Suffrage universel ? […] Seulement elle accuse l’organisation universelle de l’humanité. […] C’est la théorie du consentement universel. […] Tout le monde, lui, est universel ; c’est sans doute incontestable. […] Non, le consentement universel n’est nullement critérium de vérité.
C’est ainsi que nous puisons notre vie à la vie universelle. […] Voilà donc ce poète tombé dans la contemplation de l’infini, de l’harmonie universelle, et ne comprenant pas l’anarchie de l’Humanité. […] Le temps vient où nous embrasserons, où nous relierons toutes les conceptions religieuses, et où, de toutes les traditions, nous formerons la tradition universelle, la grande Bible de l’Humanité. […] Il est évident, en effet, que celui qui contemple toujours la vie universelle symbolisera ses idées et les rythmes tout autrement que celui qui contemple la vie dans ses formes particulières. […] En cela ils sont l’un et l’autre en complet désaccord avec eux-mêmes, avec leur conception de la vie universelle et de Dieu.
C’est stupide, ignorant et anarchique qu’une telle idée ; mais cela n’est plus ridicule par la raison que cela tend à devenir une croyance et une opinion universelle. […] Et prochainement, il crèvera d’elles dans un Trissotinisme universel. […] Après celui-là, la matière que l’on croyait divisible à l’infini ne se divisera plus… À moins pourtant que dans ce monde du devenir d’Hegel et du Ça ira des Sans-Culottes, il n’entre dans la caboche humaine l’idée — très digne d’elle — qu’à l’aide de l’éducation et de la science, on peut tirer de la fange de leur animalité les chiens et les singes et les faire entrer avec nous — et au même titre que nous, — dans l’immense et imbécile farandole du Suffrage universel !
Villon aperçoit dans le monde l’universelle souveraineté de la mort : Mon père est mort, Dieu en ait l’âme ; Quand est du corps, il gît sous l’âme (cercueil). […] Si l’on accuse certaines personnes, et les femmes surtout, de manquer de logique, c’est que, dans leurs raisonnements, les images viennent brusquement expulser les idées, et introduire des objets concrets qui intéressent la sensibilité : l’argumentation commencée selon l’ordre de la raison se poursuit selon l’ordre du cœur ; la conclusion n’a plus la valeur d’une nécessité universelle, mais d’une volonté individuelle. […] Il faut faire pour les opinions ce que Kant recommandait de pratiquer pour les actes de moralité : il faut ériger sa façon de penser en maxime universelle ; et il est rare alors que ce qui n’est point évidemment vrai continue de le paraître. Celui qui sollicite une faveur pour lui seul, parce que cela ne tire pas à conséquence, qui s’autorise d’une juste affection pour réclamer une injuste décision, s’il est de bonne foi, ne devra pas s’obstiner dans sa prétention quand il considérera les formes universelles des raisons qu’il donne. […] Les choses au contraire où l’on hésite sur la certitude et qui sont pourtant certaines, sont à l’ordinaire des propositions universelles, dont l’esprit, peu habitué aux abstractions, ne saisit pas clairement la portée et la clarté.