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1518. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Je m’imagine qu’il n’eût pas reconnu Hercule dans cette statuette de Lysippe, dont parle Stace, si petite à l’œil, mais si grande par l’air de grandeur divine que lui avait imprimé l’artiste43.

1519. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Et ce n’est qu’une apologie de ce qui existe, un panégyrique sans réserves de la royauté de droit divin.

1520. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Il faudrait avoir la navette en porcelaine de Saxe la plus extraordinaire, la paire de ciseaux la plus précieusement orfévrée, le dé le plus divin, etc., etc.

1521. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Nous en avions de fatalistes, et ce sont même les plus communes, dans lesquelles l’innocentation des crimes et des criminels était admise en vertu de l’irrésistible force des choses et d’une négation, en hypocrite sourdine, de la liberté morale et de la divine Providence.

1522. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

La sainte Thérèse, telle que le peintre l’a représentée, s’affaissant, tombant, palpitant, à l’attente du dard dont l’amour divin va la percer, est une des plus heureuses trouvailles de la peinture moderne. — Les mains sont charmantes. — L’attitude, naturelle pourtant, est aussi poétique que possible. —  Ce tableau respire une volupté excessive, et montre dans l’auteur un homme capable de très-bien comprendre un sujet — car sainte Thérèse était brûlante d’un si grand amour de Dieu, que la violence de ce feu lui faisait jeter des cris… Et cette douleur n’était pas corporelle, mais spirituelle, quoique le corps ne laissât pas d’y avoir beaucoup de part.

1523. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

L’obscure intuition de l’âme universelle, dont les visibles formes et les invisibles sentiments sont le commun effet, leur révélait, sans qu’ils s’en rendissent compte, une mystérieuse analogie et comme une correspondance divine entre la face particulière de ce coin de nature et l’essence indéfinie de leur tendresse. […] S’il y a des prières vraiment folles, parce qu’elles ne pourraient être exaucées sans troubler l’ordre divin de l’univers, Dieu ne peut-il réserver, entre ses lois immuables, un champ libre à la prière ? […] Ce succès, il le devra à l’émotion qu’il a ressentie et traduite en vers d’une forme respectée ; heureusement pour lui, il n’a fait souffrir aucune dislocation pour les besoins de la richesse de la rime aux idées qui venaient à son esprit ; il a ignoré les douceurs de la déliquescence et l’étrangeté du vers qui ne veut rien dire, il a méprisé les sonorités inutiles, grelots vides attachés au collier que le « divin coursier » ne portera jamais, et il est resté jeune, d’abord parce qu’il est jeune et ensuite parce qu’il n’a pas cherché à l’être. […] trouve que la vie est insipide sans cette demoiselle et, peu soucieux des levers du soleil, des arts, des sciences, des choses divines et humaines, juge à propos d’en finir avec cette convention qui s’appelle la vie : Au concert des oiseaux qui pépiaient dans les platanes du boulevard Malesberbes, Robert Guérin s’éveilla, ouvrit les yeux et se prit à méditer.

1524. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Elle l’est, par l’habituelle affectation de gentilhommerie dont les écrivains se croient tenus ; elle l’est, par la qualité du public auquel ils s’adressent, que ce soit le public restreint des gens de cour ou le public à peine un peu plus étendu des ruelles où l’on singe la divine Arthénice ; elle l’est enfin, et vous venez de le voir, par la nature même de ses défauts. […] De la foi des chrétiens les mystères terribles D’ornements égayés ne sont pas susceptibles : par le Génie du christianisme, la leçon de Boileau — qui connaissait pourtant la Jérusalem délivrée, s’il ne connaissait ni la Divine Comédie ni le Paradis perdu — est désormais convaincue d’erreur ; son idéal purement païen est convaincu d’étroitesse, d’insuffisance, et surtout de froideur.

1525. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Le Français et le divin ne sont évidemment pas très bien faits pour s’entendre. […] Les articles organiques dans lesquels figurent, non sans intention sans doute, les mots d’Église gallicane, pour les résumer en leurs dispositions essentielles, portaient que : aucune bulle, aucun bref, rescrit, décret, mandat ni autres expéditions de la Cour de Rome, même ne concernant que des particuliers, ne pourraient être reçus, publiés, ni imprimés en France sans la permission du gouvernement ; que les décrets des conciles ne pourraient être publiés en France sans l’examen et sans la permission du gouvernement ; que la déclaration faite par le clergé français en 1682 (libertés de l’Eglise gallicane) serait souscrite par les professeurs des séminaires, qu’ils s’engageraient à l’enseigner et qu’ils l’enseigneraient en effet ; que tous les ecclésiastiques français auraient pour costume de ville l’habit à la française ; que les cloches des églises ne devraient sonner que pour l’appel des fidèles au service divin et ne devraient sonner pour autre cause qu’avec permission de la police locale ; que tout autre établissement ecclésiastique que les séminaires serait interdit et que par conséquent les ordres monastiques, l’Église « régulière », demeuraient abolis. […] Jaurès, pour conclure simplement contre la capacité éducatrice du moine, avait fait son procès au christianisme tout entier depuis ses origines jusqu’à nos jours : « Au moment où le christianisme est apparu à la surface du monde, au moment où l’idée divine a tenu, selon la religion catholique, à se manifester dans une personne humaine, à ce moment la face du monde a changé. […] Un Dieu était venu sauver les hommes ; l’infini divin s’était mêlé un instant aux contingences humaines ; la loi qu’il avait dictée à quelques disciples allait être et devait rester l’intangible enseignement qu’aucune autre doctrine ne pourrait venir remplacer, qu’aucune autre leçon ne devait même atténuer ou expliquer.

1526. (1914) Une année de critique

Depuis Baudelaire surtout, nous demandons à la poésie de ne fixer que de fugitives minutes, les moments où par l’intuition nous communions avec la vie, où nous participons au divin. […] Ne vous étonnez point s’il reste quelque chose de divin dans l’œuvre de Monsieur Bois : il reste les pellicules. […] … Ou les fleurs de la haie, pour obéir à la voix de la fantaisie divine !

1527. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

La critique est d’abord une Muse pareille aux autres, et aussi belle, leur sœur, mais d’un père mortel et non d’un père divin, comme Clytemnestre était la sœur d’Hélène. […] Il serait d’une basse jalousie de boutique de bannir de la critique, comme Platon bannissait Homère, la race divine des porteurs d’images. […] Tandis que la parodie critique et refait une œuvre en la précipitant dans le plan inférieur (qui serait, à la limite, le plan du critique envieux, du Zoïle légendaire), Socrate l’élève au contraire sur le plan supérieur : d’une part, se souvenant que l’Amour est dieu et que Lysias et lui n’en ont parlé qu’humainement, il passe sur le plan divin.

1528. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Une autre disparité bien frappante, c’est que Clytemnestre n’est que mère ; elle n’est ni si savante ni si philosophe que la femme du mandarin Zamti ; elle ne disserte pas aussi doctement sur l’égalité, sur les lois divines et humaines ; elle n’est pas en état, comme Idamé, de soutenir thèse contre un lettré chinois. […] Voltaire n’était pas né pour le genre sérieux ; il paraît guindé, déclamateur, charlatan dans le tragique, parce qu’il se moquait lui-même le premier de son pathos ; il ne cherchait qu’à éblouir, qu’à tromperie vulgaire par des farces larmoyantes : on sent qu’il faisait un métier : il y a réussi, parce qu’avec de l’esprit on fait tout passablement bien, parce qu’il n’avait pour concurrents dans cette carrière que de pauvres diables qui n’étaient pas aussi rusés que lui ; mais dans tous les ouvrages enjoués et badins, dans les pièces fugitives, dans les petits pamphlets, dans les petits romans, dans les facéties et les turlupinades, dans les lettres surtout, c’est un homme divin ; c’est Voltaire qu’on trouve dans son talent naturel et vrai : c’est alors qu’il est original, qu’il a une physionomie, un caractère, et qu’il parle du cœur : dans tout le reste, son allure est gênée et fausse ; c’est un hypocrite qui se compose, parce qu’on le regarde. […] Mais je perds de vue le théâtre de Polichinelle, où l’on fit l’essai de Tancrède : « Il est bien petit, je l’avoue, dit Voltaire ; mais, mon divin ange, nous y tînmes hier, neuf en demi-cercle, assez à l’aise ; encore avait-on des lances, des boucliers, et l’on attachait des écus et l’armet de Mambrin à nos bâtons vert et clinquant, qui passeront, si l’on veut, pour pilastres vert et or : une troupe de racleurs et de sonneurs de cor saxons, chassés de leur pays par Luc y composaient mon orchestre. […] Ces absurdités, qui défiguraient la nature divine, sont, il est vrai, consacrées par les chefs-d’œuvre des anciens tragiques ; il faut les pardonner aux poètes qui ont traité des sujets du théâtre grec, surtout quand il en résulte un grand intérêt : mais Sémiramis n’a pas la même excuse, et rien, dans cet ouvrage, n’autorisait Voltaire à calomnier les dieux ; sa superstition n’est pas moins irréligieuse que sa philosophie. […] Il serait donc plus noble, plus théâtral, plus digne de la reine de Babylone, de braver le coup qu’elle ne peut parer, de lutter contre l’inévitable destin, de périr en reine, en héroïne, en conquérante, et de ne pas cent fois mourir de peur avant de tomber sous le glaive de la justice divine.

1529. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

La réalité me paraît toujours si sublime, si immense, si divine, que je ne conçois pas qu’on ne veuille strictement s’y tenir. […] Elle m’a donné de ses beaux cheveux, l’ornement de son visage divin… etc. » Je vois là-dedans, sans trop m’enthousiasmer, un certain sentiment simple des petites joies de l’amour, sans arrangement et dans un juste équilibre de récit. […] — Monsieur Commendeur, disait le chanoine, je vous recommande pour déjeuner quelque chose d’admirable : des croûtes de pâté rissolées au four ; voilà qui est divin ! […] Or, dans la pratique de la vie, il est bien plus important que le tout soit humainement bon d’une manière uniforme, qu’il ne l’est que le cas isolé soit fortuitement divin.

1530. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) [Discours] I Je ne sais si la guerre est « divine », mais il semble bien que la lutte soit « une loi du monde » ; aucun triomphe n’est vraiment pacifique ; et les idées elles-mêmes n’établissent guère leur empire qu’aux dépens et sur les ruines d’autres idées, qu’elles remplacent. […] et il éclate aux yeux que l’universel déterminisme du philosophe est incompatible avec l’idée de la Providence divine. […] On leur répond assez spirituellement qu’eux-mêmes prouvent par leurs ouvrages cette supériorité qu’ils s’irritent qu’on accorde aux modernes. « Combien, s’écrie Perrault, le public n’a-t-il pas préféré aux Caractères du divin Théophraste les réflexions du Moderne qui nous en a donné la traduction !  […] « Afin de réduire l’action à l’Universel, suivant les préceptes, et de ne la priver pas du sens allégorique par lequel la Poésie est faite un des instruments de l’architectonique, j’ai disposé toute ma matière de telle sorte que… la France représente l’Âme de l’homme, … le roi Charles la Volonté, … l’Anglais et le Bourguignon les transports de l’appétit irascible, … Amaury et Agnès l’appétit concupiscible, … Tanneguy l’Entendement, … la Pucelle la Grâce divine », etc. — Que de telles préoccupations eussent pu refroidir une imagination plus ardente que celle de Chapelain. — Prosaïsme de ses vers [Cf. son Père éternel, ch. 

1531. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

On a droit de s’étonner encore que ce divin poète de la tendresse et des sentiments fins, qui a su fouiller et démêler les plus secrets ressorts des passions et lire au cœur d’Hermione et de Phèdre comme à celui de Bérénice et de Monime, n’ait pas eu autour de lui plus d’échos dans des âmes féminines distinguées, qu’il n’ait pas attiré et recueilli plus de tendresses avouées et déclarées, de ces éternelles reconnaissances de femmes pour le poète supérieur qui les a une fois devinées et enchantées pour toujours.

1532. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

L’orateur, le poète, le moraliste, le philosophe s’appuient sur ce livre, et tout ce que nous pouvons dire de plus fort à sa gloire, ajoutent-ils, c’est que, après l’invasion des superstitions indiennes, tartares ou thibétaines en Chine, si l’idolâtrie, qui est la religion des empereurs et du peuple, n’est pas devenue la religion du gouvernement, c’est ce livre de Confucius qui l’a empêché, et si notre religion chrétienne, disent-ils enfin, n’a jamais été attaquée par les savants lettrés du conseil impérial, c’est qu’on a craint de condamner, dans la morale du christianisme, ce qu’on loue et ce qu’on vénère dans le livre de Confucius. » Il commence par des maximes de sagesse que nous traduisons ici du latin, dans lequel les jésuites ont traduit, il y a un siècle, ces passages : « C’est le Tien, Dieu, le Ciel, trois noms signifiant le même grand Être, qui a donné aux hommes l’intelligence du vrai et l’amour du bien, ou la rectitude instinctive de l’esprit et de la conscience, pour qu’ils ne puissent pas dévier impunément de la raison…… En créant les hommes, Dieu leur a donné une règle intérieure droite et inflexible, qu’on appelle conscience : c’est la nature morale ; en Dieu elle est divine, dans l’homme elle est naturelle… « Le Tien (Dieu) pénètre et comprend toutes choses ; il n’a point d’oreilles, et il entend tout ; il n’a point d’yeux, et il voit tout, aussi bien dans le gouvernement de l’empire que dans la vie privée du peuple.

1533. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

La gloire est un isoloir qui sépare l’artiste de son humble berceau, qui l’élève dans la sphère des abstractions, qui confond tous les rangs à une hauteur où il n’y a plus de mesure humaine pour discerner les distances ; la gloire seule est au-dessus des distinctions sociales, parce qu’elle est la distinction divine, l’ennoblissement par la nature, le sacre d’en haut.

1534. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Et c’est ainsi que, par une étrange rencontre, ce divin auteur qui devait aussi faire, un jour, mes plus chères délices, venait, une seconde fois, se placer sous ma main, grâce à un autre ami véritable, semblable sous bien des rapports à ce cher d’Acunha que j’avais tant aimé, mais beaucoup plus savant et plus instruit que ce dernier.

1535. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Ce sujet m’avait paru tout aussi peu que la Bible ou tout autre fondé sur un amour incestueux de nature à être traduit sur la scène ; mais tombant par hasard, comme je lisais les Métamorphoses d’Ovide, sur ce discours éloquent et vraiment divin que Myrrha adresse à sa nourrice, je fondis en larmes, et aussitôt l’idée d’en faire une tragédie passa devant mes yeux comme un éclair.

1536. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il semblait régner du droit divin du génie.

1537. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Lisons-le donc un peu pour lui, un peu pour revenir, plus charmés par la comparaison, au divin poète chez qui la rime n’est qu’une grâce de plus qui nous invite à apprendre par cœur les vers que nous venons de lire.

1538. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

La littérature et les arts Les Muses étaient sœurs dans la mythologie antique et les peintres se plaisaient à les représenter fraternellement unies ; ils plaçaient côte à côte et la main dans la main celle qui présidait à la science et celle dont relevait l’histoire, celle qu’invoquaient les poètes lyriques et celle qui était la divine patronne de la dansé.

1539. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Mais pour eux il n’a rien de commun avec la religion vulgaire : « Les résultats moraux du Christianisme, on les trouve chez moi expliqués par l’étude de la nature et basés sur elle, tandis que dans le Christianisme ils ne le sont que par de simples fables (Parerga, I, 143) », et autre part : « Pour faire entrer ce principe (délivrance de la vie), le Christianisme dut se servir de véhicules mystiques (Mysthichen vehikels) comme par exemple du calice qui devait sauver les hommes. » Wagner (1880, 273) : « Ce qui devait perdre l’Eglise chrétienne fut l’assimilation de cet être divin sur la croix avec le créateur juif du ciel et de la terre, et de joindre avec ce Dieu colère et vengeur, le sauveur des pauvres, qui s’est sacrifié par amour de tout ce qui existe.

1540. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Franc-Nohain, poète de genre comme les petits maîtres hollandais furent peintres de genre ; l’inimitable et cocasse et divin Franc-Nohain, le Thackeray et l’Addison français, le poète de Flûtes, la Chanson des Trains et des Gares, La cuisinière bourgeoise ; le conteur d’Au Pays de l’instar, l’historiographe du fonctionnaire de la IIIe République et du gendarme, M. 

1541. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Placez debout à son côté Vénus, mais Vénus nue, grande, divine, voluptueuse ; jettez mollement un de ses bras autour des épaules de son amant, et qu’en lui souriant d’un souris enchanteur elle lui montre la seule pièce de son armure qui lui manque, son casque dans lequel les pigeons ont fait leur nid.

1542. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Est-il possible que ce divin caquetage ne soit pas de la poésie, et de la plus originale ? […] Il y a une bonté naturelle qu’il faut recevoir du ciel, en naissant, comme un don de la grâce divine, ou de la première éducation, comme un précieux héritage de famille, parce que tous les efforts les plus vifs et les plus soutenus ne sauraient ensuite nous y porter. […] Accuser presque de n’avoir « ni esprit ni grâce » celui qui, en créant cette adorable figure de la comtesse Mosca, semble avoir dérobé au chantre de Phèdre un reflet de son art divin ! […] Et pour cadre à ce tableau des Mille et Une Nuits, au-dessus de vous, le ciel divin de l’Afrique ; autour de vous, Alger la blanche, couchée sur sa colline, semblable à une odalisque qui se baigne dans la lumière ; à vos pieds, ravissante de grâce et de douceur, la mer, plus lumineuse, s’il se peut, que le ciel.

1543. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Ils ne sont plus ces jours où chaque arbre divin Enfermait sa Dryade et son jeune Sylvain, Qui versaient en silence à la tige altérée La sève à longs replis sous l’écorce égarée. […] Mais, du moins, il en est quelques-unes pour qui l’heure ne compte pas, simples grâces que l’haleine divine a touchées en naissant, et qui ont la jeunesse immortelle.

1544. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

— « L’œuvre du divin poète fait songer à la Victoire de Samothrace, ouvrant dans l’infini ses ailes mutilées. […] Ô poète, ô prêtresse, Apprends-nous le secret des divines douleurs.

1545. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

L’auteur abuse du délicieux , de l’ adorable , du divin . Je veux bien qu’on loue la sensibilité divine de La Fontaine, qu’on me présente Alfred de Vigny comme un poète divin , qu’on me parle d’une femme divinement pâle.

1546. (1903) Le problème de l’avenir latin

Un siècle après la conquête, l’empereur Claude en témoigne devant le Sénat : « Jamais depuis qu’elle a été domptée par le divin Jules, la fidélité de la Gaule n’a été ébranlée ; jamais, même dans les circonstances les plus critiques, son attachement ne s’est démenti. » Plus tard, lors de la tentative d’insurrection fomentée par le batave Civilis, quatre cités gauloises sur soixante-quatre s’associèrent à la tentative, et pour rentrer bientôt dans l’obéissance, à un moment où la Gaule étant vide de troupes romaines, rien ne semblait s’opposer au succès d’un soulèvement. […] Nous sommes de droit divin le « premier peuple de la terre », la nation élue et souveraine. […] On se rappelle cet épisode fameux qui prouve que le monde grec, au ive  siècle avant Jésus-Christ, souffrirait déjà, comme le nôtre, de la maladie sophistique : « Si donc un de ces hommes habiles dans l’art de tout imiter et de prendre mille formes différentes, venait chez nous pour y faire admirer son art et ses ouvrages, nous lui rendrions hommage comme à un homme divin, ravissant et merveilleux ; mais nous lui dirions que notre Etat n’est pas fait pour posséder un homme comme lui ; et qu’il ne nous est pas permis d’en avoir de semblables.

1547. (1900) Molière pp. -283

Et il prétend justifier à la fin sa comédie si pleine de blasphèmes à la faveur d’une fusée qu’il fait le ministre ridicule de la vengeance divine ; même, pour mieux accompagner la forte impression d’horreur qu’un foudroiement si fidèlement représenté doit faire dans les esprits des spectateurs, il fait dire en même temps au valet toutes les sottises imaginables sur cette aventure41. […] Il peut vouloir dire chez celui qui le prononce : Cet écu, je ne te l’aurais pas donné pour l’amour du ciel, d’une Providence, je te le donne pour l’amour des hommes, parce que l’Humanité est divine. […] Il y a une bonté naturelle qu’il faut recevoir du ciel en naissant, comme un don de la grâce divine, ou de la première éducation, comme un précieux héritage de famille, parce que tous les efforts les plus vifs et les plus soutenus ne sauraient ensuite nous y porter.

1548. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Regardez-les marcher, de leur blancheur vêtues, Elles passent avec des gestes de statues ; Elles gardent, ainsi qu’un souvenir du ciel, Jusque dans la douleur le rythme essentiel, Et meurent en chantant, comme de divins cygnes, Sans altérer la paix et la splendeur des lignes… L’Odéon nous a donné l’Oncle Anselme, un petit acte écrit en vers abondants et jeunes. […] Tous les nobles accents de ces divins poèmes, Ce sont les tiens, rendus par Dieu plus triomphants ; C’est la chair de ta chair, c’est ton sang, c’est toi-même. […] Le divin vieillard de Téos, si vous le transportez à Paris, sous le premier empire ou sous la Restauration, ce n’est pas même Béranger, c’est M.  […] Mais le frisson divin, incomparable, que communiquent aux initiés certains vers qui ne sont qu’images et musique, voilà ce qu’il ne sentira probablement jamais. […] Imaginez le divin Orphée en proie aux bêtes, je veux dire chansonné par les facétieux bourgeois du Caveau.

1549. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Un premier, de grande autorité, du reste (c’est Gœthe), a dit que Shakespeare était divin et tous ont répété qu’il était dieu. […] Toutes, comme Mme Aubray, marchent dans les pas sacrés qu’un doux et divin maître a laissés ineffaçables sur la poussière des siècles. […] Il fait remarquer que Corneille et Racine sont des « cuistres » et des « écrivains ignorants et grossiers » qui ont « touché de leurs lourdes mains de barbares à demi sauvages encore à la divine antiquité ». […] Et puis, pour oublier cette pensée amère, J’ai voulu contempler Athènes, notre mère, Notre éternelle et sainte et divine cité, La ville de la Grèce et de l’humanité.

1550. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Ollé-Laprune, renouvelée sans cesse par les sacrements, ce mystère de l’amour divin pénétrant le monde sensible pour répondre infatigablement à l’appel de la misère humaine, le jeune homme de cette lettre l’ignore. […] Leur touche est divine quand ils dessinent d’un trait un horizon. […] Il appelle Amphitrite « divine poissarde ».

1551. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Et quel est ce bruit qu’on essaie de répandre que, pour un Dante qui a écrit sa Divine Comédie ou un Milton son Paradis, ils seraient dix, ils seraient vingt, ils seraient trente qui s’en sont abstenus, — par dédain ou par humilité ? […] « Si le monde est une théophanie, — c’est-à-dire si son histoire n’est que celle des manifestations de la divinité, — toutes les actions de l’homme et même de l’animal deviennent également divines et excellentes ; il n’y a plus de blâme, plus de préférence possible. […] Spronck, se sont faits les chanteurs de la nature ou de l’humanité, de la beauté plastique ou de la beauté morale, de l’amour terrestre ou de l’amour divin. […] Car enfin, s’il y a certainement une partie de l’art d’écrire, divine et comme inspirée, qui ne s’apprenne pas, qui ne se transmette point, inimitable et incommunicable, n’y en a-t-il point de plus humbles aussi, qui s’enseignent, et dont il y a vraiment des règles ou une théorie ?

1552. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

On disputoit à Adisson que le Paradis perdu fût un poëme héroïque : hé-bien, dit-il, ce sera un poëme divin. […] Pourquoi Caton, cet homme divin, si dignement annoncé au second livre, ne reparoît-il plus ? […] « Fils de Jupiter (lui répond le divin Priam) ne me forcez point à m’asseoir, pendant que mon cher Hector est étendu sur la terre sans sépulture » Quoi de plus pathétique & de moins offensant que cette réponse ! […] Mais s’il revenoit aujourd’hui avec ce feu divin, quelles couleurs, quelles images ne tireroit-il pas des grands effets de la nature, si savamment développés, des grands effets de l’industrie humaine, que l’expérience & l’intérêt ont porté si loin depuis trois mille ans ?

1553. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

La vérité, c’est que la force te manque, c’est que tu désertes Ion poste de roi au moment le plus périlleux, quand la nouvelle société, qui ne veut plus ni Dieu ni maître, poursuit de sa haine les représentants du droit divin, fait trembler le ciel sous leurs pas.

1554. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Chassez vos souvenirs, oubliez vos douleurs : Ainsi l’ont ordonné les divines paroles ! […] » Puis c’est la Légende des saints Oliveri et Liberette, sainte Euphrosine Scolastica, le Jongleur de Notre-Dame, la Messe des Ombres, qui vous poursuivent, après la lecture d’un charme persistant comme l’odeur de l’encens et la sonorité des chants sacrés après qu’on est sorti de l’office divin. […] Il y a aussi plus qu’une soumission passive dans la réponse d’Adam à l’appel divin, il y a un tendre acquiescement.

1555. (1930) Le roman français pp. 1-197

Le roman, l’illustre roman où Julie, la divine Julie avec ses « âcres baisers », l’amant en pied Wolmar, l’insupportable et faussement vertueux Saint-Preux — du reste, ils sont tous faussement vertueux : c’est ce qui met le comble à l’agacement — échangent d’interminables bavardages, et des lettres qui ont l’évident défaut de n’avoir jamais pu être écrites, car personne n’en pût jamais écrire de semblables — on ne les lirait pas !  […] Qu’est-ce que cela peut bien signifier, sinon que Rousseau avait découvert, ou redécouvert, non seulement la « sensibilité » que l’intellectualisme du xviiie  siècle avait fait disparaître, mais qu’il révélait une nouvelle conception de l’amour, des droits irrésistibles, divins, impérieux de l’amour, posé en adversaire de toute contrainte sociale, triomphant de ces contraintes ? […] Et ce saint, cet humble thaumaturge, cet homme de toutes les vertus divines et humaines, est hanté par le Diable !

1556. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Macbeth est un de ces caractères marqués dans toutes les superstitions pour devenir la proie et l’instrument de l’esprit pervers, qui prend plaisir à les perdre parce qu’ils ont reçu quelque étincelle de la nature divine, et qui en même temps n’y rencontre que peu de difficultés, car cette lumière céleste ne lance en eux que des rayons passagers, à chaque instant obscurcis par des orages. […] Mais, pour lever toute espèce de doute, il suffit de lire la tragédie de Shakspeare ; la doctrine du droit divin y est sans cesse présentée accompagnée de cet intérêt que font naître le malheur et le spectacle de la grandeur déchue. […] Les commentateurs sont en grande discussion pour savoir si c’est à la cour de Jacques ou à celle d’Élisabeth que Shakspeare a pris les maximes qu’il professe assez communément en faveur du droit divin et du pouvoir absolu.

1557. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

. — Il est nommé ministre du roi de Sardaigne à Saint-Pétersbourg ; — où il demeure jusqu’en 1817 ; — et c’est là qu’il compose ses principaux ouvrages : l’Essai sur le principe générateur des constitutions politiques, 1810 ; — la traduction du Traité de Plutarque sur les délais de la justice divine, 1815 ; — son livre du Pape, 1819 ; — ses Soirées de Saint-Pétersbourg, — et son Essai sur la philosophie de Bacon. […] Il faut ajouter aux écrits que contiennent ces deux éditions ; — Amschaspands et Darvands, 1843 ; — le Deuil de la Pologne, 1846 ; — son Esquisse d’une philosophie, 1841-1846 ; — ses Mélanges philosophiques et politiques, 1856 ; — sa traduction des Évangiles ; — et sa traduction de La Divine Comédie [posthume], 1855-1858. […] Histoire de ma vie] ; — son mariage ; — ses premières Lettres [Cf. notamment la lettre de Bagnères, 28 août 1825]. — Sa séparation [Cf. lettre du 3 décembre 1830, et Indiana] ; — son installation à Paris et ses débuts littéraires. — Henri de Latouche et Jules Sandeau. — Rose et Blanche, 1831 ; — Indiana, 1831 ; — Valentine, 1832 ; — Lélia, 1833 ; — Jacques, 1834 ; — et qu’au moyen de leurs autres mérites [il faut excepter Rose et Blanche], fraîcheur et vérité poétique du paysage ; — caractère bourgeois et réel surtout de l’intrigue ; — fluidité et abondance du style ; — l’originalité n’en est pas tant d’avoir proclamé le « droit divin » de la passion, — que d’avoir achevé de rendre le roman, comme genre, « capable de porter la pensée ». — C’est ce qu’on n’avait pas fait depuis La Nouvelle Héloïse, 1762, et depuis Corinne, 1807. — Mais, tandis que Corinne était placée dans des conditions singulières, — et qu’il n’y a pas d’« intérêt » proprement romanesque dans le roman de Rousseau, — il y en a un dans Valentine, comme dans Indiana ; — et quelle que soit la condition des héroïnes de George Sand, leurs aventures du moins ne sortent pas de l’ordinaire. — Peut-on en dire autant de leurs sentiments ; — et surtout de ceux qu’on trouve exprimés dans Jacques ou dans Lélia ?

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