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11. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Aucune ville ne fut aussi complétement décrite que celle-là. […] Après tout, je crois Ispahan autant peuplé que Londres, qui est la ville la plus peuplée de l’Europe. […] Nous allâmes ensuite courir les dehors de la ville, dix lieues à la ronde. […] Chaque sorte d’art et chaque sorte de denrée y a son quartier à part, et les gens du pays savent y trouver chaque chose, comme dans les autres lieux de la ville. […] C’est sans doute un des plus grands palais qui se voient dans une ville capitale, car il n’a guère moins d’une lieue et demie de tour.

12. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

On a cité quelque chose de sa harangue devant le conseil de la ville à Montauban, dans la première guerre ; il y disait : « Je vous prie de croire que je ne vous abandonnerai point, quoi qu’il arrive. […] Il commença le 1er mai 1625 ses entreprises à main armée, manqua son coup sur Lavaur44, mais fit déclarer chemin faisant toutes les villes du Lauraguais. […] Il était signalé entre les rebelles de ce qu’il avait été le premier de tous qui s’était osé présenter pour défendre au roi l’entrée en une de ses villes. […] Telles sont les nobles et ouvertes pensées qu’il agite et qu’il poursuit sous sa pourpre, tandis que Rohan, dans son Albigeois et ses Cévennes, et qui n’ose même s’aventurer à corps perdu comme feront un jour les grands Vendéens, s’épuise, en courant de ville en ville, à vouloir établir et organiser en France une contre-France. […] Voilà comme cette pauvre ville, qui fut autrefois la retraite et les délices du roi Henri IV, est devenue depuis l’ire et la gloire de son fils Louis XIII.

13. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Si vous l’étudiez, vous verrez qu’il gasconne encore, en paroles et en actes, vous verrez qu’il ruse comme un Auvergnat, s’entête comme un Breton, s’emporte comme un Flamand et pense comme une toute petite ville. […] Bordeaux, une ville de plus de deux cent mille habitants, chef-lieu de Cour d’appel, chef-lieu de Corps d’armée, métropole du vin et port de grand commerce ! […] Dans les rues de la ville prochaine, il se sentait mal à l’aise ; dans celles de Paris il était ridicule. […] Mais pourquoi ne parle-t-on pas de celles de Paris, et la grande ville n’est-elle pas, à ce point de vue, une collection de petites villes ou de petits mondes juxtaposés, ou les médisances courent aussi nombreuses, aussi goûtées et plus lestes qu’ailleurs ? […] Depuis longtemps, les rouets ne chantent plus dans nos villes, même dans les toutes petites villes, même dans les bourgs, même dans les villages, et pour trouver une quenouille il faut faire bien des lieues.

14. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Il reçut aussi les leçons ou partagea les études d’une femme célèbre, Myrto ; mais ce nom s’efface devant celui de Corinne, la gloire presque unique d’une ville voisine de Thèbes, Tanagre, que fréquentait Pindare. […] Après avoir remarqué, dans sa description de Tanagre, que les habitants de cette ville ont su le mieux, parmi les Grecs, régler ce qui concerne le culte divin, toujours attentifs à placer les temples à part, dans un lieu pur, loin de l’habitation des hommes, il ajoute, apparemment par cette liaison d’idées naturelle entre le culte et la poésie : « Le tombeau de Corinne28, qui seule, à Tanagre, a fait des hymnes, est placé dans le lieu le plus découvert de la ville. […] Il alla souvent à la cour de Hiéron, roi de Syracuse, et sans doute aussi à celle de ses fils, souverains moins puissants de villes fondées par eux. […] La faveur qu’il trouvait chez ces princes, la conserva-t-il au même degré dans les villes libres de la Grèce et parmi ses propres concitoyens ? […] Parvenu à un âge avancé, il fréquentait encore, dans les principales villes de la Grèce, ces solennités populaires tant célébrées par sa voix.

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