Vieux, devenu gros et replet, il eut une faiblesse de jambes dont il se traita d’abord assez mal ; il en résulta un affaiblissement même de l’esprit : Comme je fus longtemps privé de tout commerce, dit-il, le bruit se répandit que mon esprit n’était plus comme auparavant, et peut-être sur quelque fondement. […] Je conçois aisément, dit à ce propos Gourville, que, si quelqu’un voyait ces Mémoires, il ne pourrait jamais les croire véritables : les vieux, qui ont vu l’état où les choses étaient dans le royaume, ne sont plus, et les jeunes, n’en ayant eu connaissance que dans le temps que le roi a rétabli son autorité, prendraient ceci pour des rêveries, quoique ce soit assurément des vérités très constantes.
Ainsi ces ministres, conseillers de la reine, hommes consommés et rompus dans la vieille politique, n’opposaient aux dangers imminents et aux exigences croissantes des princes et seigneurs que des atermoiements et des concessions sur lesquelles ils tâchaient seulement de marchander le plus possible. […] Les vieux conseillers Villeroi, Jeannin, étaient mis de côté ou à peu près ; le garde des Sceaux Du Vair, soi-disant philosophe et homme de lettres en renom, qui avait succédé à Sillery, et qui fait là une assez pauvre mine, n’était bon qu’à entraver les affaires.
Dans son premier ministère, qui dura cinq ans (1776-1781), il lutte contre les courtisans et contre les abus, et il tombe, il se retire par roideur et faute d’adresse devant le vieux Maurepas, qu’il ne s’agissait que d’user et de laisser mourir. […] » — D’où il s’ensuivait que l’Assemblée nationale lui devait son existence, qu’elle avait reçu uniquement de lui son empire, et qu’elle était une fille ingrate et dénaturée autant que les filles du roi Lear ; pauvre vieux roi, un peu plus errant toutefois que ne l’était M.
Les vieux donjons pleins de carnage ouvrent leurs yeux fauves et flairent l’obscurité ; l’inquiétude les prend. […] Refaisons le plus haut possible la leçon du juste et de l’injuste, du droit et de l’usurpation, du serment et du parjure, du bien et du mal, du fas et nefas ; arrivons avec toutes nos vieilles antithèses, comme ils disent.