“Vous le craignez donc bien le chatouillement ?
Je me piquerai peut-être un peu les doigts en émondant ce rosier à quarante-cinq feuilles qui enivre depuis trois siècles notre Italie ; mais, à mon âge et avec mon caractère, on a la main callée et la peau dure ; on peut jouer avec les feux follets de l’Arioste sans craindre de se brûler les doigts ou les yeux.
Les cuisines ouvraient, par un perron élevé de quelques marches, sur ce vaste cloaque ; quelques sureaux et quelques houx, dont la forte racine ne craint pas le sol des bergeries, croissaient dans les angles des murs.
Me sera-t-il permis de rapporter ici ce que je ne crains pas de voir démentir, car le lieu où je m’exprimai fut public, et plusieurs témoins auriculaires existent encore ?
Peut-être craignait-il de voir s’élever encore à cette occasion de nouveaux soupçons sur son patriotisme, soupçons qui l’impatientaient et le blessaient vivement.
Ombres chéries, répondez-moi du haut de vos rochers, du haut de vos montagnes ; ne craignez point de m’effrayer.
Les poëtes, par envie, ou seulement par courtoisie envers les dames si maltraitées par Jean de Meung ; les prédicateurs, probablement ceux qui craignaient d’avoir été trahis par Faux-Semblant, lancèrent contre ce poëme, les uns, des défis chevaleresques, les autres, des anathèmes.
Je ne crains pas d’exagérer en disant que les idées les plus arrêtées que nous nous faisons sur le système des choses ont de près ou de loin leurs racines dans les sciences physiques, et que les différences les plus importantes qui distinguent la pensée moderne de la pensée antique tiennent à la révolution que ces études ont amenée dans la façon de considérer le monde.
On a, par suite, au théâtre, replongé les personnages dans le milieu artificiel où s’est écoulée leur existence ; on leur a rendu leur entourage de meubles familiers et leur costume habituel ; les poètes n’ont pas craint de se faire archéologues et tapissiers pour reproduire avec une exactitude rigoureuse le décor intime dans lequel se déroulent leurs drames.
De telles qualités sont rares ; je crains que M.
Veyne nous dit Gavarni très frappé de son état de maladie… Il craint chez lui certains désordres pulmonaires.
17 janvier Flaubert est, dans le moment, si grincheux, si cassant, si irascible, si érupé à propos de tout et de rien, que je crains que mon pauvre ami ne soit atteint de l’irritabilité maladive des affections nerveuses à leur germe.
Un original garçon que ce Degas, un maladif, un névrosé, un ophtalmique à un point, qu’il craint de perdre la vue, mais par cela même un être éminemment sensitif, et recevant le contrecoup du caractère des choses.
Il gronde, il grince presque, et on le craint, et on le hait.
. — La critique historique ne cherche pas à plaire et ne craint pas de déplaire.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, Fatigué de mourir dans un trop long supplice, Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ; Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, Et se frappant le cœur avec un cri sauvage, Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu, Que les oiseaux des mers désertent le rivage Et que le voyageur attardé sur la plage, Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.
Bacon a cru pouvoir formuler cette loi : « dans la jeunesse d’un état, c’est le métier des armes qui fleurit ; dans l’âge mûr, c’est encore pendant quelque temps le goût de la guerre, et aussi la science, qui devient peu à peu prépondérante ; au déclin, ce sont les arts mécaniques et le commerce. » Un penseur bavarois, Ernest de Lasaulx, a repris pour son compte cette vue du lord chancelier ; il en trouve la confirmation dans l’histoire de la Grèce et de Rome, et craint de la vérifier pour son propre pays.
Si vous craignez que ce décor ne soit qu’une fantaisie brillante et légère, penchez-vous sur la balustrade de l’Orangerie et regardez les constructions qui entourent la pièce des Suisses.
Et, comme s’il craignait que ce métaphysicien ne s’éprît par trop de son système et n’en conçût, mal à propos, de l’orgueil, il croit urgent de le rappeler à la modération qui sied, en lui ravalant un peu sa métaphysique, et il n’est pas jusqu’à l’Inconscient qu’il ne transforme en un sujet de complainte humoristique : Inconscient, descendez en nous par réflexes : Brouillez les cartes, les dictionnaires, les sexes. […] Mallarmé avait donné l’exemple « de ne point craindre toute complication d’idées, sous prétexte d’obscurité ». […] Mais du Plessys, habile à mener les muses grecques vers les rives de la Seine et du Loir, aux sons de ses romanes chansons, ne craindra pas ces hostilités vaines « et saura mourir ainsi qu’il sait vivre ! […] Il s’est inspiré de Virgile et de Dante, mais, moins austère que ses maîtres, plus compatissant et plus attendri, il n’a pas craint de laisser au puéril fantôme sa coquetterie et sa légèreté.
Victor Hugo va les trouver dans ce jardin des Feuillantines, un jardin de couvent abandonné, où s’était établie la famille Hugo ; jardin plein de vieux arbres, de jeunes fleurs, auxquels le poète est resté plus tard toujours reconnaissant, et auxquels l’enfant était d’autant plus attaché qu’il craignait sans cesse qu’on vînt l’arracher à ce jardin. […] Puis, comme c’est un matin froid Où l’eau gèle dans la rigole, Et comme il faut que l’enfant soit En état d’entrer à l’école, Écartant le vieux châle noir Dont la petite s’emmitoufle, L’aînée alors tire un mouchoir, Lui prend le nez et lui dit : « Souffle. » Et si vous ne saviez pas encore pourquoi la poésie a été inventée, vous le savez maintenant, c’est pour exprimer de pareilles opérations… Je crains donc que François Coppée ne se soit souvent trompé dans l’exécution, et qu’ayant eu une idée très juste, à savoir, que les humbles, les petits ont droit à la vie littéraire, il n’ait cherché l’intérêt de ses peintures dans l’extérieur, dans les détails qui, par eux-mêmes, n’ont rien d’intéressant, et non pas dans l’intérieur, dans les sentiments qui, eux seuls, méritent de nous arrêter.
Je crains qu’il ne se repaisse de doutes sur ses bienfaiteurs.
Pour mieux me faire entendre, j’insiste, je ne crains pas de me répéter, je résume ce que j’ai dit. […] Une seule chose était à craindre : l’insuccès, des salles vides, une diminution de prestige. […] C’est pour cela qu’il vaut mieux t’avoir contre soi, parce qu’au moins on n’a plus à craindre que ta tendresse. […] Aucun de nos auteurs dramatiques ne risquerait un pareil dénouement, ni une comédie aussi vide d’action ; tous craindraient d’être sifflés.
Les vieux la voient venir avec angoisse, car ils craignent de ne pas être témoins de sa fin. […] Des sots, qui ne craignent rien tant que d’être tenus pour arriérés, se joignent à elle avec des rugissements de vivats qui doivent les convaincre eux-mêmes qu’ils dansent, eux aussi, devant le tout nouveau triomphateur, la toute récente célébrité.
On dirait qu’ils craignent que ces « aristocrates » ne méditent un jour de ramener l’ancien régime ; — et ils ont grand tort de le craindre ; ils n’ont pas assez de confiance dans l’œuvre de la Révolution ! […] Mais, sous l’action et dans le conflit apparent de tant d’influences du dehors, ceux qui ont craint que le génie français n’y perdît quelques-unes de ses qualités et la conscience même de son pouvoir, comment les ont-ils combattues ?
Bien plus, il s’érigea en juge de la corruption publique, attaqua rudement les vices régnants, « sans craindre le poison des courtisanes, ni les poignards des coupe-jarrets. » Il traita ses auditeurs en écoliers, et leur parla toujours en censeur et en maître.
Napoléon craint d’aliéner une pensée si vaste et si profonde de son gouvernement ; il la décore en l’éloignant.
« D’un autre côté, il laisse aux laboureurs la propriété des terres, à la condition d’en livrer les produits ; mais il est fort à craindre que ces propriétaires-là ne soient bien autrement indociles, bien autrement fiers que les hilotes, les pénestes ou tant d’autres esclaves.
On le craindra, et il deviendra le dieu de ceux qui seraient volontiers négatifs comme lui, mais qui n’ont pas son talent. » * * * Mercredi, 3 janvier 1827.
Ses traits étaient bouleversés, son teint couleur de cendre ; ses yeux, livides et enfoncés dans l’orbite, avaient perdu tout éclat ; son corps, froid comme une glace, dégouttait de sueur ; sa soif était ardente ; quelques mots péniblement articulés firent comprendre qu’il craignait une hémorragie pulmonaire. — Son médecin, par des soins énergiques et prompts, fit disparaître en une heure et demie ces symptômes.
« — Je crains, lui dit-elle, le noir Grumal, mon ennemi ; il vient souvent à la grotte de Ronan : je vais me reposer au milieu de tes armes ; mais reviens promptement, ô mon bien-aimé. » Tandis que Connal poursuit le chevreuil, Galvina veut éprouver son amant ; elle prend ses vêtements et son armure, et sort de la grotte.
Il ne s’agit point là du diable des chrétiens et s’il feint encore de craindre l’eau bénite, c’est une concession du poète au symbole de la fable.
Nous craignons bien que ce public là ne soit pas aussi reconnaissant que nous le sommes à M.
Flosshilde Point je ne le crains, comme je l’ai trouvé ; la chaleur de son amour m’a brûlée presque.
Mais le grand philosophe que nous quittons ici, est si riche en théories et en découvertes que nous ne craignons que d’avoir été trop court.
— Dans cet affreux pays, les femmes précipitent le déclin de leur beauté par toutes sortes d’artifices mauvais ; elles chargent, d’un odieux carmin, leurs joues pendantes et leurs lèvres flétries ; elles noircissent leurs cheveux, elles blanchissent leurs épaules, elles étalent, avec leurs bras, leur gorge et leurs oreilles, comme si elles craignaient de cacher l’endroit par où elles pourraient plaire.
ˮ Jurez-moi, nourrice, de ne rien dire à ma mère bien-aimée avant le onzième ou douzième jour après mon départ ; je craindrais trop qu’en pleurant elle perdît sa beauté !
Il semble que la poësie ne craigne pas le froid autant que la peinture.
La pitié vraie consiste moins à craindre la souffrance qu’à la désirer.
Faut-il craindre, faut-il espérer ?
A Valvins, Mallarmé travaillait presque toute la matinée sans mettre le pied dehors, de peur, me dit-il, de la Nature, cette grande séductrice dont il craint l’attirance. […] Je lui montrai en même temps la lutte longue qui était réservée et à moi et à ceux qui ne craindraient pas d’adopter mes vues. […] D’ailleurs, d’ici quelques mois, mon intention est de publier un Manifeste dans lequel vous trouverez nombre de points se rapprochant de votre Méthode si hautement littéraire. » (Demain ne nous apporta de Manifeste : et l’Œuvre resta future : étant donnés « les nombreux points se rapprochant de ma Méthode », il m’était à craindre sans doute un pillage nombreux !) […] Cependant, on craint que vous ne vous y opposiez.