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1090. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Dès la septième semaine, il fut clair pour moi que ces sons exprimaient des émotions intelligentes, l’étonnement, la curiosité, l’attente, et qu’ils étaient analogues aux exclamations qu’une personne expansive, un enfant de trois ans profère involontairement en pareilles circonstances. […] Le sentiment de la forme, déjà manifesté par plusieurs traits, s’est encore révélé chez lui en cette circonstance.

1091. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

VI La cinquième ode ne se rapporte, croit-on, à aucune circonstance personnelle de la vie de David. […] J’ouvris le petit volume des psaumes que j’avais recueilli dans l’héritage de ma mère, et dont les feuilles, feuilletées à toutes les circonstances de sa vie, portaient l’empreinte de ses doigts et quelques taches de ses larmes.

1092. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Puis, avec une exagération qui marque mieux la nouveauté du dessein, Chartier élimine de son discours les faits, les circonstances de temps et de personnes pour se tenir dans les idées générales : il pousse l’amour du lieu commun jusqu’à la plus vague amplification. […] Toutes les circonstances évaluées, et addition faite de la prudence humaine à leur total, une force survient on ne sait d’où, qui dérange l’opération, et fait sortir le résultat le moins prévu, le moins possible.

1093. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Il est vrai qu’un des généraux était Cimon : circonstance atténuante aux yeux des uns, car Cimon a battu les Phéniciens, aggravante aux yeux des autres, car c’est ce Cimon qui, afin de sortir de la prison pour dettes, a vendu sa sœur Elphinie et, par-dessus le marché, sa femme, à Callias. […] Mais il a une circonstance atténuante ; il a admiré ardemment le poëte de Prométhée, et l’admirer c’était le défendre.

1094. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Or, comme la perception simple accompagnée d’attention est une perception qui aurait pu, dans des circonstances favorables, présenter le même contenu — ou à peu près — si l’attention ne s’y était pas jointe, c’est en dehors de ce contenu qu’on a dû chercher ici le caractère spécifique de l’attention. […] Mais peut-être aussi le travail destiné à convertir le schéma en image avait-il dépassé le but, évoquant alors, au lieu de l’image elle-même, les circonstances qui l’avaient encadrée primitivement.

1095. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Henri IV s’en irrita plus d’une fois ; d’Aubigné nous le dit dans ses Mémoires, et raconte même comment, en une dernière circonstance, il évita de bien peu la Bastille.

1096. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Je restreindrai encore le point de vue, ou plutôt je le simplifierai en disant qu’il me paraît difficile que ces lettres aient aujourd’hui aucun effet de piété et de dévotion ; la spiritualité en est trop subtile, trop particulière, trop compliquée de style métaphorique, de fleurs surannées, et trop mêlée à des questions ou à des intérêts de circonstance.

1097. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Je me hâte d’en venir aux trois ou quatre noms qui me sont imposés par des circonstances particulières et que je me suis donné pour sujet aujourd’hui.

1098. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Ayant été amené à Rome par un concours bizarre de circonstance, et y étant devenu presque secrétaire du cardinal Acquaviva, notre abbé, qui venait de se faire raser pour la première fois (car son poil follet n’était plus de mise), fréquenta beaucoup à ses heures de loisir dona Lucrezia, femme d’un avocat de Naples, qu’un procès ecclésiastique retenait à Home.

1099. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Un discours sur les intérêts les plus importants de la société humaine, peut fatiguer l’esprit, s’il ne contient que des idées de circonstance, s’il ne présente que les rapports étroits des objets les plus importants, s’il ne ramène pas la pensée aux considérations générales qui l’intéressent.

1100. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Les personnages y sont généraux ; dans les circonstances particulières et personnelles, on aperçoit les diverses conditions et les passions maîtresses de la vie humaine, le roi, le noble, le pauvre, l’ambitieux, l’amoureux, l’avare, promenés à travers les grands événements, la mort, la captivité, la ruine ; nulle part on ne tombe dans la platitude du roman réaliste et bourgeois.

1101. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Tout ce qu’il y avait de petit, d’étroit, d’égoïste dans Thiers disparut par le bénéfice des circonstances ; et il faut dire qu’il ne leur faillit point.

1102. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Joséphin Soulary Je vous tiens (je l’ai dit en maintes circonstances) pour le premier poète de notre époque.

1103. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Certes, le poète n’échappait point à la loi commune, et chacune de ces œuvres qu’il avait libérées du temps par sa volonté créatrice fut, à sa manière, une œuvre de circonstance, enfantée dans la douleur.

1104. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Y peut-il revenir de lui-même, cela n’est pas impossible, cela n’est qu’infiniment peu probable ; il y a des chances pour que nous attendions longtemps le concours des circonstances qui permettraient une rétrogradation ; mais, tôt ou tard, elles se réaliseront, après des années dont il faudrait des millions de chiffres pour écrire le nombre.

1105. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Tous étaient ravis de l’accueil franc de Verlaine, de sa bonhomie et d’un entrain qui, dans, de pareilles circonstances, dans un milieu si lamentable, méritait le nom d’héroïsme.

1106. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Un chemin de fer fait plus pour le progrès qu’un ouvrage de génie, qui, par des circonstances purement extérieures, peut être privé de son influence.

1107. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Qu’est-ce que Candide, si l’on isole ce roman de Voltaire des circonstances où il est né ?

1108. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il s’agit donc de découvrir, dans les limites de l’époque qu’on a choisie pour champ d’études, les phénomènes généraux qu’il faut rapporter soit à l’hérédité, soit aux circonstances nouvelles qui ont pu modifier l’organisation primitive des hommes durant cet espace de temps.

1109. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

XXXI, p. 259 que Ravaillac avait été vu, peu de temps avant l’assassinat, à Bruxelles ; circonstance qui ne se trouve dans aucun livre français.

1110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Si notre conduite peut être regardée comme maligne, quel nom donnera-t-on à ce qu’ils se sont permis dans tous les temps, & en particulier dans cette circonstance ?

1111. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Ne jamais cesser de s’instruire dans toutes les matières possibles, étudier la dialectique, s’embellir perpétuellement, assouplir ses membres par la gymnastique, vivre au grand air tout le jour, prendre part aux travaux civiques et privés, intervenir en plein public dans les circonstances les plus différentes, faire des voyages, voir des contrées, accomplir le périple du monde, aller sans cesse d’un pôle à l’autre, observer les mœurs des contrées les plus lointaines, comparer les flores, les parfums, les lumières et les aromates du sud au nord, voilà quelques-uns des devoirs qui nous incombent.

1112. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

En un mot, une même cause peut, selon les circonstances, produire tantôt la sensation de chaleur sur un sujet sentant, tantôt un phénomène de mouvement dans un corps qui ne sent pas.

1113. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

La répétition de ce mot volontiers est pleine de grâces ; et ce vers : Volontiers gens boiteux haïssent le logis, fait voir comment La Fontaine sait tirer parti des plus petites circonstances.

1114. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

C’est ce qu’Homère lui-même avait senti, puisque le roi d’Ithaque se découvre à sa nourrice Euryclée par une ancienne cicatrice, et à Laërte, par la circonstance des treize poiriers que le vieillard avait donnés à Ulysse enfant.

1115. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Un autre avantage de cette petite dépense, ce serait de diminuer le nombre des étudiants qui ne sera jamais que trop grand, quelles que soient à l’avenir les circonstances de la nation.

1116. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Celui-ci a je ne sais quoi qui vous rappelle la manière simple, non recherchée, isolée et tranquille de composer des anciens, manière où les figures restent comme le moment les a placées, et ne sont vraiment liées que par la circonstance, le fait et la sensation commune.

1117. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

On ne le croiroit pas, si douze ou quinze rélations differentes des expeditions des flibustiers dans le nouveau monde, ne s’accordoient pas toutes à le dire et à en rapporter des circonstances convaincantes.

1118. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Mais ils ont cru que la posterité seroit toujours au fait des choses dont ils parloient, ainsi ils n’en ont dit le plus souvent que ce qu’il convenoit d’en dire pour appuïer un raisonnement, pour fonder une comparaison, pour expliquer une circonstance, ou pour rendre raison d’une étimologie.

1119. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Un jour, il se laissa séduire — chose tout à fait en dehors de ses principes — par une proposition de chasse en commun… Les circonstances étaient graves.

1120. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Mais nous ne savons pas ce que va faire naître l’établissement d’une académie à Athènes, d’un collège grec dans l’ancienne Tauride, du mouvement imprimé aux îles Ioniennes, et de tant de circonstances nouvelles dont nous ne pouvons prévoir tous les résultats.

1121. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

L’empire russe depuis le congrès de vienne5 I Quoique l’influence des circonstances politiques meure au seuil des ouvrages de critique purement littéraire, il n’est pas moins vrai qu un livre sur la Russie publié à cette heure doit attirer vivement l’attention… En effet, solitairement et pour son propre compte, la Russie, ce colosse de neige, sort enfin de l’énigmatique immobilité qu’elle a gardée pendant quarante ans vis-à-vis de l’Europe, et qui était peut-être tout le secret de la fascination qu’elle exerçait sur les esprits.

1122. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Fils des circonstances, comme Napoléon, ç’a été sa seule manière de lui ressembler, car il n’était guère besoin de génie pour deviner que l’établissement d’une revue était une excellente affaire au moment où il se trouva pour une moitié d’idée dans l’établissement de la sienne.

1123. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

On en aura bien pour huit jours du Lamartine, et c’est même là un bon sujet d’article, — facile et de circonstance, — une selle à toute bête, un de ces éclairs sur lesquels le premier venu s’affourche pour qu’on le voie mieux.

1124. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Nous nous en sommes souvent préoccupé, comme si nous tenions le sceptre de la circonstance.

1125. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

L’Innocent III du comte de Gasparin n’est qu’un discours sur le pontificat d’Innocent III, condamné d’avance par un a priori illusoire, et dérisoire aussi… Ce pontificat glorieux, le plus glorieux — quoique exécrable — de tous les pontificats de l’Église romaine, de l’aveu du comte de Gasparin, ne pouvait pas, il faut en convenir, être raconté en quelques minutes de Conférence, avec toutes les négligences d’une parole qui se hâte, avec tous les à peu près de la circonstance, tous les faits laissés, vu leur nombre, forcément, dans l’ombre d’un discours.

1126. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Pour les uns, en effet, ces lettres, exhumées d’une correspondance de famille, étaient une occasion excellente de reclasser à nouveau, sans le changer de place, un livre (Werther qui fut l’engouement de toute une époque, et dont, selon nous, le succès fut plus le fils des circonstances que du génie).

1127. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Nous-mêmes, qui ne haïssons pas cependant les béguines, nous n’aurions peut-être jamais parlé du livre de celle-ci sans la circonstance très moderne d’une critique historique qui recherche depuis quelque temps, avec un instinct de satyre dans les deux sens du mot, l’odeur de la femme (odor di femina) dans l’histoire.

1128. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

… Oui ou non, sont-ils de la fatalité d’organisation ou de circonstance ?

1129. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Cette résolution, qui ne dure qu’une minute, est la seule circonstance étrangère au magnifique développement d’amour qui est l’intérêt profond de ce roman par lettres sans égal ; car Clarisse et Delphine et les Lettres de deux jeunes mariées sont pleines d’événements.

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