[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
On dit, avec raison, qu’on ne pourrait pas mettre sur le théâtre français la plupart des pièces grecques, exactement traduites : ce ne sont point quelques négligences de l’art qui empêcheraient d’applaudir à tant de beautés originales ; mais on aurait de la peine à supporter maintenant un certain manque de délicatesse dans les expressions sensibles. […] Racine a risqué sur le théâtre français un amour dans le genre grec, un amour qu’il faut attribuer à la vengeance des dieux.
. — Par cette méconnaissance mutuelle et par cet isolement séculaire, les Français ont perdu l’habitude, l’art et la faculté d’agir ensemble. […] Laboulaye, de l’Administration française sous Louis XVI (Revue des Cours littéraires, IV, 743). — Albert Babeau, I, 111 (Doléances et vœux des corporations de Troyes).
d’acquérir la réputation du plus grand poète français, non point par intrigue, comme Voltaire, mais en la méritant véritablement ; pour cela, savoir le grec, l’italien, l’anglais. […] Cet oubli est un des défauts capitaux du théâtre français. » Je n’ai pas le loisir de développer ici mon impression ; mais on sent que, plus tard, le romantisme, qu’il défendra, ne sera pas tout à fait la même chose pour lui que pour les romantiques, qu’il ne mettra pas les mêmes idées sous les mêmes mots, que cette révolution littéraire ne sera à ses yeux qu’un développement naturel du génie national dans le sens de la vraie simplicité et de la franchise d’observation… L’histoire de cette seconde entreprise de Beyle est donc l’histoire d’un second échec.
Juste au moment où Maurice Bouchor fait sa prière à tous les dieux, voilà que l’homme aux yeux d’or et à la peau cuivrée, qui a si savamment rugi les Blasphèmes, s’attendrit à son tour, et qu’il se penche avec respect sur de bonnes âmes, aryennes jusqu’à la plus scrupuleuse vertu… Je vais maintenant guetter le Courrier français. […] Voilà bien longtemps que je dis qu’au théâtre, le Français n’aime au fond que le drame en vers et le vaudeville !
Une femme seule pouvait nous donner ces feuilletons, qui feront certainement suite, dans l’histoire de la société française, aux lettres de Mme de Sévigné, cette feuilletoniste du grand siècle de Louis XIV, et déplier au regard qui craint qu’elles ne s’envolent ces fragiles peintures d’éventail On aura beau, par un tour de souplesse de l’imagination, se faire spirituel, dandy, Rivarol en habit violette expirante, grand seigneur, prince de Ligne, avec ses coureurs roses et argent, devant sa voiture rose, on n’arrivera jamais, si on n’est qu’un homme, à être le vicomte de Launay d’un siècle grave, par des choses que le siècle dédaigne ou n’aime plus, avec cette supériorité ! Pour cet anachronisme charmant, pour cette résurrection de la grâce française, qui n’est pas, hélas !
Aujourd’hui, par une très noble initiative, Amédée Renée fait date dans la littérature française. Il sera le premier parmi les historiens français qui aura parlé du Pape Grégoire VII avec le respect et l’admiration qu’il mérite ; car ce pontife en a inspiré, des respects et des admirations, qu’il ne mérite pas, et que nous repoussons, nous !
Mais, sans ressembler à Tardent jeune homme qui trouva l’inspiration du talent dans les premières ivresses de la Révolution française, Carrel pourrait avoir des facultés à part, un talent à lui, dont nous regretterions l’emploi, mais dont nous subirions la puissance. […] Elle aurait vu sur ce nom les quelques gouttes de sang résolument versé qui, dans l’opinion française, passeront toujours pour de la pourpre, et cela eût suffi pour parer une gloire imméritée, qu’elle est capable de lui retirer tout entière si on vient lui demander d’y ajouter encore, — si on vient quêter sur ce tombeau !
Madame de Créqui Lettres inédites de la marquise de Créqui à Sénac de Meilhan (1782-1789), mises en ordre et annotées par Édouard Fournier, précédées d’une Introduction par Sainte-Beuve, de l’Académie française. […] N’était cette injustice, que nous nous sommes permis de relever, pour une femme douée le plus des anciennes qualités françaises, qui plonge jusqu’au cou dans le génie de sa langue et de sa race, et que l’on peut considérer comme l’arrière-petite-fille de Montaigne, mais sans scepticisme et sans superfluité, l’Introduction de Sainte-Beuve nous paraîtrait ce qu’elle est réellement : un petit chef-d’œuvre d’analyse, d’expression et de sybaritisme littéraire.
Or l’ouvrage, pour remplir son titre, doit aller jusqu’à la Révolution française, pour le moins, car après la mort des moines dans l’Occident, il y a (heureusement !) […] Ce fut quand il écrivit cette Sainte Élisabeth de Hongrie, sincère à peu près comme les poésies de Clotilde de Surville sont françaises.
Mais en France, où nous sommes juges d’idées, si nous ne sommes pas juges d’expression, nous avons véritablement le droit de nous demander, après avoir lu le livre qu’on vient de traduire, quel motif peuvent avoir des critiques français pour se mettre en dépense d’articles et faire une renommée à cette chosette ? […] que tous les gens d’esprit étaient malades et devaient l’être, en raison même de leur esprit, et il a fait, dans ce style charmant qu’il a, même en français, ronfler ce paradoxe comme le plus vibrant et le plus étincelant tambour de basque, sous le pouce de sa fantaisie !
Je sais trop de quoi il est fait pour annoncer qu’il vient de naître un homme de génie de plus à la littérature française, et pourtant il est vrai de dire que le Poème humain de Gustave Rousselot, malgré les énormes défauts que j’y signalerai tout à l’heure, a plusieurs des qualités fortes qui constituent le génie poétique, et je suis d’autant moins suspect lorsque j’affirme qu’il les a, que le poème en question, avec son titre que je n’aime pas, est écrit tout entier dans une inspiration que je déteste. […] Du coup de cette poétique, en effet, et de sa seule autorité privée, Gustave Rousselot affranchit la poésie française de ses règles séculaires, dans l’intérêt de ceux qui n’ont pas assez de vigueur pour les subir, et dans le sien, à lui, qui s’en croit tant !
Il faut dire, il est vrai, que si le Français est né vaudevilliste, il est né aussi galantin, et que là où une prétention d’homme serait châtiée par le coup de fouet de l’éclat de rire, une prétention de femme, surtout lorsque cette femme est belle, est admise toujours. […] Si la vie de salon et de maîtresse de maison littéraire n’avait pas enivré son âme et faussé sa vocation en l’étendant, elle aurait pu être UNE poète, cette chose si rare que, pour la dire au féminin, il faut faire une faute de français !
Il a montré en La Fontaine le génie le plus gaulois, le plus étonnamment gaulois que l’esprit gaulois ait produit dans la langue et la littérature françaises. […] Taine, en rendant justice aux nombreux et immenses mérites du poète dans La Fontaine, n’aurait-il pas dû insister davantage sur la qualité prédominante du génie qu’on pourrait appeler nonpareil, comme la nonpareille des Florides, et qui le fait unique dans la littérature française, — et, que dis-je ?
Il y a une étude à faire sur le talent, selon nous beaucoup trop vanté, de madame George Sand, à qui tout a réussi insolemment comme à une femme dans ce pays de la galanterie française, et un jour nous la ferons complète. […] Car, ici, il ne s’agit que de Romanciers, et madame Sand, malgré la langue française qui ne prend pas toujours les ordres de l’intelligence pour faire ses mots, n’est qu’une Romancière, c’est-à-dire, en fin de compte : un bas-bleu.
Il y a une étude à faire sur le talent, selon nous beaucoup trop vanté, de Mme George Sand, à qui tout a réussi insolemment comme à une femme, dans ce pays de la galanterie française, et un jour nous la ferons complète. […] Car ici, il ne s’agit que de ROMANCIERS, et Mme Sand, malgré la langue française qui ne prend pas toujours les ordres de l’intelligence pour faire ses mots, n’est qu’une ROMANCIÈRE, c’est-à-dire, en fin de compte : un bas-bleu.
mais chez nous, Français, les légers de l’Europe, nous appelons cela superficiel ! […] Gogol a beau vouloir n’être que Russe, il a beau regimber contre l’influence française et l’influence allemande, il les porte tous les deux sur sa pensée : il a appris le latin dans Richter et dans Voltaire.
Le français, mélange informe, fut sauvage et dur jusqu’à François Ier. […] Parmi tant d’orateurs allemands, italiens, français, hollandais, suédois, comment n’y en eut-il pas un seul qu’on puisse lire aujourd’hui avec intérêt, et qui ait conservé du moins quelque célébrité ?
L’oraison funèbre de Turenne n’en est pas moins un des monuments de l’éloquence française ; l’exorde sera éternellement cité pour son harmonie, pour son caractère majestueux et sombre, et pour l’espèce de douleur auguste qui y règne. […] On trouvera ce mérite dans l’oraison funèbre de la feue reine, prononcée à l’Académie française par M. l’abbé de Boismont.
À moi, c’était le plus souvent une insertion de manuscrit dans la Nouvelle Revue française. […] xix, p. 305 de la traduction française. […] ix, p. 145 de la traduction française. […] xix, p. 313 de la traduction française. […] Du côté de chez Swann, p. 45 de l’édition de la Nouvelle Revue française.
C’est le triomphe de la langue française menée au feu : infanterie, cavalerie, artillerie, incendie, assauts, carnage, tout roule, tout avance, tout recule, tout tourbillonne, tout s’abat, comme dans ces trombes terrestres où les nuées, entrechoquées par des vents contraires, finissent par vomir la grêle qui couche à terre les maisons, et qui emporte avec les feuilles les membres des arbres. […] Un officier anglais, parlementaire, s’avance et crie au bataillon : — Braves Français, vous avez assez fait pour la gloire, la fortune a décidé ; rendez-vous pour sauver à l’humanité un meurtre inutile ! […] Il n’y a pas deux mots pour exprimer cela : c’est le mot du capitaine de vaisseau clouant au mât son pavillon qu’il ne veut point amener ; c’est le mot le plus sublime de toute une guerre française, l’héritage que l’armée mourante lègue à l’armée qui renaîtra de son sang. […] parce que le mot est digne, noble, mémorable, parce qu’il exprime héroïquement, quoique simplement, le qu’il mourût de Corneille, parce qu’il mérite d’être inscrit en lettres d’or sur les étendards de la patrie, Victor Hugo, qui croit avoir trouvé mieux dans la langue canaille du peuple, substitue à cette belle langue militaire un mot de faubourg, un mot plus abject, et plus qu’un mot de faubourg, un mot de latrines qui répond par une brutalité laconique, par une bestiale réplique, à une proposition généreuse faite en bons termes à ces braves mourants, et il en fait le plus beau mot (textuel) qu’un Français ait jamais dit, et il s’extasie sur le génie populaire de ce mot. […] C’est de la critique philosophique, sociale, morale, historique ; c’est le soulèvement du cœur français contre l’ignobilité du mot qu’on lui prête.
De même que le plus mauvais jargon populaire est plus propre à initier à la linguistique qu’une langue artificielle et travaillée de main d’homme comme le français ; de même on pourrait posséder à fond des littératures comme la littérature française, anglaise, allemande, italienne, sans avoir même aperçu le grand problème. […] La vieille humanité française était une vertu ou une qualité morale, mais avec bien des nuances qui expliquent la transition. « Je te le donne au nom de l’humanité », dit don Juan dans Molière. […] Je connais des Français, des Anglais, des Allemands, dit-il, je ne connais pas d’hommes. Nous autres nous pensons que le but de la nature est l’homme éclairé, qu’il soit français, anglais, allemand.
On a donné au collège où est son fils, une narration française, dont le sujet est la mort d’un personnage quelconque. […] Il s’interrompt : « Savez-vous un rêve que je fais… s’il m’arrivait, d’ici à dix ans, de gagner 500 000 fr… ce serait de me fourrer dans un livre, que je ne terminerais jamais… quelque chose, comme une histoire de la littérature française… oui, ce serait pour moi un prétexte de cesser d’être en communication avec le public, de me retirer de la littérature sans le dire… je voudrais être tranquille… oui, je voudrais être tranquille. » « Allons, dit-il, en s’en allant avec une espèce d’air d’effroi, en voilà là-bas pour huit mois ! […] Il joue de la langue française, avec une parfaite connaissance de tous les parisianismes, pimentés d’une certaine gouaillerie sentant le ruisseau. […] Dimanche 1er octobre L’amour du mari chez l’Américaine diffère de celui de la femme française : « L’Américaine préfère toujours son mari à son enfant, la Française, toujours son enfant à son mari. » Jeudi 12 octobre Je revois Daudet, dans une espèce d’allégresse, de bonheur exalté produit par le travail, et qui ressemble à de la griserie : un état très particulier et que je n’ai constaté que chez lui.
Dès 1680, l’électeur de Saxe, en résidence à Torgau, se faisait représenter les sept ou huit chefs-d’œuvre du poète français. […] Larroumet, auteur d’un livre sur Marivaux, qui a été couronné par l’Académie française. […] Ou plutôt le ridicule n’existe pas chez eux ; j’entends le ridicule français, celui qui consiste à ne pas se conformer à l’usage établi. […] Et qu’il ne croie pas que c’était pour flatter l’animosité proverbiale des Français contre les jésuites. […] Il n’y en avait pas encore de française.
. — élections de mm. saint-marc girardin et sainte-beuve a l’académie française.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1888).]
Les Vers latins sont rendus par des Vers françois, parmi lesquels il s’en trouve quelques-uns d’heureux.
in-12. un recueil intéressant, intitulé : le Fablier françois, ou Elite des meilleures fables depuis Lafontaine.
Écrire vivement, franchement, clairement, c’est le point capital de notre langue et pour peu qu’on examine les titres de la prose française à la gloire méritée dont elle jouit, on y trouvera celui-ci tout au premier rang. […] Mais lorsqu’on les voit reparaître pour la troisième, pour la quatrième fois, l’attention se lasse et n’est pas ranimée par le changement d’un costume espagnol contre un pourpoint italien, une robe turque ou un habit français. […] Que si l’on nous demandait pourquoi nous allons nous enamourer d’un livre allemand quand il y a tant de livres français, nous aurions beaucoup de réponses très péremptoires à donner. […] Et puis, politiquement parlant, on a risqué de le compromettre très fort, car il est loin de haïr les Français, Et, à ce propos, que deviennent-ils ? […] On avait beau parler de Shakespeare comme d’un ancêtre révéré, il fallait des noms qu’une bouche française pût prononcer sans effort et sans grimace.
grand mouvement de réimpressions dans la librairie française. — les formats-charpentier. — l’illustration.
Saint-Marc Girardin qu’il s’agissait, dans ce que j’ai dit, de l’Académie française, et que leur renom n’a guère jusqu’ici profité à aucun des deux Dumas.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (18871888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Discours de réception à l’Académie française (18 mai 1848).]
Comme eux, il a le trait ; comme eux, il est Français, éloquent, homme d’esprit, patriote et poète.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887).]
L’auteur suppose que, pendant les guerres de la révolution, plusieurs officiers français conviennent entre eux d’occuper chacun à leur tour la longueur des nuits du bivouac par le récit de quelqu’une de leurs aventures.
Voilà pourquoi la philosophie française de M. […] Cet homme est un Français, c’est Descartes. Son premier ouvrage écrit en français est de 1657. […] Restent en face l’un de l’autre, sur la scène de l’Europe et dans le monde des idées, le peuple français et le peuple allemand. […] Voilà dans la Charte un élément qui ne sort pas de la Révolution française.