Mais la noblesse de l’âme hellène éclate jusque dans sa barbarie primitive. […] Il se soulage par leurs blasphèmes qu’il n’oserait répéter, des révoltes mal étouffées qui grondent dans son âme. […] On n’a pas besoin de comprendre, le cœur, saisi par l’oreille, reconnaît dans de tels accords les sons que rendent des âmes qui se brisent. […] En quelques mots, sa grande âme se lève de toute sa hauteur. […] Ainsi donc mon âme reste fidèle à ce malheur : vivante, je serai la sœur de ce mort.
Mais cet homme effacé avait l’âme la plus ardente. […] (L’Église, qui alors pénétrait tout, rend les destinées et les âmes plus pittoresques.) […] « Il met les âmes à ce prix. » Les âmes ? […] Que va faire maintenant cette âme dévorante ? […] Généreux Suréna, reçois toute mon âme.
Il nourrit, il enrichit son âme à travers son métier. […] Maxence avait une âme. […] L’unité profonde des âmes a disparu avec les traditions. […] Thureau-Dangin comme une parenté d’âmes. […] Vous vous êtes donnés à moi corps et âme.
Jamais une si sincère confraternité n’avait uni deux âmes d’hommes de lettres. […] Mes relations avec lui avaient un caractère de tendresse tout particulier ; c’étaient celles de l’écolier avec son maître, du fils avec son père, de l’âme avide d’instruction avec l’âme riche de connaissances. […] Toute la maison du poète-philosophe se composait alors de son fils et de sa belle-fille, femme aimable, instruite, douce, qui gouvernait le ménage et qui répandait sur la vie de Goethe la douce sérénité de son âme. […] Vers trente ans, l’âme, trop souvent froissée, a perdu sa fleur première. […] Quand une grand âme est active, ce qu’elle fait reçoit toujours sa noble et durable empreinte. »
Ce drame de Wotan n’est donc point, ainsi qu’il pourrait paraître, parallèle à l’autre, il en est l’âme même ; la suite des aventures est ici fortuite, et n’a un sens nécessaire et éternellement vrai que vue réfléchie dans l’âme de Wotan, laquelle est devenue la seule chose essentielle. […] Le fait qu’on ne peut posséder en même temps l’Amour et l’Or, et le conflit qui en naît dans l’âme consciente de ce fait (l’âme de Wotan) : voilà maintenant l’unique sujet du drame. […] — Une fois ce point central posé — le conflit dans l’âme de Wotan, — il se reflète, quoique plus ou moins symbolisé, dans tous les autres personnages. […] a-t-on éclairé beaucoup d’âmes ? […] Se sentir si entièrement compris de si nobles âmes, n’est-ce point le rêve idéal, pour un artiste ?
La corruption et la licence est la plaie qui atteint la tête du corps social et qui va prendre les âmes par le fond. […] Massillon avait ce don qui lui permettait de décrire toutes les situations de l’âme, comme s’il y avait passé lui-même. […] Un nouveau règne, un nouveau siècle, en effet, venait de naître : à côté des désordres qui faisaient irruption et scandale dans les mœurs publiques, une grande espérance se faisait sentir dans tout ce qu’il y avait d’âmes restées encore honnêtes. […] » Il peut se tromper et il se trompe, mais il semble du moins deviner en lui une âme plus facile que ne le serait celle d’un Bossuet ou d’un Bourdaloue. […] Dans cet âge où les affections de l’esprit et celles de l’âme ont une communication réciproquement si soudaine, où la pensée et le sentiment agissent et réagissent l’un sur l’autre avec tant de rapidité, il n’est personne à qui quelquefois il ne soit arrivé, en voyant un grand homme, d’imprimer sur son front les traits du caractère de son âme ou de son génie.
Il fait commencer l’instruction dès les plus tendres années de l’enfant ; il montre la force des premières impressions, il développe le « quo semel est imbuta recens… » : « Cette âme donc toute neuve et blanche, tendre et molle, reçoit fort aisément le pli et l’impression que l’on lui veut donner, et puis ne le perd aisément. » Cette jolie et franche expression (une âme toute neuve et blanche, mens novella) est-elle bien de luim ? […] Ce sont des grandes âmes, riches, heureuses. […] Il ne s’agit pas enfin de s’informer du savoir et des opinions d’autrui pour en faire montre, il faut les rendre nôtres : « Il ne faut pas les loger en notre âme, mais les incorporer et transsubstancier. Il ne faut pas seulement en arroser l’âme, mais il la faut teindre et la rendre essentiellement meilleure, sage, forte, bonne, courageuse : autrement de quoi sert d’étudier ? […] Cette jolie et fraîche expression (une âme toute neuve et blanche, mens novella) est-elle bien de lui ?
Je pars jeudi pour aller à Pons, où je serai plus près de vous ; mais je n’y ferai guères de séjour… Mon âme, tenez moi en votre bonne grâce ; croyez ma fidélité être blanche et hors de tache : il n’en fut jamais sa pareille. […] Bonsoir, mon cœur ; je m’en vais dormir, mon âme plus légère de soin que je n’ai fait depuis vingt jours. […] C’était bien celui qui écrivait à la comtesse de Grammont : « Bonsoir, mon âme, je voudrais être au coin de votre foyer pour réchauffer votre potage. » Il lui aurait fallu une femme belle, accorte, pas trop jalouse et d’agréable humeur, douce à vivre, et sachant le prendre, comme on dit. […] Plaignez-moi, mon âme, et n’y portez point votre espèce de tourment : c’est celui que j’appréhende le plus. […] Il lui écrit de Blois, le 18 mai 1589, dans les termes ordinaires : Mon âme, je vous écris de Blois, où il y a cinq mois que l’on me condamnait hérétique et indigne de succéder à la couronne, et j’en suis à cette heure le principal pilier.
Celle des anciens s’emparait plus vivement de l’âme ; mais elle pouvait l’égarer beaucoup plus facilement par l’esprit de système, et elle était bien moins susceptible de progrès certains et positifs. […] Notre organisation, le développement que les habitudes de l’enfance ont donné à cette organisation, voilà la véritable cause des belles actions humaines, des délices que l’âme éprouve en faisant le bien. Les idées religieuses qui plaisent tant aux âmes pures, animent et consacrent cette élévation spontanée, la plus noble et la plus sûre garantie de la morale. […] Ce principe peut être fortifié par tout ce qui agrandit l’âme et développe l’esprit. […] L’instinct et la raison nous enseignent la même morale : la Providence a répété deux fois à l’homme les vérités les plus importantes, afin qu’elles ne pussent échapper ni aux émotions de son âme, ni aux recherches de son esprit.
Il faut ajouter, pour être juste, que de ce même culte de la vie, de cette même joie d’être sortira une égalité sereine de l’âme. […] Ame, corps, esprit, matière, il y a là des mots, qui sont des moyens d’art, des procédés de transcription. […] Pour toutes ces raisons, il ne sera pas descriptif, il ne cueillera point dans la nature des impressions, il ne se fera point avec les choses des états d’âme. […] Comme artiste, il résume et dépasse de bien loin ces essais que j’ai déjà signalés, ces timides esquisses de la vie morale, des formes et du jeu des âmes. Avec une prodigieuse puissance, il nous donne les âmes et les corps, les actes avec les puissances : et, mieux que la farce, il prépare l’éclosion de la comédie de Molière.
Ici c’est la vie, c’est la nature, c’est l’âme, c’est lui-même. […] Et l’âme de Napoléon plane très haut sur tout cela. […] … Ce sont des figures, des âmes, des scènes d’enfer. […] Mais son âme — une âme de vieil économiste — proteste contre ce changement. […] Abel Bonnard le vague à l’âme des dames riches ; et M.
C’est ainsi qu’en ouvrant le volume que j’annonce aujourd’hui, j’ai reconnu, dès les premiers vers, un poète et une âme, une âme douloureusement harmonieuse. […] coulez longtemps et sans mesurer l’heure ; Laissez dans le sommeil mes esprits absorbés ; La douleur est moins vive alors que l’âme pleure : Ô mes larmes, tombez ! […] laissez mourir mon âme agonisante ; Larmes, ne tombez plus !
De bonne heure il avait renoncé aux principes absolus ; les convictions qui remuent le plus puissamment les âmes ne faisaient qu’effleurer la sienne. […] Le patriotisme, sans être étranger à son âme, n’était chez lui que secondaire ; et c’est provoquer maladroitement la sévérité contre sa mémoire que de faire de lui un martyr. […] Il semblait, à mesure qu’il vieillissait dans l’exil, espérer de plus en plus fermement en l’avenir des peuples ; son âme, détrompée enfin des calculs d’autrefois et comme purifiée par les épreuves, s’attachait à la liberté avec la foi croissante de la jeunesse. […] Mais il ne fallait pas oublier que les hommes d’une vaste intelligence, s’ils ne se rangent de bonne heure à des principes immuables, ne demeurent pas semblables à eux-mêmes aux diverses époques de leur vie, et qu’il en est de certaines âmes comme de ces rivières d’autant plus limpides qu’on les prend plus loin de leur source.
Prenez la difformité physique la plus hideuse, la plus repoussante, la plus complète ; placez-la là où elle ressort le mieux, à l’étage le plus infime, le plus souterrain et le plus méprisé de l’édifice social ; éclairez de tous côtés, par le jour sinistre des contrastes, cette misérable créature ; et puis, jetez-lui une âme, et mettez dans cette âme le sentiment le plus pur qui soit donné à l’homme, le sentiment paternel. […] Prenez la difformité morale la plus hideuse, la plus repoussante, la plus complète ; placez-la là où elle ressort le mieux, dans le cœur d’une femme, avec toutes les conditions de beauté physique et de la grandeur royale, qui donnent de la saillie au crime, et maintenant mêlez à toute cette difformité morale un sentiment pur, le plus pur que la femme puisse éprouver, le sentiment maternel ; dans votre monstre mettez une mère ; et le monstre intéressera, et le monstre fera pleurer, et cette créature qui faisait peur fera pitié, et cette âme difforme deviendra presque belle à vos yeux. […] Le poète aussi a charge d’âmes.
Ceux qui s’y pencheront retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste, qui s’est lentement amassée là, au fond d’une âme. […] C’est ce qu’on pourrait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, les Mémoires d’une âme. […] Nous venons de le dire, c’est une âme qui se raconte dans ces deux volumes : Autrefois, Aujourd’hui.
Ne craignez rien : cela rafraîchit, cela ne brûle pas l’âme. […] Ce qui est dangereux pour ces jeunes âmes, ce ne sont pas les beautés de l’imagination, ce sont ses laideurs. […] Roger sécha ses habits, reprit des forces, et prêta de toute son âme une oreille attentive aux grandes vérités de notre sainte loi. […] Cette longue lecture de l’Arioste et les milliers d’imaginations tendres et chimériques que cette lecture fait flotter dans l’esprit paraissaient avoir pris un corps et une âme dans sa pensée, mais quel corps et quelle âme ? […] Croyez-vous que ce soit là un bel état de l’âme ?
En présence d’un oubli pareil, on se demande si le mutisme moral du poète a passé dans l’âme de son traducteur. […] La Table rase de Descartes est un mensonge, et jusque dans le fond de nos âmes nos pères sont plus puissants que nous ! […] Littérairement de l’école de Gulliver, il n’en a ni l’âme, ni la grâce, ni le sourire Et comment l’aurait-il ? […] il n’en trouva pas seulement pour vivre, et il mourut doublement victime de l’âme qu’il avait et de l’absence d’âme d’un pays qui n’en avait pas. […] La mort de la femme de Poe n’entraîna pas, du reste, la mort de l’âme qui l’avait si éperdument aimée.
Mais une angoisse inexplicable tourmente en dedans cette joie extérieure ; le malaise étouffant qui couve les orages pèse sur les âmes. […] Le dieu qui la fatigue s’arrête par instants ; alors la vierge peut laisser respirer son âme : on croit la voir essuyer la sueur de ses joues, l’écume de ses lèvres. […] » — Cette fois le mort a tort, car c’est la mère qui répond, et de façon à le faire trembler si son âme entend. — « Ne prends pas ce souci, il est tombé mort par moi. […] L’instinct maternel survit dans son âme ; il y a en elle un reste d’entrailles déchirées qui tressaille encore. […] De son côté, Égisthe appelle ses sicaires aux armes ; la lutte s’engage, le sang va couler. — A ce moment, un vague remords remue Clytemnestre, elle est assouvie et elle est troublée ; l’accablement qui suit les fureurs consterne son âme.
La haute Antiquité connaissait déjà ces étranges maladies de l’âme. […] Plus le monde avance en âge, plus s’aggrave ce fléau des âmes. […] Stagyre était entré dans un cloître pour calmer son âme, mais il n’y trouva point la paix qu’il cherchait. […] Sa disparition de nos sociétés positives n’est que passagère : nos malheurs l’ont déjà fait renaître dans bien des âmes. […] L’éloquence de Richelieu a convaincu son âme.
Et voilà que son âme vit avec l’âme de ce régiment qui marche comme un seul animal, fière image de la joie dans l’obéissance ! […] Mais où est l’âme ? […] Toutes les âmes sont des âmes chargées de volonté jusqu’à la gueule. […] par l’âme de Tibère et du marquis de Sade ! […] Le monde des astres et le monde des âmes sont-ils finis ou infinis ?
Il était l’Alexandre le Grand de la science, le plus grand héros de génie de ce siècle, dans la recherche des phénomènes de la nature et des signes sensibles de l’âme. […] Mon âme n’a de sympathie que pour les âmes, et d’adoration que pour l’âme des âmes, l’auteur voilé dans son ouvrage, Dieu. […] Mais l’âme ou la pensée de cette organisation, où est-elle ? […] Ainsi les questions les plus importantes que soulève l’histoire de la civilisation de l’espèce humaine, se rattachent aux notions capitales de l’origine des peuples, de la parenté des langues, de l’immutabilité d’une direction primordiale tant de l’âme que de l’esprit. […] Nous ne l’explorerons pas, comme le fait la philosophie de l’art, pour distinguer ce qui dans nos émotions appartient à l’action des objets extérieurs sur les sens, et ce qui émane des facultés de l’âme ou tient aux dispositions natives des peuples divers.
La vie c’était Dieu, le grand moteur, l’âme de l’univers. […] la vie a-t-elle une âme ? […] ils sont bien plus heureux dans la terre des âmes ! […] Ce sont des germes d’âmes. […] Alors, les yeux physiques étant fermés, l’âme, à demi dégagée du corps, quelquefois voit des âmes.
de citer quelques-uns de ces accents d’une femme également morale et religieuse, de les citer, non par aucun rapport de comparaison ou de ressemblance, mais simplement comme son de l’âme et comme accent. […] Il a été pour moi, le dernier éclair de ton œil mourant, — cette âme qui y brillait intense et désolée à travers le brouillard épaissi. — N’as-tu rien emporté avec toi dans la région inconnue, rien de ce qui vivait dans ce long, dans cet ardent regard ? […] si nos âmes se rencontrent dans des essors immortels, Réponds-moi, réponds-moi ! […] — « Ton âme a-t-elle été loyale et sincère envers son premier amour ? […] L’une après l’autre se sont éteintes toutes les lumières dans mon âme, tous les glorieux songes de mon printemps.
Pour ceux qui, distraits des pures Lettres ou occupés ailleurs (comme il est permis), auraient besoin qu’on les remît sur la voie, je rappellerai qu’Eugénie de Guérin, sœur de Maurice de Guérin, de l’admirable auteur du Centaure, était son égale en dons naturels, en génie, sa supérieure en vertu, en force d’âme, son aînée vigilante et tendre, et qu’elle fut pendant neuf années sa survivante douloureuse, son Antigone ou son Électre, toute consacrée à sa mémoire et comme desservante d’un tombeau. […] Les nouvelles lettres n’ajouteront rien d’essentiel à l’idée qu’on avait pu se faire d’elle, mais elles contribueront à développer l’aimable portrait, ce modèle de belle âme religieuse et poétique, et à le mettre de plus en plus dans tout son jour. […] Je choisis presque au hasard chez elle un premier exemple, un paysage d’hiver, une vue de commencement de janvier dans cette Suisse austère, en face des montagnes : « Ce matin-là rien ne sentait le printemps, rien n’affaiblissait l’âme. […] Son idéal au fond, son rêve de bonheur, si elle était libre, si elle n’avait pas son père qu’elle ne peut quitter, ce serait la vie religieuse, celle du cloître ; son vœu secret d’âme recluse lui échappe toutes les fois qu’elle a occasion d’assister à quelque cérémonie de couvent : « Je n’aime rien tant que ces figures voilées, ces âmes toutes mystiques, toutes pétries de dévotion et d’amour de Dieu… Ces robes noires ont quelque chose d’aimanté qui vous attire. » Les plaisirs célestes, les joies mystiques la ravissent quand elle peut en goûter sa part, surtout à Noël, « la plus douce fête de l’année. » Les idées de vocation reviennent la tenter toutes les fois qu’elle va à Albi, au couvent du Bon-Sauveur, ou qu’elle assiste aux offices dans cette belle cathédrale : « Quel bonheur si cela devait durer toujours, si, une fois entrée dans une église, on pouvait n’en plus sortir ! […] Mais pour être plus à l’aise dans notre comparaison avec la protestante zélée moins classique, moins pure de lignes, plus imprévue, plus saine aussi d’âme et de corps et plus vivace, nous avons à examiner avec quelque détail les récents écrits de Mme de Gasparin, et c’est ce que nous ferons.
Ballanche, c’est-à-dire comme une noble nature, une douce et belle âme qui a de sublimes perspectives dans le vague, des éclairs d’illumination dans le nuage ; qui excelle à pressentir sans jamais rien préciser, et sait atteindre en ses bons moments à des aperçus d’élévation et de sagesse. […] À dix-huit ans, au milieu des confusions philosophiques que les livres lui offraient, il lui arriva de dire : « Il y a un Dieu, j’ai une âme, il ne me faut rien de plus pour être sage. […] Les jambes étaient débiles, la tête paraissait un peu trop grosse pour le corps ; mais il avait une figure charmante, et des yeux dont une femme lui disait qu’ils étaient « doublés d’âme ». […] Ce n’était pas, comme l’avait été Vauvenargues, un jeune stoïque croyant fermement aux vérités morales et se fondant sur les points élevés de la conscience pour fuir le mal et pour pratiquer le bien, ce n’était point une âme héroïque condamnée par le sort à la souffrance et à la gêne de l’inaction : c’était une âme tendre, timide, ardente, pleine de désirs pieux et fervents, inhabile au monde et à ces scènes changeantes où elle ne voyait que des échelons et des figures, avide de se fondre dans l’esprit divin qui remplit tout, de frayer sans cesse avec Dieu, de le faire passer et parler en soi, une âme née pour être de la famille des chastes et des saints, de l’ordre des pieux acolytes, et à qui il ne manquait que son grand-prêtre. […] Il cherchait à opérer sur les âmes par voie individuelle et par une douce persuasion ; il était obligé le plus souvent de semer, comme il disait, là même où il n’y avait pas de terre.
Mais soudain tout se tait ; le voyageur qui passe Sous la feuille des bois sent un frisson courir : De l’oiseau qu’entraînait une ivresse imprudente L’âme s’est envolée avec la note ardente. […] Ce dernier vers, à lui seul, est toute une vie et toute une âme ; il mériterait d’être inscrit sur la tombe du poète. […] Il y a, si je puis dire, deux sortes d’âmes et qui se reconnaîtraient à un caractère distinct, infaillible. […] Oui, s’il est des âmes comme j’en connais aussi, avides et sans cesse affamées de vivre et de renaître, il en est d’autres qui, en avançant dans la route, se sentent si lasses qu’elles aimeraient à dormir longtemps et toujours de l’inéveillable sommeil. […] 66 » C’est à toutes ces âmes-là que Mme Ackermann a pensé ; elle a eu le mérite de les comprendre sans en être sans doute elle-même, et elle leur a prêté une voix suppliante dans la pièce intitulée les Malheureux.
Boucher, homme non moins humain et aussi discret que délicat, âme véritablement d’élite et cœur d’or enseveli dans les antres de la police de ce temps-là, se prêta à cette correspondance avec toute l’indulgence et, on peut dire, la tendresse conciliable avec ses devoirs. […] Tout à côté, voilà qui est neuf et qui est mieux : « Les souffrances de mon âme se sont étendues jusqu’à mon corps. […] Encore une fois, je suis enterré : cependant, si j’en crois ma tête et mon cœur, et ce je ne sais quel pressentiment qui est souvent la voix de l’âme, ma vie pourrait n’être pas inutile. […] Reconnaissons qu’il y avait dans ces âmes extrêmes une grandeur qui nous étonne, qui nous surpasse et qui a péri : Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulchris. […] Les grammaires ne donnent pas le style ; mais si Gabriel-Sophie a ton âme, elle trouvera aisément un Gabriel ; ils s’aimeront comme nous nous aimons, et je te réponds qu’elle écrira bien.
Quant au ridicule, il ne peut effleurer que des âmes incapables de comprendre qu’il n’y a pas puritanisme, mais élémentaire probité à réagir contre le libertinage quand il se change en dégradation. […] Avec plus de fougue que de mesure, avec plus d’enthousiasme que de sens critique, l’auteur du Sang des races, glorifiait le culte de la Tradition, de la terre et des morts, l’Âme, la Race, l’Épée. […] Avec Zarathoustra, c’était, mêlée aux inquiétudes modernes, toute la lumière d’Hellas qui venait à nous, ses méthodes, son âme, ses erreurs, sa volupté précise. […] Il y a une âme française d’aujourd’hui aussi enthousiaste, aussi franche, aussi vive qu’autrefois ; elle sourit davantage, mais elle ne souffre pas moins ; c’est la princesse au bois, qui ne dort plus, mais qui s’amuse dans l’attente du Prince Charmant. […] Qu’il vienne, le maître de la pensée et du verbe, la jeune âme française lui obéira et le suivra.
Une sourde convulsion d’âme et de pensée l’agite encore. […] Il est l’âme alerte, ironique, endiablée de toute cette comédie. […] Ce temps d’orgie publique eût amusé un instant son âme voluptueuse. […] C’est une grande âme trouble et violente. […] Il était fait pour l’exaltation commune de grands ensembles d’âmes.
Il y a des âmes fortes et courageuses parmi les barbares peut-être plus que parmi les peuples policés ; on y fait de belles actions, et il s’écoulera des siècles avant qu’on y sache écrire une belle page. […] La fermeté, la constance, le mépris des honneurs, de la richesse, de la vie sont les mêmes dans toutes les âmes fermes. Le patriotisme qui bouillonnait au fond de l’âme d’un Grec et d’un Romain bouillonne de la même manière au fond de toute âme patriotique ; l’éloquence de Démosthène lui appartenait à lui seul. […] Que demain la ville de Paris soit en flammes ou par un accident ou par une hostilité, et mille âmes fortes se décèleront : pour sauver leurs enfants, des pères mourront, des mères marcheront à travers des charbons ardents ; toute l’énergie de la bonté naturelle se dévoilera en cent manières effrayantes.
Bourget aime et admire la phrase d’Amiel : un paysage est un état de l’âme. […] C’était une âme très sensible, très diverse, très vibrante, non pas une âme femme, comme dit M. Zola, mais capable de recueillir l’écho des plus fines sensations, ce que doit être l’âme d’un poète. […] C’est l’étude des reflets de la Lune à la Terre dans l’âme d’un songeur. […] Les âmes fidèles sont broyées, les âmes de passé se cloîtrent, dans le monastère ou l’abdication du bonheur, car elles ne peuvent vivre, froissées de bourrades, insultées, lapidées dans le tohu-bohu de la ville qui se rue au marché et hurle vers les banques.
C’est là que Voltaire, dans la plénitude de son génie, passa plusieurs années, les plus douces et les plus fécondes de sa vie, dans le sein de l’amitié qui double les forces de l’âme. […] Il s’y livra pendant deux ans à une mélancolie sans distraction et sans remède, qui protestait assez contre la prétendue insensibilité de son âme. […] Son âme s’éleva à la hauteur des Alpes devant le mont Blanc. […] Il chanta son lac dans des vers inspirés où le génie du paysage et le génie de la liberté se confondaient pour exalter son âme au-dessus d’elle-même. […] En morale elle n’en engendre pas moins : car, si Dieu ne contemple, ne juge, ne rémunère que l’espèce humaine dans son universalité, que devient la moralité de l’âme individuelle, de chacune des myriades d’âmes dont cette universalité humaine est composée ?
L’estomac se gâte, les nerfs se déconcertent, l’âme mine la machine, qui mine l’âme à son tour. « Je m’éveille toujours, écrivait-il en Italie, dans un véritable accès de désespoir et de dégoût pour toutes choses, même pour ce qui me plaisait la veille. […] Tous les styles semblent ternes, et toutes les âmes semblent inertes à côté de celle-là. […] Il les monte au ton de son âme, et les force à répéter ses propres cris. […] Jamais style a-t-il mieux exprimé l’âme ? […] Élevés dans un air plus sain, ils auront peut-être une âme plus saine.
Albert Giraud Le meilleur poète français de la Wallonie, le seul qui eût exprimé dans une forme classique la sensibilité de sa race et l’âme de son pays. […] De clairs paysages de nature jeune, un crépuscule sur un bois d’avril, des plaintes d’oiseaux parmi les branches, une forêt effeuillée par la brise, des processions pieuses de jeunes filles dans un lointain discret, et puis les sanglots et les joies d’une âme fraîche et calme, voilà tous les aspects qu’a présentés, à notre vue, le poète du Lis dans son récent ouvrage. […] Georges Barral Les trois parties des Poèmes ingénus de Fernand Séverin modulent délicieusement l’amour aux aveux chastement chuchotés et chantent harmonieusement les douces rêveries d’une âme sereine et solitaire.
Il va sans dire qu’on ne nie pas l’existence de chants lyriques : épopée et lyrisme répondent à deux besoins de l’âme humaine : mais l’épopée vient des narrations épiques. […] Elle a été fixée par l’écriture quand la société avait encore une âme adaptée à l’esprit originel de l’épopée : elle n’avait plus de force active pour en créer, mais elle gardait sa sensibilité intacte pour en jouir. […] Nul esprit d’aventures, nulle folie de l’honneur, nul calcul de l’intérêt ne dégradent encore la brute grandeur des âmes : nulle galanterie non plus, ni fadeur ou grossièreté d’amour. […] Et nulle âme, que l’âme même des faits, ne nous parle et ne nous émeut. […] Et dans cette exaltation arrive à se dégager spontanément comme une âme nationale, un profond et encore inconscient patriotisme, qui devance la réalité même d’une patrie.
Les soins qu’on mettrait à toucher ces endroits défectueux pour la morale ou pour l’art, et les précautions qu’on apporterait à l’en convaincre (lui toujours supposé invisible et présent), seraient un hommage de plus au génie et à la renommée, et ne feraient que communiquer à la critique je ne sais quelle émotion contenue et quelle réserve sentie, qui aurait sa délicatesse, et qui, venue de l’âme, irait à l’âme. […] Ainsi les impressions incessantes du corps et de l’âme finissent par modeler le corps et l’âme ; la race façonne l’individu, le pays façonne la race. […] Cette expression est l’âme du paysage ; or, autant d’expressions diverses, autant de beautés différentes, autant de passions remuées. Le plaisir consiste à voir cette âme. […] Il excelle à rendre ces paysages compliqués et laborieux, à leur arracher leur secret, à traduire idéalement leur sens confus comme celui d’une âme obscure.
Car autre chose est la différenciation sociale ; autre chose la « différence » intime et profonde entre individus : je veux dire la différence intellectuelle et sentimentale, la différence d’âmes. […] La diversité profonde des âmes lient à d’autres causes qu’à des causes sociales. […] L’opposition des deux espèces d’âmes : les âmes grégaires et les âmes individualistes n’est pas une opposition sociale, mais physiologique. […] « Ni Hobbes, ni Rousseau, dit-il, ne paraissent avoir aperçu tout ce qu’il y a de contradictoire à admettre que l’individu soit lui-même l’auteur d’une machine qui a pour rôle essentiel de le dominer et de le contraindre107. » — S’il y a contradiction, répondrons-nous, cette contradiction est dans notre constitution mentale elle-même ; dans la dualité de notre être et dans l’antagonisme qui met aux prises en nous deux âmes opposées : l’âme sociale et l’âme individuelle.
Quant aux lettres de Frédéric, on leur a rendu plus de justice ; en lisant dans la correspondance de Voltaire celles que le roi lui adressait, entremêlées à celles qu’il recevait en retour, on trouve que non seulement elles soutiennent très bien le voisinage, mais qu’à égalité d’esprit, elles ont encore pour elles une supériorité de vue et de sens qui tient à la force de l’âme et du caractère. […] Souvent battu, souvent en faute, sa grandeur est d’apprendre à force d’écoles, c’est surtout de réparer ses torts ou ceux de la fortune par le sang-froid, la ténacité et une égalité d’âme inébranlable. […] car si l’espèce humaine est si sotte et si digne de mépris, et s’il n’y a rien ni personne en-dessus d’elle, pourquoi s’aller dévouer corps et âme à l’idée de gloire, qui n’est autre que le désir et l’attente de la plus haute estime parmi les hommes ? […] C’était l’âme d’un usurier qui passait tantôt dans le corps d’un militaire, tantôt dans celui d’un négociateur. » Et remarquez que tout cela n’est pas à l’état de portrait comme dans les histoires plus ou moins littéraires, où l’historien se pose devant son modèle : c’est dit en courant, comme par un homme du métier qui pense tout haut et qui cause. […] Pour lui, il est résolu, dans les plus grandes extrémités, de ne jamais céder au hasard ni à la nature brute, et de persévérer si bien dans la voie des grandes âmes, qu’il fasse à la fin rougir de honte la Fortune.
Ils offrent l’image la plus fidèle et la plus naïve d’une âme de courtisan, une confession presque ingénue à force de simplicité et d’abandon dans l’esprit de servitude. […] Cette situation singulière décida dès l’enfance du tour de ses pensées, et donna le pli à son âme. Une âme fière, généreuse, un cœur haut placé se serait dit : « La honte est dans ma maison, mon père n’a pas su sauver les dehors, et porter son malheur avec calme et dignité ; je soutiendrai mon nom mieux que lui. […] Mais d’Antin n’était point une âme de cette trempe. […] » On n’a jamais mieux senti qu’en lisant d’Antin ce que c’est proprement que la trempe de l’âme ; la sienne était souple et molle comme cire.
Elles furent accueillies parmi nous avec ce ton d’ironie légère qui désole les écrivains germaniques, qui, comme ils disent, leur fait mal à l’âme, et auquel ils préfèrent la bonne foi et le sérieux de l’injure. […] Dans cet état moral et politique de notre société reconstituée, il est d’une conséquence nécessaire que la littérature réponde aux besoins des âmes et des esprits. […] Le romantisme n’a pas la prétention d’instruire ; il dédaigne d’amuser ; il n’aspire qu’à émouvoir : c’est la poésie de l’âme dont il s’empare. […] Parce que l’âme se plaît à rêver, faut-il que les vers, pareils aux ruisseaux dont le murmure produit et entretient la rêverie, soient privés de sens, et ne rendent qu’un doux bruit ? […] Célébrez la religion, chantez aussi l’amour ; mais ne mêlez pas indiscrètement les mystères de la foi et ceux de la volupté, les saints ravissements de l’âme et les profanes extases des sens.