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553. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Le jeune et studieux docteur a du reste très bien indiqué la physionomie et les traits de l’orateur chez Henri IV. […] Berger de Xivrey à la date du 24 décembre 1603, a même les proportions d’un discours proprement dit, serré de raisons, et semé d’un bout à l’autre de traits vifs et graves. […] Il se borne au trait indispensable ; hors de ses bulletins, qui ont l’appareil qu’exige le genre, il a le grandiose simple et le sérieux un peu sombre.

554. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Voltaire, dans son invention vive et rapide, se montre fidèle à son objet même : il est prompt, il ne s’appesantit pas, il est l’homme de l’impatience et de la délicatesse françaises ; il égaie chaque chose et peint chaque auteur en quelques traits ; il fait vivre son allégorie autant qu’une allégorie peut vivre. […] Dans les langues modernes, où le tour est moins marqué, où la langue en elle-même n’a pas à peu de frais, comme chez les anciens, sa grâce, sa cadence, et où les mots ont moins d’énergie et de jeu, il faut, en terminant, ce qu’on appelle le trait et la pointe. […] Un trait piquant d’abord plaît, frappe, étonne ; Mais il s’émousse, et devient monotone ; Et si le goût ne le place avec choix, Si d’un sel pur grâce ne l’assaisonne, Si l’épigramme à la vingtième fois Ne vous plaît mieux, elle n’est assez bonne.

555. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Ces lettres de Racine n’ont rien de remarquable, sinon qu’elles ne le sont pas du tout, et qu’il devient curieux de voir un homme de génie, dans une Correspondance qui se prolonge durant tant d’années, écrire si uniment et avec si peu de vivacité, avec une telle absence de traits d’esprit. […] C’est, à ce titre, le plus intéressant endroit de cette Correspondance, où il ne se rencontre d’ailleurs, je le répète, ni le moindre petit mot pour rire, ni un trait d’esprit proprement dit, ni une saillie d’imagination. […] Malgré cela, elle pourra bien, auprès de beaucoup de personnes, ne pas tant briller que sa cadette : mais d’autres sauront bien connaître son mérite. » Il faut, en vérité, qu’il y ait bien peu de chose dans une Correspondance pour qu’on en soit réduit à y relever un pareil trait comme saillant.

556. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

J’ai essayé de donner un aperçu de ce talent aimable et vif, de ce comique sincère et touchant que chacun aime à se représenter sous le nom de Térence ; j’achèverai de le définir en quelques traits assemblés sans beaucoup d’ordre, mais qui se rejoindront d’eux-mêmes. […] Diderot le fougueux, le verveux, a eu l’honneur de comprendre et de sentir dans Térence celui qui lui ressemblait le moins, celui qui n’outre rien, ne charge jamais, et qui ne met pas un trait de plus que nature. […] Il n’a pas de ces. mots, de ces traits qui sortent à tout instant du rang, et qui semblent dire avant la fin : Plaudite.

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