/ 2454
1390. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Dimanche 12 décembre On parlait de titres de livres, et de la fascination des titres de livres bêtement sentimentaux sur les femmes d’en bas. À ce propos, quelqu’un raconte, avoir ramené chez lui, une fille du quartier Latin, saoule, qui, à la vue sur sa commode d’un livre, ayant pour titre : Thérèse, s’écriait, la gueule tournée par la pocharderie : « Si ça s’appelait Pauvre Thérèse, je lirais ça, toute la nuit ! 

1391. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Quand l’unité du saint-empire eut péri, et que le titre d’empereur fut devenu un titre vain qui n’était plus en réalité que celui d’empereur d’Autriche, les électeurs et les princes, rendus à l’indépendance, devinrent peu à peu des monarques absolus, et au despotisme régulier d’un seul succéda une foule de despotismes particuliers. […] On comprend maintenant la signification et la portée du titre de l’ouvrage de Kant.

1392. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

» ces Histoires extraordinaires, publiées pour la première fois dans le Pays, en feuilletons éparpillés, produisirent — si on se le rappelle — un effet de surprise que l’audace imprudente de leur titre ne put diminuer. […] Quand il intitulait : Contes arabesques ces Contes que le mot : Histoires extraordinaires n’a pas traduits, il savait bien ce qu’il faisait : il bannissait l’homme, l’homme spirituel, la créature morale, de ses inventions ; et son titre avait raison : elle en est absente. […] Mais ce n’en est pas moins une traduction imprudente que celle de ces Contes grotesques, dont pas un, par parenthèse, n’est grotesque ; et si Poe l’a écrit de sa plume, ce titre, à la tête de ses Contes, il a méconnu son génie ; car son génie est encore ici, mais dans quel état, grand Dieu !

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Il y eut un jour où la grandeur biblique et la beauté hellénique se rencontrèrent, se fondirent et se mêlèrent d’esprit et de forme dans une haute simplicité ; et quand nous parlons aujourd’hui de la tradition et de ce qui ferait faute, si elle avait manqué, de ce qui serait absent dans les fonds les plus suaves, dans les plus nobles fresques de la mémoire humaine, nous avons le droit de dire, à des titres également incontestables : Quoi ? […] quand je vois ces titres qu’on y affiche pas trop complaisamment, ces promesses et ces engagements publics de découvertes, tel ou tel personnage d’après des documents inédits, je me défie un peu du goût et de la parfaite justesse des conclusionsad ; je ne conseillerai pas de mettre, mais j’aimerai tout autant qu’on mît en tête une bonne fois : tel ou tel personnage d’après des idées et des vues judicieuses fussent-elles même anciennes.

/ 2454