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1038. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Dès lors pourquoi s’inquiéter de la pensée, de l’industrie, de la science, de la littérature, de l’art qui se manifestent à l’étranger, puisque la pensée française, l’industrie française, la science française, la littérature française, l’art français sont nécessairement et à priori supérieur ? […] La flatterie nationale qui est un art pratiqué chez nous avec une dextérité au-dessus de tout éloge, emploie d’ailleurs toutes ses ressources à entretenir cette croyance. […] Il nous faudrait un office permanent d’enquêtes sur toutes les branches de l’activité humaine, pour connaître à fond la vie politique et sociale des autres peuples, leurs expériences, leurs pratiques, leurs fautes, leurs succès, leurs innovations ; leurs découvertes et leurs applications scientifiques ; leur administration, leur industrie, leur production, leur commerce ; leur art et leurs traditions ; en un mot leur existence exacte.

1039. (1915) La philosophie française « I »

., comme aux encyclopédistes en général (d’Alembert 13, Diderot 14, La Mettrie 15, Helvetius 16, d’Holbach 17) le mouvement qui aboutit à, « rationaliser » l’humanité et à la tourner aussi du côté des arts mécaniques. […] L’art et la littérature lui doivent au moins autant. […] Taine veut appliquer à l’étude, de l’activité humaine sous ses diverses formes, dans la littérature, dans l’art, dans l’histoire, les méthodes du naturaliste et du physicien. […] Attaché à Pascal autant qu’à Maine de Biran, épris de l’art grec autant que de la philosophie grecque, Ravaisson nous fait admirablement comprendre comment l’originalité de chaque philosophe français ne l’empêche pas de se relier à une certaine tradition, et comment cette tradition elle-même rejoint la tradition classique.

1040. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Cet art d’animer les dissertations et de mettre la philosophie en dialogue indique une verve secrète et une imagination capable de peindre aux yeux les objets. […] Il nous renvoie à leurs livres, il ramène la philosophie à l’art d’écrire, et, à force de se rapprocher d’eux, mérite presque d’être rangé à côté d’eux. […] Leur science aboutit dès l’abord à la pratique ; et ce qu’ils enseignent, c’est l’art de penser, de raisonner et de s’exprimer. En quoi consiste cet art ?

1041. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Commencer un chapitre sur Verlaine par une étude sur « son esthétique, ses opinions en littérature et en art » me paraît étrange. […] Les stances, qui ont été saluées comme la négation du symbolisme et comme un retour authentique à l’art classique, ne sont-elles pas au contraire l’expression même de ce que le symbolisme comportait d’échec devant les sentiments profonds et les grandes idées humaines, le fruit de cendre que devaient découvrir à la fin ses feuillages dorés ? […] Ils renouvelaient le lyrisme en l’élargissant ; ils transformaient l’esthétique en offrant à l’art des matériaux absolument neufs. […] Rémy De Gourmont, entrée dans l’art avec le symbolisme, est celle de l’idéalité du monde », idéalité étant pris ici au sens philosophique.

1042. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Dites que l’art de nos jours est sans but, sans foi en lui-même, sans suite et sans longue haleine en ses entreprises ; et l’on vous objectera, parmi nos poëtes, le plus célèbre et le plus opiniâtre exemple, toute une vie donnée à la restauration de l’art. […] Cette espèce de critique est le refuge de quelques hommes distingués qui ne se croient pas de grands hommes, comme c’est trop l’usage de chaque commençant aujourd’hui ; qui ne méconnaissent pas leur époque, sans pour cela l’adorer ; qui, en se permettant eux-mêmes des essais d’art, de courtes et vives inventions, ne s’en exagèrent pas la portée, les livrent, comme chacun, à l’occasion, au vent qui passe, et subissent, quand il le faut, avec goût, la nécessité d’un temps qu’ils combattent et corrigent quelquefois, et dont ils se rendent toujours compte. […] C’est Diderot, en effet, qui est chez nous le père, l’aïeul vénérable, l’Homère de ce genre mélangé de critique et d’art, de ces contes, de ces historiettes, de ces pastiches chauds et gracieux, de ces analyses mousseuses et vives.

1043. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Anatole France, et surtout le charme anecdotique de l’histoire de l’église, des apôtres et des saints : la beauté plus directement plastique des lettres et des arts grecs et français ne l’attira pas moins ; ni la beauté intellectuelle de la philosophie déterministe, de la science moderne, si relativiste, et si sceptique. […] Les sentiments qui nous la rendent douce naissent d’un mensonge et se nourrissent d’illusions. » À chaque page, même négation résignée et souriante, qu’il parle du jeu, de la jalousie, de l’art ou de la justice. […] Il faut aimer son esprit ; c’est le diable, cet homme qui ne croit à rien, qui sait tout, et dont l’art ensorcelé, sauf aux jours qu’il écrit le Lys rouge.

1044. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

C’est pour cette philosophie, cette rigueur et cet art, que nous accordons à Céard, sinon la place d’honneur qu’il occuperait, par moins de nonchalance ou d’exigence envers soi, du moins une place bien à lui entre nos maîtres. […] C’est un intéressant métier qu’on peut élever à l’art, et Huysmans n’y a pas manqué. […] J’aime peu que ces aveugles partagent en art, en musique, etc., les préférences que nous savons celles de M. 

1045. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Quand il connaît ses devoirs aussi bien que la plupart des princes connaissent leurs droits, quand il sait ne parler que de ce qu’il entend, quand on a formé sa raison, quand on lui a enseigné l’art d’apprécier les hommes et les choses, son éducation est très-bonne et très-avancée. […] Quel autre art de penser Aristote et sa suite… M. Coste aurait dû nous dire simplement, dans sa note, qu’Aristote avait fait un livre intitulé : la Logique, et MM. de Port-Royal un ouvrage qui a pour titre : l’Art de penser.

1046. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

à quelle loi supérieure remontait-il pour reconnaître toujours, à coup sûr, la beauté dégradée de ce monde, cet art puisqu’il a parlé des choses de l’art encore plus que des choses littéraires — qui se rêve dans le cerveau grec, mais qui se sent dans le cœur chrétien ? […] Elles ne se sont pas demandé si elles avaient, pour réussir comme lui, les qualités spontanées ou imitées de Janin, lequel a l’art de débrailler Diderot, si débraillé déjà, et de mettre du petit pot à la pâleur anglaise de Sterne, — cette belle pâleur qui crache du sang ! 

1047. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

En mesure avec le temps et avec lui-même, il avait, calme comme un homme qui a la sécurité d’avoir été, ses facultés données, tout ce qu’il peut être dans son art, attendu le moment favorable où il devait le mieux se produire. […] Poète de vocation intellectuelle, je le veux bien, il n’a pas été cependant uniquement préoccupé de son but d’art, de système ou d’école. […] Ce livre, intense et individuel comme la passion qui l’a dicté, n’est point le plus beau que Lefèvre ait écrit (car Lefèvre n’a fait qu’une seule fois cette chose complète qu’on appelle un beau livre, et ce n’a pas été en vers) ; mais, à coup sûr, c’est celui où, malgré d’atroces bizarreries, des viols de langue dans des alliances de mots forcenées, il y a le plus de ces beautés humaines que le comble de l’art est d’imiter, et qui jaillissent parfois du fond de la vie.

1048. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Enfin, pour qu’il ne manquât rien à sa gloire, les arts lui élevèrent des statues, des obélisques, et une colonne semblable à celle de Marc-Aurèle et de Trajan. […] Il préféra l’art qui amuse et séduit l’imagination des hommes en leur parlant, à l’art utile et souvent trompeur qui promet de les guérir.

1049. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Il n’a inventé ni les arts, ni la société, ni la famille, ni sa parole, ni sa pensée. […] L’homme n’a pas plus inventé un art qu’il n’a inventé une idée. […] Elle n’était donc point gênée pour sentir un art tout différent, et pour s’y attacher d’une pleine ardeur ; et précisément cet art qu’elle rencontrait était le mieux accommodé qu’il fût possible à son tour d’imagination et de sensibilité. […] Les plus grands avaient eu et leur période de poésie personnelle et leur période d’art objectif. […] Que devenait, dès lors, la théorie, et ces conditions de l’art nouveau qui ne doit être qu’une effusion de l’âme, et cette scission entre l’art antique qui est du Midi et l’art moderne qui est du Nord, puisque Werther, Faust et Iphigénie sont de la même plume ?

1050. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Cette périlleuse intrigue d’intérieur est menée avec un art infini. […] Les scènes historiques ou politiques y révèlent cet art de faire parler à ses acteurs la langue des affaires, art tout Cornélien, que M.  […] En fait d’art original, le monde romain est au niveau des Daces et des Sarmates ; le cycle chrétien tout entier est barbare. […] Un art de seconde main, hybride et incohérent, archaïsme de la veille, rien de plus. […] Qu’on lise ses leçons sur le Beau dans l’esprit de l’homme ; le Beau dans les objets ; l’Art ; les différents Arts, et surtout l’Art français au dix-septième siècle 10 : il y a là tout un corps de doctrines qui échappe, Dieu merci !

1051. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

L’affaire de la science est d’instruire et celle de l’art est d’émouvoir. […] Nous sommes loin des combattants, des partisans de l’art pour l’art. […] Intéressant tableau qui rétablit l’accord entre l’art et la vie. […] Il a traité de l’art en penseur et de la pensée en artiste. […] L’art pour l’art se meurt.

1052. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

On se décide à réconcilier la littérature avec la vie et l’art avec l’humanité. […] Campbell-Bannerman est maître ès arts ; que M.  […] L’art russe, à ses débuts, procéda directement de l’art byzantin. […] Rien de plus beau que la fin de l’art grec. […] « L’art capillaire, dit M. 

1053. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Les procédés modernes d’art que nous aimons le plus manquent à ce court récit. […] Dans le premier de ces deux cas on aboutissait à une œuvre d’un art réaliste, dans le second, à une œuvre d’un art symbolique. […] C’est l’école désignée depuis longtemps sous le nom d’école de l’art pour l’art. […] Il rêvait d’un art volontaire et calculateur où pas un trait ne fût donné au hasard. […] Il serait vain de déplorer ce triomphe des procédés de l’art significatif sur les procédés de l’art évocateur.

1054. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Introduction »

Puis, très vite, la recherche du vrai s’affranchit des tendances utilitaires de son origine, se justifia comme application désintéressée aux choses de l’art des méthodes scientifiques nouvelles. […] Quels que soient les matériaux exploités (science, médecine}, l’art renferme suffisamment d’éléments irréductibles, pour échapper à une analyse actuellement complète.

1055. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Représentation de la nature humaine244, l’art comique a pour condition la science des traits éternellement communs de l’humanité245. […] Voilà la dernière règle : quel poète a su s’effacer derrière ses personnages avec autant d’art et de modestie que l’auteur du Tartuffe, d’Harpagon et des Femmes savantes, plus prompt aux métamorphoses que le Protée de la fable antique256 ?

1056. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Plus il pénètre dans son art, plus il a pénétré dans le génie de son siècle et de sa race. Il a fallu la finesse, la sobriété, la gaieté, la malice gauloise, l’élégance, l’art et l’éducation du dix-septième siècle pour produire un La Fontaine.

1057. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

Qu’il sommeille donc le poète dont la mémoire nous défend des félonies envers l’art et envers les hommes, et que nul ne révèle l’intime trésor de cette âme fière et douce, douloureuse de se sentir recluse en soi-même par un trop noble amour des êtres vivants, des lueurs et des frissons qui troublent d’inquiétudes passagères la terre et le ciel, et des immuables étoiles qu’il avait entrevues ! […] Quoique influencé par ceux du Parnasse agonisant, il apporta dans son art une pensée modelée sur une forme nouvelle, et celui qui fut couronné pour le poème Florimond au concours de l’Écho de Paris (décembre 1889) n’eût pas tardé — ses derniers vers en témoignent — à participer à l’œuvre originale de son temps.

1058. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

En fait de poésie et d’art, il ne faut que réussir une bonne fois pour créer tout un courant d’idées, inspiration chez les uns, imitation chez les autres. […] Charles Maurras Roumanille était né au pied de ces deux purs chefs-d’œuvre de l’art grec que le peuple et les savants appellent les Antiques.

1059. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

Raymond de La Tailhède n’a encore publié que quelques poèmes, et cependant ils révèlent une âme si noble de poète et un art si parfait, qu’on ne peut hésiter à le placer au premier rang. — Le mouvement, l’enthousiasme, l’audace sûre des tours font, de ses vers, les plus magnifiques qui soient. […] Raymond de La Tailhède est froide, impassible, exprimant un art lent, aux expressions mesurées, pondérées comme les paroles d’un vieillard ; elle ne peut que nous faire regretter l’habile chanteur qu’elle nous cèle.

1060. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

On devine l’histoire de cet art décoratif. […] Or, sans hésitation je reconnais, et toute personne ayant regardé quelques estampes reconnaîtra, que de ces quatre œuvres celle de Lautrec et celle de Bradley sont d’un art très supérieur.

1061. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 521-526

continue ainsi son Panégyrique : Quand les Chansons d’Horace amusoient ton enfance, Tu joignois, dans son Art, la force à l’élégance, Et défiois Lucrece, Empédocle, Aratus. Qui se seroit attendu que l’Auteur des Mélanges de Littérature, d’Histoire & de Philosophie, l’adversaire déclaré des graces de la Poésie, dût jamais être opposé comme un rival redoutable dans l’art des vers, à Lucrece, qui les faisoit si bien ?

1062. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VIII. Des Églises gothiques. »

L’ancienne France semblait revivre : on croyait voir ces costumes singuliers, ce peuple si différent de ce qu’il est aujourd’hui ; on se rappelait et les révolutions de ce peuple, et ses travaux, et ses arts. […] Cet art a donc dû varier selon les climats.

1063. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

S’il ne fallait, pour être artiste, que sentir vivement les beautés de la nature et de l’art, porter dans son sein un cœur tendre, avoir reçu une âme mobile au souffle le plus léger, être né celui que la vue ou la lecture d’une belle chose enivre, transporte, rend souverainement heureux, je m’écrierais en vous embrassant, en jetant mes bras autour du cou de Loutherbourg ou de Greuze : Mes amis, son pittor anch’io. […] Quel art il faut pour éviter cet écueil !

1064. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes Des que l’attrait principal de la poësie et de la peinture, dès que le pouvoir qu’elles ont pour nous émouvoir et pour nous plaire vient des imitations qu’elles sçavent faire des objets capables de nous interresser : la plus grande imprudence que le peintre ou le poëte puissent faire, c’est de prendre pour l’objet principal de leur imitation des choses que nous regarderions avec indifference dans la nature : c’est d’emploïer leur art à nous répresenter des actions qui ne s’attireroient qu’une attention mediocre si nous les voïions veritablement. […] Nous loüons l’art du peintre à bien imiter, mais nous le blâmons d’avoir choisi pour l’objet de son travail des sujets qui nous interessent si peu.

1065. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mauriac, si infatué de son art, pouvait être tenté. […] L’art véritable vient du ciel, et le réalisme reste à ras de terre. […] Mais l’art ne se confond pas avec la statistique. […] Voltaire et Goethe enseignent la connaissance, l’art, la civilisation. […] Émile Bouvier l’art de vérifier les dates.

1066. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Et, après avoir admiré cet art, disons que, si M.  […] Son idéal de l’art est toujours aussi haut placé. […] La simplicité dans la grandeur, l’art atteignant les plus puissants effets sans que l’on sente l’art, voilà ce qu’on ne peut trop admirer. […] Got est arrivé à ce degré de l’art où l’art n’apparaît plus : ce n’est pas Got que l’on a devant soi, c’est Bernard. […] Il y a de l’art à accommoder les restes.

1067. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Comme c’est naturel, ils acquièrent dans l’exercice de leur art, lorsqu’ils s’y livrent exclusivement, une extrême dextérité. […] Écriture. — 2° Arts  : A. […] Guerre (usages de guerre et arts militaires). […] Il y a des liens non seulement entre les divers faits d’art, de religion, de mœurs, de politique, mais entre des faits de religion et des faits d’art, de politique, de mœurs ; en sorte que d’un fait d’une espèce on peut inférer des faits de toutes les autres espèces. […] Aux histoires spéciales (art, religion, coutumes, vie économique) et à l’histoire générale ?

1068. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

L’art, qui sait si bien vaincre la mort en perpétuant les minutes bénies que nous voudrions éterniser, l’art peut beaucoup encore, pour l’allégement et pour la joie des hommes. […] Par là, elle est bien la forme d’art qui convient le mieux à notre temps. […] L’art, la poésie, voilà les créations vraiment divines qu’il a jetées dans le torrent des choses. […] Comment naissent, croissent et meurent les littératures, les religions, les arts, les sociétés politiques ? […] Heureusement, il y a un refuge toujours ouvert à nos satiétés et à nos lassitudes : l’Art.

1069. (1933) De mon temps…

Il apportait un art délicieux à l’amuser de mille « riens » qui attestaient la continuelle préoccupation où il était de lui montrer la place qu’elle tenait dans sa vie. […] Jules Destrée, ministre des Arts, et des Lettres, par M.  […] Ceux qui le connaissaient bien savaient qu’il ne l’était que pour lui-même, car nul ne porta plus loin que lui l’art de se nuire. […] L’œuvre historique des auteurs des maîtresses de Louis XV était également en discrédit, si leurs études sur l’art au dix-huitième siècle avaient mieux résisté. […] C’était un grand plaisir de l’entendre parler de l’art du dix-huitième siècle et de l’art japonais.

1070. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Mireille peint tout cela, et si, au point de vue de l’art, le poème est défectueux, plusieurs de ses défauts contiennent des beautés. […] Ensemble les fées bocagères émerveillant la vie, inspirant les conseils de cette race troglodyte ; puis les galères de la Grèce, sur l’eau limpide qui les berce, nous apportant l’art de la soie, pour Puget apportant l’art du ciseau. […] On agira de la sorte, dans le Midi, envers Alphonse Daudet quand on aura vu avec quel art il flagelle. […] La haine de l’Art excuse tout. […] Il est certain que l’art dramatique s’apprend, s’il ne s’enseigne pas, comme tous les arts, et, quand Peyrusse aura lu et étudié, non pas Scribe, mais Shakespeare, Cervantès, Molière et Émile Augier, il est trop poète pour ne pas créer à son tour.

1071. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Et ma foi, il avait construit de ses mains une rôtissoire en fer-blanc, et faisait rôtir la bécasse devant un feu de bois clair et flambant, ayant l’art de la faire couler dans le canapé, et soutenant qu’il n’y avait pas dans le monde, un rôtisseur de bécasses comme lui. […] Dans les objets de l’art industriel, l’étain en pleine résurrection. […] Non vraiment, tout le grand art a l’air de déménager dans l’art industriel, et l’art industriel est tout l’intérêt de cette exposition. […] Tout d’abord, je suis frappé de l’art de la composition, puis bientôt du manque d’intensité des scènes. […] L’autre, non signé, un dessin influencé par l’art chinois, une étude d’une princesse dans son intérieur, et que Hayashi attribue à Yukinobou.

1072. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide, les Cahiers d’André Walter, parut en 1891, sans nom d’auteur, à la librairie de l’Art indépendant. […] En revanche, l’ascétisme radical est l’ennemi de l’art et du beau. […] Avec un art plus poussé, et vraiment supérieur, ce sont bien encore au fond des essais idéologiques. […] Ce prêtre de l’art, ce grand serviteur de l’esprit, prenait son idéal au sérieux. […] elle est un art, en effet, et même le premier de tous.

1073. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Un jour c’est une estampe industrielle, un autre jour une estampe de l’art le plus pur. […] XLVI Tous les arts descendant du dessin, Hokousaï veut que son imagination aille à ces arts, que son pinceau y touche, que sa main en donne des modèles. […] Le Katsoushika Hokousaï de Yédo aima cet art dès l’enfance, eut pour unique maître la nature, et il a pénétré le mystère de l’art ; enfin c’est l’unique grand peintre de la peinture ancienne et de la peinture moderne. […] Une perspective de sapins d’un lavis aux parties réservées dans les parties lumineuses, d’un art stupéfiant. […] Morse de Boston, renfermerait, indépendamment du kakémono déjà cité, une feuille de croquis pleins de mouvement, d’après la reproduction qu’en a fait L’Art japonais.

1074. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

On n’arrive d’ordinaire à produire ce sentiment de la réalité dans l’esprit des lecteurs qu’avec un art infini et des lenteurs, des préparations extrêmes, par des analyses rapprochées, des témoignages rapportés, des narrations sincères, lucides, fidèles. […] Vous qui connaissez à fond l’art et même la caricature antique, avez-vous donc jamais vu un tel groupe : un Faune rieur qui regarde par-dessus l’épaule et jusque dans le sein de Clio ?

1075. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Le caractère de ces Mémoires est maintenant fixé pour nous ; il nous est bien prouvé qu’ils ne sont et ne peuvent être qu’une mystification : prenons-les donc pour ce qu’ils valent, et tirons-en ce qu’ils contiennent : il y a de la vérité partout ; quand un peu d’art l’a cachée, un peu d’art la dégage.

1076. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Enfermé dans son Avignon, devant l’horizon de sa Provence, il écrivait ses vers à l’ombre reprochant aux meilleurs compagnons de son art et de sa jeunesse les témoignages mêmes de leur enthousiasme. Et il n’était pas seulement cet artisan de l’art plastique qu’on nous représente.

1077. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

Des gens dont le public vénérait les perruques Glorifiaient « l’art sobre et continent ». — Eunuques ! […] Lisant beaucoup, connaissant tout, lettré jusqu’aux ongles, Vacquerie était, en même temps qu’un curieux d’art et un passionné de lettres, un travailleur infatigable, admirable… Toute cette existence fut un exemple… Les lettres françaises garderont, en leur histoire, une place glorieuse à ce disciple qui fut un maître, à ce poète qui, pour avoir marché dans le sillon du grand remueur de mots, de formes et de rythmes de ce siècle et de tous les siècles, n’en a pas moins fait sa gerbe, lui aussi !

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