Voici les paroles que nous trouvons dans l’introduction dont Saint-Chéron a fait précéder sa traduction de l’Histoire d’Innocent III : « Recevons le beau tableau historique de Hurter comme un témoignage du bien immense qu’un souverain pontife a pu accomplir dans un siècle reculé, mais encore du bien que l’institution, reconnue comme nécessaire aux intérêts les plus élevés du genre humain, pourra faire dans les siècles à venir où il se rencontrera un Grégoire, un Innocent, au milieu des hommes ramenés par une pénible et douloureuse expérience, aux vrais principes sociaux. » Comme on le voit, s’il n’est guère possible d’être plus lourd, il n’est guère possible d’être plus clair. […] Barbey d’Aurevilly n’aurait eu plus tard rien historiquement à y modifier ; il y juge Innocent III avec une fermeté et une souveraineté de raison qui en font un magistral tableau d’histoire.
Au xviie siècle, malgré Louis XIV, moins fort que lui, l’abominable Jansénisme, qui, dans ses tableaux et ses sculptures, changeait jusqu’à l’attitude de Notre-Seigneur sur la croix et faisait — blasphème en action ! […] Et ce n’est pas tout : il nous les reproduit aussi, en deux traits, ces physionomies, dans des chapitres qui sont de charmantes ou toutes-puissantes miniatures ; car il n’a pas plus besoin d’un grand espace, pour donner la vie à ses Saints, que Fiesole pour donner la vie à ses moines, dans ces petits chefs-d’œuvre de quelques pouces dont il aime parfois à entourer ses tableaux.
Enfin, pour justifier ce parallèle, le troubadour du douzième siècle, celui que devait un jour citer et imiter le Dante, avait su plier sa langue naissante à tous les artifices de la mélodie, mêler dans ses sanglants tableaux les teintes graves et douces, être élégiaque enfin comme il était lyrique. […] Quelle ode d’Horace, sur les premiers temps de Rome, égale ce tableau de l’ancienne Florence, dans le xve chant du Paradis : « Florence, au milieu de cette enceinte antique d’où elle compte encore les heures du jour, vivait en paix, dans la sobriété et la pudeur.
Il vient de faire un tableau peu flatteur de la Cour de Louis XV, et des intrigues qui s’y croisent : « C’est au milieu, dit-il, de ces luttes sourdes et intestines que parut Marie-Antoinette, parée de sa candeur, de ses quinze ans, de sa beauté et de cette noblesse native, tempérée de sensibilité, qui, sans qu’elle y songeât, lui donnait un si grand air et la rendait si touchante.