/ 2296
1422. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Savez-vous si la tristesse anémique de ce siècle-ci ne vient pas de l’excès de son action, de son prodigieux effort, de son travail furieux, de ses forces cérébrales tendues à se rompre, — de la débauche de sa production et de sa pensée dans tous les ordres ?  […] Elle avait mis un corsage décolleté, au décolletage qui montre le tendre entre-deux des seins. […] Le soir, elle a été très tendre pour son mari, elle a eu pour lui des caresses, de petits tapotements, que je ne lui avais jamais vu faire en public.

1423. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Il me tend le petit livre très bien relié, et me dit : « Regardez quel est mon bréviaire… et certes je ne croyais pas vous rencontrer !  […] Sur sa petite chaise, où elle est attachée, quand elle est à table entre nous, elle a des renversements, comme en face de visions au plafond de choses ou d’êtres invisibles, auxquels s’adressent ses petits bras tendus et son gazouillement aimant. […] Je trouve la comtesse dans son petit salon, tendu de soie jaune, tout plein des portraits des Castellane et des Contades, et dont elle a fait au milieu un frais atelier de fleuriste, enfermé dans la barrière d’un ruban.

1424. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Loin de tendre, comme on le devroit, à la correction des mœurs, on semble conspirer pour leur ruine : on réveille presque toujours l’idée du libertinage. […] La duchesse trouva la plaisanterie singulière, & fit sur Ramsay ces vers : Monte vîte aux enfers, doucereux satellite, De l’aimable Alecton la voix te sollicite ; Vas mêler tes soupirs aux tendres sifflemens Des aspics sur son front hérissés galamment. […] Le terme pius doit se rendre par celui de bon, de tendre, de compatissant.

1425. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Alors, guerrier débile et chancelant, il dépose sa couronne pour prendre ses armes impuissantes, et succombe au pied de l’autel de Jupiter, tel qu’un bœuf vieilli qui tend à la hache de son maître un cou mince et décharné par le travail, pauvre animal devenu maintenant importun à son maître ingrat !  […] « Si tu pouvais t’arracher aux spectacles du Cirque », dit-il à son interlocuteur imaginaire, « tu pourrais te construire à Sora ou à Frosinone une maison convenable, à moindre prix que tu ne payes à Rome le loyer d’un réduit ténébreux ; là tu aurais à toi un petit jardin, un puits peu profond, dont l’eau, tirée sans roue et sans corde, désaltérerait d’une facile ondée tes plantes naissantes et tendres. […] Il y avait de plus une certaine grâce juvénile et gauloise qui charmait l’esprit sans doute, mais qui tendait trop à faire tomber la langue et la littérature dans une seconde enfance.

/ 2296