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1578. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

L’enseigne de ce cabaret littéraire invraisemblablement blanc et or : L’Envol (sous-entendu sans doute « vers l’idéal », rien de la terre, ô que non pas !) […] Car Docre pourrait s’appeler d’ocre et d’ocre pourrait s’intituler terre jaune. […] « Dieu dit matin au cœur fort, qui aimes la Lyre, les ténèbres et le mensonge frissonneront et fuiront, le crime au manteau d’ombre prendra l’alarme dès ta présence, la Terre s’éveillera du sommeil à ta vue. […] C’est la joie de la Terre du haut du ciel, des arbres, la voix d’un oiseau me chantant dans l’éclat du soleil : Messages, messages ! […] Il était entouré de haies, ainsi que le sait quiconque a vu la terre anglaise (en réalité la Grande-Normandie, plutôt que la Grande-Bretagne des géographes), et entouré à un degré presque surnaturel, pour un lecteur de Shakespeare, par des peupliers féeriques.

1579. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

On ne peut que lui appliquer ce que Buffon a dit de la terre au printemps : « Tout fourmille de vie. » Mais en même temps il produit un singulier effet par rapport aux temps et aux règnes qu’il n’a pas embrassés ; au sortir de sa lecture, lorsqu’on ouvre un livre d’histoire ou même de mémoires, on court risque de trouver tout maigre et pâle, et pauvre : toute époque qui n’a pas eu son Saint-Simon paraît d’abord comme déserte et muette, et décolorée ; elle a je ne sais quoi d’inhabité ; on sent et l’on regrette tout ce qui y manque et tout ce qui ne s’en est point transmis. […] Toutes les heures qu’il peut dérober, il les emploie ; et puis vieux, retiré dans sa terre, il coordonne cette masse de matériaux, il la met en corps de récit, en un corps unique et continu, se bornant à la distribuer par paragraphes distincts, avec des titres en marge91 ; et ce long texte immense, il le recopie tout de sa main avec une netteté, une exactitude minutieuse, qualités authentiques qu’on n’a pas assez remarquées, sans quoi on eût plus religieusement respecté son ordre et sa marche, son style et sa phrase, qui peut bien être négligée et redondante, mais où rien (je parle des Mémoires et des notes) n’est jeté au hasard. […] Il ne se le fit pas dire deux fois, et dès ce moment il renonça à la Cour, vécut plus habituellement dans ses terres et s’occupa de la rédaction définitive de ses Mémoires.

1580. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

La terre natale lui est clémente, apaisante : elle lui semble l’aimer, et il lui rend un fort amour. […] Lisez l’admirable début de Moïse, toute la Terre Promise vue du Nébo. […] Voici des primitifs allemands : Les Vierges sur fond d’or aux doux yeux en amande, Pâles comme le lis, blondes comme le miel, Les genoux sur la terre et le regard au ciel784.

1581. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Des sensitives furent semées les unes dans du sable pur, les autres dans de la terre végétale mêlée de sable en diverses proportions. […] Celles qui n’avaient qu’un tiers ou deux de terre végétale furent encore irritables, quoique à un degré moindre, et ne purent fleurir. Celles qui avaient de la terre végétale pure finirent par être robustes et presque insensibles : un coup de baguette sur leur feuillage le faisait bien se replier, mais il se redressait presque aussitôt.

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