Le général Lanchantin est mort général de division, baron de l’Empire, pendant la retraite de Moscou, à Krasko, en 1812.
Certes, bien que quarante-trois ans soient beaucoup dans la vie d’un siècle, il serait téméraire de prétendre décider de sa physionomie générale à cet âge de son existence.
Nous eûmes ce jour-là un spectacle extraordinaire : toute l’Académie en corps dans l’appareil le plus respectable, une assemblée nombreuse, un vieillard qui ajoutait à sa réputation par ses cheveux blancs, qui fut précédé par des applaudissements généraux, et dont toutes les paroles étaient attendues comme des oracles ; et qui trouva moyen de perdre en un quart d’heure toute la masse d’estime littéraire qu’il s’était acquise depuis si longtemps ; le Vert-Vert et le Méchant restent, mais l’auteur n’est plus. » (Notice sur la Vie et les Écrits de G.
S’attacher à tracer, à deviner l’histoire des poëtes de talent morts avant d’avoir réussi, ce serait vouloir faire, à la guerre, l’histoire de tous les grands généraux tués sous-lieutenants ; ou ce serait, en botanique, faire la description des individus plantes dont les beaux germes avortés sont tombés sur le rocher.
La gloire anticipée et la faveur générale qui entourait le jeune Fénelon, firent craindre quelque enivrement du monde au vieil oncle, son tuteur, qui se hâta de le faire entrer dans le séminaire Saint-Sulpice, pour l’attacher au sacerdoce par des vœux.
M. de Glouvet a eu cette fois la chance rare de dresser en pied une figure humaine qui représente un sentiment très général et très beau sous une forme concrète et dans des conditions très particulières et très pittoresques.
Nisard commence par se former une idée générale, et comme purifiée, du génie français.
Âgée de vingt ans, le 23 décembre 1745, elle épousa son cousin, M. d’Épinay, l’aîné des fils de M. de La Live de Bellegarde, fermier général.
Il s’agissait encore de Voltaire, au sujet de sa tragédie de Mahomet et des hardiesses qu’elle renferme : Ce que je ne lui pardonne pas, et qui n’est pas pardonnable, écrivait Chesterfield à Crébillon, c’est tous les mouvements qu’il se donne pour la propagation d’une doctrine aussi pernicieuse à la société civile que contraire à la religion générale de tous les pays.
Grand peintre d’histoire, Saint-Simon excelle à rendre les individus en pied, les groupes, les foules, à la fois le mouvement général et le détail particulier à l’infini : il a ce double effet et du détail et des ensembles.
Il y a le Fontenelle bel esprit, coquet, pincé, damoiseau, fade auteur d’églogues et d’opéras, rédacteur du Mercure galant, en guerre ou en chicane avec les Racine, les Despréaux, les La Fontaine ; le Fontenelle loué par de Visé et flagellé par La Bruyère ; et à travers ce Fontenelle primitif, à l’esprit mince, au goût détestable, il y en a un autre qui s’annonce de bonne heure et se dégage lentement, patiemment, mais avec suite, fermeté et certitude ; le Fontenelle disciple de Descartes en liberté d’esprit et en étendue d’horizon, l’homme le plus dénué de toute idée préconçue, de toute prévention dans l’ordre de la pensée et dans les matières de l’entendement ; comprenant le monde moderne et l’instrument, en partie nouveau, de raisonnement exact et perfectionné qu’on y exige, s’en servant avec finesse, avec justesse et précision, y insinuant l’agrément qui fait pardonner la rigueur, et qui y réconcilie les moins sévères ; en un mot, il y a le Fontenelle, non plus des ruelles ni de l’Opéra, mais de l’Académie des sciences, le premier et le plus digne organe, de ces corps savants que lui-même a conçus dans toute leur grandeur et leur universalité quand il les a nommés les états généraux de la littérature et de l’intelligence.
Ou raconte que c’est là qu’un général de notre connaissance s’avisa un jour qu’il avait trouvé un sujet unique pour le plus gai et le plus délicieux des proverbes.
Ainsi, dans la société, M. de Bonald croit à un ordre particulier, aussi naturel et aussi nécessaire que l’ordre général de l’univers : il marche donc dans sa voie, tranquillement, fermement, sous l’œil de Dieu et de ceux qu’il a préposés, comme au temps de Moïse et du Décalogue, comme au temps de Grégoire VII et III, comme au temps de saint Louis.
Dans ces trois cas il procède de même, s’emparant de quelques points de la question, s’y fixant et s’y affectionnant avec sagacité et opiniâtreté, et concluant du particulier au général sans s’inquiéter de ce qui le gêne et en le sacrifiant.
Et d’ailleurs, si Mme de Motteville, se tenant à son rôle de femme, ne disant que ce qu’elle a appris par elle-même ou de bonne source, n’essaye pas de pénétrer les secrets du cabinet (dont elle devine pourtant très bien quelques-uns), elle nous peint au naturel l’esprit général des situations et le caractère moral des personnages : c’est ce côté durable que le temps a dégagé en elle, et qui la place désormais à un rang si distingué et si bien établi.
À en croire une affirmation très générale et très souvent répétée, de bonne foi, nous le pensons, ce mot, l’Art pour l’Art, aurait été écrit par l’auteur même de ce livre.
Selon l’auteur Jésuite, cette éloquence, la seule qu’il admette pour vraie, tire peu de secours des regles ordinaires, parce que, dit il, elles ne peuvent être que générales & vagues.
En ces différentes acceptions, qui se fondent les unes dans les autres, je fais usage, pour plus grande commodité, du terme général de concurrence vitale (struggle for life).
Voilà, en quelques mots qui en disent peut-être trop peu, l’Introduction que le publicateur de Saint-Simon appelle son Introduction générale.
Léonce Curnier est le receveur général du département du Gard ; mais il n’a pas reçu grand-chose en fait de talent littéraire… À lire son livre de critique sur Rivarol, je le crois un fameux comptable !
Une fois découvertes les lois les plus générales de l’activité spirituelle (comme le furent, en fait, les principes fondamentaux de la mécanique), on aurait passé de l’esprit pur à la vie : la biologie se serait constituée, mais une biologie vitaliste, toute différente de la nôtre, qui serait allée chercher, derrière les formes sensibles des êtres vivants, la force intérieure, invisible, dont elles sont les manifestations.
Une révolution d’âme, du plus grand intérêt et du plus général, y est exposée avec force, avec hardiesse, et avec une sorte d’émotion et d’emportement farouche. […] Il sait, lui, de science certaine, qu’il va mourir, et il prévoit l’heure exacte de sa mort : « Je suis le plus misérable de mes patients, madame Helmer… Ces jours-ci, j’ai entrepris l’examen général de mon état. […] C’est ensuite un monsieur qui présente à un vieux général son fils, élève de Saint-Cyr. […] Céard serait ainsi plus général et d’une plus large signification. ) Bernaud n’a pas donné signe de vie depuis trois mois. […] La « psychologie » de l’émigré à cette époque, et celle du général de la république tout prêt à devenir maréchal de l’empire, c’était pourtant là, à ce qu’il semble, un sujet intéressant.
Aujourd’hui, en effet, la critique est, le plus souvent, une muse un peu dédaigneuse, uniquement préoccupée d’idées générales, qui considère les livres de très haut et qui n’en retient que ce qui peut servir d’argument à telle théorie esthétique ou s’adapter à telle interprétation évolutionniste d’une période littéraire. […] « Souvent traditionnelles, générales comme il convient à un esprit philosophique, effacées quelquefois par l’usage, peu nourries, toujours délicates, les comparaisons interviennent dans son style poétique non pas comme d’insistantes et serviles copies de la réalité, mais comme les allusions légères d’un esprit qui plane sur la nature. » M. de Pomairols observe aussi que, dans l’immense champ des images, « Lamartine choisit spontanément Tout ce qui monte au jour, ou vole, ou flotte, ou plane, parce que, occupé avant tout de l’âme, il se plaît à retrouver au dehors les attributs de légèreté, de souplesse, de transparence de l’élément spirituel. » Et encore : « C’est l’élément liquide qui fournit à Lamartine le plus grand nombre de ses images… Tous les phénomènes qu’offre la fluidité, aisance, transparence, reflets du ciel, murmures harmonieux, défaut de saveur peut-être, manque de limites et de formes arrêtées, tous ces caractères de la fluidité se confondent avec les attributs de l’imagination lamartinienne. » Et voici, entre beaucoup d’autres, un exemple bien joliment choisi et commenté, à l’appui de ces remarques : « Il est des êtres, semble-t-il, pour qui l’idée de pesanteur n’est pas à craindre, comme la jeune fille. […] Comptez : cela fait cinq verbes et huit substantifs, là où un seul substantif et un seul verbe suffiraient : mais aussi cela donne l’idée d’un rideau de lierre tout à fait sérieux Tous les sentiments simples, amour du village et de la maison, tendresse maternelle, piété filiale, amitié pour les bêtes, tristesse du retour dans la maison natale qui a changé de maître, etc… ; et les spectacles les plus généraux de l’univers physique, printemps, hiver, soir, matin, lac, plaine, montagne… ; et les travaux de la vie pastorale et agricole, tout cela y est décrit avec une ampleur, une naïve opulence d’expression, qui trois mille ans après l’Odyssée, et malgré tout ce qu’il a passé d’eau sous les ponts, sent, je ne sais comment, son poète primitif, et fait surtout songer (j’y reviens) aux descriptions de Valmiki et des bons brahmanes Tout y est magnifié. […] Les vraies « Feuilles d’automne », ce sont les Recueillements : le soleil de l’avenir humain y brille, pour le poète, à travers les feuillages jaunis de son automne, au bout des sentiers jonchés de ses illusions et de ses deuils… L’éternelle mélancolie et l’éternel espoir… Mais pourquoi un critique impérieux et inventif, dialecticien de la même façon que d’autres sont poètes, et qui produit des théories comme un rosier porte des roses, a-t-il dit et même démontré que la poésie romantique et la poésie personnelle, c’est tout un ; que ce qui distingue, en gros, les romantiques des parnassiens, c’est que les premiers, monstres de vanité, se jugeaient si intéressants et si particuliers qu’ils ne nous parlaient que d’eux-mêmes et de leurs petites affaires, au lieu que les seconds se sont appliqués à peindre ce qui leur était extérieur, et qu’ainsi « l’évolution de la poésie lyrique » en ce siècle, c’est, en somme, le passage de la poésie subjective à la poésie objective Je crois pourtant n’avoir presque jamais rencontré, ni dans Chateaubriand, ni dans Lamartine, Hugo ou Vigny, ni même dans Musset, rien de personnel qui ne soit en même temps général ; et je le pourrais prouver très facilement, si c’était ici le lieu.
» Marivaux, très judicieux tant qu’il se tient ainsi dans le point de vue général, ne veut pas qu’en se mettant à écrire, un jeune homme imite personne, pas plus les modernes que les anciens ; car les anciens « avaient, pour ainsi dire, tout un autre univers que nous : le commerce que les hommes avaient ensemble alors ne nous paraît aujourd’hui qu’un apprentissage de celui qu’ils ont eu depuis, et qu’ils peuvent avoir en bien et en mal.
Ce beau feu céleste fait d’un savetier un poêle, et un général d’un laboureur comme Sforce ; et, en politique, d’un moine un Ximénès.
Dans les Fourberies de femmes, je ne me flatterai pas de trouver la formule générale, mais cependant tout s’y rapporte à une fin, à la fin féminine par excellence : tromper pour un certain motif.
Cette Eudora si souvent nommée et invoquée dans les Mémoires de sa mère, elle était devenue à son tour une des preuves vivantes d’une disposition générale des esprits, un des symptômes du temps.
Les ouvriers, artisans, et jusqu’aux laboureurs, ont des mots de métier, naïfs et pittoresques : de temps en temps il doit être permis au poète d’introduire de ces mots, de ces locutions non vulgaires dans la langue générale.
Guttinguer avait publié vers 1828, Amour et Opinion, les mœurs de l’époque impériale, celles de 1815, étaient déjà bien exprimées : élégie de fin d’Empire, écrite par un ex-garde d’honneur, où les personnages sont de beaux colonels et des généraux de vingt-neuf ans, de jeunes et belles comtesses de vingt-cinq ; où la scène se passe dans des châteaux, et le long des parcs bordés d’arbres de Judée et de Sainte-Lucie : en tout très-peu de Waterloo. — Mais Arthur est le vrai, le seul roman de M.
« Je fus présenté au général, dit M.
(La vision de ce suicide équestre est, soit dit en passant, une très belle chose. ) — Mlle Charlotte de Luc d’Estrelles, orpheline pauvre, s’est offerte un jour sans succès à son cousin Louis de Camors ; peu après, elle épouse pour sa fortune le général de Campvallon, puis ressaisit son beau cousin, l’oblige à se marier pour détourner les soupçons de son vieux mari, continue d’être à lui, est surprise une nuit par le général qui tombe foudroyé du coup, reprend et garde son amant épouvanté et qui ne l’aime plus, et tout cela sans l’ombre d’un remords Certes ce sont là, Bathilde, Julia et Charlotte, trois grandes amoureuses : elles aiment absolument, elles aiment furieusement.
Sans doute, cela peut se soutenir, et on conclurait alors que la loi en question, qui peut nous servir de règle d’action à nous qui habitons la Terre, n’a cependant aucune valeur générale au point de vue de la connaissance, et ne doit son intérêt qu’au hasard qui nous a placés sur ce globe.
Voilà le véritable titre de madame de Maintenon au respect général.
L’échec dut lui être d’autant plus amer que, par harsard, il avait, ce jour-là, les dix généraux de Marathon pour juges, et que le soldat qu’il était resté put se croire dégradé par la main de ses anciens chefs.
Grand naturaliste et poète, il étudie chaque objet et le voit à la fois dans la réalité et dans l’idéal ; il l’étudie en tant qu’individu, et il l’élève, il le place à son rang dans l’ordre général de la nature ; et cependant il en respire le parfum de poésie que toute chose recèle en soi.
Pourtant, à un certain jour, ennui ou caprice, ou ressouvenir d’Esther, elle commençait à se jeter du côté de la dévotion, et d’une dévotion peu commode : elle avait pris pour directeur le père de La Tour, homme de beaucoup d’esprit, sans complaisance, et qui est bien connu comme général de la congrégation de l’Oratoire.
L’abbé de Choisy, fort surpris de ce qu’il appelle la bizarrerie de M. de Montausier, mais à qui rien n’était sensible comme une désapprobation royale ou ce qui en approchait, crut là-dessus qu’il était bon de s’éclipser, et, durant deux ou trois ans, il alla vivre incognito dans un château du Berry qu’il acheta tout exprès, se faisant appeler la comtesse des Barres, jouant la comédie, s’habillant, se déshabillant, se coiffant et se mirant tout le jour, entouré de la noblesse et de la gentilhommerie du pays, curés, intendants, évêques, Mme la lieutenante générale, tous honnêtes gens qui raffolaient de lui comme d’une élégante Parisienne, et en usant sous main de telle sorte, qu’en d’autres temps il aurait pu avoir affaire au procureur du roi pour séduction de mineures.
Elle faisait de ces choses qui eussent été charmantes de la part d’une toute jeune fille : pendant un voyage en Flandre où M. de Lauzun commandait comme général, un jour d’horrible pluie, comme il s’approchait souvent de la voiture du roi nu-tête et le chapeau à la main, Mademoiselle ne pouvait se contenir et disait au roi : « Faites-lui mettre son chapeau !
Dans ce portrait de Sapho, qui est en si grande partie le sien, elle insiste beaucoup sur ce que Sapho ne sait pas seulement à fond tout ce qui dépend de l’amour, mais sur ce qu’aussi elle ne connaît pas moins tout ce qui est de la générosité ; et toute cette merveille de science et de nature, selon elle, se couronne encore de modestie : En effet, sa conversation est si naturelle, si aisée et si galante, qu’on ne lui entend jamais dire en une conversation générale que des choses qu’on peut croire qu’une personne de grand esprit pourrait dire sans avoir appris tout ce qu’elle sait.
Un jour, au siège devant Gravelines, les maréchaux de Gassion et de La Meilleraye, qui commandaient, avaient eu querelle, et leur démêlé allait jusqu’à partager l’armée : leurs troupes étaient près d’en venir aux mains lorsque le marquis de Lambert, alors simple maréchal de camp, se jeta entre les deux partis et ordonna aux troupes, de la part du roi, de s’arrêter : « Il leur défendit de reconnaître ces généraux pour leurs chefs.