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1903. (1903) La pensée et le mouvant

Impossible, parce qu’une certaine expérience, confuse peut-être mais décisive, te parle par ma voix, qu’elle est incompatible avec les faits qu’on allègue et les raisons qu’on donne, et que dès lors ces faits doivent être mal observés, ces raisonnements faux. […] Ravaisson n’entendit pas la grande voix du maître, du moins put-il en recueillir l’écho. […] Sobre de gestes, peu prodigue de mots, glissant sur l’expression de l’idée, n’appuyant jamais, parlant bas, comme s’il eût craint d’effaroucher par trop de bruit les pensées ailées qui venaient se poser autour de lui, il estimait sans doute que, pour se faire entendre loin, il n’est pas nécessaire d’enfler beaucoup la voix quand on ne donne que des sons très purs.

1904. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

« On a étouffé la voix de quelques hommes qui inclinaient à la sincérité, tels que Hobbes et Rousseau, et qui entrevoyaient dans la civilisation un renversement des vues de la Nature, un développement de tous les vices. » Il faut reprendre leurs théories et les pousser jusqu’à leurs vraies conséquences. […] Qu’il existe une association d’hommes qui ne soumettent point leur pensée aux pouvoirs politiques, mais qui la soumettent à eux-mêmes., la discutent entre eux par la voix de leurs représentants spirituels, la fixent ainsi, puis s’y tiennent pour pouvoir penser en commun, pour pouvoir être en communauté de pensée et en communion de sentiments, non seulement entre eux à tel point du temps, mais avec leurs frères du passé et leurs frères de l’avenir : voilà qui est liberté, puisque c’est pensée et croyance soustraites aux pouvoirs temporels ; mais voilà en même temps qui est force, puissance de résistance, barrière aux empiétements des pouvoirs humains, liberté en soi, force conservatrice de la liberté ensuite.

1905. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Et ce n’est pas tout : Antoine Lemaître avait une belle voix et un débit savant. […] La douceur de ta voix enchanta mes oreilles : Les nœuds de tes cheveux devinrent mes liens.

1906. (1910) Rousseau contre Molière

Ceci est d’un honnête homme, très détaché de son intérêt personnel ou qui sait s’en détacher à la voix de la raison. […] Il fait plus : signe très caractéristique, le plus caractéristique de la haine de Molière pour un de ses personnages, il en fait un hypocrite de religion, un Tartuffe, un Tartuffe, je le sais, qui reste un peu gentilhomme puisqu’il se bat ; mais un Tartuffe qui met le ciel dans tous ses discours, qui dit : « Le ciel a inspiré à mon âme le dessein de changer de vie et je n’ai point d’autres pensées maintenant que de quitter entièrement tous les attachements du monde, de me dépouiller de toutes sortes de vanités… Lorsque j’ai consulté le ciel, j’ai entendu une voix qui m’a dit que je ne devais point songer à votre sœur et qu’avec elle je ne ferais sûrement point mon salut… J’obéis à la voix du ciel… C’est le ciel qui le veut ainsi… Le ciel l’ordonne de la sorte… Prenez-vous-en au ciel… Le ciel le souhaite comme cela », un Tartuffe enfin qui, comme celui de 1667, dira :                  … Il est une science D’étendre les liens de notre conscience Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention ; dit déjà, avec un souvenir des bons Pères, (voir Provinciales, VII) : « Vous ferez ce que vous voudrez. […] Sophie « aura la voix flexible et juste, chantera avec goût, à la rigueur saura s’accompagner, mais sans connaître une seule note », elle n’aura eu « d’autre maître à chanter que son père, d’autre maîtresse à danser que sa mère ; elle aime la musique pour elle-même ; mais c’est un goût plutôt qu’un talent ; elle ne sait point déchiffrer un air sur la note ».

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