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25. (1894) Textes critiques

La tête de Gérémie trop modelée en trop de points, méplats dénombrés par les mailles d’un filet sans fin. […] -    Séon : tête d’Androgyne, crâne aux paupières battantes, crâne moine sur une embrasure ; le Fer, la Muse mystique, les Rubans. […] Au-dessus, au-dessus de ma tête sifflent Flamboient ! […] L’encens de sa tête brûle sur la patène orfèvrerie de son nimbe. […] L’acteur « se fait la tête », et devrait tout le corps, du personnage.

26. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Franz, avec sa préface admirative, mise à la tête du livre, pour nous apprendre que la dame Chez Lacroix, cosaque, auteur ou muse de ce livre, au luxe et aux passions cosaques, est, après tous ses tapages de faste et de passion, réduite maintenant à la pauvre mansarde) où elle vit modestement, entre son piano et son lit de fer (je le crois de fer, effectivement), ce qui, par parenthèse, est très peu cosaque ; si cet honnête et fort inconnu M.  […] Les Cosaques peuvent tomber dans le Don et même s’y jeter la tête la première. […] Les livres qu’elle a lus, « qu’elle a dévorés d’une façon absurde », dit-elle dans un éclair de bon sens, rare dans sa tête, rare dans les têtes de tous les pays, — c’est Eugène Sue, Balzac, Dumas, George Sand, Michelet, qui l’électrise (ici le bon sens disparaît !) […] la main sur la conscience, ce n’est pas parce qu’on s’est donnée à un homme ; parce qu’on s’est jetée à sa tête comme un projectile ; qu’on a pris la poste, du fond de la Russie, pour aller le prendre, lui, à Rome et qu’on l’y a pris, car le Don Juan ici, c’est Madame, — si on en croit Madame, — et Monsieur, c’est Mademoiselle Jocrisse, qui fait bien quelques petites façons, mais qui enfin y passe, comme disaient gaiement nos pères ! […] Elle a mieux fait que de se monter la tête, elle s’est fait des têtes, comme on dit au théâtre, une tête d’amour d’abord, puis une tête de vengeance.

27. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Tout ce que je sais, c’est qu’il y avait cette année au sallon beaucoup de portraits, peu de bons, comme cela doit être, et pas un pastel qu’on pût regarder, si vous en exceptez l’ébauche d’une tête de femme dont on pouvait dire, ex ungue leonem ; le portrait de l’oculiste Demours , figure hideuse, beau morceau de peinture ; et la figure crapuleuse et basse de ce vilain abbé De Lattaignant , c’était lui-même passant sa tête à travers un petit cadre de bois noir. […] Quelle différence y a-t-il entre une tête de fantaisie et une tête réelle ? Comment dit-on d’une tête réelle qu’elle est bien dessinée, tandis qu’un des coins de la bouche relève tandis que l’autre tombe, qu’un des yeux est plus petit et plus bas que l’autre, et que toutes les règles conventionnelles du dessin y sont enfreintes dans la position, les longueurs, la forme et la proportion des parties ? […] C’est que celui-ci ne s’est jamais occupé de l’imitation rigoureuse de la nature ; c’est qu’il a l’habitude d’exagérer, d’affaiblir, de corriger son modèle ; c’est qu’il a la tête pleine de règles qui l’assujettissent et qui dirigent son pinceau, sans qu’il s’en apperçoive ; c’est qu’il a toujours altéré les formes d’après ces règles de goût et qu’il continue toujours de les altérer ; c’est qu’il fond, avec les traits qu’il a sous les yeux et qu’il s’efforce en vain de copier rigoureusement, des traits empruntés des antiques qu’il a étudiés, des tableaux qu’il a vus et admirés et de ceux qu’il a faits ; c’est qu’il est savant, c’est qu’il est libre, et qu’il ne peut se réduire à la condition de l’esclave et de l’ignorant ; c’est qu’il a son faire, son tic, sa couleur auxquels il revient sans cesse ; c’est qu’il exécute une caricature en beau, et que le barbouilleur, au contraire, exécute une caricature en laid.

28. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

* * * — C… se trouvait à souper en tête à tête avec R… à la Maison d’Or. […] Elle incline la tête, en disant un oui, un oui étouffé… Le fiacre roule. […] La porte s’entrouvre au bout de quelque temps, et il en sort une tête de boucher, le brûle-gueule à la bouche : une tête où le belluaire se mêle au fossoyeur. […] Toutes ou presque toutes ont la tête carrée, des têtes de volonté et d’endurcissement, de mauvaises têtes de paysannes — et déprimées d’une manière curieusement uniforme. […] mais vous pouvez mettre la tête d’Hamlet sur la tête du fossoyeur et vice versa. » Après dîner, Sainte-Beuve, nous voyant fumer, dit : « Ne pas fumer est un grand vide dans la vie.

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