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1235. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Lorsque la religion étouffe la voix de la nature, qui tend à sa conservation et à son bien-être, cette œuvre ne s’accomplit pas sans efforts et sans sacrifices ; ici l’effort serait en sens contraire ; pour Mme de Caud le sacrifice serait de consentir à être heureuse ! […] Il va plus loin, il se suppose mourant, il nous fait assister à son agonie ; bientôt, dit-il, je vais « avec la lyre des séraphins, guider des cieux suspendus à ma voix. » Enfin, dans l’Hymne à la mort, il se représente comme ayant franchi le seuil de l’éternité et s’adresse à sa dépouille mortelle dont il ne sent déjà plus le poids. […] Pendant l’époque suivante, la mélancolie perd quelque peu son aspect farouche ; sans cesser de faire entendre une voix plaintive, elle prend d’ordinaire un accent plus attendri et plus doux ; rarement elle a recours aux actes de désespoir ; elle s’empreint assez facilement d’un sentiment religieux sans doute bien flottant, sujet à beaucoup de défaillances et d’angoisses, mais cependant réel. […] Après ces vers, il se fait dans la vie poétique de Dondey un grand intervalle de silence ; un profond chagrin, la perte d’une personne bien chère, en est la cause, et quand plus tard le poète retrouve la voix, il la consacre à des méditations philosophiques empreintes d’amertume. […] Cet être invisible est dans tout, et sa voix remplit l’espace d’un éternel sanglot.

1236. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

… Il parlait d’une voix basse, concentrée, religieuse, une voix de temple ou d’église. […] ) UNE VOIX                           C’est là que sont les ailes ! […] Il est à moi Et cria, de sa voix où siffle une couleuvre : — Bataille, fais ta tâche et laisse-moi mon œuvre. […] ils nous préciseraient tout cela par la voix de M.  […] — Oui, répondit la voix d’Osiris, beaucoup périssent dans la descente fatale.

1237. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Quelque classique et peu nouvelle que soit cette plaisanterie, le sûr moyen de se faire lapider eut été de la rappeler le jour où l’Académie fut tout à coup tirée de sa langueur accoutumée par la voix du rapporteur de son dictionnaire, appelant le mot fatal Romantique entre les mots Romarin et Romaniste. […] Auger, académicien d’autant plus strict adorateur des règles que jamais il ne fit rien, est d’une commune voix chargé de foudroyer le Romantisme. […] Auger, vous êtes un homme perdu. » Deux de nos amis, que nos voix plus animées avaient tirés de la rêverie, ajoutent : « Ah ! […] Auger dont je ne connaissais pas une ligne il y a quatre jours avant de chercher à le réfuter, c’est qu’il a quarante voix éloquentes et considérables dans le monde pour vanter son ouvrage.

1238. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Porel, dans sa loge d’avant-scène où j’entends la pièce, s’écrie : « Bon, une voix de bronchite ! […] Léonide heureuse de sa voix à moitié retrouvée, me montre avec orgueil son dos, où il n’y a plus de peau par la morsure des taxia. […] Il conte les choses les plus stupéfiantes sur les élections de son pays, parlant d’un maire de la montagne, qui fait d’avance son travail de recensement des votes, et qui est venu s’excuser auprès de lui, d’avoir donné neuf voix à M***, qui est de la localité, par cette phrase : « Ça ne vous contrarie pas ?  […] Elle a cette femme, un charme à la fois mourant et ironique tout à fait singulier, et auquel se mêle la séduction des Slaves : la perversité intellectuelle des yeux et le gazouillement ingénu de la voix !

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