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842. (1891) Esquisses contemporaines

Ce qui est particulier, même sa propre personne et ses propres circonstances, échappe à son regard invariablement tourné vers les formes idéales de l’Idée platonicienne. […] Issue des aspirations de l’homme vers la justice et vers la liberté, elle deviendra, par l’effet même des circonstances, injuste et despotique. […] Il se poursuivait au travers des phases nouvelles qu’inauguraient les circonstances. […] L’occasion et les circonstances l’ont mis en face de la première ; la persistance et la logique d’un mouvement continu l’amènent en face de la seconde. […] Il y a plus que la pression des circonstances ou le déploiement progressif d’une tyrannie psychologique : il y a la décision d’une volonté responsable.

843. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Malgré mon extrême timidité, qui ne m’a jamais permis de me mettre en avant que dans les grandes circonstances publiques, je vivais dans son intimité la plus journalière. […] Elle me protégea vivement, ainsi que la duchesse de Broglie, son amie, auprès des ministres d’alors pour obtenir mon premier poste diplomatique ; je ne l’ai jamais oublié, et j’ai eu une occasion de reconnaître tant de bonté dans une circonstance où il me fut donné d’être agréable à mon tour à sa famille1. […] Elles citent souvent la présence et la parure de madame Récamier dans les spectacles, dans les fêtes et même à la table des directeurs (madame Lenormant mentionne deux de ces circonstances elle-même).

844. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Les hommes qui sont si soigneux à se réserver pour les circonstances n’impriment pas tous les matins leurs pensées, ne prodiguent pas à ce point leurs conseils et les contradictions motivées qu’ils croient utiles. […] Dans les premiers jours de Brumaire et pendant qu’on discutait avec détail la révolution qui devait s’opérer le 19, Bonaparte lui disait : Il n’y a pas un homme plus pusillanime que moi quand je fais un plan militaire ; je me grossis tous les dangers et tous les maux possibles dans les circonstances ; je suis dans une agitation tout à fait pénible.

845. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Lassay raconte au long cette tracasserie ; il s’en plaignit à Mme de Maintenon brouillée alors avec Mme de La Fayette, et en laquelle il cherchera désormais un appui en cour et une patronne en toute circonstance. […] Le jour, je me promène sous des hêtres pareils à ceux que Saint-Amant dépeint dans sa Solitude ; et, depuis six heures du soir que la nuit vient, jusqu’à minuit qui est l’heure où je me couche, je suis tout seul dans une grosse tour, à plus de deux cents pas d’aucune créature vivante : je crois que vous aurez peur des esprits en lisant seulement cette peinture de la vie que je mène… Les circonstances qui précédèrent et suivirent ce mariage furent assez singulières, et achevèrent de donner à Lassay, de lui confirmer aux yeux du monde le caractère de bizarrerie et d’excentricité qui tenait plus aux personnes auxquelles il s’était lié, qu’à lui-même.

846. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Mme Navier avait directement connu Mme Scheffer dans l’une de ces circonstances intimes qui rapprochent. […] Il faisait face à tout, à la fois architecte, entrepreneur de travaux, directeur de l’atelier des ouvriers, leur médecin quelquefois, leur providence toujours, profitant de la circonstance et des contretemps même pour ramener les débauchés ou prêcher les ivrognes.

847. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Les circonstances récentes ont fait apparaître dans notre Parlement, en matière d’affaires étrangères, deux partis extrêmes, également dangereux : l’un qui rêve de conquêtes et aime la guerre, soit pour elle-même, soit pour les révolutions qu’elle peut faire naître ; l’autre qui a pour la paix un amour que je ne craindrai pas d’appeler déshonnête, car il a pour unique principe non l’intérêt public, mais le goût du bien-être matériel et la mollesse du cœur. […] Croyez-vous que de pareilles circonstances puissent se renouveler sans user un peuple ?

848. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

J’ai souvent remarqué avec plaisir, dans l’édition Clarke-Ernesti d’Homère, qu’il y est fait mention de la plupart des circonstances historiques mémorables où les vers d’Homère ont joué un rôle moyennant quelque allusion ou citation heureuse, par exemple dans la bouche d’un Épaminondas, d’un Xénocrate ou d’un Alexandre. […] J’aimerais, dans une édition complète de Virgile, que toutes ces neuves et agréables circonstances, qui achèvent de graver les beaux vers et de les rendre présents à l’esprit, fussent notées chemin faisant et rappelées.

849. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il m’a semblé que, dans les circonstances présentes, l’auteur de la Tradition ne pouvait sagement demeurer en France. […] Bruté, le 28 octobre 1815 : « Reposez-vous sur mon cœur et bien spécialement sur ma conscience du sort de ce bien-aimé Féli ; il ne m’échappera point, l’Église aura ce qui lui appartient. » L’influence personnelle de l’abbé Carron sur La Mennais était trés-secondée et favorisée à ce moment par les circonstances.

850. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Le Roi trouvait excessive et que Rancé favorisait ; la seconde au sujet des études monastiques que Rancé voulait trop restreindre, et dans laquelle Nicole prit naturellement parti pour Mabillon ; la troisième enfin avec l’humble M. de Tillemont au sujet de diverses circonstances et paroles qui semblaient également empreintes de quelque dureté. […] Dom Gervaise faillit tout perdre ; Saint-Simon nous a raconté les détails longtemps secrets et vraiment étranges qui amenèrent le nouvel abbé à une démission forcée ; il fut lui-même trop employé à la Cour dans cette affaire pour qu’on puisse douter des circonstances qu’il affirme et qu’il n’a aucun intérêt, ce semble, à surcharger.

851. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Il ne fut jamais conscrit ni jaloux de l’être, et il lui suffit de son obscurité, de son existence naturellement peu saisissable, et aussi de son air facile et non embarrassé, de ce dos bon et ronddont parle Diderot, dans les circonstances qui l’eussent pu trahir, pour gagner l’amnistie du mariage de Marie-Louise. […] Sans s’abuser un seul instant sur les Bourbons qu’il avait eu de bonne heure occasion de connaître d’après des circonstances fort particulières  ; sans donner jamais en plein dans la Charte, comme Courier, Béranger attendit les excès de 1815 et 1816 pour se prononcer hautement contre la dynastie restaurée, et en cela il fit preuve de plus de sens que ceux qui lui ont reproché sa chanson du Bon Français, de mai 1814.

852. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Ses efforts pourtant sont heureux en mainte circonstance. […] » La Recherche de l’Absolu, dernière publication de M. de Balzac, n’est pas un de ses meilleurs romans : mais, à travers des circonstances fabuleuses et injustifiables, cette histoire a beaucoup de mouvement, de l’intérêt, et c’est une de celles où l’on peut le plus étudier à nu la manière de l’auteur, sa pente et ses défauts.

853. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

L’écrivain qui nous l’a peinte restera apprécié dans le calme, comme étant arrivé à la profondeur la plus inouïe de la passion par le simple naturel d’un récit, et pour avoir fait de sa plume, en cette circonstance, un emploi cher à certains cœurs dans tous les temps. […] On remarque, il est vrai, dans ce nombre une circonstance qui semblerait indiquer une autre plume que la sienne.

854. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Quant aux circonstances de temps et de lieu, qui de toutes sont les plus puissantes pour façonner et diversifier l’homme, il les indique à peine ; il en fait abstraction. […] Tous ces détails, toutes ces circonstances, tous ces supports et compléments de l’homme sont en dehors du cadre classique.

855. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Cela n’a pas de bien graves conséquences en peinture et en sculpture : la vérité et la beauté n’y sont point essentiellement attachées aux noms et aux circonstances historiques ; les éléments naturels et physiques du sujet importent seuls. […] D’autres fois, à force d’étudier les Grecs et les Latins, il se familiarise avec les formes particulières que certaines circonstances et le caractère de la civilisation antique ont données aux sentiments de l’âme et à leur expression littéraire.

856. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Cette conception se précisa dans l’esprit de Voltaire sous l’influence des mêmes circonstances qui firent éclater les Lettres anglaises. […] Les ouvriers du progrès seront les grands hommes, par qui les lumières et le bien-être se répandent ; et les grands siècles de l’esprit humain seront ceux où les circonstances serviront les grands hommes, c’est-à-dire où ils auront l’autorité pour eux, et non contre eux, quand les despotes seront de grands hommes, serviteurs ou protecteurs de la raison.

857. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Il faut donc qu’il choisisse parmi les circonstances qui s’offrent à lui de toutes parts, qu’il en retranche le plus grand nombre, qu’il en atténue d’autres et qu’il mette en pleine lumière celles qui importent le plus à la conclusion où il tend de toutes ses forces ». […] Par exemple, dans la vie réelle, la cour que fait un homme à une femme se compose d’une foule de petites démarches et de menus propos ; tout cela devra être résumé dans une « déclaration » : voyez celle de Tartufe. « C’est l’habileté de l’auteur dramatique de ramasser dans une seule circonstance frappante tous les détails similaires qu’il néglige ou, pour mieux dire, qu’il supprime absolument. » De même, l’auteur dramatique ne saurait peindre ses personnages que par quelques traits choisis et caractéristiques.

858. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Si elle suspend l’hérédité, dans la circonstance, ou la retire aux descendants ordinaires, est-ce pour la supprimer ? […]         Un intérêt de votre part, me conviant à des renseignements sur quelques circonstances de notre état littéraire, ne le fait pas à une date oiseuse.

859. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Quoique ses Mémoires soient pleins d’aveux naïfs et suffisamment sincères, ce n’est point là qu’il faut juger cette partie première de la vie politique de M. de Chateaubriand : il est tout occupé à la raccommoder à l’usage des générations libérales ou républicaines qui ne se souviennent plus des véritables circonstances. […] ouvrez la préface de La Monarchie selon la Charte dans l’édition de 1827 ; il y disait, laissant échapper le ressentiment dont il était plein : En me frappant, on n’a frappé qu’un dévoué serviteur du roi, et l’ingratitude est à l’aise avec la fidélité ; toutefois, il peut y avoir tels hommes moins soumis et telles circonstances dont il ne serait pas bon d’abuser : l’histoire le prouve.

860. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Que ces intervalles, en toute circonstance, soient moindres quand le signe de la pensée est intérieur, cela est naturel, puisque le signe ne peut commencer par être intérieur, puisque son intériorité est la preuve d’un commencement d’habitude. […] L’état de distraction est une circonstance favorable à ces oublis ; on comprend mal un discours mal écouté ; plus tard, on se répète à loisir ce qu’on en a retenu, et l’on comprend mieux [ch.

861. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Conseil de prudence, de prévoyance, d’esprit avisé dans les circonstances difficiles et, du reste, dans toutes les circonstances.

862. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Les circonstances qui avaient renfermé son père, comme un patriarche, dans la culture de sa maigre vigne, arrêtèrent Mlle Eugénie sur la pente où la délicate originalité de son esprit se fût compromise ; car des lectures nombreuses et variées en eussent certainement altéré la nuance virginale, si elles lui eussent été faciles. […] Des circonstances, inutiles à rappeler, suspendirent et semblèrent définitivement empêcher la réalisation d’un projet arrêté et qui a été réalisé depuis.

863. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Mille circonstances, heureuses d’ailleurs, ont concouru à la solidification de cette puissante renommée. […] Toujours la foule agissante, inquiète, le tumulte des armes, la pompe des vêtements, la vérité emphatique du geste dans les grandes circonstances de la vie !

864. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

La moelle contenait un grand nombre de réponses toutes faites à la question que les circonstances pouvaient poser ; l’intervention du cerveau fait jouer la plus appropriée d’entre elles. […] Ces pseudopodes sont des organes véritables, et par conséquent des mécanismes ; mais ce sont des organes temporaires, créés pour la circonstance, et qui manifestent déjà, semble-t-il, un rudiment de choix.

865. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Retirés au sommet des monts, ils y trouvèrent, pour fixer leur vie errante, des lieux salubres, forts de situation, et pourvus d’eau, trois circonstances indispensables pour élever des cités. […] Nous avons observé dans la table chronologique que cette époque est pour l’histoire grecque celle de la plus grande lumière, comme pour l’histoire romaine l’époque de la seconde guerre punique ; c’est alors que Tite-Live déclare qu’il écrit l’histoire avec plus de certitude ; et pourtant il n’hésite point d’avouer qu’il ignore les trois circonstances historiques les plus importantes.

866. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Il y a une autre circonstance, plus importante, où l’on retrouve le témoignage du maréchal sur Voltaire ; c’est à l’occasion de sa fâcheuse affaire avec le chevalier de Rohan.

867. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Sorti de Paris à dix-neuf ans, dès les premiers jours de la Révolution ; retenu par les circonstances et la maladie en Suisse, au lieu des longs voyages qu’il méditait ; marié là et proscrit en France à titre d’émigré, M. de Sénancour n’était rentré que furtivement, à diverses reprises, pour visiter sa mère, et s’il s’était hasardé à séjourner à Paris, sans papiers, de 1799 à 1802, ç’avait été dans un isolement absolu : il avait profité toutefois de ce  séjour pour publier, dès 1799, ses Rêveries sur la nature primitive de l’Homme.

868. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Merlin et La Révellière, pressés de tous côtés et cédant aux circonstances, se démirent, le 30 prairial, d’un pouvoir qui n’était plus en leurs mains qu’une occasion de discorde civile.

869. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Conseil, le sentiment des partis et des nécessités de circonstance, c’est l’intelligence de la marche ardente d’une révolution et des métamorphoses qu’elle subit tout en se poursuivant.

870. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Le rapprochement des circonstances minutieuses, l’enchaînement fortuit et prompt des motifs dans la tête de Bonaparte, le malheureux quiproquo sur M. de Thumery, aide de camp du prince, métamorphosé par la prononciation allemande en Dumouriez ; l’information première donnée par le maréchal Moncey sans commentaire, au lieu d’être faite d’abord avec les correctifs nécessaires par M. 

871. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Il y a là, continuellement, un choix de circonstances extérieures, toutes des plus naturelles et toutes singulièrement expressives, par lesquelles on se sent si bien enveloppé que l’on a, aussi intense que possible, l’impression de la vie réelle  et cela, je le répète, sur une donnée exceptionnelle jusqu’à l’invraisemblance.

872. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Il n’en faudrait pas plus dans certaines circonstances pour devenir à votre insu le fondateur d’une religion qui serait embrassée par des millions d’hommes, qui massacreraient en votre nom des milliers d’autres hommes. — Il faudrait donc mourir pour être innocent et tranquille ?

873. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Sainte-Beuve a écrit22 : « On serait étonné si l’on voyait à nu combien ont d’influence sur la moralité et les premières déterminations des natures les mieux douées quelques circonstances à peine avouables, le pois chiche ou le pied-bot, une taille croquée, une ligne inégale, un pli de l’épiderme  ; on devient bon ou fat, mystique ou libertin à cause de cela. » Il arrive mainte et mainte fois, témoin les dernières années de la vie de Rousseau, que le biographe est obligé de faire appel, pour comprendre certains actes et certains écrits, au secours de la science médicale.

874. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Pétri de la plus vive sensibilité, emporté par un tempérament plein de bile & de feu, aigri par les contradictions, les circonstances de sa vie ont été la source de sa misanthropie, & cette misanthropie est devenue, à son tour, le véhicule de ses talens, En adoptant ces réflexions, il ne sera pas impossible d’expliquer pourquoi, avec des lumieres si supérieures, cet Ecrivain a avancé avec tant de sécurité tous les paradoxes qui se sont trouvés d’accord avec les dispositions de son humeur & la tournure de ses idées ; pourquoi le pour & le contre sont traités, dans ses Ecrits, avec la même force.

875. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Mais écoutez une singulière rencontre de circonstances, c’est qu’au moment même où le pauvre Milot venait d’être dépouillé par l’académie, Falconnet m’écrivait : " j’ai vu chez Le Moine un élève appellé Milot, qui m’a paru avoir du talent et de l’honnêteté.

876. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Monsieur Crozat a extrait des registres de l’abbaïe de saint Jean de Parme plusieurs preuves, qui font voir que Vasari se trompe dans l’idée qu’il donne de la fortune du Correge, et sur tout dans le récit qu’il fait des circonstances de sa mort.

877. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

La mort est à l’égard de l’homme un mandat d’amener, décerné par le Souverain Juge dans le moment où il veut interroger face à face une créature intelligente, et lui tracer de nouvelles destinées : Dieu, dans de certaines circonstances, prévues par sa sagesse, a pu déléguer à la société le droit de décerner ce mandat de comparution ; mais il peut le retirer quand et comme il lui plaît.

878. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Les circonstances dans lesquelles il les produisit étaient, du reste, telles qu’elles durent en augmenter l’éclat.

879. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

le compte des médecines qu’on a prises vérifié par un Purgon de cour ou un monsieur Fleurant, respectueux sujet en toutes ses parties, — mais c’est le journal de toute la vie, heure par heure, écrit non de la main d’un tiers, mais de la main même du Roi, — du Roi qui n’a pas passé un seul jour de son règne sans noter pieusement (pieusement envers lui-même) tout ce qu’il a fait dans la journée, et qui, mettant à le noter une exactitude qu’aucune circonstance, aucun événement n’a pu ni interrompre ni troubler, s’est peint, sans le savoir, avec une naïveté et une transparence qui envoient promener du coup tous les Tacites de la terre et se passent très bien de leurs profondeurs !

880. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Mais, heureusement pour lui, il ne savait pas l’allemand ; circonstance qui épargna à sa vieille royauté expirante la familiarité de ce welche en mesure de traiter, par la plaisanterie, d’égal à égal avec lui !

881. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Dans de telles circonstances, on comprend que Lefèvre-Deumier ait gardé dix ans un recueil qui n’a pas, d’ailleurs, l’accent des poésies contemporaines.

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