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1256. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Ils ne manquèrent pas au christianisme, et sous l’unité inflexible des traditions générales, plusieurs surent se créer des variétés fécondes d’idées et de formes, s’ouvrir, selon les lieux et les temps, des perspectives inattendues. […] Ses idées sur l’amour et la beauté, sur la mort et l’autre vie, sont telles que chacun les pressent, les rêve et les aime. […] Mais c’est aussi une espèce d’originalité bien rare et désirable, que celle qui s’accommode si aisément des idées reçues, des sentiments consacrés, des préjugés de jeunes filles et de vieillards ; qui parle de la mort comme en pense l’humble femme qui prie, comme il en est parlé depuis un temps immémorial dans l’église ou dans la famille, et qui trouve en répétant ces doctrines de tous les jours une sublimité sans efforts et pourtant inouïe jusqu’à présent. […] De là aussi plusieurs défauts qui sautent aux yeux des moins habiles et qui découlent immédiatement des précédentes qualités : trop de lumières, des ombres vagues, des contours quelquefois indécis ; du débordement et de l’exubérance ; une expansion en tous sens, qui laisse se glisser, dans les intervalles des choses sublimes, quelques idées, trop faciles, trop promptes, écloses avant terme.

1257. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

La recherche dans les idées et les sentiments, qui vint d’Italie gâter le goût de toutes les nations de l’Europe, nuisit d’abord à la grâce française ; mais l’esprit, en s’éclairant, revint nécessairement à la simplicité. […] La gaieté ramène à des idées naturelles ; et quoique le bon ton de la société de France fût entièrement fondé sur des relations factices, c’est à la gaieté de cette société même qu’il faut attribuer ce qu’on avait conservé de vérité dans les idées et dans la manière de les exprimer. […] Cette émulation réciproque ne hâtait pas les progrès des vérités austères et fortes ; mais il ne restait pas une idée fine, une nuance délicate, que l’intérêt ne fît découvrir à l’esprit.

1258. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Ce n’est pas impuissance ou grossièreté de nature, mais rudesse et manque de culture, qui fait que devant une œuvre d’art, un poème, un paysage, on reste morne et muet, sans émotion, que factice, sans idée, que convenue, sans parole, que banale, Par cet effort de conscience, on contraindra les sentiments à se préciser : le nuage confus des émotions se divisera, et de l’obscure vapeur qui bout dans l’âme surgiront des couleurs et des formes, de plus en plus nettes et délicates. […] Ce jugement qu’on porte sur soi doit servir de règle et d’épreuve dans la recherche des idées et des expressions, mais sans étroitesse et sans minutie : il en est du style comme des mines et des gestes ; vouloir faire transparaître son Ame à tous moments est le comble de l’affectation et l’antipode du naturel. […] Aussi voyait-on autrefois que des femmes à qui l’on n’avait appris que le catéchisme et des révérences, des gentilshommes qui ne savaient que danser et se battre, mettaient fort mal l’orthographe, mais avaient plus d’idées et un meilleur style que bien des académiciens de notre temps. […] On tient en grande estime la grammaire et l’orthographe : les candidats aux diplômes écrivent correctement les mots dont ils ne comprennent pas le sens, et analysent très exactement toutes les proportions qui composent une phrase : il n’y a que l’idée, dont ils ne savent que dire, ni si elle est juste ni si elle est fausse, ni même quelle elle est.

1259. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

On peut croire que cette idée venoit de ce que l’acteur qui récitoit sur le théatre, ne devoit dire qu’un certain nombre de mots, tandis que l’autre acteur chargé de la gesticulation faisoit un certain geste. […] On ne doit pas donc se faire l’idée du spectacle que ces choeurs donnoient sur le théatre d’Athénes et sur celui de Rome, par le spectacle que nous imaginons que nous verrions sur nos théatres si l’on y faisoit déclamer des choeurs. […] Qu’on se représente donc pour se faire une juste idée de ces choeurs un grand nombre d’acteurs excellens répondans au personnage qui leur adresse la parole. […] L’homme de génie dont je viens de parler avoit conçû par la seule force de son imagination que le spectacle pouvoit tirer du pathetique, même de l’action muette des choeurs, car je ne pense pas que cette idée lui fut venuë par le moïen des écrits des anciens, dont les passages qui regardent la danse des choeurs n’avoient pas encore été entendus, comme nous venons de les expliquer.

1260. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Elles sont une idée allemande, une idée fausse du pays qui a en toutes choses la supériorité des idées fausses. […] Le livre de Gabrielle d’Estrées, écrit avec le sang-froid de l’homme d’État encore plus que de l’historien, se distingue par une simplicité d’expression ravissante en Capefigue, qui d’ordinaire aime à fringuer et à faire briller la paillette chère au siècle qu’il a tant aimé Pour tout dire d’un mot, c’est un livre où la rectitude des idées a créé, seule, un talent sur lequel nous ne comptions plus.

1261. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Nous pouvons maintenant nous faire une idée des quatre sens spéciaux. […] Quant aux différences de ces rhythmes, il n’est pas impossible de s’en faire une idée. […] Nous pouvons nous former une idée des sensations élémentaires qui constituent les odeurs et les saveurs, mais non des sensations élémentaires qui constituent les sensations tactiles. […] De cette sensation, quand elle est forte, résulte l’idée de viscosité, et, quand elle l’est infiniment peu, celle d’humidité. L’idée opposée de sécheresse résulte d’un défaut absolu d’adhérence.

1262. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

L’idée de surnaturel n’apparaît que quand l’idée des lois de la nature s’est nettement formulée et s’impose même à ceux qui veulent timidement concilier le merveilleux et l’expérience. […] L’idée de lois de la nature n’apparaît qu’assez tard et n’est accessible qu’à des intelligences cultivées. […] Eux, fermés à toute idée ; eux, n’ayant pour science que celle d’un monde factice ; eux, n’ayant pour philosophie que la frivolité ! […] Lisez le traité que les théologiens appellent Des lieux théologiques, vous aurez une idée de cette étrange méthode. […] J’ai entendu un homme, excellent du reste, se réjouir du choléra ; car, disait-il, ces calamités opèrent un retour aux idées religieuses.

1263. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Le premier Ouvrage fait admirer un esprit lumineux, qui se joue de l’embarras des systêmes, procede avec dextérité à travers les contradictions, développe sans gêne les principes qu’il a établis, & fait adopter ses idées, non en faisant sentir la touche intime de la persuasion, encore moins la force de la conviction, mais par le talent de plaire & d’amuser. […] S’il s’égara dans ses idées, il n’eut pas la témérité de les réduire en systêmes ; s’il avança quelques propositions un peu hardies, il ne les défendit pas avec opiniâtreté ; s’il eut quelques démêlés littéraires, il les soutint constamment avec honnêteté, ou les termina par un silence, toujours sage quand on n’offre aux autres que des découvertes opposées aux idées reçues.

1264. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Si nous voulions d'abord en critiquer le titre, nous dirions que le mot Maximes ne sauroit convenir qu'à des vérités évidentes & consacrées par une adoption générale, non à des pensées qui peuvent être vraies, mais qui sont nouvelles, & ne doivent être regardées que comme le fruit de la méditation d'un esprit qui réfléchit pour lui même, sans avoir droit de fixer les idées d'autrui. […] Nous pensons y être d'autant plus obligés, que la plupart des jeunes gens, & même des Auteurs, faute de réfléchir, se sont laissé séduire, & se sont même servis de ce témoignage imposant, pour appuyer des idées fausses, absurdes, & quelquefois dangereuses. Il est bon d'ailleurs qu'on ait une idée plus juste de l'humanité.

1265. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

Ainsi les collines des Païs-Bas donnent l’idée d’un païsage plus vert, plus frais et plus riant que les collines d’Italie. […] L’idée de la belle nature que les anciens s’étoient formée sur certains arbres et sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres et les animaux de la Gréce et de l’Italie, cette idée, dis-je, n’approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d’autres contrées.

1266. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

L’Europe entière est soumise à la religion chrétienne, qui nous donne l’idée la plus pure et la plus parfaite de la divinité, et qui nous fait un devoir de la charité envers tout le genre humain. […] Il y a droit par son sujet : la nature commune des nations ; sujet vraiment universel, dont l’idée embrasse toute science digne de ce nom. Cette idée est indiquée dans la vaste expression de Sénèque : Pusilla res hic mundus est, nisi id, quod quæerit, omnis mundus habeat.

1267. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Même dans ses contes de Cantorbéry, il se répète, il se traîne en développements naïfs, il oublie de concentrer sa passion ou son idée. […] Il n’y a aux mains du public que la pensée agréable et brillante ; les idées sérieuses et générales n’y sont pas ; elles sont en d’autres mains qui les détiennent. […] Au fond de chaque œuvre d’art est une idée de la nature et de la vie ; c’est cette idée qui mène le poëte ; soit qu’il le sache, soit qu’il l’ignore, il écrit pour la rendre sensible, et les personnages qu’il façonne comme les événements qu’il arrange ne servent qu’à produire à la lumière la sourde conception créatrice qui les suscite et les unit. […] Trois siècles de travail au fond de cette fosse noire n’ajoutèrent pas une idée à l’esprit humain. […] On n’a pas l’idée de ce travail avant de les avoir maniés.

1268. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

» Tels sont donc les propos que tiennent la plupart des gens en présence d’une idée inconnue. […] En vérité nous ne nous faisons pas de Zola, une idée aussi basse et étriquée. […] Toujours il avait été hanté par l’idée d’énormes travaux. […] quelle idée restreinte vous faites-vous donc de la Justice, ou bien quelle équivoque essayez-vous de créer en nos esprits ? […] Oui, les idées sont en marche et elles ne s’arrêteront plus.

1269. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

On se fabrique une certaine idée de l’homme, de ses penchants, de ses facultés, de ses devoirs, idée mutilée, mais d’autant plus nette qu’elle est plus réduite. […] Toutes les idées sont étiquetées et numérotées. […] J’ai lu une foule de ces traités, et je n’en ai pas retiré une idée. […] Newton atteint tout au plus une idée manquée de l’espace, il n’est que mathématicien. […] Recherches sur l’origine de nos idées du beau et du sublime.

1270. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il se ménage donc un refuge dans la théorie platonicienne, avec une Idée du Bien qui domine toutes les autres : les raisons d’agir s’échelonneraient au-dessous de l’Idée du Bien, les meilleures étant celles qui s’en rapprochent le plus ; l’attrait du Bien serait le principe de l’obligation. […] Elle repose à peu près entièrement sur l’idée de la transmission héréditaire des caractères acquis. […] Or il arrive que l’intention avec laquelle une idée a été lancée y reste invisiblement adhérente, comme à la flèche sa direction. […] Déjà l’histoire des idées en témoigne. […] La vérité est que les deux principes sont au fond de l’idée qu’on s’est toujours faite du bonheur.

1271. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Bien des anecdotes piquantes de Suard et de Fontanes lui offrirent, avant tout, des coins d’arrière-scène et quelque dessous de cartes, plus qu’elles ne lui inspirèrent le culte de certains hommes et de certaines idées. […] Et quand une nouveauté valable trou e grâce auprès de ce bon sens aiguisé qui la dépouille et la châtie, quand une idée véritablement neuve fait son avénement dans un esprit éminent de cette famille, oh ! […] alors l’idée, incontestable en même temps qu’attrayante, a perdu tout aspect outré, tout jargon d’école et de système ; elle se multiplie, se féconde, s’illustre d’exemples en tous sens, s’étaye de comparaisons et de rapports ; elle a percé enfin, elle se sécularise. […] Villemain afin de bien saisir ce qui était derrière, l’idée et le sens du discours n’en souffraient jamais. […] Ce mélange, cette construction élégante et savante d’idées, de faits nombreux, d’aperçus et de rapprochements, n’avait d’unité qu’en lui, et s’est comme dispersée au moment où il s’est tu.

1272. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Sans plus donc chercher à la déplacer en idée et à la transporter par delà les lointains de l’horizon, nous allons l’envisager et la suivre dans ce qu’il lui a été permis d’être au jour qu’elle a vécu. […] Son idée fixe était l’année 15, et elle assignait à cette date prochaine la catastrophe et le renouvellement de la terre. […] Combien de fois, quand on la pressait sur cette doctrine, quand on lui en demandait la source et les témoignages, quand on disait à ses idées mystiques : « Qui êtes-vous ? […] Notons les nuances et les progrès de l’idée. […] Mais ils n’ont eu ni l’un ni l’autre l’idée de cette larme sur la joue de l’enfant, qui est dans Valérie.

1273. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Cependant une imagination lancée à l’aventure peut rencontrer sur sa route quelque idée féconde. […] Non, les hommes de science se font hommes de lettres pour répandre leurs idées, pour les rendre accessibles, aimables, attrayantes ; et les hommes de lettres, à leur tour, se laissant tenter par la gloire du physicien ou du naturaliste, poussent des pointes dans un domaine qui trop souvent leur est étranger. […] En notre siècle, la même préoccupation se traduit dans tous les domaines par la prédominance de deux conceptions intimement unies : d’une part, l’idée d’un déterminisme universel reliant entre eux par un fil de plus en plus visible tous les phénomènes qui se succèdent dans le temps où se côtoient dans l’espace ; d’autre part, l’idée d’un perpétuel devenir, d’une évolution régulière et continue. […] Mieux vaut signaler chez de nombreux écrivains qui ont devancé ou suivi Edgar Poe l’existence d’un fantastique particulier, lucide, méthodique, où les idées s’enchaînent avec une logique si serrée qu’il est presque impossible de marquer le point précis où l’on passe de ce qui est à ce qui peut être et du possible à l’impossible. […] Mais ces écrivains-là, qui forment minorité, appartiennent à un autre courant d’idées ; ils sont disciples de Gassendi, le philosophe, qui, après Epicure et Lucrèce, se plongea dans la grande nature et réclama vigoureusement pour les sens méconnus.

1274. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

J’avais l’idée de quelque chose de brillant et de joyeux et tout mon désir se tendait vers le parc. […] L’idée de ces cinq étages, du danger de cette chute horrible sur les pavés de la cour, me donna presque une crise de nerfs. […] Partout règne une sévérité morne, insouciante du beau et ne songeant pas à revêtir l’idée d’une forme. […] Papa, qui était alors un tout jeune homme, eut l’idée de sauver ses compagnons et de se sauver lui-même. […] J’eus l’idée que c’était à cause de cette malice du singe que l’on n’avait pas voulu me laisser entendre.

1275. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Le drame est plus court, plus concentré, plus fictif ; il est plus à la merci d’un seul événement, d’une seule idée ; l’exaltation en dispose aisément ; il peut se détacher, s’arracher davantage du fond de la vie commune. […] On remarquera, au reste, combien la tournure des personnages, dans ce roman, était conforme à l’âge du poëte, à sa naïve loyauté, à cette inflexible logique qui construit a priori les hommes avec une seule idée. Le vieux prisonnier d’État a été trompé, trahi, donc il hait les hommes, donc son idée unique, durant vingt-deux ans de réclusion, est la misanthropie, jusqu’au dénoûment où en un clin d’œil il se corrige. […] Hugo gagna de l’âge ; il heurta des hommes ; il remua des idées ; il multiplia ses œuvres ; il se mesura avec des géants historiques, Cromwell, Napoléon, et reconnut en eux un mélange de bien et de mal, qu’il n’eût pas d’abord aperçu dans de moindres exemples. […] Dans Notre-Dame l’idée première, vitale, l’inspiration génératrice de l’œuvre est sans contredit l’art, l’architecture, la cathédrale, l’amour de cette cathédrale et de son architecture.

1276. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Cousin a eu une heureuse idée, celle de revoir, de retrouver en quelque sorte son Cours de 1815 à 1820, et de le donner au public aussi fidèlement qu’il a pu le ressaisir, mais sans se faire faute au besoin de suppléer l’éloquent professeur de ce temps-là par le grand écrivain d’aujourd’hui. […] Il eut avant tout autre parmi nous, et sans avoir besoin de l’emprunter à personne, l’idée de compléter et d’animer la méthode psychologique, celle de l’analyse intérieure, par la recherche historique. […] Aussi, malgré les premiers étonnements et les hauts cris que soulève toute idée nouvelle, l’éclectisme, servi par la belle parole et l’infatigable activité de son promoteur, a fait fortune avec les années, et son nom est devenu celui même de l’école philosophique moderne. J’ai paru regretter précédemment que ce nom ait prévalu au point d’éclipser celui de spiritualisme qui s’appliquait mieux au fond et à la nature des idées. […] Quel que soit le jugement à porter sur l’ensemble de cette science et sur les hautes prétentions qu’elle élève, elle n’est pas représentée dans l’idée vulgaire qui s’attache au mot d’éclectisme.

1277. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Il se peut faire qu’un puissant travail général s’accomplisse, et que le niveau des idées, des connaissances et de la civilisation elle-même monte partout insensiblement ; mais, en fait d’art, les maîtres les plus en renom ont disparu ; s’il en survit quelques-uns, ils achèvent de vieillir, et ne sont point remplacés par des autorités équivalentes. […] Andry est tendre ; il ne peut résister à l’idée de cette céleste beauté qui se meurt en proie aux angoisses de la faim. […] Dès ce moment, le père n’a plus qu’une idée, qu’un deuil fixe, opiniâtre, où luit un désir inextinguible : délivrer son Ostap, s’il se peut, ou, sinon, le revoir du moins et puis le venger ; car aux mains de tels ennemis, s’il ne s’échappe, on sait trop quels tourments l’attendent. […] Il y a là, derrière la Pologne catholique, un fanatisme héréditaire dont nous n’avons pas assez idée, et qui pourtant n’éclate que trop encore de nos jours par des scènes dignes du siècle de Tarass. […] On peut, remarquer, sans aucune idée de comparaison profane, que ce cri n’est ici qu’un écho humain de cet autre cri qui résume à jamais en lui toutes les agonies et toutes les passions, lorsque Jésus, expirant sur la croix, profère son Eli, Eli, lamma sabachtani, c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?

1278. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Cet homme, si peu simple — en apparence  si obscur dans ses idées, si préoccupé d’étonner et de mystifier les autres, m’eût immensément déplu, j’imagine, à une première rencontre. […] Il a honte de lui ; il a des idées de conversion, de perfectionnement moral. […] C’est la description outrée et complaisante des plus désolants détails de la réalité physique, et c’est, dans le même moment, la traduction épurée des idées et des croyances qui dépassent le plus l’impression immédiate que font sur nous les corps  C’est l’union de la sensualité la plus profonde et de l’ascétisme chrétien. « Dégoût de la vie, extase de la vie », écrit quelque part Baudelaire. […] Et ce n’est pas tout : dans l’instant où l’on prétend exprimer la passion la plus ardente, on s’applique à chercher la forme la plus précieuse, la plus imprévue, la plus contournée, c’est-à-dire celle qui implique le plus de sang-froid et l’absence même de la passion  Ou bien, pour innover encore dans l’ordre des sentiments, on se pénètre de l’idée du surnaturel, parce que cette idée agrandit les impressions, en prolonge en nous le retentissement ; on pressent le mystère derrière toute chose ; on croit ou l’on feint de croire au diable ; on l’envisage tour à tour ou à la fois comme le père du Mal ou comme le grand Vaincu et la grande Victime ; et l’on se réjouit d’exprimer son impiété dans le langage des pieux et des croyants.

1279. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Les idées sur le royaume de Dieu trouvaient, dans ces petits comités de bonnes gens, plus de créance que partout ailleurs. […] Il avait avec elles ces manières réservées qui rendent possible une fort douce union d’idées entre les deux sexes. […] Dissimulant la vraie cause de sa force, je veux dire sa supériorité sur ce qui l’entourait, il laissait croire, pour satisfaire les idées du temps, idées qui d’ailleurs étaient pleinement les siennes, qu’une révélation d’en haut lui découvrait les secrets et lui ouvrait les cœurs. […] L’idée que Jésus avait communiqué à ces trois disciples une gnose ou doctrine secrète fut de très bonne heure répandue.

1280. (1902) L’humanisme. Figaro

Ils ont eu une très haute idée de la poésie ; ils ont suscité une utile réaction contre les arrière-romantiques, trop exclamatifs, et les sous-parnassiens, trop prosaïques. […] Ils ont abusé du bizarre, de l’abstrus, ils ont souvent parlé un jargon qui n’avait rien de français, ils ont épaissi des ténèbres factices sur des idées qui ne valaient pas toujours les honneurs du mystère. […] Nous voulons une poésie qui dise l’homme, et tout l’homme, avec ses sentiments et ses idées, et non seulement ses sensations, ici plus plastiques, là plus musicales. […] Le jour où vous aurez supprimé radicalement toute idée d’une justice supérieure à cette justice et à cette police qui n’atteignent pas les Humbert, la malice humaine brisera sa croûte et répandra sa lave comme un volcan. […] Au contraire, il est touché jusqu’au fond du cœur par les contradictions d’idées et de sentiments qui tourmentent l’humanité.

1281. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Vous aurez beau faire : ce mot « jardin des plantes » éveillera toujours une idée de ménagerie — plutôt qu’une idée de botanique. […] Il lui faut toujours deux cents lignes pour y attabler une idée. » La critique est juste. […] gardez-vous de laisser traîner sur le tapis… de la confiance les idées dont vous comptez le nourrir. Ces idées — Alidor est là qui rôde, tout prêt à les amener à lui du bout de sa plume ; et, comme il n’est pas fier, il se chargera de propager vos vues personnelles — sous sa signature.

1282. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Elle n’y a pas pensé et on s’en étonne ; elle a laissé l’idée d’un pareil roman à Mme Haller qui la chiffonnée. […] C’est donc l’œuvre — et non pas l’idée, — c’est l’artiste et non pas le penseur, qu’il faut voir dans le livre de Mme Haller. […] En tant qu’il faille se rattacher à son siècle par une sottise, voilà celle par laquelle Mme Gustave Haller se rattache au sien ; car la sottise à la mode au xixe  siècle où tout meurt, usé et fini dans tous les ordres de faits et d’idées, c’est de croire béatement à l’avenir. […] Il ne s’y mêle jamais comme dans Mme de Staël, qui était femme et que je cite pour cette raison à Mme Haller, un aperçu, en dehors et à propos de ce qu’on raconte ; l’étoile d’une idée heureuse ou d’un mot brillant. […] Ce livre de « Vertu » dont le titre est un titre à la manière anglaise (les Anglais seuls ont de ces livres abstraits qui disent l’idée de leurs livres), ce livre dont les mœurs sont anglaises, semble avoir été écrit par un bas-bleu anglais.

1283. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Elles ont la poitrine trop étroite ou trop pleine pour pouvoir respirer à l’aise dans l’atmosphère des idées générales, et l’Histoire littéraire est là pour l’attester. […] Mais cela n’est pas démontré d’abord ; et d’ailleurs, cela serait certain, qu’après tout ce ne serait là qu’un mariage philosophique, dans lequel le mari serait resté, — comme toujours, en matière d’idées, — le chef de la communauté. […] Il n’y a pas une idée se produisant ou jaillissant tout à coup, à, travers tous les faits qu’elle enfile ou défile d’un doigt délié, au lieu de les brasser d’un biceps puissant ! […] Cette bonne piocheuse d’Académie qui pourrait recommencer de traduire l’Iliade ; cette Dacier, à plusieurs pans, qui pourrait aussi traduire les Védas, ou le Talmud, ou les Poëmes scandinaves, ou tout autre livre de provenance étrangère et lointaine, est une de ces polyglottes dont Rivarol disait qu’elles ont quatre mots contre une idée… J’aimerais mieux l’idée !

1284. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Certes, ce n’est pas pour le bruit, qu’il évita toujours, mais c’est pour la gloire comme il l’a souhaitée, s’il a jamais souhaité quelque chose, c’est pour la gloire épurée, réduite, concentrée, rectifiée, essence d’une tonne de feuilles de roses dans un flacon d’un pouce, qu’il a été créé et mis au monde, cet homme d’idées, cet adorable concentrateur ! […] Au nom seul, à l’idée seule de Platon, les miettes de ce beau génie grec qu’il avait dans l’esprit s’agitent, se rejoignent, deviennent sonores et se mettent à vibrer comme des disques d’or sur la peau frémissante d’un tambour qu’on aurait frappé, et l’on entend comme une répercussion de cette harmonie que Platon répand de lui-même comme d’une lyre qui a le son en elle… Comme Platon, Joubert n’a jamais cherché que des formes et des idées, et on peut dire de lui ce qu’il disait de Platon : « Platon a en lui plus de lumière que d’objets, plus de forme que de matière. […]  » L’idée, pour lui comme pour Platon, « c’est le résultat, l’esprit, l’essence des pensées. […] Il y a dans cette notion d’ange quelque chose de beau, de jeune, de guerrier, de dominateur et de rapide qui n’allait point à l’idée de cet être né sénile et resté enfant, de cette âme qui se débattait dans un homme et qui avait la voix d’androgyne de la Sagesse, car la voix de la Sagesse n’a point de sexe, comme dit Joubert lui-même en parlant de Fénelon… Intellectuellement, Fénelon serait peut-être la figure à laquelle Joubert, après Platon, ressemblerait le plus.

1285. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Les hommes doivent à l’Histoire, bien plus qu’ils ne le pensent, ce qu’il y a de faux et de vrai dans leurs sentiments ou dans leurs idées. […] tout un ordre d’impressions ou d’idées qui n’a point péri avec elle. […] Semblable à tous ceux qui ont fait le tour de beaucoup d’idées, Lerminier ne se passionne plus. […] Qui prendrait Saint-Simon, Fourier, Owen, Cabet, Blanc, et chercherait les parentés d’idées qui existent dans leurs systèmes avec les idées des anciens législateurs de la Grèce, s’émerveillerait de ce qu’il y trouverait d’analogue ou d’entièrement semblable.

1286. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

À l’exception presque unique des Lettres de Proud’hon, toujours en voie de publication et qui ont encore plus une valeur d’idées que ce qu’on entend par une valeur épistolaire, nous étions depuis quelques années accoutumés à un tel fretin, en fait de correspondances, que la sensation donnée par celle-ci fut une sensation véritablement transformée. […] Et comme les âmes, viriles par le fait seul de leur union dans une idée plus grande que chacune d’elles, s’étaient efféminées en se préférant à cette idée trop générale et devenue pour eux trop abstraite (la religion, par exemple, la patrie ou la royauté), hommes et femmes s’échappèrent et se ruèrent en correspondances, dans cette forme de lettres où le moi se roule comme le mulet dans l’herbe et peut se vautrer tout son saoul. […] Après la Nouvelle Héloïse, d’autres romans affectèrent la forme épistolaire qui s’était imposée à Rousseau, laquais toujours, alors de Richardson… Quand Laclos finissait ses Liaisons dangereuses, cette pourriture sociale brassée et tripotée d’une main si puissante, Madame de Genlis écrivait, sous forme de lettres, son traité d’éducation, Adèle et Théodore, pour refaire des mœurs perdues, et Madame de Staël ce chef-d’œuvre de Delphine, où passe, idées et mœurs, toute la société du xviiie  siècle dans ce qu’elle avait de sain encore, dans ce qui avait échappé aux gangrènes décrites par Laclos. […] Regardez-la dans ce portrait de Madame Lebrun, gravé par Rajon, qui est à la tête du volume, et avant de l’avoir lu vous aurez déjà l’idée d’une femme qui ne ressemble aux femmes de son siècle ni par les passions, ni par les mœurs, ni par la beauté.

1287. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Rationalistes, panthéistes, éclectiques, voltairiens, toutes les variétés de philosophes qui se tiennent entre eux comme des crustacés, sont intéressés à vanter un livre, quel qu’il soit, dont les idées ne vont à rien moins qu’à la destruction intégrale de nos dogmes et à la ruine de l’Église romaine : aussi nul d’entre eux n’y a-t-il manqué. […] Jean Reynaud a un mérite que les philosophes doivent singulièrement apprécier, et qui ne tient ni à ses idées ni à la force de son génie. […] En effet, pour qui sait l’embrasser et l’étreindre, ce livre, au fond, n’est autre chose qu’une mutilation et un renversement des idées chrétiennes. […] Si ce singulier traité de philosophie religieuse, qui essaie de renverser tous nos dogmes sans exception, sous l’idée chimérique des transformations éternelles et successives de l’humanité et sous un panthéisme plus fort que l’auteur, et qui le mène et le malmène, si ce traité brillait au moins par une exposition méthodique, nous aurions pu donner le squelette de ce mastodonte de contradictions et d’erreurs : mais M.  […] Au milieu de cette logomachie théologique, si incroyablement obstinée, et dans laquelle pourtant exclusion est faite des miracles, de la virginité, des sacrements, de l’idée de famille, il n’y a de clair, pour qui sait voir, que la haine de Jésus-Christ, sous le nom de Moyen Âge.

1288. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Et d’autant plus qu’en philosophie, et surtout en philosophie allemande, on s’entend si peu que, souvent, l’interprète le plus fidèle d’une philosophie passe, même aux yeux des adeptes de cette philosophie, pour un déformateur et un calomniateur d’idées. […] Elle y doit peser… III Je l’ai dit : c’était toujours la même idée, ridée qui avait en lui confisqué toutes les autres et autour de laquelle il devait rouler la création toute entière et tout ce qu’il avait de cerveau. […] Mais l’idée du système qui allait succéder aux défunts, et qui doit être arrachée à son tour de cette terre stérile où rien ne vient des semences qu’y jette la métaphysique, n’était prise ni à Kant, ni à Hégel, ni à personne. […] Original seulement par l’idée mère de son système, qu’il creuse et qu’il cisèle avec un art et une patience de prisonnier (ne l’est-il pas de sa métaphysique ?) […] Il partage avec eux beaucoup de points de vue et d’idées abjectes parce qu’elles sont populaires, populaires parce qu’elles sont abjectes.

1289. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Ainsi, par exemple, ce n’est guères qu’à la 108e page d’un récit qui n’en a que 219 que l’idée de l’auteur se dégage et qu’on en voit rayonner au loin la portée. Si on lisait pour la première fois Francis Wey, si on ne savait pas à quel système d’idées cet esprit convaincu et ferme s’appuie d’ordinaire, on éprouverait une anxiété singulière en lisant les premières pages de ce livre, écrites avec une impartialité dont l’auteur semble faire une énigme. […] Vous vous dites que dans une seconde l’auteur sera irréligieux, heurtera aux idées modernes… Eh bien, non ! […] Au contraire, il remonte du côté de l’idée chrétienne. […] Il a de leur saveur mordante Il a comme eux le coup de dent, et cette belle horreur du vulgaire qui donne en passant si bien le paquet aux idées communes et au faux goût.

1290. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Lorsqu’on se décide à reproduire partout et toujours la même idée, il faut au moins que cette idée soit vaste, féconde en points de vue divers, et que le poète en la présentant sans cesse, puisse y faire apercevoir des richesses encore inconnues. […] Il ne trouve pas d’image qui en rende mieux l’idée qu’un caniche échappé des mains du tondeur avant la fin de sa toilette. […] Certes, on pourrait bien parcourir tous les feuilletons d’une année sans y rencontrer une idée qui n’ait déjà défrayé les feuilletons des années précédentes ; et même M.  […] Il s’y est pris un peu sur le tard, et lorsque son esprit bien imbu des idées modernes, ne se portait plus en avant franchement, et sans bagage d’idées préconçues. […] Sainte-Beuve, nous oserions l’accuser d’avoir l’esprit trop moderne, d’être trop imbu d’idées étrangères au goût antique pour ne pas s’égarer et égarer avec lui ceux qui l’écoutent.

1291. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

et quelle forme, quel serpentement exquis de l’idée dans l’harmonie des cadences et des rimes ! […] On se rue à des disputes byzantines, on s’attache aux futilités verbales, au lieu de se pencher sur les idées éternelles. […] L’idée a déjà ses apôtres ! […] Mais je crois, avant tout, à la poésie qui aura véhiculé les idées de demain. […] La traduction en rythmes, de ce fait, de cette émotion, de cette idée, constitue le symbole.

1292. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

L’idée de race est taxée de préjugé par divers critiques, notamment par M.  […] Il faut retrouver l’idée sous le symbole. […] L’idée est encore tout à fait intéressante. […] Peut-être se défient-ils trop de l’érudition et des idées générales. […] La réalité ne l’intéresse que pour les idées qu’il en tire ».

1293. (1885) L’Art romantique

Ces êtres n’ont pas d’autre état que de cultiver l’idée du beau dans leur personne, de satisfaire leurs passions, de sentir et de penser. […] Le lecteur sait quel but nous poursuivons : démontrer que la véritable musique suggère des idées analogues dans des cerveaux différents. […] L’idée pure, incarnée dans l’unique Vénus, parle bien plus haut et avec bien plus d’éloquence. […] Plus d’un compositeur français voudra profiter des idées salutaires émises par Wagner. […] Une pareille idée ne pouvait tomber que dans l’esprit d’un philosophe, d’un professeur, c’est-à-dire d’un homme absent de la vie.

1294. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ces mots s’altéreront, se modifieront, s’accroîtront selon les progrès que fera l’esprit français, les développements qu’il prendra, les idées qui exerceront son activité. […] Il est fort heureux que l’idée de la patrie ne soit pas née en ce temps-là ; elle n’eût profité, comme la paix, qu’à la féodalité. […] L’idée de la patrie ne pouvait pas venir avant la patrie elle-même. […] Le duc de Bourgogne, père de ce prince, en donna, dit-on, l’idée à Christine de Pisan. […] La langue de Froissart est la langue des faits ; celle de Comines est la langue des idées.

1295. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Incapables de se faire une idée de la perfection, ils se crurent parfaits, et se mirent au ciel de leurs propres mains. […] Comment croire que la seule cause de cette différence soit une idée heureuse venue à l’esprit du cardinal de Richelieu ? […] L’idée que ces hommes se faisaient de notre langue est loin d’en embrasser toute la grandeur. […] On pouvait dire d’autres choses, non les mêmes choses autrement, tant la langue y convient aux idées, et les idées à la langue. Mais le style n’est original qu’à proportion de l’importance et du degré d’intérêt des idées.

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