut que son rire soit provoqué par un jugement. […] Il voulait faire entendre au Roi qu’au jugement de Dieu il lui serait reproché de lui avoir ôté sa femme.

399. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 368

On nous a conservé une anecdote sur son compte, qui prouve combien la prévention est capable d’égarer le jugement.

400. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 139

Ses Tragédies, au dessous du médiocre, prêterent au ridicule ; son injustice contre Racine fit tort à son jugement, & prouva que les femmes sont encore plus extrêmes que les hommes, quand l’esprit de cabale les conduit.

401. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 484

Hardion a beaucoup travaillé, mais ses Ouvrages ne sont le plus souvent qu’une compilation où le jugement & la saine critique n’ont pas universellement présidé.

402. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 54

Son Voyage d’Italie est écrit avec autant d’ordre & de méthode, que de jugement & d’érudition.

403. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 390

Plein de sagacité, de lumieres, & de jugement, plein de connoissances profondes, de justesse, & de précision, il répandit le plus grand jour sur la Jurisprudence, & son autorité est encore aujourd’hui décisive dans le Barreau.

404. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 360

« Plans simples, & presque toujours pris dans le cœur du sujet ; style facile, uni, coulant, assez concis, mais sans sécheresse, plus délicat que recherché, ne s’élevant qu’avec les choses qu’il traite, en n’ empruntant jamais sa force que de l’énergie même des objets ; & coloris, en général, aussi doux qu’égal : voilà, dit M. de Querlon, l’idée que nous donnerions de son genre. » Nous adoptons cette idée avec d’autant plus de confiance, qu’elle est conforme à la vérité, & que le Journaliste a prononcé ce jugement après la mort de l’Auteur.

405. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 187

C’est le jugement qu’en portent les Auteurs du Nouveau Dictionnaire historique.

406. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 208-209

Il semble que le jugement de l’Auteur tienne moins aux regles qu’à ses inclinations.

407. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 394

Brun, [Pierre le] Oratorien, né à Brignolles, mort en 1629, a écrit contre les Sorciers, & croyoit aux Sorciers : cependant son Histoire critique des pratiques superstitieuses est pleine d’érudition, & assez pourvue de jugement, excepté quand il en est à l’article des sortiléges, dont il combat le ridicule en admettant souvent des faits que la raison auroit dû rejeter.

408. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Mais encore une fois, c’est là le pendant, la contre-partie des jugements que portait tout bon Français d’avant le romantisme sur Shakespeare ou sur Calderon. […] Dans ce dernier cas, il n’y a de profitable que le jugement de la multitude. […] La multitude au jugement de laquelle on en a appelé conserve plus longtemps que les coteries la reconnaissance qu’elle vous doit pour le soin que vous avez mis à lui plaire… » Horace était d’avis qu’un peintre doit exposer, que c’est un devoir surtout pour un artiste aimé et accepté du public. […] La peinture est une maîtresse qui passe de main en main sans jamais vieillir ; avec un peu de jugement on doit s’en éloigner avant quelle ne vous joue de mauvais tours ; du reste, c’est le secret de la vie tout entière.

409. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Je ne partage pas l’erreur des jugements littéraires de notre temps. […] Le monde, dont les jugements sont rarement tout à fait faux, voit une sorte de ridicule à être vertueux quand on n’y est pas obligé par un devoir professionnel. […] Ma part a été bonne et ne me sera pas enlevée ; car je m’imagine souvent que les jugements qui seront portés sur chacun de nous dans la vallée de Josaphat ne seront autres que les jugements des femmes, contresignés par l’Éternel.

410. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Notes sur Tristan et Isolde Dire sous l’influence de quelles conditions l’œuvre d’un artiste a été conçue et exécutée, c’est contribuer à la formation d’un jugement sain sur l’œuvre et sur son auteur ; c’est ce que je voudrais tenter pour Tristan et Isolde de Wagner. […] Elle est traduite devant une cour de justice féodale, qui la condamne à subir le Jugement de Dieu. […] C’est accomplir une œuvre utile que de grouper les jugements divers portés chez nous sur l’œuvre du grand réformateur dramatique ; les hommes qui ont défendu la musique wagnérienne, d’après le jugement de leur conscience artistique, la droite raison, la simple équité, et aussi d’après leur compétence réelle, ne peuvent qu’en avoir aujourd’hui de l’honneur ; espérons que les autres en tireront quelque confusion.

411. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Il se laisse duper par les mots : il croit expliquer toutes les facultés par les transformations de la sensation, sans s’apercevoir qu’il les suppose, et qu’en l’absence de facultés qui élaborent les sensations en perceptions, jugements, raisonnements, les sens n’élèveraient jamais sa statue au-dessus de la condition de l’idiot. Un homme réduit aux pures sensations serait, comme le pigeon dont le cerveau a été enlevé, sensible à la vérité, mais incapable de mémoire, de jugement et de pensée. […] Si, comme on s’est plu à le dire, le jugement des étrangers est pour nous comme une postérité contemporaine, peut-être n’est-il pas sans intérêt de savoir ce que M.  […] Le génie clair et précis de la France rougit pour un temps de sa clarté ; et dans la seule crainte de paraître superficiel et immoral, rejeta l’aide de la science et se mit à marmotter d’une manière pitoyable sur le Moi, l’œil interne, l’Infini, le Vrai, le Beau, le Bien » 237. — Le jugement est sévère, au moins dans la forme ; mais nous nous sommes borné à traduire.

412. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Chamfort enchérira lui-même sur cette doctrine du petit nombre des élus en matière de goût, quand il répondra à quelqu’un qui lui opposait sur un ouvrage le jugement du public : « Le public ! […] Ce jugement me paraît, à bien des égards, la justesse même. […] Chamfort a le tort de dire de ces choses extrêmes qu’il ne faut jamais adresser à tout le genre humain en masse, pas plus qu’à un seul homme en particulier ; car, après de telles violences de jugement, on n’a plus qu’à se tourner le dos pour la vie et à ne se revoir jamais. […] Le jugement le plus équitable et le plus indulgent qu’il soit possible de porter sur lui me paraît être celui de Roederer dans un article du Journal de Paris, qui a été reproduit dans l’édition la plus complète des Œuvres de Chamfort.

413. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. C’est donc une satire contre la magistrature, ou contre la cour, on peut hésiter ; c’est une satire contre les jugements humains ; d’une façon plus générale, c’est une satire sur les jugements des hommes. Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

414. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Leurs façons de dire n’ont été que l’expression de leur manière de penser ; et le jugement qu’il convient d’en porter ne relève pas tant de la linguistique ou de la philologie que de la psychologie. […] Mais de plus avisés que lui s’y rendent au contraire attentifs, et bien que ne voyant pas, ou voyant mal ce qui sortira de là, deux ou trois avantages de la transformation les frappent, et ils réservent leur jugement. […] I, Jugements des contemporains, p. 372-398] ; — et on le donne même au public sans le lui donner [Cf.  […] Saint-Évremond, Dissertation sur l’Alexandre, 1670 ; — Longepierre, Parallèle de Corneille et de Racine, dans Baillet, Jugements des savants, édition de 1722, t.  […] II ; et « Jugements sur Gil Blas et Le Sage », en tête de la Table des Causeries du lundi ; — F. 

415. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 216

Lorsque les infirmités de cet Académicien ne lui permirent plus de s’acquitter des fonctions de sa place de Secrétaire, il contribua beaucoup à faire élire M. de Fontenelle pour son successeur ; ce qui est une preuve de son jugement.

416. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

En louant ce livre si récemment publié, on ne fait au reste qu’enregistrer le jugement, déjà établi, qu’en ont porté toutes les personnes compétentes et graves. […] Permettez-moi, Monsieur, d’attacher à quelque chose plus d’importance encore qu’au jugement que vous portez sur la Démocratie américaine, c’est à voir continuer et devenir plus fréquents les rapports qui se sont établis entre nous.

417. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Sans rétrospectif, les jugements annuels de tels rédacteurs modernes sont un commentaire agréable des expositions de peintures. […] J’avais accepté d’écrire « un Salon », mais à la vérité les jugements que j’allais avancera la légère ne me parurent point, sur mes notes, différents de ceux des critiques indulgents aux modernes ; et par où j’en différais j’étais trop mal ferme en mes impressions pour être sûr d’avoir raison contre eux.

418. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Il a de l’esprit et peu de jugement ; il disait quantité de sottises et les débitait agréablement ; il voulait faire entendre au roi, qu’au jugement de Dieu, il lui serait reproché de lui avoir ôté sa femme.

419. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Il y avait enfin à donner cette noble leçon à l’Angleterre, de l’impartialité de la France dans le jugement des grands hommes anglais, et à payer la basse Histoire de Bonaparte, par Walter Scott, avec une histoire magnanime de Nelson ! […] Il s’agit de porter un jugement de penseur sur Nelson, après l’avoir peint en artiste.

420. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Il y avait, enfin, à donner cette noble leçon à l’Angleterre de l’impartialité de la France dans le jugement des grands hommes anglais, et à payer la basse Histoire de Bonaparte, par Walter Scott, avec une histoire magnanime de Nelson ! […] Il s’agit de porter un jugement de penseur sur Nelson, après l’avoir peint en artiste.

421. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Quelque jugement qu’on porte sur le caractère moral de ce ministre, le premier de son siècle, et fort supérieur aux Bukingham et aux Olivarès qu’il eut à combattre, son nom, dans tous les temps, sera mis bien loin hors de la foule des noms ordinaires, parce qu’il donna une grande impulsion au-dehors ; qu’il changea la direction des choses au-dedans ; qu’il abattit ce qui paraissait ne pouvoir l’être ; qu’il prépara, par son influence et son génie, un siècle célèbre ; enfin, parce qu’un grand caractère en impose même à la postérité, et que la plupart des hommes ayant une imagination vive et une âme faible, ont besoin d’être étonnés, et veulent, dans la société comme dans une tragédie, du mouvement et des secousses. […] Ce n’est point que je blâme la reconnaissance : elle est le plus doux comme le plus sacré des devoirs ; et si dans les jugements qu’elle inspire, elle peut quelquefois tromper, il faut respecter ses erreurs mêmes.

422. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jhouney, Alber (1860-1926) »

. — Le Livre du Jugement (1889). — L’Étoile sainte (1890). — L’Ame de la foi (1890). — Ésotérisme et socialisme (1898).

423. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 274

Intrépide en Philosophie, comme il avoit été à la guerre, on reconnoît dans tout ce qu’il a écrit, une vivacité d’imagination, qui approcheroit du génie, si elle eût été réglée par le jugement.

424. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 262-263

Que penser de son jugement, quand on sait qu’il fit une critique de l’immortel Télémaque & de quelques Ouvrages de l’éloquent Bossuet ?

425. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Conclusion. »

Ne point lire légèrement, ne point être la dupe des grands noms, ni des écrivains les plus célèbres, former son jugement par l’habitude de réfléchir.

426. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

A quelles chances une figure dite historique n’est-elle pas soumise, sitôt qu’échappant aux premiers témoins, elle passe aux mains des commentateurs subtils, des érudits sans jugement, ou, qui pis est, des tribuns et des charlatans de place, des rhéteurs et sophistes de toutes sortes qui trafiquent indifféremment de la parole ? […] Si rien n’est plus rare et plus profitable dans la jeunesse que d’apprendre à faire cas du jugement et de l’esprit de ceux dont on ne partage pas les opinions, rien aussi n’est calmant comme de voir ses propres opinions rencontrer quelque alliance et quelque bon accord autour de soi. […] Combien de gens distingués de ce temps-ci qui se croient les chefs du mouvement, qui le sont jusqu’à un certain point, et qui ont été traînés à la remorque depuis vingt-cinq ans dans leurs jugements littéraires ! […] Sa politesse, son goût d’homme du monde, lui ont de tout temps interdit les jugements trop directs et qui entrent dans le vif ; mais, sous forme abstraite, il jette bien des choses. […] L’Essai VIII, qui traite du jugement considéré à la fois comme opération et comme faculté de l’esprit, est bien technique, mais je dois dire qu’il a paru à des juges excellents un parfait modèle de la saine méthode analytique fortement appliquée.

427. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Rousseau, je n’ai pas reçu non plus sa féroce personnalité ; et si le lecteur a quelque excès à craindre de ma plume dans ce jugement sur moi-même, ce n’est pas, à coup sûr, l’excès d’orgueil ; ce serait plutôt l’excès de sévérité. […] L’esprit de la France était très troublé, très peu propre par conséquent à jeter un regard d’ensemble et surtout un regard impartial sur la Révolution française, très peu propre aussi à porter un jugement sain et définitif sur les hommes qui avaient été, en bien ou en mal, les grands acteurs de cette révolution. […] XV Une grande histoire est un grand jugement dans ces procès d’opinions. Ce jugement manquait à la France ; c’était une bonne œuvre que d’essayer de le porter selon mes faibles forces. […] Une erreur de jugement était la ruine d’un gouvernement et peut-être une anarchie de la France et une combustion de l’Europe.

428. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Un jugement sur cet auteur ne peut être que le commentaire motivé des paroles de Louis XIV. […] En écrivant ce qu’on vient de lire, je n’ai pas été sans scrupule sur la vérité de mes jugements, ni sans inquiétude sur leur justice. […] Un autre trait propre à Fénelon, c’est la vivacité et la variété de son goût pour les choses de l’esprit, et la liberté pleine de candeur avec laquelle il en porte des jugements. […] L’ouvrage est plein de jugements courts et complets sur les genres, et de portraits frappants des auteurs célèbres, tels que ceux de Cicéron et de Tacite, vives esquisses d’un pinceau qui peignait à fresque et ne revenait point sur son premier travail. […] Il est plein de vues ingénieuses sur les qualités et les effets des ouvrages d’esprit, et de jugements délicats et profonds sur les modèles.

429. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 372-373

Cette plume n’est pas à l’abri du reproche d’une très-grande licence, & le jugement de l’Historien a été souvent le jouet d’une imagination portée à inventer des anecdotes, ou à en adopter un grand nombre, destituées de tout fondement.

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