L’ascétisme chrétien, en proclamant cette grande simplification de la vie, entendit d’une façon si étroite la seule chose nécessaire que son principe devint avec le temps pour l’esprit humain une chaîne intolérable. […] La fin de l’homme n’est pas de savoir, de sentir, d’imaginer, mais d’être parfait, c’est-à-dire d’être homme dans toute l’acception du mot ; c’est d’offrir dans un type individuel le tableau abrégé de l’humanité complète et de montrer réunies dans une puissante unité toutes les faces de la vie que l’humanité a esquissées dans des temps et des lieux divers. […] Bornée par le temps et par des nécessités extérieures, son activité concentrée se dévore intérieurement. Il a tant à vivre pour lui-même qu’il n’a pas le temps de vivre pour le dehors.
Il est temps de revenir à l’acception antique, non pas sans doute pour renfermer de nouveau dans la philosophie toutes les sciences particulières avec leurs infinis détails, mais pour en faire le centre commun des conquêtes de l’esprit humain, l’arsenal des provisions vitales. […] Certes nous sommes loin du temps où chaque penseur résumait sa philosophie dans un [en grec]. […] Il n’est plus temps sans doute de réclamer contre cette élimination nécessaire : la philosophie, après avoir renfermé dans son sein toutes les sciences naissantes, a dû les voir se séparer d’elle aussitôt qu’elles sont arrivées à un degré suffisant de développement. […] Cela doit même être admis dans les idées du théisme ancien, puisque, suivant cette manière de concevoir le système des choses, Dieu est regardé comme ne créant plus dans le temps, mais ayant tout créé à l’origine.
Ce temps, hélas ! embrasse tous les temps. […] Il avait le plus grand talent pour les négociations, comme on le voit dans les mémoires de Dalrimple imprimés de nos jours ; mais de son temps, il ne passait que pour un homme de beaucoup d’esprit et un homme de plaisir. […] Le sage est ménager du temps et des paroles.
Mme la Princesse de Belgiojoso13 I Qui ne se rappelle ce temps inouï de la Révolution romaine qui dura trop et qui dura si peu… Ce fut 1789 à son maximum d’illusion terrestre. Grand sujet de curiosité pour les utopistes de tous les genres, — et, dans ce temps-là, le catholicisme n’en manquait pas, — une révolution à Rome, une révolution qui allait, croyait-elle, jeter la barque de saint Pierre dans les aventures, fit lever et rallia, comme le coup de trompette du Josaphat des vivants, tous les fous superbes de l’univers, tous les bohèmes de la fortune, de l’esprit et de la beauté pour les rasseoir, il est vrai, un peu rudement, quand la machine chargée par Lamennais, Gioberti et tant d’autres, éclata, mais montrant, à travers ses débris, Rossi poignardé, le Pape en fuite et Mazzini régnant dans Rome assiégée. […] Le temps qui prend tout et qui ne rend rien d’ordinaire a fait une exception pour elle. […] Si la polygamie existe en Orient, nous avons certainement quelque chose de plus mauvais en Amérique et même en Europe, dans les pays où le divorce introduit dans la loi et faisant sa place dans les mœurs, le divorce qui livre la femme au plus offrant et dernier enchérisseur, tout le temps qu’elle est belle, produit nécessairement la polyandrie.