La gaieté, cette chose vive, ailée et légère, fuit bien loin devant un tel rire. […] Or, dès que le sérieux domine dans une pièce, soit par l’intérêt vif et puissant qu’elle inspire, soit par les sentiments moraux et pathétiques qu’elle éveille, soit enfin par le but pratique qu’elle se propose, il n’y a plus de comédie, mais un drame instructif ou touchant, et l’art en péril est à deux doigts de la tragédie bourgeoise et larmoyante47. […] Mais voici quelque chose de plus vif. […] Par là, nous rentrons soudainement dans le passé, et nous voyons à la fois, sous la vive et piquante lumière du contraste, le grave discours d’Auguste et son burlesque travestissement. […] Folie aimable et pleine de sens, où étincelle cet esprit fantastique si rare en France, et où règne une plaisanterie vive et douce, qui, bien qu’elle aille quelque fois jusqu’à une sorte de délire, ne cesse jamais d’être légère et inoffensive.
Le langage ordinaire, dans son évolution, transforme les mots en vue de l’usage le plus commode ; la poésie les transforme dans le sens de la représentation la plus vive et la plus sympathique ; l’une a pour but la métaphore utile qui « économise l’attention » et rend plus facile l’exercice de l’intelligence ; l’autre la métaphore proprement esthétique, qui multiplie la faculté de sentir et la puissance de sociabilité. […] Tout membre de phrase se différencie du précédent ou du suivant, soit qu’il s’y oppose et le restreigne, soit qu’il le complète ou le confirme en le répétant sous une forme plus vive ; chaque membre de phrase a son individualité propre, à plus forte raison chaque phrase. […] Voici la transposition d’une sensation auditive en sensation visuelle, d’une ondulation invisible de l’air en ondulation visible et, par ce moyen terme, la transformation d’une chose inanimée en une apparence d’être animé, de témoin vivant : « … Dans l’air moite et odorant de la pièce les trois bougies flambaient… ; et, coupant seul le silence, par l’étroit escalier un souffle de musique montait ; la valse, avec ses enroulements de couleuvre, se glissait, se nouait, s’endormait sur le tapis de neige263. » La transposition de sons en images pour la vue, et en images animées, a rendu célèbres les vers d’Hugo : Le carillon, c’est l’heure inattendue et folle Que l’on croit voir, vêtue en danseuse espagnole, Apparaître soudain par le trou vif et clair Que ferait en s’ouvrant une porte de l’air… 2° Transposition du sentiment en sensation. […] Voici que, de ce point de départ superficiel, l’auteur arrive, par un langage, presque abstrait et objectif, à nous donner une impression vive de l’état de conscience de son héros : « Cela descendit dans les profondeurs de son tempérament et devenait presque une manière générale de sentir, un mode nouveau d’exister272. » 4° Transposition des images et sentiments en actions : « Je m’en irai vers lui, il ne reviendra pas vers moi273. » Beaucoup d’actions sont une condensation de pensées sous une forme concrète et elles peuvent donner lieu à des méditations sans fin, tout comme de hautes formules métaphysiques. […] La poésie ne consiste plus à nos yeux que dans l’expression ; or, l’expression est d’autant plus vive que le mot est plus simple et s’applique plus exactement à l’idée.
Mais, enfin, il avait connu de grands succès, quelques-uns très disputés, mais finalement d’autant plus vifs. […] Là est le vif et philosophique intérêt du conte d’Emond About, et de l’adaptation dramatique que MM. […] La lutte est du plus vif intérêt. […] ils crient : « Vive Morin ! […] Et Dancourt, qui pourtant n’avait pas froid aux châsses, n’osait ni les faire voir dans le vif de leur négoce, ni les appeler par leur vrai noM.
Sylvia, au temps de la Révolution, si l’on eût arrêté son mari, eût crié ; « Vive la Gironde ! » ou : « Vive le roi ! […] L’auteur est à l’âge où à la force d’une imagination très vive, vient se joindre la facilité d’apprendre et d’acquérir ; il reçoit de toutes parts et donne généreusement. […] Je referme à regret ce beau et bon livre qui referme tant de belles, vives et justes pensées, et dont la préface, que lui-même a écrite, est un charmant échantillon. […] Sa parole, forte et assurée, était relevée par un esprit vif et piquant.