Ce que c’était qu’être classique au sens où l’avait conçu Du Bellay, et comme on l’a été en France jusqu’au temps de notre jeunesse, nous le savons tous, nous qui y avons passé et qui en avons été témoins ; mais nos neveux, je le crains, ne le sauront plus bien et auront peine à se le figurer dans la juste mesure. […] Et c’est ici que, pour donner une idée du poète tel qu’il le conçoit, il recourt au maître de l’esprit le plus sain, du goût le plus sûr, Horace. […] Il apostrophe le poète nouveau ; il lui ordonne de sortir des chemins battus, de pendre une bonne fois au croc toutes ces vieilles formes, ces défroques de poésies surannées et usées, qui sentent le siècle du bon roi René, et de mise tout au plus pour les Jeux floraux ou, comme nous dirions, pour l’Almanach des Muses ; il le convie aux genres élevés, à l’ode conçue à l’antique, à la satire entendue moralement, aux « plaisants » épigrammes (épigramme était alors masculin), au sonnet d’invention italienne et alors tout neuf chez nous, à l’églogue d’après Théocrite et Virgile, ou même à l’exemple de Sannazar.
Et telle que je la conçois, la critique, dans sa diversion et son ambition de curiosité, dans sa naïveté d’impressions successives et légitimes, dans son intelligence ouverte aux contrastes, je consentirais qu’on lui pût dire, comme à cet abbé du dix-huitième siècle, mais sans injure : Déjeunant de l’autel et soupant du théâtre. […] Je conçois que la Comédie-Française, à cette époque, n’ait pas fait les mêmes frais pour s’acquérir M. […] Scribe a observé que les titres directs, les caractères affichés aux pièces, tels que l’Ambitieux, les Indépendants, sont une difficulté de plus aujourd’hui, une sorte de programme proposé d’avance au public impatient qui le conçoit à sa manière, et trouve volontiers que l’auteur ne le remplit pas à souhait.
Niebuhr, dans sa tentative de reconstruction, a erré, dites-vous, et rêvé ; mais, à ne prendre ses hypothèses que philosophiquement et comme manière de concevoir une première Rome autre que celle de Rollin, elles demeureront précieuses et méritoires aux yeux de tous les libres esprits190. […] C’est bien moins encore, on le conçoit, à la rénovation historique du temps de Vespasien qu’à la nôtre même, en sa légère exagération, que je me permets d’opposer ce sous-amendement respectueux. […] Cette dernière partie, pour être plus rapprochée et pour n’embrasser que cinquante ans, ne serait pas, on le conçoit, la moins immense.
Malgré son vœu, malgré la résistance d’une partie des croisés, malgré les menaces du pape Innocent III, il fut des premiers qui conçurent le projet de détourner l’expédition de la Terre-Sainte sur l’empire grec : il fut de ceux qui travaillèrent le plus obstinément, le plus adroitement à employer contre des chrétiens les armes prises contre les infidèles. […] Ces considérations toutes-puissantes le mènent, et il ne conçoit pas qu’on ne s’y rende pas. […] Mais on peut douter qu’il les ait jamais bien conçues, et ce ne sont pas les secrets de la stratégie ni des conseils qui font l’intérêt de son livre.
On conçoit, par le titre même de l’ouvrage, quel rapport en unit le sujet à celui des Fables qui de l’antiquité gréco-latine furent transmises en si grand nombre au moyen âge. […] Mais on conçoit quelle délicatesse de goût, quelle légèreté de touche il faudrait pour ne point dépasser la mesure sous prétexte de rendre la peinture plus comique ou plus maligne par la précision des ressemblances. […] On n’aura pas de peine à concevoir qu’il n’y a guère de psychologie dans les Fabliaux.
Il y a même quelque chose de choquant dans l’idée sinistre du suicide conçu par une âme presque virginale. […] Si Catherine avait quelque tendance à l’aimer, on concevrait qu’il lui jouât celle scène de haute bouffonnerie : l’amour voit trouble et ne raisonne pas. […] Sa pièce, mal conçue et mal faite, dénouée au hasard, violente au fond, faible à la surface, manque surtout de la gravité impartiale qui sied à la polémique religieuse.
J’avoue que cette notion est tout à fait vide de contenu quand nous essayons de la concevoir hors des phénomènes qui la manifestent : ce n’est pas cependant un pur rien, car c’est l’idée d’une activité qui dure, tandis que les phénomènes paraissent et disparaissent continuellement : c’est aussi l’idée d’une activité identique dans son essence, tandis que les phénomènes changent sans cesse ; c’est enfin l’idée d’une activité productrice, tandis que les phénomènes ne sont que des apparences produites. […] Nous concevons comme possible que la vie ne soit que le résultat de l’organisation, mais nous ne concevons pas comme possible qu’il en soit de même de la pensée.
Cette idée qui consistait à faire de Dieu même le type de l’homme et de ses facultés fut d’abord appliquée seulement à l’intelligence, et ensuite étendue aux sentiments moraux ; c’est-à-dire que l’on vint à concevoir dans Dieu, modèle de toutes les perfections, la source merveilleuse du dévouement. […] Ainsi donc, si le cycle épique de la haute antiquité nous fût parvenu entier, et qu’il eût été continué par les poètes des âges postérieurs ; si les modernes eussent conçu l’épopée dans toute son étendue, et eussent fait un cycle épique, éclairé par la révélation, nous aurions la vraie histoire du genre humain. […] L’homme tout seul peut bien avoir des sentiments nobles et généreux, puisqu’il y a des vertus obscures, des sacrifices ignorés ; mais comment l’homme aurait-il conçu de tels sentiments s’il n’eût pas vécu avec ses semblables ?
Sa manière sert de transition entre la caricature telle que la concevait celui-ci et la caricature plus moderne de Charlet, par exemple, dont j’aurai à parler tout à l’heure. […] Ainsi Monsieur Prudhomme, ce type monstrueusement vrai, Monsieur Prudhomme n’a pas été conçu en grand. […] Un jour, Trimolet fit un tableau ; c’était bien conçu et c’était une grande pensée ; dans une nuit sombre et mouillée, un de ces vieux hommes qui ont l’air d’une ruine ambulante et d’un paquet de guenilles vivantes s’est étendu au pied d’un mur décrépit.
On se tromperait donc étrangement si l’on croyait que les grandes proportions des sociétés modernes, par les formes de gouvernement qu’elles leur imposent, doivent les détourner d’adopter les idées égalitaires : plus vraisemblablement au contraire les petites proportions des cités antiques, par les formes de gouvernement qu’elles leur permettaient, les ont détournées de concevoir ces mêmes idées. […] L’accroissement numérique des hommes avec lesquels nous entrons en rapports donne à notre pensée une sorte d’élan, qui la porte à concevoir un nombre d’hommes indéfiniment accru. […] Et sans doute, — encore que l’exiguïté des cités grecques ait laissé plus d’une empreinte sur la morale même de leurs philosophes, — l’effort d’une pensée personnelle, devançant les temps, est capable de franchir les bornes des milieux sociaux les plus étroits ; mais pour que l’idée conçue, de personnelle, devienne collective et descende dans les masses, n’importe-t-il pas que les transformations de ces mêmes milieux lui préparent les voies ?
Rallié de cœur aux principes de cette philosophie catholique, dont MM. de La Mennais et Gerbet sont les principaux organes, M. d’Ault ne conçoit Alger tout à fait bien colonisé que lorsqu’il sera aussi un peu évangélisé.
Je concevrais plutôt encore une indignation réelle, sincère, ardente, souvent injuste, une vraie Némésis ; mais ces guêpes, si acérées qu’elles soient d’esprit, pourtant sans passion aucune, ces guêpes-là ne peuvent aller longtemps sans se manquer à elles-mêmes.
Il conçut l’humanité sociable, sociale, formée et menée par le milieu.
Mais ce Poëte a oublié volontiers ces petits triomphes, pour s’attacher à un Ouvrage plus capable d’établir & d’étendre solidement sa réputation, quoique l’exécution n’ait pas entiérement répondu à l’idée qu’on avoit conçue de son talent pour la Poésie héroïque.
Il est vrai qu’à travers les regrets qu’ils montraient de toutes les douleurs qu’ils avaient causées, perçait je ne sais quelle satisfaction de fatuité ; ils aimaient à se peindre comme ayant, de même qu’Adolphe, été poursuivis par les opiniâtres affections qu’ils avaient inspirées, et victimes de l’amour immense qu’on avait conçu pour eux.
Bramante, Raphaël, Michel-Ange, les plus grands artistes furent prodigués aux plus grands pontifes pour concevoir et gouverner la construction de ce prodige de la puissance, de la richesse et du génie. […] Raphaël peignait, Jules Romain dessinait, Buonarotti changeait à volonté le marteau contre le pinceau, Bramante imaginait et concevait la transfiguration de l’architecture pour élever dans le ciel le Panthéon simplifié, exalté, glorifié. […] « Aussi, ne pouvons-nous les concevoir séparés, que par une violence faite à la nature des choses, que par l’abstraction, tout artificielle, de l’esprit du sein de la matière qui le supporte ; que par une séparation fictive de la matière d’avec l’esprit qui la vivifie. […] XXV Dieu est, selon moi, pensée ; La pensée du monde qui conçoit et qui régit tout.
Mais la société hérite de toutes ces entreprises commencées ; elle hérite de ces projets à peine conçus, que le malheur ou la mort empêche d’exécuter ou d’achever, et qui ne seraient que de vaines pensées, d’inutiles conceptions, s’ils n’étaient pas recueillis par la société, ce grand et universel légataire de tous les hommes. […] Je dis seulement que l’on ne saurait concevoir l’invention d’une langue, sans l’invention au moins simultanée de signes écrits ; car, sans le secours de ces signes écrits, par quels moyens des intelligences humaines pourraient-elles embrasser tout le système du langage ? […] Et même je conçois que si, une fois, il avait pu s’élever à nommer, il aurait pu franchir la grande difficulté du mot-lien. […] Platon marchait par un plus court chemin à la solution du problème, lorsqu’il conçut la pensée d’un temps primitif où Dieu avait constitué la société non par des hommes, mais par des génies, c’est-à-dire par des créatures au-dessus de l’homme.
La propriété même avait en grande partie passé en d’autres mains, et les débris de l’Ancien Régime étaient si complètement dispersés qu’un aveuglement extrême pouvait seul concevoir la pensée de les rassembler pour le reconstruire. […] Et en tout, je ne conçois pas d’exacte solution politique sans qu’on y fasse entrer cette considération pratique et précise : les hommes étant ce qu’ils sont les hommes étant donnés.
Il ne serait pas juste de juger la pensée, de l’auteur sur une première partie qui attendait son développement ; il est permis pourtant de dire que cette vue des deux sociétés et des deux régimes fut conçue trop exclusivement sous une inspiration de circonstance. […] … Mon esprit s’épuise à concevoir une notion exacte de cet objet… » Il y a assurément de l’excès dans cette méthode scrutatrice, et bien des horizons plus ouverts et souvent plus faciles à atteindre qu’on ne se l’imagine se ferment devant elle3.
On alla d’emblée plus loin que n’avaient cru pouvoir se le permettre les plus hardis des Anciens ; on ne se borna pas à attribuer l’Iliade et l’Odyssée à deux auteurs différents, comme quelques Alexandrins l’avaient pensé et comme plusieurs considérations tendraient à le faire concevoir : on ne laissa subsister à l’intérieur de chaque poëme aucune unité primitive, aucune inspiration personnelle et dirigeante. […] Mais je ne saurais croire que ce soit là le cas d’appliquer le mot tant cité : « Il y a quelqu’un qui a plus d’esprit que Voltaire, c’est tout le monde. » Je conçois que dans le genre d’esprit de Voltaire, c’est-à-dire pour un certain bon sens critique et railleur, tout le monde, c’est-à-dire encore l’élite de Paris, puisse fournir l’équivalent.
Mais les deux situations les plus profondément tragiques que l’homme puisse concevoir, Shakespeare les a peintes le premier ; c’est la folie causée par le malheur, et l’isolement dans l’infortune. […] Celui qui souffre, celui qui meurt en produisant un grand effet quelconque de terreur ou de pitié, échappe à ce qu’il éprouve pour observer ce qu’il inspire ; mais ce qui est énergique dans le talent du poète ; ce qui suppose même un caractère à l’égal du talent, c’est d’avoir conçu la douleur pesant tout entière sur la victime : et tandis que l’homme a besoin d’appuyer sur ceux qui l’entourent jusqu’au sentiment même de sa prospérité, l’énergique et sombre imagination des Anglais nous représente l’infortuné séparé par ses revers, comme par une contagion funeste, de tous les regards, de tous les souvenirs, de tous les amis.
Et la marque infaillible de sa vocation, la voici : tandis que les poètes, qui sont essentiellement et éminemment poètes, ne font guère que la théorie de leur talent, érigeant en bornes de l’art leurs impuissances et leurs procédés en lois, celui-ci échappe à la tyrannie du tempérament : il explique ce qu’il ne sait faire ; il conçoit un art supérieur au sien ; sa théorie est infiniment plus vaste et plus haute que sa pratique. […] Cependant les battus n’étaient pas contents, on le conçoit ; et plusieurs ripostèrent avec violence aux Satires.
L’œuvre d’art est une œuvre conçue, engendrée, portée par l’artiste, mais qui doit se détacher de lui à sa maturité. […] Le bonheur est un état d’âme, un état de notre âme, conçu par elle.
Les défauts de cette première construction, en effet, sont énormes, et, si j’avais le moindre amour-propre littéraire, je devrais la supprimer de mon œuvre, conçue en général avec une certaine eurythmie. […] Réciproquement, on pourrait concevoir un état d’instruction primaire très perfectionné, sans que la haute science fit de bien grandes acquisitions.
On reproche souvent à certaines doctrines sociales de ne se préoccuper que des intérêts matériels, de supposer qu’il n’y a pour l’homme qu’une espèce de travail et qu’une espèce de nourriture et de concevoir pour tout idéal une vie commode. […] Les petits esprits qui conçoivent la perfection comme une médiocrité, résultant de la neutralisation réciproque des extrêmes, appellent cela des excès ; mais c’est là une étroite et mesquine manière d’expliquer de pareils faits.
. — Avant tout, une œuvre est révélatrice de celui qui l’a conçue et exécutée. […] Telle ou telle expérience peut avoir été mal conçue ou mal conduite ; le personnage observé peut avoir eu intérêt à dissimuler certaines tares, à s’attribuer libéralement des qualités qu’il n’a pas.
La biologie dont les progrès récents ont été très rapides nous offre un exemple saisissant de cette nécessité qui contraint l’esprit, pour saisir ou inventer quelque réalité, à concevoir toujours les choses autrement qu’elles ne sont, à considérer comme indivisible ce qui est composé, comme unce qui est multiple, comme stable ce qui est instable, comme immobile ce qui se meut. […] Du point de vue métaphysique, elles sont les moyens précisément par lesquels l’Être unique se conçoit autre qu’il n’est, en prenant conscience de lui-même dans la multiplicité phénoménale.
Le problème de tous les temps a été de concevoir comment l’affection des parties du corps occupant une certaine position relative, par exemple, celle des particules de la rétine, rangées les unes à côté des autres, peut procurer à l’âme, qui est simple et non composée de parties, la perception d’objets étendus et figurés. » En s’exprimant ainsi, Muller semble dire que la difficulté n’existerait pas si l’âme elle-même était étendue et composée. […] Géométriquement parlant, il est certain qu’une telle série peut se prolonger à l’infini ; en d’autres termes, on conçoit parfaitement l’existence d’une sphère indéterminée surpassant en petitesse la plus petite sphère déterminée imaginable.La question peut donc être réduite sans fin, mais ne saurait être détruite jamais.
Mais pour nous, qui n’en sommes plus à croire que l’âme humaine, à travers les âges, reste imperturbablement égale à elle-même ; qui la concevons en perpétuel devenir, formée par toutes les capitalisations du passé et de l’hérédité, par toutes les acquisitions et par toutes les influences du savoir et des milieux, il est difficile d’admettre que le poète se doive complaire indéfiniment dans la contemplation de deux ou trois phénomènes généraux de la nature, signalés, d’ailleurs, depuis fort longtemps sous toutes les latitudes. […] Telle est notre façon de concevoir la poésie.
Quand on connoît quelle étoit la délicatesse des grecs en matiere d’éloquence, et sur-tout à quel point ils étoient choquez par une mauvaise prononciation, on n’a point de peine à concevoir que quelques-unes de leurs villes, n’aïent été assez jalouses de la reputation de n’avoir en toutes choses que des manieres élegantes et polies, pour ne vouloir pas laisser au crieur public chargé de promulguer les loix, la liberté de les reciter à sa mode, au hazard que souvent il donnât aux phrases, aux mots mêmes qu’il prononceroit, un ton capable de faire rire des hommes nez mocqueurs. […] Je conçois qu’un compositeur de déclamation ne faisoit autre chose que de marquer sur les sillabes, qui, suivant les regles de la grammaire, devoient avoir des accens, l’accent aigu, grave ou circonflexe, qui leur étoit propre en vertu de leurs lettres, et que par rapport à l’expression, il marquoit sur les sillabes vuides en s’aidant des autres accens, le ton qu’il jugeoit à propos de leur donner, afin de se conformer au sens du discours.
Comment concevoir que les autres acteurs qui les voïent encore de plus près que nous, puissent s’y méprendre ? […] Mais nous en sçavons encore assez pour concevoir que les anciens tiroient un grand service des masques qui mettoient les comediens en état de se faire entendre sur des théatres sans couverture solide, et où il y avoit plusieurs spectateurs qui étoient éloignez de douze toises de la scéne où l’on récitoit.
On conçoit qu’il ne puisse pas y avoir de société plus simple ; c’est le protoplasme du règne social et, par conséquent, la base naturelle de toute classification. […] Une fois posée cette notion de la horde ou société à segment unique — qu’elle soit conçue comme une réalité historique ou comme un postulat de la science — on a le point d’appui nécessaire pour construire l’échelle complète des types sociaux.
C’est la même foi peut-être, mais, on le conçoit, l’accent sorti de l’âme d’une femme qui aimait Jésus-Christ comme nos Saintes, à nous, peuvent l’aimer, ne devait pas se retrouver dans le livre d’un homme, — d’un prédicant, — d’un polémiste, tel qu’a voulu l’être le comte de Gasparin en ses Conférences. […] Il ne concevait pas que la grande histoire se fît debout, et fût jamais une affaire de bec… L’ambitieuse forme oratoire, qui, comme toutes les ambitions, cache beaucoup de bassesse, ne peut pas aller au fond d’une histoire quelconque, puisqu’elle exclut la profondeur.
Il est horrible que nous concevions la justice et qu’elle ne soit pas dès maintenant réalisée. […] S’il est vrai que l’artiste jouit plus encore de l’œuvre conçue que du succès de l’œuvre achevée, M. […] La patrie, je ne me conçois pas sans elle ; la patrie, c’est moi-même au complet. […] Nous ne concevons la haine que comme l’envers d’un devoir de justice, de pitié et d’honneur. […] Zola a conçu n’exigeait pas plus de psychologie qu’il n’en peut donner.
Il ne conçoit pas plus la conférence sans l’auditoire que la comédie sans les spectateurs. […] Ce « mieux » auquel nous aspirons vaguement, sommes-nous réellement capables de le concevoir ? […] Cette expansion bruyante et inepte ne se conçoit guère qu’autour d’une table, et plutôt après dîner, dans réchauffement des vins et la fumée des pipes. […] Albert Guinon semble conçue selon la poétique du lieu. […] Puis, il est ici victime d’une illusion assez facile à concevoir.
Je ne puis concevoir qu’un homme change aussi rapidement. […] Wieland, qui aurait pu concevoir quelque dépit du succès de ce nouveau venu, avait l’âme bonne, et s’en réjouit. […] En la voyant sans cesse auprès de lui, il s’est épris d’elle, tandis qu’elle a conçu pour lui les sentiments les plus tendres. […] Il conçut et commença son œuvre en 1780. […] Mais, à tort ou à raison, nous assignons une limite à l’âge de l’amour : nous ne concevons pas un Roméo sexagénaire.
Aux peintres bientôt, comme aux littérateurs, leur art dut paraître insuffisant pour créer toute la vie qu’ils concevaient. […] Une difficulté en résulte à concevoir réelles ces vies qui paraissent, s’effacent, reparaissent tour à tour. […] Volontairement le poète se conçoit enfanté du rêve, fils de cet éternel pouvoir qui gît au fond de son âme. […] Ces lointains héroïsmes passionnés, d’instinct il les conçoit réels. […] Rien n’est immuable : ce qui peut être conçu peut être réalisé ; savoir, c’est pouvoir.
Le rôle de Brutus très-grand (tellement, que c’est Brutus autant que Lucrèce qu’il faudrait intituler la pièce), conçu un peu en comique et même en bouffon, comme on se figure que l’aurait pris Shakspeare : d’ailleurs l’ensemble assez classique.
Le défaut d’une œuvre dramatique ainsi conçue peut-être de manquer de mouvement : quand, dans un drame, on néglige le mouvement extérieur, il faut, nous semble-t-il, montrer, presque à chaque réplique, que croissent ou diminuent les passions des personnages ; ainsi le drame reste vivant, d’un mouvement passionnel.
Il sent tout ce qu’il conçoit ; ce qui donne à sa Dialectique une ame & une vie qui en communiquent toute l’activité, soit à l’Auditeur, soit au Lecteur.