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334. (1824) Préface d’Adolphe

Mais quand on voit l’angoisse qui résulte de ces liens brisés, ce douloureux étonnement d’une âme trompée, cette défiance qui succède à une confiance si complète, et qui, forcée de se diriger contre l’être à part du reste du monde, s’étend à ce monde tout entier, cette estime refoulée sur elle-même et qui ne sait plus où se replacer ; on sent alors qu’il y a quelque chose de sacré dans le cœur qui souffre parce qu’il aime ; on découvre combien sont profondes les racines de l’affection qu’on croyait inspirer sans la partager ; et si l’on surmonte ce qu’on appelle faiblesse, c’est en détruisant en soi-même tout ce qu’on a de généreux, en déchirant tout ce qu’on a de fidèle, en sacrifiant tout ce qu’on a de noble et de bon.

335. (1802) Études sur Molière pp. -355

Les Italiens prétendent que Molière a fait son Festin de Pierre d’après leur Convié de Pierre, ils se trompent, c’est dans l’original espagnol qu’il a puisé son sujet. […] d’accord, je ne le croyais pas, moi, en le voyant ; mais, forcé de demander à mes voisins si je ne me trompais pas, je ne fus que trop convaincu51. […] Molière ne fut pas trompé dans son espérance ; le roi permit verbalement la représentation du Tartuffe : il fut joué sur le théâtre du Palais-Royal, le 5 août 1667. […] vous vous êtes trompés. » Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. […] Jourdain, bien battu, bien trompé par sa femme, sa fille et son gendre, prendra toutes ces petites gentillesses ?

336. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il en résulta de bonne heure des crises fréquentes, passagères, que recouvraient vite les apparences de la santé et les couleurs de la jeunesse ; mais lui ne s’y trompait pas : « Je n’ai pas deux jours de bons sur dix (écrivait-il de Paris à M.  […] J’ai ma conviction là-dessus, et il est bien rare que ces sortes de convictions trompent. […] Celui de tous les peuples qui a le plus songé à la gloire et qu’elle a le moins trompé, celui de tous les poëtes qu’elle a couronné comme le plus divin, les Grecs et Homère, appelaient la postérité et les générations de l’avenir ce qui est derrière (οί όπίσω), comme s’ils avaient réellement tourné le dos à l’avenir, et du passé ils disaient ce qui est devant. […] Ceux qui parlent d’en faire un autre se trompent et ne sauroient en venir à bout : on peut faire des sceptres et des couronnes, mais non pas des roys pour les porter ; on peut faire une maison, non pas un arbre ou un rameau verd… » 237.

337. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Il se trompait. […] On se trompe comme il s’est trompé. […] XXI « Tous se trompèrent.

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