Les menaces, les imprécations le poursuivent ; mais toujours revêtu de l’inviolable étole, s’en servant comme d’un bouclier, bravant les traits qu’on n’ose lui lancer que de loin et en tremblant, il arrive à l’une des portes principales, parvient à l’ouvrir par un tour de main digne de Samson, et, à la vue de tous, sort sans trop se presser, majestueux et triomphant, emportant avec lui la fortune de Carthage. […] Je me lasse insensiblement de cette analyse, et sans doute le lecteur aussi, d’autant plus que je n’y peux mettre les traits de talent et d’érudition originale ou bizarre que l’auteur y sème à chaque pas ; car tout ce livre est pavé, non-seulement de belles intentions, mais de cailloux de toute couleur et de pierres précieuses.
Mais rien de brillant ; pas une réflexion, ou à peine ; jamais un trait qui orne. […] Montesquieu, on le sait, faisait grand cas de Florus pour l’avoir beaucoup rencontré au sujet des Romains, et il avait retenu plus d’un trait de lui, grâce à cette forme épigrammatique et brillante que lui-même il affectionnait53.
La Bruyère, en son temps, a fait un admirable portrait du Plénipotentiaire ou parfait diplomate, portrait qui, à bien des égards, n’a pas vieilli, et dont quelques traits s’appliquent à vue d’œil à un Talleyrand ou mieux encore à un Metternich. […] Il embrassa toute la littérature allemande, passée et présente ; il y marcha à pas de géant, peignant tout à grands traits, d’une manière rapide, mais avec une touche si vigoureuse et des couleurs si vives, que je ne pouvais assez m’étonner ; il parla de ses ouvrages peu et avec modestie, beaucoup des chefs-d’œuvre en tout genre de la France, des grands hommes qui l’avaient honorée, du bonheur de sa langue, des beaux génies qui l’avaient maniée, des littérateurs présents, de leur caractère et de celui de leurs productions ; enfin, j’étais un Français qui était allé pour rendre hommage au plus beau génie de l’Allemagne, et je m’aperçus bientôt que M.
L’Homme rouge que j’ai sous les yeux, satire hebdomadaire en vers, qui parut à Lyon du 2 avril au 25 août 1833, n’est qu’une imitation exagérée et grossière de la Némésis, sans aucun des traits malins qui, chez nos deux satiriques émérites de Paris, allaient atteindre au défaut de la cuirasse quelques-uns des hommes du juste-milieu. […] Un numéro, notamment, intitulé : Pèlerinage en Savoie, à Charles-Albert, et daté de Chambéry, 15 juillet 1833, commençait par ces vers mélodramatiques : J’avais deux pistolets croisés à ma ceinture, Un poignard bien trempé… la nuit était obscure…, et finissait par ce trait : N’est-ce pas, Charle-Albert, que la vengeance est douce ?