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470. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

J’avoue que si j’avois eu la témérité de décrier de tels Hommes & les Auteurs vivans qui ont marché sur leurs traces, je maudirois l’instant où j’ai pris la plume, je ferois amen de honorable d’avoir outragé les hommes qui font le plus d’honneur à notre Nation ; mais, au contraire, j’ai loué ces mêmes Hommes, j’ai parlé de la supériorité de leurs talens & du bon usage qu’ils en ont fait ; je les ai vengés du ton de mépris que les Philosophes ont souvent employé en parlant de leurs Ecrits. […] L’Auteur du dernier Discours couronné à l’Académie Françoise, dit en propres termes, qu’il ne faut jamais avoir recours aux Grands dans les entreprises difficiles, parce que, quand même ils auroient du courage & du génie, ils sont incapables d’en faire usage, & ne s’occupent qu’à calculer des convenances, lorsque le bien public devroit absorber toutes leurs facultés. […] Il ignore donc, ce charitable Ministre du Dieu de paix, que trois ans avant la mort de ce Vicaire, j’ai déclaré que personne n’avoit eu part à mon travail, & défié tout Littérateur d’oser avancer qu’il m’eût fourni par écrit la moindre observation dont j’aie fait usage.

471. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Il ne faut pas craindre de nommer les choses et les époques par leur nom ; et le nom sous lequel le xviiie  siècle peut le plus justement se désigner à beaucoup d’égards, pour le goût, pour le genre universellement régnant alors dans les arts du dessin, dans les modes et les usages de la vie, dans la poésie même, n’est-il pas ce nom galant et pomponné qui semblait fait exprès pour la belle marquise et qui rimait si bien avec l’amour ? […] Longtemps maladif dans son enfance, le jeune roi, dont la vie semblait ne tenir qu’à un souffle, avait été élevé avec des précautions excessives, et on lui avait épargné tout effort, plus même qu’il n’était d’usage avec un prince. […] Elle leur avait offert sa paix à un certain moment ; ils refusèrent les avances contre leur usage.

472. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Mais ce qui restera surtout à Saint-Just, ce sera l’habitude et l’usage des comparaisons, qu’il transportera plus tard dans sa prose oratoire avec concision et sobriété, et qui y seront parfois d’un effet réel. […] Un autre mot qui est le cachet de ce temps, c’est celui de vertu ; jamais on n’en fit si grand usage : Tant d’hommes ont parlé de cette Révolution, continue Saint-Just dans l’avant-propos de sa brochure de 1791, et la plupart n’en ont rien dit. […] Ils en auraient fait ensuite un usage dont leur passé nous répond.

473. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Mais l’usage, c’est-à-dire l’habitude, diminue cet intervalle, et, quand l’intervalle est devenu très faible, il échappe à l’observation. […] Quels qu’ils soient, les mots qui nous viennent alors à l’esprit ont un sens ; par leur usage et par leur rapprochement, ils éveillent une pensée, et cette pensée venue avec les mots et par eux coexiste un instant dans la conscience avec la pensée qui a suscité les mots. […] « Les enfants conçoivent beaucoup de choses qu’ils ne savent pas nommer, et ils retiennent beaucoup de mots dont ils n’apprennent le sens que par l’usage. » Bossuet, Logique, I, 3.

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