Parmi les choses senties avec esprit & exprimées avec élégance, qu’on rencontre dans son Oraison funebre Henriette d’Angleterre, on peut citer ce morceau, où, parlant des Princes, il dit : « Qu’ils s’imaginent avoir un ascendant de raison, comme de puissance ; qu’ils mettent leurs opinions au même rang que leurs personnes, & qu’ils sont bien aises, quand on a l’honneur de disputer avec eux, qu’on se souvienne qu’ils commandent à des Légions ».
Songez à vous faire estimer, Plus qu’à vous rendre aimable : Le faux honneur de tout charmer, Détruit le véritable.
Prétendre égayer un Lecteur, en faisant dire par un Sultan à son premier Ministre : Taisez-vous, Visir, vous raisonnez comme un Abbé ; & en faisant répondre au Visir : Votre Hautesse me fait trop d’honneur ; peindre une Reine, en lui donnant des yeux qui ne finissoient pas, des yeux chargés de tendresse, des éternels bras dont elle ne savoit que faire; ajouter à cela des gentillesses que la plume d’une femme ne devroit jamais laisser échapper ; c’est manquer tout à la fois au costume, à la Langue, & à la décence.
La plupart respirent une Philosophie mondaine, à la vérité, mais sans prétention ; ce qui est un grand travers de moins dans un temps où tout aspire aux honneurs philosophiques.
Sa vie fut à peu près semblable à celle de l'Abbé des Ivetaux ; l'un & l'autre sacrifierent tout au plaisir, sans excepter l'honneur.
Ce ne seroit pas un titre pour prétendre à la célébrité, s'il n'eût composé plusieurs autres Ouvrages qui font honneur à sa plume.
Ou Corneille, sachant que Racine traite le sujet de Bérénice, se pique d’honneur et s’attaque au même sujet ; — ou Molière l’y invite lui-même. […] Ce sont là jeux de prince où les plus délicats ne voient rien de mal et plutôt seraient portés à voir un honneur fait par eux à des hommes de lettres. […] Car enfin il se bat en duel pour l’honneur de son père, sans doute, et voilà en quoi il est un Cid ; mais il se bat pour son père insulté en tant que commerçant, et c’est donc en l’honneur du commerce qu’il tire l’épée. Contre un gentilhomme infatué de ses titres, il se bat pour défendre l’honneur du commerce et de l’industrie sottement injuriés. […] Cette création lui fait beaucoup d’honneur.
A quatre-vingts ans il composa encore des Chansons, qui feroient honneur à beaucoup de nos jeunes Poëtes.
Un autre Ouvrage, qui fait encore honneur aux talens de M. l’Abbé Duguet, & qui a le plus contribué à étendre sa réputation parmi les gens du monde, est son Livre de l’Institution d’un Prince.
D’ailleurs, elles ne sont nullement propres à faire honneur à cette Reine.
Les Chansons & les autres Poésies de Madame la Comtesse de Murat ne font pas moins d’honneur à son esprit.
d’Arnaud le louable désir de ressusciter parmi nous les heureuses étincelles de cet enthousiasme d’honneur qui produisit tant de Héros & tant de Sages, dans des Siecles si amérement taxés d’ignorance & de barbarie.
Il a déposé le titre et les fonctions d’académicien pour se faire maître d’école ; il a préféré l’argent à l’honneur ; il a dédaigné la chose pour laquelle il avait du talent, et s’est entêté de celle pour laquelle il n’en avait point.
Je ne puis éprouver également qu’une très sincère gratitude pour les critiques qui, m’opposant des réserves m’ont fait l’honneur de m’éclairer dans leurs objections, MM.
Mézeray est certes à l’avance le plus naïf et le plus original des Anquetil ; il est un digne vulgarisateur en français de l’historien de Thou, « de ce Jacques-Auguste, dit-il quelque part, que les bons Français ne doivent jamais nommer sans préface d’honneur ». […] Ce qu’il faut dire à l’honneur de sa véracité comme historien, c’est que ce fonds d’opinion et d’humeur, encore plus que de principes, ne le mène point à altérer les faits ni à favoriser quelques-uns de ses personnages au détriment des autres. […] Je la donne ici en entier à cause de la généralité du projet et du plan qui fait honneur à Mézeray, bien qu’il fût sans doute trop paresseux à la fois et trop cassant pour l’exécuter et le mener à bonne fin31 : Louis, etc.
C’est au milieu de ces circonstances (que je ne puis ici qu’esquisser légèrement, mais bien faites pour inspirer une curiosité dont nous n’avons plus idée), que le jésuite Bourdaloue, montant avec éclat dans les chaires de la capitale et dans celle des Tuileries, venait inopinément relever, soutenir l’honneur de son ordre, et planter à son tour le drapeau d’une prédication pressante, éloquente, austère. […] Il fait très bien remarquer que, par une triste fatalité, l’orgueil, « cette partie la plus subtile de l’amour de nous-même si profondément enracinée dans nos âmes, s’insinue, non seulement dans les choses où nous aurions lieu en quelque manière de nous rechercher, mais jusque dans la haine de nous-même, jusque dans le renoncement à nous-même, jusque dans les saintes rigueurs que Dieu nous inspire d’exercer sur nous-même : On veut pratiquer le christianisme dans sa sévérité, mais on en veut avoir l’honneur. […] Toutefois, comme le nom manque ; comme, au milieu de l’abondance, de la solidité et même de l’agrément relatif des preuves, il y manque de plus l’éclair et le coup de foudre cher aux Français, ce côté militant de l’éloquence de Bourdaloue lui a peu survécu et ne s’est point dessiné de loin, tandis que Pascal, visière baissée, mais brillant du glaive, dans ses immortels pamphlets, est resté avec les honneurs de la victoire.
Mais, quoique je ne sois point heureux, j’aime mes inclinations, et je n’y saurais renoncer ; je me fais un point d’honneur de protéger leur faiblesse ; je ne consulte que mon cœur ; je ne veux point qu’il soit esclave des maximes des philosophes, ni de ma situation ; je ne fais pas d’inutiles efforts pour le régler sur ma fortune, je veux former ma fortune sur lui. […] Mais vous êtes ardent, bilieux, plus agité, plus superbe, plus inégal que la mer, et souverainement avide de plaisirs, de science et d’honneurs ; moi, je suis faible, inquiet, farouche, sans goût pour les biens communs, opiniâtre, singulier, et tout ce qu’il vous plaira. […] Il tient surtout dans sa lettre (car nous en sommes toujours à cette même lettre décisive, où il se découvre) à bien montrer à Mirabeau qu’on peut désirer de sortir d’une condition médiocre et d’arriver à une grande situation, par de grands motifs et sans du tout abjurer la hauteur des sentiments : Il y a des hommes, je le sais, qui ne souhaitent les grandeurs que pour vivre et pour vieillir dans le luxe et dans le désordre, pour avoir trente couverts, des valets, des équipages, ou pour jouer gros jeu, pour s’élever au-dessus du mérite et affliger la vertu, et qui n’arrivent à ce point que par mille indignités, faute de vues et de talents : mais, de souhaiter, malgré soi, un peu de domination parce qu’on se sent né pour elle ; de vouloir plier les esprits et les cœurs à son génie ; d’aspirer aux honneurs pour répandre le bien, pour s’attacher le mérite, le talent, les vertus, pour se les approprier, pour remplir toutes ses vues, pour charmer son inquiétude, pour détourner son esprit du sentiment de nos maux, enfin, pour exercer son génie et son talent dans toutes ces choses ; il me semble qu’à cela il peut y avoir quelque grandeur.
La disgrâce arrive ; M. de Choiseul est exilé à Chanteloup : on sait avec quel honneur ! […] Mme de Choiseul a bien les honneurs de cette correspondance ; son nom doit s’ajouter désormais à la liste des femmes qui ont bien pensé et bien écrit. […] [NdA] Mme de Choiseul, à la mort de son mari, se retira dans le couvent des Récolettes, pour pouvoir payer les immenses dettes qu’il laissait et faire honneur à sa mémoire.
Ce journal lui fait beaucoup d’honneur en ce que, sans que l’auteur vise à aucun effet ou songe à aucun lecteur futur, on y voit clairement, naïvement, l’état perplexe de sa croyance et la force de conscience qu’il lui fallut, modéré et timide comme il était, pour résister à des assauts aussi répétés que ceux qu’on lui livrait. […] Sa femme cependant accouche toujours, et comme pour remplacer Jean, cet aîné que le père n’a pas pour cela cessé d’aimer, elle lui donne un petit Jacques, qu’on nomme ainsi parce que le roi veut bien faire aux parents l’honneur de le tenir au baptême. […] Cette critique est un suffrage de plus tout à l’honneur du sage historien.
A Bâle, où nos voyageurs sont reçus avec distinction et traités par la seigneurie de la ville avec des marques d’honneur et de cérémonie, Montaigne voit François Hotman, le célèbre jurisconsulte, rival de Cujas, échappé au massacre de la Saint-Barthélemy ; à souper où il l’invite, il le met, lui et un savant médecin de la ville, sur le chapitre de la religion, et il devine que, tout en protestant contre la romaine, ils sont peu d’accord entre eux. […] A visiter, à étudier ainsi Rome, Montaigne se pique d’honneur ; il apprend bientôt à se passer de guide, et il est de force à en remontrer aux plus habiles ciceroni eux-mêmes. […] Montaigne disait donc (et à travers le secrétaire on sent de plus en plus le langage et l’accent magistral, comme sous de certaines pages de l’abbé Ledieu on sent la parole de Bossuet), — il disait : « Qu’on ne voyait rien de Rome que le ciel sous lequel elle avait été assise et le plan de son gîte ; que cette science qu’il en avait était une science abstraite et contemplative, de laquelle il n’y avait rien qui tombât sous les sens ; que ceux qui disaient qu’on y voyait au moins les ruines de Rome en disaient trop, car les ruines d’une si épouvantable machine rapporteraient plus d’honneur et de révérence à sa mémoire : ce n’était rien que son sépulcre.
Quelque coiffeur de ce temps-là, ami de la littérature comme il y en a toujours, aurait pu vraiment le faire copier en lettres d’or et l’exposer ensuite encadré dans sa boutique pour l’honneur du métier et l’édification des chalands. […] Gloire et honneur à Lucius qui s’était cru homicide, et qui n’est qu’un outricide ! […] C’est dans une fête, dans une cérémonie solennelle, au milieu d’une procession en l’honneur d’Isis, que l’âne, prévenu à l’avance dans un songe, saisit de ses dents la couronne de roses tant désirée, et redevient Lucius comme devant.
Les gens d’une bonne trempe, en fouillant dans leur propre fonds, y trouveront toujours du neuf et quelque chose de particulier qui leur fera plus d’honneur que de se parer des plumes d’autrui. […] Les docteurs de Sorbonne, fiers d’un talent et d’un candidat qui devait faire honneur à leur maison, écrivirent à ce sujet une lettre de félicitation à son oncle l’archevêque de Rouen, et le jeune Harlay eut de lui promesse d’obtenir l’abbaye de Jumiéges, si la reine y consentait. […] On ne verrait que d’honorables contrastes, et tout à l’honneur de notre temps.
Le notaire lui-même, pour peu (comme cela se rencontre de nos jours) qu’il soit animé et touché d’une étincelle littéraire, prend part à la satisfaction érudite et n’est pas insensible à l’honneur d’avoir du Molière dans ses archives. […] N’y a-t-il pas eu, en quelque étude, un clerc digne de s’appeler Maucler, un officieux qui a prêté l’oreille, qui a tout d’un coup prétendu savoir ce qu’il venait fortuitement d’apprendre et qui a cherché à dérober le los et honneur d’autrui ? […] » Le lit à pente de serge de Mouy vert brun, avec des passements, des crépines et des franges de soie, est garni d’une couverture de parade ; dans la ruelle est le fauteuil ou faudesteuil, siège d’honneur occupé quelquefois par le médecin ou par le confesseur.
Le livre d’Émile, résultat de sa première éducation romanesque, et où il jeta son premier cri, est à la fois une confession déguisée à peine, et une imitation littéraire du genre mis en honneur par Chateaubriand, et qui se continuait chaque jour avec faveur par Adolphe, Édouard, Ourika , … toute cette postérité de René. […] Il s’y détache comme des profils nettement tranchés, celui de l’homme de guerre, par exemple, tel qu’il apparaissait à nu et se dessinait au lendemain du premier Empire : « L’homme qui a toujours vécu dans les camps réduit toutes les questions de morale au mot d’honneur, tous les devoirs à l’observation de la discipline, et la vertu à la bravoure. […] Ce fut un duel sans colère, sans fiel aucun, et en quelque sorte abstrait, pour l’honneur du drapeau.
Il y en a qui s’amollissent en avançant dans la vie et se corrompent par le repos ou par les honneurs : lui, il resta intègre jusqu’au dernier jour, et si la sagesse était née avec lui, on peut dire que sa vertu ne parut jamais plus pure qu’au sortir de l’action et dans ces années de retraite où il se disposait à mourir. […] Un homme vain, fastueux, un roué habile, un ambitieux toujours aux aguets, allant à ses fins sous des airs d’extravagance, tout occupé de faire sa cour, à se trouver sur le passage du roi, à le lasser de son assiduité jusqu’au moment où il enleva la faveur ; à la guerre, un homme qui n’était pas embarrassé à se donner les honneurs des services d’autrui et à leur ravir leur part de récompense, comme il le fit pour Coligny dans cette croisade de 1664 en Hongrie ; pendant la paix, le plus effronté des courtisans et un somptueux flatteur en plein soleil et en place publique ; mais que dis-je et de quoi me mêlé-je avec mes couleurs délayées ? […] On ne se laisse point payer de mots, ni même d’espèces ; on a des restes d’honneur ; on ne veut voir qu’abus de la force dans cette première et si prompte inexécution du traité ; on ne peut croire à un pareil oubli de générosité chez Louis XIV, un si puissant roi !
Le duc de Noailles dont il est question ici et qui mourut comblé de jours, de considération et d’honneurs en 1766, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, est celui que Saint-Simon a peint en traits saillants, terribles, très flatteurs aussi à bien des égards, exagérés sans doute sur quelques points ; mais cela précisément appelle la discussion et l’examen. […] L’honnête homme en personne, sans arrière-pensée, sans intrigue, fidèle à sa cause, mais fidèle noblement et tristement, esprit juste, caractère élevé, nous le connaissons, nous avons l’honneur d’avoir notre fauteuil non loin du sien à l’Académie : c’est le duc de Noailles. […] C’est le lot des familles historiques, c’est leur charge comme leur honneur que chacun de leurs membres indistinctement puisse être examiné, épluché, pris à partie et jugé à la rigueur par n’importe qui dans la postérité.
Chéruel maintient donc au noble écrivain sa réputation méritée d’intégrité et d’honneur : c’est bien le moins. […] Chéruel, qui du reste ne prétend nullement lui contester ce double talent, ne me paraît pourtant point assigner à celui qui le possède le rang et le cran d’honneur qui lui est dû. […] Ce Saint-Hilaire, lieutenant général lui-même, était le fils du général d’artillerie Saint-Hilaire, qui eut l’honneur d’être frappé du même coup de canon qui tua M. de Turenne.
Mais, au fond, cela ne fait guère honneur à l’humanité ; cela montre combien nous sommes faibles et vaniteux. […] Aussi regarde-les, ceux qui ont passé par ses mains, à part quelques révoltés comme Herscher qui, dans sa haine du convenu, tombe à l’excessif et à l’ignoble, comme moi qui dois à cette vieille bête mon goût du contourné, de l’exaspéré, ma sculpture en sacs de noix, comme ils disent… tous les autres, abrutis, rasés, vidés… » Bien candide, ce bon Védrine… J’ai eu l’honneur d’être professeur de rhétorique, ce qui est un métier fort amusant ; et je jure devant Dieu que je n’ai jamais étouffé le génie et que je n’ai jamais vu personne l’étouffer autour de moi… Tous les autres personnages sont, à des degrés divers, vivants et vrais ; mais quelques-uns avec un peu d’inattendu et comme des trous, des solutions de continuité dans leur psychologie, Voici l’historien Astier-Réhu, Oh ! […] » avec l’intonation désespérée de la femme qui a mesuré le gouffre et s’y jette les yeux ouverts, pour tenir un engagement d’honneur. » Comprenez-vous ?
Resté le dernier survivant de la génération d’écrivains à laquelle il appartenait, il lui faisait honneur à nos yeux ; il la personnifiait par les meilleurs côtés ; c’est en la jugeant par lui qu’on s’en pouvait former l’idée la plus favorable. […] Il prenait son rôle de critique très au sérieux, craignant les visites, se refusant à l’honneur d’appartenir aux Académies ; il s’en exagérait les charges, qui peut-être alors étaient plus pesantes, en effet, qu’aujourd’hui. […] Dans cette vie doucement occupée et où le travail lui-même ne semblait qu’un ornement du loisir, sans autre ambition que celle de cultiver ses goûts et ses amitiés, M. de Féletz, en vieillissant, arriva tout naturellement aux honneurs littéraires.
Quel honneur pour une femme de pouvoir glisser son nom entre de tels noms ! Cet honneur-là, Mme du Châtelet, de son vivant, l’aurait payé un peu cher, si elle avait été sensible aux railleries et aux épigrammes. […] L’impression de cette mort sur Voltaire fut vive et fait honneur à sa sensibilité.
Considérant Voltaire de loin et d’après ses seuls ouvrages, l’embrassant avec cet enthousiasme de la jeunesse qu’il est honorable d’avoir ressenti au moins une fois dans sa vie, Frédéric le proclame l’unique héritier du grand siècle qui vient de finir, « le plus grand homme de la France et un mortel qui fait honneur à la parole ». […] Les honneurs d’ailleurs ne tournent point la tête à d’Alembert : il est touché, mais non enivré. […] Sur Jean-Jacques, par exemple : « Le roi parle, ce me semble, très bien sur les ouvrages de Rousseau ; il y trouve de la chaleur et de la force, mais peu de logique et de vérité ; il prétend qu’il ne lit que pour s’instruire, et que les ouvrages de Rousseau ne lui apprennent rien ou peu de chose. » Avec d’Alembert, dont il apprécia tout d’abord le caractère estimable, Frédéric se montre purement en philosophe ; on le voit tel qu’il aurait aimé à être dans la seconde moitié de sa vie, quand la goutte et l’humeur ne l’aigrissaient pas trop, et s’il avait eu autour de lui quelqu’un de digne avec qui s’entendre : « Sa conversation roule tantôt sur la littérature, tantôt sur la philosophie, assez souvent même sur la guerre et sur la politique, et quelquefois sur le mépris de la vie, de la gloire et des honneurs. » Voilà le cercle des sujets humains qu’il aimait à traiter habituellement, sincèrement, et en moralisant toujours ; mais la littérature et la philosophie étaient encore ce dont il aimait à causer par-dessus tout pour se détendre, quand il avait fait son métier de roi.
Un homme honorable, illustré depuis par une heure de grand courage, Boissy d’Anglas, son ami, prit la plume pour le défendre, et il écrivit, dans le Mercure de France du 20 février 1790, une lettre dans laquelle il rétablissait à l’honneur de La Harpe les faits qu’on dénaturait et qui se rapportaient à sa première jeunesse ou à sa naissance. […] Asselin, La Harpe y fit de brillantes études, et l’on a conservé ceux de ses discours latins qui obtinrent deux ans de suite le prix d’honneur. […] Il engagea une guerre ou plutôt mille petites guerres avec la foule des amours propres des auteurs du temps, se posant comme leur juge et comme leur fléau ; et à la fois il aspira à l’honneur d’un restaurateur du goût et d’un modèle dans ses œuvres et ses productions de poète.
Il est en habit du matin, chapeau à trois cornes, debout dans une des allées de Versailles ; beau, fin, délicat de visage, élégant de taille, de port, de geste, la jambe bien faite ; c’est un très joli portrait, et qui contraste agréablement avec celui que Rigaud fit plus tard du grand seigneur, du duc et pair arrivé au faîte des honneurs, dans toute la maturité et dans toutes les largesses de la vie, portrait à grand fracas, à perruque solennelle, où la cuirasse et l’armure sont à demi noyées sous l’hermine, mais où la physionomie plus pleine exprime bien de la force et de la beauté. […] Monseigneur, dans ses chasses à la forêt de Sénart, fait à d’Antin l’honneur de s’arrêter plus d’une fois à sa terre de Petit-Bourg, et Louis XIV (faveur insigne !) […] C’était lui qui avait dit de d’Antin ce mot décisif : « Voilà comme un vrai courtisan doit être, sans humeur et sans honneur. » Il semblait que d’Antin eût fait son temps, et il se disposait à pratiquer enfin sa morale de retraite : Je voyais, dit-il (dans les huit jours qui précédèrent la mort du roi), je voyais tout le monde courre au soleil levant ; les gens attachés de longue main à M. le duc d’Orléans épanouissaient leur visage.
Il eut pour professeur de rhétorique un savant jésuite, le père Oudin, à qui il fit d’abord plus d’honneur que Buffon moins précoce. […] Croyez-vous qu’on puisse rien imaginer de mieux pour l’honneur des arts et de leur protecteur ? […] Ce sentiment du beau et de l’antique, ou des merveilles pittoresques modernes, qui fait l’honneur de leur jugement, de Brosses ne se donne aucune peine pour l’avoir et pour l’exprimer : il l’a du premier bond et le rend par une promptitude heureuse.
Affamés d’honneurs et de biens, et sans aucune ambition patriotique, ils accaparent les gouvernements, les charges, les places de guerre et châteaux ; ils achètent et marchandent pour eux les compagnies des corps royaux et d’élite ; les deniers levés sur les peuples sont détournés à ces traités particuliers : « En un mot, dit Richelieu, si la France était tout entière à vendre, ils achèteraient la France de la France même. » Richelieu est dans l’opposition, comme nous dirions : il est trop patriote, à cette heure, pour n’en pas être, mais il en est encore d’une manière qui lui est propre. […] Richelieu a sa méthode sur la manière dont un Premier ministre dévoué doit produire et mettre en relief un roi courageux ; il souffre de voir Luynes ne rien entendre à cet art et à cette jalousie d’honneur qu’on doit avoir pour les armes de son maître. […] Les flatteries l’emportèrent jusque-là qu’il crut que toutes les louanges qu’on lui donnait étaient véritables, et que la grandeur qu’il possédait était moindre que son mérite… Il était plein de belles paroles et de promesses qu’il ne tenait pas fidèlement ; mais, lorsqu’il donnait des paroles plus absolues, c’est alors qu’on était plus assuré de n’avoir pas ce qu’il promettait ; et, lorsqu’il promettait le plus son affection, c’était lorsqu’on avait plus de sujet d’en être en doute : tant il manquait de foi sans en avoir honte, mesurant tout l’honneur à son utilité !
Je viens de lire ces Lettres qui tapagent, et, d’honneur ! […] Et c’est même ce qui peut arriver de plus heureux pour l’honneur de Mérimée, c’est qu’on les oublie ; car, si on s’en souvient, elles diminueront étrangement l’homme qui les a écrites et l’idée qu’on avait de la puissance et de la distinction de son esprit. […] Même Madame Sand, une des gloires de la maison Buloz, n’inspira jamais à Gustave Planche d’articles comparables à ceux qu’il écrivit en l’honneur de Mérimée.
Par la langue et le faire, Baudelaire, qui salue à la tête de son recueil Théophile Gautier pour son maître, est de cette école qui croit que tout est perdu, et même l’honneur, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse. […] C’est l’honneur de Charles Baudelaire d’avoir pu évoquer, dans un esprit délicat et juste, un si grand souvenir ! […] Eh bien, c’est égal, malgré la science et malgré la prose, il y a du poème et du poète aussi dans cette analyse, qui se fait honneur d’être sèche, exacte, précise, rechercheuse d’infiniment petites choses, côtoyant ce qui va cesser d’être tout à l’heure : l’abîme du rien, — sur les bords duquel aiment à se promener messieurs les faiseurs d’analyse !
je ne dis pas leur infliger la critique, mais leur partager l’honneur selon le degré de leur mérite, quel rôle ! […] Le roman n’a point encore mérité l’honneur d’une devise latine. […] L’école romantique a remis en honneur le sonnet, depuis si longtemps délaissé. […] Dans Les Effrontés, l’honneur d’Henri remonte à M. […] Pourquoi l’honneur de Maximilien ne remonte-t-il pas de même à Giboyer ?
Gigleux ait subi l’influence de ces deux maîtres, et je ne vois point qu’il y ait à l’en blâmer, car le charme de Musset allié à la vigueur nerveuse du poète des Trophées ne peut manquer de donner un résultat qui fasse honneur aux lettres françaises.
Un Ouvrage qui fait encore plus d’honneur aux lumieres de M. de Villement, c’est celui qui a pour titre : l’Irréligion dévoilée, ou la Philosophie de l’honnête homme.