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303. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je chante et ma voix produit son effet habituel. […] Les orgues et les voix de femmes ! […] Les orgues et les voix de femmes ! […] Quelques douces voix de femmes disent que Bastien n’est pas un artiste, mais seulement un exécutant ! […] L’air d’Hérode et le duo de Jean et de Salomé… On arrive à des explosions de voix où l’exaltation est à son comble.

304. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il a la figure imposante, le regard assuré, la démarche fière, la voix terrible. »116 On a de nos jours contesté cette bonté du lion, et on a prouvé qu’il est aussi peu généreux que le tigre. […] Ses enfants sont « de petits monstres fort hideux », et il les juge « mignons, beaux, bien faits et jolis par-dessus tous leurs compagnons. »123 « Rechigné, un air triste, une voix de mégère », il a le défaut qui accompagne ou amène la réflexion et la misanthropie, je veux dire la laideur. […] Dès que leur expédition militaire est consommée, ils se séparent, et retournent à leur silence et à leur solitude. — Enfin, désagréable en tout, la mine basse, l’aspect sauvage, la voix effrayante, l’odeur insupportable, le naturel pervers, il est odieux, nuisible de son vivant, inutile après sa mort. »135 Voilà bien de la colère, et il faut croire que les moutons de Montbard étaient mal gardés. Le loup de La Fontaine est aussi un tyran sanguinaire, et lorsqu’il parle de l’agneau on entend la voix rauque et le grondement furieux de la bête enragée. […] C’est une joie rude, un mouvement désordonné, une voix rauque, sourde et violente. « Il se rue, grattant, frottant, se vautrant, gambadant, chantant, broutant », et le tout ensemble.

305. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

S’il s’avise de l’essayer, le ton insolite de sa voix fait dresser toutes les têtes ; c’est une discordance. […] Les Vies des Pères du désert n’offrent rien à comparer au tableau suivant extrait du Mahâbhârata : « Le roi s’avança vers le bosquet sacré, image des régions célestes ; la rivière était remplie de troupes de pèlerins, tandis que l’air retentissait des voix des hommes pieux qui répétaient chacun des fragments des livres sacrés. […] Le roi entendit de tous côtés la voix de ces hommes instruits par une longue expérience des rites du sacrifice, de ceux qui possèdent les principes de la morale et la science des facultés de l’âme, de ceux qui sont habiles à concilier les textes qui ne s’accordent pas ensemble, ou qui connaissent tous les devoirs particuliers de la religion ; mortels dont l’esprit tendait à soustraire leur âme à la nécessité de la renaissance dans ce monde. […] Autrefois tu m’écoutais ; j’espérais voir quelque jour ton visage ; car je t’entendais répondre à ma voix. […] que je frapperais volontiers ma poitrine, si j’espérais entendre cette voix chérie qui autrefois me faisait tressaillir.

306. (1772) Éloge de Racine pp. -

Combien vous deviez chérir l’écrivain qui paraissait avoir étudié son art dans votre coeur, qui semblait être dans le secret de vos faiblesses, qui vous entretenait de vos penchans, de vos douleurs, de vos plaisirs, en vers aussi doux que la voix de la beauté quand elle prononce l’aveu de la tendresse ! […] Il sort vainqueur de la lice, mais il n’y rentrera plus ; il vous cède, vous n’entendrez plus sa voix. Sa voix qui enchantait la France, ne blessera plus vos oreilles par de nouveaux accens ; et peut-être allez-vous lui pardonner sa gloire, quand il cessera de l’augmenter. […] Il ne la vit pas réparée : il vit le plus beau de ses ouvrages en butte au mépris et au ridicule, et il n’a pas vu l’admiration que ce même ouvrage inspire aujourd’hui ; et quand il s’est endormi dans le silence de la tombe, alors s’est élevée l’inutile voix de la vérité qu’il n’entend plus. […] Corneille dut avoir pour lui la voix de son siècle dont il était le créateur ; Racine doit avoir celle de la postérité dont il est à jamais le modèle.

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