Les pères de familles desquels devaient sortir les nations païennes, ayant passé de la vie bestiale à la vie humaine, gardèrent dans l’état de nature, où il n’existait encore d’autre gouvernement que celui des dieux, leur caractère originaire de férocité et de barbarie ; et conservèrent à la formation des premières aristocraties le souverain empire qu’ils avaient eu sur leurs femmes et leurs enfants dans l’état de nature. […] C’est dans ce sens que l’on peut dire, comme lui, que les républiques se sont formées d’hommes libres et d’un caractère sévère. Les premiers citoyens de Bodin ne peuvent présenter ce caractère.
Les premiers gravent en traits de foudre les dogmes éternels ou imaginaires dans la conscience ; les seconds écrivent en caractères de pierre ou de bronze les tables des lois ou les constitutions des sociétés politiques. […] On peut croire que cette mère donna, avec le sein, à son enfant, cette prédestination aux choses de l’esprit et cette sensibilité souffrante de l’âme qui forment le fond du caractère de Rousseau. […] Il y a de la crapule au fond de ce caractère comme il y en a au fond de cette vie. […] Rentré à Paris, il s’acharne sur le caractère et sur l’ineptie de l’ambassadeur. […] Le caractère de Rousseau se révèle tout entier dans les motifs d’égoïsme qui le jetèrent dans cette demi-solitude au milieu de sa vie.
Il a bien fallu alors, pour distinguer nos impressions personnelles les unes des autres, ajouter à l’idée générale d’odeur de rose des caractères spécifiques. […] En vain on alléguera que nous cédons alors à l’influence toute-puissante de notre caractère. […] Le même reproche s’adressera à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère. […] Mais, dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre, que nous nous le sommes approprié. […] La thèse de la liberté se trouverait ainsi vérifiée si l’on consentait à ne chercher cette liberté, que dans un certain caractère de la décision prise, dans l’acte libre en un mot.
Le premier trait du caractère espagnol, c’est le manque de sens pratique. […] On peut le prouver rigoureusement pour les caractères physiques, et grâce à la correspondance établie entre le physique et le moral, on peut conclure de même pour les caractères moraux ; l’hérédité physiologique nous garantit l’hérédité psychologique. […] De plus, comme Stendhal, il savait les caractères et contait bien. […] Comme son caractère, son talent sa composait de délicatesse et de réflexion. […] Il y a là un trait de caractère, et je ne crains pas de le marquer.
Quel eût été le caractère d’une épopée écrite par Béranger ? […] Le caractère de Frétillon est tracé de main de maître. Un tel caractère, je le sais bien, n’a rien qui puisse émouvoir. […] Encore faut-il que sa pensée s’accorde avec son caractère. […] De là trois formes de poésie dramatique : la passion sans caractères et sans action, ou la tragédie, les caractères sans passion et sans action, ou la comédie, et l’action sans caractères et sans passion, ou le mélodrame.
C’est là d’ailleurs un des caractères essentiels de tous les récits de Ferry. […] Tel est le caractère propre de M. […] Étant donnés le caractère de celui-ci et les tendances de M. […] Claretie est celle du caractère de Madeleine Bertin, qui donne son nom à l’œuvre. […] Autour de l’héroïne, des caractères habilement décrits charment et attachent.
De là le caractère antireligieux comme antimonarchique de la révolution française. […] C’est là ce qui donne un caractère particulier aux écrits de Joseph de Maistre, ce qui les naturalise dans notre littérature. […] Il ne se trompe pas plus sur le dénoûment de la lutte que sur le caractère de la lutte. […] Royer-Collard, elle avait toujours conservé ce caractère, que d’écueils auraient été évités ! […] On l’a vue se reproduire avec une périodicité qui a un caractère monotone et fatal.
Et qu’on n’allègue pas le caractère exceptionnel des idées qu’ils expriment ! […] Il ne pouvait créer des effets de contraste ni entre plusieurs caractères ni dans les différentes manifestations d’un seul. […] De ceci, il ressort déjà que les deux frères ne se ressemblaient ni par les goûts, ni par le caractère, si tant est qu’on puisse leur attribuer des goûts et un caractère fixes. […] Ce qui offre un caractère plus curieux, c’est de voir. […] Dans tous ces tristes caractères, il y a bien les éléments de la comédie intime et bourgeoise.
Daniel Bonnefon Il a surtout cultivé avec succès l’élégie ; ce genre convenait mieux que tout autre à son caractère mélancolique. […] Auguste Barbier Ses vingt chants du Dante que personne n’a surpassés, comme expression du style et du caractère poétique du grand maître, quelques paysages italiens vrais et colorés, trois ou quatre vigoureuses satires politiques et surtout ses élégies, cris de souffrances pendant des heures de maladie, et qu’on a si bien nommées un requiem de la douleur, laisseront certainement trace dans la mémoire des vrais lettrés.
et pourquoi, parlant de l’homme, se permet-il sur son caractère plus que des insinuations, et si malveillantes ? […] Et, si l’on aime tant son théâtre, je comprends peu qu’on étudie sa vie et son caractère dans un esprit de malveillance et de chicane. […] Deschanel n’en reste pas moins hanté par le romantisme des poètes de 1830 et croit en retrouver les caractères chez nos classiques. […] Or ce mélange est un des caractères du romantisme41. […] Et voilà maintenant que « romantisme » est synonyme de complexité des caractères.
Il tint de cette mère estimable et de vieille roche plusieurs des qualités qu’il mit en œuvre : Elle réunissait, dit-il, des qualités qui vont rarement ensemble ; avec un caractère singulièrement vif, une imagination brillante et gaie, elle avait un jugement prompt, juste et ferme : voilà déjà une femme assez rare, mais ce qui est peut-être sans exemple, elle a eu, à cent ans passés, la tête qu’elle avait à quarante. […] Ce qui peut frapper dans le récit, d’ailleurs intéressant, que Duclos nous fait de ses jeunes années, c’est le ton brusque et sans charme ; l’espèce de gaieté qui s’y montre est une gaieté sèche et sans fleur ; il ne s’étend un peu et ne marque un sentiment de complaisance que lorsqu’il y parle des hommes qu’il a connus, et qu’il se met à développer les caractères. […] M. de Forcalquier a tracé de Duclos en 1742, c’est-à-dire quand celui-ci était déjà un homme de lettres en pied et un académicien des Inscriptions, un portrait qui conserve encore et laisse voir quelques airs de jeunesse : « L’esprit étendu, l’imagination bouillante, le caractère doux et simple (ceci est pour le moins douteux), les mœurs d’un philosophe, les manières d’un étourdi. […] Il avait, comme certains hommes de notre connaissance, de ces aspérités qui simulent quelquefois, mais qui maintiennent aussi le caractère. […] Les hommes de ce caractère se croient capables de tout… Les plus grandes affaires, celles du gouvernement, ne demandent que de bons esprits : le bel esprit y nuirait, et les grands esprits y sont rarement nécessaires.
Lu aujourd’hui, Bourdaloue nous paraît avant tout fructueux : c’est le caractère principal qu’il eut aussi de son temps. […] Mme de Termes disait plus tard des portraits de Bourdaloue : « Pour ses portraits, il est inimitable, et les prédicateurs qui l’ont voulu copier sur cela n’ont fait que des marmousets. » — Tout est mode en France, a dit l’abbé d’Olivet : les Caractères de La Bruyère n’eurent pas plus tôt paru que chacun se mêla d’en faire ; et je me souviens que, dans ma jeunesse, c’était la fureur des prédicateurs, mauvaises copies du père Bourdaloue. […] Car La Bruyère, en parlant de Tréville d’une manière si serrée et si incisive, semble avoir quelque chose de particulier à venger sur lui : on dirait qu’il a appris que ce juge dégoûté des ouvrages de l’esprit a ouvert un jour une des premières éditions des Caractères et a jeté le livre après en avoir lu quelques pages, en disant : « N’est-ce que cela ? […] Je dis sévère : car il ne faut pas croire que Bourdaloue, en exposant à son auditoire ces portraits fidèlesl, y mêlât de ces nuances, de ces inflexions marquées de débit et d’accent qui en eussent fait des peintures trop agréables et de trop fines satires : il restait lui-même, c’est-à-dire grave, uni en parlant, sérieusement digne ; il n’avait pas de ces tons familiers, insinuants, touchants, que lui demandait Fénelon ; il maintenait le caractère d’enseignement et de précepte, même dans ses censures ; enfin, il lui suffisait d’être frappant, utile et instructif, il n’était pas enchanteur. […] C’était un homme d’un caractère doux et de si peu d’emportement contre les protestants, qu’il croyait que les gens de bien parmi eux pouvaient être sauvés : je n’ai jamais rencontré ce degré de charité chrétienne chez aucun autre théologien catholique.
Et pourtant, si l’on parvient à triompher du dégoût qu’inspirent le caractère hideux des intrigues et des personnages et cette continuité de laideurs et d’horreurs, on verra combien elle y apporte de moquerie, d’enjouement, de tour heureux. […] Pourtant cet attachement conjugal n’a pas le caractère d’une passion ; c’est plutôt son amitié avec son frère qui aurait pris ce caractère et qui serait devenue un culte, si Frédéric n’y avait porté atteinte plus d’une fois par ses inégalités et ses rudesses involontaires. […] Je crois qu’il s’en tirera par une gambade ; il n’en aura pas moins d’esprit, mais son caractère en sera plus méprisé que jamais. […] Son caractère est sûr, et il a plus le ton de la conversation que le poète, qui, si vous y avez bien pris garde, dogmatise toujours. […] Séduit par l’esprit de Voltaire, Frédéric tient bon tant qu’il peut contre les tracas et les zizanies qu’a engendrées son séjour ; il exprime pourtant à ce sujet plus d’une pensée de pur bon sens et de morale pratique, et qui peut servir de leçon aux littérateurs de tous les temps : Après avoir goûté de tout et essayé de tous les caractères, écrit-il à sa sœur (29 décembre 1751), on en revient toujours aux personnes de mérite : Il n’y a que la vertu de solide, mais elle est rare à trouver.
Rousset a, dès l’origine, une théorie du caractère et de la fonction de Louis XIV, qui est celle des opposant et des mécontents, et que je ne crois pas très justifiée, si on y regarde de près : « Louis XIV, nous dit-il, avait, comme Philippe II, le goût des détails ; ses ministres encouragèrent ce goût et le poussèrent même à l’excès ; en trompant par la multiplicité des affaires un appétit de travail qui était réel et sérieux, ils l’assouvissaient d’abord par les petites et tenaient les grandes en réserve ; mais toutes lui étaient présentées. […] Pour moi, après bien des tâtonnements et des reprises, après y avoir songé et ressongé, je m’explique un peu autrement son caractère, son esprit, sa part dans l’exercice du métier de roi. Ce qu’on a appelé ses Œuvres et ses Mémoires, et qui ont été remis en lumière récemment47, nous le montrent dès 1661, et dans les années qui précédent la guerre de 1667, déjà formé par l’âme et le caractère. […] Son esprit était-il donc si fort au-dessous de sa volonté et de son caractère ? […] Ses défauts même sont tels, et il les porta de telle sorte, qu’ils n’altèrent ni ne dégradent en rien son caractère de roi.
C’est ou c’était une grosse affaire que cette date ; il faut savoir qu’on l’avait ignorée jusqu’en ces derniers temps, c’est-à-dire jusqu’en 1861 ; mais, à propos d’une édition des Caractères, entreprise par M. […] Mancel, bibliothécaire de la ville de Caen, — à laquelle La Bruyère pourrait bien appartenir un peu, si la charge qu’il y avait, comme trésorier de France, n’eût pas été pour lui la moins exigeante des sinécures, — préparait un nouvelle édition de ce livre des Caractères, dont l’auteur dépensa à Paris, comme observateur et moraliste, le temps qu’il devait peut-être strictement, mais moins utilement, à la basse Normandie, et, bon homme, M. […] Le Privilège de la première édition des Caractères est d’octobre 1687, et depuis le commencement de l’année La Bruyère n’appartenait plus à la finance. […] Fournier ; ils me paraissent se rapporter tous à un coin du caractère et du génie de La Bruyère, pour le faire mieux saillir. […] Le président Bouhier, qui, dans sa jeunesse, avait vu La Bruyère, mais qui ne se fiait pas à ses impressions anciennes, crut devoir interroger M. de Valincour en 1725 sur le célèbre auteur des Caractères ; M. de Valincour lui répondit : « La Bruyère pensait profondément et plaisamment ; deux choses qui se trouvent rarement ensemble.
C’est marcher tout d’abord dans cette voie, Messieurs, que de venir retracer devant vous un caractère et un talent comme celui de Casimir Delavigne : il a eu dès le premier jour la célébrité, il a obtenu la gloire, et il n’a pas cessé un seul instant depuis d’y joindre l’estime. […] Il y a plus de force qu’il ne semble dans cette tenue constante de caractère, de méthode et d’école, au milieu d’une époque si diversement agitée. […] Les caractères se dessinent et contrastent, ils concourent tous par un jeu naturel à l’action. […] Casimir Delavigne n’avait pas la tournure de caractère propre à lutter ainsi contre un public qui l’avait tout d’abord favorisé. […] Casimir Delavigne resta et voulut rester homme de lettres : c’est une singularité piquante en ce temps-ci, un trait de caractère bien digne d’être étudié.
Il agit comme un facteur puissant d’individualisation des esprits et des caractères. […] Le mensonge de groupe se distingue du mensonge individuel par les caractères suivants : 1º par sa généralité ; il est commun à tous les membres du groupe ; sensiblement le même pour tous, alors que le mensonge individuel varie avec les intérêts différents des individus ; — 2º par son caractère de contrainte. […] Il y a un mensonge positif qui consiste dans une entente, une complicité pour dénaturer et falsifier certains faits, pour évaluer faussement les actes et le caractère des gens, selon les intérêts et les passions du groupe. […] Les mythologies sociales dont on vient de parler ont un caractère abstrait et très général. […] Qui, parmi ceux du groupe, n’accepte pas cette solidarité, qui n’attache pas l’importance qu’il faut aux qualités ou caractères possédés en commun est tenu pour félon et exposé à l’hostilité de tous les autres. — Et ici encore certes, il faut faire la part de l’illusion sincère : mais aussi celle du mensonge de groupe est évidente.
On arrive par l’échafaud à l’apothéose ; les caractères ont des traits accusés, qui les gravent comme des types éternels dans la mémoire des hommes. […] Mais son idée d’un royaume profane d’Israël, lors même qu’elle n’eût pas été un anachronisme dans l’état du monde où il la conçut, aurait échoué, comme le projet semblable que forma Salomon, contre les difficultés venant du caractère même de la nation. […] Il avait environ dix ans quand cet homme faible et sans caractère, parfois violent, fut déposé par Auguste 171. […] Une absence complète du sentiment de la nature, aboutissant à quelque chose de sec, d’étroit, de farouche, a frappé toutes les œuvres purement hiérosolymites d’un caractère grandiose, mais triste, aride et repoussant. […] Le mouvement galiléen de Juda, fils d’Ézéchias, ne paraît pas avoir eu un caractère religieux ; peut-être, cependant, ce caractère a-t-il été dissimulé par Josèphe (Ant., XVII, x, 3).
C’est qu’elle met en scène des classes plutôt que des vices ; ses caractères n’ont ni l’ampleur du type, ni la précision de l’individu, ils affectent le sous-entendu, ils cherchent la réticence, ils posent dans un milieu factice d’allusion et de convention. […] Et puis, s’il faut le dire, je ne vois pas ce que gagne la dignité commune à ce dénigrement perpétuel d’une profession honorée par de si grands talents, de si purs caractères. […] Il y a un peu d’anachronisme dans ce caractère imité de la Bélise de Molière. […] La jeune fille vient de raconter à Maxime son enfance sans mère, et le caractère viril que lui a fait l’isolement où elle a vécu. […] Ce n’est ni par la vérité des caractères, ni par la vraisemblance des situations, qu’excelle la comédie de M.
Ce qu’était Carrel, tous ceux qui l’ont connu le savent, et il ne leur est pas difficile, par la connaissance qu’ils ont du caractère de l’homme, de s’expliquer les phases différentes de sa destinée. […] Une quantité de Piémontais, de Polonais, anciens militaires de l’Empire, et un moindre nombre de Français, se trouvaient réunis dans cette ville ; ils y furent organisés en légion, sous l’aigle et le drapeau tricolore, par le colonel Pacchiarotti, officier piémontais d’un grand caractère, et dont Carrel ne s’est jamais souvenu depuis qu’avec un sentiment profond : il le citait toujours quand il parlait des hommes créés pour commander aux autres hommes. […] Parlant du beau caractère de ce colonel piémontais Pacchiarotti, qui avait succombé devant Figuières dans sa protestation impuissante pour les souvenirs de l’Empire : Les choses, disait Carrel, dans leurs continuelles et fatales transformations, n’entraînent point avec elles toutes les intelligences ; elles ne domptent point tous les caractères avec une égale facilité, elles ne prennent pas même soin de tous les intérêts ; c’est ce qu’il faut comprendre, et pardonner quelque chose aux protestations qui s’élèvent en faveur du passé. […] Mme Courier aurait bien désiré que le passage où se trouvait le mot d’équipée fût modifié et adouci, et elle visita Carrel : « Je vis là pour la première fois Mme Courier, me dit un témoin fidèle, et je n’oublierai jamais ni l’esprit avec lequel elle défendit sa thèse, ni la grâce parfaite de Carrel, maintenant son dire et son jugement. » Nous avançons lentement avec Carrel ; c’est que ce n’est pas un talent littéraire tout simple ni de première venue : c’est un esprit éminent, un caractère supérieur qui s’est tourné par la force des choses aux lettres, à la politique, qui s’y est appliqué avec énergie, avec adresse, et finalement avec triomphe, mais qui était plus fait primitivement, je le crois, pour devenir d’emblée un des généraux remarquables de la République et de l’Empire. […] Ces anecdotes ne valent que ce que le caractère et la destinée de l’homme les font ensuite.
Lui-même il a, comme homme, un caractère à part et modestement original dans sa nuance, entre tous les écrivains célèbres du xviiie siècle. […] Sa figure avait un caractère antique, et son buste ne peut être bien placé qu’entre ceux de Platon et d’Aristote. […] d’un caractère si attentif, si bon ! Tout le monde l’aime, excepté son mari, qui lui préfère sa propre sœur, la duchesse de Grammont, espèce d’amazone, d’un caractère fier et hautain, également arbitraire dans son amour et dans sa haine, et qui est détestée. — Mme de Choiseul, passionnément éprise de son mari, a été martyre de cette préférence, mais, à la fin, elle s’est soumise de bonne grâce ; elle a gagné un peu dans son esprit, et l’on croit qu’elle l’adore toujours. — Mais j’en doute. — Elle prend trop de peine à le persuader ! […] Dans un petit Traité de morale, rédigé à l’usage d’un neveu de M. de Malesherbes, et qu’il fit à la demande d’une mère, il a montré combien l’aménité était la forme de son caractère, et l’humanité le fond de son âme.
Le caractère du héros, versatile et médiocre, est essentiellement Gaulois, et en cela, vive Dieu, ils ont raison ! […] Le plus grand nombre de ses caractères sont des prodiges de vérité. […] Ils ont prouvé aussi qu’ils sont de grands observateurs qui savent étudier les caractères. […] Son talent est de caractère féminin, non par la faiblesse, mais par la grâce et par l’attraction. […] Quel style, quelle invention, quels caractères y aura-t-il que ce fleuve débordant d’encre n’inonde et ne ruine !
Quoique le caractère poétique soit moins marqué dans ce dernier roman, il y a eu de la part de l’auteur une grande habileté à fondre les éléments réels qui font la matière de son récit, avec les circonstances romanesques qui composent ou achèvent la physionomie de ses personnages. […] Il a lui-même retracé un coin de son caractère au début d’Adolphe, mais il n’a pas tout dit. […] Le petit chef-d’œuvre réunit le double caractère : art et vérité.
John Stuart Mill, ce chapitre nous présente une série de discussions sur quelques-unes des questions les plus profondes et les plus embrouillées de toute métaphysique… Le titre donnerait une notion très incomplète de la difficulté et de l’importance des spéculations qu’il contient… C’est presque comme si un traité de chimie était donné pour une explication des mots air, eau, potasse, acide sulfurique, etc. » C’est donc une recherche sur l’origine et le mode de formation des idées les plus générales qu’il faut attendre sous ce titre, dont on doit remarquer aussi le caractère très nominaliste. […] Or, tant qu’une vérification précise manquera, le sensualisme aura beau revendiquer en sa faveur la simplicité, la vraisemblance, et surtout ce caractère très scientifique, d’éliminer tout surnaturel, la question restera toujours ouverte entre lui et ses adversaires. […] Leur caractère essentiel, c’est de n’exister que par couples ou paires, comme haut et bas, semblable et dissemblable, antécédent et conséquent.
La différence de ces commencements dut contribuer à celle des caractères qui ont distingué le père et le fils. […] La galanterie n’était pas la seule cause des variations qui avaient lieu ; la cupidité, la vanité, la turbulence, enfin l’inconstance naturelle à certains caractères et à certaines situations, y avaient part aussi. […] L’inconstance était son caractère.
Non seulement toutes les époques ne sont pas marquées des mêmes caractères, mais il y en a dont le caractère propre est d’en manquer. […] Je ferai toutefois observer que, des autres divisions en usage, la plus naturelle serait encore la division par règnes ou époques politiques ; et, par exemple, j’ai noté dans ce livre même, très rapidement, quelques uns des caractères littéraires communs à toutes les régences de notre histoire.
Excepté la Delphine de Mme de Staël, qui est un vrai roman, d’un développement très-étendu, de caractères très-variés et de passion très-scrutée, nous n’eûmes, jusque dans les commencements du xixe siècle, que la très-petite monnaie de Mme de Lafayette, les Genlis, les Souza, les Montolieu, les Duras. […] Non-seulement le génie du romancier crée des types, des situations, des caractères, des dénouements, et à sa manière, fait de la vie, comme Dieu, — de la vie immortelle, — mais ces types, ces caractères, ces situations sont des découvertes dans l’ordre de l’imagination et de l’observation combinées ; ce sont des faits qui doivent rester acquis à l’inventaire humain, comme les faits de la Science.
Cardonnet excepté) a les deux caractères obligés des personnages : l’héroïsme du cœur et l’argumentation intarissable. […] On n’a pas assez remarqué ce caractère de l’esprit de Mme Sand dans ses anciennes œuvres. […] C’est le caractère des esprits vraiment supérieurs de se continuer sans se répéter et de savoir se renouveler. […] Ce sont là d’admirables études de caractères. […] Les événements se développent ; mais déjà peu à peu quelques-uns des caractères d’abord indiqués changent et se déforment.
En vérité, tout cela est peu de chose ; les textes manquent, et leur absence ne s’explique, je le répète, que pour de brèves poésies de caractère lyrique et populaire. […] Sans cette complication, le caractère cornélien serait une ligne droite dans l’absolu. […] Ce n’est pas encore du théâtre ; il y manque les caractères, les situations, la péripétie ; c’est un amusement. […] Le psychologue cherche en vain des caractères. […] Qui donc se flattera de définir le caractère d’une race, en Europe, après la colonisation romaine, après l’invasion des barbares, après « l’empreinte » catholique, après tant d’échanges européens ?
Argument La plupart des preuves historiques données jusqu’ici par l’auteur à l’appui de ses principes, étant empruntées à l’antiquité, la Science nouvelle ne mériterait pas le nom d’histoire éternelle de l’humanité, si l’auteur ne montrait que les caractères observés dans les temps antiques se sont reproduits, en grande partie, dans ceux du moyen âge. […] Ignorance de l’écriture ; caractère religieux des guerres et des jugements, asiles, etc.
.) — J’avoue mon faible et ma chimère : j’avais conçu pour tous ces grands hommes, ces grands esprits et talents de ma génération, ou de la génération immédiatement antérieure, un idéal de caractère et de carrière qu’ils n’ont pas rempli ou qu’ils ont vite dépassé et traversé d’outre en outre. […] « C’est parce qu’il sentait qu’il avait en lui de quoi suffire à cette situation (au moins dans un grand moment) et de quoi y vibrer dans le tonnerre, que Lamartine a tout fait pour amener cette situation et pour la créer. — Le talent qui veut sortir est comme un fleuve qui creuse jusqu’à ce qu’il se soit fait un lit, fut-ce un lit de torrent. » « — Ce qui me frappe dans ces événements si étonnants, c’est, à travers tout, un caractère d’imitation, — et d’imitation littéraire. […] Si nous en valons la peine, on nous nomme, on nous caractérise en deux mots, et voilà la page de notre vie dans un siècle. » Dans les temps d’orage, au contraire, « dans ces drames désordonnés et sanglants qui se remuent à la chute ou à la régénération des empires, quand l’ordre ancien s’est écroulé et que l’ordre nouveau n’est pas encore enfanté, dans ces sublimes et affreux interrègnes de la raison et du droit,… tout change ; la scène est envahie, les hommes ne sont plus des acteurs, ils sont des hommes… Tout a son règne, son influence, son jour ; l’un tombe, parce qu’il porte l’autre ; nul n’est à sa place, ou du moins nul n’y demeure ; le même homme, soulevé par l’instabilité du flot populaire, aborde tour à tour les situations les plus diverses, les emplois les plus opposés ; la fortune se joue des talents comme des caractères ; il faut des harangues pour la place publique, des plans pour le Conseil, des hymnes pour les triomphes… On cherche un homme ! […] Là est sa garantie et la nôtre, — non pas dans son caractère, mais uniquement dans son éducation. » « — Il y a encore de la poésie dans les choses.
Dans le siècle de Louis XIV, la perfection de l’art même d’écrire était le principal objet des écrivains ; mais, dans le dix-huitième siècle, on voit déjà la littérature prendre un caractère différent. […] Les sentiments, les situations, les caractères que Voltaire nous présente, tiennent de plus près à nos souvenirs. […] Celui qui écrit sans avoir agi ou sans vouloir agir sur la destinée des autres, n’empreint jamais son style ni ses idées du caractère ni de la puissance de la volonté. […] S’il plaide pour la victime devant l’assassin, pour la liberté devant les oppresseurs ; si les infortunés qu’il défend écoutent en tremblant le son de sa voix, pâlissent lorsqu’il hésite, perdent tout espoir si l’expression triomphante échappe à son esprit convaincu ; si les destinées de la patrie elle-même lui sont confiées, il doit essayer d’arracher les caractères égoïstes à leurs intérêts, à leurs terreurs, de faire naître dans ses auditeurs ce mouvement du sang, cette ivresse de la vertu qu’une certaine hauteur d’éloquence peut inspirer momentanément, même à des criminels.
Brunetière, ils ont ce caractère de généralité, nécessaire aux œuvres classiques. […] Simultanément qu’un roman de mœurs et de caractères, L’Armature est un roman social. […] Et les caractères des personnages, on nous les raconte bien, mais pour la plupart on ne les développe pas assez, par le seul procédé de développement possible : le choc des faits, pour que nous en gardions une image claire. […] Son roman, L’Écornifleur, est le jeu logique de quatre ou cinq personnages ni vulgaires ni distingués, dans l’incohérence naturelle de leurs caractères et de leurs snobismes.
D’après l’idée de ce caractère, fondée ou non, est-il étonnant qu’on ait été soulevé contre Rousseau ? […] Le premier étant d’un caractère fougueux & caustique n’avoit pu s’accommoder de celui de Saurin & de Malafaire, autres esprits altiers, inflexibles. […] Ils trouvent que l’écrit de Boindin porte le caractère de l’évidence. […] Seroit-ce la première fois que des hommes opposés d’état & de caractère, mais liés par un intérêt commun, auroient emporté, dans le tombeau, un secret abominable ?
Voyez ces prêtres, ils semblent affaissés sous le poids de leurs lourds vêtemens ; s’ils ont du caractère, il est ignoble. […] Il est plein d’invention, de chaleur, d’expression et de verve ; il trouve les plus beaux caractères de tête, sa scène est pleine de mouvement ; mais il est sec, il est dur, il est discord, et je ne me soucierais pas de posséder un de ses tableaux, je sens que la vue continuelle m’en chagrinerait. […] Le vrai goût s’attache à un ou deux caractères et abandonne le reste à l’imagination ; les détails sont petits, ingénieux et puérils. […] Je lis dans un endroit de mon répertoire : bien coloriées, bien touchées, et de beau caractère… et dans un autre endroit barbe d’ébène, noire, compacte, cheveux de même ; bout de vêtement sec et raide.
En soi, c’était une de ces publications qui n’ont aucun des caractères de conscience, de moralité, — et même de talent, — qui donnent aux livres l’autorité et la durée. […] C’est surtout Paulin Paris, qui s’est fait l’annotateur et le glossateur de l’auteur des Historiettes, et enfin c’est Techener, qui, dans un volume charmant, du reste, de disposition, de correction et de caractères, a élevé à l’œuvre de des Réaux un véritable arc de triomphe typographique. […] L’égoïsme, tel est le caractère de son livre, l’amusement du moi à tout prix ! […] L’individualisme dont Tallemant était l’expression et l’instrument à son insu, — car un tel homme ne se rendait compte de rien, — l’individualisme avait suffisamment rongé les institutions et les caractères.
Et tel est, du reste, à toute page, le caractère de cette histoire, où l’historien, qui, nous l’avons dit, n’est pas catholique de foi, est catholique de vue à force d’avoir la tête politique ! Je voudrais, si j’avais plus d’espace, mettre en saillie par des citations ce caractère de son livre, qui doit avoir une action sur tout le monde et peut-être sur lui-même, car on ne s’approche pas si près de la Vérité sans tomber un jour dans ses bras ! […] Ces deux grands réformateurs, qui procèdent au rebours l’un de l’autre, ont, en effet, plus d’un trait de caractère pareil. […] Et lui, Renée, lui qui a le goût et le sens, ces deux grands avertissements critiques, ces deux consciences de ce qui fait la force et la beauté littéraires, a-t-il donc pu oublier que, pour écrire l’histoire de Grégoire VII, presque autant que pour la penser, il faut avoir en soi cet absolu que Grégoire avait dans le génie, dans le caractère, dans la foi, et que ceux qui ne l’ont pas dans la pensée ne peuvent s’empêcher d’admirer ?
L’auteur de Guy Livingstone est idéal de sentiment et d’expression, de société et de caractère, dans un temps où nous nous mourons du mal de cœur de la réalité, qu’on nous donne pour l’art ou la vie ; il est idéal parce qu’il est un byronien d’abord et ensuite un dandy, préoccupé, comme tout dandy, de la beauté des attitudes de son orgueil ; il l’est encore parce que tous les caractères de son roman sont pris dans un milieu humain et social exceptionnel, parce que le high life est la vie des classes supérieures, qui valent mieux que les autres de cela seul (comme le mot le dit) qu’elles sont au-dessus. […] Au moins, si les caractères créés par l’auteur de Guy Livingstone sont coupables, leurs fautes ou leurs crimes ont de la grandeur. […] Il y a deux femmes, en effet, dans Guy Livingstone, les deux femmes éternelles qui sont partout, dans toutes les œuvres humaines, quelque nom qu’elles portent ; les deux types primitifs, dont les autres femmes ne sont jamais, plus ou moins, que les divers mélanges ou les dégradations… Il y a la Provocante terrible, le démon charmant, l’Astarté, et en vis-à-vis, pour le combat qui doit la tuer, la Pudeur fière, l’Amour profond, celle qui presque toujours, dans sa lutte contre l’autre, doit mourir… L’auteur de Guy Livingstone n’a pas inventé, en fait de femmes, quelque combinaison nouvelle de caractère ; mais son invention, c’est son intensité.
Mais ce sont exclusivement ses Fables, dans lesquelles on plonge, depuis qu’elles sont faites, les enfants de toutes les générations comme dans leur premier bain d’intelligence, ce sont ses Fables qui l’ont rendu aussi populaire que s’il ne méritait pas de l’être, et donné à sa popularité un caractère aussi particulier que son génie. […] Il a analysé dans tous ses caractères, ses développements et ses nuances, ce génie ondoyant et divers… Il l’a analysé presque dans chacune de ses fables. […] Ainsi, l’originalité dramatique, car chaque fable, à elle seule, est tout un drame, dont les personnages, transposés de l’homme à l’animal, sont des caractères révélés par la plus merveilleuse divination physiologique. […] Oudry est certainement, pour interpréter La Fontaine, un talent préférable à Grandville, caricaturiste ingénieux, mais qui met de la caricature là où il y avait du caractère.
L’auteur de Guy Livingstone est idéal de sentiment et d’expression, de société et de caractère, dans un temps où nous nous mourons du mal de cœur de la réalité, qu’on nous donne pour l’art ou la vie ; il est idéal, parce qu’il est un byronien d’abord et ensuite un dandy, préoccupé, comme tout dandy, de la beauté des attitudes de son orgueil ; il l’est encore parce que tous les caractères de son roman sont pris dans un milieu humain et social exceptionnel, parce que la high life est la vie des classes supérieures qui valent mieux que les autres, de cela seul (comme le mot le dit) qu’elles sont au-dessus. […] Au moins, si les caractères créés par l’auteur de Guy Livingstone sont coupables, leurs fautes ou leurs crimes ont de la grandeur. […] Il y a deux femmes, en effet, dans Guy Livingstone, les deux femmes éternelles qui sont partout, dans toutes les œuvres humaines, quelque nom qu’elles portent ; les deux types primitifs, dont les autres femmes ne sont jamais, plus ou moins, que les divers mélanges ou les dégradations… Il y a la Provocante terrible, le démon charmant, l’Astarté, et en vis-à-vis, pour le combat qui doit la tuer, la Pudeur fière, l’Amour profond, celle qui presque toujours, dans sa lutte contre l’autre, doit mourir… L’auteur de Guy Livingstone n’a pas inventé, en fait de femmes, quelque combinaison nouvelle de caractère ; mais son invention, c’est son intensité.