On voit clairement que l’Enéide n’a pas été composée par Virgile ; mais par un moine du treizième siècle, qui a voulu décrire allégoriquement le voyage de saint Pierre à Rome, lequel cependant, à ce qu’assure le père Hardouin dans un autre endroit, n’y a jamais été (*). […] Cet ouvrage de l’abbé Raguenet, connu par son histoire de Cromwel, & par celle du maréchal de Turenne, fruits de ses voyages en Italie, étoit un éloge outré de la musique de cette nation, un tribut de reconnoissance de tous les honneurs qu’il y avoit reçus. […] Outre la passion naturelles, aux Allemands, pour les voyages, il en avoit une toute particulière, & qui pensa même lui être funeste.
« On n’est plus du monde quand on commence à le bien connoître ; au moins le voyage est bien avancé devant que l’on sache le meilleur chemin. » « Comme la voix vient en chantant, et que l’on apprend à s’en bien servir quand on l’exerce sous un bon maître, l’esprit s’insinue et se communique insensiblement parmi les personnes qui l’ont bien fait.
Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel Tant va la cruche à l’eau, qu’enfin elle se brise.
Un sot prodigue, Asotus, veut devenir homme de cour et de belles manières ; il prend pour maître Amorphus, voyageur pédant, expert en galanterie, qui, à l’en croire lui-même, « est d’une essence sublime et raffinée par les voyages, qui le premier a enrichi son pays des véritables lois du duel, dont les nerfs optiques ont bu la quintessence de la beauté dans quelque cent soixante-dix-huit cours souveraines, et ont été gratifiés par l’amour de trois cent quarante-cinq dames, toutes de naissance noble, sinon royale ; si heureux en toute chose que l’admiration semble attacher ses baisers sur lui166. » Asotus apprend à cette bonne école la langue de la cour, se munit comme les autres de calembours, de jurons savants et de métaphores ; il lâche coup sur coup des tirades alambiquées, et imite convenablement les grimaces et le style tourmenté de ses maîtres.