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219. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

L’attention et l’abstraction sont les véritables puissances de l’homme penseur ; ces facultés seules peuvent servir aux progrès de l’esprit humain. […] Sans doute, si les facultés développées dans ce genre de travail n’avaient point été depuis dirigées sur d’autres objets, il n’en fût résulté que du malheur pour le genre humain ; mais quand on voit, à la renaissance des lettres, la pensée prendre tout à coup un si grand essor, les sciences avancer en peu de temps d’une manière si étonnante, on est conduit à croire que, même en faisant fausse route, l’esprit acquérait des forces qui ont hâté ses pas dans la véritable carrière de la raison et de la philosophie. […] La connaissance des langues anciennes, qui a ramené le véritable goût de la littérature, inspira pendant quelque temps une ridicule fureur d’érudition.

220. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

C’est dans la crise d’une révolution qu’on entend répéter sans cesse, que la pitié est un sentiment puérile, qui s’oppose à toute action nécessaire, à l’intérêt général, et qu’il faut la reléguer avec les affections efféminées, indignes des hommes d’état ou des chefs de parti ; c’est au contraire au milieu d’une révolution que la pitié, ce mouvement involontaire dans toute autre circonstance, devrait être une règle de conduite ; tous les liens qui retenaient sont déliés, l’intérêt de parti devient pour tous les hommes le but par excellence : ce but, étant censé renfermer et la véritable vertu et le seul bonheur général, prend momentanément la place de toute autre espèce de loi : hors dans un temps où la passion s’est mise dans le raisonnement, il n’y a qu’une sensation, c’est-à-dire, quelque chose qui est un peu de la nature de la passion même, qu’il soit possible de lui opposer avec succès ; lorsque la justice est reconnue, on peut se passer de pitié ; mais une révolution, quel que soit son but, suspend l’état social, et il faut remonter à la source de toutes les lois, dans un moment où ce qu’on appelle un pouvoir légal, est un nom qui n’a plus de sens. […] La plupart des gouvernements sont vindicatifs, parce qu’ils craignent, parce qu’ils n’osent être cléments ; vous, qui n’avez rien à redouter, vous, qui devez avoir pour vous la philosophie et la victoire, soulagez toutes les infortunes véritables, toutes celles qui sont vraiment dignes de pitié ; la douleur qui accuse, est toujours écoutée ; la douleur a raison contre les vainqueurs du monde ; que veut-on, en effet, du génie, des succès, de la liberté, des républiques, qu’en veut-on, quelques peines de moins, quelques espérances de plus ? […] Mais il y a un si grand foyer de lumières dans ce pays, le gouvernement républicain, par sa nature même, est à la longue tellement soumis à la véritable opinion publique, que les premières conséquences doivent éclairer sur le principe, et qu’on ne persiste pas, dans ce qui ruine, avec l’aveuglement dont plusieurs cabinets monarchiques ont donné l’exemple pendant cette guerre.

221. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Le véritable initiateur du vers libre et de la technique symboliste, c’est un Péruvien de Lima, le lieutenant d’artillerie della Rocca de Vergalo qui a introduit, en prosodie, la “strophe nicarine” et toutes les libertés dont se prévalent, les poètes nouveaux. […] S’accoutrer de velours et de dentelles, afficher des couleurs criardes est contraire aux principes du dandysme formulés par Brummel qui enseigne : « Le véritable dandy ne doit jamais se faire remarquer. » Barbey d’Aurevilly, qui le savait puisqu’il a écrit sur Brummel26, n’en a pas tenu compte. […] La véritable signification en est : « J’ai donné à ces gens infatués d’orgueil et d’eux-mêmes, une leçon d’humilité.

222. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Ils ont tous pour effet de rendre manifeste la contradiction qui existe entre la réalité véritable de l’individu et sa réalité présumée. […] Le don génial se traduit nécessairement par le jeu d’une activité qui le manifeste : l’homme de génie n’échappe pas à cette tyrannie du don, et son organisme est en proie, du fait de sa qualité maîtresse, à une Véritable exploitation. […] Le snobisme a tout prendre est un Bovarysme triomphant, c’est l’ensemble des moyens employés par un être pour s’opposer il l’apparition, dans le champ de sa conscience, de son être véritable, pour y faire figurer sans cesse un personnage plus beau en lequel il se reconnaît.

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