Les métissages font souvent les plus fortes espèces d’hommes. […] Il y a là un phénomène d’échange fort suggestif et aussi, pour le moins, une coïncidence curieuse. […] Voici que nous le retrouvons en l’essayiste, mieux armé et fort d’une philosophie nouvelle. […] Ils me paraissent fort tributaires de son art. […] Huysmans, un frontispice et trois gravures à l’eau forte de Félicien Rops.
Le Tellier, ce seroit une raison assez forte pour l’ôter de sa place. […] Il ramena sa majesté Chinoise par une requête fort humble qu’il lui fit présenter. […] De fort honnêtes cabaretiers, surtout, en usoient ainsi. […] Ils sont ignorans & fort orgueilleux. […] Le docteur cria si fort, qu’il découvrit la mauvaise foi du soutenant.
J’ai rêvé fort souvent un autre spectacle bien plus curieux et plus émouvant, bien moins vulgaire surtout que celui-là. […] Loin de trouver les âmes de nos contemporains trop molles, je les trouve trop fortes encore pour mon goût. […] La peinture la plus forte que je connaisse de l’ambition, c’est le Macbeth de Shakespeare. […] Il est véritablement fort respectable, mais il n’en est pas moins ridicule. […] Goethe nous enseigne au contraire que la vie ne trompe jamais celui qui agit loyalement avec elle et qui est assez fort pour ne pas désespérer.
Mais cela surtout ne l’excuse-t-il pas d’avoir si fort maltraité Desportes ? […] Mais la logique intérieure du système avait été la plus forte. […] À plus forte raison, si nous ne sommes pas chrétiens, nous en faut-il en ce cas contre l’excès de la piété même. […] À plus forte raison, en morale et en politique, le sens propre et individuel trouvait-il partout sa limite. […] Mais, au xviie siècle, on avait raison, pleinement raison quand on reprochait aux esprits forts, comme on les appelait, de n’être forts, en vérité, que de leur faiblesse, contre les tentations.
Il y avait tant d’années que nous attendions un peu de poésie forte et vraie ! […] Ma volupté avait été si forte et si terrible, que je ne pouvais m’empêcher d’y vouloir retourner sans cesse. […] Cela est fort imprudent : c’est se faire un ennemi — sans bénéfice et sans profit. […] Si vous êtes fort, c’est vous perdre que de vous attaquer à un homme fort ; fussiez-vous dissidents en quelques points, il sera toujours des vôtres en certaines occasions. […] Le fort qui devine un frère dans tout ce qui est fort, voit ses enfants dans tout ce qui a besoin d’être protégé ou consolé.
Tel est le sentiment des forts. […] Son style, c’est sa pensée elle-même ; et comme cette pensée est toujours grande et forte, son style aussi est toujours grand, solide et fort. […] Il y a là un mur qui barre le chemin aux plus forts. […] Pourquoi, étant faibles, ont-ils l’ambition de vouloir être forts ? […] Ce sont là des esprits trop fins, dans des corps trop forts.
C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie. […] Ce témoignage leur plut si fort, qu’ils ordonnerent qu’à l’avenir tous les Récipiendaires feroient aussi un Discours de remercîment.
Une forte école s’élève, une génération forte croît dans l’ombre pour elle.
D’abord, et si fort que soit ce paradoxe apparent, il faut un caractère général pour constituer un individu, une chose particulière qui dure. […] Ce groupe est fort abondant ; on s’en aperçoit à la multitude des détails qu’on est obligé de donner quand on essaye de décrire une figure et une âme humaines. […] Sitôt que nous sommes pris de ce désir, un premier besoin se déclare ; il y a des lacunes dans nos idées ; il faut combler ces lacunes. — Par exemple, la notion qu’un homme ordinaire a du corps humain est fort pauvre et incomplète ; il ne le connaît qu’en gros ; pour lui, c’est une tête, un tronc, un cou, quatre membres, de telle couleur et de telle forme ; cela lui suffit pour la pratique. […] À présent, à ces substituts déjà fort commodes, nous substituons d’autres remplaçants plus maniables encore, les divers sons qui constituent nos noms de nombre. […] Une pareille expression est un substitut fort abréviatif, car elle peut être prononcée en moins d’une seconde ; on n’en a pas trouvé de plus courte en fait de sons.
Supposez l’atmosphère du globe terrestre sans éclairs ni tonnerre, ce qui n’a rien d’impossible ; les fortes décharges de la foudre n’auraient pas éveillé notre attention. […] Entièrement passifs, nous ne pourrions pas sentir une modification forte ou faible, car à quoi rapporterions-nous, mesurerions-nous cette intensité ? […] Un choc ou un coup fort peut se décomposer en un ensemble de petits coups faibles qui seraient, selon Spencer, l’élément primordial de la sensation. […] Un fort coryza, en empêchant l’accès des surfaces olfactives, supprime les saveurs aromatiques. […] Si un enfant naît et reste dans une chambre qui a gardé une forte odeur de musc, cette odeur constante, non séparée du reste, ne pourra pas être séparée par sa conscience.
À l’égard de quelques autres animaux domestiques, il y a des présomptions, ou même une forte évidence, pour faire admettre que toutes les variétés qu’on possède sont descendues d’un seul type sauvage. […] Il faudrait donc, ou que les espèces originelles supposées existassent encore dans les contrées où elles furent primitivement domestiquées, et qu’elles soient néanmoins inconnues aux ornithologistes, ce qui semble fort improbable, si l’on considère leur taille, leurs habitudes et leur remarquable caractère, ou bien qu’elles se soient éteintes à l’état sauvage. […] Quelques auteurs supposent qu’une longue domesticité diminue cette forte tendance à la stérilité. […] J’ai entendu dire gravement qu’il était fort heureux que la Fraise eût commencé à varier quand les jardiniers ont commencé à l’observer attentivement. […] Lorsque, dans une contrée, plusieurs races domestiques déjà établies ont été accidentellement croisées, ce croisement, aidé de la sélection, a sans aucun doute aidé à la formation de nouvelles sous-races ; mais l’importance du croisement des variétés a été fort exagérée, soit à l’égard des animaux, soit à l’égard des plantes propagées par graines.
Mais voici la ruelle mondaine et pédante à la fois, et les précieuses ridicules : les mardis de la vicomtesse d’Auchy, qui lit un jour une paraphrase de saint Paul ; elle a pour amies Mme de Mosny qui apporte une fois un roman, Mme de Saintot, une ancienne actrice de la Foire, maintenant bas-bleu et fort écrivailleuse. Nul n’est admis, s’il ne compose et ne lit : un vieil officier, à qui la plume pèse, est forcé de barbouiller du papier pour être admis dans cette « Académie femelle », comme Chapelain écrit en 1638, s’égayant fort de ces « fées qui ont beaucoup d’âge et peu de sens ». […] Pour bien juger la préciosité, il faut la regarder comme une discipline imposée à de fortes natures, pleines encore de sève et de fougue, grossières, brutales273. […] Dès le début du siècle, la langue espagnole était familière à la plupart des gentilshommes et des dames : mais les livres pénétraient plus lentement, et ce n’est guère avant 1630 qu’on sent une forte action du génie castillan sur la littérature française. […] Malherbe lui reprochait de manquer de force : mais dans sa faiblesse laborieuse et châtiée, il a de forts, de triomphants réveils ; on a de lui des pièces qui valent le meilleur Malherbe.
L’irréligion au début du xviie siècle Le xviie siècle, de loin, paraît presque tout chrétien : à le regarder de près, on y distingue un fort courant d’irréligion, théorique et pratique. […] Son instruction littéraire paraît avoir été fort courte ; de ce côté Pascal est un « ignorant » de génie : c’est l’effet qu’il produira plus tard à tout le monde. […] Il est certain que les Provinciales sont très fortes, et les défenses des jésuites très faibles : la meilleure, celle du Père Daniel, parut en 1694, et prouve par sa date que, près de quarante ans après l’attaque, ceux qui en étaient l’objet n’estimaient pas l’avoir encore repoussée. […] Il ne s’était pas aperçu, ce fort logicien, que le principe de la science, la croyance au déterminisme absolu des phénomènes, excluant Dieu de l’univers connaissable, implique la négation de la Révélation dans l’ordre de la science, que la méthode par conséquent contient la conclusion, et que le seul moyen de sauver la foi est de la mettre hors de la raison, sans contact immédiat et sans liaison directe avec elle. […] J’aurais à parler maintenant du style de Pascal : il faut être, a-t-il dit quelque part, « pyrrhonien, géomètre, chrétien » ; et son style, comme son génie, est tout cela, et tire ses qualités de cette triple essence : une analyse aiguë, un raisonnement puissant, une dévotion passionnée, voilà les éléments qui s’amalgament étrangement et font le style le plus fort, le plus suggestif, et le plus séduisant qu’il y ait.
Des allusions fort peu voilées firent justice du Clovis ressuscité pour mourir encore, et des théories du Discours au roi. […] Il n’y a pas d’apparence que, se trompant si fort sur les anciens, Perrault fut un bon juge des modernes. […] C’est Fontenelle peint par lui-même, et trahissant en plus d’un endroit son faible, l’amour du vrai moins fort que l’amour de sa commodité. […] Il lui en est resté de bonnes habitudes dont, fort heureusement pour lui, il ne se défera pas. […] L’effet en est d’ailleurs fort différent sur les combattants et sur les témoins.
Les paysans, rançonnés, massacrés, se réfugient dans les villes fortes, ou se terrent dans les forêts, « remettant tout, suivant l’énergique expression d’un chroniqueur, aux mains du diable ». […] Dans le roman, il s’est produit une profusion d’œuvres malsaines, flattant les appétits les plus grossiers, parce que la gaillardise était une denrée fort demandée sur le marché. […] Quel qu’ait été le système de rémunération usité aux différentes époques, il a été presque toujours précaire et toujours fort inégal. […] Non seulement la propriété littéraire a été reconnue par les lois ; mais les gens de lettres, associés pour défendre leurs intérêts, ont su fort habilement l’administrer. […] L’auteur apporte son travail ; l’éditeur fournit le capital pour la publication de l’ouvrage ; et le produit de la vente est partagé entre eux, bien souvent de façon fort inégale.
M. Paul Fort dans les revues Les Écrits pour l’Art et Vers et Prose, tentent d’infuser un sang nouveau au vers libre dont M. […] M. Paul Fort. […] M. Paul Fort l’a fait sienne par la valeur théorique qu’il lui a donnée, par l’importance qu’elle affecte dans son œuvre et mieux encore par les développements infiniment variés dont il a démontré qu’elle était susceptible. […] Klingsor comme nous avons les ballades de M. Fort. […] Le cœur de l’homme fort est plus beau que les cieux !
Jamais Proudhon, qui croyait si fort à l’égalité des hommes, qui nous en a donné une théorie impossible, n’aurait voulu être laquais, comme Rousseau. […] La science a gâté en lui la nature. « Tout homme qui « pense est un animal dépravé », a dit Rousseau, dont Proudhon est un des bâtards, mais cinquante fois plus fort que son père. […] Il aurait haussé de mépris ses fortes épaules aux hérésies du Moyen Âge, presque toutes manichéennes ! […] Seulement, Proudhon est plus fort que le puritain du drame. […] Il y a eu, de tout temps, de ces espèces de femmes, et la famille chrétienne a vécu à côté, — forte et impénétrable comme une forteresse, — sans pour cela se sentir menacée dans le cœur de sa vie intime et les racines mêmes de sa constitution.
Intellectuellement, ce qui est très fort a chance de n’être pas, du moins immédiatement, compris. […] C’est l’homme fort du livre, le mâle, le lion, auquel Hugo ne peut pas donner plus de génie qu’il n’en a, lui, Hugo, mais auquel il en a donné autant qu’il pouvait en donner. […] Elle a été plus forte que Samson, et Dieu, qui, en somme, est le vrai Roi qui s’amuse, Dieu s’est amusé. […] Je n’y ai pas découvert un Victor Hugo plus fort et plus vivant que celui que nous connaissions. C’est toujours à peu près le même Vaucanson littéraire, le même fort mécanicien.
Gustave, au plus fort de son délire amoureux, écrit sur son journal : « J’ai avec moi quelques auteurs favoris ; j’ai les odes de Klopstock, Gray, Racine ; je lis peu, mais ils me font rêver au delà de la vie… » Remarquez Gray, et surtout Racine, après Klopstock ; cela se tempère. […] C’est ainsi qu’Eugène de Rothelin, Valérie et Adolphe sont des pièces d’une qualité et d’un prix fort au-dessus de leur volume. […] L’ordre subsiste dans l’univers, la vertu est donc la plus forte. […] C’est une parodie, dont le sel fort léger s’est dès longtemps évaporé. […] On peut voir au tome second des Mémoires de Mlle Cochelet205, et se détachant dans des pages fort plates, une admirable lettre d’elle, datée de Riga, décembre 1809, qui marque parfaitement le point où se trouvait portée alors cette âme merveilleuse.
Il est bien mince et les bœufs sont bien forts et bien nourris ; il n’y a pas de risque que son poids les fatigue ; puisqu’il va à Lucques et que nous y allons aussi, que nous en coûtera-t-il de le déposer sous la voûte du rempart ? […] — Monte, mon garçon, dit le fiancé en me soulevant dans ses bras forts et en me tendant à son père, qui m’attira du haut du timon et qui me fit passer par-dessus les ridelles. […] À chaque air nouveau qui sortait, avec des variations improvisées, sous mes doigts, cela m’excitait, monsieur, et je crois bien qu’après l’air au pied de la Madone, je n’ai jamais joué si juste et si fort de ma vie. […] Quand on voulait leur passer leur nourriture, on les faisait retirer au fond de la loge, comme les lions ou les tigres qu’on montre dans la ménagerie ambulante de Livourne ; on faisait glisser au milieu du cachot une seconde grille aussi forte que la première ; on déposait entre ces deux grilles ce qu’on leur apportait, puis on ressortait. […] Deux manivelles à roues, placées extérieurement sous les arcades, servaient à faire descendre ou remonter tour à tour ces forts grillages de fer, qu’aucun marteau de forgeron n’aurait pu briser du dedans, et qu’une main d’enfant pouvait faire manœuvrer du dehors.
Homais avec un fin sourire ; Clytemnestre s’appelait Klutaïmnéstra, et c’était fort ennuyeux. » D’autre part, interrogez les poètes, pas tous, mais les meilleurs d’entre les jeunes, et quelques curieux çà et là. […] Si l’homme est opprimé par quelque chose de plus fort que lui, la résistance est bonne, fût-elle sans succès. […] Mais l’homme du moyen âge, si fort qu’il mange et qu’il boive, qu’il bataille et qu’il pille, subordonne pourtant cette existence, où sa lourde chair s’enfonce, à l’idée plus ou moins présente, mais rarement effacée, du ciel et de l’enfer. […] Des arrangements de rimes fort simples : rimes plates, quatrains en rimes croisées ou embrassées, tierces rimes, qui, par l’enlacement ininterrompu et la lenteur sans repos, semblent faites exprès pour un poète comme Leconte de Lisle et conviennent singulièrement à la démarche de son inspiration. […] L’homme comprend sur le tard que contre l’Anankè, contre le mal universel, rien ne vaut mieux et rien n’est plus fort que la protestation du contemplateur qui ne veut pas pleurer.
Il vit un petit homme rondelet, aux jolis yeux noirs, au nez retroussé, un peu cassé, parlant beaucoup et très fort. […] La duchesse, une femme très forte avec un peu de la voix d’une harengère, mais avec un beau port de corps et de grandes manières. […] Est-ce que ma petite crie trop fort ? […] Peu élégiaque de sa nature, il aimait les fortes joies, et la bière et le vin et l’eau-de-vie, et, quand il était gris, disait avec un accent tout plein d’un gaudissement sensuel : « Je suis ramplan ! […] Valentin, nous le rencontrions souvent, à l’heure de minuit au Grand Balcon dont il appréciait fort le bock et le kinsing, en leur nouveauté à Paris.
Comme il serait trop long de les analyser, et que d’ailleurs cela intéresserait fort peu le lecteur, je me contenterai de vous prouver, par quelques raisonnements généraux, combien vous connaissez peu le théâtre. […] Vos héros, gens très singuliers, et fort peu historiques, grâce à vos changements de temps et de lieu, changent également de caractère. […] On assure que Versailles a fort mal reçu le drame nouveau, et que la grande actrice a porté la peine du genre de l’ouvrage. […] Ces cabales devinrent si fortes, si ridicules, qu’un décret de l’empereur força les élèves à rentrer à sept ou huit heures du soir. […] Ces cabales, plus fortes que le public, feront toujours triompher le mauvais goût.
De cette imagination si vraie naît le plus fort conseil : comment pourrions-nous mieux vivre que dans un accord étroit avec ceux dont nous sommes le prolongement ? […] Et quand, d’un geste fort, elles se furent quittées, nous ne dîmes plus aucune parole. […] Sa joie intérieure est si forte qu’elle tient en échec les plus violentes misères du dehors. […] Je vous embrasse tous, en criant bien fort : « En avant ! […] Fort nombreux chez nous, ils relèvent d’une grande tradition française et anglaise du xviiie .
Je crois pourtant que Gray va ici un peu loin : Froissart, à sa manière et selon sa mesure de jugement, s’était mis fort en peine de recueillir la vérité dans ce qu’il raconte. […] Cette nuit, les Anglais se logèrent dans un lieu assez fort, entre haies, vignes et buissons. […] C’est par cette disposition forte et sensée que le Prince Noir comptait bien racheter l’extrême inégalité du nombre et rendre inutile la plus grande partie des forces de l’ennemi. […] Adressons-nous devers votre adversaire le roi de France, car là gît tout le fort de la besogne. » Et le prince répond : « Jean, allons, allons ! […] Il y a une bien forte peinture de la mêlée à ce moment : Là eut grand froissis et grand boutis, et maints hommes renversés par terre.
Il avait obtenu cette faveur par le canal de Mme de Maintenon, à qui il écrivit des lettres fort pressantes à ce sujet, et qui avait pour lui de l’amitié. […] À peine marié (1696), Lassay dut rompre toute intimité avec elle et lui rendre une entière liberté, comme on le voit par une lettre sévère et fort digne qu’il lui adresse. […] Esclave des gens qui sont en faveur, tyran de ceux qui dépendent de lui, il tremble devant les premiers et persécute sans cesse les autres… Souvent il est agité par une espèce de fureur qui tient fort de la folie : ce ne sont quasi jamais les choses qui en valent la peine, mais les plus petites, qui lui causent cette fureur : cela dépend de la situation où se trouve son esprit ; et cela vient aussi de ce qu’il n’est point louché de ce qui est véritablement mal ; si bien qu’il ne regarde jamais les choses, mais simplement les personnes qui les ont faites ; et, si c’est quelqu’un qui lui déplaise, il grossit des bagatelles et en fait une affaire importante : cependant il est si faible et si léger que tout cela s’évanouit, et il ressemble assez aux enfants qui font des huiles de savon. […] En vieillissant, il était, il est vrai, fort las du monde, ou du moins il le disait volontiers, mais il y revenait sans cesse : « On méprise le monde, et on ne saurait s’en passer. » Il reconnaissait que, pour un homme qui en a pris le train et l’habitude, c’était encore la meilleure manière d’être que de ne pas s’en séparer trop longtemps. […] [NdA] Saisir est ici employé dans son acception propre et la plus forte, prendre avec la main, apprehendere.
On m’a envoyé le théâtre italien ; j’y ai trouvé de fort bonnes choses et de véritables plaisanteries. […] À plus forte raison ai-je dû voir que je ne surprendrai pas son suffrage en compilant bonnement, à l’allemande, et sans me gêner beaucoup sur le choix, une grande quantité de choses. […] Il est plus rare à lui d’avoir si fort admiré Bayle que d’avoir admiré Boileau. […] À la mort du célèbre critique et à son intention, il se lia fort avec une bonne et docte dame, Mme de Mérigniac, qui avait le même culte, et les lettres qu’il lui adresse (1707-1712) sont des plus intéressantes pour les curieux et pour ceux qui aiment à entrer dans la familiarité des génies. […] Étendons et appliquons à tout l’ordre littéraire ce qui est presque de nécessité pour un orateur public ; traitons, en un mot, les lecteurs, quoiqu’ils ne soient pas tous présents sous nos yeux, comme des auditeurs, et n’allons point, sans de fortes raisons, faire offense à leurs sympathies.
Toutefois le cas de Jomini était très-distinct, et Napoléon au plus fort de sa colère le reconnut. […] Rien ne le prouve. — « Il a publié quelques volumes sur les campagnes… Il a saisi quelques saines idées sur la guerre. » C’est fort heureux que, même dans le moment le plus irrité, le dédain n’aille point au-delà. […] Mais, s’il ne se croyait pas en droit de répondre sur la force numérique d’un corps d’armée à lui trop bien connu, il ne se faisait pas faute sans doute de dénoncer en général le fort et le faible de ses nouveaux adversaires. […] Dès les premières discussions qui s’étaient élevées devant Alexandre, Jomini avait représenté à l’empereur qu’isolé et sans fonctions il lui était fort difficile de juger des affaires et de donner un conseil ; on décida donc de l’attacher officiellement à l’état-major de Schwartzenberg, en lui donnant Toll, général russe, pour adjoint ; mais la volonté du puissant autocrate ne parvint jamais à l’accréditer comme il aurait fallu. […] Entre les pièces officielles émanées d’en haut que nous possédons et la réalité du détail, il s’est passé plus de choses que n’en laisse à soupçonner l’histoire s c’est à la biographie, toutes les fois qu’il y a jour, de les recueillir et de les noter. — Et pour revenir à l’histoire, l’opinion résumée de Jomini sur Ney, qu’il connaissait si bien par son fort et par son faible, est à rechercher.
Cette lettre, qui a si fort compromis Saint-Évremond en son temps et brisé sa carrière, n’aura pas, je le crains, gain de cause auprès de la postérité, qui enregistre avec une sorte de révérence les faits accomplis : nous sommes devenus grands admirateurs de la politique extérieure de Mazarin. […] Giraud s’est fort attaché à en fixer la date première, tant celle de la composition que de l’impression. […] L’idée de faire de l’amitié un pur trafic n’est pas assez belle d’ailleurs pour être si fort revendiquée. […] Celle que Saint-Évremond composa est des mieux faites et fort ingénieuse, mais toute concertée. […] La réponse, fort détaillée, est pleine de modération, de maturité et de grâce.
Mais, pour l’aborder plus à l’aise avec ma critique, je la concentrerai d’abord sur Arthur, qui est un roman tout à fait distingué et où il y a fort à louer, tant pour la connaissance morale que pour la façon. […] Or ce que Bossuet dit des héros de l’histoire, je le redirai à plus forte raison des héros du poëme ou du roman : « Loin de nous les héros sans humanité ! […] C’était prendre une voie bien indirecte, on l’avouera, pour reconstruire ces illusions ; c’était frapper trop fort afin qu’on lui dît : N’allez pas si loin. […] Le réveil de ce camp agreste eût été beau au matin sous l’ardent soleil, au sein de cette végétation rare et forte, aux hautes odeurs. […] Toutes ces critiques, au reste, ces observations mêlées d’éloges et de réserves, l’auteur qui en est l’objet et à qui nous les soumettons nous les passera ; elles sont même, disons-le, un hommage indirect que nous adressons en lui à une qualité fort rare aujourd’hui et presque introuvable chez les hommes de lettres et les romanciers célèbres.
., ne sont entendus que par une poignée de gens ; le littérateur, l’orateur s’adressent à l’univers354. » — Sous une pression si forte, il faut bien que l’esprit prenne le tour oratoire et littéraire, et s’accommode aux exigences, aux convenances, aux goûts, au degré d’attention et d’instruction de son public. […] À cet égard, plus le genre est élevé, plus le scrupule est fort ; tout mot propre est banni de la poésie ; quand on en rencontre un, il faut l’esquiver ou le remplacer par une périphrase. […] Jamais le dialogue n’a si fort ressemblé à une joute oratoire. […] Le penchant est si grand de ce côté, qu’au moment suprême et dans le plus fort de la dernière angoisse, le personnage, seul et sans témoins, trouve moyen de plaider son délire et de mourir éloquemment. […] Le pli est si fort, qu’il s’impose jusqu’aux animaux de La Fontaine, jusqu’aux servantes et aux valets de Molière, jusqu’aux Persans de Montesquieu, aux Babyloniens, aux Indiens, aux Micromégas de Voltaire. — Encore faut-il ajouter que ces personnages ne sont réels qu’à demi.
La morale souvent, comme on peut aisément le comprendre, tournera en satire, et la description parfois fort vive du monde réel, des occupations et inclinations ordinaires des hommes, viendra donner une saveur toute particulière aux enseignements moraux. […] Jean de Meung ne fait pas plus que ses devanciers la psychologie de l’hypocrisie : il n’ajoute à leurs satires que quelques degrés de virulence et de passion, et ses rares et fortes qualités d’écrivain. […] La Nature n’a pas fait les rois : le roi est un homme comme les autres, ni plus grand ni plus fort ; bien au cou traire, Car sa force ne vaut deux pommes Contre la force d’un ribaut. […] Ailleurs, veut-il se plaindre de l’indiscrétion des femmes, autre scène de comédie : dans un tableau très réaliste, un dialogue vif et fort de la femme et du mari, l’une par ruse, caresse, menace, dépit extorquant le secret qu’elle publiera, l’autre, pauvre niais ! […] Tous les deux nés aux bords de Loire, fils du même pays, génies populaires, vulgaires et forts, il y a entre eux la différence des temps : mais c’est au fond la même œuvre, à laquelle ils ont travaillé, presque par les mêmes moyens.
Enfin le chapitre de la chaire nous explique l’état de cette prédication chrétienne qui a la charge des âmes et la direction morale du siècle ; et le chapitre des esprits forts combat le libertinage. […] A chaque instant les expressions générales et simplement intelligibles se résolvent sous la plume de La Bruyère en petits faits sensibles454: ainsi, voulant indiquer le plaisir de faire du bien, il ne trouve pas de plus forte expression qu’une impression physique, le choc de deux regards qui se rencontrent et parlent : « Il y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui on vient de donner ». […] Parfois ce peintre si sagace et si exact s’emporte, et, par une sorte d’enivrement d’imagination, dépasse son observation ; la description réaliste s’achève alors en fantaisie copieuse, et l’on a une sorte de bouffonnerie très particulière, pittoresque et chargée, qui peut être de fort mauvais goût, mais qui a une saveur originale : elle consiste éminemment à noter l’hypothèse impossible par une collection de petits faits précis et sensibles, tout analogues à ceux par lesquels la réalité visible se note. […] Ce jeu irrite Bossuet, le logicien ferme et droit, qui fait de son mieux pour fixer les points du débat, pour débrouiller les équivoques : il frappe de plus en plus fort sur cet adversaire qui ne s’avouera jamais touché, tant qu’il ne sera pas assommé. […] Toutes ces vues sont liées par un fort esprit de réaction contre Louis XIV, que Fénelon a vraiment haï : il ne lui pardonne pas, comme chrétien, les guerres, comme noble, l’abaissement de la noblesse, comme philosophe, la misère des peuples, comme Fénelon enfin, sa disgrâce.
A plus forte raison est-il incapable d’apprécier beaucoup les extrêmes raffinements, un peu maladifs, de la littérature contemporaine, notamment l’impressionnisme de M. […] Avec Fiorentino, Théophile Gautier et Jules Janin, la critique dramatique s’était fort élargie. […] Quelques-uns des dramaturges de notre temps peuvent être de bons écrivains ; mais nos plus grands artistes, ceux qui nous communiquent la plus forte impression de vérité et de beauté ne sont pas au théâtre. […] Et il serait fort empêché de se placer au point de vue des habiles, car ils en ont plusieurs. […] Je ne tenterai même pas d’esquisser la seconde : tout me fuirait entre les doigts et je serais fort embarrassé de fonder des règles sur des caprices de dégoûtés.
Je m’étonnerais fort si quelqu’un des satisfaits du temps n’a pas dit comme ceux du nôtre : « Il faut non pas réfuter le christianisme ; ce qu’il faut, c’est le supprimer. […] Alors viennent les empiriques avec leur triste naïveté ; chacun d’eux a trouvé du premier coup ce qui embarrasse si fort les sages, chacun d’eux promet de pacifier toute chose, ne mettant qu’une condition au salut de la société, c’est qu’on les laisse faire. […] Les révolutions sont les ébranlements de cet éternel Encelade se retournant sur lui-même quand l’Etna pèse trop fort. […] Ce n’est pas parce qu’on a prouvé à une nation qu’elle a droit à son indépendance qu’elle se lève : le jeune lion se lève pour la chasse, quand il se sent assez fort, sans qu’on le lui dise. […] Les consciences fortes et individuelles comme les nôtres sont bien plus difficiles à atteler à une grande œuvre.
qu’ils sont doux et forts ! […] Je vous écris ces lignes, mon ami, à la hâte et tout préoccupé du travail, fort peu attrayant, de ma préparation à la licence. […] Vous me direz : « Dieu veut que l’on croie ces petites choses, puisqu’il les a révélées. » Prouvez-le, là est mon fort. […] Je suis fort égoïste : retranché en moi-même, je me moque de tout. […] Quant à l’examen du baccalauréat qu’il n’a pas encore passé, il s’en inquiète fort peu.
Elle fit tout pour produire Voltaire et pour le faire agréer de Louis XV, que le pétulant poète repoussait si fort par la vivacité et la familiarité même de ses louanges. […] tout cela, en effet, aurait été fort déplacé à Versailles ; mais Mme de Pompadour aurait voulu les y voir pourtant, et que la liaison se fît à quelque degré dans l’opinion entre le monarque et les hommes qui étaient l’honneur de son règne. […] Ce furent de rudes années, et qui vieillirent avant l’âge cette faible et gracieuse femme entraînée à une lutte plus forte qu’elle. […] Si Voltaire, écrivant de Mme de pompadour morte à ses amis, disait : « Elle était des nôtres », à plus forte raison les artistes avaient droit de le dire. […] Ses eaux fortes, d’ailleurs, ont été retouchées au burin.
Mlle Eugénie de Guérin avait quatorze ans quand elle perdit sa mère, Gertrude de Fontenilles, d’une famille du Languedoc, fort ancienne et renommée pour la sainteté de ses membres. […] Si vous voulez faire jaillir et faire monter de plus en plus les facultés ensevelies et latentes dans les âmes, comprimez-les sous la forte pression des devoirs. […] Pour contre-balancer, du reste, le mépris des forts qui nous menace, imaginons ce que penserait Pascal, entre les écrits d’Eugénie de Guérin et la vie qu’elle a menée, — lui qui disait que toutes les conquêtes, révolutions et remuements de l’histoire viennent « de cela que certains hommes n’ont pas su rester assis tranquillement dans une chambre », et qui en riait comme il savait rire, ce formidable plaisant ! […] Quant à elle, plus forte que ses nerfs, par l’affection, elle n’avait pas même sourcillé et elle aurait pris en souriant la mort de sa main comme elle aurait pris autre chose. […] si elle avait vécu plus longtemps, si elle avait vu s’élever de sa tombe cette gloire touchante dont elle ne se doutait pas et qui maintenant est la sienne, la faiblesse des plus purs comme des plus forts est si grande qu’elle se serait peut-être enivrée à cette coupe, que les âmes, émues par elle, appellent son génie, et l’auteur, la femme littéraire qu’elle ne fut jamais, aurait bien pu commencer de poindre et d’apparaître.
Lors l’on commença à piller ; vous et huit ou dix des vôtres ne fîtes qu’entrer et sortir dans six ou sept maisons où chacun gagna quelque chose, et y eûtes par hasard quelque deux ou trois mille écus qui vous furent baillés pour votre part. » — De même au sac de Louviers (1591), où toute la ville fut pillée, des gens du pays qui étaient parmi les vainqueurs, et qui savaient tous les êtres de l’endroit, indiquaient les magasins de toiles et de cuirs qui faisaient le fort du butin : Rosny en eut quelque mille écus pour sa part. […] Il a fort à faire dans son retour pour défendre sa capture et pour ramener trois sur quatre des prisonniers : le comte de Thorigny lui en a demandé un qui est son parent, et que Rosny lui cède par courtoisie. […] Il était suivi du valet de chambre monté sur une haquenée anglaise, lequel portait sur lui la casaque de son maître, casaque de velours orangé à clinquant d’argent, et, en la main droite, des tronçons d’épées, de pistolets et armes diverses, et des lambeaux de panaches, de son maître également, le tout lié en faisceau et formant trophée : Après cela, disent les secrétaires s’adressant à Rosny, vous veniez dans votre brancard (brancard fait à la hâte de branches d’arbres, surmonté de cercles de tonneaux), couvert d’un linceul seulement ; mais par-dessus, pour parade des plus magnifiques, vos gens avaient fait étendre les quatre casaques de vos prisonniers, qui étaient de velours ras noir, toutes parsemées de croix de Lorraine sans nombre en broderie d’argent ; sur le haut d’icelles les quatre casques de vos prisonniers avec leurs grands panaches blancs et noirs, tout brisés et dépenaillés de coups ; et contre les côtés des cercles étaient pendus leurs épées et pistolets, aucuns brisés et fracassés ; après lequel brancard marchaient vos trois prisonniers, montés sur des bidets, dont l’un, à savoir le sieur d’Aufreville, était fort blessé, lesquels discouraient entre eux de leurs fortunes… Après les prisonniers venaient le surplus des domestiques, puis la compagnie des gens d’armes et les deux compagnies d’arquebusiers, ou du moins ce qui en restait, non sans plus d’un brancard encore pour les blessés, et sans bien des têtes bandées ou des bras en écharpe : toute une ambulance victorieuse. […] Un soir, fort tard, dans un de ses campements de la Beauce ou de l’Orléanais, il l’envoya chercher par un secrétaire ; Rosny trouva le roi déjà au lit ; on lui apporta un carreau sur lequel il se mit à genoux contre le lit du roi et près de son oreille. […] Henri IV lui écrivait d’Amiens, le 15 avril 1596 : Je vous veux bien dire l’état où je me trouve réduit, qui est tel que je suis fort proche des ennemis, et n’ai quasi pas un cheval sur lequel je puisse combattre, ni un harnais complet que je puisse endosser ; mes chemises sont toutes déchirées, mes pourpoints troués au coude ; ma marmite est souvent renversée, et depuis deux jours je dîne et soupe chez les uns et les autres, mes pourvoyeurs disant n’avoir plus moyen de rien fournir pour ma table, d’autant qu’il y a plus de six mois qu’ils n’ont reçu d’argent.
À ce même siège d’Amiens, un jour que Rosny y est allé, le grand maître de l’artillerie, alors, M. de Saint-Luc, l’invite à dîner et le mène voir ensuite les tranchées et batteries d’artillerie : « De quoi le roi averti lui en sut mauvais gré et s’en courrouça fort contre vous, écrivent les secrétaires, disant qu’il vous défendait absolument de faire le métier de la guerre ni d’aller en lieu périlleux tant que ce siège durerait. » Henri IV même paraît craindre qu’il n’y ait dans l’armée plus d’un jaloux et d’un malintentionné, qui ne serait pas fâché d’exposer Rosny à quelque péril, sauf à s’y hasarder soi-même. […] Voyant cependant une guerre prochaine très probable avec le duc de Savoie, Henri IV revient à Rosny, lui confie son embarras, lui explique qu’il ne peut ôter cette charge à M. d’Estrées, au grand-père de ses enfants, sans lui faire affront, et propose l’expédient de retirer la charge de lieutenant général de l’artillerie au vieil officier qui en est chargé, de rehausser cette lieutenance générale de plusieurs prérogatives singulières : Étant rendue ainsi honorable, ma résolution, lui dit Henri IV, serait de la bailler à un certain homme que je connais et vous aussi, qui a le courage bon, l’esprit vif, est actif, diligent, a toujours affectionné cette fonction et témoigné en plusieurs occasions qu’il n’en est pas ignorant… Or, devinez maintenant qui est cet homme-là, et m’aidez à le persuader, car il est fort de vos amis. […] Dans cette masse indigeste et presque insupportable d’ensemble, il y a toujours des détails fort beaux, des chapitres du premier ordre pour l’intérêt et la réalité historique. […] Or, combien que j’y reconnaisse une partie de ses défauts, et que je sois contraint de lui tenir quelquefois la main haute quand je suis en mauvaise humeur, qu’il me lâche ou qu’il s’échappe en ses fantaisies, néanmoins je ne laisse pas de l’aimer, d’en endurer, de l’estimer et de m’en bien et utilement servir, pource que d’ailleurs je reconnais que véritablement il aime ma personne, qu’il a intérêt que je vive, et désire avec passion la gloire, l’honneur et la grandeur de moi et de mon royaume ; aussi qu’il n’a rien de malin dans le cœur, a l’esprit fort industrieux et fertile en expédients, est grand ménager de mon bien ; homme fort laborieux et diligent, qui essaye de ne rien ignorer et de se rendre capable de toutes sortes d’affaires, de paix et de guerre ; qui écrit et parle assez bien, d’un style qui me plaît, pource qu’il sent son soldat et son homme d’État : bref, il faut que je vous confesse que, nonobstant toutes ses bizarreries et promptitudes, je ne trouve personne qui me console si puissamment que lui en tous mes chagrins, ennuis et fâcheries.