Maintenant l’art est libre : c’est à lui de rester digne.
Cette Société publie des annales trimestrielles, où se trouvent de nombreux mémoires dignes du plus haut intérêt.
Feu Monsieur De Tournefort, un des plus dignes sujets de l’académie des sciences, dit, en parlant d’un pas difficile qu’il franchit.
Ce sont surtout les philosophes, les moralistes, les penseurs, qu’on relit dans ce dessein, et ce n’est pas mal fait ; mais il n’est auteur qu’on ne puisse relire dans cette intention, et il en est qui sont tellement dignes d’être relus qu’on doit les relire pour cet objet.
Emmanuel Kant, qui ne riait guères, du reste, savait bien ce qu’il faisait quand il enlaçait, dans un groupe philosophique digne des plus grands artistes de l’antiquité, les trois génies aimés des hommes : le génie du Rire, du Sommeil et de l’Espérance.
Le prince Louis-Napoléon, l’homme du 2 décembre, démentant son coup d’État pour introduire en Europe la révolution qu’il a vaincue, est une de ces conceptions ineffables digne d’être mise à côté de l’espoir de ces légitimistes qui croyaient bonnement qu’un Bonaparte s’oublierait jusqu’à singer Monk.
… Dans de telles circonstances, qui sont les circonstances présentes, les grandes ou fortes œuvres tarissent et les petits livres abondent, les petits livres qui sont aux œuvres dignes de ce nom ce que le tableau de genre est aux grandes toiles ; les petits livres qui ne demandent que des facultés secondaires et qui dispensent de tout ce qui est difficile : la profondeur dans l’inspiration, la combinaison, l’ordre, la distribution de la lumière dans le fourmillement des détails, l’étoffe de l’ensemble enfin ; les petits livres dont ce brillant dandy, Mirabeau manqué dans l’intrigue, lord Bolingbroke, disait, avec sa fatuité épigrammatique, « qu’au moins ils avaient le mérite d’être bientôt lus ».
Byron, plus digne que Pitt d’être nommé l’enfant colère, se vantait d’être jacobin et s’était fait carbonaro.
Monselet, ce gai, ce rieur, ce buveur, ce convive digne de Trimalcion, avait, au milieu de tout cela, dans un pli de son âme, comme une rose morte qui parfume plus étant morte que quand elle vivait, cette fleur coupée, la Mélancolie.
Il m’a parlé de plusieurs personnes favorisées par la fortune, par la beauté, par une grande situation sociale, et qui pourtant mènent une vie morale digne de la plus haute estime.
Il paraît que le premier qui travailla dans ce genre fut Isocrate ; cet orateur, comme on sait, eut la plus grande réputation dans son siècle ; il était digne d’avoir des talents, car il eut des vertus.
Voilà bien de quoi laisser à l’ancien Anacréon quelques petites pièces du recueil posthume : il en est digne, s’il ne les a pas faites.
De tels vers, pour la couleur mélancolique à la fois et transparente, étaient dignes contemporains des belles pages des Études de la Nature. […] Il me paraît que vous aimez mieux monter au Capitole, et cette place est plus digne de vous. […] Les miens auraient l’air trop intéressés dans ce moment pour qu’ils fussent dignes de vous et de moi. […] Ce sont là de ces beautés primitives, abondantes, dignes d’Ascrée, comme Lucrèce les retrouvait dans ses plus beaux vers : l’image demi-nue conserve chasteté et grandeur. […] Celui-ci même semble s’être véritablement chargé de certains contrastes beaucoup moins dignes de ressemblance.
Il est digne d’elle pour sa blancheur virginale et sa chasteté neigeuse. […] Sa chanson des Bœufs a eu une vogue immense, vogue dont elle était digne, chose rare, car souvent le peuple s’engoue de quelque inepte refrain. […] Le soleil couchant, pour être moins simple de ton que celui du matin, est-il un soleil de décadence digne de mépris et d’anathème ? […] Ces idées sont développées par le poëte avec une rare puissance de style et une grandeur tranquille, vraiment digne de l’antiquité. […] Il veut bien être un misérable, mais il veut que son fils soit pur et digne.
Didot pour achever l’illustration d’Horace dont il donne en ce moment une édition elzévirienne avec des paysages gravés dignes de Claude Lorrain. […] Dans l’ode suivante, une des plus décemment amoureuses de toutes ses poésies légères, il redescend avec la souplesse d’un dieu dans les prairies de l’Anio, pour y placer un dialogue digne de Théocrite entre deux amants ; c’est lui-même qu’il met en scène avec Lydie, car nul autre que lui ne pouvait soutenir en vers avec Lydie un si gracieux dialogue. […] La première halte, avant Bénévent, est égayée par un dialogue, digne d’Aristophane le Cynique, entre deux des convives qui s’accablent d’ironies.
VII Mais, par une souplesse de génie sans égale peut-être dans l’histoire de l’esprit humain, pendant que cet homme d’État vieilli, fatigué, indigent, donnait de si hauts conseils aux rois et aux papes, il s’amusait à écrire, de la même plume qui allait écrire comme Tacite, des comédies dignes de Molière. […] Un mari dupe de lui-même et une jeune femme innocente y sont joués et corrompus par l’intrigue d’un amoureux et d’un moine, dans un imbroglio et dans un dialogue dignes de Boccace. […] Florence disparaît sous cette forte main, digne de manier l’histoire de tous les empires et de tous les siècles.
Elle vit des avances où je n’avais vu que des amitiés ; elle jugea que Mme Lard, se faisant un point d’honneur de me laisser moins sot qu’elle ne m’avait trouvé, parviendrait de manière ou d’autre à se faire entendre ; et outre qu’il n’était pas juste qu’une autre femme se chargeât de l’instruction de son élève, elle avait des motifs plus dignes d’elle pour me garantir des pièges auxquels mon âge et mon état m’exposaient. […] Je crois les voir errants ensemble dans des bocages plus verts et plus frais que ceux qui me prêtent leur ombre, éclairés par un soleil plus brillant que celui qui m’éclaire, et leur sort me semble plus digne d’envie, à mesure que le mien est plus misérable. […] Son âme était digne du ciel qui la possède, et son exemple me soutenait contre le découragement qui m’accable souvent depuis sa mort.
Et pour lui-même, lui qui n’a pas trouvé la philosophie digne d’une heure de peine, qui, après avoir goûté de la gloire attachée aux découvertes de la science, s’en est lassé comme d’un vain amusement, lui qui a rompu tout lien avec la terre, quel risque affreux, s’il manque de se convaincre, si cette chaîne, dont il forme un raisonnement, vient à se rompre dans ses mains ? […] Que pouvait donc faire Pascal qui fût plus digne de son génie que ce qu’il a fait ? […] Quelles conceptions sont plus hautes, quel dessein plus digne d’un homme de génie, que d’avoir anticipé, par le détachement de son corps et la destruction de ses passions, la vie de pure intelligence qui nous est promise après la mort ?
On obtient tout d’elle par le sentiment de l’honneur ; ce qui est lucre lui paraît peu digne du galant homme ; l’occupation noble est à ses yeux celle par laquelle on ne gagne rien, par exemple celle du soldat, celle du marin, celle du prêtre, celle du vrai gentilhomme qui ne tire de sa terre que le fruit convenu par l’usage sans chercher à l’augmenter, celle du magistrat, celle de l’homme voué au travail de la pensée. […] J’en ai vu encore le modèle expirant, il y a une trentaine d’années, dans la jolie île de Bréhat, avec ses mœurs patriarcales, dignes du temps des Phéaciens. […] Quand elle eut perdu ses parents, sa tante, une très digne femme qui tenait l’hôtellerie de…, la plus honnête maison du monde, la prit chez elle.
« La terre n’offre rien de digne de René », dit Amélie. […] Jamais un Parisien du Consulat n’aurait pensé qu’un coucher de soleil à Fontenay ou un lever de lune à Saint-Cloud étaient des spectacles dignes d’attention, cependant à cette époque naissait l’enthousiasme pour les levers de soleil et de lune et pour les beautés de la nature. […] Elle s’indigne que « des fortes têtes regardent les travaux de la pensée, les services rendus au genre humain comme seuls dignes de l’estime des hommes… Mais combien d’êtres peuvent se flatter de quelque chose de plus glorieux que d’assurer à soi seul la félicité d’un autre.
un pauvre homme vide au prurit morbide, plus digne d’une salle d’hôpital que d’un trône parmi les hommes. […] Que tous les prix Montyon aillent chercher et trouver les plus dignes, cela est impossible, évidemment. […] On est assez embarrassé pour citer des écrivains artistes au sens que je viens de définir, parce que, s’ils sont vraiment grands et dignes qu’on les compte, ils furent aussi des écrivains simples. […] J’ai lu, dans une revue littéraire, ce chapelet de sottises, barbouillées dans une langue informe et digne de l’idée : « M. […] On a pu cependant extraire du fatras de sa plume quelques morceaux dignes de vivre.
Si peu que valût le livre, il m’a semblé que c’était ici œuvre morale plus qu’œuvre littéraire ; et par là du moins j’ai tenu à me montrer digne de la distinction dont j’avais été honoré. […] la corruption qui se dit sœur de la vertu, et qui, n’ayant plus la conscience d’elle-même, se tient pour aussi pure, aussi noble qu’elle, pour aussi digne qu’elle d’hommages et de respects ? […] « Est-ce qu’il est digne d’elle, votre garçon ? […] Qu’ils soient forts dans le vice, qu’ils soient audacieux dans le mal, par cela seul à ses yeux ils sont grands et dignes d’admiration. […] Dans l’antiquité, déjà, les Stoïciens avaient condamné comme des sentiments faux et dangereux l’amour de la famille et de la patrie : à les entendre aussi, l’amour de l’humanité était seul digne d’une âme vertueuse.
Il devint, comme l’appelait un de leurs camarades, Lerse, « le digne ami de Shakespeare ». […] Elle était digne d’être connue de vous. […] Il fallut plus de dix années à l’homme qui avait si lestement enlevé Gœtz de Berlichingen et Werther pour donner une nouvelle œuvre digne de ses débuts. […] Directement ou indirectement, toutes les forces des hommes agissaient dans ce grand débat, qui seul alors semblait digne d’intérêt. […] Qu’il vienne comme un esprit disparu qui a quitté ce monde, pour purifier la scène souvent profanée et en faire le digne séjour de l’antique Melpomène !
Sans vues, sans principes, sans plans, s’ils s’occupent de quelque chose, c’est d’échapper aux vengeurs du tyran qui n’est plus, et non de lui donner un digne successeur ; d’où il arrive que la mort d’un despote se réduit à conduire au trône un autre despote. […] non : mais c’était au temps et à l’expérience à leur apprendre que l’élève qu’on leur avait confié n’était pas digne de leurs soins ; que l’empereur qu’ils approchaient ne méritait ni leur attachement, ni leurs leçons, ni leurs services, ni leurs conseils. […] précisément le contraire de ce qu’on en infère : qu’ils n’en étaient que plus dignes qu’il se conservât pour eux. […] Le fils d’un joueur de flûte égyptien leur paraît-il plus digne de la puissance impériale ? […] Elle en jouit peu d’années, gardant à Sénèque un souvenir digne d’éloge, et montrant, par la pâleur de son visage et la maigreur de ses membres, combien le principe de la vie s’était affaibli en elle.
Ce que je sais bien, c’est que l’homme d’esprit qui promène ainsi son imagination dans le ruisseau ne sera jamais un auteur tragique digne de ce nom, c’est-à-dire capable de concevoir en soi et de ressusciter le génie des temps, la flamme des passions et l’âme des grands hommes. […] Tout cela est fait à la française ; mais aussi longtemps que nos auteurs dramatiques ne sauront pas peindre les mœurs des personnages qu’ils mettent sur la scène, ni l’esprit des peuples et des siècles dont ils empruntent leurs sujets, je regarderai leurs pièces comme des ouvrages faits pour amuser ou épouvanter des enfants ; mais jamais je ne les croirai dignes de servir d’instruction et de leçon aux souverains et aux nations ; c’est pourtant là le véritable but de la tragédie. » Il nous est impossible aujourd’hui, — à moi du moins, — de nous former une idée nette de ces pièces, surtout des tragédies d’alors, ni d’y saisir quelque différence à la lecture ; elles me semblent à peu près toutes pareillement insipides et d’un ennui uniforme. […] Voici la meilleure, sans contredit, de ces épigrammes contre Des Fontaines, et vraiment fort belle, digne de l’auteur de la Métromanie : Cet écrivain fameux par cent libelles Croit que sa plume est la lance d’Argail86 : Au haut du Pinde, entre les neuf Pucelles, Il est planté comme un épouvantail. […] On en meurt plus content. » On touche du doigt maintenant comment et pourquoi Voltaire et Piron ne purent jamais s’entendre, et comment ce dernier, qui avait commencé avec son cadet par quelques avances et par lui adresser même un compliment en vers qui s’est retrouvé, avait fini par le prendre en grippe d’une façon obstinée et très-peu digne.
Il faut être philosophe, ou tout au moins honnête homme, car toute histoire digne de ce nom doit être un cours de morale en action. […] Les chefs étaient dignes des soldats. […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses. […] Le public était tout entier au spectacle des travaux immenses qui avaient procuré à la France la victoire et la paix continentale, et qui devaient lui procurer bientôt la paix maritime. » La mort de Paul Ier, empereur de Russie, est un récit digne des annales de Rome.
Il le fit participer aux affaires, il l’arracha aux préjugés de son éducation, « pour lui faire voir les hommes, dit Saint-Simon, les lui faire étudier, entretenir, sans se livrer à eux, lui apprendre à parler avec force et à acquérir une autorité douce. » Il lui ôta peu à peu ces vaines délicatesses et ces doutes serviles de lui-même où l’avait élevé Fénelon, et il l’eût rendu digne de réparer les malheurs de sa vieillesse et les fautes de sa trop longue vie. […] Non que j’aie douté de ma sincérité : l’écrivain qui n’effacerait pas à l’instant ce qu’il ne tiendrait pas pour vrai, ne serait pas digne de ce nom ; mais peut-être, pour échapper aux séductions dangereuses, ai-je trop fermé les yeux aux grâces solides. […] « La cabale admire cet ouvrage, écrit-il à son neveu ; le reste du monde le trouve peu sérieux et peu digne d’un prêtre. » Oui, si ce prêtre eût failli dans la foi ou dans la conduite ; mais un tel livre rehaussait la vertu du chrétien resté pur dans ce penchant presque païen pour le paganisme ; et ce qui n’eût été qu’une inconvenance dans un caractère et avec des talents médiocres, était d’un grand exemple dans un prêtre vertueux et dans un homme de génie. […] Mais telle est l’excellence de l’art dans cette fiction que, loin d’y être choqué de voir des héros païens heureux à la manière de nos saints, on croit lire quelques pages sublimes de Platon, rêvant pour l’âme de Socrate, délivrée des liens terrestres, quelque félicité proportionnée à son intelligence et digne de sa vertu.
les décharnements d’un cou qui n’est plus digne de la sculpture. […] Le bagage poétique de Gœthe qu’on déballe aujourd’hui, et qui ne soit pas un amoncellement de choses ridicules et vulgaires, fastueusement avortées, se compose exactement, en comptant sur nos doigts, de trois à quatre pièces d’accent poétique sincère à travers des torrents d’emphase et de faux, — puis du Divan, excellent pastiche obtenu comme un fort parfum extrait de toutes les herbes de la Saint-Jean de l’érudition attentive, — et, finalement, de la bucolique descriptive d’Hermann et Dorothée, malheureusement empâtée de cette allemanderie patriarcalement bourgeoise qui endimanche si lourdement le naturel de Gœthe quand il a la bonne volonté d’être naturel, mais, après tout, description bien faite, digne de l’oculaire Gœthe, qu’ils ont appelé Jupiter et qu’il fallait plutôt appeler Ophthalmos, car Gœthe n’aurait jamais pu être Milton : on l’eût tué en lui crevant les yeux ! […] C’est même une chose digne de remarque qu’un homme qui a voulu traverser, comme je l’ai dit, toutes les catégories de l’esprit humain, ait si peu d’abondance que Gœthe, et n’ait laissé, après quatre-vingts ans de vie, qu’une dizaine de volumes… Je sais bien que l’abondance n’est une grande chose que par le mérite des œuvres qu’elle donne ; mais enfin, dans les choses de peu de mérite, Gœthe n’a pas cette faculté de l’abondance qu’a eue, chez nous, par exemple, cette sous-ventrière lâchée d’Alexandre Dumas. […] Quoiqu’il s’y fût inspiré en matière d’art de Winckelmann, comme en art dramatique il s’inspira plus tard de Shakespeare, il s’y montra pourtant critique plus dextre, plus pénétrant, plus personnel qu’il ne devait jamais être, le critique littéraire, dans Gœthe, n’étant digne que de la plus profonde pitié.
Il a été répondu encore, et d’une manière plus directe (toujours au point de vue dont la commission n’avait point à s’écarter), que, toute part faite et toute justice rendue au talent de l’auteur, sur lequel il n’y avait qu’une voix, on ne pouvait découvrir réellement dans sa pièce d’autre intention dominante que celle de peindre ; qu’il avait porté son miroir où il avait voulu, qu’il avait fait une exhibition fidèle, inexorable, de ce qu’il avait observé, et avait montré les gens vicieux tels qu’il les avait saisis ; que ce n’était pas un reproche qu’on lui faisait, mais que c’était le caractère de sa comédie qu’on se bornait à relever, et que ce serait lui prêter gratuitement que de voir autre chose dans son Demi-Monde qu’une peinture attachante, ressemblante et vraie, digne d’être applaudie sans doute, mais non pas d’être récompensée comme ayant atteint un but auquel l’auteur n’avait point songé.
Le public, il est vrai, s’y prête avec une curiosité digne d’être mieux servie.
Diderot, qui avait déjà aimé plus d’une fois et avec passion, mais qui avait fini par trouver à sa femme trop peu d’esprit, et à madame de Puisieux trop peu d’honneur, recueillit toute son âme, toute sa chaleur égarée de cœur et de vertu, toutes ses facultés surabondantes de sensibilité et de génie, pour les consacrer à tout jamais au seul être qu’il en jugeât digne.
C’est comme qui dirait la révélation, dans une âme primitive, de la loi par le péché… Une autre partie tout à fait digne d’attention, ce sont les pages qui nous montrent Louiset réfugié à Paris et essayant en vain de haïr celle qui l’a trahi si indignement.
L’épée et la plume étaient dignes de sa main loyale ; s’il souffrit toujours, c’est parce qu’il ne voulut jamais rester étranger à la misère des siens, et nulle mauvaise pensée ne troubla l’ineffable sincérité de son beau sourire !
Honorer ceux qui sont dignes, c’est à cela que se reconnaît la vraie noblesse.
Les étrangers y admiraient cette naïveté, cette aisance, cette délicatesse si naturelle aux Français, jointes à une modestie, à une candeur digne des premiers temps.
Étrange illusion, indigne de vous, digne tout au plus de ceux qui, loin de ces sanctuaires des fortes études, s’imaginent découvrir le goût dans un manuel et se figurent qu’on peut se préparer à sentir et à comprendre le génie !
Les peuples encore grossiers, composent donc des especes de cantiques pour célebrer les loüanges de ceux de leurs compatriotes qui se sont rendus dignes d’être imitez, et ils les chantent en plusieurs occasions.
Je répondrai en premier lieu, que plusieurs personnes dignes de foi m’ont assuré que Moliere guidé par la force de son génie et sans avoir jamais sçu apparemment tout ce qui vient d’être exposé concernant la musique des anciens, faisoit quelque chose d’approchant de ce que faisoient les anciens, et qu’il avoit imaginé des notes pour marquer les tons qu’il devoit prendre en déclamant les rolles qu’il recitoit toujours de la même maniere.
En sera-t-il pour cela moins digne d’admiration ?
Le mouvement fut digne de ceux qui l’avaient inspiré ou qui le fomentèrent, de ces principaux chefs de la Gironde, proscrits du « déplorable 31 mai », comme dit Vaultier, collégiens réussis qui furent des politiques manqués, et qui, le doux Vaultier lui-même l’affirme, n’ont compris ni les hommes, ni les événements, ni le jeu des intérêts sociaux : rien que cela !